Nature et traces humaines

Me voilà de retour après un week-end passé à marcher, à randonner, un week-end loin de la maison, loin de la vie virtuelle, de belles randonnées au milieu des bois, des forêts, des pâturages, des parcours verdoyants, changeants, qui m’ont fait réfléchir, qui m’ont rafraîchi.

Ce que j’aime dans la randonnée, ce n’est pas l’exploit sportif mais la découverte de paysage, l’éveil des sens, la réflexion que cela nous apporte. Bien sur, le tout lié à la marche amène un aspect sportif, mais pour moi, cela n’est que conséquence. Je ne marche pas pour marcher, je marche pour découvrir, participer, échanger, rencontrer.

Ce week-end, les parcours proposés nous ont amené à découvrir au milieu des bois ou au bout de la montagne des granges, des maisons, des ruines, traces délébiles du passage de l’homme, de la vie ancienne. Bien sur,nos regards de citadins motorisés nous font chercher le chemin d’accès pas franchement ouvert aux véhicules… C’est là oublier, que cette ruine au milieu du bois, était autrefois une maison au milieu des champs et jardins… Demeure modeste, d’un temps ou nous n’avions pas besoin de 200 m2 pour vivre, de piscine, d’arbres exotiques sur des pelouses verdoyantes engraissées, traitées, arrosées… Et voilà, la nature efface le passage de l’homme. Le toit s’est effondré, les ardoises empilées à l’intérieur des quatre murs qu’elles protégeaient… Puis un arbre, généralement un noisetier, commence à pousser contre le mur, ou à l’intérieur. Les pierres disloquées par les racines d’un lierre explorateur, tombent une à une, le mur fragilisé vacille et s’effondre. Autour, la mousse et les ronces recouvrent les murettes qui retenaient la terre des jardins en terrasse. Petit à petit, la nature digère le passage de l’homme, aplanit ces verrues, masque sous un fouillis verdoyant les erreurs de son paysage.

J’imagine en passant devant ces habitations, les rires, les sueurs, autrefois naturels, autrefois bien réels de nos aïeux. J’imagine ces vies, au rythme des saisons, au rythme du temps, ou nous savions lire la météo céleste, ou nous étions acteurs de nos vie. J’imagine les effluves de feu de bois, d’odeur de soupe, de ragoût, j’imagine les liens unis et vrais entre les hommes, qui lentement, patiemment, ont défriché cette terre, l’ont aimé, l’ont quitté. Bien sur, nos vies se sont industrialisées, bien sur nous avons gagné la ville et ses rouages… Désertée la montagne, désertée la maison des grands-parents, nous voilà donc heureux de vivre en dehors du soleil, en dehors de la nature, nous nous sommes même créer une réalité virtuelle…

Bien sur, aujourd’hui nous revenons sur les traces de nos ancêtres, nous nous émerveillons devant cette grange dont le toit n’est pas encore tombé, nous nous régalons de l’odeur des fougères, de l’odeur du sous-bois, des champignons… Hélas, nous sommes aussi l’auteur de traces indélébiles que la nature ne peut digérer, du moins à notre échelle humaine : boites de conserves, ampoules électriques, papiers d’emballage, bouteilles en verre et en plastiques… Tous ces objets montés dans nos poches, nos sac à dos, trop souvent abandonnés loin de la société qui les a produits… Voilà donc nos traces de vie sur cette planète : papier gras oubliés et habitats en ruines. Entre nos aïeux et nous, je préfère leurs traces, car dans la réalité, ce sont aussi nous qui les avons abandonnées.

Amis promeneurs, amis randonneurs, n’oubliez pas que ce que vous avez apportez avec vous, vous devez le reprendre, notre terre ne nous appartient pas mais appartient à nos successeurs, ne l’oublions pas.

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