J’ai longtemps cru que parce la terre était ronde,
Si nous rations le premier tour,
Il existait toujours un second tour
Pas de raison de s’inquiéter.
J’ai longtemps cru que parce que la terre était ronde,
Tout allait bien et ne pouvait que tourner rond,
Les joies qui disparaissaient, reviendront,
Pas de raison donc de s’affoler.
J’ai longtemps cru que parce que la terre était ronde,
Tous les êtres perdus de vue un jour,
Ceux-là mêmes seraient là toujours,
Pas de raison de galoper aujourd’hui.
J’ai longtemps cru que parce que la terre était ronde,
Les mots que la pudeur empêche de sortir un jour,
Trouveront écho le lendemain, amitiés ou amours,
Pas de raison de se bousculer.
J’ai longtemps cru que parce la terre était ronde,
Les choses resteraient en place, immuables,
Jamais perturbées par aucun grain de sable,
Pas de raison de pleinement en profiter.
J’ai longtemps cru que parce la terre était ronde,
L’amour du jour serait l’amour de demain,
Les tempêtes traversées, auraient une fin,
Pas de raison de les éviter.
J’ai longtemps cru que parce la terre était ronde,
Il n’y avait pas de raison de penser au lendemain,
Il n’y avait pas de raison de connaître une fin,
Pas de raison de se poser des questions.
J’ai longtemps cru que parce la terre était ronde,
Les autres étaient tous là pour moi présent,
Si ce n’est aujourd’hui, ce sera au moment,
Pas de raison d’être là pour eux.
J’ai longtemps cru que parce la terre était ronde,
Tout était en place, pour toujours et à jamais
Qu’importe les humeurs et le temps, non mais !
Pas de raison de se bouger.
J’ai longtemps cru que parce la terre était ronde,
Il n’y avait jamais de fin, juste des suites
Que les sentiments évoluaient sans fuites,
Pas de raison de perdre à ces jeux.
Et puis un jour, une fin, un réveil, une lumière, j’ai compris ceci :
Mais si la terre tourne, mais les jours succèdent aux nuits,
Ou plutôt, car ce n’est qu’un par un, si le jour succède à la nuit
Tout comme la nuit succède au jour, immuable toujours,
L’être humain n’est pas de la même matière, il court
L’instant présent fuit en permanence, sans jamais revenir
Il emporte avec lui les acteurs qu’on ne sait pas retenir
Que même si la terre est ronde, et même si elle tourne rond,
Les actes, les choses, les êtres ne tournent pas forcement rond,
Que rien n’est jamais acquis et qu’il faut se battre à fond,
Que les mots dits ne sont plus à dire, sous peine d’être maudits,
Car vient le temps du trop tard, on ne peut plus les dire
Que le vécu d’aujourd’hui ne sera pas le vécu de demain,
Qu’une histoire a un début, et surtout une fin,
Que la vie n’est pas attendre un hypothétique retour,
Si la terre tourne, nous nous avançons, toujours.
Certes il est des chemins qui se croisent, des aléas de la vie,
Mais on les rencontre en chemin, on ne les attend pas assis.
Le passé forge le présent par ses coups de maillets
Le présent construit le creuset où coulera l’avenir
Dans des heures sombres, dans des temps guillerets
L’envie toujours forte de vivre et de s’en sortir
On regarde souvent dans une vitrine, un objet convoité
On se dit : je reviendrai plus tard me l’acheter
Et puis on revient, et la vitrine est vie, l’objet… envolé
Et l’on repart, amer, aigri, car on ne revit pas le passé
J’ai longtemps cru que parce que la terre était ronde,
J’ai longtemps cru qu’il suffisait d’attendre
Pour voir une deuxième chance arriver, pour voir une étoile revenir
Aujourd’hui je sais que même si la terre est ronde
Les gens qui sont dessus ne tournent pas en rond
Aujourd’hui je sais qu’il faut profiter du moment présent
Ne plus attendre
Je vis
Et je sais aussi que les rêves ne sont pas la réalité
Et je sais aussi que la réalité n’est pas un rêve
La réalité est tout simplement ce qu’on en fait
Mes nuits son peuplées d’insomnies
Mais ce ne sont pas pour autant des ennemies
Les insomnies sont des choses utiles à l’éveil
Pour aider à comprendre ce qu’est le sommeil
Pour aider à réaliser l’absence de sommeil
Pour tirer la sonnette d’alarme
Pour dire attention, tu ne dors plus, attention
Aujourd’hui je sais certaines choses que je ne savais pas hier
Car l’être humain progresse, sans cesse
Du moins, je l’espère…
Car il serait inhumain de ne plus progresser
Aujourd’hui est plus beau qu’hier
Demain le sera encore plus
Et si la vie est faite de jours et de nuits
Et si la vie est faite de soleil et d’ombre
Les images que j’ai de demain ne sont que soleil éclatant
Elles ne sont qu’envie d’aller vers l’avenir gaiement
Puiser l’énergie, vivre tout simplement
Aujourd’hui je sais que l’occasion qu’on ne saisit pas ne se reproduit pas
Aujourd’hui je sais que le fruit qu’on ne cueille pas ne se cueillera plus jamais
Aujourd’hui je sais, qu’il ne faut pas attendre
Aujourd’hui je sais….
ça peut paraître prétentieux, dans un recueil de textes sans prétention
Mais pas du tout,
Ce que je sais aujourd’hui, je devais le savoir hier,
Je refusais simplement de vouloir le voir
La vie est un manège qui tourne sans cesse mais d’où descendent les gens
Chaque tour, chaque jour, des gens montent et descendent à pas lents
Et on reste accroché à un cheval de bois, sans s’apercevoir des absents
Des êtres d’un passé, disparus du présent
Mais le manège est plein de nouveaux sourires
Et la vie est là, vivons-là sans coup férir
Retenons d’hier les leçons
Mais surtout
Aujourd’hui, vivons !