Secret de lune

Le soleil se lève à l’est
Mais il se couche à l’ouest

Comment voulez-vous comprendre
Comment voulez-vous apprendre
Avec un pareil zigoto ?

Se lever d’un côté
Et se coucher de l’autre,
Pourquoi pas, mais quand même
Un jour ou l’autre,
Il faut bien rentrer
A pied ?

Apprendre ne sert à rien
Comprendre sert à tout
A moins d’être un perroquet
Ou bien un dictaphone
Non, à rien du tout !

Après tout,
Apprendre le trajet du soleil lorsqu’il se voit
Sans comprendre comment il revient
Serait croire que chaque jour un soleil nait
Que chaque soir un soleil meurt

Oui, mais la lune ?

Ah la lune, mon cher Pierrot….

Chaque soir elle se lève,
Puis elle charge sur son dos
Le soleil de sa journée fatigué
Et elle l’emporte à son dodo

Mais comme elle fatigue
De porter son fardeau,
Nuit après nuit, maligne
Elle le décale sur son dos

C’est ainsi que chaque soir,
La lune passe plus ou moins caché

Et lorsque trop fatiguée
Elle prend le soleil dans ses bras
Nous, nous la voyons pleine

Il est temps d’y offrir nos draps
Alors, pour nous en remercier,
Sans rien dire, elle les blanchira

Secret de lune










A l'aube d'un nouveau jour

Le jour se lève à peine et déjà le soleil colore de teintes orangées les vieilles pierres de l’enceinte. Il aimait profiter de ces instants tellement uniques où la lumière croit, où la vie s’éveille, où marcher devient une cueillette des énergies subtiles. Le silence de la nuit laisse place à l’éveil du jour, oiseaux, animaux des fermes voisines exprimaient tour à tour leur bonjour. L’humidité commençait sa lente évaporation distillant aux passages les huiles essentielles des plantes des lieux. Il marchait d’un pas régulier, cherchant inconsciemment les parcours déjà au soleil, il était bon de ressentir cette timide chaleur caresser son corps. Plaisirs simple de la vie, une vie qui pouvait sembler austère, la faute sans doute à l’habillage, des vieilles murailles de pierres tout autour, la faute aux raccourcis qu’empruntent trop souvent les gens. Il est vrai que la simplicité des lieux, le cadre, éloigné des gros bourgs, la vie quasi monacale n’inspirait pas la folie mais ce n’était pas pour autant une vie de prostration.


Vivre ici, c’est respirer l’air du temps, c’est accorder son diapason avec la nature, lire dans le grand calendrier céleste les heures de lever du jour tout autant que les déclinaisons de la lune, c’est apprendre les plantes, celles d’ici, leurs parfums, leurs rôles, leurs secrets, c’est aussi apprendre à cultiver les autres, légumes simples qui seront les bases de l’alimentation, c’est aussi et surtout cette joie de l’offrande, du partage qu’augurent ces plantes : apprendre des autres et apprendre aux autres, qu’il s’agisse de cultiver, de cueillir, de soigner, de goûter aussi, mille et une recettes simples et efficaces, mille et une saveurs, délicats assemblages d’herbes, de fruits et de légumes, une touche de miel, une pointe d’épice, une alliance de parfums pour éveil des papilles gustatives. Comment pourrait-il s’ennuyer ? Les journées se décomposent toujours entre temps de travaux extérieurs, bricolages et méditation, ponctués de cuisine, de soins et de traitements, de lectures aussi et aussi de marche, longues marches à travers les paysages d’ici. Il n’y avait ni rituel, ni obligation, ni partage régulier du temps, juste une vie et ses cycles, besoins élémentaires de l’Homme : dormir, manger, se construire.


Pourquoi diantre rechercher l’extraordinaire lorsque l’ordinaire à lui seul suffit à y puiser mille richesses et mille raisons de vivre ? Paradoxe des Hommes, ce qui plait est ce qu’ils n’ont pas, peut-être même jusqu’au jour où ils le possèdent. Au fond, l’attente représente le désir, l’accomplissement un résultat, un moment suspendu entre deux plaisirs, celui d’avoir espéré avoir et celui de désirer à nouveau avoir autre chose, oui, c’est cela, les Hommes sont possédés par leurs possessions, non pas tellement par le fait de posséder mais par la soif de désir de posséder. Une maison a-t-elle besoin de plusieurs portes ? Non, ni même de plusieurs pièces à vivre, l’espace clos où l’on se retrouve nécessite juste un peu de chaleur, un endroit où se poser, confortablement, pour échanger, partager, vibrer ensemble, un moment de communion, comme un même élan de prière, sans code imposé, sans restriction, sans règle si ce n’est l’humilité. Celui qui n’a qu’une fleur à offrir est-il moins important que celui qui peut  offrir un bouquet tout entier ? Une fleur toute seule, brille par son humilité, sa fragilité, elle se retrouve ainsi exposée aux regards, sans se cacher derrière un bouquet. Il est plus important d’accorder son écoute à un chuchotement plutôt que d’entendre mille sons de clairons. Les secret naissent dans le silence des chuchotements, ils sont fragiles, quasi immobiles et n’osent pas prendre leur envol. Voilà pourquoi sa porte est ouverte, voilà pourquoi, ces minutes où le jour nait à peine sont si bonnes à vivre, voilà pourquoi se remplir d’énergies dès le matin est une chose importante et vitale. Voilà pourquoi, ce matin, comme chaque matin, il sourit à la vie. Voilà pourquoi, ce matin, en regardant la pierre perdre sa teinte orangée, il se dit « c’est aujourd’hui l’aube d’un nouveau jour, et ce jour nouveau, il nous appartient à chacun d’entre nous d’en faire un nouveau jour ». Et c’est avec sourire qu’il contempla ce vieux portail rouillé à demeure ouvert, au fond, qui sait seulement où est la clé ?


La clé ? Quelle clé ?  

  



Voyager autrement

Avez-vous déjà testé la conduite d’une ancienne ? Ancienne voiture s’entend, bien sûr et d’ailleurs, pas la peine d’en chercher une de cent ans non plus ! Une automobile, n’allons pas jusqu’aux voitures hippomobiles, mais prenons le temps de découvrir les ancêtres de ces boites aseptisées qui contrôlent vos faits et gestes, les analysent, les corrigent l’air de rien, rendant au fond votre voyage fort insipide et finalement bien plus long. Tout d’abord, s’approcher lentement de la belle, regarder la lumière jouer sur ces courbes terriblement sensuelles, une sculpture née de la main de l’homme, une élégance où chaque pli et repli de tôle vous montre bien qu’en ces temps-là nous étions bien loin de la simplification des tâches et de la robotisation. Faites le tour, observer chaque facette de ce joyau, la calandre dispendieuse de chrome, ses lignes hésitantes entre plonger tout droit ou s’adoucir en courbes, ce capot jouant lui aussi des droites et des arrondis, écrin du cœur de la belle. Quelques pas sur le côté, c’est une aile qui plonge vers le sol en glissant sur un invisible toboggan, ronde, pleine, elle force le respect et traduit une solidité dont les tôles devraient se méfier, et puis, tout au bord, une porte à la fragile poignée délicatement blottie à la limite du métal et du verre. Une seule envie, la saisir, la faire jouer entre nos doigts et découvrir d’autres plaisirs…. Non, pas tout de suite, pas trop vite comme aurait chanterait Juliette Greco… Poursuivez votre tour, la porte arrière joue les symétries avec sa consœur avant, ses vitres tellement claire et anachronique de pâleur dans notre époque où tout se cache, dévoilent un vrai canapé surement emprunté au salon. Voilà qui fait réfléchir…. Vaut-il mieux s’installer ici plutôt qu’à l’avant ? Plus tard, plus tard… Poursuivons le tour. La poupe prend tout son sens ici : les duces courbes se rejoignent et s’unissent dans une croupe charmante, la lunette étroite renforçant le côté cosy du salon aperçu tout à l’heure… Des feux minuscules, une plaque immense, un fin tube d’échappement, décidément, les codes stylistiques ont bien changé !


Emotion. Le moment est venu de s’approcher de la bête. La main hésitante sur la frêle poignée, cette force à exercer pour la faire céder, ce lourd ensemble d’acier et de verre qui pivote selon un sens inhabituel puis ses doux effluves qui traduisent l’habitat ancien, l’odeur si caractéristique de ces vieilles automobiles. C’est une formule unique, chaque modèle a la sienne, un mélange de crin, de laine, de coton, d’huile, d’essence, de gaz d’échappement, de surchauffe de bakélite, d’arc électriques sur des contacts usés et patinés par le temps et les usages…. Lentement s’asseoir. S’asseoir à l’envers de notre temps, la faute à cette porte qui s’ouvre à l’envers de nos portes actuelles. S’asseoir et voir ce grand cercle immense devant soi, les grands volants étaient une invention bien moins couteuse et bien plus simple qu’un moteur de direction assistée… Autre surprise, le pare-brise habite ici à portée de main, et mieux, il s’ouvre par en bas, laissant entrer un filet d’air et de parfums de routes en guise de chasse  buée. Derrière le cercle, un grand compteur carré, simple traduction électrique et mécanique de ce qui se passe dehors. Quelques drôles de tirettes et autres boutons rotatifs et c’est tout… Les pieds caressent l’épaisse moquette, ils cherchent un peu à s’y retrouver, il faut dire qu’ils ont perdu les pédales… Justement, les pédales sont là, mais plus haut, va falloir ne pas être mou du genou et trouver ses marques. Voilà, là, on pose, on teste, la dureté des freins, celle de l’embrayage, l’accélérateur sera pour plus tard, inutile de noyer le moteur avant… Avant ? Oui, le moment est venu, l’après de cet « avant » les fesses bien calés dans le moelleux de ces sièges d’antan….


Contact. Tirette « D » comme « démarrer » ou « démarreur », bref, une action suivie d’une réaction, un bruit inhabituel suivi d’un moteur qui tousse et enfin s’ébroue. On relâche la tirette, le cœur palpitant et l’oreille attentive, le moteur oscille entre deux régimes avant de se stabiliser enfin, signe qu’il est arrivé à bonne température et qu’il est temps de prendre la route. Mollet gauche en action, débrayage, la main hésite à empoigner ce levier chromé, puis lentement le fait glisser sur sa première position, un « I » tout seul en haut à droite, un « clong » manifestant son approbation puis la main est aux pieds, dosage des efforts, le pied droit s’enfance tandis que le gauche se relève… Elle bouge, l’occasion de sentir dans les doigts comment tenir se volant, corriger la trajectoire et rouler… L’allure grimpe, voici venu le temps de changer de vitesse et le rappel des ans se fait sentir : ici pas de geste brusque, juste bien décomposer les mouvements comme le ferait un danseur débutant, au fond, nous sommes tous d’éternels débutants, pas vrai ? Le pied gauche appuie bien fort pour débrayer, la main droite va chercher ce drôle de levier, puis elle déverrouille de la première position, elle le conduit au centre poétiquement nommé « point mort » et de ce centre le conduit lentement mais surement à la deuxième position en sentant cette fermeté de verrouillage, alors les pieds recomposent leurs pas de deux, le gauche s’allège, le droit reprend les commandes puis bientôt ce sera la même opération pour passer de deux en trois, sans oublier de s’en aller visiter le point mort… Gestes lents et hors d’âge pour une conduite douce d’une automobile d’un autre âge, d’ailleurs, le parcours est fini, il n’y a que trois vitesses ! Dans un siècle où l’on en compte facilement six…. Mais que vois-je, l’aiguille du compteur a grimpé vers la zone des trois chiffres tandis que la route prend la tangente et disparait au loin, le moment est venu de tester les freins. D’origine et sans assistance, le pied et le mollet droit se muscle, les sueurs sont froides mais non, ça freine et ça freine plutôt bien, juste qu’il faut redescendre une vitesse, le tout en décomposant bien, puis rejouer sans fin cette nouvelle partition… Sueurs, effroi, c’est fini, les kilomètres forment l’apprentissage, peu à peu on conduit différemment, le maitre mot en ancienne c’est « anticipation ». Il faut anticiper, mais anticiper tout le temps : virage, freinage, accélération, cela dit, il y a deux aides : une boite à trois vitesses dont la seconde et la troisième s’accordent parfaitement au moteur et à la conduite de ce genre de voiture ; l’autre grand aide, c’est ce moteur aux régimes lents mais au couple suffisant pour ne pas trop se trainer sur ces belles routes de campagnes. Là, une fois ces paramètres bien intégrés et maitrisés, on se plait à rêver à des voyages au long cours pour des visites tellement plus profondes de notre beau pays….


Retour au garage. Là, il faut ne pas avoir oublier que la première et la marche arrière ne sont pas synchronisées, et qu’il faut donc impérativement les passer à l’arrêt, sous peine d’entendre protester les pignons de la boite de vitesse pourtant située à l’autre bout du long capot. Là encore, un grand volant ne fait pas tout, il faut de la force pour diriger l’automobile à l’arrêt et histoire de bien se muscler, le rayon de braquage est lui aussi d’un autre temps… Contact coupé, la pression retombe, la tête est pleine de délicieuses images qui vont conduire bien des rêves désormais.

Drôle de tête au moment de reprendre la « moderne ». L’impression de n’avoir rien entre les doigts ni sous les pieds, enfin, sauf à voir la tête du compteur ou le freinage trop fortement dosé…  On se surprend à décomposer les vitesses, à rouler autrement, à anticiper aussi… Comme quoi, conduire une ancienne ferait peut-être du bien à beaucoup d’excités du volant, pourquoi bouderions-nous notre plaisir ?     

   


Paraître ou être?

Paraitre ou être, y-a-t-il seulement une question ?


A l’heure où les émissions télévisuelles se multiplient sur l’art de rendre plus présentable, on pourrait se poser la question. Il est vrai qu’il est si facile de sortir les pinceaux, de choisir dans le spectre de non couleurs afin de plaire au maximum de personnes, d’aller jusqu’à peindre à même les anciennes tapisseries et tant pis si cela se décolle plus tard…. Un bon coup de blanc au plafond, un bout de plastique qui en jette justement jeté au sol, deux ou trois mobiliers tirés d’un fond de poubelles ou d’un opulent garage et là aussi, savamment peint en blanc ou en gris, perluette, cacahuète, le tour est joué ! Pour renforcer l’efficacité de cette poudre de perlimpinpin, n’oubliez pas de faire découvrir le tout en plein nuit sous la douce lumière fort accommodante de bougies odorantes…. Ça, c’est pour le logement…


Côté personne, voyons, un peu de maquillage, une coupe de cheveux digne d’un plus grand créateur, quelques vêtements bien choisis et hop, vous voilà sans un faux pli un nouvel être dans la carapace du paraitre… Gare au réveil, au retour vers la vraie vie, en mode décoiffage et mauvais pli d’oreiller, lentement le retour vers le confort de la vieille fringue revient, mais pas de soucis, il vous restera toujours les images de ce moment face aux projecteurs, sans la couche de fond de teint pour ne point trop briller sous les sunlights des plateaux….


D’autres paraîtres ? Voyons, nous sommes une famille en difficulté, nous croulons sous les dettes et habitons un logement salubre à la limite de l’insalubre… Pas de soucis ! En une semaine, exit les collections de meubles et autres objets hétéroclites patiemment accumulés au fil des dons des personnes de votre entourage qui vous veulent du bien et surtout à eux en se débarrassant de ce qui désormais vous encombre, on casse les murs, on construit de belles vérandas qui ne demandent qu’à surchauffer, ici une cuisine immense, là une multitude de salles de bains allant même jusqu’à placer une baignoire par habitant et des tonnes de chauffe-eaux électriques au ventre plat certes, mais électriques tout de même, tout comme ces magnifiques panneaux chauffants et autres beautés de toute beautés… Là, c’est bien, mais pourquoi personne ne sort la calculette pour expliquer un peu à cette famille endettée que la note de nucléaire s’en va bien vite grimper à des niveaux non négligeables ? C’est beau, c’est bien emballé, joliment filmé, mais vraiment, a-t-on besoin de deux baignoires séparées par une verrière en aluminium dans la salle de bain de la suite parentale ? Et c’est pareil pour les mobiliers trop typés enfant, les portes et les pièces aux dimensions des petits qui ne le seront pourtant pas longtemps…


Ce qui manque, c’est un reportage sur l’après… Que sont-ils devenus ? Comment leurs vies a changé, que sont devenus tous ces aménagements pour quelles évolutions économiques ?  C’est vrai quoi ! Au moins, lorsque une tornade blanche s’en vient faire du ménage dans les cuisines d’un restaurant au rythme des coups de tonnerres vocaux et d’images tellement terrifiantes qu’on imagine les croix blanches du cimetières des anciens clients, au moins lorsqu’on a vu certains paquebots se remettre à flot, le décor pimpant et les sourires aux lèvres, on a droit de visite quelques mois plus tard pour mesurer l’efficacité et l’appropriation par les acteurs des règles inculquées. Parfois un rideau baissé, abandon par jet de l’éponge, souvent de belles et bonnes choses et la tornade blanche se révèle sous le soleil radieux de l’humain, celui qui a su noyer le paraitre pour en faire naitre l’être. La peinture a-t-elle bien tenue sur la vieille tapisserie ? Ce joli brun chocolat ne vous a-t-il pas lassé ? Allait-il seulement avec vos meubles ? Passée la mode du brun taupe, y-a-t-il une existence, une sorte de vie après la taupe, fut-elle taupe modèle ?  Faire des travaux, relooker son nid, c’est bien, parfois cela nécessite  des transformations bien plus en profondeur que le simple coup de pinceau, l’âge des artères du logement impose non pas le respect, mais à la mise aux normes de notre époque tellement plus consommatrice, électricité comme plomberie, c’est un peu au fond, la partie invisible de l’iceberg, celle qui peut vous faire couler et anéantir vos travaux de surfaces. Au final, toutes ces émissions finissent par faire peur : on focalise trop sur le beau, pas assez sur fond. Le paraître attire, l’être retient, entre un coup de foudre et une histoire, que choisiriez-vous ?     


  

Sans fin

Le monde n’est monde que par le monde qui le peuple, il n’a du caractère que par les caractères qui le caractérisent. Rien n’est lisse, rien n’est uniformément beau, chaque chose est pleine de microreliefs pour donner bien plus de relief à la vie et c’est bel et bien cela qui donne du sens à la vie. Admettre les différences plutôt que de les combattre, développer sa tolérance plutôt que son agressivité, c’est autant de pas vers des jours meilleurs, encore faut-il vraiment avoir envie d’y aller. Pourquoi ce doute ? Peut-être bien à force de voir l’agressivité mordre un peu plus chaque jour, peut-être aussi par le ras-le-bol des informations de plus en plus sanguinaires, peut-être bien surtout, parce qu’à force de tendre la main et de s’y faire cracher dedans cela finit par faire déborder le vase…


Aider, soutenir, écouter, soigner… Comme on est heureux de trouver tout cela lorsque le besoin s’en fait sentir, même que dans ces moment-là, on en oublierai presque les heures indues, forme spéciale d’égoïsme et d’égocentrisme qui veut qui si l’on souffre soi, si l’on est debout soi, l’autre, celui qui peut aider l’est aussi et s’il ne l’est pas, tant pis, réveillons-le, secouons-le du moment qu’on y trouve sa part de mieux-être. Par contre, lorsqu’on va bien, surtout que l’on ne nous dérange pas, et puis, pas besoin d’en prendre des nouvelles ni de s’en inquiéter, il faut savoir savourer en tout égoïsme de son bonheur à soi, non mais ! Pire, on peut aussi sortir les crocs, jouer du félin pour de villes excuses, à chacun sa méthode au fond et au fond, tout cela prête à rire devant tant de mimétisme de cours d’écoles, maternelles bien plus que supérieures… Oui, rions, et rions volontiers ! A quoi bon des excuses, le monde n’est que faussaires en liberté, la vérité partie faire son école buissonnière derrière les haies épaisses des faux profils, faux numéros, fausses vies et à vraie dire, s’il fallait pleurer ,c’est bien sur celles-ci, ces fausses vies vouant à l’échec la vie, la seule, la vraie.  Chacun est libre, celui-ci de s’imaginer s’envoyant en l’air entre deux plans, qu’ils soient culs ou de vols, ce ne sont que des vols-aux-vents farcis de leurs fausses vérités sans vrais morceaux de vie à l’intérieur ; Celui-là est libre de clore le chapitre, mettre un terme à l’écrit comme à la parole, s’effacer de son numéro et décrocher sa pancarte pour satisfaire à d’autres envies de vie. Il y a toujours une vie après la vie, à chacun ses envies. Beaucoup de temps ont passés, des jours, des semaines, des mois, des années, assez pour en faner les roses, assez pour en détacher les contours, ce morceau de page se détache du livre sans y mettre un mot fin parce qu’à la fin, le mot « fin » sonne comme un nouveau départ et l’appel à suivre le prochain épisode. On peut très bien se jouer des mots tout autant qu’on joue des mots en jeu de mots, le mot fin n’est pas ces quelques lettres qui s’immiscent ainsi pour apporter du sourire aux réels bien fatigués. A croire, qu’à la fin, il n’y ait que la fin qui gagne…


Gagner ou perdre, n’ont-ils pas le même sens ? Un sens issue d’un sans issue sans doute. Un point d’arrêt qui se veut final du moins dans la temporalité du moment. Une victoire peut très bien traduire un échec, un échec peut très bien donner le sein à une ou plusieurs futures victoires, il suffit de bien vouloir les engendrer. Nous sommes tous et toujours les acteurs de notre vie, quand bien même nous devons vivre plusieurs vies pour en accomplir une seule. Puisse chacun se questionner vraiment sur cela et à l’issue de cette mise en lumière des zones d’ombres de ses œuvres, puisse chacun trouver en soi l’amour de soi, l’amour des autres pour enfin se nourrir d’une grande et belle énergie. L’exercice n’est peut-être pas simple mais le plus dur est de commencer, il n’y a rien à gagner, rien à perdre, juste essayer, non pas pour raconter, mais pour vivre. Soi.     


Désolant

Il n’est plus un instant de nos vies sans que nous subissions une quelconque agression, qu’il s’agisse du verbe, des attitudes, des actes, la violence est devenue le poison latent de notre société. Comment a-t-on pu s’éloigner autant de notre humanité ? Pourquoi tant de haine ? L’autre n’est plus un semblable mais un empêcheur, qu’il s’agisse d’avance tout comme de tourner en rond et comme la violence grandit plus facilement sous la tutelle de sa copine lâcheté, il est si facile de vociférer derrière un écran, derrière un volant, derrière un pseudo, derrière un masque. Pourtant, il est si facile de comprendre que cet irréel n’est pas le réel et mieux, qu’il n’apporte rien, s’il semble défouler sur l’instant, il ne résout rien pas plus qu’il ne résoudra jamais quoi que ce soit. La violence s’abreuve de violence, elle ne la combat pas. Pire encore, les grands fauves sont sournois et cherchent la victime la plus faible pour sortir leurs crocs.


Que vous soyez dans un véhicule plus lent, vous voilà désigné l’élément faible du troupeau, celui à abattre pour s’en repaitre et pour grandir vers l’élite de la race. Exit vieilles voitures de ces temps immémoriaux où la puissance n’était pas le premier argument de vente ni de choix, place aux maitres du volant, confondant bien trop souvent volant de console de jeux avec volant de bombe à retardement. Hélas, les crashs ne sont pas les mêmes… « Game over » sans « extra ball » votre partie s’achèvera dans les larmes familiales, et si la vie vous accorde sa grâce, vous voilà mobile sur quatre roues bien différentes. Oui, penser à la vitesse n’est pas penser vite et ne se  fait qu’après lorsque les conséquences s’expriment en cicatrices et drames familiaux.


Ecran de verdure, haies savamment plantées pour s’y dissimuler, l’arme non pas au poing mais à la bouche, mieux vaut gueuler, aboyer bien à l’abri que d’affronter le regard de l’autre, ce miroir qui renvoi l’image vraie tellement imbécile des propos agressifs à deux balles. Encore, mieux vaut ces deux balles-là, certes elle ridiculise mais elle n’ôte ni la vie, ni la liberté. Franchement, s’engueuler pour des broutilles, des dépassements de limites, des bouts de bois en trop, des sons trop forts, c’est vraiment naze et cela flirte avec la bas niveau. Tout comme il est aussi con de ne pas respecter les autres, la liberté des uns s’arrêtent où commencent celles des autres, nos pays sont trop réfugiés dans des lois hétéroclites pour que chacun n’y trouve une parade à désobéir. 


Ecran naviguant sur le web, forum à la toque où d’obscurs écrivains aux langages parfois tellement personnels qu’ils en deviennent illisibles même sous perfusions de traducteurs logiciels s’en vont de leurs grincheux commentaires apporter leurs vérités en des sujets non maitrisés. Pire, les actualités ne sont que des bouts de sensationnels histoire de se vendre, d’attirer les mouches du web tout en ne racontant rien de lié aux faits et surtout, à leurs contextes, leurs causes, leurs causes historiques. C’est vrai qu’il faudrait du temps, des moyens et de la documentation, mais au fond, cela serait tellement plus utile et plus instructif….


Ecran de fumée, vitres teintées, déplacements obscurs, nul ne sait qui tu es, chacun s’abreuve de ta vérité, celle que tu distilles à coup de vérités mises en images, antidatées dans leurs partages, tu me crois ici mais je n’y suis pas, je te dis où je suis mais en fait c’est où j’étais…. Chaque système a ses limites, celui-ci possède son propre bracelet électronique, un suivi à la trace fait d’une portabilité de relais en relais de tous ces objets connectés peuplant nos grandes solitudes : smartphones, montres, tablettes, lunettes, GPS, et autres raffinements tellement tendances. Une trace rendant le piquant bien amer du coup, il est si simple d’employer la vérité, pourquoi diantre s’en aller se la compliquer ?


Tout ceci n’est que fausse domination, ces modes dissimulés et agressifs ne conduisent qu’à se perdre soi bien plus que de perdre les autres, au final, en bâtissant son armure de guerre, on s’isole du vrai et des relations vraies, de l’humain et de l’humanité. Une forme d’exclusion, encore faut-il en faire le choix, c'est-à-dire envisager les conséquences pour le choisir pleinement, privilégier l’adulte à l’enfant, l’être au paraitre, tel est le mal être… Désolant.