La
grotte est le dernier abri où l’on cherche refuge, peut-être parce que c’est
aussi le premier abri des premiers hommes, ou bien, peut-être pas. L’espace est
sombre, pas très grand mais les murs sont solides, et pour peu qu’elle ne soit
pas facile d’accès, nous voilà à l’abri des autres prédateurs, de plus en plus
nombreux. Qui donc ? L’Homme est un loup pour l’Homme et les morsures
lassent, pire, elles laissent des traces, des marques profondes qui
empoisonnent le sang. Quelle issue à cela ? Combattre et mordre à son
tour ? De guerre lasse, la grotte est une issue, sans issue. Si les parois
sont grande, il y aura bien quelques charbons de bois, pour dessiner, écrire,
passer le temps. Si l’air y est bon peut-être que guériront les plaies et même
que peut-être les blessures se refermeront. Mieux, d’ici disparaitre poussera
peut-être la meute à changer de proie, et pourquoi pas, soyons fous, osons
imaginer que la meute évoluera.
Nous
avons tous une grotte, un domaine, un repaire, un endroit où nous partons nous
réfugier lorsque l’air devient lourd, les blessures douloureuses et le ras le
bol trop grand. Nous avons tous un ras le bol d’une meute, ou bien même que
parfois, un seul loup suffit. Il est des silences parfois plus pesant et plus
vibrant que bien des discours. Il est des coups de dent, des coups de griffes
faisant plus de mal qu’un coup de canif. Il est un monde jouant une course à
une quelconque supériorité, une montée en puissance des ego pas toujours égaux,
il n’est pas sûr pour autant qu’il y ait assez de grotte pour tous, et
peut-être bien qu’il n’est pas souhaitable de partager sa grotte. Peut-être
bien même, il ne sert à rien d’aller au fin fond d’une grotte, il est vrai que
chacun cherche à faire son trou, mais tout de même, une grotte, ça n’est pas
très confortable, très peu ont la lumière et je n’en connais pas avec le wifi.
Une
grotte, c’est magique et protecteur, ça rappelle le ventre de la mère, on peut
s’y coucher en position fœtale et se laisser envahir par ce bien-être naturel.
A condition qu’elle ne soit pas habitée, un autre bipède, un loup, un ours,
allez donc savoir, ça pourrait bien mal finir cette histoire ! A bien y
réfléchir, il serait peut-être plus
prudent de construire soi-même sa grotte, et mieux, de le faire dans son chez
soi. Plutôt que d’écrire sur les murs, quelques feuilles de papier, c’est pas
mal. Fermons la porte à double tour, toutes les portes, celle du seuil, celles
des messages, celles des appels, débranchons tout et vivons une pleine soirée
sans perturbations électroniques et extérieures. Profitons pleinement de notre
espace, choisissons la vue sur les étoiles, c’est beau et ça file vite le
vertige, ça fait du bien et ça nous remet à notre place, petit, tout petit,
perdu dans l’immensité de l’univers. Une grotte au plafond étoilé, c’est pas le
pied ?