Mea culpa

Mea culpa, je reconnais n'avoir été qu'un humain, avec ses erreurs, ses fautes, ses défauts, même si souvent je me suis cru martien, mais après tout, là est la première de mes erreurs. Non, je suis bien terrien, humain, les pieds bien ancrés dans les énergies de notre terre, la tête reliée au cosmos, tout en étant bien fixée sur mes épaules, c'est plutôt ce monde qui se peuple d'extra-terrestres qui n'ont somme toute rien d'extra. Si ce n'est peut-être bien de n'être qu'étrangers au mal si facilement distribué. Oui, humain, terrien, homme je suis, plein de défauts, de paradoxes, d'erreurs, d'errements. De cicatrices aussi, les leçons de la vie sont parfois cruelles, blessantes et même toxiques.


Oui je me suis trompé, trompé d'histoires, trompés de personnes, jamais de personnage, ma grande faiblesse est de n'être que moi, pas de rôle joué, pas de demi mesure, entier, dans le bon comme dans le mauvais. A se livrer entièrement, on se ramasse entièrement, loi basique, loi usante, la loi est dure mais c'est la loi.


Oui, j'ai mal choisi ma famille de cœur, ces «amis » aptes à profiter de votre bonté, de votre écoute, maitre dans l'art du silence et du demi-tour. C'est mieux ainsi, ça forge, ça apprend la vie. Amères expériences aux si doux visages, je ne peux imaginer la mort sous des traits disgracieux après avoir vu ceux si gracieux de sa jumelle, la trahison. Il est aussi vrai que je déjà vu la mort, par deux fois, ce qui m'ôte la peur que peut ressentir le commun des mortels.


Oui, j'ai fait des non choix et des mauvais choix, des choix mauvais aussi. On croit savoir ce qu'on ne sait pas et puis on s'aperçoit, trop tard, qu'on ne savait finalement pas ce qu'on croyait savoir. Ignorance de l'homme, complexe de supériorité dans l'aveuglement d'une relation naissante toujours illuminée de tant de beauté. On apprend aussi à ne pas se fier aux charmes trop fardés.


Oui, j'ai cru avoir franchi la ligne d'arrivée, avoir enfin atteint ce graal qui conduit nos vies vers un but, ce but précis, depuis la nuit des temps. Fonction animale, fonction vitale, fonction reproductrice. Rencontrer, séduire, s'accoupler, reproduire, créer sa famille, écrire ses lignes dans le grand livre de l'évolution.


Oui, j'ai perdu patience et j'ai perdu confiance, oui, j'ai perdu pied et j'ai choisi le bouton « stop » puis « eject » sans que l’éjection ne soit finalement enclenchée, concours d'amitiés, réelles, celles-ci. Chute rapide, on bascule vite dès qu'on franchit cette frontière qu'on ne mesure qu'une fois franchie. On se relève moins vite, proie facile pour prédatrices affamées. Belle leçon de la réalité du glossaire médical et psychiatrique, des ces leçons qui vous font quitter brutalement le monde des bisounours pour celui des réalités cérébrales écorchées et abimées.


Oui, j'ai donné, beaucoup, oui j'ai reçu peu et surtout, non, je n'ai pas su recevoir, entendre et comprendre bien des soutiens, bien des gentillesses délivrées. Conséquence des moulages de l'enfance, d'une époque où l'on ne savait pas forcément dire ce qui était bien alors qu'on savait punir et éclairer les écarts du chemin fixé par les sacraux-saintes lois familiales.


Oui, j'ai trainé en chemin, me croyant immortel surement, à l'abri du temps et ayant le temps et je n'ai pas su mettre les bonnes priorités sur les bonnes choses pour me trouver à temps dans le bon train. Oui, je le mesure aujourd'hui en étant sur le quai, voyageur immobile qui regarde défiler tous ces trains de vies, tous ces destins croisés le temps de quelques instants. Regards échangés, paroles muettes, ainsi passe la vie.


Oui, je n'ai pas pris conscience de la richesse d'être en bonne santé, jusqu'au jour où...


Oui, je n'ai pas mesuré les richesses de la vie, les trésors de chaque instant, les lumières qui brillent même au clair des nuits les plus sombres de l'âme.


Oui, j'ai oublié qui j'étais en croyant être qui je n'étais pas.


Oui, je sais, du moins je pense, que le chemin n'est pas terminé, du moins dans l'absolu, parce que ce chemin-ci, est un chemin sans issue qu'il convient de quitter. Oh non, pas faire demi-tour, je n'ai pas la force de recommencer à affronter les dragons du parcours, et puis, on ne rejoue pas la grande partition de la vie, on tourne la page et on joue une suite, sinon, on se pose devant le pupitre et l'on trace les notes des futures symphonies. Non, pas de requiem, les maitres l'ont déjà sublimé, je me contenterai des leurs, mes préférences vont à Giuseppe Verdi, n'en déplaise à Mozart, et puis, pour le sourire et l'épitaphe, à Monsieur Gainsbourg et son Requiem pour un con, le bien nommé, n'est-ce pas ? Alors la pause est à l'écriture, les pages se tournent, se ferment, certaines s'effaceront, les notes tracées dessus retrouveront une liberté et s'en iront ailleurs, piqûres ou caresses, ainsi va la vie. Il n'y a pas d'angoisse de la page blanche, ni même peur de demain, je sais que la mort est une transition infiniment plus douce que n'est la vie, du moins que ne fut ma vie, je suis très heureux de l'avoir vécue, de façon si claire, rejouée deux fois de suite pour mieux imprimer la douceur de son vécu. Oui, les faux pas tordent la cheville mais ne détruisent pas l'envie, pas plus que la volonté. Oui, toucher le bout, c'est mesurer le parcours, c'est comprendre comment il est bon de marcher, de rire, de partager, mais toujours dans le vrai.


Oui, j'ai pleuré et je pleure encore, chaque arrêt, chaque départ, chaque fin d'histoire, amicales, partages, échanges, laisse un vide, jette un froid sur les charbons ardents d'un feu qui à force s'épuise.


Oui, je pardonne aux faussaires, je pars de ces vies sans haines, sans douleurs, j'en sors comme on quitte un manège pour s'en aller ailleurs, plus loin, sans savoir si on reviendra sur le manège, celui-ci, un autre, qu'importe, ni même sans savoir si d'autres manèges borderont notre route.


Oui, je remercie la vie, de toutes ces leçons, un cumul mais peut-être bien que j'avais des leçons à rattraper, ainsi vont les karmas et les lumières. Merci pour ces rencontres, diamants étincelants, paliers franchis, marches du grand escalier d'une modeste vie.


Oui, je suis en vie. Mais au fond, c 'est quoi être en vie ?

Oui, je suis en pause, je dirais même, à une intersection de vie. Une vie sans issue, des choix pour quitter cette mauvaise sente et rejoindre...qui sait ? La clairière ou la grotte ? Le monde ou le silence ? Les échanges ou la spiritualité ? La vie active ou la réclusion ?


Gomme. Crayon. Papier.


Verdict, et non verre dicte, n'en déplaise au « in vino veritas » c'est dans l'eau que je baigne, c'est par l'eau que je m'hydrate et que je calme mes plaies.



océan, nature

Aparté. Conscience et plénitude, liens directs avec la nature, coin de terre et de sables, dans une frontière invisible entre ce qui n'est plus terre et ce qui n'est pas que sables, entre solides et liquides, l'océan a des limites bien peu mesurables, devrait-on exclure les embruns de leur géniteur? Sables, au pluriel, sans faute, parce qu'ici chaque coin, chaque plage, chaque morceau d'abandon au dieu liquide y puise sa couleur, sa granularité, sa texture, sa propre génétique. Qu'une plage soit galet et l'autre sable, que celle-ci soit doré et celle-là plutôt ocre, ce sont autant de facette d'un même monde, d'un même pays. Les eaux puissantes, vertes, fraiches, transparentes invitent aux jeux, baignades ludiques sous haute surveillance, rien n'est anodin, rien n'est jamais sous contrôle, la nature est belle mais rebelle, toujours maitresse du jeu, des jeux. On ne peut pas se baigner dans l'océan comme dans une piscine, il faut comprendre et bien mesurer les différents paramètres des eaux en mouvement continue, détecter leurs changements, sentir les forces différentes du haut et du bas des vagues, mesurer la différence entre une vague et un rouleau, et plus que tout, leçon naturelle si je puis dire, rester humble, ne jamais se croire supérieur à dame nature. L'eau est belle, claire, transparente, vivifiante, par sa température, sa force, ses courants, elle attire, ensorcelle et joue avec les baigneurs les plus aventureux, elle les prend, les étreint, les plonge dans l'abime, les roule sur le sable grossier avant de les rejeter plus loin sur la grève. Connaître cela, c'est savoir aussi qu'en un combat perdu, il ne sert à rien de lutter, si ce n'est à perdre ses dernières forces; Mieux faut prendre le profil d'un galet, lisse, dur, et laisser la force manipulatrice s'user sans répondant et finir de rejeter par dédain ce jouet devenu inutile. Certes, ce sera loin du point de départ, mais hors de l'eau sur un coin de plage, de quoi reprendre ses esprits, rire de sa défaite, s'émerveiller ce cette nature joueuse mais pas tueuse en revenant cueillir sa serviette.


Non, la nature ne tue pas ceux qu'elle a engendré, elle accepte de se prêter aux jeux, et, comme une mère bienveillante, lorsque les jeux vont trop loin dans l’inconscience et la prise de risques, elle gronde, donne un coup de patte, comme la lionne éduquant ses petits. On peut jouer de ces coups de patte, on peut chercher encore plus loin la limite, mais la réponse se fera entendre sans attendre, plus forte, plus précise, plus violente, montrant bel et bien que la limite est atteinte. On apprend, on retient ou on se blesse, certaines blessures restent amères, d'autres cicatrisent trop vite pour s'en rappeler les causes, d'autres esprits ne chercheront jamais qu'à vivre en dehors des limites au péril de leur vie.


Oui la nature est bienveillante, elle nous apprend par ses jeux comment trouver nos limites, comment se dépasser, comment grandir, par les leçons, par l’expérience, par ce dont on est capable de retenir. Le bonheur d'être ici entre forêt et océan, entre ombres et lumières, entre forces réelles et forces mystiques, énergies reçues en quasi permanence, est sans égal, un lieu de ressource nécessaire, un poste d'observation à 720 degrés, tous les sens en éveil, échanges permanents, donner pour mieux recevoir. Regarder l'océan, laisser les pensées voguer, plonger dans les vagues, surfer sur les frises d'écumes où bien voir les pensées les plus sombres, les plus lourdes, se faire rouler puis se faire emporter au loin. Nettoyage de l'esprit, ordonnancement des rêveries, des flâneries, défragmentation de notre disque dur, même sans être de la même technologie, les principes restent aussi binaires. Je pense donc je suis disait Descartes, soit, mais comprendre pourquoi on pense ceci plutôt que cela, trouver le lien entre les idées qui fusent et viennent est plus important pour trouver la clé de notre jardin clos. Les jardins clos sont toujours fermés de l'intérieur, personne ne peut faire les choses à notre place, n'en déplaisent aux endoctrineurs. Le chemin nous est propre, le parcours personnel, l'ouverture voulue ou non, jamais forcée sous peine de dépérir.


Chacun trouve sa voie dans la multitude de réseaux tracés, posés, offerts par dame nature, chacun choisit de s'y poser, de se reposer, de s'y frotter ou bien encore de les parcourir, c'est aussi cela qui est puissant et extraordinaire, il n'y a pas de modèle unique, de méthode unique, il suffit juste de trouver son lieu, sa méthode de communion, de se mettre en relation avec les émetteurs d'énergies pour dialoguer. Est-il besoin de parler de méditation, tant ce terme impose d'emblée à l'esprit une image religieuse orientale? La peur de se trouver enfermé dans un mode de pensées dictées et orientées empêche de prendre le meilleur de chaque chose. Briser la peur. Connaître ses limites, ses envies, son besoin, c'est accepter de flirter avec les limites sans oublier que l'on reste maitre du jeu, maitre de soi, maitre de ses désirs. On peut aimer s’intéresser à une religion sans aimer la façon dont elle est vécue, déployée, imposée, de la même façon qu'on peut aimer lire une histoire et ne pas aimer la façon dont elle est jouée au théâtre ou bien sur grand écran. Savoir se situer, connaître ses limites, savoir qui on est, c'est se donner aussi et surtout sa place dans notre monde, bien au-delà du monde, bien au-delà des vies, être soi et avoir foi en soi, c'est avancer sur son propre chemin, avoir trouvé sa voie et mesurer chaque jour les bienfaits de nos pas. Hier comme aujourd'hui, les liens sont essentiels, entre nous, entres nos sources d'énergies, terrestres, célestes et bien au-delà. Nous ne pouvons prendre et échanger nos énergies qu'avec ces sources naturelles, cessons d'aller à ce qui paraît le chemin le plus court, puiser l'énergie de l'autre, des autres, c'est les épuiser et pire, se charger de mauvaises énergies. C'est renoncer à l'apaisement que nous offre la nature pour choisir le conflit liés à ces mauvaises circulations inter-humaines, surtout lorsqu'il est nécessaire de puiser par domination, et donc par vol plutôt que de bénéficier d'un don naturel, fut-il par l'aide d'un guide, quel qu'en soit le nom.


Bonne énergie à vous.

Samedi

Les samedis ont ceci de troublant : ils rythment les semaines de location, les arrivées nouvelles, les départs qui ne sont que retour vers la vie première, ils colorent le ruban intemporel des vacances par la pointe de nostalgie qui y convient. Ces visages, ces silhouettes amies, familières s'en vont, d'autres arrivent, défilé quasi permanent de valises en quête d'ailleurs, quand bien même l'ailleurs est ici. Côté paradoxal, certains viennent chercher ici un ailleurs pour s'évader, d'autres partent d'ici, la tête ailleurs, vers l'autre ici, celui de leurs vies. Dimension particulière qui renforce le côté hors du temps, hors du monde, détachement agréable et réconfortant, bonheur des vacances et de cette vie loin des plannings tendus, des courses folles, du manque de temps. Drôle de journée, pleine de chaleur dès le matin, limite étouffante, ce qui reste rare ici. Rythme normal d'un jour ordinaire ou presque, au fond, ils ne sont jamais ordinaires tous ces jours tant chacun apporte son lot de surprises, de joies, de bonheurs, d'éclats de lumières pour nos neurones trop privés de lumières. Levé, petit-déjeuner et puis, samedi oblige, marché. L'occasion de voir ces étals colorés, ces bonimenteurs en quête de vendre leurs camelots sous débords de démonstrations bien rodées et époustouflantes, l'art des mots bien choisis, l'art de la prise à témoin pour bien démontrer et l'efficacité du produit et la grandissime remise consenti. Chacun est unique et chacun aime à être considéré comme unique. Chaleur étouffante, asphalte brulante, repas pris à l'ombre des chênes, avant que la colère céleste se manifeste par ses coups de vents, forts, violents, impressionnants de vigueur, secouant les branches des chênes et en détachant les glands, mitraillant les toits de tôles de nos demeures estivales.


Qu'il est bon de se sentir petit face à la majesté nature, force indomptable, échappant encore aux désirs de nos politiques, tout comme il est doux de profiter de ce vent de fraicheur insufflé dans cette journée trop chaude. Lumière changeante, les passages nuageux se succèdent, se déchirent et éclairent l'azur de blanc et de gris, étouffent la clarté et estompent les ombres, plusieurs chromatiques en ordres non chronologique, c'est cela la nature, sauvage, belle et rebelle. On apprend toujours lorsqu'on observe, on mesure combien nous ne sommes pas supérieur en quoique ce soit, ni même inférieur, juste élément parmi les éléments, matière née de la matière, nous avons besoin de nos liaisons avec toutes ces sources d'énergies, la terre, l'air, le feu, l'eau, le ciel, le cosmos, les pensées, tout est notre vitalité. Que nous oublions de nous connecter à l'une ou l'autre de ces sources et c'est nous qui sommes déséquilibrés, en manque d'énergies, en baisse de forme. Se relier à nos antennes est un besoin plus vital que nous ne le pensons. Chacun possède son coin, son lieu de régénérescence, parfois même plusieurs, sortes de prises où l'on branche le grand chargeur de notre batterie interne. Hélas, dans nos sociétés technologiques modernes, on pense plus à recharger son portable, tous nos gadgets électroniques, que de se brancher soi sur nos socles de vie.


Oui, l'énergie circule, invisible, inodore, incolore ou presque, insensible ou presque, pourtant les effets de ses hauts comme de ses bas est perceptible même si la pharmacopée moderne reste notre première source de masquage de nos besoins naturels. Il est si facile de prendre une pilule contre ceci ou contre cela, pour ceci pour bien pour cela, parce que nous sommes des produits de la société de consommation, des consommateurs prêts à avaler n'importe quoi pour être mieux, en oubliant de s'écouter eux-mêmes, d'écouter leurs corps, en oubliant de se poser, d'être et de maintenir la charge de leurs batteries. Pourquoi? Éducation, déni du passé, culture de la supériorité, course à la gagne, autant de raisons qui font de nous des êtres supérieurs, chimistes plutôt que natures, privés de temps et devant aller à l'essentiel, croyant que le naturel est plus long, moins efficace, préférant le dieu stress à d'autres valeurs. Analyse, écoute, pause, respiration, compréhension, abandon de soi, méthodologie apeurante pour cerveaux trop stressés mais pourtant, méthodologie qui mérite qu'on s'y attarde. Pourquoi attendre que la médecine échoue pour se tourner vers des moyens plus naturels? Rien n'est incompatible, rien n'est plus douloureux que l'absence de choix, la peur de se donner les moyens de réussir. On peut rester stupéfait devant les images télévisées, les sorciers, les chamans, les guérisseurs, qu'importe le vocable, ils sont tous des hommes, comme nous, des êtres, comme nous, rien n'est magique, tout est naturel, équilibre, rééquilibre des énergies, écoute des souffrances par les sens que nous avons tous, guérison ou soulagement par l'essence même d'un savoir ancestral dans des sociétés pas assez folles pour se priver de ces outils d'humanité. La voilà notre supériorité : regarder enthousiastes ces reportages, et rire d'incrédulité, jusqu'au jour où....


A croire que du besoin nait la connaissance, perdu dans nos trop grands savoirs, on oublie d'apprendre encore et encore, on oublie de se remettre en cause et en question, de remettre en cause les diktats de nos couches primaires d'éducations, morales religieuses ou croyances imbéciles qui détruisent le discernement par simple gommage des réalités. A trop boucher l'horizon par une clôture opaque, on en oublie que le monde ne s'arrête pas aux limites de notre terrain, tout comme la connaissance ne s'arrête pas aux limites de notre savoir, quelle que soit sa taille.


De chaque jour qui descend, j'apprends et je reste conscient que le jour suivant m'apprendra encore bien davantage...

Un coup de gris août

Un jour d'été sans été, de ces jours un peu plus gris, un peu plus frais, un peu venté de cet air malin qui vous ôte les envies de baignades et fait sortir ce jour d'un jour normal d'août, ainsi va le calendrier. Un jour maussade où défilent les attelages, véhicules clinquants aux longues caravanes, galeries chargées de vélo et autres coffres de toit, la longue transhumance de la pause estivale s'opère dans un ballet rythmé par les factures, les cautions, les restitutions de cartes magnétiques et autres bracelets piscine. Une vague passe, la terre océane se vide et le ciel semble peiné de ces adieux. Mais nous sommes sur une terre de contraste, au coeur d'une nature joueuse et ensorceleuse, les charmes de l'océan s'exercent sur une palette de couleurs, d'odeurs, de températures, comme pour combler les sens de qui sait s'y abandonner, s'y ouvrir, cesser de voir le négatif, oublier de voir ce qui n'y est pas pour mesurer ce qui y est.


Mauvaise habitude de l'homme de regarder en premier ce fameux verre à moitié vide et oublier qu'avant tout il est plein, dans une quantité non moindre mais simplement mesurée, parce que nous sommes trop ignares, trop ignorants, trop blasés et tout simplement trop en attente d'un maximum, d'un verre qui déborde, parce que nous sommes comme d'insatiables collectionneurs en quête perpétuelle de ce qu'ils n'ont pas, en oubliant tout ce qu'ils ont déjà. Accumulation inutile, véritable encrassement de nos vies, étouffement programmé, mais au lieu de rechercher la bulle d'air, de quitter ce système dépressionnaire, on s'y enferme en cherchant la pièce unique à s'offrir, en poursuivant les achats quasi compulsifs, en oubliant ce qu'on a pour tenter de cueillir ce qu'on n'a pas...encore.... Mais dans ce cercle vicieux, acheter ne comble pas un manque mais au contraire en créer un nouveau, un vide sans cesse repousser devant soi, jamais regardé en face, jamais analysé, jamais mis à plat pour le combler de façon radicale. Se poser, respirer, regarder, comprendre et s’émerveiller de tous ces trésors offerts, gratuits, et surtout incontrôlables parce que résultant d'autres actions que nos propres actions. Réaliser cela, c'est renoncer à bien des combats inutiles, s'alléger l'existence de cette pression que l'on se met pour rien. Le temps est gris, et alors? Peut-on le changer? Non, bien évidement, mais on peut en jouer, en profiter pour sortir d'un cycle bronzage-baignade-farniente et choisir la balade, le vélo, les rollers, la marche, visiter sans étouffer ces arrières-pays qui ne demandent qu'à être découverts. La musique des voisins est trop forte? N'est ce pas plutôt parce que ce n'est pas le genre de ce qu'on écoute d'habitude? N'est-ce pas une bonne occasion d'écouter, d'apprécier, même à des degrés divers, d'apprendre aussi, de découvrir surtout, tout est source d'enrichissement, bien mieux que de refuser en bloc, de s'enfermer dans l'agressivité et dans sa tour d'ivoire aux livres et cd bien rangés. Nous sommes tous différents et c'est cette différence qui nous enrichit, nous complète, nous élève, bien plus que les carcans familiaux, raciaux, ethniques ou encore les différents modes de pensées plus ou moins liés aux cultures, aux religions, aux histoires, tous ces chapitres qui composent l'histoire de nos origines. Acceptons de sortir de notre cadre, d'écouter, de voir, sans un à priori, sans une réticence, parce que nous ne sommes pas supérieur, parce que nous n'avons pas la règle, mais nos règles. La peur de l'inconnu? La peur de quitter sa zone de confort? La mise en danger? Ne plus trouver la salière à la même place, oublier les automatismes conditionnés qui conditionnent nos vies, les étouffent, les encrassent et constituent de terribles œillères qui nous empêchent de voir la vie, entière, complète, pleine de facettes, cette même vie dont nous ne scrutons que la même facette, le même horizon.


Et si justement, cette pause annuelle était l'occasion d'accepter de sortir de son cocon, de se mettre en danger en ouvrant ses sens à ce monde? Il es plus facile de se croire extraterrestre, de se croire hors du coup, hors du monde, différent de tous ces gens insupportables, sans se dire que si nous ne supportons pas les autres, c'est peut-être bien parce que nous ne sommes pas capable de les supporter, non par absence de cette capacité mais juste par inhibition, volontaire, programmée, armure invisible dans laquelle on s'est enfermé mais surtout, enceinte étanche dont nous sommes les seuls à avoir la clé et là est la clé. Non, nous ne sommes pas martiens, ou autres vénusiennes ou bien encore plutoniens. Non, nous sommes terriens, humains et surtout imbéciles. Imbéciles, parce que se fermer au monde est la pire des choses à vivre, imbéciles parce que se croire à part alors qu'on se met à part c'est refuser de progresser, d'apprendre et de comprendre. Imbéciles parce que sans cette ouverture au monde, sans mesurer les bonheurs de chaque instant, les bienfaits de la nuit comme ceux du jour, on s'anéantit de stress grand générateur de maladies et grand créateur de nos terribles maux actuels. L'augmentation des cas de cancers et autres leucémies est à comparer à la progression du stress dans notre société, nous sommes sur un arbre perché, assis sur la branche que nous scions. Réagissons, il est temps de remettre en cause nos concepts de vies, nos fausses envies, nos courses effrénées et d'apprendre ce qui est vraiment, les choses qu'on maitrisent et celles qu'on ne maitrisent pas, en comprenant bien que de ne pas maitriser ne veut pas dire subir mais plutôt s'offrir une possibilité de grandir, d'apprendre, de se remettre en cause et d'avancer. Toujours. Activité dangereuse certes, puisqu'elle nous fait quitter le nid douillet pour, comme l'oisillon poussé du nid par ses parents, apprendre à voler par ses propres ailes, goûter au plaisir d'être, de se tester et de repousser ses limites, parce que rien n'est jamais écrit, ni gravé, parce que chaque chose à une raison d'être, la fourmi comme l'éléphant, le soleil comme la pluie, la vie comme l'envie. Alors, volons et déployons nos ailes, repoussons nos limites, nous le valons bien....


Testimoni

L’année bascule en pente douce vers son déclin, les jours déjà prennent chemin vers leurs quartiers d’hiver, lente agonie d’un monde qui tousse et décline sans fin. Les dernières respirations, les derniers soupirs, les dernières langueurs, le crépuscule d’une vie, l’aube d’une mort, juste séparés par le trait d’une faux. L’heure de prendre la plume, l’encre noire et sombre comme les jours sans lumière qui se profilent à l’horizon, l’heure de prendre le papier plus épais, déjà sépia parce que fané, parce passé, parce que presque trépassé. L’heure d’y écrire en lettre capitale ce qu’on nomme testimoni dans la douce langue chantante née des berceaux latins. L’heure grave des braves, non pas un bilan, l’heure n’est plus à équilibrer la balance, il y a eu trop de dépenses dans cette vie pour si peu d’entrées, si peu de retour, si peu de crédit, comme quoi on peut vivre à découvert, bien plus facilement qu’on ne croit. Equilibre, oui, maitre mot de la vie, équilibré, stabilisé, un seul pole n’en déplaise à l’épidémie de bipolaires qui peuplent que de trop ce monde devenu déséquilibré. Celui ou celle qui n’a vécu de près ce fléau ne peut comprendre ce qu’il en est. Le vivre de l’intérieur est autre, loin d’être de tout repos, avec des crises à gérer, des paliers à franchir, des traitements à ajuster. Le vivre contre est sans définition, briseur de rêve, de vie, d’envies. La polarité est unique, stable et définie. Il ne faut pas tout mélanger non plus.

De ce monde qui vacille, je retiendrai aussi ces fausses amitiés, ces liens à sens unique qui ne sont que prélèvements sans être de temps en temps perfusion, juste quand l’air est plus frais, le ciel plus sombre, le besoin peut-être plus présent. Je n’oublierai pas non plus tous ces culs entre deux chaises, hésitant entre confort d’une relation et envie d’ailleurs. Oui, la liberté a un prix, oui elle se paye cash et cher, oui, elle se mérite, et non, on ne vit pas dans le profit. Profit d’une vie tranquille aux traites payées parce que l’autre est là, l’autre-là qu’on critique mais qui paye, qui gate et qui règle les dépenses pendant qu’on s’en va cueillir l’herbe plus verte d’un pré voisin, profit d’un ami qui sait faire rire, distraire, amuse, répondre, amener la lumière dans une vie au fond du puits. La liste des profits seraient longue, inutile, sordide, mais je vous assure qu’elle pèse, qu’elle ronge et détruit, travail de sape qui comme les vagues rongeant la falaise, vous fauche l’herbe sous les pieds et vous tranche, par inadvertance jusqu’à la mortelle hémorragie, celle qui pour éviter la gangrène impose l’imputation, imputation des chairs nécrosées, imputation des chers nez creusés, adieu cohorte de bons amis, adieu couples bancales, adieu confidences gratuites, je vous laisse à trépas.

De ce monde qui vacille, je retiendrai la leçon des choix, ceux qu’on fait et ceux qu’on ne fait pas, ceux qui pèsent, ceux qui coûtent, ceux qu’on regrette, ceux-là, oui, tout ceux-là et bien d’autres. La vie n’est faite que de choix, chaque pas, chaque gravier, chaque grain de sable, ceux qu’on évite, ceux qui nous font palpiter, ceux qui sont fait par dépit. Le choix. Bon ou mauvais, ils le sont tous. Prendre par ici ou par là, partir ou rester, être ou ne plus être que de questions, que d’hésitations, que de réflexions, avant, après, pendant. C’est parfois long une vie de choix, mais arrivé au crépuscule, en regardant le soleil se coucher, on se dit qu’au final de cette vie-là, on n’a rien fait.

De ce monde qui vacille, je retiendrai les messages non eus, les vérités non émises, parce que parler franchement demande de la franchise et du caractère pour le faire. Très peu, trop peu l’ont. Une fois dans ma vie, une seule fois j’ai été démasqué. Un seul regard a su plongé au fond de moi et me dire que j’étais un clown, un clown dans tout le sens de ce mot, un amuseur qui fait rire pour au fond se servir de se bouclier-là comme une armure qui renvoie les regards ailleurs, vers d’autres. Hier un reportage sur Benoit Poolvoerde m’a rappelé cela. Cruelle vérité d’une enfance esseulée où la façon de se protéger et d’être protéger pas les grands, forts et belliqueux, était de les faire rire avec comme credo « si je les fais rire, ils me gardent »….. Evidence trop évidente, d’un seul coup le passé vous flanque ses nausées à la tronche et revoilà effectivement le loupé. Faire rire pour être « considéré » mais comme souvent, les amuseurs sont plutôt tristes et isolés. A jouer sur un masque, fut-il souriant, on n’est pas aimé pour celui qu’on est, mais pour le masque qu’on porte ce qui comporte un grand inconvénient. Rappel à la réalité. Oui, faire rire, savoir écouter, savoir parler, discuter, conseiller, apprendre aussi, le ski, le roller, le vélo, et bien d’autres choses à bien des personnages, à bien des âges, tout cela n’est que don de soi et être oublié des autres.

On fait tous des erreurs, la clé est d’en prendre conscience et d’avancer.

Sans regrets. Rien n’est jamais éternel.

Amis gauchers, bonne fête !

Voilà que la presse régionale m’apprend que le 13 août est la fête des gauchers, tiens donc ! Encore un de ces jours pour rappeler au reste du monde que les minorités existent, une mise en lumière pour mieux occulter le reste de l’année, après la fête des secrétaires dont mon meuble est fier, celle des femmes à double sens pour moi puisque célébrée le jour de la naissance de ma grand-mère, celle des grands-mères justement merci le café du même nom, la Saint Claude, non, ça c’est pour garder l’humour aux lèvres, si je peux dire ainsi, bref, voilà que nous autres gauchers et fier de l’être, du verbe, pas de l’homme, quoique je sois assez fier de moi tout de même et de ma gauchitude, barbarisme créé pour ne pas qu’un « gauche attitude » soit mal perçu, mal compris ou pris comme une phénomène de mode, mais revenons à nos moutons, nous autres gauchers, avons droit à un jour de fête désormais. Bon, un jour d’été ou de ce qui y ressemble, de ces jours où la tête en vacances ne se sert du journal que pour envelopper la pêche, même si cela se perd, monsieur Décathlon a inventé tant de ces gadgets inutiles qui peuplent nos placards quasiment depuis l’achat, voire même que par des temps de crise, le journal ne reste sur l’étal de l’épicerie de la plage. Il vaut mieux dépenser ses deniers à lire ces jolis magazines illustrées de ces photos prises sur le vif de ces célébrités dont on aime mieux prendre des nouvelles que des ses amitiés ou autres parentés, bestiaire du millénaire, sources de nos préoccupations, mais, second degré de l’auteur, n’est ce pas. Comme dirait Renaud, « j’ai retrouvé mon flingue » donc l’énergie revient, gare au retour !

13 août, fête des gauchers, notez-le bien, je n’ai rien reçu ! Alors à ceux qui doutent, qui ne savent plus, qui ne savaient plus, OUI je suis GAUCHER, depuis toujours, depuis ma naissance, dans mes vies précédentes je ne peux le dire, non pas que je le sache pas, non pas que je le sache ou pas, juste que je ne le dis pas, mais, pour cette vie-ci, je suis gaucher depuis le premier jour et sans faille, gardez vos sourires, je parle de faille de gauchitude. Mon entourage proche, mes chers parents n’y ont vu que du feu jusqu’à mes premiers repas, allez savoir pourquoi, mais je ne leur en veux pas. Une institutrice rebelle, en a fait une affaire personnelle et tenta de m’éduquer de la main droite, la mauvaise maladroite, mais super pédiatre est arrivé sur son Waterman doré et d’une formule magique déclamé en vulgaire prose l’a mis à l’index, me délivrant ainsi de ses maléfiques pouvoir. Il est vrai qu’elle n’était qu’institutrice, mais depuis que ces métiers ont disparu au profit de professeurs des écoles, les choses vont bien mieux, n’est ce pas ? Bref, gaucher, d’une seule main, l’autre est plutôt accompagnatrice, j’avoue aussi qu’elle subit les coups, du genre du marteau qui rate le clou et vient titiller la pulpe du doigt, ou bien se met en protection du corps et nécessite réparation comme les six points qui la décore en rappelle le second rôle, une sorte de doublure, pas forcément meilleure cascadeuse. Gaucher aussi d’un pied, l’autre suit, précède et cède l’appel et se contente du contre appel, bon, c’est vrai qu’au jeu de ballon il tente bien de se mettre en avant, mais j’évite de crainte que sa brusque mise en avant ne déséquilibre mon intégrité ce qui pourrait me faire choir. Je sais qu’il faut faire des choix dans la vie, mais de là à choir, non, rien ne presse. Gaucher donc, du cerveau aussi, en langage mécanique on parle de carburateur double corps, les gauchers ont donc deux cerveaux, là où les droitiers n’imaginent en avoir qu’un seul. Normal, tout est pensé pour eux ! Le gaucher doit vivre en adaptation permanente dans la société. Une entrée de métro avec une introduction de ticket à droite, vous trouvez cela logique ? un système d’écriture de gauche à droite, pour que la main avance devant la calligraphie, est-ce normal ? un bouton d’ascendeur à droite, … et tant et tant de choses, développées, conçues, juste pour que vous, amis droitiers, puissiez survivre dans ce monde sans trop fatiguer vos synapses mais au fond, on vous aime bien et on ne vous en veut pas. On ? Oui, nous les gauchers, version adapté de l’être humain, qui faisons tout cela naturellement, intuitivement, comme on défait les pièges d’un labyrinthe, parce que gaucher se mérite et se perpétue. Tant mieux !

Quelques lignes commises au lendemain de la fête, nous voilà replongé dans la banalité des droitiers, quelques mots alignés su le papier pour simplement inonder d’humour, de 28e degré, de sourires et d’énergie ce monde qui s’enlise dans une sinistrose terrible. Souriez, à gauche comme à droite, sans faire de politique, ça sera royal ! Euh, non, on a dit pas de politique ! Mais est-ce vraiment de la politique ?

curieux?

Curieux, étrange, surprenant, bien des adjectifs pourraient qualifier le cours de la vie, loin des clichés, loin d’une complexe analyse, juste cette prise de recul, cette prise de hauteur sur les événements et leurs cours, sur les débords de ce fleuve capricieux et fougueux qu’est ce long ruban de vie. On comprend mieux en voyant ces contours sinueux et irréguliers combien il est difficile de croiser des parcours parallèles, mais au fond, les sources d’intérêts, l’enrichissement vient de la diversité, de ces zones non convergentes sans qu’elles soient complètement divergentes, juste parce qu’une vie c’est trop court pour tout parcourir, découvrir, juste parce que « oui », « moi aussi » ne sont pas des mots clés du dialogue, la vie est à elle seule, une source de vie et d’envies.

J’ai souvent comparé la vie à un jeu d’échec, pour la stratégie, la similitude, savoir perdre pour gagner, accepter de perdre pour gagner plutôt, mais cela s’arrête là, la vie n’est pas une partie d’échec qu’on dissèque, qu’on rejoue à l’infini pour comprendre et modifier les stratégies, les coups qui ont conduit à l’échec. Non, la vie n’est pas un échec, même si parfois elle nous semble peuplée d’échecs, peut-être bien aussi que parce que trop souvent on voit le verre à moitié vide plutôt que le verre à moitié plein, peut-être aussi parce que la culture de la gagne à déformer volontairement l’ordre de nos synapses. Un coup pour rien. Non, il n’y a jamais de coup pour rien, il n’y a que des coups dont on fait rien, par manque de temps, par manque d’envie, par rejet, par peur, par douleur, parce que oui, prendre des coups fait mal, parce que ce diable d’ego est d’une sensibilité forte, parce qu’après l’amour, l’amour propre se retrouve à découvert et même trop découvert au point de ne pas supporter la lumière du grand jour qu’il fait dans ces jours si sombres, et puis aussi parce que les couches de morales reçues, appliquées à la brosse, au pinceau ou au compresseur des différentes variantes de notre éducation ont étouffé notre personnalité dans cette coquille judéo chrétienne, notre moi sous un toit qui n’est pas protecteur mais castrateur. Est-ce pour cela que la première révolte, la première mue d’un peuple voulant se débarrasser d’un joug dictateur au cœur des années soixante et soixante-dix (ce mot m’énerve de par son illogisme et sa méthode destructrice d’associer un soixante et un dix comme si d’un seul coup nous ne savions plus compter ! Ah ! combien je félicite nos amis francophones, meilleur gardien de notre langue que nous, qui savent compter en septante et en nonante, bien plus logique et tellement plus réels !), est-ce pour cela que le regard s’est tournée vers l’orient, que les pas se sont fait vers Katmandou ou autres spiritualité ?

Comme si la réponse à l’oppression d’une forme de pensée n’était que la quête d’une autre oppression, peut-être parce qu’avant de savoir voler vraiment, l’oiseau tomber du nid ne sait pas encore qu’il sait voler et n’ose pas voler. Remplacer un guide par un autre n’est pas se guider soi et être autonome dans sa marche, mais plutôt rester sous l’asservissement d’un autre, peut-être tout simplement parce qu’on ne sait pas qu’on peut marcher soi-même sans être guidé pour le faire. Il y a pourtant eu une première fois à toutes les fois, une première foi à toutes les fois, il y a aussi ces situations d’urgence où l’esprit nous guide, notre esprit, notre bon sens, parfois même, notre instinct de survie. Ces cas-là, même si ultimes, conduisent au dépassement de soi, brisent ces règles inculquées, nous conduisent vers ce qui est vraiment nous, au plus profond de notre biologie, souvenir de notre vie amphibienne ou reptilienne, le plus profond de notre matière grise ou sanguinolente, c’est selon la vision littéraire ou médicale des termes. Pourquoi ? Parce que dans certaines situations on est nu, on est seul, sans bouclier, sans temps pour se rappeler les leçons dont on nous a gavé, on va à l’essentiel, le plus court chemin entre deux point reste la ligne droite dans un espace plan, sorte de remise à plat pour ne pas rester en plan, sorte de « et si j’étais moi ? ». Bigre, en voilà une question !

Difficile ? Je ne sais pas, chacun porte la réponse en lui, chacun a son envie de s’y attarder ou pas. Je ne remets pas en cause les religions, elles sont aussi des mémoires des générations passées, tout comme les contes et les légendes, les histoires qu’on se racontaient naguère aux veillées, mais il ne faut jamais perdre de vue que nous gardons notre esprit critique et notre envie d’acheter ou pas toutes ces belles paraboles placées sur les étals de nos bibliothèque. Je n’ai pas la prétention de dire ce qui est bien ou mal, l’un sans l’autre ne serait pas, subtil équilibre de deux pôles opposés, bipolarité nécessitant de rester équilibrée sans osciller en permanence à fréquence trop élevée. La chrétienté a massacré bon nombre de « différents » mais aussi de trop semblables. On a brulé des sorcières au nom d’un dieu don le « fils » fut d’après les lectures, le sorcier le plus médiatique de sa génération. Bien sûr, on a collé le noir et la nuit à l’image des sorciers, on a inculqué des maléfices aux pratiques ignorées, mais alors, pourquoi pendant longtemps avoir associer « guérisseur » à « sorcier » alors que le « fils » du père était lui-même guérisseur, alors que la messe et les ecclésiastiques continuent d’imposer les mains ? Noir ou blanc ? Nuit ou jour ?

Curieux, étrange, surprenant… prise de recul, prise de hauteur sur les événements et leurs cours, prise de conscience tout simplement que le monde est monde et que nous sommes nous bien avant toute chose et par toute chose. Aujourd’hui, c’est la Saint Amour, un nom de soleil dans l’éphéméride d’un été trop ridé de tant d’humidité, puisse cet amour rayonner sur vos journées et guider les énergies pour vous alimenter.

Dans un été hors norme

Dans un été hors norme, un monde hors norme, quoi de plus normal en somme ? D’ailleurs, c’est quoi la norme ? Qu’est ce que c’est que d’être hors norme ? Est-ce vraiment énorme ? Normalité ou norme alité, malade d’être mise au rancard, ou bien fatigué d’être trop exposée ? Il est vrai que cette année, on a du mal à reconnaitre les juilletistes des aoutiens tant leurs bronzages dépigmentés sont semblable, une pause du temps dans la longue course au réchauffement climatique…. De quoi sourire surtout, après tout, que pouvons-nous y faire s’il pleut et s’il fait plutôt frais ? A quoi bon se lamenter, alors que l’heure de l’ouverture de la soupape a sonné ? Serions-nous devenus trop riches, trop gras pour oublier les aléas du temps, pour ne plus se satisfaire de ce que nous avons et préférer le toujours plus ? Diantre ! Que de questions et pas que deux questions…. Humour, oui, sourire, oui, la vie est belle non par les rayons du soleils qui s’y posent mais plutôt par les rayons de soleil qu’on y pose. Soit. Ainsi va le monde, celui des heureux comme celui des grincheux, il n’y a pas deux mondes parallèles mais un seul ou nous vivons tous, coexistence remuante tantôt acide, tantôt débonnaire, de la multitude nait la richesse, pas celles des biens mais celles des différences, ce qui n’est déjà pas si mal, non ? Ah zut ! Une autre question…. Le clavier va finir par s’user devant tant de point d’interrogation noircissant la page blanche, à croire que l’heure est aux questions. Mais sans question, point d’avancée et point d’interrogation (celui-ci était facile, mais pourquoi s’en priver ?) Se poser la question c’est aussi réfléchir à la réponse, remettre en question et se remettre en question, progresser, évoluer vers autre chose, plutôt que de se contenter de ce qui est, mais n’est ce pas là la quête de l’Homme depuis son début ? Etonnant combien parler de la pluie et du beau temps peut engendrer des suites philosophiques ou plus simplement, de simples questionnements. Bon, juillet ne fut pas brillant, tant pis pour la production de photons, août le sera, pas de doute, de quoi profiter des joies des baignades dans une eau propre, merci aux juillettistes d’avoir délaissés leurs maillots de laines et l’art de la baignade, les caprices du temps me font à chaque fois sourire en pensant aux affirmations des scientifiques et journalistes alarmistes du réchauffement climatique. Même notre belle Garonne est trouvé bien trop haute et trop boueuse en ce début d’août ! Les normes, toujours les normes, l’énorme fait peur, et fait saliver, il n’y a pourtant que les nappes phréatiques qui s’en sont allées en des profondeurs abyssales au point de voir le bout du tunnel de ce trou foiré et foireux qu’est mon puits. Première défaillance en dix huit ans de vie commune, de quoi se poser des questions et décider des suites à donner, mais surtout une grande alerte à la connerie humaine, aux travaux destructeurs, percement des couches dures pour extraction de gaz de schiste ou bien encore forages profonds pour géothermie mal calculée, la guerre de l’eau ne fait que commencer.

Dans des temps pas si lointain, l’eau des toits ruisselait sur le sol de nos parcelles, puits perdus, puisards, rigoles ou fossés, ainsi s’abreuvait la terre des eaux célestes. Aujourd’hui, l’eau est canalisée par les tuiles, les gouttières, les descentes, les buses et le réseau pluvial avant de s’en aller rejoindre les fleuves et les océans. Nos terrains ne boivent plus que des eaux de pluies, nous expulsons cette matière première pour laquelle nous faisons faire des forages couteux, ou bien des branchements onéreux. La facilité n’exclue pas la réflexion. Si nous n’avions pas un simple robinet à tourner pour boire, se laver, arroser nos bonsaïs ou autres orchidées, peut-être saurions-nous ce qu’est un puits, un ruisseau, un réservoir, une citerne, peut-être nous rappellerions-nous ces années d’enfance, ces montées au bois pour aller nettoyer le cours du modeste ruisseau, redresser ces pierres, ôter ces racines, refaire ce creux qui permettait de profiter à la maison de cette essence des montagnes, fraiche, pure, naturelle mais hélas, non intemporelle. Il y a ce côté production et collecte à repenser, il y a aussi ce côté gaspillage trop anodin dans nos vies trop blasées. Des robinets qui coulent sans arrêt, des bains, des lavages, des répétitions infinis de perte non utiles, c’est notre monde que l’on assèche, c’est notre éponge que l’on presse, il ne sert à rien de se lamenter devant le réservoir vide lorsqu’on l’a nous même renverser. La seule réalité c’est que désormais, nous ne sommes plus ignorant, nous ne deviendrions même presque conscient. Quel grand pas pour l’homme ! Conscience, si ton ère pouvait enfin arriver et les yeux s’ouvrir sur ce que nous faisons du monde, quel bonheur serait ce premier pas. Certes, il coûte, comme tout premier pas, mais quand même, osons le faire, et soyons acteur des changements avant qu’on n’ai d’autres choix que de se les voir imposer. L’été sera beau, et nous, ce jour-là, nous serons encore plus beaux, croyez-moi !

vertiges

Quel tourbillon traversons-nous, le temps semble défiler à vitesse grand V, les étapes du passé semblent si lointaines et pourtant, le regard se pose sur ce qui n’est qu’hier tout en laissant trace dans le quotidien, à nous de choisir d’en faire ou non notre futur. Hier, aujourd’hui, demain, toujours la ronde des temps, la ronde du temps, la ronde qui gronde et sonne ce qui fut, ce qui est et nous laisse choisir ce qui sera, car la maitrise est là, savoir influer la trajectoire, savoir s’appuyer sur le passé sans y plonger et s’y noyer, savoir que l’on sait…aussi. Que de choses vécues au cours d’une vie, que d’épisodes, grands et petits, drôles et moins drôles, durs ou moins durs, chacun résonne comme un cristal, une facette d’un diamant, la pierre d’un mur qui s’est construit, à la fois édificateur et isolateur, à la fois solide et fragile, à la fois protecteur et étouffeur, mais ce mur-là n’est que notre mur à nous, à nous de savoir y poser la pierre ou l’ôter, la faiblesse de l’Homme est de croire qu’il suffit d’ajouter pour se construire tout en omettant d’ôter pour mieux se construire. Le mieux est l’ennemi du bien, s’alléger, se désencombrer, c’est un retour vers un essentiel salvateur, générateur de bien-être, de mieux être, tout comme en vol libre, détacher et larguer les lests pour mieux naviguer parmi les cieux. Quelle est la cause de ce besoin d’accumuler, de s’encombrer, de s’entourer ? La multitude n’est pas garante de qualité, ni même expression de qualité ; elle rassure peut-être, surtout dans ces jours où tout va bien et parce qu’au final, on ne mesure rien, on n’a besoin de rien et donc les yeux sont mi-clos, mais le jour plus sombre, le jour différent, celui où le besoin se fait sentir, combien est douloureux l’absence du nombre et le nombre des absences, bien plus que l’unique absence, bien plus que l’absence unique. De chaque combat, on se relève, on panse ses plaies, on pense et on repense aux coups données, aux coups qu’on aurait pu donner, aux coups reçus, aux coups qu’on aurait pu recevoir, cogitation pleine de tout ces sens vides, de toutes ces évidences qui ne le sont qu’aujourd’hui, qui ne sont plus aujourd’hui, parce que tout est mouvance parce que tout est sable mouvant et que nos pas vacillent à chaque pas posé, parce que la réflexion est toujours la compagne des heures solitaires, parce qu’avancer ne sa fait que par palier. « cogito ergo sum » disait Descartes, « je pense, donc je suis ». Philosophe des Lumières, peut-être est-ce pour cela qu’en des heures sombres on pense ainsi… Mais penser ne sert à rien si on n’en construit pas ses lendemains. Lorsque la brouette est trop lourde à pousser, on la décharge pour pouvoir avancer. Alléger, s’alléger toujours la même règle. Hier fut vide de liens malgré la multitude des liens tissés et parfois fortement irrigués dans d’autre sens, aujourd’hui se vide de ces liens morts ou pire, à sens unique, même si le cœur se serre de voir partir cet autre pour qui on avait de l’attachement, même si le cœur saigne de trop se serrer à chaque coup de « tipex », gomme moderne, ou autre « corbeille informatique ». ainsi va la vie, ainsi se détache l’homme des lambeaux d’un passé, des lambeaux des passés dépassés par le monde qui tourne sans cesse et nous précipite vers demain.

Est-ce d’avoir été trop serré que l’air soudain semble plus léger, le vide plus rassurant, les quelques liens maintenus, d’autres nouveaux depuis, plus présents, hautement encourageant. Léger, allégé plus que débarrassé, les routes se séparent, les chemins se croisent, ainsi va la foule des pèlerins en quête de vie. Tout comme les chemins de Saint Jacques de Compostelle, un même but, des croisement et des errances qui se recoupent, mais surtout, des départs multiples car chacun part de son origine pour atteindre le même but, la dimension spirituelle est personnelle, elle grandit à chaque pas. Il n’est nul besoin d’église, de croix, de temple, de synagogue, de mosquée ou autre édifice, quel que soit le dieu invoqué, il n’est jamais que l’écho de notre propre foi en nous, derrière chaque pierre, derrière chaque arbre, derrière chaque nuage, partout est un appel vers soi, une invitation et un encouragement à s’élever. Même un concept monothéiste est une ode à la foi multiple, à la foi de la multitude. On a tous nos propres dragons à terrasser, on a tous nos combats à mener, on a tous le choix de poser ou d’ôter une pierre à notre édifice, le but n’est pas d’en faire le plus haut, ni le plus beau, juste d’en faire le sien. Beaucoup d’errances, beaucoup de souffrances parfois, mais une seule et même volonté, celle d’être, tout simplement. « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé » écrivit Blaise Pascal dans la lignée de Saint Augustin ; Un prélude, on ne cherche la paix qu’une fois trouvée, à la fin des combats, fussent-ils inutiles, bien que je ne pense pas qu’un combat soit inutile, jamais. Un prélude en conclusion ? Diantre, voilà qu’il va falloir réviser les classiques, bien qu’en matière de classiques, Descartes et Pascal réunit avec la bénédiction de Saint Augustin, j’ai connu pire !