Retour à la plume

Retour à la plume, après des agitations diverses et variées, quelques unes seront illustrées plus tard, le temps de se poser et de sélectionner parmi les clichés ceux qui illustreront le mieux les sujets. « Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone » message diffusé il y a soixante six ans par les ondes de la BBC pour lancer les grandes opérations estivales…. Aujourd’hui l’automne est là, le thermomètre s’apprend à mesurer bas les matinées, mais il n’y pas de langueur, ni de monotonie, juste un ras le bol de la perfidie et des fausses vérités aux accents de vrais manques de sincérité. Quand diable l’être humain, quel qu’il soit, comprendra-t-il que la vérité reste le plus court des chemins, que le mensonge se démasque toujours ? A duper son monde, personne n’est dupe, et on se dupe soi-même, loin de provoquer l’émerveillement, cela brise les liens les plus solides, isole et anéanti. Place au vrai, ce qui compte n’est pas le nombre des fausses relations mais bien la qualité des vraies amitiés. On a grandit ensemble, on a mené parfois des mêmes combats, qu’est ce que la vie, sinon ces éclats de rires partagés, ces larmes qui savent où tomber, ces mains tendues lorsque on n’ose tendre la sienne, ces appels qui ne sont jamais inutiles, même pour un simple « coucou ».

Il n’y a pas de sanglots, ni longs ni courts, les émotions vivent et meurent, le temps dresse ses barrières invisibles, le chemin se fait en avançant, la terre tourne toujours dans le même sens, hier s’enfuit et aujourd’hui déroule ses lots de surprises, demain s’esquisse, quel que soit le temps, le temps avance et poursuit son égrènement. Hier, aujourd’hui, demain, ronde des temps, course sans poursuite si l’on prend le temps de vivre pleinement chacun, sans avoir peur, sans calcul et sans calculer, combien d’échec ne sont que non tentatives, refus d’avancer ? Ecouter et savoir écouter, s’écouter et savoir s’écouter, faire confiance et savoir se faire confiance. Notre plus grand ennemi reste nous-mêmes. Ce ne sont pas les autres qui décident de notre vie, c’est notre vie, notre parcours, sauf si l’on veut à tout pris marcher dans les empreintes des autres, disparaitre dans l’uniformité d’un monde trop policé, croire que marcher d’un même pas, dessine l’unité d’une nation, la réussite d’une vie, l’aboutissement d’un projet. Se fondre dans la masse n’est pas se réaliser, sauf à manquer d’ambitions, à ne pas avoir confiance en soi et préférer se refugier dans un moule dont nos sociétés ne font que dresser les contours, dès l’école, pour atteindre le paroxysme dans l’armée. Je ne suis ni militaire, ni anti militaire, il faut de tout pour faire un monde, il y faut des limites, des contraintes, non pour contenir mais pour d’abord se rassurer, s’assurer de grandir dans un modèle, puis apprendre à les repousser pour grandir encore plus, s’étoffer et se dépasser. Vivre et se réaliser, séduire et grandir, se développer, c’est l’ambition de chacun. On rêve enfant d’être docteur ou vétérinaire, la réalité des études nous entraine vers la vie active dans des fonctions et des métiers bien différents, mais le début n’est pas la fin. L’évolution est partout, dans les pas comme dans les faux pas, surtout dans les faux pas. Tomber fait mal, mais le pire serait de ne pas retenir la leçon de chute. L’enfant qui tente l’apprentissage de l’équilibre lors de ses premiers pas, comme plus tard lorsque les petites roues du vélo s’en vont rejoindre la poussière des étagères du garage, tombe, se vexe, pleure et corrige le tir de chacun des essais ratés. L’adulte, trop imbus et trop sur de lui-même, a oublié ses leçons d’apprentissages, ses leçons de vies. Tomber fait mal mais tomber n’est jamais une fin, se relever ne blesse que l’amour propre, corriger le tir développe la maturité, triompher flatte l’ego, mais l’ego n’est pas soi si on sait rester humble et….réaliste, d’ailleurs, le plaisir réside t-il dans l’atteinte d’un but fixé ou dans le chemin parcouru pour y arriver ? Lorsqu’on randonne, ce n’est pas en soi d’atteindre un sommet qui prime mais le parcours accompli pour l’atteindre, les paysages sont certes beaux vus d’en haut, mais aussi tout au long du chemin, pour peu qu’on ne passe pas le temps à regarder le bout de ses chaussures. La saison de randonnées touche à sa fin, les derniers épisodes, ceux-là même qui méritent illustrations, furent forts et enrichissants, de par les parcours, de par les choses apprises et celles plus modestement retenues. Une année de transition, une année de retrouvaille de soi, une année d’apprentissage encore, de jolies couleurs, de beaux arcs-en-ciel, mais pas de noir, parfois du gris, c’est vrai, des pauses d’intégration, des réflexions, des bilans. Le cercle des amis est peut-être restreint, mais il est plus fort que jamais. Les maladies viennent le secouer, tout comme celui de la famille, parfois sans vaincre, parfois en emportant une victoire qui nous laisse amer, mais la vie est là, elle a besoin aussi de cela pour se mesurer dans sa richesse et non dans une banalité dont encore trop de gens s’évertuent de penser. Mes pensées vont aux peines, aux disparus, aux combattants, aux victorieux, à tout ce que nous avons appris depuis, mes joies vont à tout ce qu’il nous reste à apprendre, aux victoires de demain, aux sourires du chemin.

Il n’y a pas de tristesse, ni de regret, il ya des étapes, des avancées, des parcours, certains sont plus sinueux que d’autres, certains sont plus troublés que d’autres, mais à chacun le sien, le but n’est pas l’arrivée mais bel et bien la façon dont on fait le chemin. Portez-vous bien.

A trop chercher

A trop chercher ailleurs, on oublie l’essentiel, se chercher soi, ou plutôt, se trouver. Chaque étape de la vie, n’est qu’un pas, bon, oui, parfois c’est un faux pas je l’admets, mais au bout du compte, ce qui compte c’est la façon dont on intègre soi les conclusions, toutes ces petites choses qui font qu’à force d’accumuler les pierres, les briques, et même les grains de sable, on finit par se construire et s’élever. S’élever ? Quel verbe étrange porteur de sens si différents et si proches. On élève un enfant pour qu’un jour il s’élève dans la vie. Comprendre et se détacher des choses de notre monde, non pas ce vaste globe mais notre quotidien, toutes ces petites choses dont on se fait un monde. Apprendre, analyser, non pas pour l’événement, il est bel et bien passé, mais pour en tirer les leçons et évoluer, s’en servir dans l’avenir de ce passé, cet avenir qui est déjà aujourd’hui. Nul n’est infaillible, tout est chemin. Les instants de bonheurs, les cris de douleurs, les mots de malheurs, tout cela ne sont que pierres sur lesquelles nous posons nos pas. Quand on marche sur une route pavée, se rappelle-t-on de tous ceux sur lesquels on a posé le pied ? A quoi sert de se souvenir des étapes si on en oublie les leçons ? Ce n’est pas la manière d’apprendre qui compte, mais la mémorisation des choses apprises. Nous avons tous une résistance à l’avancement, plus ou moins forte, un sentiment de confort dans l’inconfort d’une situation en place, par la peur d’avancer, de se mettre en danger, alors qu’au fond on est bel et bien en danger déjà. Danger d’immobilisme, danger de non avancée, danger parfois plus dangereux, par la violence, par les actes, par les mots, par les coups, mais fuir cela est bien plus compliqué que de fuir le bonheur. Le bonheur fait peur. Parce qu’on n’y est pas habitué, parce qu’il ne nous est pas enseigné, parce qu’enfant on ne joue pas à être heureux, on préfère cultiver la mise en danger, s’amuser à repousser les limites, se dépasser, grimper en haut de l’arbre, sauter du haut du mur, nager plus loin que l’autre, tout cela parait téméraire, logique, amusant, normal, et on reproduit cela au fil des âges, s’enfermant dans ces jeux, alors, quand vient le temps d’être heureux, cela sort du cadre, cela sort des modèles dont on s’est forgé, et la peur nait, paralyse et fait fuir. Apprend-t-on à être heureux ? Cela n’est pas si simple, il faut d’abord beaucoup d’amour, et en premier, l’amour le plus fort, le plus inconditionnel pour la plus belle personne qu’on rencontrera dans toute sa vie : soi. S’aimer soi est la clé essentielle, existentielle, unique, sans laquelle on ne peut aimer l’autre, sous peine de s’engloutir tout seul dans l’autre, de disparaitre et de ne jamais être soi. Certains le vivent bien, c’est vrai, mais après tout, à chacun sa vie. Vivre pour l’autre, c’est mourir deux fois lorsque la relation s’arrête, c’est découvrir un jour qu’on n’a jamais vécu, c’est rester à l’état larvaire, ne jamais vouloir voler de ses propres ailes et rester chenille sans connaitre l’ivresse du papillon.

La quête la plus belle est celle qui mène à soi, qu’importe le chemin et bien sûr que comme dans toute rando on aimerait le profil le plus adéquat, les paysages les plus beaux, les parcours les plus idylliques, mais l’important est ailleurs, non pas d’ans l’apparence dont cette société s’enivre, mais dans les valeurs vraies qui nous correspondent, celles qui permettent de forger l’association, de se retrouver, et d’avancer ensemble, encore faut il avoir envie de cela, de ne pas s’attarder sur un esthétisme qui n’est que trompe l’œil, de ne pas avoir peur d’être heureux, et de vivre en cultivant ce bonheur. Le chemin est parfois long mais il mène toujours au but, ce n’est pas en chemin qu’il faut baisser les bras, bien au contraire, chaque épreuve, chaque échec doit nous galvaniser, nous endurcir et nous donner l’envie d’avancer, pour fuir le mauvais d’hier et rejoindre le soleil de demain.

Foudre

Et puisqu’un jour il faut rentrer, nous revoilà sur le pont pour reprendre l’aventure de ce qu’on nomme la vie active. Des journées encore belles, un ciel qui flamboie et le bonheur absolu de vivre ces instants magiques dont on a tant mis en doutes les représentations écrites ou mises en image tout au long de nos vies. Bonheur et bonheurs, sublime, fort, puissant, indestructible à l’image d’un chêne, solide et robuste, mais, comme la fable le conta si bien, là ou le roseau plie, le chêne casse et trépasse. Le ciel flamboyant ne rougeoyait donc pas au romantisme d’un soleil couchant mais au feu de la foudre qui frappa si fort qu’un beau jour le ciel descend et ne restent que les cendres d’un hymen trop puissant. Entre temps, les dieux monétaires s’étant penchés sur le berceau laborieux, voila que par le jeu des chaises musicales et des organisations, l’envol si souvent cogité ces derniers temps, devient aussi brutal que la poussée brutale des parents éjectant l’oisillon du nid. Je ne sais lire le cœur des astres, mais loin d’être un désastre, il est je suppose écrit quelque chose du genre : « de grands bouleversement vont égayer votre vie » Egayer ? Oui, car il ne sert à rien de pleurer sur hier, c’est aujourd’hui qu’il faut voler et vers demain qu’il faut aller. Cette pensée ou plutôt ces pensées me donnent le vertige de nouveaux bonheurs, la joie de la découverte et le plaisir quelque part de sortir du cocon, de briser la chrysalide pour enfin déployer mes ailes et m’envoler vers une vie nouvelle. La météo astrale fut morose et sombre en juillet, ce fut l’occasion d’éprouver le réseau des amitiés, non pas celles à sens unique qui ne savant qu’être appelées, mais celles au contraire qui savent ô combien appeler dans ces instants de faiblesse, celles qui savent écouter et aider à remettre la lumière dans les ténèbres de l’âme, celles qui savent aussi partager les rires et les armes, celles qui renforcent et redonnent la force. Après le nettoyage de printemps, voici celui d’été, exit les mauvaises grâces, débouchons les artères et retrouvons par ces seuls liens là le cap véritable, celui de la vie, la vraie. Trier le bon grain de l’ivraie, voila qui est vrai.

Nouveau départ donc, nouvelles lignes, nouvelles pages, sans rancune ni amertume, les deux chapitres qui se clos restent de bien belles pages même si la fin fut bâclée, mais au fond, c’était peut-être là le bon moment, vous savez ce subtil instant t qui pose tant de problème à chacun, certains y voient un point de non retour, d’autres un aller sans détour, pourquoi pas y voir simplement un point sur le long ruban de la vie ? Alors, si des périodes s’arrêtent, ce n’est que pour que d’autres nouvelles viennent en prendre la relève, une usure, un mauvais choix, une erreur de parcours, rien n’est condamnable tout est nouveau départ. Je me réjouis de cela, et si le destin n’est jamais écrit à l’avance, il est parfois de drôle de coïncidences qui donnent bien du baume au cœur pour courir vers demain. Les reflets des miroirs sont parfois déstabilisant, on cherche son double, on rêve de moitié, la logique des uns n’est pas celle des autres, l’arithmétique n’est pas partout science exacte. De quoi peut-on rêver ? D’être soi, plus que tout. Etre franc et sincère, en toute circonstance, ne jamais jouer, surtout pas se jouer des autres, un exercice de style qui plutôt que déplaire, nous fait plaire à ceux qui savent apprécier. Ce n’est pas le nombre qui compte, mais la qualité. Amitié ne veut peut-être rien dire pour beaucoup, moi j’en connais le sens depuis peu. Merci mes amis. Le cercle se rétrécit, ou plutôt, il s’ajuste à sa vraie valeur, les messages circulent, les liens de cœur sont les plus forts quelle que soit la météo, le temps accordé et le temps accordable, l’humain est un joyau, il brille toujours pour quelqu’un. L’été fut sublime, nous voilà aux portes d’un bel automne, qu’il fait bon vivre et que la vie est belle ! Un nuage, blanc, gris ou plus foncé, n’est jamais qu’un nuage qui ne touche pas le bleu du ciel. Il peut le dissimuler, mais il ne faut jamais perdre de vue que le ciel est toujours bleu. La foudre frappe, brûle, détruit et repart. Les cendres en sont les résidus qui viennent fertiliser et permettre l’éclosion de vies plus fortes. Doit-on s’appesantir sur la foudre ou nourrir les vies nouvelles ? Mon choix s’en va naturellement à la vie, c’est vers demain qu’il faut aller et non réfléchir au pourquoi qui ne viendra jamais, et puis, à quoi bon savoir ? Le plus important lorsque le pied glisse, c’est de trouver un appui ferme plutôt que reposer le pied à l’endroit glissant. Le pas est ferme, l’œil rivé à l’horizon, le chemin s’élève, la progression décidée. Adieu vies anciennes, messages d’hier et faux semblants, vive aujourd’hui, car demain s’y inscrit.