Au fil de mes routes

Au fil de mes routes,
Aux hasards de mes pas,
Souvent par les petites routes,
Roulant parfois au pas,
C’est la France vraie que je traverse,
Celle qui vit loin des autoroutes
Celle qu’on laisse sur le bord de la route
Lorsqu’on oublie les chemins de traverse.

A l’heure où les politiques
Ces messieurs très pratiques
Qui à grands coups de ciseaux
S’en viennent tracer vos coteaux,
Il suffirait pourtant de prendre le temps
De lire les paysages, d’aller de l’avant
Pour comprendre où s’arrête une région
Un pays, un lieu de vie, une légion

Trop complexe, trop humain sans doute
Pas assez mondain, sans doute

Peut-être faudra-t-il un jour ôter l’humain
Pour mieux en redéfinir l’écrin

Encore faudrait-il oublier l’histoire,
Laisser le château des ducs de Bretagne
Dans une autre région que Bretagne
L’Histoire se dilue dans les eaux de la Loire…

Plus bas, l’Aquitaine reste sur ses pas
Midi-Pyrénées en oublie ses montagnes
Méditerranéennes comme les océanes
Quant au Languedoc-Roussillon, calme plat.

En quoi donc nos anciens avaient-ils tort ?
Lorsque d’un dialecte ils traçaient les contours
Des terroirs regroupés selon la langue d’or
Que la gouaille et le troc n’imposaient pas les tours ?

Une pierre, un couleur, une pente de toit
Une architecture telle une signature
C’est pourtant là le plus simple ma foi
Tout autant qu’une même culture

Mais non, la France d’en bas se dessine par le haut
Ministres et députés en tracent les pointillés
Que des sénateurs suivront ou pas de leurs ciseaux
A leur train, bien sûr, faut quand même pas pousser…
 
 
  

  

Nuit noire

La nuit est noire, immobile et silencieuse, seul le tic-tac d’un réveil s’en vient la tirer de son sommeil. Au fond, la nuit dort-elle ? Je ne sais pas, mais moi je ne dors pas sans pour autant qu’elle ne soit blanche cette nuit-là. Le sommeil est venu d’un coup puis d’un coup il est reparti. Trop de choses, trop de fantômes, trop d’activités, trop, c’est trop. Tic-tac. Agaçant. Se lever, boire un verre ? Non. Sortir prendre l’air ? Non plus. Un bloc, un crayon, des mots qui tombent à l’unisson, au moins, ces mots-là ne tombent pas de sommeil… Je me fous de l’heure qui passe, elle peut bien secouer ses secondes à coup de tic et de tac, mes yeux commandent et mes yeux n’ont pas sommeil. Ils n’ont pas envie de lire, pas plus que de regarder les photos où les dessins, encore moins les tracés et les reliefs sur la carte, non, mes yeux n’ont pas sommeil pas plus qu’ils n’ont envie d’autres choses.

J’écris.
Assis nu dans mon lit, je prends la pose, je pense à autre chose, je trace des mots à la hâte, comme toujours, des mots que je range dans des phrases toutes simples parce que c’est quand même plus joli, des mots qui s’empilent et glissent sur le papier. Bizarrement, c’est un papier couché, voilà sûrement pourquoi j’ai besoin de m’allonger… sourire. J’ai soif, je tends la main vers la bouteille, elle sonne creux, vide et désemparée, elle tombe et résonne sur le plancher, sa façon d’abdiquer. Moi je n’abdiquerai pas, personne ne me fera abdiquer, ni la vie, ni la mort, ni le sommeil, ni l’insomnie, ni la faim, ni la soif, ah…la soif ! Buvons ! Buvons à la santé de ceux qui dorment, buvons à la joie, au bonheur, aux parfums de bonheurs et il est déjà de bonne heure… Faut vraiment que je me lève pour aller chercher une bouteille, fait trop soif par ici. Quand on a soif, on ne rêve pas de cocktail, ni de verre compliqué, juste d’une bouteille à téter au goulot, l’instinct primal, le besoin primaire, l’instant hors du temps, la soif donne soif bien plus que la faim donne faim. Si je pouvais avoir sommeil. Le carrelage est froid, j’ai dû trouer mes pantoufles, à moins que je ne les ai pas mises, c’est bizarre, il me semblait bien qu’il y avait un interrupteur ici, il a dû partir se coucher. Ah, le placard, l’étagère des bouteilles à moitié vide et donc à moitié pleine, ma main caresse l’obscurité à la recherche d’un dernier coup à boire… Fait soif ! Enfin, te voilà….

Je bois.
Debout contre le plan de travail, je bois à grosses gorgées ce liquide frais et bienfaisant. Qu’il est bon de boire et d’oublier la soif dans l’acte. Je bois pour oublier, pochtronne attitude, je sais. Cela dit, se saouler à l’eau de source, c’est long et ça fait plutôt pisser, seul point commun avec les pochtrons peuplant les entrées odorantes des parkings publics. Je bois et j’oublie mais je n’oublie pas que je n’ai pas sommeil, malgré le jour qui nait, malgré le jour qui luit, lui, devant moi qui ne suis pas reluisant. Je retourne à ma couche avec ma divine bouteille, j’ai soif jusque dans mon lit et mes nuits restent agitées, je n’aime plus les nuits, je n’aime plus mes rêves qui sans trêves m’amène sur des rivages sans peur, sans couleur où mes fantômes me tendent la main et m’appellent, moi qui reste sourd à leurs appels, oui, mais jusqu’à quand ?

Je fuis.

Allongé dans la nuit je fuis mes fantômes et mon sommeil qui me fuit et me nuit. Merde. Faudrait quand même pas exagérer, il est tard et mon corps réclame sa dose, il n’a plus vingt ans et craque sous les manques répétés de sa drogue préférée : dormir ne peut nuire, bien au contraire, c’est là le premier docteur, même mon réveil le sait, lui qui dort à coup de tic-tac, avant de bruyamment s’exprimer. Ma plume glisse et s’envole emportant de derniers mots, c’était surement des mots d’adieux, tant pis… allons voir si la rose, non…six roses. Buvons.  Avant d’aller dormir. Ou pas.


Pierre après pierre

Pierre après pierre, les murs se dressent, toujours plus hauts, toujours plus épais, toujours plus solides, l’enfermement, l’isolement plutôt que le banc dans la rue, plutôt que le simple « bonjour » même à l’inconnu, qu’il ait les yeux clairs ou la peau foncée, qu’il ait les cheveux aux vents ou bien qu’elle porte le voile. On se ferme, on s’enferme, et comme l’enferment isole et rend fou, on cri, on insulte, on se fixe des têtes de turcs, des totems vers qui diriger nos colères, mais au fond, d’où partent-elles ces colères ? Où naissent-elles si ce n’est au fond de soi ?

Non, le mal n’est pas l’autre ; Non nos peurs ne sont pas bonnes conseillères. Où irons-nous en suivant nos peurs si ce n’est au fond d’un asile, prostré, hébété de ne plus maitriser ce qui n’est que tout simplement la vie ? Education, culture, tout est source d’une fausse vision du monde. On fuit l’être seul car la stabilité n’est que le couple, on ne parle plus à l’inconnu parce qu’il est inconnu, on se bâtît des règles et des paradigmes dans lesquels on place alors notre foi et notre espérance. Cruelle désillusion. On ne se construit qu’au travers de nos différences, la culture nait de tout ce que l’autre peut nous apporter et que nous n’avons pas. Restons isolé et nous resterons ignares, nous croirons savoir et nous ne saurons point, et nous ne serons point.

Dans notre grand malheur, nous avons une chance, celle d’avoir le choix. Rester ainsi ou bien s’ouvrir et ouvrir aux autres. Il y a maintes occasions, une marche, une association, allez vers les autres, allez vers l’inconnu, donner un bonjour, des sourires, cueillir des paroles, des idées, des propos, de la lumière sur nos propres aveuglements. Pas facile. Rien n’est facile, souvenez-vous de vos premiers coups de pédales, de vos premiers mots, de vos premiers émois, de toutes vos premières fois. Gardez la foi dans vos mots, dans vos choix, dans votre capacité à faire, à être et à savoir écouter. Prenez plaisir à vous offrir cette mise en danger, parce que de ce danger naitra votre force future, vos progrès, vos envies et votre soif d’aller plus loin, encore plus loin, toujours plus loin…. La force sera avec vous ! Soyez et vous serez. Croyez et vous serez. Combien de fois ne nous ne sommes pas donner confiance, combien de fois avons-nous regretté de ne pas avoir tenté ? La vie n’est pas radine, elle vous offre toujours d’autres chances, parfois sous d’autres formes, ne soyez donc pas radins, osez et tentez, partez avec comme seule règle : ne pas demander c’est avoir un « non » comme réponse, ne pas tenter, c’est choisir l’échec. La vie n’aime pas les échecs, cent fois sur le métier elle vous remettra à l’ouvrage, sans même que vous vous en aperceviez, et si une vie ne suffit pas, elle vous redistribuera d’autres vies jusqu’à ce que vous réussissiez à franchir cette modeste étape.


Pas facile à entendre, pas facile à comprendre, mais au fond, il suffit d’en accepter l’idée, et pire, de foncer, de tenter, de se ramasser, de se relever, oui, la vie est dans le nombre de fois où l’on se relève et non dans le nombre de fois où l’on tombe. Oubliez vos chutes, grandissez de vos succès, apprenez de vos leçons personnelles et souriez à la vie, au monde, aux autres. Nul n’est moins ou plus, tous sont plus ou moins des êtres sur le chemin de leur vie, de leurs vies aussi, parfois et souvent. Donnez-vous du temps, sachez respirer, apprenez à méditer, à vous relier aux énergies de la terre et des cieux, priez, suppliez, parlez, vous ne serez jamais seul, tout un monde veille sur vous, malgré vous, et contrairement à nos croyances culturelles, ces veilleurs ne sont pas sournois mais protecteurs, ils viennent colorer vos rêves pour vous laisser un message, ils placent sur votre route une drôle de coïncidence, il dessine dans les nuages, il vous envoie des flashs, des images, mais vous êtes seul à décider de voir et d’entendre, de choisir de voir ou d’entendre, et plus que tout, vous en êtes capables alors foncez, mais foncez vraiment et pleinement… 


Lettre à mes survivants

Parce qu’on ne sait jamais, parce que rien n’est jamais éternel, parce que voilà, parce que voici, quelques mots insensés en paroles sensées, pour qu’un jour vous sachiez qui il fut lorsque celui qui fut s’appellera tout simplement « feu….. » et puis aussi, parce qu’il n’y a pas de raison que je gardasse pour moi toutes ces questions existentielles et pourtant essentielles qu’il convainc que vous sûtes et non « sachiasses » comme d’autres étrons malpolis eurent vomi. Notre langue n’est pas plus en danger que n’importe quel autre dialecte dont on ne se délecte point à pratiquer et le vocabulaire et la grammaire, à défaut de grand-mère sans doute. Alors oui, l’accent si doux, si fort, si généreux qui caractérise chacune de nos régions, géographique s’entend et non géopolitique, bien sûr, oui, cet accent, chantant pour ma part, enchanteur et enchanté de le possédé, cet accent se meurt et disparait, dans la platitude des écrans plats qui peuplent nos veillées ; Dans l’écrasement idéologique, maltraités qu’ils sont tous ces jolis accents régionaux par cet accent de banlieue et son vocabulaire simplifié et  pourtant si coloré. Je n’en ai cure et s’il n’en restait qu’un, je serais celui-ci, car depuis aussi loin que je m’en souvienne, c’est cet accent qui a pris ma voix, mes mots pour en colorer si besoin est, l’expression. En fait, ce n’est pas un accent de naissance, c’est plutôt un accent venu avec la parole, voilà, ne confondons pas. Avant, comment dire, je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est que je devais brailler, fort et dur, rocailleux et coléreux, comme souffle l’autan sur nos plaines et collines lauragaise, comme gronde la Garonne lorsqu’elle s’est faite engrosser pas les grosses pluies ou bien les fontes des neiges pyrénéennes, bref, de toutes ces manières dont le maitre troubadour Claude Nougaro a su si bien mettre en chanson. Et maintenant que vous avez régler la tonalité dans l’oreille, souffrez quelques étonnements purement personnels en guise de lecture et souvenez-vous de ce diable d’auteur, plutôt de mi auteur, ce qui est déjà bien loin du mètre, lorsque le temps fut venu d’aller souffler la chandelle de ces peuples infidèles qu’on appelle les vivants. Croyez-moi, là, il y aurait à dire… à écrire aussi, mais bon, la force me manque et le temps, voyons, que pourrais-je encore dire sur ce diable de temps….
    

Autant le temps ne dure qu’un temps,
Au temps pour moi, il reste le temps

Si les bacilles font vaciller
Les valises font-elles baliser ?

L’eau fraiche peut-elle être chaude ?
Oui, tout dépend du robinet

Si le niveau des mers monte,
Les montagnes vont-elles descendre ?

Mais là, il s’agit bien d’une grande connerie :
Prenez un verre mettez-y des glaçons,
Frais et non fondus de préférence, c’est pas con
Rajoutez de l’eau, froide ou chaude,
Selon le temps dont vous disposez
Remplissez à ras bord et observer
Par vous-même vous jugerez
Si la glace fondue a fait déborder le verre ou non

Le niveau zéro de l’altitude est pris à Marseille.
Ok, mais à marée basse ou à marée haute ?

Comment peut-on mesurer la hauteur des montagnes
Si les vagues font tout le temps bouger l’altimètre ?
En tout cas, je sais pourquoi sur certaines randonnées
Je suis plus fatigué que sur d’autres….

D’ailleurs, on peut être plus et n’être plus
Ça, au moins, c’est dit, un truc de moins à dire…

Ecrire une lettre ne devient compliqué
Que lorsqu’il y a plusieurs lettres à écrire.
Encore faut-il savoir quoi dire…

L’aberration de notre système fiscal
Fait que je ne pourrais payer mes derniers impôts
C’est pas banal.

Le dernier livre que j’ai lu n’est peut-être pas le dernier
Enfin, faudrait qu’il attende un peu pour s’honorer de ce titre
Encore qu’un livre ne manque pas de titre en principe

Lorsqu’on souhaite un anniversaire,
Souhaite-t-on la victoire d’être arrivé jusque-là ?
Ou bien le courage pour l’an suivant qui vient ?

En clair, souhaite-t-on d’avoir accompli 50 ans
Ou bien du courage pour démarrer les 51 ans ?

Si à l’aube, le soleil se lève
Et qu’au crépuscule, il se couche
Peut-on dire que l’aube de nos jours n’est que le crépuscule de nos nuits ?
Ou bien que le crépuscule de nos jours n’est que l’aube de nos nuits ?

Et si on peut le dire,

Comment peut-on en vouloir à ceux qui confondent
Ces deux termes pourtant pas ternes (les termes).
  
Non mais vraiment, parfois, je me pose de ces questions……

Post Scriptum : De grâce, ne dites plus « tu nous enterras tous », parce que franchement, ça ne rime à rien, allez donc chercher une rime en « tous » les enfantouss…. Non, vraiment, j’ai beaucoup trop enterré d’êtres chers et proches ces derniers temps pour réclamer dûment d’échapper à cette terrible sentence… Personne ne se substitue  à personne, pas même à la mort, et si beaucoup n’aiment pas en parler, cela n’ôte en rien ses pouvoirs alors basta, ça suffit, garder vos bonnes grâces pour les vivants et vos belles phrases à doses homéopathiques de réconfort pour vos bonnes consciences. Je n’ai cure que de vous entendre faussement peiné ou autrement intéressé pour des places en première loge, je ne suis ni vendeur, ni demandeur, juste un garnement, un « drole » comme on dit ici…. Oui, voilà, souvenez-vous : un drôle !






Octobre et ses promesses colorées

Octobre et ses promesses colorées, c’est une pause que se prend l’été avant de partir aux sports d’hivers, c’est l’occasion de traverser mille coins de nature qu’on croyait connaitre mais dont les paysages prennent un tout autre relief uniquement par la magie des couleurs surprenantes. Pour peu qu’une larme de brume s’en vienne estomper les contours, nous voici dans un tout autre monde. Il faut se lever de bon matin pour cueillir cette sensation unique, cette déchirante séparation de la terre et du ciel au matin naissant, les nuages s’étirent, s’accrochent, ils veulent rester à terre et jouer encore à cache à cache sous les feuilles cramoisies, mais le soleil est le maitre devant qui personne ne résiste, il dicte sa loi et tous obéissent. Sous les ardents rayons, les cieux rejoignent les cieux, peu à peu les mordorés des végétaux percent au grand jour.


Le voyageur immobile resserre son manteau, les frimas sont durs pour les cops encore endormis, et devant ce paysage à couper le souffle, l’arrêt prolongé a vite fait de vous glacer les sangs. Plus bas il y a l’océan, ses rouleaux et ses plaintes, par-delà les maisons les vignes parées de rouge, de brun, de doré, de vert aussi, la résistance est partout. Le bonheur est partout. Simplement. Très simplement. Pourquoi donc l’Homme passe-t-il tant de temps et d’énergies à se compliquer la vie ? De là nait l’agressivité, la peur et le chaos. Il y a tant de belles choses à voir, tant de bons temps à s’octroyer pour se laisser aller à la quiétude et à la douce contemplation, une profonde méditation devant une nature aux mille apparats. Encore faut-il voir, encore faut-il avoir envie de voir. S’accorder le temps de voir pour s’accorder sur le tempo naturel de mère nature, notre diapason régulateur. Etre en accord, comment ne pas être d’accord ?


Le soleil est pale, caché par les brumes, un disque blafard qui s’élève peu à peu. Les cris des oiseaux remplacent la sonnerie d’un réveil, peu à peu la société s’éveille, les bruits des voitures, les bruits de la ville, les bruits de la vie manifestent leur impatience à occuper l’espace, tout l’espace. Non. L’océan rugit en opposition, le désert de la plage offre son calme pour quelques pas, bien avant que les premiers joggeurs puis les surfeurs ne viennent. Le surf, la religion d’ici comme de partout où il y a cette unité d’océan et de nature, lecture des éléments, patiente écoute, ressource et méditation, vivre au tempo des vagues, au rythme des jours, encore une fois s’accorder sur le diapason de mère nature. L’apaisement ne vient-il pas de cette mise à l’écart du monde trop agité ?


Quelques pas sur le sable humide de la trop longue nuit, c’est là le drame d’octobre, des jours courts et intenses et des nuits longues et fraiches. Peu à peu la montagne apparait, petites routes parsemées de maisons pimpantes, haies touffues des bordures de champs, rangs de vignes colorées, pâtures et fougères commençant à roussir au sommet, comment ne pas aimer cet endroit ? Ici, ailleurs, chacun peut trouver son havre de paix et de tranquillité, son espace de ressource, apprendre à s’y connecter, tout simplement ou tout simplement ne rien faire et s’y sentir bien… Parce que peut-être bien que ce n’est pas l’endroit qui compte, ni l’envers, peut-être bien que ce qui compter le plus c’est de s’accorder du temps à soi, rien qu’à soi, s’isoler et plonger dans sa bulle pour recharger ses énergies, et si pour cela il est un coin qui vous convient mieux, n’hésitez pas mais la force est de pouvoir le faire en tout lieu, cueillir le meilleur de chaque endroit, de chaque instant, c’est juste l’essentiel.



Le jour est bien levé, la chaleur se fait plus présente, il fait bon, il est bien, parce que ce matin fut tout autre et tellement pareil, parce que respirer et poser sa respiration est un simple exercice aux bienfaits multiples, parce que c’est lundi, un lundi d’octobre, quelque part sur la terre, dans un instant unique comme il en existe tant. Heureusement.     

         

Survivre

Survie. C’est la première impression. L’après, ce vide sidéral et sidérant, ce moment où les coups résonnent de leurs douleurs. Effacement. C’est nécessaire d’abord pour digérer, pour accepter, pour se préparer à renaitre, parce que la vie continue, toujours. Ce sont aussi des moments d’incompréhension, de solitude parfois non désirée dans laquelle résonnent les silences des faux amis, cruelles désillusions encore, tellement authentique pourtant, tellement bienfaisante au fond puisque ces silences permettent et permettront d’en faire grandir bien d’autres. A jamais. Il n’y a pas le décompte, lent et martelant, frappant ses coups en dix périodes, ce moment difficile où le boxeur sonné à terre entend sans pouvoir se relever, non, pas de décompte, c’est ni mieux, ni pire. Les coups tombent, la tête est lourde, on guette le moment où l’on va se relever. Enfin. On se relève toujours, même après plusieurs K.O. "Putain, que j’ai la tête lourde…."


Rien. Le vide partout, l’absence d’envie, la nuit noire toute éclairée de blanc, le repos qui ne trouve pas sa place dans ces heures grises, l’accumulation des combats perdus par chacun des êtres partis récemment fait froid dans le dos tout autant qu’elle présente l’album de famille comme la salle des trophée de ces putains de crabes aux pinces multiples. Sacrée famille qui mord à qui mieux-mieux, chaque membre a sa technique, sa méthode, son style, ses mots : leucémie, lymphome, mésothéliome, métastase, tumeur et à la fin, tu meurs. Pire, les victoires ne sabrent pas que le champagne, rarement, trop rarement. Le ruban rose finit par attacher le bouquet de roses d’un blanc linceul. Amère destinée. C’est quoi d’ailleurs ce mot « destinée » ? Il n’y a pas de destin, il n’y a que le dessin que le pinceau de notre vie fait. Au fond, ce vide appelle un autre vide, le sien, un appel au don, le don de soi, se jeter à corps perdu dans l’abime, à trop saigner, le corps exsangue ne répond plus, il n’en peut plus, lui non plus.


Même les passions s’affadissent, elles passent sans grâce, elles s’entassent dans les poussières des souvenirs, on en devient automate, on fonctionne à minima. L’écriture autrefois prolixe cherche aujourd’hui ses mots, et encore, faut-il que la plume soit de sortie et le papier bien couché. Il fait sombre. Comment voir la lumière lorsque le vent éteint un à un les phares d’une vie ?  La vie nous apprend à nous battre pour gagner, elle ne nous apprend jamais à perdre. Bien sûr on peut tricher, afficher des sourires, sourires de façade, mais au fond, dans quel but ? Tromper et se tromper, croire en ce que l’on ne croit plus. "Inutile, je n’ai jamais su faire et n’ai aucune envie d’apprendre. Aucune envie du reste."



Que faire ? Rien, peut-être bien, sûrement même. S’asseoir et laisser choir. Un à un les comptes se ferment, réels comme virtuels, simple déconnexion. Il faut du temps, un certain temps, laisser le temps au temps, la seule certitude étant que les coups du passé ne protège pas des coups du futur, et parfois même, le futur est un futur proche. Cela n’est ni triste, ni démoralisant, cela est un fait, point. Cessons d’analyser le factuel selon nos propres visions, il n’est ni une prévision, ni un art divinatoire. Les faits sont les faits, les statistiques ne sont que des calculs d’évènements passés, non pas une vision de l’avenir. Se déconnecter n’est pas s’enfermer, bien au contraire. Se mettre en retrait n’est pas fermer la porte, d’ailleurs, elle est de tout temps restée ouverte. La vie nécessite ses pauses, l’hiver aide au sommeil et dans le même temps à préparer le réveil du printemps. Il y aura un printemps, c’est sûr, et peut être qu’il n’attendra pas un vingt et un mars pour naitre. Et Peut-être aussi que d’autres faits surviendront, bons ou moins bons, on ne le sait pas à l’avance, mais au fond, n’est-ce pas cette magie qui fait la vie et qui fait qu’on aime la vie ?