Au bout de la nuit

Quelques pas dans la rue, la ville est déserte, le vent froid joue seul dans les longues artères. Il fait déjà nuit, il y a déjà quelques temps que le jour ne combat plus, laissant la portion congrue à l’obscurité. Les yeux visitent ce décor aux reflets sans naturel, ils s’accrochent aux formes sombres de la nuit, ces cartons, ces poubelles, ces sacs trop remplis encombrant les trottoirs, société de consommation et de commerces, emballages à l’excès, déballages par milliers, le ballet des éboueurs n’est pas encore joué, il faut marcher sur les trottoirs rétrécis. Parmi ces formes informes il est une forme différente, attirant son regard. Une forme presque humaine, allongée sur le sol, blotti contre les poubelles, un bout de carton en guise d’annonce, quelques pièces pour manger, un message accroché au trottoir pour une vie qui s’accroche, ne pas disparaitre tout à fait dans ces détritus. Mais quel est donc ce monde ? Clochard, sdf, ce ne sont que des mots, pourtant ce sont des hommes, des oubliés, non pas encore des disparus, même si certains considèrent qu’ils font tâche devant leurs magasins, eux ils tâchent de ne pas gêner, de ne pas disparaitre, tout simplement.


Une ruelle sur la droite, il s’y engouffre. Il y fait bon, il y fait chaud, les vieux logements y déversent leurs calories, leurs odeurs de ripailles sont autant de chaleurs et de couleurs qui éclairent la nuit. Il aime bien passer par ici, une ruelle pleine de charme et de mystère, qui coupe à angle droit la grande artère avant de tourner presqu’en rond et vous rejeter un peu plus loin sur le trottoir. Mais qu’est donc cette lueur ? Un briquet, une cigarette, un tabac sans tabac, une odeur suspecte, voici donc que les charmes de cette ruelle s’évanouissent laissant place aux mystères de la nuit, ceux des échanges, des tractations illicites, « et toi, que veux-tu ? Tu dis l’heure ? » Pas le temps de réfléchir, poursuivre ou faire demi-tour, il n’y a plus personne, porte cochère ou recoin, il poursuit son chemin, le pas s’accélère, rattrapant presque le pouls, le voilà à nouveau dans la grande artère, soulagé et surpris par le froid, il redresse son col, serre un peu plus profond les poings au fond de ses poches, la ville l’ennui, désamour flagrant lui qui aimait autrefois s’y perdre….


Personne, pas un chat, la ville est à lui, la ville ne luit pourtant pas vraiment, quelques vitrines rebelles continuent d’être éclairées, parade éphémère contre les attaques nocturnes, il marche et déambule entre ces mannequins sans vie, ces vêtements sans étiquettes, ces étiquettes sans prix. Il n’a qu’une hâte, retrouver sa voiture et rentrer chez lui. La ville n’est plus cette maitresse attirante dont il ne pouvait se passer, elle n’a pas vieilli, ils ont juste pris des chemins différents, lui, l’enfant de sa ville, et elle, son berceau, ses repères, son monde. En marchant il cherche à lire dans les façades d’aujourd’hui les commerces d’hier, se rappelant de ses journées où l’on parait « en ville » faire ses achats, bien avant les gros centres commerciaux de banlieue, ce temps d’avant où l’on prenait le bus par la porte du milieu, achetant le ticket à un guichetier installé à demeure à son poste, et dont enfant il n’avait jamais pu voir la porte d’accès à ce drôle de bureau en déduisant que ce brave monsieur devait y vivre à temps plein. En ce temps-là, les chauffeurs conduisaient et les employés des tickets vendaient les tickets et rendaient la monnaie. Vieux bus aux formes arrondies, carrosseries peintes en rose délavé, leçon de moral sous forme de petits panonceaux rappelant si l’en était besoin qu’on devait laisser sa place à une personne enceinte ou plus âgée, quant aux invalides qui n’étaient que de guerre en ce temps-là, des places leur étaient réservées… A ces pensées, il se sentait rempli de sourires et de douces chaleurs, le long manteau de sa mère, les mains gantées de cuir, les écharpes serrés autour du cou et ces milles parfums envolés dans les airs. On torréfiait, on cirait, on vendait du vrai fromage en ce temps-là…. Ce tout petit magasin, tout en longueur tel un long couloir était plein de drôle de présentoir où l’on venait choisir et parfois acheter un chapeau, une casquette, un béret, ça il s’en souvenait, comme de sa première casquette, ronde comme une bombe d’équitation, en tissu écossais rouge et bleu et habillée d’un élastique, sorte de jugulaire qui autorisait mille courses sans risque de la perdre…. C’était une agence de voyage désormais, quelques bureaux, des affiches et voilà le décor…



La ville a mué, lui poursuit sa mue, encore quelques pas et le voilà arrivé au parking, quatre étages à grimper dans des escaliers odorants fêtant à leur façon la disparition des vespasiennes et autres commodités gratuites considérées comme non grata dans ces quartiers devenus trop chics. Enfin la voiture, le cocon d’acier, la chaleur réglable, la musique à convenance, le retour chez lui, là-bas, au bout de la nuit…          

Rouge

Rouge le sang, le vin, le sang de la terre
Rouge le soir lorsque le soleil se terre
Rouge la gorge du beau rouge-gorge
Rouge comme ce monde qui bouge

Rouge comme des petits bonnets
Rouge comme des petits benêts
Rouge comme une belle couleur
Rouge comme une belle chaleur

Blanc bonnet et bonnet blanc
Blanc comme un livre blanc

Blanc comme le début
Blanc comme la fin
On nait nu, on meurt nu
Blanc virginal, enfin….

Le rouge réveille le blanc,
Le blanc tempère le rouge
En évitant un rose mélange
En évitant un rose semblant

Car un rose sans blanc reste rouge
Et un rouge sans blanc reste chaud
Contraste, opposition, ça bouge
Complémentaire éclat, c’est beau

Rouge le sang qui monte aux joues
Rouge le matin au soleil debout
Rouge la colère, la vue qui se brouille
Rouge cette ire qui nous cassent les…

Rouge, tout simplement
Blanc, tout proprement

Il n’y a donc pas vraiment de hasard,
Si l’hiver pour oublier ses brouillards
S’en pare dans ses décorations
S’empare de ces colorations

Rouge le bonnet mais au pompon blanc
Rouge le piment mais sans détriment

Rouge la vie, le sang, les lèvres
Rouges les baisers pleins de fièvres

Rouge l’envie, les perdrix,
Rouge le feu dans la nuit

Rouge enfin, ce monde au bord de l’explosion
Rouge enfin, ce monde, cette nation

Par-delà l’expression, il n’a qu’une envie
Celle de sortir du rouge, mais en vie.




Requiem

Les premiers frimas de l’automne sonnent déjà le futur hiver et si les premières gelées appellent la nature à se déshabiller, il faut bien reconnaitre que nous autres, pauvres humains, n’en faisons qu’à notre tête et même pis, nous en remettons une couche, histoire sans doute de bien montrer notre opposition silencieuse, n’en déplaise aux fabricants de bonnets rouge. Alors quoi, désormais, il faut mettre un bonnet rouge pour afficher au monde son mécontentement ? Drôle d’humains qui dénoncent l’uniforme d’une société pour s’empresser d’en revêtir un autre…. L’armée contre l’armée, non monsieur,  ce n’est pas du dialogue mais la guerre déclarée, la réponse par la violence des actes faisant fi de l’intelligence offerte du droit de parole. Ne sont-ils donc pas mignon tous ces petits bonnets rouges ? Euh, non mon petit, retourne dans ta cour d’école, je t’avais pris pour un manifestant. Erreur judiciaire, mais au fond, des mers bien sûr, qu’en penserait l’illustre commandant Cousteau et son éternel couvre-chef rouge ?  Il y a jusqu’à un côté phrygien qui s’en vient là friser la république, vous ne trouvez pas ? Masi où met-on la guillotine, cette terrible arme qui guérit si facilement les migraines fussent-elles administratives ? A bas le gibet et la potence, les portiques tombent, se fracassent sous les hourras d’un peuple qui financera bientôt leur relèvement à grand coup de ce cher impôt dont nous ne sommes toujours pas revenus sauf peut-être quelques parvenus trop exsangues sans doute pour verser le moindre écu tout en ayant loisir d’acheter de vastes appartements dont il leur faudra s’éreinter pour en faire le ménage…. Il y aurait bien là de quoi verser une larme s’il n’y avait pas depuis quelques temps déjà, pénurie de substance lacrymale, que voulez-vous, on s’assèche avec l’âge si ce n’est à trop avoir donné de son eau à chaque coup de pique d’un destin fauchant sans retenue, parents, amis, alliés, complices et autres douloureuses séparations. Ce ne sont pas les cheveux qui virent au rouge mais le bord des yeux, ils brûlent en silence, ils s’assèchent en douleurs, ils se ferment dans l’isolement. Peut-être est-ce cette bascule entre tempéré et fraicheur certaine qui réveille les sens, la couche de graisse doit être bien trop trouée pour ne plus protéger du froid, il fut un temps où l’hiver avait ma préférence, par ses froids vifs, ses vastes étendues immaculées, ses jours scintillant chargés de rires et de cadeaux, ceux du cœur étant les plus précieux. Désormais c’est souffrance et errance, le blanc immaculé c’est trop souvent lu sur les draps trop austères répondant en lugubres silences au teint livide des visages à jamais éteint, les sourires sont partis de leurs vivants, les jours de fêtes ne sont que jours ordinaires en d’ordinaires parcours. Ce froid brûle, il se plait à occire l’envie d’avoir envie, il pousse au retranchement, calfeutrage et repli au coin du feu, il arrache aux souvenirs d’autres souvenirs bien vivants, il titille les sens, il mord toujours plus fort.  Nulle envie.


Parmi tout cela, le plus dur, tout comme dans le reste des phases et des couleurs de la vie, demeure l’incompréhension celle d’un monde vivant en troupe, en groupe, portant ses uniformes que d’aucuns ont qualifiés de moutons ou de veaux, qui ne sont au fond que les oripeaux d’une humanité vivant au gré de saisons et des fêtes d’un calendrier n’ayant plus de nom que le grégorien. Cette noble assemblée vote sans cesse la prolongation des évènements, elle décide qu’il faut fêter Pâques comme Noël tout en se déclarant athée ou agnostique selon les modes, pire, elle ne peut admettre que vous ne traversiez pas dans les mêmes clous qu’elle, alors qu’il suffit d’un peu de tolérance et d’amour authentique pour accepter et surtout s’apercevoir que non, nous ne sommes pas tous les soldats d’une même armée, même les troupeaux de moutons ne bêlent pas d’une même tête au même moment, et c’est tant mieux, il deviendrait pénible de traverser nos vertes Pyrénées. A l’heure où le train de l’hiver roulera vers les rails d’indifférentes gares, emportant ses flots de voyageurs en partance pour les joies de la glisse ou d’autres joies familiales, certains resteront à quai. Certains par nécessité, certains par abandon, certains pas choix, certains choix personnels et consentis, certains choix subis et meurtrissant. Parmi tous ces révoltés au bonnet rouge, combien se sentiront concernés par cette injustice plus grande et bien plus amère qu’une taxation sur un mode de transport de plus en plus inadapté à nos réseaux secondaire ?  Combien ? Bien peu, trop peu, je sais, il ne faut pas croire au père noël, d’autant plus qu’il porte lui aussi, depuis très longtemps un bonnet rouge…. Par contre, lui, il est sponsorisé par une marque de soda bien connu depuis son plus jeune âge et c’est bien à cela qu’il doit ses couleurs…


Rouge, mais sans colère, juste le bord des yeux trop rouge, trop sec, trop douloureux et si les mots n’auraient aucun sens à être écrits ici, c’est bel et bien parce que ceux partis ne les entendent qu’exprimer par le cœur, un cœur rouge, chaud, non résigné, non saigné, juste palpitant et limite incandescent, un cœur qui s’exprimera dans le silence de l’hiver déjà là par le temps, bientôt par les dates. Requiem.   

  

Un coucut fas pas d'agasso

La diversité des langages sur notre globe est si riche qu’il est pratiquement toujours impossible de traduire mot à mot une conversation, d’une langue vers une autre sous peine d’être mal compris et de mal comprendre surtout lorsque les expressions imagées s’en viennent colorer les échanges. Cela n’est pas sans rappeler les thèmes et autres versions de nos jeunes années, où au fond, la complexité de l’exercice était de comprendre le texte dans sa langue d’origine puis de le traduire dans la langue attendue jusque dans la coloration par les expressions et les exemples. Combien de simples traducteurs s’y cassent les dents encore aujourd’hui ? Combien de notice et de mode d’emploi sont sources de belles tranches de sourires et de rires à leur lecture ? Un moment d’ennui : prenez un traducteur électronique ou sur le web, tapez une phrase, lisez-la puis refaite-la traduire… Il est vraiment difficile de jouer avec les mots, ou plutôt, il est vraiment difficile d’avoir le bon sens en jouant avec les mots.

Pourtant, c’est tout con un mot, ça fait quoi, trois lettres, deux consonnes, une voyelle, un mot quoi, mais ça reste à manipuler avec précaution, peut-être bien aussi parce qu’il y a mille sortes de personne qui vous écouteront, vous liront, et ….vous comprendront, enfin, donneront un sens à vos mots qui ne sera pas pour autant le sens que vous avez donné à vos mots. Pas la peine pour autant de s’en offusquer, de monter sur ses grands chevaux, pas plus que sur des poneys du reste, inutile de sortir des gros mots, ce n’est pas la taille qui compte, c’est bien connu…. N’empêche que plus c’est gros, plus ça passe, du moins pour les canulars et autres tromperies. « Vous aimez ce blog ? Profitez encore de lectures gratuites et illimitées, bientôt il sera payant, pensez à vous abonnez… » Non mais des fois ! Des mots dits restent dits, ils sont mots dits pour l’auteur, parfois maudits pour le lecteur, et si ces mots sont lus ils ne sont pas pour autant moulus ni vermoulus, ils sont encore bien verts, tout frais du jour, tout chaud sortis du stylo, verts et moulus ce n’est pas compatible même si l’on dit vermoulus…. Quel non-sens ! Un non-sens au fond, c’est un sens qui n’a pas de sens bien qu’il n’existe que peu de sens unique dans la langue française, un mot vide de sens, c’est triste comme un jour sans soleil, une tasse sans café, ou bien un soleil sans jour , un café sans tasse… Allez savoir !


Il est si facile d’être incompris dans sa propre langue, imaginez un peu lorsque vous vous risquez à d’autres langages… Suivant le degré de maitrise, votre vocabulaire sera plus ou moins riche, les mots vous viendront plus ou moins facilement, et d’approximation en approximation l’écart de langage se pointe et s’en vient faire fourcher votre langue, un mot à la place d’un autre, une locution mal comprise et c’est le début de la fin, les sourires hilares répondant à votre phrase sévère, la perte de votre sérénité, les palpitations qui s’emballent, non, sincèrement, pourquoi avons-nous cesser de parler occitan sur terre ? Hein ? Comment ? Vous n’y aviez pas songé, mais l’occitan c’est plus fort que le latin, moins déclinant, plus joli sous la langue et tellement imagé, imaginez, « un coucut fas pas d’agasso » c’est quand même plus joli que de déclamer qu’un coucou ne fait pas de pie, non ? Et si les peuples du monde se mettaient à l’occitan, ils y prendraient plaisir, et puis, nous, nous prendrions plaisir à converser, à entendre ainsi parler et bien sûr, à s’entendre….  Au fond, c’est simple la vie, il suffit d’accorder ses violons, de se mettre au diapason et d’ensemble jouer en mesure, chacun sa partition, non ? Et oui, l’occitan est sonore, riant et chantant, il illumine chaque instant de la vie, il colore à façon les plus banales des choses, il redonne aux mots un sens, le bon sens paysan, celui-là même qui simplifie les choses, reliant un mot à sa nature, osant être léger sur le trait, juste ce qu’il faut de guirlande pour ne pas s’enguirlander, trouver le mot juste qui qualifie le mot, voilà, un mot pour un mot, concept simple s’il en est, on pourrait presque lire mot à mot.


Les mots sont des pièges, une lettre suffit à les transformer, et ce, dès leur plus jeune âge,  dès leur plus petit nombre de lettre, qu’un « la » devienne « le », il perd là la clé de sol, une lettre suffit à changer le bon en con, ça marche aussi à l’envers, tout comme à Anvers d’ailleurs, un poisson devient boisson, là, c’est de la soupe, un put devient un but, c’est déjà plus sportif, il n’y a pas de raison d’amener le vélo chez le véto, mais si le droit de veto opère tout aussi bien, non d’un chien ! Comment ? Les chiens ne font pas de chat ? Et c’est comme ça que vous traduisez « un coucut fas pas d’agasso » ? Diantre, le coucou devient chien là où la pie devient chat, mais que va devenir la pie qui chante ? Le chat qui miaule ? Le chat qui rat ? Euh…. Simple fatigue de l’auteur, reprenons un peu de hauteur, la pie niche à la cime d’un grand arbre, ça je sais, nous le chantions en colo…..  Et puis, niche pour chien, ça reste une anagramme, une autre façon de jouer avec les mots, une façon de définir cruciverbisquement  parlant l’anagramme, de la même élégante façon qu’un facteur devient un homme de lettres….


Il faut jouer avec les mots…

Un mot, une lettre....

Un mot qui prend l’air, ça devient la mort mais la mort par privation d’air devient un mot. Au fond, ça ne tient pas à grand-chose, magie des mots, rôle des lettres, c’est assez marrant de voir comment une lettre peut changer le sens d’un mot et encore plus amusant de voir comment un mot peut changer le sens d’une lettre… Ces deux-là sont indissociables, que seraient les mots sans lettres ? Que seraient les lettres sans les mots ?

Quelle tête feriez-vous si vous receviez une lettre sans mot ? Voilà qui serait surprenant, un rien étrange et dérangeant, une lettre qui ne dit mot, qu’est-ce que cela pourrait-il vouloir dire ?  Ni mot, ni signature, c’est une lettre anonyme, ça tombe sous le sens, pourtant, elle n’a pas de sens à moins d’en traduire un quelconque par le choix du papier…

Un mot sans lettre, là, pour le coup, j’ai bien peur qu’il finisse par disparaitre bien que des mots finissant pas « disparaitre » à première vue, je n’en connaisse pas, ce qui semblerait bien vouloir dire qu’il n’en n’existe pas, chose somme toute normale du fait de leur manque de lettre. Un peu comme le passage du facteur, les jours sans lettre, on ne le voit pas, par exemple le dimanche. Etrange, « dimanche » contient bien huit lettres pourtant…

S’amuser des mots est un divertissement comme un autre et s’il excite les neurones il finit par exciter la vue, cette vue si coupable de lecture trop rapide, presque à saute-mot, quand ce n’est pas à saute-lettre. Des dernières remarques reçues, diantre, que d’air là-dedans, j’ai pu percevoir combien « la peine de mot » a flirté avec la guillotine dans quelques esprits encore ancré semble-t-il de « la peine de mort » d’où le départ de cette page. Pour une fois que l’auteur n’y était pour rien, sauf à penser que la volonté lui jouât des tours, c’est là le cadrage d’une construction non aléatoire d’un mot sur un autre dans nos esprit cartésien et nos yeux exercés à la lecture représentative des associations de lettres ce dont l’auteur décline toute responsabilité. Non pas qu’il soit irresponsable, non pas qu’il décline, mais disons que c’est par ce biais-ci qu’il exprime sa non préméditation à écrire entre les lignes. Cela dit, il a déjà assez de mal pour remplir les lignes sans vouloir en plus écrire entre, non, là, faudrait voir à pas pousser. La page est assez grande, on pourrait même dire, assez grande pour son âge, plutôt bien droite et très blanche, elle patiente devant l’auteur, dans le sens de la hauteur, elle attend en mode « lâcher-prise », elle laisse glisser sur son dos la plume délicatement encrée qui voudrait bien y ancrer quelques mots ou autres onomatopées ou bien encore graffitis. Sur son dos, oui, il semblerait que l’usage veuille qu’on écrive sur le recto d’une page, étymologiquement parlant de par ses ancêtres latins « rectus, recta, rectum » dont je ne déclinerai pas ici l’arbre génial et logique, dont la seule importance afin de ne pas laisser glisser ce passage vers d’autres compréhensions est de se traduire par « droit », voilà, tenez-vous droit, le dos bien droit. 


De là à dire que la page a bon dos, il n’y a qu’un pas….


   

La peine de mot

La peine de mot,

C’est un peu l’angoisse de la page blanche,
Même lorsque tu écris sur un écran noir,

C’est la mort du buvard,
Asséché de n’avoir rien à pomper,
Plus rien à boire,

Fin de l’histoire

Une histoire pas encore née
Les mots sont à la peine

Triste histoire

Les mots ne viennent pas
Ils doivent attendre les idées,
Les idées ne viennent pas
Elles doivent être mal

Un mal pour des mots
Un mal, des maux,

C’est un peu ça l’histoire

Un texte sans mot

C’est un peu comme rester sans voix
N’avoir rien à dire, rester coi

Souffrir en silence
Avoir mal, prendre peine
Ne pas piper mot

Loin de la transe
Des phrases qui s’enchainent
Des farandoles de mots

Mais ça c’était avant
Aujourd’hui tu te casses les dents
Rien ne vient, aucun mot

Peut-être d’avoir trop couru,
D’avoir empli les lignes
Tu te retrouves sec, fourbu
A peine si tu poses un point à la ligne

Tes mots sont ailleurs,
Tes mots sont absents

Ta page est douleur
Tu te ronges les sangs

Inutile et stérile

Les mots sont volages
Ils changent de page
Et d’auteur au passage

Aujourd’hui c’est jour blanc
Pas de paragraphe
Pas de retour à la ligne
Juste un point et avec lui un mot


Un mot, enfin
Un mot en fin,
Le mot « fin »

Point final

Il n’y a pas là
De quoi en faire
Toute une histoire
Non.



Conte des comtes

Conte des contes,
Compte décompte,
Comte des contes
Conte des comtes

Oui, mais….
Ils sont plusieurs,
Il faut les compter !

Les compter en les contant ?
Les conter en les comptant ?

Il était une fois un comte
C’est ainsi que démarre le conte

Le conte des comtes
Car en fait, ils étaient nombreux
Enfin, je ne sais pas trop
Pour cela, il faudrait aller au bout du compte
Et donc, tout au bout du conte

« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants »
C’est ainsi que finissent les contes charmants
Mais ces comptes sont-ils si charmant ?

Du coup, que sera ce conte ?
Un conte qui compte ?
Un conte avec comtes,
Un conte et décompte

Peut-être bien faudra-t-il d’autres personnages ?
Des comtesses ? Des princesses ? Des pages ?
Des vicomtes ? Des ducs ? Des duchesses ?
Voilà déjà cette foule de gens qui se presse !

Il va falloir conter ceci,
Sans oublier de compter ceux-là
Incorporer un personnage par-ici
Sans oublier de compter à chaque fois

Mais chaque fois est-il « il était une fois » ?
Il y a de quoi perdre le fil du conte ma foi
C’est ainsi que par magie sur le nombre
Il doit bien y en avoir de moins sombres

Qui vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfant
Le conte est sauvé sans avoir compté vraiment

Compté ou conté ?

Là est la clé…

Doit pouvoir mieux faire....

« Doit pouvoir mieux faire », « doit s’appliquer », « écriture illisible » … Que de belles leçons perçues dès l’enfance, de quoi apprendre à mieux visualiser le verre à moitié vide plutôt que d’encourager et de mettre en avant le verre à moitié plein, pourtant, c’est bien dès le départ qu’il faut guider les jeunes pousses, leur montrer la vie, les diriger vers la lumière plutôt que vers l’obscurité. Le manque de lumière génère l’acidité, comment dès lors s’étonner devant certaines réactions épidermiques mais ce n’est pas propre à l’éducation durant l’enfance, cela perdure tout le long de la vie, dans chacun de nos cercles, familiaux, amicaux, professionnels, sociaux, ce qui au fond semble normal puisque dès le départ chacun a reçu sa zone d’ombre plutôt que sa mise en lumière. Reste que l’individu est capable d’adaptation et donc, il peut de lui-même apprendre à voir la partie pleine du verre et au pire, trouver l’aide nécessaire pour y parvenir, par la lecture d’ouvrages dédiés, par des formations, par des conférences, par tout un tas de chose toujours à notre disposition et dont on ne soupçonne jamais l’existence et la facilité d’accès. Le seul inconvénient de cette méthode, c’est qu’elle requière de changer soi…


C’est si facile de se positionner en référence absolue amenant les autres à changer pour coller au plus près de nos visions, « l’enfer, c’est les autres » écrivait Jean-Paul Sartre, c’est clair, surtout lorsqu’on préfère voir son côté « ange » plutôt que « démon », les démons peuplent l’enfer, c’est bien connu mais au fond, les démons ne sont que anges déchus, peut-être bien des anges déçus, allez donc savoir ! De toute façon, avec un peu de bon sens, de la ficelle et un couteau, on arrive à tout…ou presque, c’est là la faconde paysanne dans ses expressions les plus simples, résumé poétique de la vie dans son expression la plus réduite, proche de la survie, mais tellement plus pleine que plein de vies trop dorées. On choisit tous sa prison, et mieux, on prend bien soin d’en fermer la porte à double tour, de peur d’en sortir. Le bon sens n’est certes pas en vente libre, il ne se trouve pas sur les étagères des meilleures quincailleries, drogueries et autres bazars de nos anciens quartiers, pas plus que sur les étals blancs laqués des grandes surfaces du bricolage où tout semble si facile, vous ne le trouverez pas non plus sur les pages écrans des grands sites du web où l’on commande en un clic, non, le bon sens, c’est cette espèce de graine enfouie en chacun d’entre nous, qui parfois germe et développe un bel arbre, d’autres fois s’étiole, d’autres encore se sèche et se rabougrit. C’est vrai que c’est con une graine, ça demande juste de l’amour, de l’attention, un peu d’eau, un peu de matière nutritive pour pousser, sans cela, il ne se passera rien, juste la perte d’une graine, devenue trop vieille pour enfanter. Ces graines-là ne poussent pas sur des terreaux acides, elles ne poussent pas non plus à l’ombre.



De l’amour ? De l’attention ? De la lumière ? De l’eau ? De la matière nutritive ? Et pourquoi pas une cage dorée avec une roue à hamster pour faire de l’exercice ! C’est là la fuite dans le détail avant même d’avoir semé et réuni les conditions pour que pousse la plante, un peu comme choisir luminaires et tapisseries avant d’avoir bâti les murs…. Commençons par le commencement, l’amour. Aimez-vous d’abord vous-même, pour aimer, il faut s’aimer, pour être aimé, il faut s’aimer. Cessez de vous lamenter sur vos manques, cultivez vos richesses, découvrez vos forces, soyez votre plus belle rencontre, partez à votre découverte, peu à peu vous ferez attention à vous, vous vous mettrez en lumière, vous deviendrez fertile à tout plein d’idées, et votre graine aura alors l’envie de croitre et de se développer. L’eau de vos larmes lui apportera ses premières boissons, puis ses racines profondément ancrées en vous ne vous demanderont plus de pleurer. Il n’y a aucune raison de pleurer, pas plus que de s’en priver, les émotions ont mille formes, sonores, humides, éclatantes, souriantes et communicantes, alors oui, un peu de bon sens que diable !  Après, c’est sûr, on peut toujours mieux faire, on peut s’appliquer davantage, on peut mieux écrire, mais au fond, l’humanité a besoin d’humains et non d’élites, ce sont les humains qui feront le monde de demain parce qu’ils tissent les liens de base, les relations, ils tressent le nid de notre planète, ce même nid que les élites cherchent régulièrement à briser et morceler selon la vieille loi séculaire du « diviser pour régner »…. Ne soyons pas otage de notre monde, soyons au contraire acteurs, moteurs, metteurs en scène de nos vies, là sont nos vies, vraiment. Faisons tous pousser nos graines de bon sens, le monde n’en sera que meilleur, absolument.      

Zombi

Comment devient-on « zombi » ? Etrange question, pas si inappropriée que cela lorsqu’on voit le monde évoluer et ses acteurs tenter de le suivre. Il y a deux façons d’y parvenir et toutes les deux ont le même cheminement : elles bloquent la pensée et peu à peu les corps se déconnectent de leurs réalités, le corps physique, le corps psychique, le corps émotionnel, le corps mental. Un chemin mais deux façons d’y parvenir.

D’un côté le vide, l’inexistence, la disparition de tout une série de paramètres, affectifs, de conforts, monétaires, matériels, systèmes vitaux, c’est un peu comme s’il n’y avait plus d’alimentation, les piles à plat, un être à la dérive, débranchant peu à peu chacun de ses systèmes pour se mouvoir dans un mode quasi végétatif. Dans l’ordre des règnes, le végétatif est sous l’animal, lui-même sous l’Homme, plus bas, il n’y a plus que le minéral, la pierre sombre et froide qui bientôt deviendra l’abri du zombi mais en attendant, il erre, solitaire sur la terre des Hommes, sans ne plus pouvoir comprendre, ce défendre, sans force et sans notion de ce qui est ou qui n’est pas, triste hère perdu sur son aire et dans son ère.   

De l’autre, il y a le trop plein, les courses effrénées dans tous les sens, les cogitations dans mille directions, l’excitation maximale pour mille sujets, le choc des neurones, la montée en température conjugué aux montées d’adrénaline trop fréquente, proche de la surchauffe, c’est la saturation, il n’y a plus de place pour ce qui ne parait pas l’actualité du moment, parce qu’il faut avancer, parce qu’il faut trouver la solution tout en prenant en pleine face un nouveau problème et ses multiples variantes, alors peu à peu la concentration ne se fait que sur chaque nouveau casse-tête au détriment de nouvelle parcelle de vie. Surchauffe, mode protection, déconnection, le corps physique devient vaporeux sans prendre la peine de connaitre l’état liquide, les évènements ne semblent même plus l’atteindre et pourtant…

Deux chemins opposés conduisant au même état, on a beau dire que tous les chemins mènent à Rome, il y a tout de même quelque chose qui cloche dans cela. Certes, les conséquences paraissent être irréversibles, du moins c’est ce qu’on peut en croire en regardant de loin ces deux cas mais cela serait oublier la nature humaine, qui certes, possède une capacité à rebondir mais aussi et surtout, une doublure en éponge dont les pores imprimés à jamais du parcours sur ces chemins-là, garderont le fiel suffisant pour en dénaturer les futures marches. Comprendre l’humain, c’est accepter son histoire, ses histoires, ses travers et ses errements tout autant que ses succès, sa faconde et ses connaissances. Il n’y a jamais de chose à moitié, il y a, à toute chose son côté entier, quand bien même certains savent  se travestir et camoufler ces façades qu’ils jugent moins nobles et surtout, que la sagesse populaire juge pour eux moins nobles. Comme la vie est bien faite, il n’est nul besoin de génétique ou de prédisposition pour devenir zombi. Une rencontre, un bout de chemin, un accident de vie et voilà que s’ouvre le chemin. Nous sommes tous des zombis, potentiels, en devenir ou anciens, peut-être faut-il avoir traversé le miroir pour le savoir et le mesurer, voir aussi combien au fond, rien ne leur est épargné. Il est mille et une blessures de l’âme, et bien plus encore de nos différents corps, qui que nous soyons, acceptons-le, chez nous, comme chez les autres, cessons de chercher le miroir, l’autre n’est pas un double et n’est pas né pour être notre double, ce ne sont pas nos ressemblances qui nous font grandir mais bel et bien nos différences car nous avons toujours à apprendre, apprendre pour grandir, apprendre pour être, il suffit au fond de le vouloir…



Paradoxe de l’humain qui cherche toujours à cueillir ce qui est loin sans mesurer que les plus grandes richesses se trouvent simplement à sa portée, mais je suis sûr qu’un jour viendra où l’Homme ne sera plus aveugle et qu’enfin, il apprendra à regarder avec son cœur…   

La nuit, tous les chats sont gris

Qui sonne donc ce soir à ma porte ?
Serait-ce ce vent qui m’insupporte ?

Ou bien une de ces visites importunes,
Qui en échange d’un an pas encore né
S’en viennent vous réclamer de la thune ?
Ah ! Mais ça suffit, cessez donc de sonner !

Nous n’avons pas encore finit de saigner deux mille treize
Qu’il faut dès à présent payer deux mille quatorze, balèze !

Si encore l’an toujours d’actualité, nous eut laissé quelques pépettes,
Quelques espèces sonnantes et trébuchantes, certes, pas une brouette,
Mais que nenni, le pré est rasé, tondu, pelé à l’extrême, un vrai œuf !
À croire que les brins d’herbes poussent à l’envers tous derechef.

Qui sonne donc ce soir à ma porte ?
Serait-ce ces ans qui me grignotent ?

Ou bien encore un ballon égaré,
Qu’un autre gamin du quartier
S’en est venu quémander ?
Non, la nuit a jeté son dais

Serait-ce un chat qui veut rentrer ?
Non, je ne leur ai pas appris à sonner
Et puis ils ont leur porte dédiée
Manquerait plus qu’ils sonnent pour entrer !

Qui sonne donc ce soir à ma porte ?
Serait-cette pluie battant de la sorte ?

Serait-ce ce mal de crâne qui cogne ?
Serait-ce mon imagination me jouant des tours ?
Elle se plait à m’inquiéter et va vite en besogne
Mais cette fois-ci, c’est sûr, je ne fais pas le détour

Il suffit ! C’est assez de sonner ainsi chez les gens
C’est assez malpoli, tout autant que de demander les ans

Et puis, de toute façon ma porte est ouverte,
Vous connaissez beaucoup de grotte avec porte ?

Sans avoir pignon sur rue, elle s’ouvre au regard,
Et vous accueille sans autres façons à bien des égards,

Entrez vous mettre à l’abri, il pleut, il fait froid, il fait nuit
Et tant de monde rode, la nuit, tous les chats sont gris


Le sens des mots

Les mots ont un sens, cela tombe sous le sens, il ne viendrait à personne l’idée de décliner les mots à l’envers quand bien même certains se sont risqué au verlan. Bien avant eux, d’autres ont su jouer des déclinaisons, mise en lumière des mots selon un rituel provocant encore de nos jours des cuisantes réactions sur les bancs de l’école. Les mots ont un sens, toujours, il est même des mots habiles qui habilement savent travestir leur sens, s’habiller d’ambiguïté et frôler le non-sens, drôle de sens, double-sens parfois, sens interdit jamais, il est interdit d’interdire, un mot, même sans son sens reste un mot, alors des mots ensembles, c’est une démo et non des maux. Jamais. Pour qui aime les langues, le sens unique des mots serait un non-sens, un enfermement, une radicalisation nouée à la racine, une fin de non-recevoir pour un jeu sans ouverture, comment pourrait-on jongler ?

En fait, les mots ont un sens, mais plusieurs c’est mieux, ouverture au pluralisme, début des échanges, sans confondre avec le mélangisme ni l’échangisme, c’est de la pure mixité verbale, des plaisirs semés sur les lignes d’une page, faire danser les idées sur le parquet des mots c’est ouvrir l’imaginaire au-delà de la rigidité des formes, c’est oser la créativité à l’intérieur même de la forme la plus stricte de la langue. Et comme les mots sont riches, ils emportent avec eux une bandes de sons, parfois mêmes des consonnes qui glissent et s’inversent au fil des conversations et des lectures, contrepèteries à l’envie, parfois par inadvertance même s’il arrive que parfois un jongle tombe à l’eau, un mot à terre, faut-il donc qu’il pleuve pour qu’on mot à terre se retrouve mouillé ?

Toute activité a ses maitres, jouer des mots n’est peut-être pas jouer d’un instrument facile, mais avec un peu de doigté et de patience, avec apprentissage et persévérance, les premiers jongles sont permis, parfois par mégarde, parfois par soi-même sans qu’il y eut nécessité de recourir aux gardes si ce n’est les garde-fous, l’art des jongles peut s’exercer mais avec la bienveillance pour les spectateurs de l’humour de premier rang, futures victimes en puissance des dégâts collatéraux inhérent à la chute de plusieurs degré d’un humour mal maitrisé. On peut rire de tout mais pas avec tout le monde, de là à rire de tout le monde, il y a un fossé à ne pas traverser. Des maitres, il y en a eu, il y en a et il y en aura, à chacun de trouver le sien, dans sa propre gamme, dans ses propres goûts, certains jouent sans attrait, d’autres sans trait, d’autres sans arrêt ce qui lasse, il faut savoir de temps en temps souffler la machine, se poser et prendre une grande inspiration avec de repartir sur d’autres notes de la gamme, sous peine de sembler toujours jouer le même air à mémère.

Des mots à double-sens ? Il en est. Radar par exemple. Comment ? Et bien, il se lit dans les deux sens, non ? D’autres double-sens ? Je garde un faible pour « tu m’as manqué » dont on ne sait jamais si c’est un manque affectif ou la non rencontre entre deux être, ce qui au fond, revient un peu au même, non ? Le danger du double-sens, c’est l’accident de ces mots qui glissent trop vite sur la page, par exemple lorsqu’on lit « je te souhaite tout le bonheur que tu mérites » comment mesurer le sens de ces mots sans connaitre la pensée de l’auteur de ces mots ? Mais quel est donc ce mouvement de recul ? Aurais-je jeté un froid par ces mots-ci ? Nous sommes loin du grand frisson de la première lecture, désormais vos sens en éveil vont scruter chaque mot lu pour tenter d’y coller le bon sens, chose simple si le texte est simple et l’auteur de bon aloi, chose plus ardue si le texte mélange les mots choisis qui le compose et l’auteur plutôt adroit. Bien sûr, l’auteur peut aussi être de bon aloi et adroit tout en étant gaucher. Bien sûr, sans citer personne et si t’es personne, au fond, tu n’es pas rien mais tu es quand même tranquille.


Les mots ont un sens, un mot reste un mot et ne s’appelle pas Tom, il s’appelle mot, tout simplement et si certains mots sont longtemps restés anonyme il en est de célèbre, demandez donc un peu à Cambronne. Je lui aurai bien laissé le mot de la fin mais je ne voulais pas finir sur une fausse note ni terminer ici une page prête à être foulée fusse du pied gauche, il y a tant et tant de porte-bonheurs sans qu’il vous soit obligé de vous torcher les pieds avec ma prose. De toute façon, je ne suis même pas sûr que cela marchât sans quoi, vous imaginez bien que vous ne seriez pas en train de lire ce billet, il y a belle lurette qu’il eut péri, amère destinée, sous mes pas d’infortune et de cela, je vous en fiche mon billet !       

J'ai brisé l'encrier

J'ai brisé l'encrier, j'ai dû y plonger ma plume trop fort, trop de choses à écrire, trop peu de temps pour le dire, j'ai choisi la violence et ma plume est cassée, j'ai choisi la haine et mon encrier est brisé, on fait tous des erreurs. Mauvais choix ou choix primaire, instinct de survie ou supériorité mal placée, un jour vient où la vie se lit dans les éclats qui ne sont plus de voix, ils montrent une voie, encore faut-il la voir, trop d'impasses, d'arrière-cours, de demi-tours, trop d'énergies perdues, l'envie d'avoir envie fuit, s'en suit une vie sans envie, un chemin sans chemin, un parcours sans amour. Triste. Non, pas plus qu’une vie bien remplie d’émotions, d’actions, bien occupée en dix mille choses et raisons, nos vies ne sont que ce que nous en faisons, selon la passion que nous y mettons. Il n’y a de tristesse que dans l’incompréhension, les êtres mesurent souvent la tristesse chez les autres à la place d’assumer leurs incompréhensions, il ne faut jamais descendre de son piédestal, chaque être est puissant, riche de ses connaissances et non désireux de faire face à ses manques, il est plus facile dès lors de refuser de comprendre plutôt que d’admettre les différences et donc s’en enrichir. A vrai dire, c’est plutôt cela qui est triste, non ?

Plus d’encre pour ancrer mes mots sur la page blanche, livide, lit vide de futurs mots, de futurs écrits, mais non, que nenni sans encre et sans plume, les mots resteront dans leurs limbes, c’est ainsi. Les pensées d’un jour non traduites en mots restent abstraites, fantômes hautement délébiles mais non débiles de nos errements, sentiments et états d’âmes parfois sans âme. L’encre a giclé, créant un infinité de tâches que les plus grands psychologues se régaleraient à détailler, à expliquer, à chercher la corrélation profonde entre le moi, le surmoi, le moi profond, le mou profond, le sens du vent, la force du vent, la rotondité de la lune ou bien encore l’évolution de la migration du grand panda roux. Je vais me contenter d’éponger, de ramasser les morceaux, nettoyer les éclaboussures et voir quelque part partir dans ses boules de papier absorbant chargées d’encres bleue les mots qui ne seront jamais. Sans tristesse.

J’irai marcher, mes mots trouvent mieux leurs voies lorsque je marche, les idées viennent faire un bout de route puis repartent, les mots volettent et dansent, tourbillonnent et s’enfuient sans qu’on ait pu les capturer dans les entrefilets des lignes d’un cahier. Il y aurait de quoi être dépité parfois devant ses belles muses venant vous susurrer au neurone leurs mots doux puis s’échappent avant que vous n’ayez pu les remercier et surtout noter ces jolis mots, pourtant, on finit par se prendre au jeu, s’amuser de ces visites impromptues, puis plus tard, avoir cette pointe d’amertume et de regret envers tous ses mots à jamais oubliés. C’est amusant de voir comment les mots sont timides : ils courent se cacher à peine exposés, et nous, pauvres humains, cherchons nos mots à travers les trous de notre mémoire. Il n'y a rien à regretter,  les regrets ne servent à rien si ce n’est qu’à perdre son temps dans un passé dépassé et oubliant de consacrer ce temps à notre présent. Les mots partis sont donc bel et bien partis, restent à savoir si à l’occasion d’une mot-partie ils reviendront nous sourire et du coup, nous faire sourire. Marcher est un acte relaxant, riche de sens, de bon sens, on en oublie la haine, la violence qui se dépose et s’installe chaque jour un peu plus dans notre société, on pourrait presque dire que marcher tombe sous le sens.


J'ai brisé l'encrier, j'ai dû y plonger ma plume trop fort, trop de choses à écrire, trop peu de temps pour le dire, j'ai choisi la violence et ma plume est cassée, j'ai choisi la haine et mon encrier est brisé, on fait tous des erreurs mais au-delà des erreurs, on fait tous notre chemin, là est surtout notre essentiel.  De là à être compris, il y a de la distance, de là à chercher à être compris, il y a notre indifférence…


Merci et bonne route

Le chemin de la vie est long, peuplé d’embûches, du moins pour certains, tandis que d’autres voyagent sur des autoroutes bien droites et bien dégagées, c’est cela la vie, à chacun ses défis et tant mieux. Maintenant, les refuser, ou bien refuser de vouloir en comprendre le sens, c’est se refuser le droit de vivre sa vie, d’évoluer et de grandir, c’est s’offrir un chemin tortueux, rejouer les mêmes pièges, se remettre dans les mêmes conditions. Nos vies, nos années sont comptées, mesurées, étriquées entre des dates, des évènements, des repères annuels qui viennent sonner le rappel de ses fameux rendez-vous d’introspection « où j’en suis, qui je suis ». Parfois il arrive que sur ces dates déjà hautement significatives viennent s’empiler d’autres dates, d’autres évènements familiaux, tristes ou joyeux, douloureux ou sympathiques et le bilan comptable de tout cela met en balance nos vies, nos envies. A titre personnel, la charnière deux mille douze – deux mille treize fut chargée en émotion, en un panel d’étapes qui nous fit passer des larmes aux espoirs, des espoirs au désespoir, du manque au vide et comme si la leçon ne fut pas assez apprise, elle s’en revient frapper à la porte en la période douloureuse de Toussaint  Je comprends qu’il n’est pas facile pour les amis, la famille de maîtriser tout cela, je comprends que nos vies soient des longs rubans interminables de bouchons sans le moindre temps disponible, et c’est tant mieux, ainsi on ne s’ennuie pas. Je comprends aussi les portes qui ne se sont pas ouvertes, celles qui se sont refermées même après de très longues années d’amitiés, c’est ainsi, un jour, on finit par descendre du manège et c’est tant mieux, il y a tant et tant à faire.

L’année n’est pas encore finie, mais déjà le cœur se resserre et sonne le rappel de l’insouciance, celle d’avant les tristes étapes, mais avant de refermer le couvercle du sous-marin, je tenais à exprimer ma gratitude et mon affection à tous mes compagnes et compagnons de route, qu’elle fut courte comme longue, on s’est quand même bien marré et je peux dire qu’on s’est bien aimé. Désormais nous voyageons sur des voies différentes, puissent les vôtres être agréables et riches, vos vies devenir vos bonheurs. Pour ma part, je quitte ces chemins-là, pour d’autres, bien évidemment, on n’arrête pas un randonneur comme cela, plutôt un pèlerin devrais-je dire… Je sais que des dates fameuses à fêter arrivent, ne m’en veuillez pas si je n’ai nulle envie, ni désir, ni volonté de célébrer quoi que ce soit, respectez juste mon silence et admettez juste ma vision de ces périodes dont les lumières et les prospectus trop nombreux chaque soir dans ma boite aux lettres me donnent déjà la nausée. Vivez-les à fond, soyez vous-mêmes et surtout, aimez, c’est là le plus beau des cadeaux.

Merci de ces épisodes et péplums de nos parcours communs, merci de comprendre et d’entendre le besoin de silence et de faire le gros dos devant ces dates aux éclats si particuliers dans la vie de chacun.


Merci et bonne route.     

Relatives relations

Quelle que soit une relation entre deux ou plusieurs êtres même de nature différente, elle n’existe que par sa réciprocité, malheureusement, beaucoup trop de personne ont oublié, sûrement sur les bancs de l’école ce qu’est une relation réciproque ou bien alors, dans une forme quasi paranoïaque en cherche un modèle absolu devenant un « je t’appelle donc la prochaine fois  tu m’appelles », «  je t’invite donc tu m’invites » sorte de partie de ping-pong au nom d’un sacro-saint équilibre. C’est quoi la vie ?

Une relation ne vit que par la vie que l’on y met dedans, la vie et l’envie. Trop de gens hélas ne bâtisse leurs carnets d’adresses que sur des « celui-là peut me servir » ou bien doivent employer des encres singulières qui ne se visualisent que lorsque la vue se brouille, que leurs jours sont gris et sombres, tristes et en peine. C’est assez marrant au fond de lire dans les lignes des absences de nouvelles comment se dessine la carte du tendre des autres. C’est assez marrant de soudain avoir des nouvelles ou plutôt de ces « coucou, tu vas bien ? » qui allume votre portable d’un numéro enfoui dans les profondeurs de l’oubli oh, bien sûr, par inadvertance…. Marrant tout cela, même si usant, mais pourtant, tellement instructif et source de lectures dans les filigranes de nos vies évolutives et révolutives, parcours sinueux des karmas qui s’accomplissent parfois en un éclair, parfois en plusieurs vies. Qui suis-je ? D’où viens-je ? On connait tous son histoire et on sait la lire dans la boule à facette, reflet vrai d’hier, reflet plus nuancé, plus romancé de l’histoire qu’on veut bien raconter, mais quelle que soit la forme, l’histoire ne débute qu’au commencement de cette vie-ci, rarement au-delà et pourtant, ce sont-là les clés de nos réactions, de nos compréhensions, de nos analyses et les éléments de réponse aux questions qu’immanquablement nous allons nous poser, aujourd’hui et demain.

Qui je suis ? D’où je viens ? D’une tribu lointaine qui à travers les âges a su préserver sa liberté, son indépendance, a su s’ouvrir et offrir aux voyageurs des lieux et des sentiments un moment hors du temps, un arrêt des minutes, une pause dans la grisaille pour reprendre vigueur et couleur, se refaire une beauté, une santé, respirer, prendre un thé, un repas, un partage, des échanges, quelques soins aussi, des plus simples, des plus naturels, sans potions magiques, juste quelques corrections énergétiques, ramener l’ordre dans le désordre. Il faut dire que les humains ont une fâcheuse manie et tendance, ils se dérèglent sans arrêt, un brin masochiste sans doute…. De tout temps, ma famille a été là, ouvrant sa porte, offrant son espace, accueillante, régénérant, une pitance, des mots, une écoute…. Ces diables d’humains aiment à coller des étiquettes sur les choses, en oubliant de les décoller et de voir le contenu plutôt que de simplement lire l’étiquette ancienne. Hélas, le pot de miel peut contenir du fiel et on fait la grimace à la première cuillère chipée, parfois, le bocal de cornichons contient une confiture douce et suave au palais mais on n’ose pas s’y risquer… C’est quoi donc l’étiquette de ma tribu ? Esséniens ? Homme-médecine ? Chaman ? Sorcier ? Rebouteux ? Guérisseur ? Magnétiseur ? Que de mots, que de fausseté, d’incomplétude, de malhabileté…. De tous ces mots, celui que j’aime le moins c’est guérisseur car cela est faux, il n’y a pas de magie, il n’y a que de l’aide, du soutien de la conduite d’énergie, et par tout cela, celui qui reçoit ces aides se guérit ou bien renforce son potentiel de guérison que d’autres moyens, chimiques ou naturels, viendront aussi renforcer. A travers tout cela, il y a un décalage entre notre tribu et les Hommes qui ont oublié ces trésors de vie, plongeant dans d’autres plaisirs, d’autres rôles, d’autres missions, se voulant cartésiens ils ont parfois condamner et brûler certains de nos membres, ils repoussent et se moquent des aides et des soins jusqu’à qu’ils faiblissent, qu’ils s’obscurcissent et cherchent désespérément la lumière. On ne voit bien la lueur  que dans les ténèbres et alors on croit, on espère et on a foi dans ces êtres-là. Touchant et désespérant,  les chemins de l’Histoire ont tellement brouillé nos pistes. Nos vies, nos façons n’ont pas changé, il y a toujours une porte ouverte pour la discussion, un bol de soupe, une tasse de thé, toujours un temps pour le partage, l’écoute et les échanges. Il y a toujours un pincement au cœur lorsqu’il n’y a plus de nouvelles, mais surtout, un réel plaisir de vous savoir entre les douces mains de votre bonheur. Oui, nous sommes une tribu perdue aux travers des âges mais aux racines profondes et tellement humaines que les sentiments ne sont pas étouffés, d’ailleurs, on ne peut aider et guider les énergies sans Amour, l’amour avec un grand « A », l’Amour universel, pur et vrai, tellement puissant à la fois pour celui qui le reçoit mais aussi pour celui qui le donne. C’est bien là la vraie philosophie de vie, celle dont s’abreuve et s’inspire les religions, celle dont devrait se nourrir l’humanité pour mieux trouver son chemin.    

Humains, oubliez vos bocaux, vos étiquettes, vivez chaque jour comme s’il était le premier, le miel d’hier est peut-être encore miel aujourd’hui, l’amer peut devenir sucré, osez goûter et vivre par vous-même et surtout, de grâce, cessez de vous nuire, votre vie en dépend c’est vrai mais plus encore, votre qualité de vie. Ne comptez pas les coups, les tours, invitez, ouvrez la porte, bougez, voyez, donnez des nouvelles même lorsque vous êtes submergés de bonheur, le bonheur est contagieux, essaimez, semez vos graines et faites poussez de grands arcs-en-ciel, soyez actifs et proactifs.


Il est des paroles éphémères, puissent celles-ci avoir un effet mère, et vous offrir la clarté sur vos chemins de vie…      

Déco

L’heure est à l’épuration, au vide, comme un simple retour à l’essentiel. Faire place nette, retrouver la vraie nature des objets, des lieux et leur ôtant tout ce qui peut paraitre comme superflu. Une mode zen après des années d’accumulation, d’empilage et de collectionnites aigües. Une forme de lâcher-prise, une envie de se désencombrer, une chasse à l’inutile qui devient une nouvelle façon d’être. Repartir d’une pièce vide, y apporter les meubles, les fonctions qui en assurent l’usage et la destination, y créer sa touche personnelle puis mesurer ce subtil écart entre trop juste et pas assez, entre trop et surchargé, ne pas risquer d’apporter le « détail qui tue » ce simple truc en plus qui vient briser l’équilibre et faire basculer dans un monde où il y a comme un quelque chose qui gêne sans vraiment savoir quoi.

Bien sûr, ce ne sont pas les magazines qui manquent pas plus que les émissions de télévisions, mais au fond, tout ceci ne sont que courants et que modes, il faut savoir regarder, lire, mais par-dessus tout, ne prendre que l’essentiel, la substantique moelle, savoir ôter toute dérive et personnalisation de l’auteur, savoir retrouver le spectre de ses propres couleurs, et mieux, savoir faire résonner la pièce dans sa propre harmonie. Rien n’est simple mais rien n’est compliqué non plus, il suffit de deux ingrédients, du temps et de la patience. S’exercer sur une pièce occupée est un challenge véritablement difficile, il y a trop de contraintes qui s’opposent pour s’en sortir sans expérience. Partir dans la création d’un nouvel espace sans nécessité de son usage le temps des travaux est la meilleure des choses pour se lancer, encore faut-il bien le visualiser dans ses futures utilisations. C’est joli un bureau étroit ou traine le temps d’une photo un livre de poche et une tasse de café fumante, c’est nettement moins pratique lorsqu’il s’agit d’y poser le pc portable, le gps, une carte de rando et avoir encore la place d’écrire et d’y travailler.

Les couleurs, elles, sont encore plus sournoises. Je passe sur les nuanciers dont les teintes se sont délavées au gré des expositions et des mauvais réglages des imprimantes, idem pour les pots de peintures aux couvercles inondés de lumière artificielle en magasin devenant soudain plus sombre ou plus quelconque une fois appliqués chez soi. Les lumières et les couleurs sont intimement mariées, sans compter que choisir une teinte sur une pastille d’un centimètre carré en imaginant vingt mètre carré de mur chez soi relève sacrément du défi. Puis il y a l’accroche sur le support, il boit ou il refoule, il cloque ou atténue, bref, tant de plaisirs à découvrir avant d’être enfin content de son résultat. Il y a la qualité des peintures, certains premiers prix finissent par coûter cher à force de multiplier les couches, les temps de pose et pour une résultat loin de la hauteur d’une peinture plus haute en gamme.

Les accessoires entrent en scène, qu’ils soient rideaux, lustres ou tringle à rideaux, attention à eux, ce sont des objets de coups de cœur, de premier choix et de longues hésitations sous peine d’aller-retour fréquent, de désappointement, le moral chute au fur et à mesurer que les rideaux s’accroche. Sans compter cette diable de lumière, jour, soir, nuit, été, printemps, automne, hiver, sans cesse un autre ton, sans cesse une mise en valeur différente et surtout, un résultat inattendu au mieux, désespérant au pire. Vient alors le mobilier. Ah. Bon, là encore, visualiser un canapé au milieu de deux cent mètres carrés puis le voir dans son trente mètres carrés peut faire un effet bœuf ou bien un effet beauf. La solution du plaid n’est que temporaire mais il est des temporaires qui durent tellement qu’on ne sait plus à quel temps se vouer. Puis il y a le budget, les objets déjà en notre possession, les envies de chacun, les souhaits et les rêves, les discussions et la trêve, les choix par économie et désespoir, peut-être qu’au final, on devrait aussi se relooker aux couleurs de son intérieur, non ? Et puis par là-même, demander à ses amis de venir en couleurs compatibles à défaut d’être assorties ?


Ça sert à cela les amis, non ?      

Lumières

Il est parfois difficile de retrouver la lumière sur son chemin de vie, quelquefois ce sont des aides extérieures qui s’en viennent user de leurs lanternes pour vous baliser la route, proches, amis, connaissances, mais l’essentiel demeure de se ressaisir, de retrouver sa flamme et son autonomie bien sûr, mais plus encore, de ne point oublier ceux qui furent présent dans ces moments de doutes, parfois de sombres ténèbres et de ténébreuses pensées. Certes, nous ne marchons plus, nous courons, le rythme s’accélère et nous accélérons sans penser un seul instant que nous sommes tous des hamsters en cage, tournant de plus en plus frénétiquement dans notre roue oubliant que ce n’est pas la roue qui fait accélérer le hamster mais le hamster qui donne la vitesse à la roue. Nous sommes maitre de notre vitesse, c’est à nous d’impulser le rythme et non de choisir de courber l’échine. C’est à nous de donner le « LA » et non de chercher la tierce. Nous et nous seuls, héros errant sur nos routes, nous et nous seuls maitres indiscutables de notre inconfort. A trop courir mais surtout à courir trop vite, on s’asphyxie, c’est le trou noir, exit, plus de lumière. L’ange est là, marque, elle, le pas. Douce lumière qui bizarrement s’en vient éclairer la bonne voie sur le carrefour de nos indécisions. Troublant ? Non, pas tellement, notre manque d’air prive d’oxygène nos neurones, élémentaire mon cher Watson. Sombre, sans air, on erre sur des chemins sans terre, perdu, disparu du monde des possibles, il est soudain plus facile de voir le vide…

Pourtant le vide n’existe que par le plein, le noir par le blanc, la nuit par le jour, l’obscurité par la lumière, l’obscurantisme par la connaissance, la roue par le hamster même à Amsterdam. Ah ? Il suffirait donc de changer l’orientation de son regard, changer de vision, cela semble tomber sous le sens. Revoici la lumière, il y a plein de petites bougies et toutes ensembles, elles donnent une grande lueur. Pourquoi sommes-nous tant étonné de trouver une petite lueur au milieu de notre nuit ? Pourquoi soudain comme par magie, un message ami s’en vient éveiller notre conscience et remettre du sens à notre vie ? On a souvent accusé le hasard, d’autres en réfèrent aux esprits, aux anges gardiens, aux anciens qui veillent sur nous, mais lorsqu’on cherche la lumière au bout de la nuit, l’important est-il la recette de fabrication des allumettes et des bougies ? Prenez votre souffle mais ne soufflez pas trop vite sur ces flammes amies, assurez-vous d’éclairer assez votre route et d’être en capacité d’éclairer des routes voisines lorsque le signal vous parviendra. Il parvient toujours. Soyez étonné, de tout, chaque instant, toujours et partout. La vie est magique. La lumière sans cesse différente, les parfums différents, il y est toujours, partout et en tout mille bonheurs à cueillir, mille saveurs à goûter, mille vies à expérimenter. Un vase se brise, jetez les morceaux. Une page se tourne, aidez-là à se tourner, savourez par avance la page blanche qui lui succède. Vivez, c’est par ce chemin-là que vous vivrez le mieux votre vie. Votre passé est passé, il n’est pas jouable ni re jouable, juste passé, important car de lui est né votre présent, mais c’est de votre présent que naitra votre futur. Ah le futur, que n’a-t-on dit de lui ? Mille voyances, mille voyages mais tout autant de bifurcations à prendre pour rejoindre ces vies aperçues, un seul libre arbitre, le vôtre vous fait et vous fera prendre tel ou tel sentier plutôt que tel autre, et exit le but fixé pour un but nouveau, le vôtre, sans retour. Vivez votre présent sans oublier votre futur mais sans focaliser dessus non plus, sans oublier les leçons de votre passé, sans chercher à les triturer, à les repasser, votre passé sera toujours froissé à votre regard neuf d’aujourd’hui.


Il pleut comme il fait soleil, il y a du vide comme il y a du plein. La nuit succède au jour comme le jour succède à la nuit. Soyons clair plutôt qu’obscur. Soyons vrai, toujours. Respirons, vivons, aimons. Les épreuves de la vie ne sont pas des fins mais des étapes, des marches pour s’élever, des leçons à apprendre, à comprendre, à capitaliser dans leurs résolutions. Travaillons notre flamme, laissons-la briller, éclairer et nous réchauffer. Voyons en elle et par elle notre voie, notre chemin. N’oublions jamais que nous ne sommes jamais seul, cherchons juste parmi les flammes autours les pleins et les vides, le bon grain de l’ivraie. Le bon grain dit vrai.