Premières neiges

Et voilà la neige, le froid et le pire de tous, le verglas, celui qui sonne le glas de l’automne, celui qui dévie les trajectoires nous aide à quitter la route. Comme un coup de poignard dans la douceur d’un automne moribond, d’un coup sans prévenir voilà que dame neige est venue repeindre de blanc des toitures et des paysages à peine argentés. Paysages bouleversés, reçus par les moyens modernes de communication, puisque les pas de randonneurs nous ont conduit vers d’autres cieux plus clément, des terres roussillonnaises ou le soleil à l’aise, tentait de briser la glace de ses dards peu brulant. Mission accomplie pour la dernière randonnée d’une saison on ne peut plus complète, du pur régal distillé à cent pour cent, allant de nos terres locales, aux confins du Gard, du niveau de la mer au-delà des 3000, de terroir tarnais en falaises de granit rose aux accents bretons. Bien des paysages, bien des décors, et si j’en trouve le temps, c’est en image que cela se contera, car images il y eut, et images il y aura, bien sûr. La saison se termine, place au désert puisque la reprise par d’autres ont décalé la reprise des activités raquettes en une mi janvier dont la lointaine apparition n’a d’écho que l’impatience d’en découdre au vu du manteau blanc encore vierge des traces des hommes. Répit et repos sont dans le même bateau, sans savoir qui doit se mettre à l’eau, il faut quand même du courage pour s’en aller tâter l’onde par ces premiers frimas.

Pauses et non poses, je n’aime pas la pose, artificielle attitude qui donne un rigidité aux émotions et donne à voir une fausse impression, respiration plutôt au cœur d’un calendrier pas mal chargé, instants de bonheurs différents à vivre toujours intensément, il faudra bien cueillir les derniers fruits, aller glaner le plaqueminier, broyer les dernières feuilles, arracher une végétation qui me semble désormais étouffer la maison, donner de l’air comme il convient de se donner de l’air, resserrer les mobiliers d’été dans des resserres à trouver, avancer le bois pour les futures flambées, dresser le plan des travaux divers et d’hiver à mener, s’occuper de vaincre cette inoccupation, victoire latente de l’attente non programmée. Travaux d’intérieur aussi, pour les jours de pluie et de gris, pour les jours de nuit, ces soirs sans espoirs où le temps se perds en siestes mal gérées à la chaleur de flambées flamboyantes, l’espace d’aller mieux gérer l’espace de la pièce dévolue au loisir de toujours, cette chambre obscure aux murs de bois, aux plafond et au sol de bois, espace qui ne laisser pas pourtant de bois mais que les traverses bien alignées vont bientôt traverser pour former les futures lignes où se dégourdiront les roues miniatures des machines patiemment stockées au fil des années dans la conquête de l’espace en plusieurs dimensions, les bruits comme les volutes de fumées se superposant au voies pas toujours rectilignes.

Derniers jours de novembre, le ciel bas et gris ne gâche rien, il encline à trouver l’excuse de fuir l’extérieur pour l’intérieur, sans que cela se traduise par l’inactivité, de toute façon, même si la panne d’énergie arrive, il suffira de combler le vide des lectures à effectuer par le plein des livres en attente de lecture, comme toujours dans la vie, le bon vieux principe des vases communicants fonctionne à merveille, sans compter sur les visites amicales, les discussions amenées pour être menées, comme serions-nous oisifs devant tant de choses à faire encore ? Et puis, il y a les pages à tourner. Celle de la rando se referme, le matériel est à regarder de près, nettoyage, rangement, des choses à jeter, d’autres à monter au grenier, d’autres à réparer maintenant que le temps de la pause est venue. Comment sera demain, puisqu’hier n’est plus ? Quelle importance ? vivre n’est pas survivre ni se placer en attente de vivre, vivre c’est respirer, profiter de la magie de ce qui vient, apprendre par le vécu des choses vécues comme des choses non vécues, on ne peut être sans avoir été, l’été est mort depuis longtemps déjà, son successeur défaille et achève par des sanglots de des pleurs froids son ère qui ne fut ni longue ni brève, juste un temps, le temps d’avoir le temps. Et si le temps m’en laisse le temps, je reprendrais la plume pour encore noircir de bonheur les pages encore blanches qui sont encore horizon.

De lettres en chiffres, les compteurs se sont-ils affolés ? plus de 40000 lectures de quelques 450 textes, la magie des chiffres ronds éclaire de ses zéros pointés la teneur de compteurs sans saveur, juste une trace du temps qui passe, de celui qui est passé, des étapes qui firent que le chemin fut, des traces de pas dans la neige d’une vie désormais fondue, et même si l’amer fut de mise parfois, il est désormais de bon ton de trouver le ton de la rigolade pour sonner les trompettes sans aucune renommée, juste l’éveil nécessaire et le temps qu’il a fallu pour terrasser les démons, prendre conscience qu’être vivant se mérite et se vit, classer des pages inamicales, voir briller des vraies amitiés, découvrir la richesse des autres, et se prendre à sourire de tout ce temps passé. Il n’y a pas de nostalgie, hier fut beau comme demain le sera, aujourd’hui me ravit, et je jouis de mon monde dans bien de ses trésors, peut-on croire qu’il faille attendre des lendemains qui chantent si déjà on ne vibre aux sons de leurs introductions ?

Prélude

Il n’est pas une journée sans que le soleil ne brille plus fort, parce que chaque pas appelle un autre pas, parce chaque chute appelle à se relever, parce tomber n’est jamais qu’une occasion de se relever, parce que la vie insuffle un peu plus la vie à chacun de nos faux pas. Les combats sont permanents et si nombreux qu’on pourrait les croire perpétuels, mais, cette vision serait rétrograde, empêchant par là-même de voir les victoires qui en sont issues, oubliant de nous abreuver d’espoir et de positif pour nous noyer dans le pessimisme qui sait si bien être de mise lorsque les épreuves succèdent aux épreuves. Il y a des hauts, il y a des bas, il y a des bas qui font débats, il est des hauts qui disparaissent dans les bas, il est aussi des bas et des talons hauts mais le débat n’est pas là. Pas pour l’heure, quoique. Quoique quoi ? De quoi rester coi devant pareil débat, si encore il y eu à débattre, en tout cas, il n’est l’heure de s’ébattre quel qu’en soit l’endroit….ou l’envers d’ailleurs ! Prendre la vie à l’envers, c’est la prendre à revers, et Anvers mérite qu’on s’y perde, à quoi bon perdre son temps dans des travers, tel un monte-en-l’air explorant les bas-fonds de la cité, qui sait si Brel eut chanté Anvers plutôt qu’Amsterdam, la vie eut été différente, la sienne, celle des anversois ou bien celles des amstellodamois ? D’ailleurs, cela me rappelle les blagues d’enfance : Savez-vous comment on appelle une femelle hamster ? et bien, une hamster-dame bien sûr ! Les méandres des synapses restent inconnues et surprenantes, le ciel bas d’ici entraine la plume vers le soleil et la mer du Nord répond comme un paradoxe, les grands ports du Benelux ou bien la culture, vous savez-bien, ce qui reste quand on a tout oublier, les films de De-Funès ou les textes du grand Brel, extrêmes qu’on pourrait opposer mais qu’on gagne à réunir pour mieux s’enrichir des choses à la fois simples, belles et poétiques, ne pas se cantonner à un style mais apprendre de tous, tel a toujours été mon credo, on gagne par la multiplicité. Eclectisme de base, pourquoi ne se cantonner qu’à un seul sujet lorsqu’on n’a qu’une vie ?

Il pleut, le ciel est bas, il fait froid et la neige n’est pas loin. Chouette, enfin de la nouveauté, que serait la vie sans ces pauses hors du beau temps, sans ces frimas de l’automne qui joue à l’hiver, sans ces longs manteaux qui cachent ces jolis corps qu’on aimait à voir en été, mais qu’on aime se voir dévoilés même voilés d’étoffes plus épaisses ? Il y a dans chaque instant une composante belle et source de bonheur. Est-ce parce que nos yeux, notre mental furent dressés à ne pas la voir, à s’auto flageller des choses mauvaises comme une punition reçue, que nous mettons toujours la priorité au négatif ? Dans le temps pas si ancien d’avant la photo numérique, c’est à partir d’un négatif qu’on faisait naitre les plus belles photographies. Alors, pourquoi oublier, pourquoi refuser, pourquoi rester enfermer dans des règles apprises et subies que nous subissons chaque jour, au lieu de chercher à briser l’armure qui trop serrée empêche le cœur de battre et de s’émouvoir ? Préfère-t-on passer à côté de notre vie plutôt que de la vivre ? Pourquoi croire qu’il faille des substances illicites ou alcoolisées pour se laisser aller à voir le bon côté des choses ? Quel garde fou nous bloque du mauvais côté de la barrière ? Nous sommes tous aptes aux rires comme aux pleurs, à la tendresse comme à la paresse, soyons aptes jusqu’au bout, soyons aptes et debout, soyons prêt à assumer nos vies plutôt que de les subir. Ne cherchons pas l’excuse de contraintes qui ne sont que limites de notre fonctionnement, de notre volonté, on peut très bien vivre plus ouverts aux joies sans en appauvrir les autres. Ce qui appauvrit le plus c’est de ne pas donner. Du temps, un sourire, de la joie, un mot, un regard, une présence vrais parce que présence et active. Personne ne peut regretter d’avoir tenté, chaque essai est un pas vers la victoire, une leçon de vie nouvelle, un enrichissement personnel. Il est certes facile de s’asseoir et d’attendre, mais à regarder passer les trains, comment savoir quel est le bon si on ne monte pas dedans ?

Les dernières étapes ne furent pas toujours évidentes, et on nécessité pas mal de remise en question, mais je jouis aujourd’hui d’un bien être qui fait que je me demande comment j’ai pu vivre dans mes carcans d’hier. Je ne suis pas une exception, ni un modèle, ni rien d’autre que moi, je suis moi et j’apprends chaque jour davantage à grandir et à profiter de mon monde, de ma vie dans des limites que je n’avais jamais soupçonné. Je ne sais comment expliquer qu’un jour, un matin, un déclic se fit, mais ce que je sais, c’est que de ce déclic sont nées les plus belles images, les plus belles couleurs, les plus grandes joies, que de ce monde fait de consommable nous ne sommes qu’une infime particule appelée à disparaitre, mais qu’avant de disparaitre, je veux avoir vécu. On croit souvent qu’on a peur de la mort, mais en fait, l’humain à peur de vivre. Surtout et avant tout. Vaincre c’est peur, c’est s’exposer à vivre mieux, vivre pleinement, et se découvrir heureux. Quel risque immense, non ?

Et si tout cela n'était que le prélude à la vie?

Combats

Voilà que l’ombre des nuages vient encore planer sur les jours bleus. Terrible annonce, résultats d’un contrôle devenu pourtant de routine, la maladie est revenue. Malgré la greffe, malgré les étapes franchies une à une, malgré l’état de forme apparent, elle est là, tapie, sournoise, dévorant de son mieux ce corps remis à neuf par succession de soins, un long parcours, démarré un 17 février 2009, chimio, rayons, soins, repos, greffe un 27 aout 2009, puis la lente remontée, les instants partagés, les premières marches, petites randonnées dans ces coins tant aimés, ces instants d’amitiés où l’amitié est bien plus qu’amicale, et le retour dans le monde professionnel, il y a si peu, en septembre. Mais voilà, il suffit d’n ne sait quoi et tout replonge, et tout recommence, comme dans un mauvais rêve, la chimio, l’hôpital, nouvelle greffe, nouvelles étapes, nouveaux combats. Mais nous vaincrons, quoi qu’il en soit.

Pas un jour sans que le crabe ne ronge un pan de nos amitiés, nos collègues, nos familles. Quel terrible fléau ou plutôt, quels terribles fléaux. Ras le bol d’entendre un nouveau combat à mener, ras le bol de ces sournoises attaques parmi mes proches, et les proches de mes proches. Ras le bol de voir que des petits bouts ne sont pas non plus épargnés, ras le bol de notre impuissance devant tout cela. Mais à travers ces lignes amères mais non résignées, je tiens à adresser le plus grand merci, la plus grande sympathie à toutes ces blouses blanches ou vertes, à ce corps dit médical qui s’occupent de ces corps mal en point, de ces âmes en peine qui cherchent le souffle de leur victoire dans les sourires de ce personnel dévoué. On apprend aussi par cela, on relativise, pour peu qu’on veut bien oublier l’armure qui serre notre cœur, pour peu que la cuirasse tombe, et qu’on veuille bien comprendre que notre nombril n’est rien si le cœur derrière ne bat plus.

Soyons humain bordel !

Qu’attend-t-on ?

Des larmes de tristesses ? Des regrets ? De s’en vouloir parce qu’hier nous n’avions pas le temps ?

Putain, c’est quoi ce monde ? On préfère pleurer que de rire ? On préfère différer plutôt qu’agir ? C’est donc ça la vie ?

Qui dirige notre vie sinon nous-mêmes ?

Qui peut préférer espérer plutôt que vivre ?

Je n’ai pas la force d’écrire plus, je ne suis qu’un être inhumain qui a différé bien des choses dans sa vie, mais ce que je sais, c’est que je sature de ces ignominies, et que je souhaite à chacun de réussir son combat, de nous retrouver bien vite pour passer de vrais moments de vraie vie.

Profitez donc de votre bonne santé et ouvrez vos yeux au monde, sans attendre.

D.

Encore combien de temps

Encore combien de temps faudra-t-il avant que les hommes prennent conscience de leur bonheur ? Encore combien de temps faudra-t-il avant que les hommes prennent conscience que leur bonheur passe par eux-mêmes, et non comme étant un dû de la part des autres ?

Encore combien de combat faudra-t-il pour éveiller les sens ? Pourquoi est-on solidaire un jour, opposé le lendemain ? Pourquoi est-on ami un jour, amant un soir, ennemi après ? Quelle est l’utilité de la haine sinon une ancre dans le passé ? Nous n’avons qu’une vie, détachons les liens d’hier car ils nous empêchent d’avancer, ils sont autant de lests qui empêchent de décoller vers l’avenir, notre avenir. On ne rejoue jamais la vie, on ne recolle jamais la vie. La vie, c’est comme ses méduses qui s’échouent on ne sait pourquoi sur les plages de ce bel océan, quelque chose de tendre, mou, gélatineux qui vous prend dans ses tentacules, vous pique jusqu’au sang puis une fois que c’est fini, se désagrège sur le sable ocre par une belle journée d’été automnal. A chaque fois on se relève différent, on se gratte, on pleure les morsures passées, on jure de ne plus s’y faire prendre et on plonge à nouveau dans les eaux troubles de nos vies sans vouloir y voir clair, juste l’envie de s’enivrer encore et encore. Dans toute cette faune il y a les proies et les prédateurs, parfois deux prédateurs s’unissent, se dévorent et combattent jusqu’à épuisement de l’un d’eux ? Parfois ce sont deux proies qui tentent de panser leurs plaies, croyant que l’union fait la force mais la force contre quoi ? Alors, il y a la proie et le prédateur, la prédation et la pitance, l’union improbable de l’Elfe et de l’ogre, la dialectique des combats, la passions des compromis, l’acte de bravoure, honnis soit qui mal y pense !

Un jour, un sourire, un matin, un délire, un soir, une émotion, chaque minute de nos vies est ponctuée d’émotion. Serions-nous nous-mêmes si nous n’étions pas émotion ? Peut-on vivre insensible ? doit-on mourir sans avoir connu l’émotion intense ? Que sera demain et quand sera demain ? Hier fut si doux qu’aujourd’hui est une feu qui renait des braises, mais cette flambée de joie peut-elle être annonciatrice de grands feux de joies à coup sûr ? Pas si sûr ! D’ailleurs, serions plus heureux de connaitre l’avenir par avance ? On connait tous notre avenir, mais après coup, et c’est mieux ainsi. Cesserait-on d’aimer parce que les annonces de lendemains différents sont là ? Pourquoi ne pas s’asseoir au chaud chez soi en attendant des jours meilleurs annoncés ? Depuis combien de temps le monde tourne-t-il ainsi ? Que serons-nous demain si nous ne sommes pas déjà nous aujourd’hui ? Cessons de geindre, de rêver, le monde des contes de fées est naïf mais non réaliste, ouvrons les yeux, le monde des adultes demande d’être adulte, la tête sur les épaules, les pieds sur terre, on avance que si on veut avancer, la clé n’est utile que si l’envie d’ouvrir la porte est là. De tous les animaux l’homme est celui qui a le moins évolué, trop sûr de lui, il a même régressé. La faute à qui ? Mais à nous même, grands dieux ! Alors, regardons-nous bien en face et cessons de voir l’idéal pour se nourrir de réalité, sachons apprécier les défauts des autres et surtout, reconnaitre les nôtres, ce sont les échecs répétés qui font progresser, pas la chance, ni la naïveté de croire en soi sans se soucier d’être en paix avec soi-même.

Les dernières journées furent belles, chaudes et rassurantes, mais le nombre de feuilles a terre ne peut annoncer que l’automne, il est bien trop inhabituel. La tempête a soufflée mais avant elle la sécheresse a fragilisé les systèmes biologiques, et nous ne voyons, come d’habitude, que les conséquences sans comprendre les maux les ayant générés. En bonne médecine occidentale, on va donc soigner les conséquences et sortir les balais à feuilles. Les orientaux préféreront traiter la cause première du mal, qui, même si elle ne ramassera pas les feuilles déjà à terre, permettra à l’arbre de parsemer nos plates bandes de ses ornements colorées pendant encore de longues années. Qui a le plus raison ? Celui qui ramasse les feuilles un jour et tronçonnera demain ? Ou celui qui ramassera les feuilles après avoir pu jouir du repos ombragé durant de longues années ? Le proverbe chinois dit : « quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». Soyons fous, perdons notre temps à regarder la lune et soigner les causes premières du mal présent, le temps passé à cela n’est pas perdu mais au contraire, il sera fructifié en des années de bonheurs. Mieux vaut-il un bonheur fugace aujourd’hui ? A chacun ses envies, celui qui pense, panse des plaies plus profondes que celui qui agit vite. Notre monde se meurt de superficiel, il faut apprendre à donner du temps au temps, nous le cueillerons au centuple, dès nos lendemains.

Vivants

Et l’homme apprend chaque jour qu’il veut apprendre, et la vie lui donne en chaque instant l’occasion de se prouver d’être vivant, de se prouver qu’être vivant n’est pas une souffrance mais source de joie, à condition de le vouloir et de bien vouloir poser son regard par delà l’horizon. Ne jamais perdre de vue que tout n’est que temporaire sur cette planète, le bon comme le moins bon, le dur comme le moins dur, rien n’est jamais acquis, rien n’est jamais perdu, il faut garder sa raison et savoir entretenir le bon, ne pas sombrer dans le moins bon, comprendre que chaque épreuve, chaque échec est une marche qui nous élève vers une vie meilleure. On peut être roi un jour, puis tout perdre le lendemain. On peut se retrouver tout en bas, et donner l’impulsion nécessaire à sa vie pour retrouver la surface, l’air pur, l’oxygène qui manque tant dans ces bas-fonds. On se souvient bien plus des mauvaises passes que des bonnes, on cultive ainsi le goût de l’échec, et à force de regarder le fossé on y plonge tout droit. Tout comme dans n’importe quel sport de glisse, ou conduite sur route verglacée, c’est notre regard qui nous dirige et nous donne la trajectoire. Regardons vers le haut, vers le meilleur et le meilleur viendra, ne pas se laisser aller à la facilité du désespoir, mais choisir d’être moteur de sa vie. A titre personnel, je pourrais en dire des trahisons, des coup de poignards, sentimentaux, amicaux, professionnels, mais chacun de ceux-ci ne m’ont donné que l’occasion de rebondir et de grandir. Tout comme la devise de certains cadrans solaires, je pourrai dire : « toutes blessent, mai seule la dernière tue ».

Bien sur, les blessures font mal et font souffrir, mais si l’on veut bien apprendre à les analyser, si l’on veut bien chercher à comprendre, on y trouve la force de digérer, d’avancer et de construire sa propre vie. Comment peut-on comprendre qu’on ne peut pas gagner au loto deux fois de suite et en même temps, croire qu’un échec subit sera suivi d’un nouvel échec ? Il n’y a pas de loi des séries, il n’y a que rapprochement de l’esprit entre événements auxquels on trouve une similitude. C’est notre déformation humaine ou animale, qui veut tout classer, grouper, étiqueter, cette volonté d’ordre qui donne les œillères et nous empêche de voir le monde tel qu’il est, parce qu’on préfère imaginer les choses plutôt que de les vivre. A trop vouloir plaire, on fuit sa réalité, on s’enferme tout seul dans des rôles, dans une vie qui n’est pas notre, dans un tour d’ivoire qui devient prison, et l’on meurt en désespérant que les choses auxquelles on a fermé la porte arrivent enfin jusqu’à nous. On ne peut pas gagner au loto sans jouer, on ne peut pas vivre sa vie sans être soi. On ne va pas vers l’autres parce qu’on ne se sent pas assez bien pour lui, on bafoue l’amitié, l’amour, l’humain, chaque fois, on rajoute une brique à son mur d’isolement. Que serait le monde sans le verbe ? Que serait l’échange sans l’opposition ? Que serait le toi sans le moi ? Que serait la vie sans la vie ? bien sur, c’est facile à écrire, bien sur c’est facile à lire, et bien sur ça parait si compliqué à mettre en œuvre, mais bon sang, qu’avez-vous donc à perdre ? Votre crédibilité ? Faire croire donne des ailes mais fait tomber de plus haut ! Cessons les « si j’avais su », construisons nos vies au lieu de les rêver, soyons moteur et acteur de nous-mêmes, ne laissons pas un soi-disant hasard bien faire les choses. J’en ai assez de ce monde de faux, faux-semblants, faux-frères, fausses amitiés, faux amours, autant de faux qui fauchent nos vies au lieu de les faire grandir. Qu’importe hier ,c’est d’aujourd’hui qu’il s’agit, de demain qu’il faudra apprendre à vivre et à aimer, mais au final, c’est si bon, si rassurant et si facile….

Les contes de fées ne prennent leur sens qu’à la fin de l’histoire, on peut effectivement choisir de vivre sa vie, de la rêver ou bien encore de se résigner. Entre le blanc neutre, le noir dérangeant, et les couleurs de l’arc en ciel, je préfère de loin vivre dans un monde coloré, retrouver ma poignée d’amis tellement vrais plutôt que la multitude de sourires tant carnassiers. Rien n’est facile, mais entre deux difficultés, je choisi celle où je suis moi. Exit les paillettes, le clinquant de pacotille, la vie n’a pas besoin de fard pour être belle, un sourire suffit à éclairer la journée, un échange, un partage, un verre offert, un texte écouté, une musique qui habille les mots sans les travestir. Le chemin vers soi et peut-être le plus long, mais il ouvre la voie à tellement d’autres, tous plus forts les uns que les autres, tous propices à mettre en lumière sa vie, il ne faut pas avoir peur de prendre un coup de soleil si l’on veut vivre, il faut au contraire s’inquiéter de l’ombre et pire que tout, des fausses lueurs, des faux phares qui ne sont qu’amer à la dérive, écueils prêt à déchirer les coques de navigateurs trop confiant et bien peu réaliste, mais une nouvelle fois, c’est dans l’échec qu’on apprend, plus durablement que dans le succès trop facile. Non, nous ne sommes pas à part, nous avons juste perdu le sens des choses, de certaines valeurs, de notre propre confiance. Tôt ou tard, la surprise est de taille, ne cessons pas de croire en demain, cela serait une condamnation par contumace, un croix sur une vie, une dérive vers notre abime, un refus de vivre.

Levons-nous et vivons, c’est bon d’être vivant, ne l’oublions jamais, ce n’est hélas pas une bonheur illimité.