Dernier jour!

Le voilà ce dernier jour de 2008, celui qui va clôturer cette année à la couleur variable suivant les yeux qui la regarderont une dernière fois avant que les douze coups de minuit sonnent le début de 2009. C’est long une année, surtout bissextile, et certaines paraissent plus longues que d’autres. Il y a de tout dans ces 366 jours-là, de l’amour, des désamours, des projets, des morts, des naissances, des renaissances, des envies, des peurs, des doutes, des choix, des erreurs, des sourires, des rires, toute la palette des émotions.

Il y a ces êtres chers qui s’en vont de notre monde des vivants, mais continuent à peupler le monde des souvenirs. Il y a parmi eux, ceux qui ont été des personnages essentiels de vos vies, racine solide de la famille dont le souffle un jour vacille et disparaît. Début d’année morose, adieu mémé. Il y a ces personnes à peine apparues dans vos vies, à peine présentées, venant de lointaines contrées, se passionnant pour vos vies, vos métiers, à qui on offre des sourires et des rires sous formes de petits présents qui prennent des allures de cadeaux divins, ces êtres fragiles que la mort happe au détour d’un virage, dans ces lointaines contrées, laissant orphelin celui qui n’est pas encore né…

Il y a des rythmes qui changent, diffèrent, des occupations qui cessent par faute d’on ne sait pas trop, ces passions de vies qui désertent la vie, ce besoin de prendre du recul sur beaucoup de choses, et surtout sur celles dans lesquelles on s’est investi, trop sûrement, au point d’y laisser des plages pour des vies à deux, mais peut-on faire les choses à moitié ?

Il y a les bilans, sur des plages délicates, 366 jours ou 10 ans, qu’importe la période de calcul, le résultat est si peu différent. Qu’avons-nous fait de cette année ? Qu’avons-nous appris ? Et des dix dernières années ? Nous aimons bien compter par dizaine, alors comptons ! 1998…. 2008….. Bilan ?

Il y a des étapes dans nos vies, il y a des trajectoires parallèles, des intersections, des demi-tours, des rencontres, des découvertes, des ronds-points, des points…. Des passages à gérer, des moments à vivre pleinement, des leçons à apprendre, des progressions à faire, chacun son rythme, chacun son sens, électrons libres circulant dans des mouvements pas très ordonnés sur cette planète Terre.

Mais de tout cela j’ai déjà parlé, j’ai déjà écrit, et puis, chacun mène sa barque comme il l’entend, comme l’être humain l’a toujours fait, sauf qu’il fut un temps où nous disions que la liberté des uns s’arrête ou commence celle des autres…. Cela a dû disparaître du programme, car aujourd’hui, la politesse est d’écraser les pieds du voisin…. Dire bonjour, merci, relève des symptômes de la folie et bientôt le dernier endroit où nous serons à l’abri des fous sera l’asile ! Mieux faut mépriser et médire pour avancer. L’homme est devenu un animal fou et dangereux pour lui-même, un loup de plus en plus solitaire, sauf à des fins de simulacre de coït, mieux vaut préserver sa tanière que d’apprendre la collectivité. Bilan triste et désabusé d’un dernier jour de 2008, oui, j’avoue. Ce soir encore, en allant au cinéma, j’ai fait profiter trois personnes de places restant sur mon abonnement. Que croyez-vous qu’il advienne ? Pas même un merci, juste de la surprise, même pas un bonsoir….Triste fin de règne pour 2008, ce sont-là les mêmes qui demain vous souhaiteront la bonne année au téléphone si ce n’est au klaxon. C’est ainsi, et si les responsables martiens voulaient bien me rappeler chez moi, j’y volerais de plein gré !

Allez, profitez bien de ce dernier jour d’année. Amusez-vous, soyez fous et soyez raisonnables si vous devez conduire, la vie ne tient qu’à un fil et ne tient pas l’alcool, ne jouez pas avec la vôtre, cela risque fort d’en entraîner d’autres en ces cruelles matinées. Portez-vous bien et à l’année prochaine si vous le voulez bien !

Exit 2008 !


Vive 2009 !

2009

Chacun a vécu 2008 à sa façon, avec ses événements personnels, bonheurs pour les uns, malheurs et difficultés pour les autres, c'est là le lot de chaque année.

Place désormais à 2009, avec un 9 comme tout neuf, un nouveau départ, un renouveau, nouveau cycle et nouvelle vie, que chacun y trouve le costume qui lui sied.

Ce que je souhaite, dans toute la sincérité de mon âme, c'est que 2009 vous apporte les éléments nécessaires au bonheur, à la paix, aux joies de vivre, de se retrouver, aux plaisirs d'être là et de profiter de la vie.

Que la santé ne déserte pas votre foyer, ni celui de vos proches, que les richesses inondent vos vies, matérielles, ou encore plus belles, immatérielles, ces belles richesses d'âmes qui illuminent le jour, allument l'étincelle dans les yeux, et grandissent la flamme de vos vies.

Puisse 2009 apporter aux hommes la paix, l'intelligence, du moins en quantité suffisante pour réaliser qu'il est plus facile de sourire que de maugréer, qu'il est plus important d'engager la discussion que d'engager le combat, que le plus important dans la vie, n’est pas de faire valoir ses idées, mais d’entendre celles des autres.

Que 2009 soit une année de renouveau en cela comme en plein d’autres projets et actions qui vous tiennent à cœur et qui pourtant dorment dans vos cartons. Que vos yeux s’ouvrent sur la vraie nature de vos sentiments, et que vous réalisiez qu’il est aussi facile de dire votre amour aux gens qui vous sont chers, que de râler après le moindre bobo….

Que 2009 soit une année de découverte de notre vie et des joies simples qui l’animent, découverte oui, car c’est hélas une chose simple oubliée depuis trop longtemps.

Que 2009 soit une année d’amitié et d’amour, ces nobles valeurs dont on n’ose se servir de peur de les ternir, tout comme ces objets qui encombrent nos étagères sans jamais en sortir, cristal et argenterie, belles nappes et porcelaine. La noblesse n’est pas dans la valeur des objets, mais dans le nombre de fois où nous nous en servons. N’attendons pas demain pour être, soyons dès aujourd’hui.

Belle et grande année à vous, vos proches, ceux qui vous sont chers, tout comme ces illustres inconnus qui ont osé vous décocher un sourire. Souriez car la vie est belle, profitez car la vie est réelle, vivez, car c’est là le plus noble de nos cadeaux, le plus précieux, le plus beau.

Oui, la vie est belle !

Bonne année !

Il est temps...

Nous y voilà déjà à ces dates clés qui peuplent la fin de l’année et les faims de festivités. Plus que quelques heures avant le démarrage de la débauche pantagruélique des réveillons de fin d’année, enfin, pour celles et ceux qui festoient à ce niveau, sans oublier toutefois que ce n’est pas la généralité, que ce soit par choix ou par manque de choix. Noël, la belle fête religieuse qui est venue s’implanter sur le calendrier à la place de la fête païenne qui célébrait la renaissance du cycle, symbolisé par l’augmentation de la durée du jour, victoire de la lumière dans cet éternel combat du jour contre la nuit, Noël, fête de charité, qui devrait nous inciter à ouvrir notre table aux personnes esseulées, aux chavirés de la vie, aux naufragés du cœur, personnes âgées ou moins âgées, solitaires par force plus que par goût, mais, au fond, combien d’entre nous pratiquent encore cela ? Nous avons tous dans nos familles, nos amis, des personnes seules, des oubliés, des gens qui ce jour-là resteront à l’écart de cette chaleur humaine et culinaire, il suffit de peu, un geste, une invitation, une visite, une part de repas lorsque la peur de sortir de chez soi, la peur de se montrer s’est hélas installée, un peu de soleil, de chaleur pour illuminer cette fête bien plus qu’un sapin décoré. Noël, la fête de la famille, celle décomposée par la vie qui se recompose autour de la table, symbole de la cène, normalement sans le rôle du traître, les cadeaux, la bonne humeur, les rires et les pleurs, de joies ceux-là, des êtres qui nous sont chers, tous présents dans nos cœurs et tous réunis pour les vivants, dans cette grande communion festive…. Les pensées voyageront vers d’autres horizons, d’autres personnes de nos cercles proches et non présents, assurant par ces seules pensées la présence en ces lieux. Magie de cette date magique, moment de répit dans nos vies, jour que l’on fête pour peu qu’on ait dans l’entourage proche des enfants.

Semaine de repos pour beaucoup, le temps s’arrête, le temps ralentit, changement de rythme pour beaucoup, d’autres activités, sportives ou non, en d’autres lieux, période de retrouvailles avec les enfants, à partager tant de choses à contre courant, vivre autrement entre ces dates clés. Et puis viendra le 31, le solde de tout compte de cette année au bilan comptable fort différent pour chacun. Soir de fête pour les uns, de calme pour d’autre, chacun sa façon, chacun ses goûts, au contraire de Noël qui regroupe les familles, Saint Sylvestre regroupe les individualités créant là des collectifs plus ou moins virtuels. On s’inscrit ici plutôt que là, pour telle ou telle raison, on rejoint celui-ci plutôt que celui-là, on choisit…. Peu importe les flacons, l’ivresse sera au rendez-vous en espérant qu’elle ne se termine pas dans des douleurs chagrines, sachons dans l’excès être raisonnable, et exceller dans la sobriété pour ceux qui auront charge d’âmes. Tant de messages répétés, qui semblent désuets à chaque fois qu’on les entend, auxquels on pense avec frisson lorsque les médias annoncent le triste bilan. Il y a toujours une mince frontière entre le rire et les larmes, entre la fête et les drames. Allez, haut les cœurs, vivons l’instant présent avant qu’il ne meure, profitons des vivants à la hauteur de nos sentiments envers eux, il n’y a du regret qu’à regretter de ne pas avoir dit tout le bien que l’on pensait des personnes parties…. Voilà, 2008, s’achève, lentement mais sûrement, le grand livre de cette année spéciale puisque bissextile va se refermer et rejoindre les autres volumes sur l’étagère des souvenirs, tout va être à écrire pour 2009, affûtons nos crayons, préparons la gomme, nous avons toujours droit à l’erreur !

Je profite donc de ces dernières lignes pour vous souhaiter, à vous, vos familles et vos proches un joyeux Noël, une très belle période à vivre entre ces fêtes, pour gâter vos enfants et vos êtres chers, quelques jours pour ranger les souvenirs de 2008, préparer la place pour 2009 et son lot de bonheurs. Fêter tout cela à votre convenance, et à très bientôt, ici ou là, pour se raconter tout cela !

Un jour comme un autre

Et un et deux et trois zéro ! Euh non ! Je me trompe de chanson ! Jusqu’à trois, ça va, encore qu’on disait fut un temps, un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts ! Comme quoi les chiffres, en fonction de l’usage, n’ont pas la même importance ! Comme le contenu d’ailleurs, car boire trois verres d’eau n’engendrera pas d’autres dégâts que des visites plus fréquentes à ces lieux d’aisance que désormais tout un chacun possède en son fort intérieur, ou plutôt, en son intérieur, vu que depuis l’abolition des privilèges et la révolution de 1789, les forts furent détruits ou presque… Finalement, les chiffres ont une importance variable, les formulations toutes prêtes sont aussi à géométrie variable, tout est mouvant dans cette époque hautement changeante. Et un, et deux, et trois…en plus des quarante, nombre célébré par beaucoup, sûrement un palier ? Un cap ? Une péninsule ? Ou bien encore une des habitudes de fêter les nombres ronds, ces nombres pairs s’achevant en zéro, délaissant les impairs loin du compte, eux qui pourtant ne voulant pas faire d’impair, se classent invariablement entre leurs pairs, suite logique, formulation en plus un du décompte des choses, bouteilles de lait, pack d’eau ou bien encore nombre d’années….

Donc, voilà, mon compte est bon, j’en suis aujourd’hui à 43 automnes, car c’est bien cela, je ne vois pas pourquoi on compterait à chaque fois les printemps. Encore une de ces facilités faciles d’aller comptabiliser les printemps plutôt que les hivers, les automnes ou les étés, tout comme on aime à compter les nombres régulièrement nuls. Je suis né à l’automne, l’automne de ma vie, non, certes pas, mais d’un point de vue biologique, si mes calculs et mes souvenirs de sciences naturelles sont exacts, je suis né au printemps, donc tout compte fait, je peux exprimer mon âge en printemps ! D’ailleurs, quelle est la vraie date d’anniversaire ? Celle où la fusion chromosomique opère, ou celle où l’air brûle les poumons pour la première fois ? Que faisons-nous de nos mois amniotiques ? Déjà que beaucoup se mélangent dans le comptage des ans pour savoir si en fêtant les 43 ans, on établit le comptage complet de ces 43 ans et donc, l’entrée dans la 44e année, ou bien si on est dans sa 43e année ? Les choses sont claires, je n’ai pas encore fêté mes 43 ans, d’un point de vue terrestre et atmosphérique, ça, ça sera pour les coups de 18H18 comme j’aime à le dire, ce qui fait que je suis encore pour quelques minutes, à l’heure où j’écris ce texte, dans ma 43e année de vie terrestre, tout en n'ayant pas encore franchi le cap du décompte total des 43 ans, 15706 jours, 376944 heures, et je vous fais grâce des minutes, des secondes, pure conversion mathématique, expression plus assommante d’un même résultat, formulation prise par nos politiques de tout bord soucieux par la massivité des chiffres d’appuyer l’argumentaire, mais dans la cas présent, rien ne sert de dénombrer les secondes pas plus que les paires de tennis ou autres carambars….

43, voilà qui me rappelle mes jeunes années, celle de la 4e, 4e3 exactement…. Enfin, pour la première, parce que s’ensuivi une 4e4, tout comme je devrais sans trop vous dévoiler la suite, connaître une 44e année à la suite de ma 43e. Enfin, normalement, car si les voies du seigneur sont aussi imperméables que le péage de Bennesse-Maremne un quinze août, les chemins de la vie sont autrement plus broussailleux pour ne point en connaître par avance la longueur. Notez toutefois que ça sera la seule fois, si d’aventure elle m’est accordée, que mes âges suivent l’ordre de mes classes, car jusque-là, c’est plutôt à chaque anniversaire un come-back dans les nombres de mes classes, j’ai passé la 3e4, les prochains poteaux seront la 5e4 et la 6e7…. Etrange mais c’est ainsi : j’ai démarré en 6e7, puis au terme d’un fort brillant exercice, me voilà promu au grade de 5e4 puis encore dans la progression en 4e3, classe superbe dont j’ai cru bon d’en visiter les moindres recoins au point d’y consacrer deux années de ma vie, et croyez-moi si vous voulez, ce furent mes deux années de quatrième, comme quoi, quelque part, les choses sont bien faites n’est-ce pas ? Me voilà à jongler avec les chiffres et les nombres, moi qui ne suis que jongleur de mots, virtuel troubadour dans cette époque virtuelle, amoureux des mots et des sons, n’accordant aux chiffres qu’une place pratique ou sonore, une image rhétorique en lieu et place de calculs savants. De toute façon, dans la vie, rien ne se calcule tout se déduit, non pas en soustraction mais bel et bien en addition expérimentale, forgeant dans le métal plus ou moins malléable de nos existences les outils du lendemain.
Aujourd’hui, nous sommes le demain d’hier et l’hier de demain, qu’importe la photo finish, les compteurs relevés, le nombre affiché, l’essentiel est d’y être bien et de bien être là. Tout le reste n’est que faste et dénombre, un jour de vie comme un autre, à part, ce qui est loin d’être un détail, toutes ces marques de sympathie, d’amitié et même bien plus qui dès l’aube vous assaillent par tous ces innombrables ruisseaux de la communication moderne, tous ces liens virtuels et ceux bien réels qui vous glissent par les yeux, les oreilles, les joues et les lèvres, tout cet amour non feint pour beaucoup qui vous inonde le cœur au point d’aller déborder par des canaux lacrymaux. Merci à toutes et à tous ceux-là d’être présents dans mon existence, c’est bel et bien là, la plus grande de mes richesses…

Ciel gris

Ciel gris et bas, mais toujours bleu au-delà du temps présent et là est l’essentiel…. Peu importe la pluie et les températures, quel que soit le temps, il y a toujours des mécontents pour râler, et comme les gens heureux ne s’expriment jamais, voilà une balance bien déséquilibrée. Il pleut, c’est vrai, il tombe quantité de ces gouttes d’eau, sources de vies, qui vont traverser les sols et alimenter nos nappes phréatiques, celles-là même qui demain, quand nous aurons trop chaud, de cette chaleur que nous réclamons pourtant aujourd’hui à corps et à cris, ces nappes d’eau que nous puiserons pour arroser nos jardins et recueillir un peu de cette douce fraîcheur bénéfique en été, trop fraîche en cette saison…. Il pleut, le ciel est gris, la lumière s’opacifie et enveloppe les paysages d’une nébulosité, modifiant les perspectives, effaçant les repères trop éloignés nous laissant ainsi focaliser sur ces avant-plans qui avaient jusque là tendance à disparaître dévorés par la majesté des reliefs d’arrière garde. Il pleut, le ciel est bas et écrase un peu plus les perspectives de ce plan serré, où l’ombre ne joue plus avec la lumière, où la luminosité monocorde efface toute mise en avant dans un principe égalitaire de traitement. Il pleut, et le ciel s’ennuie de cette monotonie grise et grisante, tellement elle nous saoule de tout lisser, de tout effacer et de ne livrer qu’un décor cotonneux.

Pourtant, loin d’être fatigué de cette ambiance grise, je m’amuse à poser le regard en des points variés du panorama, découvrant un arbre, un moulin, un clocher, jusque là oublié et anonyme dans l’immensité, aujourd’hui à peine voilé de ces coups de pinceaux gris qui animent la toile de mes paysages. Je détaille les reliefs ainsi extraits du décor, j’y cherche les couleurs aujourd’hui estompées, j’y place la vie aujourd’hui enfouie. A chaque étape son jeu de vie, ses retrouvailles avec ses bouts de décors, la nature comme les bâtiments se voûtent, se grisent et finissent par disparaître dans le fond du décor, tout comme les hommes s’emmitouflent et se tassent le long des voies, le pas plus lent ou plus rapide selon le froid, le souffle apparent en volutes de buée, ils traversent le temps, ils longent les champs désertés, retour vers le foyer, la maison nourricière, abri contre le temps, source de chaleur ou l’on aime à se retrouver, assis devant la cheminée ou réchauffe encore la soupe chaude. Qu’y sont-ils ? Qu’y font-ils ? Je ne sais, ils ne sont que personnages égarés dans ces paysages observés, traces humaines de la réalité au cœur d’un décor de nébulosité. Des ombres qui se font humaines dans un décor féerique, des humanités au cœur d’une irréalité, contraste saisissant entre la mobilité de ces personnes et l’immobilité du décor.

Ils vont sur ces chemins mouillés, se croisent parfois, échanger des mots, de ces mots qui causent de la pluie, du beau temps, de la pluie qui luit sur les pavés, du beau temps qui reviendra demain ou tantôt, de ce jour de repos quasi forcé, du froid qu’il fait et qui empêche de tailler la vigne, de rattacher les fils de fer, où d’aller labourer, enfin, dans ce temps là où la nature se respectait. Est-ce la grisaille du décor qui apporte la nostalgie à notre cerveau engourdi ? Les images qui viennent à la lecture du paysage racontent des histoires tirées des méandres du passé, des personnages sortis de l’imagination, des relations hypothétiques entre ces acteurs issus de la matière grise…. Du gris sur du gris ? Du ton sur ton, mais est-ce vraiment de bon ton ? Au-delà du sourire, au-delà des soupirs dans cette monochromie critique, l’essentiel pour moi est de donner vie à ces décors figés, ces paysages grisés par une volonté naturelle, cette monotonie dont beaucoup s’ennuient. Eternel rêveur oubliant d’associer couleur grise et tristesse, la vie existe belle et bien quelle qu’en soit la forme, le gris n’est qu’une pale variante du bleu, ce bleu si précieux qui éclaire nos vies, illumine nos jours bien au-delà des nuages. Alors, à quoi bon se désoler devant des paysages différemment éclairés ? Et quand bien même, que pourrait-on y changer ? Rien et c’est tant mieux, l’homme a suffisamment d’impact sur la nature, sans vouloir en rajouter, il est tout de même plus naturel de s’adapter que d’adapter, non ?

Alors, oubliez la tristesse, il fait clair dehors, le soleil brille c’est sûr, les nuages le cachent et nous ne voyons qu’eux. Pourtant c’est à lui et au bleu qu’il nous faut penser, laisser luire en nous ces rayons de bontés, sourire à la vie au delà des choses ternes, apprécier chaque moment comme étant singulier, les rassembler en un pluriel de petits bonheurs, de petites joies à savoir cueillir, à savoir lire dans les secondes qui autrefois nous paraissaient grise, exercice si simple qui conduit d’une lecture simple à une écriture efficace de sourires affichés. Il est bien des choses plus chagrines dans la vie qu’un peu de gris dans nos journées d’automne, sachons relativiser et remettre les choses dans l’ordre, comprendre le pourquoi, en déduire les joies de l’existence, tant que nous sommes encore là pour les voir, pour les discuter et pour les disserter. Ombres claires ou foncées d’un voile de nuage aussi bas posé, ombres naturelles, mise au repos forcé, ce qui nous manque aujourd’hui n’est que pour mieux souligner le bonheur de l’avoir un jour rencontré et bien sûr de le retrouver demain encore plus éclatant. Le soleil est un astre parfois cuisant, parfois manquant à l’appel bien caché par ce matelas de grisaille, mais sans lui nous ne sommes que pales, mais sans luire, il éclaire pourtant nos jours et nos nuits. Il pleut et il fait gris, c’est vrai, mais c’est si beau et si bon la pluie !

Voici venu le temps des fêtes

Voici venues les dernières longueurs de l’année…. Les échéances se succèdent, les unes après les autres, les ans, la noël, la fin de l’année, tout est calé pilepoil à une semaine d’intervalle. Les ans, j’y suis habitué, ça tombe chaque année à la même date, toujours dans cette période plus ou moins heureuse, plus ou moins festive de ces fêtes de fin d’année, dans ces ambiances lumineuses et colorées, ces odeurs résineuses, cette espèce d’euphorie où tout un chacun semble se relâcher, ne plus vivre que pour régaler ses proches, se régaler aussi, il ne faut pas s’oublier, dans une sorte de trêve, après des mois de serrage de ceinture, de morosité et de grisaille. Un an de plus, soit, ça ne fait pas vieillir, pas plus que ça en tout cas, c’est même un drôle de rendez-vous avec les ans, un compte à débours vers la fin du temps imparti, on célèbre un cap qui s’égrène pourtant en 365 jours, comme si on observait une pendule en espérant voir l’heure défiler en tour de cadran dans la dernière seconde comptée. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde laisse sa trace, et seule la dernière est comptée. Il y a comme une injustice là-dedans, mais c’est ainsi depuis la nuit des temps, avec en plus des célébrations spéciales pour les dernières secondes des comptes ronds…. L’humanité doit aimer les choses lisses, propres et rondes, vision idéaliste et épurée des choses ? Peut-être bien, je comprends mal ce besoin d’en référer à ces bulles de chiffres qui terminent les nombres. Peu m’importe aujourd’hui, les choses sont ainsi, soit, et bien qu’elles en soient fortes aises, l’essentiel pour moi n’est pas d’être arrivé à ce jour-ci plutôt que ce jour-là, mais bien d’être ici sans être las, et là, de ce point de vue-là, tout va bien et même, super bien. Depuis ma plus tendre enfance, mes anniversaires ont eu des avant-goûts de Noël, parfois même des goûts tout court de Noël, lorsque l’amalgame est fait entre les deux dates d’un point de vue cadeaux, car, ne nous le cachons pas, lorsqu’on est enfant, ce sont bien les cadeaux qui comptent, et l’injustice d’être né si proche de l’autre période d’offrandes de l’enfance par rapport à tant de copains, est la seule retenue. Ne parlons pas des gâteaux d’anniversaire en bûche de Noël, de la maison déjà décorée, du sapin odorant, des jours gris et parfois blanc de cette période là. Certes, mes parents, en dépit de faibles revenus, ont toujours marqué de façon bien différente ces deux dates, ce qui n’est pas le cas de l’entourage et des proches qu’en cette période là ne viennent vous voir que pour Noël….

Noël et ses traditions…. Celui qui fut mon compagnon de Noël en ces temps-là, est mon jumeau des l’espèces conifères (alors que comme dit la bonne blague, pour moi, on ne peut rien y faire). Espèce prélevée dans la nature de Cauterets, ce coin des Pyrénées qui m’est cher, ceci expliquant peut-être cela, il fut élevé dans une boite de petit pois, puis en pot et enfin dans une vieille lessiveuse réformée. Chaque année, il rentrait pour se faire enguirlander, et ressortait après les fêtes pour retrouver ses esprits. Après l’achat de la maison familiale, il fut planté en pleine terre, et d’ailleurs, il était temps, ses racines avaient fait le tour du container et cherchaient des forces dans le peu de terre épuisée. Après une période de souffrance, il s’est bien installé et est d’ailleurs le seul arbre à ne point craindre le vent. Bien sûr les liens qui nous unissent sont uniques, et il reste dans le vocabulaire familial comme étant mon sapin, j’oserais même dire, mon beau sapin ! Quelques guirlandes au fil des ans déplumées, des boules anciennes dont les survivantes attendent le musée, une vieille guirlande électrique aux huit ampoules colorées, aux fils électriques re-scotchés, quelques morceaux de coton hydrophile simulant la neige, telle était la décoration de Noël, bien loin du tape-à-l’œil de rigueur aujourd’hui dans bien des foyers. Désormais, l’ère du sapin artificiel est en place, tradition maintenue chez mes parents, comme chez moi, où le représentant de l’espèce revêt un charme et une émotion plus particulière cette année. Imaginez un peu, il dort toute l’année dans un carton hermétiquement fermé, d’où je l’extrais avec précaution, pour le poser et le brancher, voilà, terminé, c’est fini ! Ce sapin-là, haut de cinquante centimètres, m’a été offert par ma grand-mère lors de mon premier Noël dans ma maison. Désormais lourd de symboles et de souvenirs, il y a beaucoup plus que l’éclat des lampes colorées qui y luisent à l’intérieur…. De toute façon ce n’est pas la taille qui compte, ni même l’éclat de dix mille guirlandes colorées au devant de la maison, le plaisir de Noël est bien au-delà, le partage, les retrouvailles avec les êtres chers, présents ou disparus, la communion dans cette fête familiale bien plus que chrétienne, tous réunis au moins par la pensée lorsque les chemins se sont séparés, lorsque les vies sont parties.

Après Noël, il nous restera une semaine pour achever l’année, dernier jour plus ou moins festif selon chacun, derniers jours un peu particuliers où l’on enterrera 2008 pour laisser place à 2009, ses espérances, ses joies, ses projets. A chacun son chemin vers 2009, à chacun sa façon de traverser la porte de l’an, travail d’équipe ou exploit en solitaire, vieux loups de mer perdus au milieu des océans, personnel de garde gérant les urgences, personnes seules délaissées, bande de joyeux lurons en mal de boissons, tête-à-tête intimes pour célébrer un premier départ commun, réunion d’anciens collègues, réunion festives par les liens d’un club ou d’un site, chacun trouve sa voie ce soir-là. Réunis ou non, on se racontera tout cela après, quand sera venu le temps de se souhaiter les vœux ?
En attendant, je vous souhaite à tous de passer de bonnes fêtes, avec tout ce que vous pouvez désirer de mieux à partager avec vos proches et vos familles. Les fêtes, sans trop d’excès, juste ce qu’il faut !

Week-end et 2CV

Reprise des activités après un week-end relax et plaisir, comme j’aime. Samedi à profiter de la journée pour retrouver de belles amitiés, partager de bons moments, très simples loin de toute superficialité, stopper le rythme du temps quelques instants, vivre, tout simplement. L’occasion aussi de retrouver des bouts de famille dans ces liens distendus, faire plaisir et voir des yeux d’adultes redevenir enfant en ouvrant un cadeau, modeste présent dont le seul attrait n’est que de faire plaisir…. Des envies de bricolages, de peintures, de décoration, une soirée au calme aussi, au coin du feu à regarder un DVD, pause tranquille en fin de semaine surchargée….. Dimanche, voilà le moment plaisir ! Parcourir les belles routes du Gers au volant de la 2CV, dévaler ces toboggans naturels de bitumes, enchaîner les courbes plus ou moins serrées, testant ainsi les suspensions toutes neuves, moments absolus de bonheur, moments hors du temps dans ces coins de campagne belle en toute saison, à bord de cette auto si sympathique et si agréable à conduire donnant la griserie de la vitesse à faible allure sur ces routes désertes. Désertes ? Pas tout à fait, une perdrix a fait demi-tour avant d’aller goûter ma roue et plus loin, ce sont trois chevreuils qui ont imprudemment traversé la route sans regarder et donc sans me voir arriver ! Un bon coup de frein bien en ligne, et j’ai vu détalé les queues blanches sur ma gauche, reprenant mes esprits quelques peu secoués par cette imprudente course. Par-ci par-là, ce furent quelques chasseurs garés sur les bas-côtés, et bien sur les populations de ces charmants petits villages gascons, dont certains se tournent pour me regarder passer, faisant parfois un amical signe de la main. Voilà bien un effet de la 2CV : elle attire la sympathie, chacun ayant eu, ou lui ou dans sa famille, un de ces charmants bolides, avec son lot d’anecdotes savamment entretenues.

Une heure de route sur ces routes-ci, mais une heure qu’on ne voit pas passer tant ce n’est que plaisir et bonheur. Voilà enfin le terme de ma course, du moins pour l’heure : Saint Clar et sa bourse auto dédiée à la 2CV, et bien sûr à ses dérivés. Le temps de trouver une place, de se garer en prévoyant la possibilité d’en repartir sans devoir attendre le mouvement des cousines présentes, et je file vers la bourse, à la recherche du graal, ce jour-ci ce fut plutôt sous la forme de balais d’essuie glace chromé, un des miens ayant choisi la voie des airs sur la voie de l’autoroute lors du retour du rassemblement 2CV sur le tour de France cet été…. Objets, vus, négociés et achetés, je n’ai plus qu’à faire le tour des parkings pour voir les modèles présents, notant, presque avec regrets, que bon nombre de modèles sont des autos flambantes neuves, plaisir des yeux certes, mais ayant perdu le charme de la patine dans la restauration. Pourtant, aux yeux du public ce sont ces autos-ci qui ont le plus de faveurs…. Il est vrai que voir des 2CV neuves, enfin, refaites à neuf, fait plaisir, mais de voir des voitures qui ont su traverser les années, se couvrant de ce charme indéniable qu’on nomme patine au fil des ans, gardant l’esprit et la fonction utilitaire de l’auto plutôt que d’être transformé en objet de musée reste pour moi la satisfaction première de l’amateur vrai. Au cours de la visite je reconnais une auto familière, une belle Méhari du coin vue pour la première fois a Amboise, cherchez l’erreur, et son propriétaire en pleine discussion. Retrouvailles, discussions, échanges autour des passions communes et des dernières trouvailles, puis le temps est venu d’aller visiter mes amis gersois pour d’autres retrouvailles.

Convivialité, bonne humeur, échanges et partages, toujours les mêmes belles et grandes valeurs qui nous rassemblent et font de nous ce que nous sommes. On a beau espacé les visites, on se retrouve toujours comme si on s’était quitté la veille. Joies simples d’un dimanche après-midi, entre repas et discussions, ensemble réuni à parler, à se raconter nos vies défilées depuis notre dernier rendez-vous. Le soir est tombé, le temps de regagner la maison familiale est arrivé, et la nuit est l’occasion d’étrenner l’éclairage plus puissant sur ces routes tourmentées du Gers. Quelques virages, quelques descentes, une paire d’yeux reflétant la lumière des phares trahissant la présence d’un chevreuil assis dans le fossé à attendre le moment opportun de traverser la chaussée incite à la prudence. Le gibier occasionne bien plus de dégâts qu’on ne croit et on se méfie pas assez en roulant de nuit sur ces petites routes de campagne. Bon, quelques bruits de freinage m’indiquent qu’une prochaine intervention est nécessaire sur la belle. Super ! Moi qui adore bricoler quand le thermomètre descend dangereusement vers des niveaux qui vous glacent le sang, me voilà pourtant avec un point crucial et sécuritaire…. Encore quelques mètres, et nous sommes arrivés à bon port, point de phare pour en éclairer l’entrée, du feu à faire pour réchauffer les lieux, et c’est dans le confort du canapé que le week-end s’est terminé.

C’est si vite passé un week-end qu’il faudrait en faire des plus longs, disons d’une dizaine de jours ? Allez, trêve de plaisanterie, profitons de la semaine pour bien bosser, histoire de mieux profiter du week-end qui arrive, quel qu’en soit le temps, prenons le temps !

Neurones en fête

Deux jours de formation à se vider la tête, à se la remplir, à se la prendre, au point de ne plus avoir la force cérébrale d’écrire, de réfléchir à quelques lignes venant remplir le blog des mots. La vie est ainsi, et nous sommes pris dans des tourbillons, parfois trublions, parfois troublants, parfois truculents, des tourbillons de folie, encore que la folie se gère, du moins quand il s’agit de la sienne…. Chroniques martiennes ou non, me voilà bel et bien abasourdi de tant de choses incluses en si peu de temps dans un si petit esprit ! De ciel en étoile, de lune en caniveau, de réverbère en éclairage, toute lueur est belle pour peut qu’on sache où les chats faut. Aspire In ! Mal de tête pour confiture de neurones au seul noyau, mais ou va-t-il chercher tout cela ? Dans les tréfonds d’une mémoire embuée, sur les rives d’un lac asséché, bien au-delà du cercle, au bout d’une improbable ligne imaginaire à défaut d’être Maginot, sans eau, le lac est asséché ! Le cercle est rond, est-ce l’alcool qui a ainsi œuvré sans glace ? Ou va la pensée si on la contraint par des lignes et des ronds ? Peut-on penser sans le rond ? Peut-on dépenser sans avoir le rond ? Oups ! C’est vivre à crédit, non ? La soif des connaissances impose-t-elle le crédit ? Je n’aime pas ce mot d’imposition il me rappelle trop les lettres de vœux de mon trésor public. Antinomique. Comment mon trésor, peut-il être public ? Il y a des choses que je ne partage pas, à commencer par mon trésor, d’ailleurs, je ne suis pas le seul, demander un peu au percepteur de partager le sien alors que le sien est public ! Jonglerie des mots ou démo de jonglerie ? Pas d’affolage même le jongleur rit.

Ce que sont deux jours de formation tout de même ! Vous voilà le lendemain avec un esprit en vrac, mais bon, cela dit, cela me va, je préfère un esprit en vrac qu’un esprit trop bien conditionné. Le vrac n’est pas synonyme de bordel, bordel ! Le vrac, c’est un ordre spécifique qui n’a rien à voir avec l’ordre établi, d’ailleurs, demander à un bordelique s’il s’y retrouve dans son bordel, du moins, si vous en connaissez un. Moi, j’en connais un, depuis fort longtemps, et même plus, d’ailleurs, une si longue connaissance force l’intimité, et, lorsqu’on l’interroge sur son bordel, - il est bordelique c’est vrai, mais non tenancier de bordel, je tenais à préciser – il dit s’y retrouver, et même soumis au test de la quête improbable il vous sortira derechef la feuille requise, toute droite sortie de l’amoncellement de son bureau, alors que s’il s’amuse à classer, il perdra ses moyens à tout vider, tout bordeliser pour la retrouver. J’en déduis fort à propos, que le bordel n’est qu’en fait un ordre personnel, fermé à toute ouverture pour qui n’en a pas la clé. Alors, jetons en vrac nos idées, elles iront s’empiler dans un ordre qui bien que non établi force le respect de qui a la clé. Bon, c’est vrai, il y a les serruriers, ces psychiatres qui excellent à décrypter l’ordre absent pour en sentir le sens, peser les mots pour connaître le poids des maux, amener le malade à se vider de sa matière cérébrale pour colmater les brèches sans noyer le poisson. Il y eut des malades célèbres pour leur brèche, Roland fut de ceux-là. Pourquoi dis-je cela ? Pardon, il est vrai que vous ne connaissez pas Roland. Je vous en parlerai un jour prochain, promis, il y a de quoi écrire. En attendant, essayez un peu de noyer un poisson !
Sacré bordel ou bordel sacré. C’est bien un ordre personnel et, même si certains eurent aimé passer leurs ordres dans un bordel – autres temps, autres mœurs – beaucoup cherchent à mettre de l’ordre dans le bordel des autres, ce qui finit par foutre le bordel. Que fait la police ? La police a fermé les bordels, agissant comme force de l’ordre, et les maisons ont perdu leurs charmes jusqu’aux bords des trottoirs. Des maisons sans charmes où les hommes n’osent plus rentrer, préférant user des charmes des trottoirs de la cité, entre deux rondes des forces de l’ordre, prête à intervenir, causant par là même un beau bordel. Décidément, l’un ne va pas sans l’autre, à croire que le bordel est aux ordres de l’ordre. Comment s’en sortir ? Et bien très simplement, nous n’y sommes pas rentrés, le bordel est fermé, l’ordre règne, du moins il semble, les gens sont dans la rue, tout rentre dans l’ordre. Sauf, pour certains, dont le bureau ressemble à un tas de feuilles mortes sur un trottoir citadin un vendredi à 15H quand la cloche du week-end a enfin sonné le ramassage des pelles. Que ne sont ces feuilles empilées sur le bureau jonché de ces blanches pages si ce n’est des feuilles mortes ? Les informations contenues dessus, sont bel et bien morte, figées dans l’encre de l’imprimante au lieu de continuer leurs cours informels sur des écrans plats et froids. La matière est inerte, l’information figée, le bureau en pagaille couvrée, mais il y est aisé de retrouvé dans la seconde le morceau de papier donnant la réponse aux questions posées. Parfois, au cours d’une conversation téléphonique, le stylo glisse tout seul sur un de ces papiers, dans un croquis anonyme et anodin, ex-future œuvre d’art de notre bureaucratie moderne, carrosserie automobile ou véritable Picasso de l’époque post-Picasso, une esquisse, un croquis qui n’aura comme mur de musée que les parois lisses de la corbeille bleue. Bleue ? Ben oui ! La jaune est réservée aux déchets souillés. Allez, je vous laisse-là, c’est l’heure de mes gouttes. Non pas par choix, je n’y goûte guère, mais il paraît que c’est bon pour moi, et si c’est bon pour moi, c’est bon pour vous ! CQFD !

Le premier du dernier

Et oui, c’est bien cela, le premier du dernier…. Premier jour du dernier mois, dernière longueur de l’année 2008 avec son lot de bonheurs et d’épreuves, comme toutes les années, certains sont plus affectés que d’autres dans un comme dans l’autre, c’est ainsi. Nous voilà dans les derniers jours de ce mois de décembre, passage des ans pour les uns, passage de l’an pour tous, avec à chacun sa sensibilité pour ces fêtes païennes ou nous enterrons une année en souhaitant la suivante meilleure. Période de débauche, achats, cadeaux, décorations, clinquant et paraître à l’honneur, des lumières, de la couleur, tout est bon pour paraître meilleur, oublier l’an en se jetant à corps perdu dans les fêtes de fin d’année…. Dire qu’il y en a même qui en profite pour changer d’âge ! Et oui, la roue tourne toujours, en tout et pour tout, pour tous et pour chacun, elle tourne toujours, alors, attachez vos ceintures, 2008 étire-là ses derniers jours, agonisant dans ce marasme économique pour laisser place à 2009, année nouvelle, année de renouveau, an 9 ou an neuf…. Patience, encore 30 jours à vivre d’ici ce cap-là, même émoussés par les 11 mois écoulés, la vue du poteau de fin donne des forces pour le sprint final. Période spéciale de l’année, où les envies divergent encore plus qu’en temps normal, période préparatoire au bilan de l’année encore en cours, à la réflexion quant aux orientations à donner dès le début de l’an nouveau. Il y a ceux qui aiment ces périodes festives, et il y a les autres, les échoués de la vie, les déçus de quelques choses, les blessés dans leur chair qui exècrent cette débauche de moyen comme si d’un seul coup c’était moyens illimités, alors que jusque là, les ceintures cherchaient leur dernier cran.

Comment penser à décembre sans penser à Noël ? Sans penser à la Saint Sylvestre ? Même en étant natif du mois, ces dates là occultent celle qui vous est pourtant personnelle, croyez-moi, au point que d’ailleurs, il faudrait une loi qui fasse en sorte que les natifs de décembre puissent fêter ces jours-là en d’autres mois, question d’équilibre, si ce n’est festif, que cela soit digestif. Pour les autres, il est aussi temps de réserver les lieux et les convives pour ces dates, car si on remet facilement son rendez-vous chez le dentiste, sauf souffrance à vous donner la rage, il en est peu qui y déroge ou s’esquive…. Bon, je ne veux pas écrire dès le premier jour sur ces jours-là, réservons cela pour plus tard, en cas de panne d’inspiration. Tiens, j’ai une idée ! En cette période, les enfants affectionnent recevoir un calendrier de l’avent, afin de compter les jours les séparants de Noël, non pour fêter l’anniversaire de Jésus, ce brave personnage dont on ne sait s’il fut un homme ou un dieu est bien vieux, et comme tous les vieux bonhommes se moquent éperdument qu’on lui compte les ans, non ces boites à surprises s’ouvrent chaque jour sur une friandise ou un joujou dont la Chine a le secret, - made in China ou Made in Mélamine ? – pour patienter goulûment jusqu’à l’explosion gargantuesque et au cumul des jouets. Belle idée, bon, certes un peu commerciale, mais tout de même belle idée que ce calendrier de l’avent. Imaginez la même chose en un peu plus grand : chaque fenêtre s’ouvre sur un texte, une citation, une photo, un objet qui éveilleront tour à tour la curiosité ou les souvenirs…. Calendrier de l’avent pour plus grand, je ne dis pas pour adulte, d’abord parce que des esprits pervers pourraient mal comprendre la chose, et ensuite parce que nous sommes tous de grands enfants en dépits de nos masques d’adultes…. Et si je vois cela en encore plus grand, ce n’est plus un calendrier de l’avent mais un calendrier tout court, sauf qu’au lieu d’y effeuiller les pages pour y découvrir des dessins humoristiques, ce serait des boites à ouvrir, sur l’écrit, sur l’image, sur les senteurs, mêlant production personnelle et mots d’auteurs, ponctué aussi de cases vides, pour y laisser plonger l’imagination, ponctué de page blanche pour y placer ses mots à soi, ses images préférées. Des moyens informatiques permettent aujourd’hui de réaliser facilement cela, des méthodes manuelles aussi et toujours, sorte d’agenda qui compte les jours à rebours des textes et des photographies. En tout cas, voilà une belle idée cadeau, car s’il est belle chose que d’offrir son cœur, il est encore plus beau d’offrir en des pages des morceaux de son cœur. Ce puzzle merveilleux aux pièces pas toujours bien emboîtables, nécessite de connaître l’autre pour en dessiner les contours, modeler les formes, établir les liens entre mots et images, savoir aussi y lire entre les lignes pas toujours tendues de ces maux qui s’envolent à l’écrit. En panne d’idée cadeaux ? Allez, ciseaux, colle, photo, papier, écrits, réalisez vous-mêmes votre agenda personnel et offrez-le à ceux qui vous aiment, laissez-les annoter les pages, griffonnez d’improbables croquis, personnaliser à leur tour ce cadeau personnel, c’est l’image de nos vies, l’imbrication qu’elles ont, les unes dans les autres, les unes par-dessus les autres, parfois en parallèles, parfois éloignées, parfois proches et très proches, ces vies-là se rejoignent, alors, pourquoi pas dans cet agenda ?

Bon, nous sommes donc le premier du dernier, il vous reste suffisamment de temps pour concevoir l’objet…. Une idée comme une autre, une idée qui fourmille, mais facilement réalisable, comme tout travail manuel, ce qui compte n’est pas le rendu final en soi, mais bel et bien l’amour qu’on a mis dans la réalisation, dans le choix, les thèmes, les couleurs, les envies de raconter, de montrer ses petits secrets, ses coins adorés, ses bouts de vie…. En fait, un agenda, façon blog ! L’agenda sans prétention, des bouts de textes, des bouts de soi, des images et des textes sans prétention….

Matin blanc

Matin blanc, première gelée, l’automne donne le ton à l’hiver pas encore né que son berceau est prêt…. Pare-brise à gratter, col de veste à relever, écharpe à nouer, les premiers signes cliniques sont bien présent. Les toits ont blanchi, les herbes folles de rester dehors par pareil temps sont complètement givrées et craquent sous les pas. Ce n’est pas encore l’immaculé de la neige, mais déjà cette pâleur donne aux paysages une douce lueur au jour naissant. Des tons pastel aussi loin que porte le regard, exception faite bien sûr des éclairages surpuissants de la ville. Les panaches de fumées s’élèvent droits dans le ciel sans vent, les moteurs des véhicules en chauffe le temps de redonner au vitrage un peu de visibilité crachent leur flot de vapeur dans ce froid sec. J’aime cette impression de mise à plat des choses, de ralenti, cette vision différente dictée par la nature. Le ciel flamboie dans son aube, signe hélas de tourments climatiques à venir, mais pour l’heure, c’est une douce lumière qui accompagne le défilé des paysages sur le bord de mes routes. Pourquoi ce bien être au contact des premiers frimas ? Parce que je suis enfant de l’hiver ? Pas seulement, et même quel en serait le lien ? De toutes les saisons je ne sais la quelle choisir. Toutes sont belles, toutes possèdent leurs atouts et leurs inconvénients. Chacune apporte son lot de plaisir, à condition bien sûr de savoir les cueillir, d’avoir envie de les vivre, d’y goûter pleinement. C’est sûrement cet éclat matinal différent, sa primauté dans l’année, peut-être aussi le fait qu’on y espère détecter le signe d’un retour au juste équilibre dans le cycle des saisons, retrouver un hiver froid et blanc, préparé par un automne en terminaison glaciale, afin de reposer et nettoyer la terre, les plantes, pour que le printemps se réveille éclatant, jouant de ses couleurs, des ses odeurs jusqu’aux chaleurs de l’été. Peut-être aussi, parce que ce froid sec, éveille les joies des belles flambées, des soupes chaudes, des plaisirs intérieurs, peut-être aussi parce que c’est ainsi, tout simplement !

De tout temps il y a ses supporters et ses détracteurs. Le froid comme le chaud, le sec comme l’humide, éternelle insatisfaction de l’espèce humaine, mode de fonctionnement naturel où il est bon de ne pas aimer, plutôt que d’aimer. Sont-ce là les suites du croquage de pomme par la belle Eve, notre mère à tous ? Ne rigolez pas, c’est biblique ! Nous sommes tous enfants d’Eve et D’Adam, et même que la génération suivante ne comporta que deux fils, enfin, jusqu’à ce qu’un tua l’autre. Notre patrimoine génétique, est donc issu d’une femme née de la côte d’un homme, et de deux garçons…. Chercher l’erreur ! Mais bon, là n’est pas le propos, je m’éloigne du sujet, je quitte le froid pour des sujets plus brûlant. D’ailleurs, en parlant de froid, il ne faut pas exagérer, la température flirte juste avec le zéro, et on a beau être sudiste, on a connu pire en matière de froid…. Attendre fin novembre pour goûter à la morsure du froid par une nuit sans lune est tout de même signe d’une année de douceur, même si les extrêmes n’ont pas atteint de valeurs record, les cieux furent tout de même bien cléments en ce 2008 qui brûle ses derniers feux. L’an dernier, quelques souvenirs océaniques me permettent de dater les premières gelées et même les épaisses gelées autour du 10 novembre, souvenirs d’un retour glacial à bord de ma fidèle monture de plastique en clôture de saison. L’art de la critique, presque toujours négative devient une seconde nature chez nos contemporains, c’est ainsi, cela m’est égal, je respire aussi bien l’hiver que l’été, et je reste ébahi devant les lumières offertes par la nature. J’aime donc ces matins blancs, et il y a bien longtemps que cela ne m’affecte plus, il fait le temps qu’il fait, et nous n’y pouvons rien, en dépit des discours de grands scientifiques moralisateurs. Cela n’a rien à voir avec une inconscience éco citoyenne, ce qui de plus serait très loin d’être le cas, mais une vérité.

Nous avons beau parler de la pluie et du beau temps, personne ne maîtrise le climat, et c’est tant mieux. De toute façon, il fait toujours beau, alors, à quoi bon râler contre la pluie, le froid, le vent ? Vivons notre temps à plein temps, en prenant le temps de profiter et de savourer le temps qu’il fait tel qu’il est. Quels que soient les nuages, présents ou brillants par leurs absences, il fait toujours soleil, il suffit de le savoir pour le voir. D’ailleurs, depuis ce matin pâle et blanc, le jour s’est levé et bien levé, le soleil brille, et le gel est parti se fondre dans le paysage. Ronde des saisons, des plantes vont disparaître, victimes de ce coup de froid, d’autres vont se renforcer, comme nous, changer de manteau pour traverser celle qu’on appelle improprement, la mauvaise saison. Il n’y a pas de mauvaise saison, il n’y a que saison, comme il n’y a pas de mauvaises gens, de mauvaises voitures, de mauvaises chaussures, rien n’est mauvais, tout à sa place, son rôle, son but. Rien ne sert de rejeter les choses simplement parce qu’on les trouve mauvaises, il faut comprendre, apprendre, voir toujours le bon côté des choses, s’en servir pour avancer, ne pas perdre de temps à focaliser sur le mal passé, les regrets ne sont que des marches arrières, au mieux des freins à main serrés qui bloquent notre évolution. Lâchons ce lest, libérons la machine, regardons toujours côté soleil. La pluie alimente la vie, le gel met les choses à plat du moins visuellement, puis il s’efface devant le soleil, apportant l’azote nourricier aux racines enfouis. Le cycle du jour alimente le cycle de la vie, éternel recommencement, étape nécessaire à l’évolution de la plante. Ce qui fut mauvais pour elle, l’aide à se fortifier pour mieux se régénérer. Bel exemple de la nature, non ? « Ce qui ne tue pas, rend plus fort » c’est bien connu, alors, pourquoi voir autrement ? Pourquoi regretter ce mal nécessaire à la vie ? Pourquoi critiquer ce temps froid et sec ? Relevons le col, nouons l’écharpe et avançons, il fait si beau dans la vie !

Des roses sans orties

Hier soir, pause musicale dans la semaine avec le concert de Francis Cabrel au Zénith de Toulouse. La circulation locale plutôt saturée, c’est pourtant assez tôt que nous avons pu nous y rendre, et profiter de la grande fraîcheur du soir pour patienter longuement dans l’attente de l’ouverture des portes. Je ne sais pour quelle raison il faut attendre ainsi pour pénétrer à l’intérieur du Zénith, car après tout, si les personnels de sécurité laissaient entrer les gens au fur et à mesure de leurs arrivées, cela fluidifierait les transits et éviterait les courses dans les escaliers à la recherche de la meilleure place. Attente patiente et fraîche donc, avant d’accéder enfin au saint des saints, cette belle salle du Zénith tant attendue, tant réclamée sur notre ville, pour notre belle agglomération, et même pour notre belle région. Le choix des places, c’est à la fois une bonne chose mais aussi une valse hésitation entre un côté plutôt qu’un autre, entre plus bas et pas très haut, mais bon, à force de chercher le graal, nous trouvons d’excellentes places face à la scène. Période d’attente encore mais au chaude cette fois, sentant les pieds qui dégèlent, les fourmillements repartir des doigts, observant les mouvements de la foule, les visages inconnues ou presque, le décor plutôt sobre, mais bon, c’est usuel chez Cabrel. Entre les décors assez poussés et élaborés de Renaud et ceux plutôt dépouillés de Cabrel, avec comme dénominateur commun durant de longues années la même bande de musiciens, presque tous issus de la région, de Cahors à Montauban, de Tournefeuille à Verdun sur Garonne, c’est un peu le retour à la maison qui s’opérait. Puis, Renaud a changé de voie et de voix, d’une période sombre, il est revenu, sous d’autres couleurs, entouré d’autres musiciens, mais par contre toujours fidèle aux décors travaillés. Ces deux artistes n’étant pas des mercenaires de la chanson, c’est entre 5 et 7 ans qu’il nous faut attendre pour à l’occasion d’un nouvel album, les voir en concert. Renaud, ce fut en 2007, Cabrel, hier soir…..

Les deux ont vieilli, l’un mieux que l’autre, en l’occurrence Francis CABREL. Une maturité qui lui fait désormais jouer de sa timidité naturelle, une plénitude établie, loin du star système, il est toujours resté fidèle à ses racines, ses amis, ses musiciens, même si hier, certains emblématiques comme Jean-Louis Roques ou Denis Lable n’étaient pas là, c’est en effectif réduit, 5 musiciens autour de lui, que Monsieur Cabrel a déroulé son show, tout comme il aurait fait dans une salle plus intimiste qui lui sied mieux, c’est certain, d’ailleurs hier soir, cela faisait bizarre de voir la fosse disposant de chaises…. Le public a vieilli, peut-être, du moins les autres, mais c’est toujours un régal ! Pour chauffer la salle, un groupe, plutôt un duo, le duo Grimm, venu d’Agen, avec des mélodies rappelant le Jacques Higelin de la grande époque puis un peu plus rythmées encore, ce qui au final nous a offert une superbe première partie fort agréable. Enfin, le voilà, arrivant dans la pénombre de la scène, presque timidement, sous les applaudissements du public venu presque voir un cousin, un ami, un copain, un gars du coin dont on oublie le succès national, et c’est parti pour 2H20 de spectacle, de chansons, tendrement soulignées de jeux de lumières, de projection de décor et de phrases extraites des chansons. Peut-être un peu moins communicatif qu’au précédent concert, mais il n’a jamais trop parlé au public, les chansons s’égrènent, surprennent l’oreille attentive du fan que je suis, car plusieurs d’entre-elles ont été réorchestrées pour l’occasion ce qui leurs apportent une autre lumière. Des textes assez travaillés, je dirais même de plus en plus au fil des années, des regrets aussi de ne plus entendre d’anciennes chansons, des reprises de Brassens que j’adore, comme cette belle version si bien appropriée des passantes, mais tout de même, vu la quantité écrite et offerte au fil des années, il fallait bien faire un choix. Festival de guitare, quasiment à chaque morceau l’instrument change, allant même jusqu’à la mandoline, ajoutant des notes d’humours aux notes envolées dans cette salle à l’acoustique parfaitement réglée.

Comme toujours, il y a eu le faux départ, les morceaux joués tout seul, les musiciens partis dans la coulisse, et le rappel, plutôt mollasson du public, pour enchaîner des rythmes un peu plus rock et terminer dans la communion du public sur le premier succès, « je l’aime à mourir » à la mandoline. Départ, au ralenti, mais vrai départ de l’artiste. Lumière sur la salle pleine, et retour sur terre, direction les autos sagement parquées, le toit gelées par les premiers frimas d’un hiver automnal, les bouchons de la sortie, à peine évités par quelques raccourcis connus d’enfance, et voilà, comme s’achève une soirée…. Parenthèse musicale dans le rythme effréné de la semaine, concert rare d’un artiste rare et discret, que je tenais à saluer, chaque album me ravit, chaque texte finement ciselé, et comme si enfin la maturité apportait l’assurance, des rythmes et des orientations musicales jouant sur un large éventail. Des chansons plaisirs, c’est ce que je dégage des albums, de plus en plus aboutis, des chansons d’amour comme il nous l’a dit et expliqué hier soir, comme il nous l’a montré, essayant de communiquer cet amour de l’humanité, de la vie.
Pour tout cela, pour vos albums, pour vos textes, vos chansons, votre façon de vivre, de savoir rester ancré dans ce terroir qui permet si bien de garder les pieds sur terre, même losqu'on tutoie les sommets, pour cette gentillesse et cette modestie pas si fausse, pour cette élégante timidité, la richesse de vos concerts, des rares que je regarde en DVD, je voulais vous dire merci Monsieur Francis Cabrel.
Chapeau bas l’artiste!
Hier soir, nous avons cueilli vos roses sans même apercevoir la moindre ortie.

Détours et contours de la langue

Paradoxe de notre langue, enfin, si tant est que nous parlions la même langue, tant parfois il est dur de se comprendre, paradoxe donc, histoire de rajouter un peu de complication dans la communication, pas mal de nos expressions fleurent bon le non-sens…. Du genre, par exemple, des manques qui pèsent, ou bien, pleurer de rire, ou encore une santé de fer, mettre du plomb dans la cervelle, un remonte-pente…. Notre vocabulaire est bien riche de ces expressions, certes imagées, mais tout de même jouant de l’image de deux sens opposés. Quelle belle chose que la langue française et combien j’envie nos cousins plus ou moins éloignés qui ont su la préserver bien plus que nous des modes anglo-saxonnes, des raccourcis et autres barbarismes. En disant cela, c’est bien évidemment des pensées qui voguent au-delà de l’océan, filant droit vers la belle province de Québec qui s’imposent. Pourtant, nos voisins suisses ou belges, n’ont pas attendu pour la respecter bien mieux que nous. Ils savent compter sur nos racines latines, passent de soixante à septante, d’octante à nonante dans une logique bien plus logique que nos comptes pas très ronds de compteurs ne sachant plus compter…. Soixante et dix…. Comme si nous continuions de poser l’addition à des fins perpétuelles ! Quatre vingt….. Voilà une multiplication qui vient au secours de l’écolier….. Quatre vingt dix….. Toute la panoplie arithmétique, multiplication et addition dans la même comptabilité….. Dès l’enfance, nos esprits sont torturés, les chiffres à peine digérés que voilà les nombres emmêlés. Passons aux jours, la règle est simple, à chaque jour sa planète ou son satellite, n’en déplaise à lundi, avec une terminaison en di, reste latin du jour latin, sauf que voilà dimanche qui prend les choses à contre-pied, inverse l’ordre et place le jour en premier, en faisant le jour du seigneur….. Bon, ça c’est donc l’exception qui confirme la règle, passons maintenant aux mois ! Mélange de logique, soit à la gloire de dieux du passé, des dieux passés ou même trépassés, le comble pour des immortels, puis des significations agricoles, avant de retrouver une logique numéraire à peine décalée de deux mois, septembre inaugure la série et voit son chiffre sept arriver en 9e position.

Pourtant, la couleur des expressions, les images plus ou moins fanées transposées dans nos discours, nos écrits, les formes vieillottes mais pas encore désuètes de la prose, font la richesse du propos, et, pour quelques spécimens dans mon genre, des pistes de jeu, jeux de mots ou jongleries, joie de l’écriture et comme disait le regretté maître Capello « calembours, joie de Calais » Joli calembour qui m’a permis de mémoriser le nom des habitants de cette belle ville de Calais, après avoir enfin compris que ce n’étaient pas tous des bourgeois, esprit corrodé pas trop d’écoute de cet autre maître qu’est pour moi Jacques Brel. En dépit des études dites scientifiques, j’ai toujours gardé un fort penchant littéraire, et même si mon latin court depuis bien longtemps derrière mon grec ancien, je suis resté accroc aux bons mots comme aux bons textes. Ajouter à cela un penchant historique, et voilà d’ou vient ce déséquilibre ! Esprit technique et logique, cherchant à comprendre le mécanisme des rouages de toute chose, bon, d’accord, sans le démonter, ça, c’était dans mes jeunes années, voire même mes très jeunes années, au cœur d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, où je disséquais les jouets, de préférence ceux de ma sœur, enfin d’en capter la scientifique moelle….. Aujourd’hui, après quelques années de lycée, ou de patients professeurs nous ont enseigné cette logique implacable, captant du mouvement l’essentiel, apprenant à en déduire l’organisation, la rotation, l’implication dans le mouvement résultant, aujourd’hui donc, me voilà à pénétrer au cœur des objets sans les démonter, sauf quelques fois, mais bon, c’était juste comme ça, pour vérifier…. Que voulez-vous, on reste scientifique, technique et pratique ! Histoire de compléter la partition, l’écrit, les écrits et donc la lecture, le passé et donc l’histoire, animent les moments de répits de l’histoire présente. Autre facette de l’homme, moments de pause hors de l’atelier, quoiqu’on parle d’atelier d’écriture, non ?

Je me vois bien, attablé à l’établi, un mot un peu revêche coincé dans les mors de l’étau, ne bougeant plus, faisant le mort ainsi serré, un mot que d’une main habile je lime les contours des lettres, afin de rentrer sans casse, le mot précis dans la bonne phrase….. Des copeaux générés naîtront d’autres mots, plus ou moins ajustés, plus ou moins long, et même si aujourd’hui certains cherchent encore le mot le plus long, je peux dire que le compte est bon. A imaginer pareil fignolage, on pourrait supposer que chaque texte est longuement ciselé, pourtant, c’est bien tout le contraire, chaque texte se doit de jaillir d’un seul jet de matière, plus ou moins creuse, coulant encore visqueuse dans le creuset du papier. Et après, On me demande parfois ou je vais me creuser ainsi la tête ! C’est ainsi, c’est selon, c’est surtout sans prétention, au jeu de l’écriture chacun ses règles, chacun ses envies, ses résultats, l’essentiel est comme dans la vie, d’être en phase avec ses envies.

Petit cadeau, un bestiaire ainsi cueilli sur les pages du net, ce n’est pas de moi, je ne suis pas si bêtes !

Que vous soyez fier comme un coq, fort comme un boeuf, têtu comme une mule, malin comme un singe, chaud lapin ou fine mouche, vous êtes tous, un jour ou l’autre, devenus chèvre pour une caille aux yeux de biche. Vous arrivez frais comme un gardon à votre premier rendez-vous et là, pas un chat ! Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous pose réellement un lapin. Le type qui vous a obtenu ce rencard, avec lequel vous êtes copain comme cochon, vous l’a certifié : « Cette poule a du chien, Une vraie panthère ». C’est sûr, vous serez un crapaud mort d’amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien. Vous êtes prêt à gueuler comme un putois, mais non, elle arrive. Bon, dix minutes de retard, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris est en fait plate comme une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine. Vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous noyez le poisson. Vous avez le bourdon, envie de verser des larmes de crocodile. Vous finissez par vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre. Vous avez beau être doux comme un agneau, faut pas vous prendre pour un pigeon !

Choix de vies ou vie de choix

Nous revoilà dans la saison des pluies…. Ce week-end le ciel bas et gris a du peser sous beaucoup de moral, et nombreux ont été ce qui sont restés derrière les carreaux à attendre de voir tomber la pluie, puis, à regarder tomber la pluie en maudissant ce sale temps…. C’est oublier, ou refuser de voir, qu’au-dessus des nuages il fait soleil, que quelque part, pas très loin de soi, il fait si beau. C’est vrai qu’il est plus rapide de voir le côté négatif des choses, de maugréer contre cela, au point de presque culpabiliser, mais il est aussi facile de regarder les choses du côté soleil, du côté positif, de voir sur rapidement la météo, s’apercevoir qu’à moins de deux heures de route il fait beau et d’aller s’aérer au grand air plutôt que de se morfondre dans un espace confiné à attendre que le beau temps daigne venir nous voir. C’est ce que nous avons fait ce week-end, nous avons fuit la grisaille toulousaine pour s’en aller humer l’air du large, au soleil d’une belle petite randonnée fort sympathique. Marcher ainsi, en bonne compagnie, entourés des amis proches, intimes, dans un cadre enchanteur, bien protégé des erreurs humaines, au milieu des eaux, entre étangs et mer, le ciel bleu illuminant la frondaison des pins, le vent pas vraiment léger faisant sonner les pignes comme des crécelles. Et oui, l’endroit peut-être fort venté, mais pas toujours en dépit de la mauvaise réputation que d’aucun lui accorde, d’ailleurs, c’était la première fois que je rencontrais pareil vent sur cette randonnée effectuée déjà quelques fois. Peu importe, de toute façon, nous sommes venus pour prendre l’air, et là question air, Eole a du s’y mettre de bonne heure pour souffler ainsi. Mais rien n’arrête les marcheurs, la bonne humeur éclairant les visages, la voiture garée, nous voilà partis en goguette, le temps de franchir l’écluse, empruntant les allées et les sentiers tracés au cœur de l’île, gravissant le relief, jouissant de splendides vues sur les alentours éclairés par le dieu solaire tandis que les arrières plans terrestres disparaissaient sous des chapes de nuages allant du gris clair au gris très foncé. Nous avions bien fait de quitter la plaine intérieure du pays pour venir profiter ainsi de cette échappée. Qu’il est bon de discuter entres amis proches, de disserter sur nos vies et leurs vicissitudes, de profiter tout bonnement de ce temps pris sur le temps, de vivre tout simplement…


Quel que soit l’angle sous lequel on regarde les choses, il n’y a chaque question que deux réponses, oui ou non, le peut-être n’étant qu’une manière différée de choisir entre le oui et le non. Lorsqu’on se retrouve sur le grand plongeoir de la vie, il n’y a que deux possibilités : Sauter, avec ou sans élan, ou bien redescendre l’échelle pour regagner le vestiaire. Sauter procure l’ivresse du saut, le risque de prendre du plaisir durant l’envol et la pénétration dans l’onde, le risque aussi de prendre une gamelle, c’est vrai, mais chaque échec nous faisant avancer, c’est là aussi l’occasion de redresser la situation, de travailler sa course, son saut, sa technique, sa méthode, bref, travailler sur soi pour réussir et atteindre le plaisir. Redescendre l’échelle, par peur des risques, c’est avant tout prendre celui de ne pas réussir, de ne jamais savoir, qui ne tente rien n’à rien. On ne vit pas avec le passé, pas plus que dans le futur, on vit au présent, en profitant de chaque instant, en écrivant chaque ligne au présent, on avance dans le temps présent, sans comparer entre hier et aujourd’hui, en se donnant à fond dans cette actualité, sans calculer car nos propres références sont nos histoires passées. Vivre, accepter le risque d’être heureux, d’être bien et non fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Rien d’idéaliste dans tout cela, simplement du bon sens, quelque chose de finalement très réaliste. Vivre en étant soi, pour soi et pour l’autre, c’est si bon de se sentir enfin soi. Alors, franchir ou non chaque étape, c’est répondre oui ou non, ni plus, ni moins. Oui c’est avancer à l’étape suivante, non, c’est prendre une autre voie, c’est surtout avancer, par un chemin différent, avec d’autres acteurs, mais avancer avant tout. Enlevons toute image négative du non, ne calculons pas l’impact sur les autres, mais assumons pleinement nos choix. Dire non, c’est dire oui à autre chose. Choisir un peut-être, c’est tourner en rond sur la case, sans savoir par où prendre le chemin de notre vie. Tourner en rond n’apporte rien d’autres que ses souffrances personnelles trop intériorisées, devenant enkystées et paralysante pour la vie. Notre chemin de vie est ainsi dessiné : Chaque case se poursuit en deux cases distinctes, celles du oui, celle du non, les parcours diffèrent, se rejoindront qui sait peut-être plus loin, seront plus ou moins parallèles c’est selon les successions de oui et de non, mais dans ce vaste jeu de l’oie, la règle première est d’avancer, alors, avançons, en sachant qu’au-dessus du gris, il y a du bleu, du soleil, et ne pas oublier que c’est ce soleil là qui doit attirer nos vies, aspiration vers le haut plutôt que descente infernale, trajectoire ascendante, cap vers aujourd’hui, la vie est là qui nous tend les bras, sans savoir pour combien de temps encore, alors, profitons-en, laissons-nous emportés par ce tourbillon, progressons, oublions hier pour vivre pleinement maintenant, une voie ou une autre, mais choisissons!



Ce week-end fut très beau, il suffisait juste d’aller chercher le soleil, comme chaque jour du reste, et ça n’est pas plus dur de que rester à geindre contre le temps qu’il fait là où on est. Se plaindre et se complaindre est tellement ancré dans la nature humaine, qu’on en oublie l’essentiel : le bonheur est entre nos mains, sachons le voir, le cueillir, le dorloter, le chérir, l’apprécier et l’entretenir. Et si vous en doutez, essayez juste un peu pour voir, comme dans chaque étape de nos vies, il n’y a que le premier pas qui coûte….

Sur un nuage

Petite pause assis sur un banc de nuage à regarder tourner la terre, tourner les gens, tourner les horloges, regarder vivre les autres, fourmis travailleuses ou cigales chanteuses, observer, mon jeu favori, voir l’agitation de ce monde de plus en plus fou. Assis sur un banc de nuage ? Oui, ça m’arrive, au cours de mes envolés, ces longues escapades à survoler mes coins préférés, ma région ou plus loin…. Sentiment de liberté, visualisation tridimensionnelle observé de haut, jouant avec les hauteurs comme on joue avec le zoom d’un appareil, je plane, je plonge, j’accélère en piqué pour mieux ralentir dans le vol plané…. J’aime ces pauses hors du temps, ces instants où l’esprit divague, les pensées s’endorment, le rythme ralentit, le vol reprend ses droits, une folie douce…. N’allez surtout pas le répéter, c’est vous qui passeriez pour fou, moi, je m’en fous, je vole et m’éloigne à tire d’ailes, peu de risque d’être rattrapé, à part par les plombs des chasseurs, mais j’ai l’œil et le bon ! Un regard d’aigle, scrutant l’horizon, à la recherche de sa proie, innocente victime qui passe par-là, oh ! Non point pour des buts non avouables, avouez tout de même que ce n’est pas une chose à avouer, et je me dévoue à vous le dire, sans soucis, j’observe la mal nommée victime, simple élément déclencheur d’un esprit fertile ne demandant qu’à se mettre en route. Imaginer les situations, les vies, les destins d’anonymes croisés, traduire les gestes, les regards échangés, voilà le jeu plaisant que j’aime, dans l’intimité de ma cervelle de moineau, sans prolongement extérieur, les idées bien au chaud.

L’observation des autres d’un endroit stratégique, regarder le monde envahir le monde, l’affolement général pour des raisons à chacun personnelles, paradoxe du mouvement, tous dans la mouvance, dans un même sens mais pour des motifs différents. Vu d’en haut, on focalise sur des similitudes qui ne sont pas, la conséquence des longues années passées à chercher à tout étiqueter, trier, regrouper dans un même ensemble, sans se poser de question quant à la vraie nature de chaque élément du grand ensemble, finalement constitué pour des raisons de simplification personnelle. L’être humain existe en tant que soi, et non au nom d’une communauté, quels que soient les critères de détermination de cette communauté, et c’est bel et bien à cet être humain là qu’il faut s’intéresser, sans le prisme communautaire, sans les à priori inculqués ou encore les mauvais ressentis. S’intéresser à la nature de la personne, apprendre à lire à cœur ouvert, au-delà des carapaces dont nous nous parons tous, au-delà de notre propre vision somme toutes assez aveugle des choses vraies, lire, sentir, ressentir, parler, discuter, donner plus que prendre, tel est le challenge. Exercice périlleux et difficile peut-être, mais pourquoi ? Peut-être tout simplement parce que nous manquons de pratique, d’entraînement à le faire, déformé par une société trop occupée à courir qu’elle ne sait même plus pourquoi elle court….

Stoppons de temps en temps la machine, posons-nous un peu et profitons-en pour se poser les bonnes questions, sur nous, sur nos vies, sur les autres, le regard sur les autres, le regard des autres, le sens de nos vies. Pause longue, peut-être bien, mais pause utile dans un monde tourbillonnant, ouvrir des portes, sortir de carcans dans lesquels on étouffe tant, s’en forcement s’en apercevoir. La vie peut-être un piège, parfois doré mais un piège tout de même. Mais la vie est sous notre contrôle, jamais écrite à l’avance, jamais vécue à l’avance, elle se déroule selon nos impulsions, selon la direction que nous lui donnons, éclairée des couleurs que nous choisissons d’utiliser, rien ne sert de regretter les côtés sombres de nos vies, c’est à nous et à nous seuls d’en modifier la lumière. Essayons simplement d’aborder les choses en ce sens, piquons-nous à ce jeu, et nous verrons bien l’influence sur le cours de nos vies. Je n’ai pas foi en l’avenir comme en quelque chose d’écrit, mais j’ai foi en l’avenir comme en quelque chose dont je maîtrise le cours, dont je suis le seul maître, et non la victime expiant ses erreurs et ses fautes d’anciennes vies. Oser le changement, c’est aller vers l’avant, prendre le risque non pas d’un échec, mais d’une nouvelle chance de grandir, de mûrir, de renforcer son expérience. On ne vit pas dans le passé, pas plus que dans le futur, on vit au présent, dans le présent, et quelque part, cela dirige note futur. Il ne faut pas focaliser sur demain, mais sur aujourd’hui, profiter de chaque instant, cueillir la quintessence de chaque instant, profiter de chaque minute, chaque heure, non pas comme si c’était la dernière, car cela traduirait une image de fin, une sorte d’explosion de profit dans le seul but de vivre intensément sa fin, non, profiter du moment car c’est le moment, se poser les questions et donner les réponses dans l’instant, laisser parler son cœur, laisser fonctionner sa vie, parce qu’il est temps d’ouvrir en grand les portes pour qu’enfin pénètre la lumière qui éclairera à jamais nos corps célestes. Philosophie de vie et non désespoir, loin d’une fuite en avant, c’est un départ à chaque instant, un nouveau départ, une nouvelle vie, une nouvelle étape dans la vie, le passé est fini, terminé, rangé, l’avenir bien loin, bien futur, le présent est un présent du présent, profitons-en !

Belle journée à vous, en plus il fait super beau !

Coup de soleil

Ces jours-ci, le soleil brille par son absence, enfin, c’est ce qu’on dit parce que sans soleil, il ferait nuit, non ? Disons plutôt que le soleil est caché derrière une belle couche de nuage, pas encore pleureurs, se contentant de menacer, colère enfantine à se rouler par terre pour obtenir ce qu’ils désirent. Mais que désire le ciel, si ce n’est la quiétude des hommes ? Nos ancêtres devant tant d’insistances célestes, eurent l’idée d’instituer des sacrifices afin de calmer les dieux des cieux. Bonne ou mauvaise idée ? Cela dépendait du côté duquel on se situait, mais j’ai bien peur que ce fut autant de sacrifices inutiles, ôtant la vie de jeunes vierges pour un ciel qui n’en avait cure….. Les archives des journaux de l’époque ayant disparues, nous ne pouvons en lire l’efficacité du procédé, n’en déplaise aux oracles au désespoir de leur vieillesse ennemie, réclamant ces actes de barbarie pour éviter les foudres d’un ciel soudain devenu sombre. Autres temps, autres mœurs, depuis nous sommes équipés de paratonnerre, de satellites, d’antenne, de gps, de prévisions météorologiques, ce qui a sûrement contribué à l’extinction des jeunes vierges ou du moins à des sacrifices fort différents les concernant…. Elles offrent depuis leur corps à la puissance des rayons solaires, parfois même aux rayons violets de soleils artificiels, le doré de la peau étant devenu au fil des siècles, symbole de bonne santé, outil de séduction, nouvelle religion dans notre nouvelle époque. Le soleil retrouve donc sa place de dieu. Vénéré de tout temps, utilisé, craint, il est le symbole du pouvoir, de par la puissance de son feu.

Fonction première, éclairer et chauffer le monde, faire fondre la glace qui enveloppait notre planète, faire jaillir la vie en chauffant ce fameux bouillon de culture d’où nous sommes issus. Des égyptiens à Louis XIV, il fut symbole de puissance, dieu rayonnant allié du pouvoir qui d’un seul coup se sentait pousser des ailes, volant au-delà des hommes, devenant l’équivalent des dieux, privilège réservé à l’élite, Icare y a laissé ses plumes d’avoir côtoyer de trop près cet astre fort reluisant…. Le soleil. Son absence nous perturbe, sa cuisante présence nous brûle, nous restons éternels insatisfaits de nos conditions de pauvres terriens, alors même que notre planète tourne autour de cet astre, s’en servant pour décompter notre temps ici bas, rythmant nos jours, dénombrant nos années. Acteur immobile, référence dans l’univers, il attire et irradie, il réchauffe nos vies, influe nos climats, nos constructions, l’énergie de nos corps comme celle de nos maisons. Et puis, c’est bien connu, chacun cherche sa place au soleil, non ? Se mettre en lumière, sentir la chaleur sur sa peau, jouer les lézards, c’est si bon, si intense qu’on se laisse parfois prendre au jeu pour finir par rôtir et se retrouver écarlate, victime d’un coup de soleil. Bon, cela dit, c’est un coup d’éclat comme un autre, et il n’y a pas de quoi rougir…enfin, si ! C’est même un souvenir cuisant qui permet de bien se souvenir du soleil même au cœur de la nuit. Du rouge qui donne une nuit blanche, de quoi vivre une nuit haute en couleur.

Chacun cherche son soleil, cet être dont l’absence nous perturbe et la présence nous éclaire, nous brûle d’un feu plus ou moins ardent, ce doux soleil qui sait à lui seul illuminer nos vies jusque dans les jours de gris, allumer nos nuits jusqu’à les rendre blanches et passionnées. Quelle autre image aurait-on pu prendre ? Il n’y a pas meilleur symbole flamboyant, brillant et brûlant, éclairant aussi intensément et d’une telle influence sur la vie. Ce n’est pas pour rien que les grands de ce monde ou du moins, ceux voulant être assimilés à la grandeur de l’astre, s’associe son image ; De Gaston Phoebus au roi soleil, de Râ le dieu solaire égyptien au temple solaire, l’histoire est peuplée de cette association, avec plus ou moins de bonheur, mais toujours à la quête de profiter de l’image de puissance et même, de puissance absolue. Au-delà des mots, au-delà des images, au-delà des symboles, le soleil reste notre icône, notre élément nécessaire à la vie. Un élément ? Tiens donc, nous n’aurions pas quatre mais cinq éléments ? A moins que le soleil ne soit l’élément fédérateur des quatre éléments de base ? Dans ce cas, cela pourrait aider à mieux comprendre la symbolique du Lauburu dans sa représentation discoïdale, les quatre éléments tracés sur le cercle solaire, résumant tout ce qui est nécessaire à la vie, la terre, l’eau, l’air, le feu le tout…sous le soleil !

Retour à la vie, la terre boit l’eau du ciel, l’air souffle les dernières feuilles, le feu brûle dans la cheminée, et le soleil brille par son absence…enfin, il brille sous son voilage de nuages pas si légers que cela…. En résumé, dans ces jours qui pourraient passer pour être tristes et gris, nous avons tout ce qui est nécessaire à la vie, et c’est bien cela qu’il faut en retenir. Alors, hauts les cœurs, profitons de la vie, profitons du soleil, de la météo....
Aujourd’hui il fait très beau !

Au clair de la lune....

Hier soir, pleine lune, mais voilée tout de même ce qui fait que les loups-garous n’ont pas été de sortie. Comme quoi, il en faut peu, quelque fois pour que les destins des uns et des autres tiennent finalement à bien peu de chose…. Un voile de vapeur atmosphérique, une lune qui ne se dévoile pas, influence non influente, et soirée calme. La lune, ce satellite qui colle aux basques de la Terre, ce qui confirme bien la puissance et l’influence du peuple basque sur les choses célestes, la lune donc, reste toujours attirée par notre planète en dépit des mauvais traitements que nous lui infligeons. Dans sa ronde fascinante elle joue à cache à cache, se dévoile peu à peu, passant part toutes les phases que nous pouvons qualifier de lunaires, du blanc au noir par morceaux successifs, pleine ou vide, mais, comme nous avons peur du vide, nous préférons le terme de noire, voire même de nouvelle. Qualificatif étrange pour ce bloc de poussières agglomérées qui ne change jamais.

J’aime à observer cette boule éclairant nos belles nuits dégagées, surtout dans sa phase pleine, lorsque loin des lumières des villes, on arrive à en distinguer le relief. L’idéal pour moi, c’est d’être sur une petite plage déserte en bordure d’océan, un bout de sable entre dune et rouleaux rugissants, spectacle particulier en son et lumière, mettant en exergue la relation attractive entre marées et lune. Ou bien encore, les nuits d’hiver en montagne, sur la blanche étendue de neige, cette lumière lunaire diffusant son éclairage d’un seul coup puissant au point de pouvoir effectuer la marche, ou la recherche des balises lors de nos épreuves de recyclage pour la randonnée. Fascinante lune, à la fois proche et lointaine, personnage central de bien de contes et d’histoires, de légendes plus ou moins belles, servant tour à tour à effrayer les enfants ou à démystifier la nuit, dans un éventail de personnage allant de Pierrot et Colombine aux célèbres loups-garous….

La lune a attiré les hommes, d’abord par les écrits, poétiques ou de science fiction avant que les techniques n’envisagent enfin de s’en approcher, peut-être même de s’y être posé, sans polémique aucune, et n’ayant pas vérifié les sources de par moi-même…. Actor’s studio ou réalité, ce petit pas pour l’homme, pas de géant pour l’humanité n’a été guère suivi d’autres enjambés… Les territoires de notre planète étant déjà tous pourvus de propriétaires plus ou moins ambigus et déclarés, il fut normal d’aller poser son drapeau en d’autres contrées furent-elles extra planétaire… Libre à chacun d’y aller vérifier. Quoi qu’il en soit, on a beau être dans la lune, on ne voit rien de cette fabuleuse épopée de mondiale renommée. Des effets plus ou moins désirables, la lune en a légion. Bénéfiques ou maléfiques, c’est selon, jouant de son attraction sur les éléments liquides, elle commanderait la sève des végétaux, comme celles des masses océaniques, pilotant ainsi les marées tout comme la pousse des végétaux, la destruction des souches des arbres abattus, ou encore la montée en graine des salades du jardin familial. Quelle que soit notre alimentation alcoolique, notre corps étant composé de près 80% d’eau, c’est donc tout naturellement que nous sommes attirés et soumis aux lois lunaires. De la pousse des ongles ou des cheveux, aux états de fatigues, de la sortie des griffes et des poils hirsutes de nos fameux loups-garous, aux comportements qualifiés de lunatique, c’est donc de l’extérieur que les ficelles sont tirées…. Alors, croyance populaire, ou réalité expérimentée ?

Hier était soir de pleine lune, et en dépit d’un voile nuageux, le froid relatif de cette mi-novembre ou presque, eu égard aux matheux, a réduit les fréquentations habituelles des rues et ruelles de la ville. L’œil aux aguets, point de loups-garous arpentant le trottoir à la recherche de victimes imprudentes…. De deux choses l’une (j’aurais pus écrire lune !) Donc, disais-je, de deux choses l’une, soit la lune doit être pleine et limpide pour faire sortir le loup du bois, soit de loup point y a. Certes, nous avons appris récemment que des loups remontaient dans les alpes, et j’ai eu le privilège d’observer une trace animale pouvant fort être une empreinte de loup dans un chemin de l’Alaric, ce qui laisserait supposer que les loups italiens se diviseraient pour envahir le Mercantour pour les uns, les Pyrénées pour les autres, se jouant des autoroutes, des habitats resserrés, utilisant tranquillement les replis de maquis et de pinède de la Clape, des Corbières et de l’Alaric pour s’en aller s’installer en Pyrénées orientales…. Le loup revient… Tout seul, naturellement, point besoin de lâchers slovènes comme son collègue ursidé, et fait étrange, ce n’est point en meute mais en couple, qu’ils sont venus ainsi coloniser et fonder leur famille sur cette nouvelle terre. Des loups italiens, certes, ce ne sont pas des loups-garous, Garou n’est pas italien mais Canadien… Facile mais je ne pouvais la manquer, n’en déplaise à Lorie…. Alors, que faire ? Se réjouir de ce retour naturel ? S’inquiéter de l’arrivée de ces nouveaux prédateurs ? Les enfants vont-ils avoir peur du grand méchant loup ?


De toute façon, l’homme est un loup pour l’homme, c’est bien connu. Ça doit être dans ce cas précis qu’on parle de loup-garou, comme on aurait pu dire gare au loup ! Principe de précaution, restons tranquille les soirs de pleine lune, et si nous sortons, longeons les murs, le loup veille…. Je ne veux pas crier « au loup ! » Certes, mais même sur ma plage déserte, à regarder la lune, je songe tout à coup à ces vieux loups de mers…. Espèces marines en voie de disparition quand d’autres sont en voie d’apparition…. De quoi hurler sous la lune, en voyant surgir les griffes, le poil soudain hirsute sous l’effet du vent marin, d’un seul coup, j’ai les crocs ! Une vraie faim de loup ! D’ailleurs je termine là pour aller manger, un texte sur la lune, ou plutôt sous la lune, un texte de plus, con comme la lune…. Je rends la plume à l’ami Pierrot, je regagne mes pénates, ou ma tanière c’est selon, demain soir sera différent, la lune sera moins pleine, l’attraction différente….

De l'air !

Le dernier des quatre, et pas le moindre, l’air. Le seul à être invisible, inodore, discret mais sachant être tout de même vif ou piquant, sachant se charger de senteurs marines ou fleuries, ne supportant pas d’être enfermé au risque de devenir vicié, l’air est un être pur et sain. Elément incontrôlable à l’état naturel, il arrive toutefois à être conditionné par l’homme, qui le climatise, le comprime, le réfrigère ou le réchauffe à des fins personnelles, le tout…d’un air serein ! L’air, essentiel à la vie, à notre vie, nous avons grand besoin d’air. Des quatre éléments, c’est bien celui dont l’absence nous ôte le plus rapidement toute vie. C’est aussi un compagnon de jeu, que ce soit en faisant danser les cerfs-volants ou bien encore dans ces refrains, cet air qui nous trotte dans la tête, au point de parfois être tête en l’air. D’où vient-il ? On ne sait pas, certains parlent de l’air des montagnes, d’autres de l’air de la mer ou bien encore de l’air de la campagne. Produit de luxe encore non taxé, produit pollué par nos activités, avec lequel on joue : On le respire, on l’expire, on en remplit des ballons, on le charge de vapeur ou d’impuretés puis on s’évertue à le filtrer, le nettoyer, le purifier….

Malgré sa relative transparence, beaucoup s’en serve, sans en avoir l’air, pour, sans en avoir l’air, se donner l’air, prendre un air de supériorité au point de finir par nous pomper l’air… Que voulez-vous, dans notre monde, il y a deux sortes de gens, ceux qui brassent l’air et ceux qui nous le pompent. Voilà bien une idée de mouvement perpétuel : installons côte à côté et l’un et l’autre et nous pourrons placer entre les deux un moulin à vent munit d’une génératrice…. La première station électrique bio ! Une idée en l’air ? Hum, qui sait, l’air de rien, ce sont ce genre d’idée qui font progresser la science, pas besoin de s’envoyer en l’air pour avoir du bon sens, et le bon sens, pour l’air, c’est affaire de courant…. Courant d’air ? Vous voyez que cette idée de station électrique fonctionne ! On pourrait même parler de centrale électrique, puis qu’elle serait située entre les brasseurs et les pompeurs…. Nous revoilà en pleine période des shadoks ! J’aurais pu même dire, par un mauvais jeu de mots, en pleine ère…. Mais j’ai trop de respect pour le plein air, j’y puise mes ressources, je vis au grand air, et je navigue au hasard, profitant de l’air du temps… Une bouffée d’air frais dans la vie, des activités qui permettent de s’enivrer de cet air pur et vivifiant, cet air qui pénètre la moindre cellule de nos poumons, savante oxydation oxygénante redonnant vie aux cellules endormies, nettoyant de fond en comble notre sang pour s’en trouver ragaillardi.

L’air a aussi ses métiers, meunier, pilote, musicien, chanteur et même hôtesse…. Oui, je sais, celle-là était facile, mais bon, un peu de douceur dans ce monde de brutes, et puis un peu de charme tout de même, l’air de rien, ça égaye un peu le texte et fait s’évader le subconscient. Bon, ok, vous voilà égrillards, vous pensées s’envolent, normal s’agissant de l’air, en d’innommables parties de jambes en l’air, autres moyens de transport ou bien encore, autres transports…. Pas besoin d’avoir les fesses à l’air pour cela, l’imagination vagabonde bien plus que le conscient, et j’imagine déjà votre air à lire ces lignes qui ne sont que paroles en l’air…. Récréation nécessaire dans un monde en asphyxie, de temps en temps, prenons l’air, évadons-nous, jouons les filles de l’air, partons et envolons-nous. Pour qui n’a jamais volé, effectuons le baptême de l’air. Comme l’oiseau, laissons-nous planer, imaginer l’air s’engouffrer dans nos vêtements, glisser entre nos doigts, en en totale apesanteur, sentons les écoulements d’air nous envelopper. Voler, faire corps avec l’air, être en suspension dans l’air et regarder le monde tourner sans nous…. Une bulle dans la course du temps, le temps de voir s’envoler les soucis, se calmer les tensions, lorsqu’il y a de l’orage dans l’air. Ne pas redescendre trop tôt, sous peine de tout ficher en l’air…. Vol nécessaire lorsqu’on manque d’air, imaginer un instant les situations vues d’en haut, le temps de se ressaisir, de se donner de l’air en quelque sorte, avant de retrouver le sol, la terre, ou l’eau, suivant l’endroit et le temps, de retourner au feu de l’action, l’air détendu, les pieds sur terre, pour que découle les solutions comme de source….

Rondes des éléments de la vie, interprétation libre comme l’air, en quatre actes de cette pièce sans cesse jouée qui récite et anime nos vies. Histoire d’eau, de feu, sur terre ou en l’air, rien n’est dissociable, tout est lié dans un subtil équilibre qui rythme le cycle de la vie. Un thème comme un autre, pour écrire et redire des choses sans importances, des choses anodines, des morceaux de vie ramenés à leur forme élémentaire. Quadrature du cercle, opposition mathématique entre le lisse du cercle, symbole du mouvement, et la dureté du carré, ces quatre chemins reliant les quatre éléments, comme si chacun n’était qu’à deux autres relié. Le carré s’inscrit-il dans le cercle, ou le cercle s’inscrit-il dans le carré ? Vision personnelle des arrangements célestes et planétaires, à chacun sa vision, si encore il n’y a qu’une seule solution, traduisant là une certaine raideur, une forme d’immobilisme auquel je ne souscris pas, j’aime trop à imaginer que la vie n’est pas rigide et fermée, déjà écrite par avance, mais plutôt que nous sommes chacun en train d’écrire notre propre destin, pas de le lire et d’avancer sur des pas prédessinés….

Allez, je file, de l’air !

Terre ! Terre !

« Terre ! Terre ! » C’est en ces cris que les marins perdus aux milieux des flots apprenaient l’approche de la côte salvatrice de la voix puissante du matelot de vigie, cette terre enfin proche et au moins significative de repos, de retour au plancher des vaches, et ce, même sous des contrées qui ne connaissent pas les bovidés… La terre, cet élément de la Terre, cette planète dite bleue puisque plus de 70% de la surface est composée d’océan, cette terre sur laquelle nous vivons, pour laquelle nous combattons, cette terre mère nourricière et cultivée, support de notre humanité, cette terre qui par ses petits bouts nous fait propriétaire, défenseur de notre pré carré jusqu’à l’affrontement meurtrier. Support de vie, terroir de semis, les racines des arbres et des plantes y puisent l’énergie, l’homme aussi, dans des puits pétroliers, dans des mines charbonnières ou de bien d’autres matières que cachent et recèlent cette fragile écorce. Terre la planète, terre le sol, qui de ces deux fait de nous des terriens ? L’homme a quitté les océans pour s’adapter à la vie terrestre, au fil de notre longue évolution. D’amphibiens nous voilà devenus des terriens, apprenant à ramper, puis à marcher sur cette terre hostile et accueillante, mélange des genres pour nouveaux colonisateurs. Et depuis ce temps là, la colonisation n’a fait que se répandre, la conquête du monde s’est poursuivie, au péril des vies, l’homme s’attribuant des titres de propriétés qu’il n’a pas, car, n’étant sur terre que de passage, ces bouts de sols appartiennent avant tout aux civilisations futures.

Terre, mélange de matières et élément de vie, terre, terrain de jeux pour d’intrépides humains, terre, écorce rabougrie aux reliefs chaotiques, tu es à la fois terre d’exil ou d’accueil, terre d’envol, terre d’espoir, terre sainte ou terre promise, et même si parfois nous avons l’esprit terre à terre, la tête dans les nuages, nos rêves s’installent dans nos vies que si nous avons les pieds sur terre, et non sous terre, car alors, il est trop tard…. Que n’a-t-on pas fait de cette terre, crue ou cuite, labourée ou construite, végétale ou grasse, rouge ou sienne, que n’a-t-on pas fait pour elle, combats sans fins pour des frontières qui ne sont que des tracés humains déclencheurs de joutes sanguinaires quasi sans fin… Au nom d’un peuple, d’une religion, au nom de dieux, d’idéologie, les hommes ont toujours su trouver raison valable pour combattre, repousser leurs limites sans mettre pied à terre. Que reste-t-il de la terre de nos ancêtres ? Que laisserons-nous aux futures générations ? Animal de passage sur cette planète, l’homme est avant tout son plus grand prédateur. Naïf, il l’a croit en danger alors que c’est lui-même qui se met en danger. La Terre, renaîtra toujours, sous d’autres formes, sous d’autres températures, elle s’auto régulera, redevenant un nouveau berceau pour une nouvelle espèce animale. Eternel recommencement dont nous ne serons pas les témoins, enfouis dans nos propres décombres, disparus six pieds sous terre…. Vision pessimiste d’un monde en déclin ? Non, ça serait mal me connaître, vision certes point idyllique, mais vision d’alerte, pour éveiller nos consciences, redresser la barre tant qu’il en est temps, et, il en est encore temps. Raisonnons nos prédations, notre agriculture, laissons la terre souffler, alternons les jachères, les prairies, les labours, entretenons nos forêts les plus proches comme les plus éloignées, replantons nos terres brûlées et laissons-la s’abreuver des autres éléments, l’eau, l’air, le feu solaire pour qu’y renaisse la vie.

C’est ce combat qu’il nous faut mener, sans mettre genou à terre mais plutôt ventre à terre, regagnons notre planète, dans ses moindres contours, jusqu’au moindre lopin de terre, la moindre parcelle, source de vie, source d’envie de retour à la terre pour beaucoup, comme l’envie de retrouver le métronome régulier du rythme des saisons, des jours et des nuits, des cycles lunaires, et des migrations. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, jamais trop tard pour s’y mettre, prendre conscience que nos richesses d’aujourd’hui sont celles de nos enfants et petits enfants. Propos humanistes de doux rêveur ? Non, propos d’homme attaché à sa terre, jusqu’à son bord, océanique ou méditerranéen, dans tous ses reliefs parcourus, en long, en large et en travers, vécus de l’intérieur, et même des grandes profondeurs, la Terre est vivante, elle gronde, elle vibre, elle ronfle et s’ébroue, animal blessé par tant de maltraitance, le temps est venu de la choyer, de l’écouter, de la comprendre. On peut être tête en l’air, ou bien encore dans la lune, c’est pourtant ici bas que nous vivons, que nous respirons. Et si l’air vous pique la gorge et les yeux, ce n’est que notre propre résultat, pas celui de nos forêts. J’ai foi en l’humain et en sa capacité à réagir sans attendre le déclin. Chacun, à notre place, nous avons un rôle à jouer. Remuons ciel et terre pour cela, unissons-nous et voyons au-delà des propositions commerciales pour gagner notre avenir sur terre.

L’équipage à bien gouverné, le bateau est ancré, les chaloupes à la mer pour regagner la terre ferme. Point de phare ici, la côte est nouvelle, peuplée d’indigènes observant le ballet des rames jouant des flots d’écumes. Bientôt, la jonction des mondes sera effectuée, bientôt les trésors de la terre échangés. La communication par le troc, les échanges par l’échange, difficile d’imaginer cela dans nos esprits internetisés du 21e siècle… Encore un dernier coup de rame et ça y est, nous mettons pied à terre !