La grotte

La grotte est le dernier abri où l’on cherche refuge, peut-être parce que c’est aussi le premier abri des premiers hommes, ou bien, peut-être pas. L’espace est sombre, pas très grand mais les murs sont solides, et pour peu qu’elle ne soit pas facile d’accès, nous voilà à l’abri des autres prédateurs, de plus en plus nombreux. Qui donc ? L’Homme est un loup pour l’Homme et les morsures lassent, pire, elles laissent des traces, des marques profondes qui empoisonnent le sang. Quelle issue à cela ? Combattre et mordre à son tour ? De guerre lasse, la grotte est une issue, sans issue. Si les parois sont grande, il y aura bien quelques charbons de bois, pour dessiner, écrire, passer le temps. Si l’air y est bon peut-être que guériront les plaies et même que peut-être les blessures se refermeront. Mieux, d’ici disparaitre poussera peut-être la meute à changer de proie, et pourquoi pas, soyons fous, osons imaginer que la meute évoluera.


Nous avons tous une grotte, un domaine, un repaire, un endroit où nous partons nous réfugier lorsque l’air devient lourd, les blessures douloureuses et le ras le bol trop grand. Nous avons tous un ras le bol d’une meute, ou bien même que parfois, un seul loup suffit. Il est des silences parfois plus pesant et plus vibrant que bien des discours. Il est des coups de dent, des coups de griffes faisant plus de mal qu’un coup de canif. Il est un monde jouant une course à une quelconque supériorité, une montée en puissance des ego pas toujours égaux, il n’est pas sûr pour autant qu’il y ait assez de grotte pour tous, et peut-être bien qu’il n’est pas souhaitable de partager sa grotte. Peut-être bien même, il ne sert à rien d’aller au fin fond d’une grotte, il est vrai que chacun cherche à faire son trou, mais tout de même, une grotte, ça n’est pas très confortable, très peu ont la lumière et je n’en connais pas avec le wifi.



Une grotte, c’est magique et protecteur, ça rappelle le ventre de la mère, on peut s’y coucher en position fœtale et se laisser envahir par ce bien-être naturel. A condition qu’elle ne soit pas habitée, un autre bipède, un loup, un ours, allez donc savoir, ça pourrait bien mal finir cette histoire ! A bien y réfléchir,  il serait peut-être plus prudent de construire soi-même sa grotte, et mieux, de le faire dans son chez soi. Plutôt que d’écrire sur les murs, quelques feuilles de papier, c’est pas mal. Fermons la porte à double tour, toutes les portes, celle du seuil, celles des messages, celles des appels, débranchons tout et vivons une pleine soirée sans perturbations électroniques et extérieures. Profitons pleinement de notre espace, choisissons la vue sur les étoiles, c’est beau et ça file vite le vertige, ça fait du bien et ça nous remet à notre place, petit, tout petit, perdu dans l’immensité de l’univers. Une grotte au plafond étoilé, c’est pas le pied ?  

La main vide

Pendant si longtemps, tu m’as donné la main,
Puis tu as insufflé mes pas, main dans la main.

Hésitant et retombant, j’ai tenté. Tu étais toujours là.
Et lorsque j’ai pris mon envol, tu étais bienveillamment là.

De bougies en bougies, j’ai grandi. Discrète, tu étais là.
Et j’ai pris mes distances et mes errances et tu observas.

L’apprentissage n’est jamais aisé, tes conseils étaient là.
De blessures en déchirures, j’ai eu mal et tu étais là.

De bougies en bougies, tu as faibli, je n’étais pas toujours là
Et ton souffle peinait à t’alimenter, je n’ai pas compris cela

Poussières de mort détruisant ta vie, dure au mal, tu n’as rien dit
Nous n’avons pas compris la gravité et le sérieux de cet ennemi

Des séjours en clinique de plus en plus souvent
Des soins de plus en plus lourds, tu as souris, patiemment.

De ces séjours dont toujours on revient, on s’habitue
Mais voilà, il arrive qu’un dernier, lui, tue

Qu’il est triste de penser avoir toujours le temps
Qu’il est con de croire qu’on sort toujours gagnant

Lorsque je t’ai tenu la main, ta fièvre avait disparu
J’étais là près de toi, mais toi, tu n’y étais plus

Les épisodes suivant, nous nous sommes dit adieu
Mais ce n’était déjà plus toi, juste un corps pour les yeux

Le plus important reste l’invisible, ton vrai toi désormais
Enfin tu respires, tu vis, tu exultes et tu nous promets

D’écouter nos messages, nos pensées, nos tristesses
De ne pas trop te moquer de nos maladresses

Au contraire, je sais que tu vas sourire, peut-être même rire
De nous voir hésitant, tombant et retombant, il y a pire

Il y a cette main désormais orpheline
Il y a ces pensées, désormais chagrine

Mais pardessus tout il y a la joie, quand bien même elle me coûte
De te savoir hors des souffrances, très belle sur une autre route

Jamais vraiment loin au point que parfois nos mains se touchent
Jamais complétement invisible, toujours un truc qui fait mouche

A ne trop regarder que le visible
On oublie que le plus beau est invisible

Et si le petit prince a dit « on ne voit bien qu’avec le cœur »
Il n’y a pas l’ombre d’un jour qui passe sans ta douceur

Bien sûr tu resteras à jamais dans mon cœur
Merci maman d’avoir su éteindre mes peurs

Combien de patience, combien de leçons pèse une vie ?
Beaucoup sans doute, et ce n’est pas fini.

Rien n’est jamais facile, mais aujourd’hui je sais vraiment
Combien on est imbécile lorsqu’on masque ses sentiments

Dire « je t’aime » ne sert à rien lorsque l’autre ne l’entend plus
L’amour orphelin est un rosier qui ne fleurit plus

Aujourd’hui, maman, je t’apporte ces quelques fleurs
Ces quelques mots, un cœur gros et des pleurs

Merci, du fond du cœur d’avoir su être là
Même lorsqu’aveugle, je ne le voyais pas



La bascule

Juillet s’en va, sur la pointe des pieds, le sol est trop chaud. Août n’est pas encore là, c’est étrange ce sentiment de bascule du temps, comme si la moitié de l’année était plutôt située ici, en ce moment précis qui séparent les juilletistes des aoûtiens, chassé-croisé sur les routes, clôture d’un premier tome avant de commencer le second. Quel tome ! Long, non pas par les sept mois écoulés mais plutôt par l’intensité de ces sept mois-là, la richesse des évènements, l’étendu des sentiments, les caprices de la météo comme ceux d’une vie, de plusieurs vies qui se croisent, s’associent, se séparent, s’oublient, ou pas. Sentiment de frustration bien sûr, devant la force des choses, l’amertume des départs toujours trop tôt, pas toujours prévus, on a beau dire, on a beau faire, il est des deuils qui ne se font pas. Sentiment de maturité aussi, là où hier la colère l’aurait emporté, il est un recul, une abnégation et à défaut de prise de pouvoir sur le temps, une composition avec plutôt que contre. Qu’importe les échéances, nous en avons tous, tout se paye toujours un jour. Nous ne sommes que des produits à durée limitée, vivre c’est une stratégie, non un défi, vivre, c’est une activité à plein temps, il n’y a jamais de repos, peut-être est-ce pour cela qu’on parle de repos éternel.


L’Homme trop fier croit maitriser ses sujets et cette année, la nature a montré combien elle était la seule maitresse, pate à se défaire des parasites d’humains qui la bafoue, la détruise et l’irrite chaque jour un peu plus. Nous manquions d’eau, par nos gaspillages, notre vision de ressources quasi inépuisables, elle a vidé nos puis ces deux dernières années, elle nous a inondé de pluies, de neiges l’espace d’un hiver dévorant le printemps. Routes emportées, villages inondées, végétation dopée par cette manne céleste, les dégâts visibles sont énormes, d’autres plus sournois viendront, les ravinements souterrains, les poches d’eau dans les sols, les mouvements invisibles donneront d’autres signaux. Après l’eau, le feu, celui du soleil, des vagues de chaleur inondent l’été que nos grands spécialistes météorologistes nous avaient annoncé pourri, frais et peinant à s’installer. L’été est là, très chaud, provocant des orages parfois violent, parfois monstrueux par ces chutes de grêles et grêlons, détruisant un peu plus les biens et les cultures des Hommes. Que sera demain ? Les mers et les océans se réchauffent  très vite, au détriment d’une faune, à l’explosion d’une autre. La vie n’est qu’une succession de cycle, on cherche encore à savoir pourquoi et comment les dinosaures ont disparu, sans comprendre que nous sommes peut-être les suivants. Tout cela sonne noir, enfin, pas tout à fait, tout cela sonne noir du point de vue de l’Homme arrogant qui croit maitriser son sujet et qui en véritable despote campe sur ses positions. Ce n’est qu’une série d’alertes, de messages, d’incitation à réagir et ces coups de semonces ne sont pas le glas sonnant la fin de feu l’Homme. La conscience est une maitresse jalouse, sans la prendre, sans l’entretenir elle s’enfuit et peinera à revenir. Soyons humains, humbles habitant d’une planète malade, nous en sommes les virus. Mais si les virus rendent malade et parfois tuent, il ne faut pas oublier qu’ils peuvent soigner et protéger. Devenons les vaccins de notre monde, apprenons à atténuer nos actes violents, apprenons à agir et interagir avec notre milieu de culture avant d’être injecté dans le vaste monde. Chaque pas, chaque action compte, qu’elle soit bonne comme mauvaise, le bilan se fera en additionnant les plus et les moins. Nous avons pas mal de moins déjà, essayons chacun d’apporter un plus ou deux pour redresser notre bilan et en rendre la tendance positive. Maitrisons notre impact, apprenons le coût de l’énergie, aujourd’hui on consomme autant d’électricité l’été que l’hiver, on chauffe, on climatise, et parce qu’on est riche de technologie, on construit et on vit en dépit du bon sens. Désormais, même l’habitat des vacances doit être climatisé… Comment faisait-on avant d’avoir les moyens ? Des volets aux fenêtres ? Pas de grandes ouvertures en plein sud, des arbres pour l’ombre, espaces verts près des constructions, des vies en relations vraies avec la nature. A-t-on besoin d’aller chercher un hypothétique gaz se coinçant la bulle dans les schistes profondes au risque de trouer et de perdre à jamais des nappes phréatiques ? A-t-on besoin d’illuminer les vitrines de jour comme de nuit ? A-t-on besoin de voir en pleine nuit comme en plein jour ? Mais dis-moi, quelle couleur ça a une étoile ?


L’année bascule vers sa fin et chaque bascule constitue une période de réflexion, une pause, un pourquoi, des comment, on ferme le livre et on se demande si on a bien lu, si on a bien compris l’histoire, une respiration profonde avant d’ouvrir le second tome, un recul sur soi, sur sa lecture des choses du temps, car si les épisodes sont parfois communs, ils n’en demeurent pas moins différemment vécus et ressentis, c’est aussi cela notre richesse et communauté. L’écologie n’est pas une politique mais une république, dans son sens latin premier du terme, une chose publique. Une matière belle et simple qu’on pourrait appeler sciences naturelles, école des vies, surtout pas un secteur de pouvoir ni d’extrêmes, juste une école de vie, un entretien d’un bien loué le temps d’une vie… Et si l’écologie passait par l’éco logis ? Habiter de façon plus économe, c’est puiser moins dans les ressources, c’est penser qu’on n’a jamais rien sans rien.

   

Mais où sont passés nos clochards d'antan?

Mais où sont passés nos clochards d’antan ? Ces chemineaux non cheminots qu’on croisait à toute heure du jour, d’un bout à l’autre de la ville, marchant, cheminant, mendiant quelques pièces de monnaies qui finissaient souvent en litron de jaja, vin rouge de table n’ayant pas la folie des grandeurs à se parer d’une bouteille de soixante-quinze centilitres digne des meilleurs bordeaux mais s’affichait crânement en bouteille d’un litre parfois étoilé, parfois même de six étoiles gage de reprise du contenant en échange de la consigne…. C’est qu’ils savaient cela les bougres, fouillant les poubelles d’un temps où le recyclage était élémentaire et réparti en un seul et même contenant, ne prenant que les fameuses bouteilles à six étoiles, parfois quelques restes alimentaires, quelques déchets de ferrailles ou autres détritus monnayable. Tout travail mérite salaire et c’est à leur façon qu’ils bossaient pour gagner leurs pitances bien plus qu’une quête oisive et malpolie comme on connait que de trop aujourd’hui.


Ils avaient choisi de vivre autrement, mais surtout, ils vivaient debout, marchant de long en large sur un territoire très étendu, je les voyais le matin près de chez nous, puis le temps de quelques achats en plein centre-ville, nous les voyons dans un square où sur bout de trottoir plus huppé. Ils avaient tous des noms, des quolibets, des surnoms, « Popol », « bencale », « gnafron » mais je crains que l’imagerie populaire n’est pris ces noms dans le terreau fertile de son imagination bien plus que dans les livres bien calligraphiés de l’état civil. Mine de rien, ce petit monde était notre monde, un monde sans frontière, sans barrière, où tout circulait librement, les graines, les plantes, les recettes, les bouts de ferrailles, les peaux de lapin, les mots, les phrases, les discours, les bonjours, les échanges, les cultures aussi. La ville cosmopolite n’était pas encore atteinte de sa gangrène raciste, une terre d’accueil où les expatriés trouvaient l’espoir d’une nouvelle patrie. Si trente-six résonne encore en congés payés et front populaire pour bon nombre de français, il résonne bien plus comme une exode, la fuite d’un régime et l’installation en France de bon nombre d’espagnols. De quoi enrichir nos plats, nos cuisines et goûter aux accents différents, aux mots perdus entre dialectes cousins, français, occitan, castillan, catalan, les racines profondes de ces arbres apatrides trouvaient là même terroir et même eau pour grandir et mélanger leurs branches. Les années passent, les peuples circulent, populations de l’est, puis les années soixante et les crises d’indépendance, populations plus orientales bien que plus sudistes finalement. De ce melting-pot, je n’ai que des souvenirs d’enfance soyeux et joyeux.  Mes grands-parents vivaient en immeuble, de ces fameux HLM sentant bon la peinture fraiche, l’urine des caves et les odeurs épicées des cuisines du monde. Ce n’était que trésors de gourmandise et de gentillesse, les mémés espagnoles, portugaises, algériennes, marocaines, tunisiennes, polonaises ne savaient pas comment nous faire le plus plaisir, les goûters, les boissons, les joujoux à quelques centimes, les mots, simples, affectueux, puissants, sonnaient en mille accents comme des tornades de gentillesse. J’aimais beaucoup aussi une presque voisine bohémienne, vivant dans sa roulotte de bois à jamais immobiliser, cet habitat atypique me faisait rêver par ses couleurs, son charme et la magie de ses quatre roues de bois.


C’était cela mon Toulouse d’antan, sans peur, où même l’autant n’avait pas le dernier mot, obligé bien malgré lui d’être à bout de souffle. Les clés restaient pendues à un quelconque trousseau dans l’entrée, le portail, la porte ouverte, les visiteurs passaient pour négocier des chaises à rempailler, quelques bidons métalliques à désencombrer, ils servaient surtout à faire écouter les enfants, la promesse d’être vendu au « peillarot » ou bien encore à ces gitans pas encore rom, tziganes ou autres suffisait à nous faire finir notre assiette ou nos devoirs, de quoi en sourire bien fort aujourd’hui…. Le « peillarot » c’était un personnage, digne d’un autre temps, le vieux tombereau au bois autrefois peint en bleu mais dont on désespérait d’en voir quelques lambeaux de peinture encore survivante attelé à un cheval de trait et d’âge avancé était son bien le plus précieux. Dedans, mille trésors : des vieilles peaux, des bouts de bois ,des bouts de fers, des bouts de ficelles, un vrai ramassis de ramassage, le tout bien gardé par cet être dont l’eau courante devait courir encore bien loin devant, aux vêtements tenant bien plus par les rapiéçages que par les morceaux de tissus eux-mêmes mais à la gouaille bien forte pour annoncer de l’autre bout du chemin ou presque son arrivée…de quoi prendre ses jambes à son cou et filer se cacher au mieux derrière les jupes de ma mère. Tout ce joyeux petit monde vivait de ces commerces basés sur la récupération, le troc, l’échange, la revente, hors du temps, des taxes et autres tva, hors des trente-cinq heures, des congés et des microbes. Des vies entières de labeur sans calcul, sans retraite, sans calcul de retraite, dans un temps qui au fond n’est pas si loin… Quoi ? Comment ???


Non mais !  

La clef

Souvent les gens attendent une réponse, une clé, un mot, pourtant cette réponse, cette clé, cette réponse est en eux, au fond, ils n’attendent qu’une simple confirmation, ou plutôt, ils attendent simplement de se faire confiance eux-mêmes, remettant la décision, la réponse, dans les mains de quelqu’un d’autre, qu’il soit ami, connaissance, mage, guide, ange-gardien, défunt, esprit, pièce de monnaie tournoyant dans les airs, couleur carte, évènement particulier…. Présage, message, évènement, rencontre, consultation, peu importe, la réponse se cherche ailleurs alors qu’elle réside en soi, comme quoi, on voit plus facilement la paille dans l’œil du voisin plutôt que la poutre dans le sien. Il est vrai qu’avec une poutre dans l’œil, on doit mal voir. « Si je savais, si on me disait, si j’étais sûr »…. Mais on sait, pourquoi sommes-nous donc la dernière des personnes qu’on ose interroger ? Chacun possède sa propre histoire, son propre parcours, chacun est à même de trouver ses réponses, et même mieux, chacun est libre de se tromper, c’est même par cela qu’on apprend, qu’on se construit et qu’on forge cette vieille expérience. C’est dans son propre miroir qu’on se doit de se regarder, de se plaire, de se recoiffer, d’exister, non dans le miroir d’un autre, on ne vit pas pour plaire à l’autre, aux autres, on vit en se plaisant à soi.


Bien sûr il est facile de donner des conseils, de guider les autres, de leurs montrer la voie mais ce n’est que sa voie, ses ressentis, son expérience et tout comme une vieille paire de godasses, elle ne fait peut-être pas la pointure de l’autre, et même si, elles sont tellement déformées par les mauvais chemins pris qu’elles ne compliqueront qu’un peu plus l’avancée. Faut-il le comprendre. Lorsqu’on est guide et avec du recul, il devient évident cela et peu à peu on modifie son approche, on laisse les rênes à l’autre pour qu’il apprenne à se sentir, à ressentir les choses et à se guider lui-même. Lorsqu’on est hésitant, un brin perdu, on comprend mal ce manque d’aire, de réponse, parce tout ce qu’on attend, c’est une réponse immédiate et même pire, LA réponse. On se noie par oubli qu’on sait nager alors on attend une bouée, motorisée et confortable dans laquelle on peut se laisser porter. Positions diamétralement opposées, il n’est pas aisé de se comprendre, l’un coule à pic, l’autre restant sur le rivage sans bouée, si ce n’est une bouée trop petite, trop grosse ou bien dégonflée, bref, de ces bouées inutiles qui plus est pour nager là où il y a si peu d’eau. On se noie dans un verre d’eau, c’est bien connu, mais pourquoi, si ce n’est par simple panique, la peur ôte tout moyen, et l’appel au-secours devient la seule lueur d’espoir dans son désespoir.


Mais si l’aide vient, si la bouée de la bonne taille et bien confortable arrive au bout d’une corde qui vous tracte jusqu’au rivage, il n’y a plus qu’à s’installer, se laisser faire et une fois sur le sable sec, reprendre le cours de sa vie sans parfois prendre le temps d’un merci. C’est quoi la suite ? Replonger, paniquer et attendre encore une fois une bouée ? Mais où est la leçon ? Où est sa propre avancée ? Toute sa vie on peut nager en eaux troubles comme en eaux claires, en appelant une bouée dès un moment de panique, mais les guides se lassent parfois, mais les guides peuvent être occupés ailleurs, mieux vaut savoir nager et être le capitaine de sa vie. Un guide ne doit pas simplement vous amener au sommet, il doit vous donner l’envie d’y revenir tout seul, par vous-même. Simple raccourci ne visant pas à griller les étapes, il faut savoir apprendre les codes de la route, les pièges éventuels, les risques qu’il peut y avoir en chemin, il faut cheminer quelques temps avant d’être prêt à faire son chemin, mais surtout, il faut tenter, prendre le risque de tomber et de se relever pour comprendre ce dont tout un chacun est capable. Au fil du temps, l’expérience se construira et permettra à son tour d’être guide, avec le même piège et la même tentation, guider en ouvrant le chemin, en balayant la route devant l’autre. Ce piège, cette tentation ne rendront pas service demain pas plus qu’elles n’ont rendues service hier. Le temps passe, les épreuves repassent, les clés en restent les mêmes.


Savoir trouver sa place en toute chose, en toute circonstance n’est pas un idéal mais une règle de vie.

Savoir entendre que la clé est en soi bien plus que dans la réponse de l’autre est un bienfait. C’est aussi une des clés.      

Qui que tu sois

Qui que tu sois, toi seul connais ta route et ton chemin.
Qui que tu sois, toi seul détiens les clés de tes méridiens.
Qui que tu sois, toi seul écris ta destinée sur ton parchemin.
Qui que tu sois, toi seul sais ton parcours parmi les tiens.

Qui que tu sois, toi seul sais qui tu es et pourquoi.
Qui que tu sois, toi seul peux et dois comprendre.
Qui que tu sois, toi seul, ta vie tu dois apprendre.
Qui que tu sois, toi seul comprendra les pourquoi.

Qui que tu sois, toi seul devra te faire confiance.
Qui que tu sois, toi seul maitrisera tes errances.
Qui que tu sois, toi seul défiera tes méfiances.
Qui que tu sois, toi seul comblera tes carences.

Qui que tu sois, toi seul tu t’accompliras

Il y a bien des guides, il y a bien des lois

Mais les guides ne peuvent que guider,
Jamais marcher à ta place, évidence
Tes pas pèseront plus lourds à pied
Qu'en étant porté.

Mais les lois sont issues des hommes,
Jamais elles ne te correspondent tout à fait,
Tes choix pèseront plus lourds
Parce qu’ils seront toi.

Qui que tu sois, toi seul marche sur ta route,
Tu n’accomplis pas la vie d’un autre ni sa route,
Tu avances, hésitant ou décidé, tu t’en doutes

Tu apprends, tu t’apprends,
Tu te vis, tu vis, pleinement.

Qui que tu sois, tu es toi,
Cela, ne l’oublie pas.



Travers

Enfin s’avançait devant lui la pénombre de la forêt, et avec elle, la fraicheur bienfaisante dans laquelle plongeait le sentier. Depuis l’aube, le parcours n’était que montée raide et parcours rocailleux chauffés à blanc dans ce jour sans vent et l’étape du jour n’était qu’une étape de plus dans un jour de plus, qu’une étape de moins à faire dans un itinéraire établi ou presque. Itinérance en errance, marcher sur ce sentier de grande randonnée traversant les Pyrénées dans leurs grandes longueurs, il avait choisi de quitter le couchant pour le levant, tout comme la lune quitte le soleil couchant pour partir embrasser le soleil levant. Lunatique, non, pratique, oui, mieux vaut marcher le soleil derrière soi en fin de parcours, et puis, la force de l’océan comme impulsion de départ ne pouvait que le doper. Les mots sont parfois trompeurs, « grande randonnée » pourrait traduire un idée de facilité, un aspect « grand itinéraire » une presque autoroute, mais si le balisage rouge et blanc était impeccable, le parcours était digne des montagnes russes, prenant la direction d’un sommet, plongeant bien bas dans la vallée, pratique pour les ravitaillements, plus durs seront les mollets.


Rouge et blanc. Deux traits horizontaux superposés. Sa mémoire lui rappela cette explication de jeunesse : les pieds en sang, la tête dans les nuages. Rouge et blanc, comme les couleurs d’un pays basque s’ajoutant au vert des prairies, tenues de fête ou bien façades des maisons du littoral, ce sont aussi et surtout des couleurs d’énergies et de pureté. L’initiative de cette randonnée était tout autant sinon plus de se retrouver face à soi que d’accomplir un quelconque exploit sportif. Comme souvent, la réponse à l’exercice était dans l’oxygène et le mieux-être, il n’est pas besoin de mal-être pour vouloir se sentir mieux, pour rechercher sa paix profonde en s’abreuvant aux sources des énergies, une pause qui s’impose sans attendre un quelconque trop tard. Depuis combien de jours marchait-il déjà ? Il ne le savait plus, il ne comptait pas, marchant selon son rythme, parfois plus que ce qu’il ne pensait, parfois moins, l’avantage ne n’être pas attendu c’est d’être tout à fait libre de ses mouvements, jusque dans leurs absences.


Il continua quelques instants dans la forêt avant de poser son sac près d’un ruisseau chantant, endroit enchanté frais et reposant, histoire de se dégourdir un peu les épaules, manger un bout et reprendre quelques forces. Le poids du sac devenait une habitude, ce vieux compagnon de route grinçant parfois des bretelles dans les montées trop raides lui collait littéralement au corps depuis si longtemps qu’il ne pouvait se résigner à l’abandonner pour un autre. Ce coup-ci, il était chargé ras-la-gueule, jusqu’à la toile de tente sanglée dessous, les rehausses toutes déployées, les coutures tirées à leur maximum, encore fallait y faire un peu de place lors des étapes en vallée pour loger quelques provisions de route. C’est là un des paradoxes de cette randonnée, faire les descentes le sac allégé pour gravir les sommets le sac bien plus lourd… Il apprenait ainsi à chaque étape en bas, à chaque marché, à n’acheter que l’essentiel, à ne s’alourdir qu’au minimum, c’est en avançant qu’on apprend à s’alléger et à se contenter d’un minimum, belle leçon de vie. Apprendre à se désencombrer de l’inutile et du presque inutile parfois même du pas très utile. Cadeaux offerts à des randonneurs à la journée croisés, à des bergers visités dans leurs estives, à quelques infortunés survivant dans ces villages traversés.  A-t-on besoin de deux chapeaux ? De tant de luxe en tant d’objets, tous ces grammes finissent par s’unir en kilo contre soi. Faut-il aimer la vie pour se lancer pareil défi ? Faut-il se vaincre soi pour l’accepter ?



Bien sûr, quelquefois les étapes sont longues et pesantes, sans croiser personne à qui parler, se sentant seul au milieu de ce nulle part si peuplé d’espèces végétales et animales, ce sont ces moments-là qui restent les plus forts, tant la plus grande peur ancrée chez l’homme reste sa solitude profonde, comme si la raison de vivre n’était qu’une raison plurielle ne trouvant pas sa singularité dans son singulier. Parfois il se languissait des nouvelles d’en bas, là-bas, des nouvelles des siens, des nouvelles des amis, et si l’occasion d’accomplir quelques pas à plusieurs le tentait bien, il était bien difficile de s’organiser lorsqu’on vit sans calendrier, sans horaire ni étapes précises. Aller au bout, au bout du bout, voir l’autre bout de ces montagnes plonger dans les eaux claires de la méditerranée après en avoir connu les estives les plus reculées, les derniers glaciers et les bouts de sentiers trop fréquentés. Aller au bout, au bout debout, au bout de soi, apprendre à se connaitre, à repousser ses limites, à se consacrer pleinement son temps, à bien vouloir s’écouter, se motiver, se relever de défi en défi, il est des jours où chaque pas devenait un défi, parce que la fatigue, parce que la montée, parce que le ras-le-bol, mais ces jours-là apprennent la patience et l’espoir, le dépassement d’un soi trop confortable dans une quête du soi improbable. Ces jours-là sont durs mais ils sont sûrs, sûrs d’enseigner, sûrs de réconforter, peut-être pas aujourd’hui mais dès demain, parce que cela sera fait, parce qu’il y a toujours un demain, parce que bien souvent si les présents déchantent les lendemains enchantent.            

Cela fait si longtemps....

Qu’il fut long le temps, ce temps de te revoir, comme au sortir d’un long sommeil duquel on se réveille embrumé sans comprendre ni tout à fait, ni vraiment le pourquoi du comment de cette séparation. Depuis quand déjà ? Pourquoi ? Questions malaisées presque malhabiles, il n’empêche qu’au premier moment de se retrouver c’est bel et bien la dernière fois qui revient à la lumière. On a beau avoir poursuivi chacun sa vie, chacun ses combats, grandi chacun sur son chemin, vieilli aussi il est vrai, le sentiment premier est une boule au ventre qui pèse, comment vais-je te reconnaitre ?


Dire que je me souviens des longues soirées à flâner, à bouger, à découvrir serait un euphémisme, comment pourrais-je oublier ? C’est dans ces belles soirées d’été où la population semble avoir tout déserté qu’il est si bon de plonger dans ses souvenirs, d’aller enfin à la rencontre d’eux, qui plus est lorsque l’occasion est aussi joliment offerte, il est toujours des rebonds du temps et de l’histoire qui viennent nous titiller et nous solliciter aux moments où on s’y attend le moins. Il y a dans la préparation d’un rendez-vous toute une cohorte d’émotions qui défile et fait vibrer le corps jusqu’aux tréfonds de l’âme. Des joies les plus éclatantes aux peurs les plus persécutantes, le corps vivre comme un diapason, il oscille d’un état à l’autre, les mains en tremblent à l’unisson. Que vais-je mettre ? Quand dois-je partir ? Y-aura-t-il du monde sur le trajet ? Où vais-je me garer ? Et si, et si, et si…. Mais non, les inquiétudes ne sont que de vilaines personnes cherchant à briser l’élan et l’allant, histoire de nous retenir dans le sombre d’une histoire, de deux histoires séparées. Séparés. Combien de temps ? Trop de temps. Vais-je y aller seul ? Pourquoi cette question ! Bien sûr que oui, mais non, enfin, je ne sais pas, je ne sais plus. De toi, je ne sais plus rien, enfin, plus rien de ton actualité depuis cette dernière fois qui n’en était au fond pas une puisque nous voilà si proche de conclure une nouvelle fois. Enfin, je sais un peu, appris de ci, de là, mais je n’ai pas cherché à te voir, trop occupé sans doute, on l’est tous, trop perdu sans doute, on l’est tous, mais qu’importe les raisons, les saisons ont passé, puis les années, le temps mord et efface nos mémoires, tout comme il grave nos visage de ses griffes nous donnant un tout autre relief. J’ai l’impression de revenir d’un long voyage, loin, très loin d’ici, loin, très loin de toi. Pourquoi ? Bizarrement, il n’y a pas eu de manque, peut-être bien parce qu’en langage humain, le manque n’existe pas entre deux êtres vivants, c’est juste un problème de concordance des temps, tu vis à présent et hier je vivais, le passé passe et laisse des traces de mémoires, des zones d’oublis pour y garer les bus des autres souvenirs, un vrai hall de gare où se croisent et disparaissent des flots et des flots de choses plus ou moins importantes. Ne t’ai-je donc point tant aimé qu’il ait fallu que nous nous isolions ainsi ?


Depuis si longtemps je t’ai aimé, j’ai appris à te connaitre, j’ai gravi bien de tes marches, couru bien de tes axes, toujours avec le même entrain, la même joie, la même soif et sans cesse des découvertes, à trop aimer on en ferme parfois trop les yeux, alors qu’il suffit de les ouvrir pour voir, lire, apprendre, découvrir et aimer davantage. Je ne connaitrai jamais toutes tes facettes, et c’est tant mieux, j’ai tellement goûté à cet émerveillement qu’il me serait difficile de ne plus le vivre à ton égard. Si belle, si sauvage, mutine, patiente, rebelle, pétillante, étonnante, détonante, alanguie ou bien active, toujours très élégante, toujours ce petit détail qui tue, un ornement, une couleur, un camaïeu, il faut te vivre les yeux bien ouverts. Bien sûr tu as souffert, tu as connu de terribles moments, un terrible accident mais tu t’es toujours relevée, convalescente, pansant tes blessures, profitant de ces aléas du temps pour transformer tes habitudes, pour changer tes contours, tes parures, toujours debout, toujours vaillante, souvent touchée mais jamais blessée définitivement, je t’aime ma ville d’un amour filial et fluvial sans doute, tes bras m’ont portés, ton fleuve ma bercé, mes premières couleurs ne sont que rouges briques en variation de soleil, eaux vertes et sombres d’un canal endormi, eaux en dégradé des colères des cieux pour ton fleuve, la Garonne. Je n’ai pas le talent de notre à jamais grand troubadour pour parler de toi, mais je vibre toujours à ton accent, et si ce soir mes pas sont quelques peu perdus à travers les barrières de chantiers en cours, ce n’est que pour mieux voir ces mille et un détails que tu sèmes à foison pour qui sait chercher à voir bien plus loin que la simple apparence. Toulouse, ma ville, mon sang, mon âme, Toulouse, toi et moi, ce soir à nouveau réuni. Qu’il fut long le temps, ce temps de te revoir, comme au sortir d’un long sommeil duquel on se réveille embrumé sans comprendre ni tout à fait, ni vraiment le pourquoi du comment de cette séparation.        


  

La limace

Si l’Homme descend du singe, la pluie elle, descend du ciel. Partons d’un constat simple qui veut que le ciel peut attendre, ben la pluie, du coup, pas de bol elle ne peut tomber et par conséquent, n’étant pas né de la dernière pluie, cela ne nous rajeunit pas…  Simple constat. Cela dit, pour qui a déjà vécu le remplissage d’un constat dit à l’amiable, établir un simple constat n’est pas chose aisée. Reste à savoir si la pluie qui tombe fait descendre le singe de l’arbre ou bien l’Homme du singe et là, les avis divergent… Ce qui fait beaucoup.


Le ciel peut attendre et la pluie ne tombe pas, mais alors, que fait-elle ? Monte-t-elle ? Non, ce brave Newton ayant d’un coup de pomme définit une fois pour toute le sens de déplacement entre le ciel et la terre, la pluie ne tombe pas et ne monte pas non plus. Du coup, que fait-elle ? Elle tourne en rond dans ses cumulus nimbus pas toujours très confortable et mal isolés, et à vrai dire, elle se les gèle. Or, tout liquide qui se les gèle se change en solide et là, ça devient grave, car plus lourd, ça finit par trouer le plancher des anges et donc tomber. Les Hommes bienpensants ont tout  de suite vu et senti la différence et du coup, ils n’ont pu appeler cela « de la pluie », et comme ça gèle et que ça fait mal, ben c’est devenu de la grêle…. Grr ! Un nom qui fait frémir rien qu’à son évocation, un nom à faire plaisir à ces boulettes qui s’en viennent du coup de plus en plus souvent faire des boulettes chez nous. Alors, oui, le ciel peut attendre, mais ça serait bien mieux s’il n’attendait pas et si la pluie tombait en pluie ! Voilà qui est dit.


Qu’est-ce qu’une limace sinon un escargot qui a tout perdu dans un orage de grêle ? Elle se retrouve à poil, condamnée à se chercher un abri, peinant à s’en relever, il faut bien reconnaitre qu’elle en bave. Pourtant, elle ne se plaint pas la limace, elle avance toujours, elle sait qu’elle a la chance d’être en vie et si quelques jardiniers lui offre un verre de bière à l’occasion, elle, la limace, gentiment elle offre l’offrande et s’en va noyer son chagrin dans la bière et de chagrin en chagrin elle y noie sa vie de limace, juste là, tout près des salades croquantes et rafraichissantes. D’autres fois, pour accompagner l’apéro, ce sont quelques granulés d’amuse-gueules qu’offre le jardinier. Ce n’est pas mieux. Amies limaces, sachez-le et chassez-les. Il arrive que certains amis de la nature saupoudre de cendres le tour de leurs salades ou de leurs potagers, c’est bien, c’est beau, c’est bio mais ça agresse le pied et donc l’estomac de ces gastéropodes, et oui, la cendre a beau être du bois brûlé, elle brûle encore les estomacs de ces charmantes petites bêtes. Tout cela parait futile, anodin, mais il est sûr que vous changerez votre regard lors d’une prochaine rencontre avec une limace, en espérant que cela ne soit qu’en pleine nature et non en plein restaurant, les limaces de restaurants sont une espèce rare et donc à protéger.


Un autre constat simple : il ne pleut que sur les mouillés. C’est vrai. Facile à tester, prenez une pluie d’été, les plus chaudes et les plus supportables, enfin, chacun ses goûts, pénétrez-y délicatement, savourez la première goutte, puis observez bien : vous verrez d’autres gouttes venir irrésistiblement à vous… Si en plus, vous tombez vos clés, perdez votre parapluie ou bien si vous avez oubliez votre blouson, les gouttes de pluies se régaleront d’autant plus, c’est si mignon à cet âge ! Je me souviens d’une fois, croyons les biaisez, j’avais couru prendre ma douche avant de sortir tester la formule : ça marche aussi ! A croire que les gouttes d’eau sauvages s’entendent à merveille avec les gouttes d’eau canalisée… J’ai eu l’impression d’être l’arroseur arrosé, sans les frères Lumières pour en filmer la scène et c’est tant mieux.



En attendant d’entendre la pluie faire des claquettes, je pose la plume à l’encre sèche pour filer m’abriter, les expériences, ça a du bon, mais quand même, c’est bon quand ça s’arrête…..      

Le coq

Que l’on soit superstitieux ou non, il faut bien reconnaitre que cette année en treize sonne bizarrement. Après un hiver long et neigeux, un printemps long et pluvieux, voici venu l’été chaud et caniculaire et sa farandole d’orage ô désespoir sans vieillesse ennemie. D’aussi loin que ma mémoire se souvienne et veuille bien m’en parler, je n’ai souvenir de pareilles cataclysmes et catastrophes en si peu de temps et d’endroits rapprochés. La nature se met-elle en colère ou bien sont-ce les traces-là des anciennes prophéties occitanes mises au-devant de la lumière ? Doit-on sacrifier le coq sur l’autel purificateur ou bien sacrifier le coke à la terrasse de l’hôtel, là, j’avoue ne pas être assez expert dans le vieil occitan littéraire de Mathusalem. De plus, je ne suis pas sûr que les sacrifices soient bénéfiques et en tout cas, ils ne le sont pas pour tout le monde, n’est pas le coq ?


Ce coq-ci, sans coup bas, je le sacrifierai bien plus dans une ferme du Poitou, au son d’une pendule, histoire de faire sauter le coq au vingt comme nous l’enseigna notre illustre troubadour national, monsieur Claude Nougaro. Il devait tenir cela de ma grand-mère qui faisait très bien le coq au vin, mais il est des secrets de famille qui restent bien secret plutôt par manque de transmission orale faute d’orateurs que par manque de volonté, la volonté ici est comme le vent, rarement de repos, de quoi souffler dans les plumes de ce cher coq. Bref, par les temps qui courent et non l’étang de la basse-cour, les coqs ne deviennent pas vieux, et, s’il est un secret essentiel à la réussite du coq au vin, bien plus qu’une pendule accordée il faut un vieux coq et aussi un vieux vin charpenté. Notez que le coq aussi peut-être charpenté, bien puissant et bien en chair ferme, un vrai coq de ferme, aux ergots orgueilleusement dressés, aux cordes vocales patiemment entrainées à vous réveiller un camping dès les premières lueurs, et oui, les coqs n’ont jamais rien compris aux changements d’heures pas plus qu’aux règles sur les nuisances sonores, il faut dire qu’en ce temps-là, les nuisances sonores n’étaient pas encore nées pas plus que les toréadors ne l’étaient. Simple écartade sans mise au point, quelle idée saugrenue de s’habiller en danseuse pour s’en aller défier un puissant taureau déjà bien embêté de se trouver sur le sable et en plein soleil, subissant les piqûres de drôles de moustiques à deux pattes…. Alors quoi ? Le coq tout comme les autres animaux d’alors prenaient le temps de vivre avant que d’être consommer, n’allons pas chercher plus loin la qualité nutritionnelle, pas plus que le bon comportement aux longues cuissons, ou plutôt, la raison des longues cuissons… Bref, en ce temps-là, les coqs avaient de la cuisse…et de la voix tout en ayant de la gueule.


Pourquoi le coq s’en est venu camper sur le merdier de deux mille treize ? Sûrement un virus scriptural, des lettres qui se glissent à travers d’autres, des mots qui poussent dans les interstices d’un texte trop vide, des idées qui papillonnent et butinent ces mots, voilà l’histoire. Quelques traces d’humour ont pu être malencontreusement déversées, pure négligence et abandon mais il faut bien dire que sourire à défaut de rire apporte un peu de baume au cœur dans cette année très bizarre…. Ce n’est pas l’année du coq mais celle du serpent et s’il ne siffle pas sur nos têtes, il persifle et signe par ces glissements de temps et de terrains, ces terribles fléaux météorologiques, ces disparitions et ces abandons dans lesquels nous sommes plongés. Rien n’est jamais prévisible, ni jamais acquis, nous restons des fétus de paille dans la grande puissance de notre planète, cela permet de relativiser les choses, de faire moins le coq devant ces semblants de nos basses-cours, profitons simplement de nos pauses pour apprendre à sourire et à rire de nous, pour nous remettre à notre place, non pas un podium, non pas un cercle, pas même une croix, non, une trace sans trace, ici ou là, ici et là. L’année n’est pas finie, je ne peux dire si les orages, les épisodes de grêle ou autres délices naturels seront ou non encore de mise, mais il est bien plus important de se situer dans notre monde, de sourire et d’offrir son sourire, c’est là la plus grande richesse et le plus puissant des réconforts…


Et que chante le coq, et que sonne la pendule,
Bien plus important que le coke et le pendule,
Au fond, pas besoin de ferme en Poitou avec recul,

Sinon comment voulez-vous que le poisson pullule ?     

Le porc-épic

Un porc-épic
Comme animal de compagnie,
C’est épique

Un porc-épic,
C’est beau
Mais ça pique

Un porc-épic
Au fond,
C’est atypique

Un porc-épic
Epique
Qui pique
Et atypique
Là, ça fait beaucoup !

Non, trop c’est trop
J’ai renoncé à cet oiseau.



Pas si simples

Quelques pas sur le sable, loin de tout, loin des bruits, loin du monde… Quelques pas sur le sable, sur la roche, sur les pierres, sur le goudron, sur la terre, quelques pas toujours, et toujours en mouvement. Quelques pas, mais pas que quelques, car au fond, si on y réfléchit bien, des pas, il en faut beaucoup pour avancer, non ?


Tout d’abord, pour avancer, il faut une idée. Une idée à avancer, une idée pour avancer, sans que cela soit forcement une idée d’avance, non, d’ailleurs, ça servirait à quoi d’avoir une idée d’avance si l’on n’est pas en train d’avancer ? à se mettre ne mouvement ? Mouais, nous voilà bien avancé. Non, l’idée qui s’avance ne prend pas le train en marche, elle nait, tranquille et se construit petit à petit, elle fait son bout de chemin, se développe et bientôt la voilà assez forte pour prendre son envol et nous mettre en mouvement, d’abord un pas, puis l’autre, puis d’autres, car on ne fait jamais qu’un pas après l’autre, même pressé. Voilà, quelques pas, sur la terre, sur le sable, sur les pierres, sur les chemins, à travers champs, le long des routes, quelques pas qui s’en vont et nous partons avec, mais au fond, sommes-nous vraiment avec ? Tout au long de la route, nous croisons d’autres vies, d’autres destins, d’autres hères qui errent aussi, on se croise, on discute, on se pose, on se dépose et on poursuit et tout en poursuivant, en grand coup de pas tout comme à petit pas, on songe parfois à ces mots reçus, ces mots perçus, ces mots sus, et parfois à ces personnages venus dans notre vie, partis de notre vie. Ces rappels du passé peuvent sembler nostalgiques, ils sont parfois tout simplement lumières sur des incompréhensions d’hier, parce qu’on est plus loin, parce qu’on est plus grand, parce qu’on voit de plus haut et avec plus de recul cet évènement-là. La prise de recul, sans dépasser la dose prescrite bien sûr, permet de moins s’attarder sur les détails et les imperfections des traits, le regard ainsi libéré peut mieux cerner les tenants et les aboutissants, et parfois il arrive qu’une lumière s’allume, une zone d’ombre se retrouve en lumière et tout parait si clair qu’on en reste ébloui et penaud de n’avoir pas compris tant qu’il en était encore temps dans le présent devenu passé. Comme quoi, les pas c’est bien pour se dépasser, mais ils restent un trait d’union entre passé et présent, et pire, ils conduisent vers le futur.


D’autres fois, il arrive que les questions viennent en chemin et se posent sur des messages, des réponses collectées dans les étapes précédentes, sensation étrange de vivre à reculons tout en asseyant son avancement. Pas banal, non ? On en tomberait presque le cul par terre s’il n’était question d’avancer et de faire quelques pas. De ces passés, la mémoire, l’oubli, la mémoire de l’oubli aussi s’amusent à en varier les contours, faisant disparaitre quelques reliefs mal accentués, gardant quelques plis pas toujours d’aisance, sélection de document en classeurs effeuillés, papiers jaunis et lettres fanées, on se souvient très bien qu’au fond, on ne se souvient pas tant que cela. Faut-il s’attarder sur hier ? De ces gens croisés, de ces gens aimés, de ces gens amis, les pas sans en avoir l’air éloignent les traits, les accents, les voix, les rires et parfois les pleurs. Les pas sans blanc poursuivent sans cesse leur chemin, cheminant sans cheminée, pas à pas, ils passent et disparaissent dans la poussière des oublis. Que sont-ils devenus ces visages amis ? Que sont-elles devenues ces amours d’hier ? Que sont-elles devenues ces errances en partance vers nulle-part ? Les pensées voyagent elles-aussi et parfois, elles restent à la traine des pas, alors les idées retournent en arrière les chercher pour reprendre la route vers ce présent qui se meurt en futur. On ne peut sans cesse vivre en arrière de son propre chemin, les pas sont fait pour avancer pas pour trépigner, le monde avance à son rythme mais n’est nullement le chef d’orchestre, il peut s’enfuir, courir, ce n’est pas lui qui fait notre destin, le destin n’appartient qu’à celui qui l’écrit, ratures ou fausses notes, grandes enjambées ou bien encore petits pas, ce n’est pas la graphologie qui porte le message mais les mots qui sont orthographiés, sans orthodoxie, nous sommes les porteurs de notre message, notre propre écrivain, prenons confiance et marchons d’un pas assuré, nous sommes forcément sur la bonne route, avalons la distance sans fausse route.



Enfin, le terme échoit à celui qui s’y emploie, il n’y a pas d’échec mais des avancées, la réponse est toujours dans le mouvement, jamais dans l’arrêt, plutôt dans l’après. Qui compte ses pas risque d’en trébucher, au mieux, de s’endormir en chemin, non, mieux vaut garder tête dressée et voir venir les réponses et les questions qui peuplent nos routes sans en avoir l’air, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais elle est un puissant chemin pour qui veut vraiment avancer… Le voulez-vous vraiment ?        

Vive l'été

Et comme chaque année,
Voici le retour du tube de l’été
« Comment maigrir sans m’aigrir »
Ou bien encore
 « Rester dans les normes
Sans rester dans l’énorme »…

Le culte du corps est de mise
Dès lors qu’on quitte sa chemise
Et si l’été les choses sont permises
C’est au printemps qu’on mise

Le culte du corps ?
Enfin non, pas tout à fait
Ce n’est pas pour son corps
Qu’on court, qu’on régime,
Qu’on combat, qu’on se défait,
Alors, pour la fashion-victime ?
Non, juste aux regards, on plait

On plait… Une plaie invisible
Plaisir ultime, être une cible
Mais au fond, l’apparence prime
Oubliant l’être caché, déprime

Magie de l’été, des corps dévoilés
Magie des vents, c’est un ciel étoilé
Sans lune, un paraitre sans être
Au fond, on attire à cent mètres

Des amours d’été aux noms galvaudés
Des silences d’automne, parfums oubliés
Des froids d’hiver, où est donc l’été ?

Alors viendra le printemps et le sport
Alors reviendra le culte du corps

Alors s’éveillera sa vraie nature

Oubliant le paraître,
L’éveil de l’être

Et avant de quitter sa chemise
Prendre pleinement possession
De son corps sans partie remise
  
Se sentir vivant jusqu’aux bouts des phalanges
Sans pour autant vouloir faire le saut de l’ange
Mesurer combien on est bien dans ce corps-là
Et ainsi, enfin, se lâcher, laisser éclater sa joie

Vivre libre, c’est d’abord vivre bien chez soi
Vivre chez soi, c’est d’abord vivre son corps
Vivre son corps, c’est d’abord se l’offrir à soi
Se l’offrir à soi, c’est d’abord s’offrir un trésor
Ce trésor c’est la vie, c’est sa vie, c’est soi

Ainsi maigrir sans m’aigrir tombe sous le sens
Il n’y a plus les normes pour contenir l’énorme
Ainsi marcher, courir, bouger deviennent envies

Adieux contraintes, bonjour plaisirs, vive l’été !

Spleen d'été

« Après la pluie vient le beau temps » et comme pour vérifier le dicton, après un début d’année pluvieux et neigeux, voici venu le temps des chaleurs, de quoi mettre à plat tous les organismes, les plantes comme les humains, il est toujours dur de passer d’une température basse à une température très élevée et encore plus lors le taux d’hygrométrie accomplit le chemin inverse. Etat de fatigue, l’année se poursuit selon ses maux et ses mots, il est parfois des combats plus longs que vraiment difficiles, au fond, la difficulté réside dans la longueur des langueurs…

Il y a toujours pire, il y a souvent meilleur, mais lorsqu’on a connu le meilleur et qu’on semble traverser des heures pires, comment ne pas être tenté de regarder en bas ? C’est comme un torticolis qui bloque la nuque et empêche de regarder le ciel, pourtant, les oiseaux sont bien plus visibles dans les airs que sur la terre… Quand on manque d’énergies, ce n’est pas évident de relever la tête, pourtant le salut est par là-haut, là-haut…dans la tête car c’est par la tête qui commande le corps, c’est un esprit sain qui dicte un corps sain, et n’en déplaise à beaucoup, l’esprit sain peut avoir besoin de l’esprit saint pour parfois se retrouver, se reposer, s’apaiser et prendre le temps de ce comprendre. Prendre, comprendre, apprendre…  Cela parait si simple lorsque tout va bien, lorsqu’on est à cent pour cent, sang pour sang, mais lorsque le corps faiblit, mais lorsque le repos se doit d’être le seul sport de mise, lorsqu’on laisse de côté ses chaussures de randos, ses rollers, ses chaussures de courses, l’esprit s’embrume vite et les simples mots ne volent plus aussi aisément sur les choses simples de la vie pour les transformer en joies simples et tout simplement, en bonheur. Prendre le temps, juste quelques instants, de mesurer combien on vit, combien on est heureux, combien ces bonheurs tout petits, tout simples sont essentiels à nos vies. Tout passe si vite. La vie, les joies, les amis, les relations simples. Dans un monde qui bouge et qui semble pétiller, rien n’attire plus que le vivant et pétillant, sortez du rang et puis plus rien…. Sourire, choisit-on toujours soi-même de descendre du manège ?

Un évènement difficile auquel les êtres ne savent pas faire face et les voilà faisant volte-face… Puis la gêne s’installe, insidieuse, dévorante, elle prive de tout retour de communication avant un bon moment quand ce n’est pas à jamais. A quoi bon leur en vouloir ? Chaque humain poursuit son chemin, il doit vaincre par lui-même bien des épreuves pour s’accomplir alors qu’il croit devoir accomplir sa destinée. Ils sont partis, ou bien ils sont silencieux, tant mieux, l’essentiel est qu’ils trouvent leurs voies à défaut de trouver leurs voix… Bien sûr, les absences font mal, mais à bien y réfléchir, elles contribuent à se retrouver face à soir et à enfin vivre ce face à face tant de fois repoussé. Des instants difficiles qu’on ne peut appeler « sérénité » mais ô combien nécessaire à vivre pour mettre quelques réponses derrières pas mal de points d’interrogation. Au fond, ce qui manque le plus, ce sont ces pauses sportives où l’adrénaline vient se faire secouer les bronches et les où les neurones profitent du grand air pour se dépoussiérer des futilités du quotidien professionnel. Sensations étranges que de se prendre aux jeux des défis, repousser ses limites, aller plus loin, toujours plus loin, qu’il est bon et tellement vivifiant de faire vibrer son corps à l’unisson de son cœur, quand bien même celui-ci prend des tours à visiter la zone rouge. Autres temps…


Sacré farceur que ce temps, il joue avec nous, il se joue de nous, il ralentit sa course dans les moments les plus difficiles, il accélère dans les meilleurs moments, il joue parfois à contre temps, surtout si on lui laisse la part belle… Ne pas se fier au temps, ne pas lui accorder d’importance, c’est donner plus d’importance aux mille choses plus importante dont nos vies sont parsemées. Facile ? Peut-être bien, peut-être pas, il suffit simplement d’essayer….

Le grand escalier

Un matin léger, rempli de joyeux courant d’air, de ces pauses d’air frais qui autorisent à renaitre au cœur de son jardin, voir danser les lavandes sous les brises légères, tandis que la maison, fenêtres toutes ouvertes, gonflent les voiles de ses rideaux. La vie circule ainsi, parfois en pause, parfois en courant d’air, rarement en arrêt, jamais en réelle apnée. Comment peut-on figer l’existence à ce qui n’est que fugace par essence ? Pourtant, c’est là le sport national des humains, prendre pour argent comptant la beauté d’un instant vue au travers de leurs prismes personnels, riches de leurs cultures, de leurs acquis, de leurs perceptions et de tout cela, voilà qu’ils figent « LA » vérité. Leur vérité. Jusqu’à l’heure de vérité, celle qui ouvre vraiment les yeux, sans artifice, sans fard, nature et crue, jamais cruelle même si cela peut faire mal, mais au fond, le mal, ce n’est pas de se faire ouvrir les yeux mais plutôt de quitter ce charme idyllique d’un ce paradis artificiel construit par ses propres interprétations. C’est peut-être pour cela que les humains payent en monnaie de singe leurs belles amitiés. Ils les sirotent, ils les dégustent, ils les puisent sans jamais voir qu’ils les épuisent, puis s’étonnent un jour que la source soit tarit.

Pourtant, les principes de la vie sont simples, que l’on cite Antoine Lavoisier « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » ou bien avant lui, le philosophe grec Anaxagore : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » on ne peut que comprendre nos lois de vie. Fugacité, instabilité, instantanéité, temporalité, savoir jouir du présent et de l’instant plutôt qu’occuper son esprit à repeindre les contours d’une photo prise il y a longtemps, accorder l’intérêt qu’il y sied à chacun des instants, des rencontres, des vies croisées, garder l’étincelle vivante et brillante au fond du regard c’est ne pas l’assombrir en cherchant en cet instant les traces d’un hier et encore plus d’un hier travesti. Nous sommes le quatorze juillet, un jour de fête nationale dont beaucoup ne connaissent pas ou plus l’ancrage dans notre Histoire. Ce soir, beaucoup de feux d’artifices voleront, brilleront, éclateront puis disparaitrons. De cette vie brève, beaucoup ne retiendront que le côté brillant et éclatant. A votre avis, la vie de ces objets pyrotechniques se limite-t-elles à cela ? A votre avis, la vie des êtres se limite-t-elles à la vision brillante et éclatante que vous pouvez en avoir ?


Ce n’est pas parce que les choses sont faciles qu’elles sont les seules facettes d’une seule et même chose. Les diamants brillent de mille éclats sur mille facettes, mais ils ne brillent pas par eux-mêmes, non, ils se contentent de vous renvoyer la lumière reçue, de la modifier, de vous la diriger différemment, et vous aimez les diamants en oubliant la lumière…. Les amitiés sont des joyaux qui ne brillent que par votre propre lumière. Cessez d’y mettre du votre, elles s’usent à devoir tout faire, fournir la lumière pour deux, la faire briller pour vous rendre le sourire, la modifier pour rester attirant, vous apaiser par ces chatoyantes tonalités, puis un jour, usées, vidées, elles tombent. Plus personne. Pour attirer à nouveau, il faut un joli marbre brillant, des fleurs éclatantes, et des lettres dorées gravées sur la pierre. De nouveaux reflets s’en venant titiller les ombres de vos mémoires, et vos voix intérieures sourient en évoquant les « tu te souviens la fois où…. » Pauvres êtres des passés, pauvres êtres dépassés, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde vous offre l’instant  et vous, vous jouez encore avec le papier d’emballage de vos passés. Vous passez ainsi à côté de vos vies, vous laissez trépasser de milliers d’activités, de choix, de bouts de vie, nul ne sert d’aller lire dans les cartes un futur puisque dès à présent, vous ne jouez pas de votre présent. Soyez libre. Il n’y a ni succès, ni échec, il y a un évènement qui vous conduit à un autre. Un grand escalier dont  chaque marche vous élève, avec aussi des paliers, mais sur ces paliers, ne regardez pas les paliers précédents, vous avez pris tellement de hauteur que les êtres d’hier vous semble si petit et contraint dans le portrait que vous vous en êtes fait. Différence de hauteur, pas de quoi être hautain. Les routes se croisent toujours, encore faut-il être au même endroit, au même moment….

Noir, rouge, passe, manque....

Salut, ça va ? Oui bon,
Enfin, bon,
T’embête pas à répondre,
C’est pas ça qui compte,
Non, j’ai besoin de toi,
De te voir, de te parler,
De me rassurer quoi !

Car c’est quoi ce monde ?
Celui des belles façades ?
Celui des mensonges ?
Fausses relations en torsade

Je t’appelle pour moi,
Car de toi, je m’en moque
Tellement bon, un toit
Où puiser réconforts à bloc

Alors ok, je comprends
Alors ok, non mais attends
Tu feras un grand pas en avant
Ton répertoire en abrégeant

De tous ces noms, du vent
En grandissant vraiment
Ta vie t’appartient
Alors tu la prends

Sans chercher un hôtel de passe
Ni un hôte de blues et de manque
Etre humain n’est ni noir, ni rouge
Etre humain c’est vivre et respecter

Tu respires chaque jour, tu vis chaque jour
Pourtant tu cherches l’hôte de blues qu’un jour
Pourtant tu ne cherches pas à savoir s’il est sourd
Ton plaisir est tien, sans partage, sans retour

Etrange monde d’égos non égaux
Etrange monde où le moi tue le toi
Etrange monde sans nous
Etrange monde de fous

Le blues n’aura jamais la couleur de l’espoir
Si ses chaines se portent seul chaque soir

Les hôtels se ferment, ainsi cela se passe
Les hôtes disparaissent, chacun trépasse
Hier est mort et demain n’est pas né
Partager n’est ni bon, ni mauvais, juste entier
Et surtout, sans calendrier