2012, clap de fin


Réveillon 2012, une table hier encore si bien peuplée, hier encore des amis, de la famille, hier encore… La table d’aujourd’hui est vide, oh pas pour les mets, cela on sait garnir, cuisiner, préparer, faire plaisir, non, ce sont les convives qui manquent, cela dit, de même nature que les invitations, mais après tout, lorsqu’on cesse d’aider son prochain, il passe à un autre prochain, ainsi va l’espèce humaine. Ma table ce soir est table de fête, il  y a du monde et à défaut du Shah d’Iran, il est vrai décédé, ce sont deux beaux et bons chats qui sont là sans se soucier le moins du monde ce jour comme les autres que d’aucuns célèbrent comme un jour exceptionnel.

Au menu ce soir, il y aura des pavés de cerf marinés aux herbes assortis d’une compotée de céleri au piment d’Espelette et à la gelée de groseille, le tout servi avec un Clos de Cassis, Prieuré Sainte Marie d’Albas, un corbières comme j’aime et comme on n’en fait plus puisque les viticulteurs ont vendu et pris leurs retraites. Il y a des plaisirs au menu ce soir, comme pour dire au revoir avec une haute attention à cette année 2012 riche en émotions, en leçons, une année où j’ai beaucoup appris, encore, en premier, à ouvrir les yeux sur tout ce joli monde qui nous presse, nous entoure, y compris dans sa propre famille. Bien sûr, il y a cette fin d’année, depuis plus de quinze jours rythmée par l’attente, les nouvelles, les espoirs, vécu par l’absence. Une maman est un personnage central dans une famille, son absence pèse bien plus lourd et le vide est immense. Ce soir, comme pour mon anniversaire, comme pour Noël, une bougie sera là, qui par sa présence guidera les pensées du foyer.

Encore quelques heures en 2012, au milieu d’un chantier, entre odeurs de plâtre humide, de papiers peints mouillés, entre chats errants parmi les meubles pas à leur place, en mode camping, bizarre et au fond, tellement symbolique : on vit entouré de mille objets, mille choses puis, une fois qu’ils sont enfouis dans des cartons, plus rien ne les rappelle à nous, aucun besoin, aucune utilité, on s’aperçoit du peu qu’il suffit pour vivre. Apprendre à se désencombrer, un lâcher-prise aussi sur les objets. Le téléphone va bientôt s’éteindre, une façon de s’éviter les vœux hypocrites, traditionnels dès minuit, c’est con, mais les personnes qui ne vous appellent pas durant les 366 jours de l’année se rappellent de vous, grâce à leurs répertoires portables et se croient obligés de vous souhaiter l’année bonne… bon, là où le bât blesse, c’est que ça coupe aussi les vœux sincères… Désolé ! Tant pis, le naturel l’emporte et les vœux sincères ont aussi mille vœux sincères autres à souhaiter, alors, bon vœux, bon vent, bonne fin d’année, moi je sors…..

Bye-Bye 2012 et merci !


clap!

Signe


Par ce signe, tu le vaincras…

Ainsi parle le diable soutenant le bénitier de Rennes le Château, dans une église devenue célèbre de par la légende ou bien les histoires racontées sur le fameux trésor de l’abbé Saunière… Rennes-le-Château est tout près de Rennes-les-Bains et son fauteuil du diable, entres autres, tout près également du mondialement connu Pech de Bugarach et son garage de soucoupe volante en mal de 21 décembre 2012, entres autres, et d’autres, et d’autres….

Le signe. Jean-Jacques Goldman chantait « il suffira d’un signe » soit, mais encore une fois, cela ne dit pas de quel signe il s’agit, alors quoi, au diable le signe et laissons à chacun le plaisir et le loisir de commenter, d’hypothéquer ses hypothèses, le trésor au fond, n’est-il pas dans la recherche comme le décrivit si bien Jean de la Fontaine dans sa célèbre fable « le laboureur et ses enfants » ?

Le signe. On parle parfois du signe indien, celui qu’il faut vaincre pour enfin briser le sortilège. Magie blanche contre magie noire, qu’importe, cette fin d’année vient briser un sceau retenant prisonnier jusqu’alors des lettres, des mots, des phrases, des sourires, des bouts de textes et que sais-je encore. Exit la noire magie, les dragons peuvent repartir vers leurs cieux maléfiques, aujourd’hui est festif et l’âme libérée. Si la triangulation diable, goldman et la fontaine opère ainsi ce n’est que pure coïncidence ou presque, les trésors restent à venir, l’avenir reste riche de belles choses à venir. Qu’importe la formule extraite des grimoires, les résultats sont ou ne sont pas, et si chacun lit dans les lignes et les interlignes de textes plein de déliés, les interprétations ne peuvent être que personnelles, l’auteur décline toute responsabilité dans les non compréhensions comme dans les bonnes compréhensions, après tout, nous ne sommes pas en classe, il n’y a pas de note ni de notation alors de grâce, point d’annotations.


Par ce signe, tu le vaincras. 

Soit. 

Ainsi soit-il vaincu. 



Place au monde nouveau, les choses en brilleront bien mieux. 




Bonne route.

Montsegur


Il y a dans les pierres de ce soi-disant château, bien des larmes, bien des cris, bien des peurs, bien des douleurs, bien des haines, bien des atrocités que des hommes ont commis contre d’autres hommes, ces autres hommes qu’on appela « bonshommes » quelques temps d’après. D’âpres luttes, d’occultes raisons, de pathétiques cupidités, la peur de perdre le contrôle, de disparaitre ou plus simplement de partager un territoire religieusement gardé, il est mille et une causes qui pourraient dresser une hypothétique logique à ces exactions. Le sens de l’Histoire est-il le bon sens ? Selon de quel côté de l’épée, du glaive, ou encore de la torche servant à allumer le brasier d’un bûcher, il n’est pas sûr que le sens « bon » soit partagé.

C’est en gravissant les derniers mètres qui le séparaient de l’antique porte que ses pensées s’en venaient écouter et lire les murs gris et épais de l’austère muraille. Montségur. Un lieu riche de mémoire et de signification, un lieu riche d’Histoire et d’histoires, un lieu dans lequel il ne comptait plus ses pas. Les pas d’une vie, d’autres vies, une attirance quasi magnétique, un approche géographique mais non, cette muraille ne lui parlait pas, même si certaines pierres ne lui étaient pas étrangères. Il est vrai que le visiteur du vingt et unième siècle ne voit que ce qui est présent au vingt et unième siècle, comment pourrait-il lire la vraie topographie des lieux d’un treizième siècle ? Il y a un tel acharnement, un tel matraquage à parler de châteaux cathares qu’on ne peut imaginer les cathares vivant autre part qu’en ces constructions militaires. De même qu’on ne peut visiter Montmaurin qu’en ne voyant les ruines de la villa gallo-romaine sans voir ici et là dans le village, une pierre, un linteau, une colonne juste empruntée à la ruine encore non célèbre. On construit sur les gravas des autres, chacun porte sa pierre à l’édifice, et si Montségur porte fièrement son château, ce n’est peut-être au fond que parce qu’avant un village y était perché. Un lieu de vie loin de la foule, un peu comme dans les années soixante lorsque des communautés se sont installées au fin fond des campagnes désertées, juste pour vivre à l’écart, vivre sa propre vie, ne pas déranger plutôt que ne pas être dérangés. Là, l’hégémonie ecclésiastique peinant à se défaire des templières histoires redoute qu’une nouvelle forme de mal apparaisse et disperse sa poudre à canons aux quatre vents, oubliant de mesurer, de juger au son d’un « Tuez-les tous Dieu reconnaitra les siens », une chimiothérapie d’avant l’heure qui détruit le sain pour mieux éradiquer le mal…  Combien de fois était-il venu ici ? Combien de fois avait-il pris l’étroit escalier menant au chemin de ronde aujourd’hui fermé au public pour mieux sentir le vertige de l’à pic, la muraille semblait être le prolongement de la falaise qui la portait ? Chaque fois était nouvelle, découverte, lecture et retour en arrière, chaque fois il essayait de faire disparaitre le monde actuel autour de lui pour plonger dans l’âme des lieux ; Cette fois-ci, les pierres semblaient vibrer et geindre, les pas des chevaux semblaient résonner tandis que les images défilaient dans son esprit. Oui, il connaissait le lieu mais pas cette configuration, non il n’était pas là lors du grand bûcher mais il avait connu le village, il avait commercé avec les gens d’ici, des êtres plutôt accueillants, attachés à des valeurs simples et premières, ils cultivaient, ils fabriquaient, ils vivaient dans une forme d’autarcie. Les rumeurs courraient contre ces peuples qui ne se mélangeaient pas aux autochtones, préférant envoyer des émissaires pour dialoguer, pour expliquer et parfois convertir à leur philosophie de vie, quand bien même elle fut traitée de fois par la foi chrétienne. Il peinait à rassembler plus de choses, il ne se voyait pas dans son image d’alors, c’était son visage actuel qui déambulait sur ce pog dans ses vêtements actuels, il est toujours difficile de se voir autrement que tel qu’on est dans son présent.

Le vent fraichissait dans le soir naissant, les bruits de visiteurs commentant à grands cris les traces de marches vers le donjon le réveillèrent brusquement, sans avoir pu compléter son parcours entre les terrasses des jardins cultivés puis le petit bosquet par lequel on passait pour rejoindre le chemin des autres lieux. Ainsi va la vie, la foule et le monde des êtres seuls au monde, ils en oublient que d’autres préfèrent le silence, peut-être aussi qu’ils ne savent pas que c’est dans le silence que l’on entend le mieux ce que les pierres racontent. Un jour viendra…

Sur son 31


Encore quelques heures, encore quelques hivers avant l’ivresse, le changement pile à l’heure, douze coup flétrissent 2012, tandis qu’ils sonnent 2013. Pour ce passage tant espéré puisqu’il est ô combien célébré malgré qu’il ne soit inopiné, chacun aura à cœur de se mettre sur son 31. Se mettre sur son trente et un qui plus est un trente et un, voilà qui est facile, mais nous, gens du trente et un qui sommes sur notre trente et un toute l’année, comment faire ? Sortons du placard nos habits les plus usés, les plus avachis, les plus portés, ceux-là même que tout l’année on aime à porter, pourquoi diable en cette fin d’année devrions-nous les mettre au clou ? C’est un peu comme le jour d’un mariage où l’on va oublier la fidèle monture qui nous sert chaque autre jour de notre vie pour se parer d’un carrosse pour mieux parader…. Foutaise et paraitre, l’habit ne fait pas le moine, sinon, à nous voir tous défiler guindés dans des costumes de jour de l’an nous en serions tous étriqués, trop maquillés, repeints de neufs et adeptes du culte du paraitre en oubliant d’être. Non, nous, peuple du trente et un, serons à l’aise dans nos chaussures, puisque fidèles compagnes de chacun de nos jours, elles qui savent si bien épouser en juste noces les durillons et les cors, les oignons et autres orteils mal fichus, et bien sûr, nous porterons cette tenue de scène qui nous va si bien qu’elle que soit la scène, scène de ménage ou bien simple scène d’adieu, adieu à l’an qui part sans se retourner, sans revenir, un départ en quelque sorte, définitif.

Les plus beaux bijoux seront de sortie, que les cambrioleurs le sachent, inutile de chercher fortune ce soir-là, les coffres sont ouverts, les comptes à découverts, le monde dehors autant partir fêter cela du côté de la santé. Après tout, devant la déchéance perlières des huitres de table, il est de bon ton de venir s’asseoir doté de ses colliers déjà perlés. Buvons, oublions dans la fête l’an qui fuit, l’an qui va, l’an qui s’en va, et célébrons dignement l’an qui vient. Bien entendu, il est trop tôt pour se la souhaiter bonne, de même qu’il est trop tard, aussi je vous pardonne de ces coups partis trop tôt, ces éjaculations précoces de bonne année se révèlent être tardives et surdimensionnées pour 2012 qui nous quitte en moins de quarante-huit heures chrono, la redoute est battue… Puissiez-vous passer de bonnes fêtes, une belle fin d’année et nous verrons en temps utile de se souhaiter les vœux de bon aloi. Il est encore temps de cirer les chaussures oubliées au pied du sapin, d’ailleurs le voilà qui se dégarnit, je parle bien entendu du conifère, encore quelques jours et il partira reboiser les déchetteries de nos quartiers.

2013 s’annonce un bon cru, même les rois mages seront à l’heure et l’épiphanie regagnera enfin son six janvier qu’elle n’eut jamais dû quitter sans les couperets des trop nombreuses fêtes et jours fériés de nos calendriers républicains. Comment ? Le gâteau ou la galette ? Chaque chose en son temps… Puissent les plaisirs de fin d’année ne rester que des plaisirs et vous conduire à bon port sur les rivages de 2013, et, dans le cas où vous seriez superstitieux et suspectant le 13 de vous porter mauvaise chance, sachez que les chiffres s’additionnent et vous donneront une année 6 en lieu et place d’un 2013 sonnant mal à vos oreilles ; Prenez garde aux douze coups de minuit car il change votre vie. J’ai par mégarde et déconcentration oublier de le faire les années précédentes, je me suis retrouvé aussi con à minuit une qu’à minuit moins une. Je vais tâcher de m’améliorer lors de ce passage, mais, avec une seule tentative par an, il est difficile de s’entrainer dans de bonnes conditions…

Par ce sourire de fin d’année, je vous souhaite le meilleur du meilleur pour la clore, et le plaisir du plaisir de vous retrouver en une autre année…. Belles fêtes ! 

Autan


Le vent souffle fort aujourd’hui sur la terre toulousaine, il glisse et soulève les feuilles, trop contentes de quitter leurs mortes attitudes et de voler vers les cieux comme pour se raccrocher aux branches de leurs arbres nourriciers trop dénudés. Le vent qui souffle aujourd’hui se nomme « Autan », il souffle tout autant qu’autant en emporte le vent. La terre d’ici le connait bien ce vent, bien plus encore que les femmes et les hommes qui n’y sont que de passage. Elle vit à son rythme, elle voyage en poussières, elle se sèche et craquelle sous le souffle d’Eole, elle s’entoure de haies pour pouvoir s’en abriter. Les hommes qui n’ont rien compris, ou plutôt qui n’ont compris que le profit s’en sont moqués et bien vite les haies sont tombées, les terres furent labourées à grand coups de dents, à grand nombre de socs, toujours plus vite, toujours plus profond, toujours plus de surfaces à la fois. Eole rigole. De là-haut il souffle et souffle, plus fort, plus longtemps, plus de haies pour le ralentir, l’essouffler. Les terres maltraitées ont perdu leurs eaux, les récoltes se couchent sous le souffle avant d’avoir pu être engrangées, le vent emporte la couche fertile en poussière et les hommes avides à coup de chimie s’en viennent engraisser la terre trop pauvre pour voler. Puis on inventa la jachère, et histoire de ne point trop immobiliser de grandes parcelles, l’idée vînt de mettre des haies, de cloisonner cette espace en lot de terre, découvrant par là-même que le vent puissant provoquait de moins en moins de dégâts aux récoltes. Eole en fut vexé, la grêle arriva… doit-on punir les dieux qui sans cesse souffle sur nos têtes ?

L’Autan, on le dit vent des fous, parce qu’à souffler ainsi, à se glisser sous les tuiles des vieilles métairies, à faire cogner le volet pourtant retenu par le valet en façade, à vrombir en saccades toujours plus violentes, il perturberait les neurones au point de les agiter dans leur bocal. Pourquoi pas, mais encore faudrait-il prouver que sans vent il n’y aurait point de folie chez ces gens-là, de même qu’il faudrait s’assurer que tout le monde devient vous lorsque souffle le vent. Autant vous dire que je ne connais pas dans ma lignée de cas de personnes dérangées par l’Autan, par contre, à voir combien nos terres du Lauragais comptent de moulins à vent on se dit que les relations d’hier étaient bien plus amicales, domestiques et laborieuses. Ah ! Ces moulins ! Etrange fascination pour ces bâtisses rondes en brique rouge, souvent désailées, souvent sans toit, parce que sans entretien, parce que devenues inutiles, non pas que le vent ait tournée, ça, les moulins l’avaient prévu puisqu’ils tournaient aussi pour s’assurer la meilleure prise aux vents, non, plutôt que le monde moderne et mécanique à vite modifier les lois de la minoterie. Dommage. De ces moulins, il en est un, sur la terre natale de mes grands-parents juché au sommet du village, dominant le cimetière et ses cyprès obliques et dont j’ai pu voir avec plaisir la restauration jusqu’à la mise en ailes, symbolique hélas, d’autres constructions devant sont venues lui prendre le vent. A l’âge ou on lit Alphonse Daudet, on se prend à rêver d’écrire soi-même ses propres lettre dans son propre moulin. Un chose presque faite, les lettres s’écrivent, les moulins se restaurent, et si je n’ai pas encore mon propre moulin, ce n’est que question de chemin.

L’Autan souffle, un vent fort sympathique. Il vient faire défiler sur la terrasse, les objets trop légers que j’avais mal rangés, en cela, son aide m’est précieuse. En retour, je lui offre mon linge à sécher tandis que la cheminée se réjouit de la soudaine aspiration en ses tripes. C’est un jour à sortir le vélo ou bien les rollers, mais il faudra bien tenir compte du sens du vent pour le retour, sinon, l’affrontement sera j’en ai bien peur déloyal, voire même très fatigant. Qu’importe, souffle mon bel Autan, les terres d’ici ne seraient ce qu’elles sont si tu n’avais été là pour les dessiner. 

2012


L’année s’achève, elle fut longue, il est vrai d’un jour de plus mais tout de même, quel parcours, combien d’évènements, d’épreuves, de leçons, d’arrêts et de départs, un vrai omnibus ! Au presque moment de la clore, c’est avec douceur qu’elle revient, défile, d’un pas ferme mais malhabile, se cambrant, s’arrêtant, vous regardant droit dans les yeux, d’un air de dire « et ça, tu t’en souviens ? ».

2012, que vais-je en retenir ?

Un joli pied de nez à tous ceux qui crurent disparaitre en un monde meilleur au soir d’un 21 décembre dont on n’a jamais su s’il fut un matin, un midi, une nuit sinon rien. Les Mayas peuvent désormais retrouver la quiétude qui était leur jusqu’à ce que l’Amérique toute puissante de son septième art viennent corrompre un secret bien gardé depuis que le monde est monde : le rythme des saisons et ses alternances d’équinoxes et de solstices. Les peuples de tout temps ont pris pour départ de leurs calendriers compteurs de temps, l’équinoxe de printemps ou bien le solstice d’hiver, plus rarement l’équinoxe d’automne ou le solstice d’été. Et oui, notre Terre tourne autour du soleil et bascule sur son axe, voilà qui nous permet aussi de ne pas avoir des journées égales, des nuits égales ni des saisons égales dès lors qu’on se situe loin des pôles ou de l’équateur.

Beaucoup d’évènements, bons ou moins bons, heureux ou moins heureux, mais cela fait-il le propre d’une année ? Chaque année qui vient et s’en va, apporte son lot, la disparition des êtres chers reste plus importante que la date en laquelle elle survînt. Nos vies sont des routes, la mienne est un sentier, il erre dans des reliefs qui sont montagnes, collines ou bien rochers, il traverse des paysages qui sont maquis, landes sauvages, vastes forêts, espace de neige vierge. Parfois ce sentier croise d’autres sentiers, d’autres errances, d’autres traces, parfois des chemins, des autoroutes, des rails, et chaque croisement, chaque intersection est un moment de réflexion, de partage, d’échange, de parcours communs, parfois une bifurcation, parfois une impasse, parfois…rien. Nos chemins sont parallèles à d’autres chemin, le temps d’une vie, le temps d’un bout de vie, le temps de rien, les traces de pas deviennent parfois des codes informatiques remplis de lettres, de chiffres, d’arobase, sortent d’adresses où l’on adresse son courrier, sorte de mémoire volatile qui se pose, trace, s’efface et disparait tandis que l’on reprend sa route, son chemin, son sentier. Encore une fois, rien de nouveau n’en cela, rien de propre à 2012, juste un chemin de vie, plus qu’un arbre de vie trop immobile pour le vagabond que je suis.

Des cartons, des affaires classées qui disparaissent en kraft, des murs des poussières, beaucoup de poussière, des travaux, des langueurs, des longueurs, l’homme est un éternel insatisfait, celui du vingt et unième siècle est le plus pressé, il aimerait que tout soit achevé à peine commencé. La patience s’apprend avec patience, la mise en carton de sa vie n’est pas difficile, vivre sans ne l’est pas non plus au final, on mesure combien bien des choses dans ces maudits cartons sont futiles, combien on vit sans, combien on s’en passe, combien on accumule pour rien. Les travaux sont des travaux pratiques pour les leçons invisibles jusque-là. Il y a les dépassements, les choses qu’on fait alors qu’on ne pensait pas en être capable, il y a les bonheurs des résultats, il y a les fatigues saines, les silences par absences, les peines sans peine, les techniques qui se perfectionnent pas après pas, il y a en premier cette grande leçon : on avance, un pas après l’autre. Oui, c’est là la grande leçon, encore fallait-il descendre du train pour le comprendre.

L’année s’achève non sans rêves, elle part sans regret, elle défile comme elle a défilé, simple, rebelle, dure, douce, facile, difficile, tout cela ne sont que des couleurs qui nous sont propres, car au fond, interrogez-vous, interrogez autour de vous et vous verrez que les réponses sont propres à chacun et non propre à l’année. 2012 se meurt, vive 2013 !

Mes mains


Mes mains prolongent mon corps,
Elles en sont au fond l’expression,
Plutôt non, elles sont expressions.
Elles communiquent, parlent fort,
Habiles ou malhabiles, elles vont
Elles viennent, bougent, dansent,
Ralentissent, tremblent, frémissent,
Se posent, glissent comme un savon.

Qu’elles bricolent, jouent, ou bien se reposent,
Qu’elles modèlent, peignent, vissent ou posent,
Qu’elles pétrissent, dessinent ou écrivent
Qu’elles soignent, guident, elles vivent.

Elles s’entendent comme chien et chat
Avec mon cerveau, lorsqu’il donne un ordre
Elles s’exécutent dociles mais avec désordre
Au final, mon cerveau sans cesse interprète
Ce qu’elles ont commis et comment il doit
Intimer l’ordre qui deviendra le geste peut-être
Ce qui parfois me fait dire, que ce sont mes mains
Qui donne des ordres à mon cerveau, à deux mains
Elles s’y prennent pour mieux l’embrouiller
Et lui se débrouille et apprend à en jouer
Chien et chat, vous dis-je, jeux et taquineries
Mais de ces joutes entre neurones et mains
Naissent sans conteste ni fortuites polissonneries
La créativité et le plaisir de se servir de ces mains.

De mes mains au fond, je n’ai qu’un seul regret,
Que la nature n’ait point voulu me doter
De deux mains gauches, j’avoue, je suis gaucher ! 

Bûche de Noël


Il fut un temps où les Noël étaient blanc, drôle d’idée quand même, ce n’est pas parce que nous fêtons Noël en hiver qu’il faut qu’il en soit glacial et couvert de neige, non ? C’est aussi pour cela que nos amis pâtissiers ce sont mis à pâtisser ce dont nous aurions pu pâtir à ne plus avoir froid pour ces fêtes-là, la célèbre bûche. La fameuse bûche ? Là, je ne m’aventurerai pas, car comme on dit, tous les goûts sont dans la nature, et je ne possède pas tous les goûts, d’ailleurs, à vrai dire, rien ne remplacera jamais la nature et le naturel.

La bûche donc. A choisir, je la préfère de bois, de chêne même, à l’écorce encore présente, sculptée à souhait, aux plis bien serrés afin que les flammes dansent élégamment tout autour, se jouant des creux et des bosses, réchauffant le bois, en exhumant les éthers qui viennent exciter le feu et réchauffer tout le monde. Elle crépite, brille, éclaire de lumières sans cesse changeantes, elle vit et apporte cette vie au foyer. Joli double sens que celui de foyer, bien sûr. Mais voilà, l’hiver étant à se rejouer la partition du printemps en automne, nous voilà contraints dans nos maisons trop isolées à ne point rôtir la bûche et afin de ne point trop nous attrister de vouloir la dévorer. Bûche pâtissière ou bûche glacée, voilà une question de saison, et peut-être que par trop d’année de saturante bûche pâtissière ma préférence est toute faite pour ces fêtes à la bûche glacée, sous réserve, et oui, quand même, on ne se refait pas, sous réserve disais-je qu’elle soit de bon goût ou plutôt à mon goût !

Le chocolat coule trop en abondance durant les jours autours pour ne pas en faire le parfum premier. La chimie aromatique n’étant pas toujours au point sur certains parfums exotiques, là aussi, je préfère éviter. Les fraises ne me plaisent qu’aux naturels de leurs fraicheurs en fruits, aussi je les fuis en confitures, bonbons et autres douceurs glacées. Le cassis ne me réjouit plus depuis un sirop de l’enfance trop pris pour combattre je ne sais quels maux, donc de cassis, point ici. J’aurais bien aimé parfum haricots verts ou bien girolles mais non, les créateurs ne sont pas aussi créatifs, c’est donc pour mes tifs. Grand-Marnier, praliné, noisettes, …hum voilà qui attire les papilles, mais oublions marrons et autres châtaignes, menthe ou abricot, bref, restons classique et continuons de lire la carte des desserts de façon assidue. Mais où vont-ils chercher tout cela ? Certes, si Noël est ciel bleu et douceur des températures, la mangue, la noix de coco, les fruits de la passion sont des parfums de moins en moins exotiques et semblant si naturels à la lecture de leurs associations… Difficile de faire un choix, je vois d’ici la tronche du nain qui n’attend que mon bon vouloir pour venir se planter dans ma future bûche, entre le champignon de meringue et le sapin de plastique, sans oublier les traditionnelles haches et scies en plastiques, si, si….. Même la mousse verte sur les vieux troncs de bois à laisser la place aux mousses de fruits, légères et parfumées. Bon, j’ai beau lire, j’ai beau voir, toujours point de choix, décidément, je regrette ma bûche de chêne au foyer flambant neuf.

Trêve de choix, point de choix, la bûche cette année sera tarte aux pommes, ou mieux, de ces délicieuses croustades aux pommes si rurales et si fondantes qu’on trouve encore dans ces petits villages du Couserans. Voilà oui qui ravit mes papilles et fera du dessert un plat de choix, un dessert appréciable sans aromes artificiels, un peu de pâte, des pommes, du sucres et quelques gouttes de ce précieux breuvage digne de nos plus grands mousquetaires, j’ai nommé l’armagnac. Quelques gouttes, oui, mais de vraies gouttes tout de même, l’aromathérapie reste une médecine très naturelle et tellement douce au palais… 

Buée de Noël


La période actuelle des fêtes de fin d’année ne doit pas faire oublier que le vécu des uns n’est pas le vécu des autres, l’euphorie du moment n’est pas forcement partagée, ni même particulièrement bien ressentie selon où l’on se situe. Comment échapper à ces flots incessants de mièvreries ? Comment arriver à se détacher et prendre avec le sourire ces messages bons-enfants d’un clic de souris direction la corbeille ? Comment arriver à fermer les yeux sur ces lumières brillant que de trop dans la période plus sombre ? Difficile de faire un pas sans voir ces airs de fêtes, ce clinquant, cette débauche de moyens à seule valeur mercantile. On parle de trêve, drôle de trêve où le rêve n’est hélas pas partagé. Qu’importe. Les seules compassions viennent de la nature, cette mère nourricière qui sait quand ses enfants pleurent les prendre, les chouchouter, leurs servir ses petites attentions qu’ils aiment tant, de façon presque anodine, tellement câline que c’est un vrai attendrissement et un grand feu de joie pour les cœurs blessés. Qui sait mieux offrir ses trésors, écouter sans parler, jouer des couleurs, des odeurs et des sons pour bien nous réconforter que notre mère nature ?

Quelques pas au jardin, la rosée du matin a glissé ses perles sur la toile d’une araignée partageuse, plus loin, ce sont des drôles de champignons dessinant des cercles parmi les brins d’herbes encore bien vert. Le camélia ose pointer ses premières fleurs, fragiles mais fièrement colorées. Le bassin joue encore sa mélodie en cascade tandis que les poissons donnent leur ballet à qui veut se laisser prendre au jeu de la contemplation. Voilà en un espace clos les premiers rayons de douceurs. Mais au-delà ? Cet au-delà qui fait peur, cet ailleurs qu’on n’ose pas visiter de peur de s’y perdre, osons puisque partout s’étend le territoire de notre mère nature. Quelques tours de roues et voilà les petites routes, les petits villages, les jeux de couleurs des constructions, la pierre blonde répondant au rouge des tuiles et aux verts des volets, les fleurs encore présentes, les arbres pas tous dégarnis, les ombres répondant aux rayons du soleil, quelle palette offerte, quel aspiration pour la mélancolie, qu’elle inspiration pour la vie. Un chemin, un croisement, tiens allons par ici, prenons plutôt par-là, allons saluer le vieux moulin, mais quoi ? Le voilà tout beau dans ses habits neufs, brandissant joyeusement ses ailes neuves devant le capot, quel plaisir de le voir sorti de sa retraite et, il faut bien l’avouer, de sa décrépitude. Trésors de nos campagnes, un état d’esprit et une approche plus communautaire des choses, embellit tellement le tout, un peu comme lorsque un orchestre joue la même symphonie sous la baguette d’un même chef, chaque petite attention, chacun des travaux, restaurations, remise en peinture, fleurs, jardins, tous ensemble donne le ton d’une grande et belle carte postale. Cette carte postale-là, elle est bien vivante, elle est offerte aux regards, ceux qui quittent la grande route là-bas pour s’en venir flâner sur les chemins plus tortueux mais tellement vivants de nos départements.

Une belle échappée, nécessaire pour s’en aller cueillir un bouquet d’énergies là où elles poussent, une promenade réconfortante dans ces lieux où même les décorations de noël ont su garder cette candeur convenant le mieux à la période, de jolis paquets accrochés arbres tout le long du village, un côté naïf et bon-enfant qui sied bien mieux à la magie de Noël, peut-être parce qu’à travers cette naïveté, c’est celle de notre enfance qui nous revient, et même si de ce temps-là la buée remonte pour brouiller notre vue d’adultes, elle y apporte les parfums, les douceurs, les joies simples dont on se passe trop souvent. 

Fées d'hiver


Puisque ce monde est monde, enfin,
Puisque nous n’en verrons jamais la fin,
Sachons au moins voir en chaque jour
Les trésors qu’ils nous offrent toujours.

L’hiver est en gaité, en beauté, ensoleillé,
Il offre une lumière magique sur les rouillés,
Et si l’automne n’a su se parer de couleurs
C’est l’hiver qui offre ces ocres douceurs

Quoi de mieux qu’un véhicule hors du temps
Pour partir à contre-courant des foules, voir,
Goûter en ces petites cités ces joies d’autan,
Chacune préserve en son intimité, venez voir,
Une halle, des arcades, des bâtis différents
Une architecture et des couleurs personnelles

Quoi de mieux que de rouler paisiblement
D’apprendre à manier le volant en chaque tournant,
De se réjouir des longues allées de platanes rouillés,
De reconnaitre les chênes à la rousseur des feuillées,
De contempler la majesté de la chaine des Pyrénées,
De jouer à chasse frontière entre Gers et Haute-Garonne,
Flirtant et tutoyant aussi, Lot et Garonne et Tarn et Garonne
Tours et détours sur ces belles routes en si jolies contrées

Un chasse-spleen comme un autre sans doute,
Un plaisir au son si caractéristique du bicylindre,
Une automobile qui va, couine et grince sur la route
Un orchestre, une symphonie de plaisirs sans feindre
Il est ainsi des joies simples, des moments premiers
A cueillir sans calcul, à vivre comme une priorité
Parce que c’est l’hiver, parce que c’est l’été
Parce qu’il fait beau, parce qu’il est ciel bleu
Parce que c’est l’été de l’hiver, parce que…

Pourquoi se priver ?
il y a toujours quelque chose à voir
il y a toujours une fête, un été
Il suffit d’en vouloir connaitre et voir
Les couleurs, les saveurs, les fées


   

Notre terre


Puisque nous sommes à la veille de Noël, puisque nous sommes pour certains à préparer la veillée de Noël, puisque cette nuit célèbrera avant tout la naissance de Jésus, n’oublions jamais qu’il est né dans un étable, entouré d’un bœuf, d’un âne, de brebis, d’agneau, de moutons, de chèvres, de boucs, de bergers et de ses parents. Plus tard, des rois mages, princes venus d’orient sont venus lui porter des cadeaux.

Si cela a bouleversé l’histoire, notre histoire, n’oublions jamais que nous étions tous présents, parents, enfants, bergers, âne, bœuf, moutons, brebis, agneaux, boucs et autres chèvres, et comme cela ne suffisait pas, plus tard les cheiks venus d’orient ; Aujourd’hui encore, nous sommes là, bœufs, ânes, moutons, agneaux, boucs, brebis, chèvres, parents et enfants de notre grande filiation, et aujourd’hui plus que jamais, les chèques venus d’orient viennent non plus offrir des cadeaux mais s’offrir leurs cadeaux. Ne soyons pas des ânes à ne rien vouloir voir, ne soyons pas des bœufs à applaudir des deux mains lorsque notre patrimoine, nos stades, nos équipes et bientôt nos valeurs seront transformés en pétrodollars, ne soyons pas des moutons à nous laisser tondre, ne soyons pas des agneaux à ne croire qu’à des gestes généreux, ne soyons pas des chèvres à vouloir braver ce qui sont nos valeurs, ne soyons pas les boucs émissaires d’émirs en désirs de claquer un argent trop facile et trop conséquent, soyons parents, pensons à nos enfants, ceux des générations à naitre, à venir et en devenir. Prenons conscience que rien ne nous appartient, mais que nous ne sommes que locataires temporaires de choses auxquelles nous attachons une valeur qui n’est pas LA valeur.

La terre est à tout le monde, on l’habite, on ne se l’approprie pas.

La terre est à tout le monde, locataires, imparfaits présents au futur à venir.

La terre est à tout le monde, le dessus comme le dessous, les ressources comme les sources.

La terre est à tout le monde, la monnayer n’est pas naturel mais terriblement cupide.

La terre est à tout le monde, les frontières ne sont pas naturelles mais fratricides.

La terre est à tout le monde, soyons-en fier et pensez qu’elle ne vous appartient pas.

La terre est à tout le monde, mais d’abord à vos enfants, c’est pour eux que vous semez et que vous plantez. C’est contre eux que vous épuisez et que vous percez, dilapidez ses richesses, détruisez les couches les plus profondes de votre propre poussière. De la terre, l’homme est issu. On ne tue pas sa mère, on la respecte, on la protège, on la choie.


Faisons nos choix avant d’être arrivé à « trop tard ».



Belles fêtes de fin d’années qu’elles puissent être prise de conscience qu’elle que soit la façon dont vous les passez.
    

Vouloir


Transhumance d’hiver, la cloche sonne et le monde se rut vers les points de convergences riches en cadeaux, c’était pourtant pas mal le concept du père Noël ! Ces flots d’humains sont sans humanité, un vrai serpent monétaire qui bloque les routes de ces anneaux, dévalise les boutiques, avale des tonnes d’huitres, de foie gras ou autres volailles. C’est qu’il sort d’une grande léthargie ce pauvre serpent, il st affamé et consomme sans regarder à la dépense, quitte à s’en rendre malade pour les onze mois suivants, et comme on a peur qu’il se perde, ne voilà-t-on pas qu’on a délicatement bordé son trajet de belles lumières clignotantes à faire rougir une facture électrique si dans le même temps, on ne prenait garde de couper le courant chez ceux qui ne peuvent plus payer. C’est cela le juste équilibre, le trop plein se compense par l’éviction de ceux qui ne peuvent pas payer. Le soleil brille pareil pour tout le monde, l’électricité non. Avez-vous essayé de vous passer d’électricité durant quelques heures, quelques jours ? Mais sans électricité, point de pompes électriques pour acheminer l’eau à vos robinets, point de chauffage puisque même une chaudière à gaz, mazout, bois et autres granulés nécessitent une pompe électrique pour que l’eau circule dans tous les radiateurs. Que dire des télévisions, téléphones, internet et autres feux tricolores ? « C’est beau une ville la nuit » gouaillait Richard Bohringer, mais enfin, ça brille plus par ses lumières que par la profondeur de son obscurité, non ?

Notre monde est technologique, soit, mais est-ce une raison pour qu’il soit partial, injuste et déséquilibré ? Comment peut-on dépenser en pure perte des mégawatts d’énergie et oser couper les quelques kilowatts d’une famille accidentellement défavorisée ? Comment peut-on se regarder dans une glace lorsqu’on pratique ses actes là ? Comment peut-on être heureux de fêter ces fêtes de fin d’année lorsque dans sa propre famille, certains ne seront pas à la fête ces soirs-là ? Je ne parle même pas des autres, ces étrangers qui ne peuvent rester qu’étrangers, quand bien même ils habitent le même immeuble, le même palier, le même quartier. L’étranger reste inconnu, et l’inconnu fait peur, c’est connu, mieux vaut garder sa peur et la nourrir à s’en rendre malade plutôt que de …. Mais non, c’est ainsi que va notre monde, ainsi que s’enferme et s’isole en clans fermés à double tour les êtres qui composent notre monde, ainsi que les êtres s’enrichissent en avoirs au détriment d’être, tout simplement, un simple changement d’auxiliaire, une simple transformation. Comment peut-on devenir vivant lorsqu’on se terre dans son propre monde, lorsqu’on revêt ses œillères au port bien serré ? Si ce monde explose, que de richesses éparpillées et mal employées. Puisse le monde suivant fonctionner différemment, puisse-t-il se parer d’autres valeurs et remettre le matériel et la technologie à leur juste place de service et d’aide plutôt que paraitre et d’avoir. Puisse les Hommes devenir humains, puisse l’égalité devenir supérieure à la supériorité qui ne génère qu’infériorité. Puisse les peurs disparaitre, la communication s’établir et chacun trouver une place dans la grande famille des êtres.

Il est d’usage en fin d’année de faire le bilan, son bilan. Puisse chacun apporter un regard neuf et bienveillant sur sa vie, mieux en voir les manques, non pour s’en attrister mais pour veiller à mieux vivre cela l’an qui vient, en comblant les manques, en réalisant quelles sont les priorités, en se donnant le temps d’être. On peut être soi sans n’être que soi, on peut trouver sa place même lorsqu’on n’a pas de place, on peut dès lors qu’on le veuille. Puisse les Hommes vouloir, oui, c’est cela, juste vouloir, le premier pas sera déjà tracé…

Echéances


Echéances de fin d’année, succession bien rythmée de date à une semaine d’intervalle, pour la première fois depuis longtemps déjà, succession de case vide ou bien de notes noires jouées en trois temps, trois mouvements, ainsi va la vie. Paradoxalement, ce vide, ces absences ne sont pas un manque, un creux, mais plutôt une façon de désynchroniser d’un mode trop imposé et trop imposant depuis ma nuit des temps. L’année n’est pas encore achevée que son bilan est déjà bien plein, riches d’émotions, belles et cruelles, douloureuses et heureuses, les notes basses répondant aux notes aigües, accords, désaccords, ainsi s’en va la vie. Naissance, maladie, accident de la route, accident cardiaque, mariage, chacune des notes à son propre poids, sa propre tonalité qui résonne et persiste jusqu’au plus profond du corps. Lorsque on est né en fin d’année, il n’est déjà pas simple de trouver la place de sa date au milieu des dates imposées, il n’est pas simple d’être festif lorsque l’année dresse son bilan, encore moins lorsque la même date vient frapper un nouveau coup, lorsque la veille déjà un autre coup avait déjà frappé. Les basses résonnent, vibrations sourdes et prenantes jusqu’au plus profond de mes os. Un ras le bol, mais au fond, que pouvoir y faire ? Un envie de dire stop, mais personne n’écoute. Un repli, un oubli, un abandon, non pas de soi, mais des dates, des coups, un mode sourire et soutien, utiliser l’énergie pour faire du bien, répondre aux coups par des sourires, resserrer la voile autour des siens, proches ou amis, ceux qui sont là, vraiment, détacher les cordes des lests, des ballons, des boulets, des faux liens, exister dans son périmètre, être.

La vie est faite de choix, d’épreuves, d’expériences. C’est ainsi que se pave notre chemin, ainsi que se déblaie notre route, ainsi que nous dressons notre être face à l’adversité, par les leçons, par les réponses que l’on donne aux coups et au cours des choses. Bien sûr, lorsque je regarde dans le rétroviseur, je reconnais que parfois, l’envie de descendre, l’envie de se battre contre des moulins à vent mauvais ont pris le pas, inutilement. On ne combat pas l’inutile, on ne descend pas du train en marche parce qu’on n’a pas aimé la gare précédente, non, on avance, on apprend, on construit, on se construit. Hier est passé, il a donné sa vision des choses, ses leçons ; On les a reçues avec le regard d’alors, les envies d’alors, il est inutile de les juger avec la vision d’aujourd’hui. Demain ne sera que si l’on vit aujourd’hui. Il n’y a pas de segmentation du temps, un livre pour le passé, un livre pour le présent, un livre pour le futur, non, tout est en continu, tout comme sur nos bons vieux Bescherelle égrenant les conjugaisons et les temps de chaque verbe sur une seule page. On est tous une seule et même page, notre page, et c’est nous qui l’écrivons, alors prenons notre temps, prenons notre inspiration, notre respiration et écrivons, remplissons-là de notre plus belle écriture, avec patience et réflexion, il n’y a pas de Blanco, pas de gomme, juste de l’encre, je pourrais dire, de l’encre de Chine comme on disait dans ce temps où cela était signe de qualité… Evitons les ratures, écrivons nos vies, et si parfois le rythme se ralenti, se pose parce qu’une note basse est venue frappée le désaccord, ce n’est que pause, leçon, digestion, arrêt sur image le temps de reprendre ses esprits et de reprendre son chemin, le chemin.

La maxime populaire dit qu’on apprend à tout âge. C’est clair que chaque jour distille ses leçons, on a le choix de les apprendre ou pas, de les retenir ou pas, de toute façon, une leçon non retenue se représentera à vous tôt ou tard, parce que la vie n’est qu’une évolution, qu’elle vous conduit à grandir, à vous construire quitte à ce que cela soit malgré vous. Cette année est une année blanche pour cause de notes noires, c’est ainsi, demain sera un autre jour, l’année qui viendra aussi sera une autre année, avec bien sûr, son lot de naissances, de maladies, d’accidents, de mariages, de leçons, de décès, de pleurs et de rires, mais elle sera autre, et vous la verrez autrement parce que vous serez autres, parce que vous serez différents, ainsi va la vie, les vies, la loi de la vie. On écrit tous sa page, son histoire, on frappe tous les coups de notre horloge selon notre rythme. Aujourd’hui plus qu’hier, je sais et je sais que demain je saurai encore plus, ce n’est pas le vide d’aujourd’hui qui l’emporte mais plutôt la richesse du plein qui le complète. Il y a un temps pour tout, une marche après une autre, un pas après l’autre. Toujours.           

Libre


L’air chargé d’embruns fouettait ses joues, il s’amusait à voler au plus près des vagues à la limite d’être happé par un de ces gerbes d’écumes prête à l’engloutir. Il se sentait léger, jouet des éléments, tel un cerf volant qu’un enfant viendrait faire virevolter au ras des flots, lui, il était assis sur la sellette de ce parapente à moteur. Si ce n’était pas le bruit, il se prendrait pour un oiseau, glissant dans les courants d’air, venant tutoyer la dune, replongeant vers l’écume, un jeu entre sable et océan, une communion parmi les éléments. C’était toujours une joie d’être ici, c’est un vrai plaisir de profiter de ces endroits déserts et de sentir libre, seul au milieu des immensités, l’eau, le sable, l’air, jouant avec le feu en quelque sorte même si c’était plutôt avec les flots.

Il y avait du plaisir en toute saison, dans toutes les journées, quel que soit le temps, la météo, la nature offre ses trésors à qui sait les cueillir, les vivre et profiter d’en profiter. De longues marches, de courtes balades, des promenades à cheval, une sortie en vtt à travers la forêt, nager dans les vagues et là, se prendre pour un grand oiseau mécanique et jouer à saute-rouleau. L’existence est tellement riche de sensations que même venir lire ici, sur la plage ou tout simplement ne rien faire d’autre que de regarder le soleil décliner inexorablement jusqu’à s’embraser en touchant les flots devenait un luxe suprême. Certes, il n’avait pas toujours vécu ainsi, et c’est sans regret qu’il se rappelle la vie passée, les horaires de bureau, les réunions stressantes et les bouchons sans cesse plus longs, plus pénibles qui venaient dévorer les énergies matins et soir, jour après jour. A force, il avait fini par tout plaquer, quitter son pose, quitter ce monde urbain devenant sclérosé, tout vendre pour s’en venir là où était sa source, ses énergies, ici, au bord du monde, là où la terre s’efface devant la majesté de l’océan, là où la nature appelle à vivre, avec elle et par elle, là où s’aimer s’imposait comme une évidence. Un changement de vie, un changement d’envies, une rupture, des ruptures, de vie, d’envies, on ferme un tome, on en écrit un nouveau, différent, très différent. Combien de tentatives de dissuasion avait-il reçues ? La famille, les amis, les collègues et même son patron, mais non, le pas était décidé, le pas fut franchi et sans regret il s’était posé ici. Des petits boulots, des jours sans lendemain, une seule certitude, ici, il respirait à plein poumon, ici, il ne revivait pas, il vivait, tout simplement.

Il y eut les galères, les mois difficiles, puis, peu à peu, les choses se sont mises en place, sa société, puis très vite, la mise en gérance et un rythme plus en phase avec ses passions, avec ses envies de vivre et de vivre pleinement des trésors d’ici, non pas pour les vendre, mais pour en profiter, à satiété, à pleins poumons et…presqu’à temps plein. Comment peut-on être plus heureux ? Il n’est nul besoin de parcourir le globe en quête d’évasion lorsqu’on sait s’évader dans son quotidien. Comment avait-il pu attendre si longtemps avant de vivre ? Il n’enviait pas sa vie passée même si elle était mieux rémunérée, aujourd’hui, les dépenses étaient bien moindres, l’équilibre bien plus fort, et les bienfaits sans aucune mesure, c’est cela qu’il aurait du faire plus tôt, mais on ne choisit pas toujours, ou plutôt, on ne voit pas les choses de la même manière. La ville est une bête qui vous mord à coups de crédits, de morsures dans vos énergies, de vies sociales disparaissant dans la lutte de chacun face à ce bien s’épuisant chaque jour davantage, le temps. Chacun cherche son temps, son rythme, se voir devient de plus en plus dur, tandis qu’ici, on se croise, on se sourit, on parle aux commerçants, aux caissières, on prend  le temps d’un café en terrasse, d’un tour de vélo sur le front de mer, d’aller chercher son poisson sur le port, de cuisiner avec envie selon les pêches, de vivre, tout simplement. Dès lors, comment peut-on voir la vie moins belle qu’elle n’est ? Lassé de l’océan ? A quelques tours de roues, les montagnes sont là. Envie de voir la ville, un train, de la route et voilà la foule étouffante d’un monde bien plus gris que les jeunes goélands et surtout, moins rieur. Non, ici, c’est ici. A chacun son paradis, lui, c’était ici et nulle part ailleurs, un luxe dont il ne se lassait pas, jamais.

Devant la jetée flottant sur l’onde indiquait le port, il était temps de prendre le virage et de rejoindre les dunes, d’aller se frotter aux alizés avant de rejoindre le point de départ et de se délester de cet étrange attirail. Ravi d’avoir vibrer entre le monde d’en haut et celui d’en bas, promis, la prochaine fois, il sera oiseau, libre de voler ici comme sur les cimes et les cols des montagnes vertes, dans ce trait imbécile que le cartographe zélé a mis pour briser un pays dont l’unité se passe de frontières, celui des êtres libres, les oiseaux, les pottocks, les brebis manechs, les fougères comme les hommes d’ici. La liberté n’a de frontière que celle avec d'autres libertés.         

21.12.2012


Voici que le calendrier perd ses dernières feuilles, l’automne sonne son glas, l’hiver viendra en rescousse au crépuscule du solstice, ou…ne viendra pas ? Il est vrai que je n’ai pas encore reçu mon calendrier maya, pourtant, celui des postes trône déjà fièrement au mur, voilà qui quand même est troublant : « comment cette entreprise si réputée pourrait oser vendre un calendrier pour un an qui ne serait pas ? »  De même que toutes nos administrations n’ont cessé de nous envoyer les échéanciers pour les impôts, les taxes et autres factures… Non, non, ce n’est donc pas possible que tout s’arrête là, demain !
Bon, ok, au cas où…. Je voulais quand même vous remercier pour ces belles pages de vies écrites et lues ici, pour ces quelques commentaires, bon, là, vous ne vous êtes pas trop foulés, mais bon, cela dit, moi non plus, je ne me suis pas trop foulé, c’était avec plaisir, pour le plaisir et par jeu, jamais une corvée, et si certaines années la récolte fut plus maigre c’est ainsi dans nos courses aux temps et aux idées, autant les idées viennent parfois toutes seules, autant parfois les idées prennent la poudre d’escampette. Merci donc.
Que dire d’autre ? Quoi ? Bugarach ? Ah oui, la montagne magique… Savez-vous que la magie n’existe pas ? Il y a toujours un truc, et là, il est assez balaise : Petite leçon d’histoire puis de géographie…

L’histoire : Imaginez un peu ces pauvres mayas, ne possédant plus de place pour graver sur la pierre plus de cinq mille années à venir, terminent la page par des points de suspension après le vingt et un décembre deux mille douze. Une chose entrainant l’autre, vous savez ce que c’est, les voilà partis à d’autres occupations, comme la récolte du cacao ou bien la torréfaction du café, ou bien encore les plantations de stévia, peut-être même la fermentation du maïs, en tout cas, le travail administratif a pris du retard, aucune urgence, ils avaient pris plus de cinq mille ans d’avance. A force de se disperser dans trop d’activités, les voilà disparu. Là-dessus, l’usure du temps a, on ne sait trop pourquoi, gommé ses fameux points de suspension, et puis, le temps a passé, tranquille. De temps en temps, un individu s’en est venu sur le chemin de ces lointains mayas, ramassant un bout de pierre, dégageant un temple, cherchant une trace de civilisation et soudain, exhumant des bureaux pourtant fermés à triple tour de l’administration le fameux projet de calendrier éternel. Du travail de recherche, de lecture, de déchiffrage rendu compliqué parce que Champollion était parti en vacances en Egypte, et boum badaboum toc toc, quoi ??? Le calendrier s’arrête au vendredi 21 décembre 2012 après la classe, c'est-à-dire 17H32, heure locale. Mais quoi ? Que va-t-on devenir ? Bon, à cela, quelques précisions : le 21 décembre 2012 à 17H32, cela se traduit par le 22 décembre 00H32, méridien de Bugarach. Donc, ne vous réjouissez pas trop vite, si à la naissance du 22 vous êtes toujours vivants. Pas de raison d’avoir peur, vous voyez, comme dans un tour de prestidigitation, vous avez focalisé sur la main droite tenant cette fatidique date pour en oublier que la main gauche masquait les points de suspensions d’un travail inachevé. Ça, c’est pour l’histoire.

La géographie maintenant. Bugarach. Et oui, cette montagne est magique ! Elle est le point culminant des corbières et à ce titre, elle offre un panorama sur les reliefs alentours lorsque les nuages ne s’y prennent pas les pieds et y restent accrochés, de là à la considérer comme magnétique ou magique, il suffit de voir partout ailleurs ou un sommet dépasse d’une tête ou deux le reste des reliefs, le phénomène est identique. Le signal d’Alaric par exemple ou bien encore le Pic de Nore pour ne parler que des plus connus de mon carnet de randonnées. D’ailleurs, vivement qu’on puisse retourner randonner en ces lieux, enfin débarrasser de ces mouvances ésotériques.

Bon, ce n’est pas le tout, il faut que je file acheter du gros sel et des bougies pour purifier le tout, sans oublier des gousses d’ail au cas où une flopée de vampires s’en viennent boire un coup chez moi, oubliez les crucifix, les mayas n’en avaient pas… ça me fait penser qu’il me faut acheter un calendrier sans oublier itou et puis quelques feuilles de papier pour écrire, et surtout, ne jamais perdre le sourire… Tiens, j’ai failli oublier, j’avais aussi des choses en cours, j’y cours !       

L'homme sans visage


Quel impression étrange de déambuler ainsi au milieu de la foule sans avoir le sentiment d’exister, d’être vu, d’être perçu plutôt, car on peut voir sans voir réellement. Il était calme, détendu, marchait d’un pas tranquille avec le sentiment d’être un fantôme, libre d’aller et de venir, libre d’écouter, d’entendre mais sans être entendu, sans être vu. Une foule, c’est anonyme, c’est confortable pour disparaitre, mais ce même sentiment lui arrivait lors de réunions, qu’il s’agisse d’activités sociales ou bien professionnelles, parfois même lors de grandes réunion familiales. « Qui suis-je ? » c’était-il maintes fois demandé. Je suis ici car je vois, je vis, je respire, je sens, j’entends mais pourtant les gens ne semblent pas me voir, mes mots n’atteignent pas leurs oreilles, je reste inaudible et invisible. Bizarre. Le plus étrange, c’est que même sur les photos de groupes, il n’y était pas, toujours caché, une main malencontreuse, une personne qui glisse devant, absent.

Combien de fois enfant avait-il rêvé d’être l’homme invisible, de pouvoir ainsi se faufiler en toute tranquillité dans  les endroits les plus divers, visiter, voir, découvrir, s’en aller visiter l’envers du décor. Pour le coup, il y était là dans l’envers du décor. Que ce passait-il ? De quel côté du miroir était-il ? « Non, ce n’est pas possible, le monde des vivants est bien le mien, serais-je donc insignifiant pour ainsi disparaitre aux yeux et à la vue de tous ? » Question après question, doute après doute, expérience après expérience, il se sentait être « celui qui n’est pas là » variante très différente de « celui qui n’est plus là ». Un manque de lumière ? Une absence de brillance ? Des ondes trop basses ? Parler pour ne pas être entendu, celui à qui on coupe sans cesse la parole, ça prouve bien qu’on ne l’entend pas, non ? Une fois, deux fois, on pourrait trouver des explications, presque des excuses à cela, mais là, c’est quasi permanent, la foule, le monde, quelques personnes suffisent à lui pomper les ondes et à l’estomper, élément d’un décor dont on ne se souvient pas. Au début, cela l’avait embêté, chagriné, il n’était pas facile d’accepter cela, mais au fil du temps, il en avait pris le parti, la mesure et s’amuser à disparaitre ainsi, se rappelant aussi certaines lectures évoquant par ce biais la disparition soudaine du peuple des Andes, un peu comme si on possédait un bouton pour devenir soudainement invisible, un effacement de soi qui laisser tout loisir à voir, entendre, mais ne pas communiquer jusqu’à ce qu’un quelconque, peut-être extralucide se tourne vers lui et lui demande son avis. Vite, un geste de panique, revoilà l’image et le son en mode ouvert, sorti de sa veille, il redevenait un parmi les autres. Un jeu certes, dont il faut maitriser les règles pour y jouer et ne jouir pleinement, parce qu’il n’est pas simple d’être sans être mais au final, on en mesure combien on s’attache au fait de paraitre plutôt que d’être. Paraitre dans la foule c’est se perdre d’être pour devenir visible, prendre les couleurs qu’il sied pour franchir les filtres des autres, disparaitre dans un commun que d’aucuns nomment normalité.

Mais qu’est ce que ça         veut dire « normalité », être normal, à quoi cela correspond-t-il ? Des années de perturbations envolées en fumée, il avait fini par disparaitre, il n’était plus, enfin, il n’était plus de ceux-là, il était lui, une sorte de référent auquel on vient se référer dont on loue la présence discrète et qu’on vient parfois titiller de son faux sommeil pour quérir le juste conseil, la synthèse ciselée de longue discussion et de cela, il en avait fait son métier, avec une relative brillance, cette brillance qui manquait autrefois, à moins que trop brillant elle faisait toc et en était mal perçue ? Le différent fait peur car il oblige à sortir de son périmètre, sortir de son cadre de référence  et nous mets automatiquement sur nos gardes réveillant ainsi un fort instinct de conservation. Qui que nous soyons aujourd’hui, nous gardons toujours les marques de fabriques de dons gènes reptiliens. Se mettre en danger n’est pas une chose normale pour l’Homme mais au fond, qu’est ce que la normalité, la norme, les normes…. L’énorme, oui, tout cela était énorme mais pourtant tellement vivant.      

Merci


Tout au long du jour, à vrai dire dès l’aube encore dormante,  ce sont des fleurs, une à une venue par tous les moyens que notre monde moderne nous offre pour communiquer. 

De proche comme de loin, elles se sont relayées pour  éclairer ma journée, aider cette bougie nouvelle à bien s’allumer, un signe d’amitié, un lien familial, chaque fleur est belle, unique, fidèle et toutes ensembles s’en viennent constituer le bouquet d’un jour précis dans une vie précise, la mienne, aujourd’hui. 

Bien sûr, il y a la vie, les tracas, les émois, les oublis, les silences, les mots, les sanglots, les rires, les émotions, c'est tout cela qui en fait le charme, et, c'est à tous que je pense, les mots comme les silences, les attentions comme les absences, les rires comme les non-dits...



De ce bouquet joyeux, coloré, 

parfumé aux effluves de mille passés,

De ces marques, je marque ma journée,

Et au crépuscule couché,

Je viens à mon tour vous adresser

Une modeste fleur

Cueilli en mon cœur

Une pensée

Un baiser

Mille sourires

Pour chez vous fleurir

Autant de joies, de bonheurs

Qui bercèrent cet anniversaire.



Merci.
(dj)

Sapin


Dans l’euphorique approche des jours de fêtes, parce que la quête de l’instant de plaisir devient la seule importance d’un quotidien, le monde avance, en tout égoïsme, bien à l’abri des balles et surtout, le regard bien clos sur d’autres réalités moins poétiques, moins idylliques que ces papiers cadeaux colorés et ces rubans amoureusement frisotés. Dansez peuples du monde, rêvez de ces jours festifs qui, s’ils sont trêves dans la chasse aux économies ne le sont pas, hélas, face à d’autres cadeaux de la vie. Je ne parlerai pas du crabe, fort, puissant, sans cesse affamé qui ronge, grignote, gagne, repart, mais non, ce n’est que recul pour mieux sauter à la gorge, ce n’est que stratégie de fausse retraite pour mieux revenir à la charge. Je ne parlerai pas de ces autres formes de guerres lasses dont on se lasse à raison mais par-dessus tout à tort parce qu’elles sont trop lâches pour vous faucher d’un seul coup, parce qu’elles sont trop molles pour l’emporter sans votre accord, et que non, accord il n’y aura pas, parce que merde, vivre est la seule des maladies qu’on veut affronter, parce que notre monde, ce sont ces gens, cette famille, de sang et de cœur, et que si par mégarde, l’attention se relâche, si par fatigue, on aspire au laisser aller, alors c’est par eux, à travers eux, pour eux et grâce à eux qu’on vaincra. Parce qu’il n’y aura pas d’autre issue possible que la victoire, contre ces fléaux, contres ces torts, et que si le tort tue, ce n’est que lui-même, suicide de maux dans un soleil de vie.

Alors, oui, je pense à ces gens, proches, familles, soutiens, qui ne vivront pas les fêtes comme les autres années, qui ne verront peut-être même pas s’illuminer le calendrier, et si le sapin ne brille que par son absence, si la préoccupation du moment n’est pas la grosseur de la dinde ni de faire clignoter tout le jardin, c’est juste que l’énergie, les énergies s’en vont vers ceux qui n’ont pas besoin de le demander, ceux qui combattent et aussi, ceux qui les aident à combattre. Et si le vingt-et-un doit être la fin du monde, puisse-t-il être la fin de ce monde de mauvaises blagues, de maux, d’égoïsme et de passivité. Nous sommes tous porteurs potentiels d’un tas de choses, ne gardons pas pour nous les bonnes, c’est un feu qui brûle en nous, une flamme qui vacille parfois, juste parce qu’elle n’a pas l’oxygène de notre confiance, juste parce que nous même n’avons pas notre confiance. Soyons, prenons confiance, élevons notre flamme, faisons briller un grand feu en additionnant toutes nos flammes pour que le monde s’éclaire de cette force et que les maux s’en trouvent définitivement mal. Il n’est ni politique, ni religion, ni association qui ne peuvent accomplir cela, juste des êtres réunis, groupant leurs forces, donnant leurs énergies. Ce n’est pas le contenant qui compte, mais le contenu. Il n’y a pas de tristesse, ni d’apitoiement, parce que cela ne sert à rien, parce que se résigner c’est signer son accord de perdre, non, la force est dans l’espoir, dans la volonté, quel que soit le combat, «vouloir c’est pouvoir » disait une de mes anciennes institutrices avec tellement de justesse et de raison, pourquoi faut-il mettre tant de temps à comprendre les choses ?

Pourquoi devons-nous toujours être confrontés à quelque chose pour enfin murir les leçons entendues mais non sues ? Quand l’Homme cessera-t-il de vouloir tout découvrir par l’expérimentation personnelle ? A quoi sert le partage si c’est pour refaire les mêmes erreurs ? Et oui, on est plus fort que son voisin, plus fort que son enseigneur, plus fort que tout, alors on fonce, on court et on glisse dans les pièges pourtant tant de fois énoncés. Cela a toujours été une volonté de ces dernières années : faire partager ma modeste expérience pour que d’autres gagnent du temps, aillent plus loin en évitant les pièges dans lesquels j’ai pu tomber. La réussite des uns n’est pas la réussite des autres mais l’échec des uns peut devenir leçons et expériences pour les autres. Encore faut-il le comprendre et accepter de s’en servir. Mon grand-père me disait toujours « d’un âne, tu ne fais pas un cheval de courses ». Une sagesse à détruire les hippodromes et à braire à hue et à dia, mais l’âne n’est-il pas celui qui refuse plutôt que celui qui donne ?

En cette fin d’année, non de monde, je fonde l’espoir sur la découverte par l’homme de la puissance de l’humanité, qu’il puisse aussi découvrir le sens du mot fraternité et cesser de jouer à l’apprenti sorcier, et avec, qu’il puisse croire en lui-même, en sa force de combattant, en sa puissance de guérison, sans oublier jamais que le soleil ne brille que dans le ciel, qu’il ne faut jamais cesser de lever les yeux vers lui, de luire avec lui, sans jamais baisser la tête. Au combat, quel que soit le calendrier. Il sera toujours temps de faire la fête quand bien même cela soit à contre-courant du monde. Contre-courant, et non compte-courant, l’essentiel est la vie, d’ailleurs le sapin reste vert tout au long des années, non ? Un symbole de vie, une continuité, une vie…