Printemps

La page « hiver » s’est définitivement tournée ce week-end. Dernière sortie raquettes d’une saison 2008 qui se termine juste au moment ou la neige arrive ! Impression bizarre de saison ratée, 3 sorties annulées sur les 6 proposées, saison difficile ou il a fallu aller à la pêche aux voix, relancer les sortants potentiels pour faire un groupe suffisant et valider la sortie… Pas toujours facile et l’impression de se battre contre des moulins à vent. Quoi qu’il en soit, avec 1m70 de neige mesurée hier, du soleil, un petit groupe, bref, nous avons clôturé gaiement cette saison mal engagée dès le départ. Les raquettes sont encore en attente de nettoyage avant hivernage d’été (cherchez l’erreur !), la panoplie du parfait descendeur de pentes enneigées sur les fesses en cours de séchage avant stockage, le sac à dos vidé et en attente de nouvelle inspection à des fins pédestres… Car elle arrive la saison de randonnée, les belles randonnées à la découverte de nos belles régions, sur les anciennes terres des comtes de Toulouse puisque cette année, une virée dans le Var est même programmée !

Des dates et un calendrier serré dès ce mois d’avril, entre réunion de préparation de la saison, recyclage des accompagnants, première sortie randonnée dans le Tarn, soirée des commissions, le mois d’avril sera chaud ou ne sera pas ! Enfin, surtout pour celles et ceux qui voudront bien enchaîner tout cela. Pour ma part, je naviguerai aux grés de mes emplois du temps, des mes actes mécaniques, des mes humeurs, des mes envies océaniques, bref, de trop de paramètres pour ne cocher que les cases randonnées dans le calendrier d’avril. Un seul objectif en tête, ou plutôt deux : des travaux à la maison, dedans et dehors, il y a de quoi faire, de quoi cogiter, penser, budgétiser,entreprendre, et puis, achever la préparation de la méhari pour la grande fête d’Amboise. Les randonnées ? Oui, je ne les oublie pas, mais ce ne seront pas ma priorité en ce doux mois d’avril. D’ailleurs, celui-là, il n’a pas encore démarré que déjà il s’annonce court ! Eternelle course du temps, éternelle course contre le temps, la vie défile à vitesse grand V. 2008 déjà amputé d’un trimestre, dans cette vie qui somme toute défile plus vite qu’on ne le pense…

Le printemps est là, celui de 2008 comme celui de la vie, avec sa météo instable, ses belles éclaircies, ses ciels virant au noir sans qu’on sache toujours pourquoi, ses pluies légères et parfumées ou plus drues, mouillantes et dérangeantes, qui comme par magie essayent de se faire oublier dans un arc en ciel de gaîté. Tel est la vie, une vie sans nuages serait triste, une vie d’orage serait lassante, entre les deux, il y a la vie, la ronde des saisons, le défilé des intempéries et des éclaircies, les moments froids et les moments torrides, les coup de gris d’un ciel pourtant bleu, les retour du soleil, les phases de lunes, les étapes obligées qui ponctuent nos vies…

Alors, vivons puisque nous sommes vivant, profitons de cette vie, de ces moments de répits ou nous cumulons santé, joies, éclaircies, soleil, et autres bonheurs qui parfois paraissent anodins et que d’autres attendent et espèrent en silence ou en gémissement. Car la vie, comme les saisons du calendrier, ne dévoile jamais les jours suivants. Aujourd’hui nous sommes ici, dans cet état là, mais demain ? Que sera demain ? Pourquoi ne pas profiter du jour qui vient, du jour qui est là, de ce jour-ci plutôt que ce jour-là qui peut-être sera ou finalement ne sera pas ? Aimons ! Nos amis, aimons à les retrouver alors qu’on sait si bien les perdre. Aimons notre famille dans tous les étages de la généalogie, aimons-nous, dans notre cellule familiale...

Le printemps est là, la saison des fleurs, des fruits, des parfums, du soleil de retour, de l’herbe verte et odorante, la saison des parfums, la saisons des amours....

Il pleut, je vis...

Il pleut, mais la vie et là, et c’est l’essentiel. Belle ou moins belle, il y a toujours mieux, il y a toujours pire c’est vrai et c’est sûr, forcément sûr, mais la vie, notre vie n’est que nous en faisons. Nous ne subissons rien, nous récoltons ce que nous semons et ce que nous avons semé. Personne d’autre que nous-même, n’est responsable et ne peut infléchir le cours de la vie. Rien n’est écrit, rien n’est tracé par avance. La page se remplit au fur et à mesure de la course du crayon, ce joli crayon aux couleurs arc-en-ciel que nous tenons plus ou moins fermement dans notre main. L’écriture en est hésitante, tremblée, parfois au contraire, le trait est assuré, le geste ferme, les pleins et les déliés de toute élégance, et la page se noircit à toute vitesse… L’écriture de la vie, de notre vie, est ainsi, la seule différence par rapport à d’autres textes, c’est que nous ne possédons pas de gomme, que chaque rature laisse des cicatrices plus ou moins indélébiles avec lesquelles nous devons vivre. Certaines pages s’écrivent dans la douleur, d’autres dans la douceur, certaines sous les pleurs, d’autres parmi les fleurs, certaines sous les cris, d’autres dans les rires…

Drôle de livre que le livre de la vie, ce livre ou on ne se livre pas toujours en entier, de peur de se retrouver nu, livré à d’autre, pudeur imbécile qui étouffe bien des sentiments ou du moins, la façon de les exprimer, exercice facile pour les uns, plus compliqués pour d’autres, exercice se compliquant à chaque répétition, enfermement dans une coquille fragile et dévorante, car, sans se livrer, comment être soi-même ? Comment ne pas fausser le cours de la vie, si d’entrée, on choisit de n’écrire qu’un mot sur deux ? Angoisse, pudeur pouvant parfois passer pour de la froideur, mal être ne faisant qu’empirer tant qu’on aura pas ouvert la soupape, lâcher la pression, celle qu’on se met tout seul, à vouloir donner de soi une image trop brillante, à vouloir paraître trop beau, on s’enferme dans un rôle qui s’éloigne un peu plus chaque jour de soi… Et puis un jour, la marche est trop haute, entre celui qu’on paraît et celui qu’on est. Vertige assuré, chute probable, écrasement soudain et il devient difficile de se relever…

Alors ? Et bien, d’abord être soi et se dire qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, c’est ainsi. Au grand jeu de la vie, être soi, c’est être gagnant, pour soi et pour les autres, pas de tricherie, pas de perte de temps. Sincérité, franchise, dialogue, ouverture d’esprit, des qualités pas si compliquées que cela à avoir, à prendre comme mode de fonctionnement. Essayez, vous verrez. Laissons le cinéma aux acteurs, ouvrons les yeux et le cœur, regardons, écoutons, communiquons, mais communiquons vrai. La vérité seule permet d’avancer. Notre vie est ce que nous en faisons, alors, si nous ne voulons pas nous en dégoûter, si nous ne voulons pas s’y ennuyer, agissons pour cela, positivons autant que possible chaque situation, vivons nos relations pleinement, vivons en pensant que chaque jour s’éteint et que rien ne permet de croire que demain s’allumera, faisons en sorte de ne pas attendre, de ne pas remettre au lendemain ces choses d’aujourd’hui. Dans le grand sablier, nous ne sommes que grain de sable, ignorant la chute, la mort, le moment ou tout s’arrêtera. Profitons de la vie, de notre vie, dès aujourd’hui, vivons chaque instant comme si c’était le dernier, c’est peut-être facile à dire, ce n’est peut-être pas si difficile à faire.

La vie mérite d’être vécue, pleinement, rien de sert de se lamenter sur sa vie, de souffrir en silence, de se la compliquer. Certains choix coûtent, mais comment savoir s’ils sont les bons ou les mauvais sans les pratiquer ? Laissons la boule de cristal de côté, concentrons-nous sur nous, sur notre vie, reprenons en main le stylo et lançons-nous à fond, à cœur perdu, dans l’écriture. Des regrets ? Non, à part ceux de ne pas avoir écrit plus tôt… Mais ça, c’est une autre histoire….

Méhari, suite!

Et oui, la Méhari, le retour ! Toujours des bricoles en cours, des commandes en cours, des livraisons qui arrivent, pas toujours complètes, mais bon, c’est ainsi… Des petites bricoles, des ajustages, des notes, des projets, et puis un rappel à l’ordre, le fameux, le très célèbre contrôle technique annonce sa date fatidique. Manque de temps pour tout réviser, et puis, à quoi bon ? Le contrôle dira ce qu’il faut faire sur la belle, non ? Voilà donc ma Méhari transformée en voiture de ville, me conduisant au boulot par cette belle journée de mardi dernier, le 18, tiens ? Mon nombre ? Etrange coïncidence ! Ou simple similitude amusante, voire même, signe du destin, à ne pas confondre avec le cygne de l’étang…. Après tout, il suffira d’un cygne… bref, direction le boulot en méhari, histoire de décrasser les cylindres, mais aussi d’affûter le freinage. Le soir venu, direction l’antre magique, la salle de musculation de nos chères autos, aux bancs de tests ou de tortures rutilants. J’abandonne mon beau jouet aux mains expertes de l’homme de l’art, étrange personnage qui voit défiler à longueur de journée des belles et des moins belles, de tout genre et de toutes couleurs, de toutes tailles, infidèle à sa belle le jour durant, fidèle à sa technique et ses instruments de torture…

Première inquiétude, après s’être glissé à l’arrière de ma belle, il introduit subrepticement un tube dans son anatomie, et se fige devant la machine…. Aïe ! Que se passe-t-il ? Des soucis ? C’est grave docteur ? Soudain, il ouvre en grand le portail et revient devant l’écran… sourire aux lèvres, satisfait, la belle va bien, c’était l’air trop vicié du local qui faussait la mesure de la pollution… Et dire que ce pauvre homme respire cela à longueur de journée ! Les examens se poursuivent, direction le tapis de marche, histoire de se dégourdir les pneus. Hop ! ça freine à gauche, ça freine à droite, devant, derrière, ça ondule bien, des quatre roues, retour sur le tapis, freinage manuel, tout est ok, quelle championne !

A l’agrès suivant, voilà que ma belle joue les filles de l’air et se laisse regarder sous les jupes à la lueur de la torche… Châssis et tubulaire nickel, plus nickel que je ne le pensais même, mémé ne fait pas ses vingt-quatre ans ! Torture du train avant, rien à redire, comportement nominal, retour sur le plancher des vaches après s’être envoyée en l’air, et dernières vérifications des tampons et numéros… Le temps d’apprendre un secret sur elle… Son châssis a été refrappé chez Citroën suite à erreur de frappe…. Bravo !

Et voilà, c’est fini pour les examens, reste plus qu’à attendre la feuille de note. Suspense, l’impression dure… Et puis voilà, en échange d’un chèque, remise d’un joli procès verbal tout beau, tout neuf : Mémé est brillamment reçue, vingt sur vingt ! Félicitations du jury ! Rapport vierge, vingt-quatre ans après, dans son jus, sans restauration ou plutôt reconstruction comme bon nombre de ses sœurs, c’est tout de même émouvant ! Pour la peine, nous allons tout de même changer quelques éléments, à commencer par les amortisseurs, histoire de gagner un peu de confort et être moins tangible de la limite, et puis, nous allons voir pourquoi cette roue arrière droite freine un petit peu moins que sa sœur de gauche… Des broutilles de l’entretien, normal à 98 500km et 24 ans de vie automobile.

Vignette au pare-brise, prête à affronter les routes, pas toujours en bonne compagnie hélas, puisque certains automobilistes grincheux, ayant perdu toutes notions de plaisir dans leurs bolides insipides et frigorifiés, s’acharnent à doubler dans toutes les positions, à couper la route, oubliant que nos belles n’ont que quelques chevaux à fouetter pour s’élancer dans ces ronds-points poussant comme des champignons, ces ronds de sorcières où les conducteurs usent que de trop du champignon, souvenirs de leurs années d’enfance ou ils tournaient sur des manèges de chevaux de bois, illusions de vitesses, souvenirs de courses enfantines, ou simples pulsions d’une scélérate célérité conduisant à l’excès d’excessives vitesses sur des anneaux pas toujours bien négociés ?

Qu’importe de jouer le lièvre, la tortue finit toujours par arriver, le dromadaire aussi ! Amboise, nous voilà ! Itinéraire bis, à quoi bon prendre l’autoroute ? Redécouvrir les charmes de notre pays par ses routes est ce qu’il y a de plus beau. Si en plus, le soleil veut bien m’éclairer sur le trajet et permettre de déshabiller mémé, alors là, quel bonheur de rouler aux vents ! Trajet pour le jour J, se regrouper avec d’autres forumistes, constituer la méharée des Méharis de tout âge, de tout bord, de toutes couleurs pour rejoindre le lieu des célébrations… Qu’il me tarde ces moments sur les routes des rois en pays de châteaux…

Encore!

Que le temps passe vite ! Plus d’une semaine sans écrire, à déserter le blog, mon blog, trop occupé à profiter de la vie et de ses joyaux, c’est vrai, trop occupé à profiter de cette semaine tant attendue, tant rêvée, à vivre tant et tant de choses, entre ici et océan, entre océan et maison, entre sud et nord, entre bricolage et visite capitale… Que de choses à dire, à écrire, sur tout plein de sujet… Agréable parenthèse dans la morosité latente de notre monde industriel et galopant vers des délocalisations génératrices de profits, au moins pour les actionnaires ! L’argent appelle l’argent, le capital aspire le capital, et à ce jeu-là, le petit porteur ne reste qu’un petit porteur, il joue, mise sa chemise sur le cours d’une action devant tutoyer les sommets en cas de succès outre-atlantique… Et zut ! C’est l’inverse qui se passe ! Pas de profits mais des pertes, sèches, nettes et sans bavures, juste de quoi baver sur une industrie moribonde vivant peut-être là ses derniers sursauts… Que devient notre beau pays ? Un endroit de rêve pour milliardaire américain, russe, hollandais ou allemand ? Que deviendrons-nous ? Que deviendront nos enfants ? Sommes-nous condamné à l’exil, fuyant un pays ou le pouvoir d’achat baisse de jour en jour ? Devons-nous quitter la terre de nos ancêtres pour essayer de survivre ailleurs ?

Une virée dans la capitale ce dimanche, à visiter nos joyaux d’arts exposés au Louvre, à flâner dans les rues de la ville lumière, c’est une leçon de russe et autre langage de l’Est, voir même de l’extrême orient, tant les touristes de ces pays là étaient nombreux autour de nous. Ville cosmopolite, ville culturelle, ville belle à qui sait la parcourir et la découvrir. Du monde de la miniature au monde des immenses toiles, des maquettes de maison aux boutiques immenses, de la démesure du SDF ramassant les mégots au luxe clinquant des Champs-Elysées… Echappée d’un dimanche, mettant à profit les liaisons rapides en vigueur sur certains axes, confort du TGV, labyrinthe des RER et autres métros pour se retrouver d’un bout à l’autre de la ville, expositions de passions parfois exacerbées, plongeon dans la ville, descente aux enfers à l’affût d’un Belphégor planant au dessus de la foule, nouveau labyrinthe royal, successions de salles aux trésors si différents réunis dans la même logique de beauté, de patrimoine, de réservoir culturel offert au public lambda.


Louvre.
Le Louvre.
L’architecture droite et rigide, néanmoins harmonieuse, subtil équilibre de rigueur et d’élégance, bien dans le style Louis XIII, cette architecture qui impose le respect, l’envie de la découvrir, ces bâtiments cerclant une place égayée de pyramides tant décriées et pourtant intemporelles désormais. Subtil rappel en surface des trésors cachés dans les galeries souterraines, trésors qu’il faut savoir retrouver dans les méandres des bâtiments, niveaux successifs, couches superposées de notre Histoire, des fondations moyenâgeuses, aux pyramides de verre et d’acier, c’est d’un coup notre vie, celles de nos aïeux qui défilent, lent effeuillage des pages de nos manuels scolaires : Les peintures aux murs sont celles qui illustraient nos livres d’école, nous nous surprenons à voir « en vrai » la belle aux bras perdus, la Vénus de Milo, nous cherchons la Joconde, star intemporelle encerclée par ses fans, passant devant le radeau de la Méduse, étonnés de le voir là si grand, quand la Joconde nous paraît si petite… Retour sur le Da Vinci Code, retour sur Belphégor, mémoire allant du réel aux éléments enfouis dans les neurones, liens entre réalité du terrain et histoires cinématographiques, allers-retours étourdissant dans les époques épiques de notre pays, de notre monde, de notre vie scolaire.

La pluie et le temps

Après un épisode froid et neigeux, voilà la pluie, le vent, la tempête… Une année qui démarre en fanfare, essaie de se démarquer de ses sœurs, nous montre l’éventail de ses charmes, en use sans nous abuser… Un début d’année plutôt sec, de belles journées plutôt chaudes, puis retour au froid, enfin la neige sur nos Pyrénées et, maintenant que l’envie d’aller visiter le bord de mer nous tenaille, la pluie, la grisaille, le vent dans des coups de colère tempétueux. Voilà bien la seule chose que l’homme ne maîtrise pas sur cette planète : le climat, et d’ailleurs, heureusement ! Il y aurait bien des polytechniciens énarques et ingénieurs multi récidivistes pour décider à notre place du temps qu’il faudrait qu’il fasse en tel ou tel coin du globe. Notez que pour trouver un coin sur une planète ronde, il faut rouler sa bosse ! Rouler ? Vous voyez bien que le mouvement est dans la rotondité ! A l’image de nos planètes, nettes ou pas nettes, c’est le cercle qui fait avancer. Comment avancerait-on sans son cercle d’ami, son cercle de connaissance ? Peut-on rouler avec une roue à plat ? Non ! Vous comprendrez bien que c’est là un plat, un morceau qui n’est plus rond, qui brise le cercle, qui dévie la trajectoire et empêche la bonne avancée, empêche tout simplement de tourner rond ! Encore une fois, le mouvement est dans la rotondité. CQFD. Du climat, au cercle ? Oui, pourquoi pas, tout est lié, ne parle t-on pas de la ronde des saisons ? Et là, en ce début d’année, je trouve que la ronde s’accélère, accélère le pas, fait défiler les saisons, les changements climatique dans une frénésie frénétique, sorte de féria climatique, passage en revue de tous les temps possibles et inimaginables dans une farandole impromptue.

Oui, je sais, vous allez dire, ce coup-ci, c’est bon, il déraille ! Et bien, non, en fin, pas plus qu’avant, enfin, je crois. D’abord, dérailler ne me plait pas, eut égard à ma passion des trains, je ne déraille que sur mon vélo, et encore, je commande le mouvement de ces délicieux engrenages qui, au gré des mes envies, allègent la force ressentie dans mes mollets, ou au contraire, durcissent le geste pour en puiser la quintessence de la puissance musculaire et me propulser à des vitesses insoupçonnées, surtout si le terrain veut bien décliner un peu et le vent me souffler dans le dos… Je ne suis pas un champion cycliste, ni un de ces accros de l’exploit en solitaire, source de réconfort moral et de crampes musculaires. Non, le vélo fut d’abord pour moi, un jeu, un instrument de jeu et de plaisir, une machine à dévorer l’espace, me faisant traverser en un rien de temps le jardin familial pour cueillir une de ces pêches jaunes et sucrées, au parfum de miel et de fleur, qui prenait une saveur intense lorsqu’elle constituait mon goûter de retour de l’école, lien direct sans intermédiaires entre l’arbre et mes lèvres… Déjà, en ce temps-là, je rêvais de voitures, tout au moins de karting à pédales, parfois à moteur, mais mon vélo, était le plus beau de mes trésors. Un vélo, deux roues, deux cercles, encore. Encore ? et oui, tournerais-je en rond ? Non, que nenni, l’esprit a mis en marche ses rouages, votre vision de mon cerveau déraillant a mis en mouvement d’autres engrenages, ceux de la mémoire, de l’enfance, des saveurs oubliées… Et oui, le pêcher est mort de sa belle mort, et puis, nous avions déménagé, et puis, les pêches ne sont plus ce qu’elles étaient. Elles ont perdu cette saveur d’autrefois, ce goût de pêche et de péché, la cueillette sauvage, ces parfums emplissant ma bouche, ce jus sucré coulant sur mes lèvres, ce noyau jeté dans le fossé de l’autre côté de la haie, un vol presque parfait puisque j’ignorais que du coin de la porte ma mère me regardait avec plaisir dévorer ces soleils en peaux, ces trésors de vitamines venus d’un temps ou les vitamines ne poussaient pas dans les cachets…

Voilà, ce que la pluie et la grisaille d’aujourd’hui apportent. Un texte en souvenirs, une madeleine de Proust en forme de pêche jaune et sucrée. Etrange mécanique que notre cerveau, n’est-ce pas ? Est-ce d’avoir parlé hier de ces souvenirs sucrés de l’enfance, roudoudous, coco boer, chamallow, fizz, guimauve et autres douceurs de notre enfance, pochette de petits gâteaux colorés que m’offraient mes grands-parents, d’un temps ou les colorants étaient encore alimentaires mon cher Watson, macarons roses, bleus, jaunes, agrémentés de perles de sucres jaunes comme des fleurs de mimosa… Je n’en ai pas retenu la saveur, mais la couleur, le lieu, l’appartement des mes grands-parents, et cela suffit à ma mémoire. Voilà. Hier nous avons parlé, entre autre ! Mais le reste est privé ! Non mais ! Oui, hier nous évoquions ces douceurs-là de l’enfance, aujourd’hui la pluie fait voguer mon esprit vers les pêches sucrées de ma jeunesse… Bizarre. Et si nous avions parlé du beau temps ? Allez savoir ! Mais bon, parler du temps, n’est qu’une façon de combler un vide dans une conversation ou bien d’introduire la discussion....
Alors, discutons !

Mes textes sans prétention

Un blog, pourquoi ? Un blog pour qui ? Un blog, mon blog, ce blog-ci, est là, par une envie personnelle d’y stocker des textes personnels, des écrits, des bouts de moi, des bout de vies, des morceaux réels ou irréels de ma vie… Au vue de messages reçus, j’aurai dû ajouter les bonnes phrases qui ornaient autrefois bien des films et téléfilms : « toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existées ne seraient que pure coïncidence… » J’écris, pour le plaisir d’écrire, sur ma vie, sur mes rêves, sur des visions d’un monde ou d’une planète, sur des envies, sur des choses réelles et des choses irréelles, j’écris pour écrire, j’écris pour moi tout d’abord, car cet exercice me permet aussi de me décontracter, de me libérer. Je n’ai aucune prétention, ni grammaticale, ni syntaxique, j’écris c’est tout.

Ce blog est né dans la douleur d’une fin d’histoire. Ce blog est né pour regrouper des textes écrits sur un site d’échange qui était fort sympathique en ce temps-là, un temps ou l’aspect monétaire n’avait pas encore pris le dessus. Ce site n’autorisait qu’un texte par jour, et, en ce temps-là, j’écrivais plusieurs texte parfois dans la même journée, d’ou l’idée de créer ce blog, d’y mettre mes textes, et de citer ce blog sur ce site d’échange. Et puis, ce blog a grandi, des textes en tout genre, acrostiches, poèmes à deux balles, écrits divers, billets d’humeur voire même de mauvaise humeur sont venus s’entasser, se classer par mois, les mois par an, les ans par… non ! Nous n’en sommes pas encore là. La fréquentation est variable, entre 10 et 30 personnes par jour, parfois laissant des commentaires, parfois écrivant directement à l’adresse du blog (
31didier@gmail.com), anonymes anonymes ou moins anonymes, messages sympathiques sur des appréciations de mes textes… Fierté du pauvre auteur, excusez par avance cette fausse modestie.

La vie passe, le temps parfois manque, parfois c’est l’envie qui disparaît, et même, parfois les deux en même temps ! Parfois je me demande, le besoin d’existence de ce blog, dois-je le laisser ouvert, le fermer à jamais ? De temps en temps je pense à remettre les écrits bien au chaud dans le cahier, ce cahier personnel, qui ne connaît pas d’autres lecteurs que son auteur. Fermer le blog comme j’ai fermé d’autres accès, l’accès à meetyourmessenger lorsqu’il est devenu irritant de s’en servir sans devoir payer, l’accès à copains d’avant lorsque je me suis aperçu de la kyrielle de renseignements personnels voire très personnels livrés ainsi en pâture sur les autoroutes du net. Oh ! Je n’ai rien a caché, certes ! Mais ce site, ne m’a rien apporté non plus. Mes copains d’enfance ? Mes plus proches copains sont hélas morts, les autres ? Ils ont fait leur vie, de leur côté, et quel serait le plaisir de se retrouver ? Aucun. Je ne vis pas dans le passé, je vis aujourd’hui, avec des rêves de demain, d’après demain, proche, très proche, affolant d’être presque déjà là, mais c’est ainsi, la vie, ses rouages bien huilées, ses réglages à effectuer, mécanique horlogère que des brindilles ne peuvent arrêter. Quitter donc ce virtuel trop prenant, trop étouffant, pour bâtir le réel, avancer, progresser, aimer et être aimer.


Ecrire ? Oui, ça arrive encore parfois, à des heures variables, à des instants divers, en des lieux divers, écrire, s’échapper dans la bulle de l’écriture, voyager par-dessus les lignes, par-dessus les rangées de lettres, les pleins et les déliés, raconter, imaginer, écrire l’histoire, vraie ou fausse, amusante ou triste, écrire pour soi d’abord, même si cela est égoïste, écrire, oui, écrire. Aujourd’hui, le clavier remplace la plume ou le stylo, le fichier Word remplace la feuille, le blog remplace le cahier. C’est ainsi. De ce que j’écris, je suis seul responsable, des mots écrits comme des interprétations qui peuvent en être faites, même si parfois, je sais que je m’exprime mal dans ce que j’écris. Est-ce mon habitude à jouer du texte, jouer du second voire du troisième degré qui génèrent les erreurs d’interprétations ? Peu importe, je suis là pour en discuter, expliquer, m’expliquer, je suis là, encore. Comme ce blog. Aujourd’hui, il est encore debout, demain, peut-être, il réintégrera le tiroir dont il n’aurait jamais dû sortir.

Rêve

Retour du froid, comme un rappel de l’hiver, cet hiver qui s’était fait oublier pour nous revenir soudainement, nous faire ressortir les pulls que nous avions presque rangés… Il a même neigé en plaine hier, oh ! Pas de quoi affoler un esquimau, non, mais de quoi se prendre à rêver de balades enneigées, de poudreuse, de descente en ski dans des stations désertes… Passions jamais éteintes, sports d’hiver et sports divers, bouger, s’amuser dans le sport sans chercher l’exploit, se détendre le corps et l’esprit, respirer l’air pur, s’oxygéner… Mais je dois dire que je me sens plutôt lézard ces derniers temps, plutôt en manque de chaleur depuis ce retour du froid. Je m’étais bien habitué aux douces températures, d’ailleurs, j’avais même ressorti la méhari de son hibernation…

Nous voilà donc de retour en hiver, soirée frileuse et cheminée, soirée couette même car le rythme infernal de ces derniers jours de boulot me mettent plutôt à plat… Drôle de vie, agitation, courses effrénées, réunions à outrance pour agitation permanente du bocal. Retour bouchonné, repas avalé, sommeil lourd et apparemment non récupérateur… Quand est-ce que le loto va enfin penser à moi ? Allez, juste une fois, juste le temps d’un bon, un très bon tirage, de quoi tirer un trait sur cette vie déjantée, partir loin, très loin, très très loin d’ici, fuir les bouchons l’agitation, trouver mon coin de terre, pays basque ou Provence, Gers ou Lauragais, océan ou montagne, corse ou continent, chaleur, quiétude, une maison à histoires, oh ! pas les histoires qui vous coûtent les yeux de la tête, non, celle qui ont longuement, patiemment patiné les marches de l’escalier, usé la pierre du perron, travaillé les buissons, les parterres, dressé le paysage tout autour. Une vieille ferme aux accents du terroir, une étable spacieuse ou garer mes bolides bi cylindriques, agrandir ma collection de leurs cousines Dyane, Ami6, Ami 8, 2cv camionnette, 2cv cabriolet, Méhari encore et encore… Pour s’occuper ? Et bien, une petite activité de bricolage, de réfection de ces autos là, ou bien, des chambres d’hotes, avec l’envie de faire partager et découvrir le terroir… Et puis, un grand grenier immense, de quoi installer un train électrique dans des dimensions respectables, histoire de partager cela avec de bons amis. Et puis, une grande salle à manger, à l’immense cheminée, à la table digne d’un monastère pour se retrouver nombreux à partager, échanger, discuter. L’été, la tablée sous les pins, partage de grillades et autres boissons fraîches pour laisser tranquillement glisser la chaleur sur nos peaux bronzées… Dans le parc, des pavillons pour loger la famille, les amis de passage venus nous visiter, car, bien sûr, je n’y vivrais pas seul, sinon, j’aurais peur !

Que les rêves sont beaux, que les désirs sont faciles lorsqu’il suffit de laisser voguer l’esprit. Plus de soucis quotidien, plus de chamaillerie, une vie tournée vers les passions, ver la chaleur, du ciel, du soleil, de la convivialité, de l’amour, de l’amitié, des plaisirs de la vie. Cette bouffée d’air, ce coin de rêve bleu, c’est aussi ce qui permet de fuir le quotidien trop lourd de nos réunions pesantes. Après tout, le rêve ne coûte rien et n’est même pas imposé !

Mes rêves me promènent d’un coin à l’autre de mon midi, sur cette terre ocre, chaude, dure ou sablonneuse, sur ces vallonnements, sur ces contreforts pyrénéens, car je reste attaché ici, à ma région, c’est vrai. Mes rêves, ne sont que des rêves hélas ! Pourtant, il suffirait de presque rien, 6 numéros cochés sur une grille qui soudain s’alignent sur l’écran… Promis, juré ! Si je gagne, j’arrête de jouer ! il faut savoir laisser la place aux autres, savoir se retirer sur la pointe des pieds… Et puis, vous pensez bien, il va falloir réfléchir, chercher, visiter, trouver enfin la maison de mes rêves, les autos qui viendront en garnir les étables, organiser cette nouvelle vie, et puis peut-être… acheter un nouveau stylo, un nouveau cahier, écrire sous les pins odorants, des lignes aussi bleues, aussi douce que la vie que je rêve et que je vous souhaite à tous…

Au gré des vents...

Lundi, retour aux bonnes habitudes : bouchons, travail, réunions… Rythme infernal et usant de ma vie professionnelle dans un environnement se dégradant de jour en jour. Le soleil joue à cache-cache avec la pluie, c’est vrai que nous sommes en mars déjà, voici les giboulées. Un peu d’eau, si peu d’eau. Ce week-end, gros contrat, et même, contrat majeur pour l’entreprise : l’armée américaine a consenti pour la première fois à acheter des avions européens. Bouffée d’air pour l’industrie, excellente chose en terme d’image publicitaire, et, à la clé, construction des avions sur le sol américain, ce qui veut dire, main d’œuvre américaine bien sûr, mais aussi des postes à pourvoir de l’autre côté de l’atlantique. Après la Chine, voilà une deuxième destination intéressante, pour changer d’air, tenter autre chose, ailleurs, dans un ailleurs moins familier et même pas familier du tout. Challenge intéressant pour relancer une carrière au ralenti, challenge intéressant pour se relancer aussi. Seul bémol, mon non attrait, pour ne pas dire dégoût, des Etats-Unis… Avantage par rapport à la Chine, j’en parle la langue, et la culture reste occidentale… Piste à creuser, piste à voir.

Soirée roller, comme toujours le lundi, histoire de bouger, évacuer, rencontrer, soirée évasion du monde cathodique peuplant habituellement mes soirées. Mars. Que le temps passe vite, déjà deux mois de passés en cette année 2008, déjà le printemps qui s’annonce de partout, des floraisons éclatantes, le jaune des mimosas et des forsythias contre le rose des prunus, les blanches narcisses contre les jaunes jonquilles, le vert profond de l’herbe tendre prête à subir sa première tonte. Des bourgeons éclos, des feuilles tendres, tout cela est bien en avance, et je crains la gelée meurtrière qui viendra anéantir tout cela. La fraîcheur du soir est là pour nous rappeler combien ces belles journées sont en décalage dans le calendrier.

Contemplation de la nature, observation des paysages, il me tarde le changement d’heure prochain qui me laissera du temps le soir, après le boulot, pour voir les progrès quotidiens de chaque être végétal de mon petit jardin. Que j’aime ces soirées ou l’on traîne dehors, observant, soignant, rajoutant un lien, une ficelle, arrosant, bref, enfin le temps de profiter de son extérieur. Le temps viendra alors aussi, de ressortir le vélo pour des promenades dans la fin du jour, le temps de bouger, de respirer, de profiter de la vie. Peu importe de dîner tard, l’essentiel est comme pour nos anciens, de profiter de la lumière diurne, de ne rentrer qu’à la nuit tombée pour manger et dormir. Autre cycle plus en phase avec dame nature, période que je préfère dans les deux alternances horaires auxquelles nous sommes abonnés depuis longtemps déjà.

Et puis, viendra le temps de profiter aussi de l’océan. Ranger les raquettes, peu utilisées d’ailleurs par manque de neige et de participants, partir respirer l’iode et les embruns salés sur ma plage oubliée. Là aussi, joies de la marche, du vélo, des rollers sur ces pistes goudronnées encore désertées, vie à contre courant du flot des vacanciers, profit maximal de ce calme avant l’affolement général. Randonnée ? Oui, peut-être, mais pas sûr. Je n’ai plus trop envie d’affronter ces groupes d’adultes plus difficile à gérer qu’une classe chahuteuse. Envie de recul, envie de calme. Parfois, j’envierai presque le calme d’une abbaye, retraite silencieuse loin du monde agité, loin des problèmes, des téléphones énervés et énervants, des bouchons, des réunions empilées. Débrancher la machine comme on débranche l’ordinateur, éteindre le téléphone, oublier les tracas un instant. Se ressourcer en redevant soi, ne plus être sollicité, ne plus être joignable. Et si comme l’oiseau, je pouvais partir si haut, planer porté par les vents, prendre de la hauteur sur ma petite vie, regarder s’agiter les fourmis laborieuses, ne vivre rien d’autre que le vent dans les plumes, ne plus penser à rien qu’à chercher les ascendants, ces courants chauds qui allège les ailes et me catapultent vers la stratosphère, me griser des descentes en piqué, loin des radars, photographes masqués, plonger vers ce sol connu qui prend une autre dimension. Vu d’en haut, la vie est si belle, les problèmes restent bien ancrés au sol, le corps et l’âme vont tutoyer les nuages, nettoyer les neurones, s’échappent du présent, du passé, volent sans planifier le futur. Vu d’en haut, je suis bien. N’aillez crainte, je ne plane pas à coup de chimie ou d’herbe miraculeuse, je plane et je vole par l’esprit, mon esprit accroché aux plumes du rapace là-haut. Je fuis mon quotidien, quoi de mieux que cette bouffée d’air, que ce stage en altitude pour comprendre la fourmi que nous sommes sur ce caillou étrange nommé Terre ? Je vole et je vogue au gré des courants, je ne papillonne pas, je respire, je me laisser porter par les courants, je ne fuis pas, ma pincée de terre reste une cible minuscule au dessus de laquelle je tournoie. Parfois, d’un coup d’aile, je me prends à survoler mon pays, ma maison natale, mes écoles, mes rues ou j’allais enfant. Parfois, je pousse jusqu’aux cimes enneigées de mes belles montagnes, je regarde les glaciers s’éteindre inexorablement, je reconnais ici ou là, ces pistes tant empruntées à pied ou en raquettes, parfois en VTT. L’océan est à tire d’aile, j’y pars, je joue au ras des dunes, je plonge vers les pins, petit crochet par le port, remonté de la côte, visite amicale à l’estacade, survol du pays basque dont je reconnais chaque village, chaque fronton… C’est si bon d’être oiseau, si puissant à vivre, si réconfortant d’être là haut, au-dessus de tout.

Allez, il est l’heure, je rentre au bercail. Survol de ces beaux paysages du Gers, vallonnement doux et presque sensuel, couleur de la pierre, couleur de la terre, blondeur des blés, diamant bleu des lacs… Un petit tour au-dessus de ma ville, de ses ruelles étroites dans lesquelles se pressent les fourmis terrestres. Place du capitole, zodiaque brillant sous les rayons de l’astre bienfaiteur. Façade connue et reconnue, jardins en séries, trésors cachées à destination de ceux qui veulent bien les découvrir. Trésors ? Quels sont les véritables trésors de notre vie ? Quel est donc le trésor qui mérite qu’on se batte pour lui ? L’homme passe toujours à côté sans le voir, la quête nourrie l’espoir, et quand vient le soir de sa vie, on réalise à peine, avec effroi, que durant toute sa vie, on a cherché un graal imbécile et inexistant, oubliant que le trésor, le vrai, le seul, était là, tout prés, chaque jour dans nos pas, chaque pas à nos côtés, chaque côté brillant plus que le plus beau des diamants. Pourquoi seule la fin de notre vie nous rend lucide ? Pourquoi ne pas avoir compris, pourquoi refuser de comprendre qu’avoir n’est pas être, qu’être n’est pas dans l’avoir, qu’avoir plus que tout avoir, avoir un être, près de soi, est la plus belle des choses qui soit. Rien à voir avec les avoirs, savoir cela, savoir que sans avoir la vie peut-être belle, bien plus belle qu’on ne croit.


Encore un bruissement d’aile, encore un envol, encore un coin de ciel à visiter, un regard circulaire sur ma ville, sur ma vie, encore un œil, inquisiteur, visiteur, admiratif, ébahi de ces scènes de vies. Encore voler, survoler, dévoiler, encore plonger, s’abrutir de vitesse, vertige des sens, repartir là haut, planer en se laissant porter par les courants chauds qui me ramènent chez moi. Grisé d’oxygène, de piqués, de vitesse, je m’en irais alors, reposer mes ailes, réchauffer mon corps dans mon antre familier, ma tanière secrète et solitaire. Le temps de souffler, le temps de récupérer, retrouver la terre ferme, avant de repartir vers d’autres vols, d’autres aventures… Au gré des vents…

Dimanche soir sur la terre...

Aujourd’hui, c’est la fête des grands-mères. Je hais ces fêtes commerciales, Saint-Valentin compris, bonheur des publicitaires, parfumeurs et autres fleuristes. Néanmoins, aujourd’hui, cette fête a une saveur particulière et je pense inévitablement à celle qui nous a quitté, et qui aurait fêté son anniversaire la semaine prochaine. Je pense à elle, à ma mère inévitablement qui est grand-mère, je pense à tout ceux qui ont encore la chance d’avoir leurs grands-parents. Profitez-en bien, allez les voir, prenez des nouvelles, pensez-y même dans vos heures les plus sombres, car c’est un réconfort d’avoir encore en vie ce lien fragile de notre généalogie. Moi qui suit devenu il y a peu orphelin de mes grands-parents, je mesure un peu plus la puissance de ce lien familial. Hélas, il est trop tard, à part se souvenir, en parler, y penser. Ce week-end, mon neveu est venu chez moi. Il est encore difficile d’aborder le sujet avec lui, il s’y refuse et je ne le force pas. Lui a perdu une belle complice. Week-end éprouvant, difficile, ou rien n’est épargné, ou tout se complique à chaque travers, chaque incompréhension. Week-end ou on a envie de tout larguer, de détacher les amarres et de voguer à jamais sur les mers de l’éternité.

Week-end jardinage plutôt que mécanique, il y a des choses qui pressent plus que d’autres, et même encore plus désormais... Il faut profiter des beaux jours, tailler, broyer, ranger, ordonner. Seule pause, une pause cinéma, à la demande de mon complice. « Bienvenu chez les ch’ti » nous a apporté sa bouffée de fraîcheur et de bonne humeur dans la morosité d’un dimanche. Franche rigolade, un bon film comme on aimerait en voir plus souvent. Et puis, retour au jardin, retour aux outils, jusqu’à cette fin d’après-midi, ou sa mère est venue le récupérer, cette fin de journée qui sonne le glas du week-end et la cloche du boulot…

De nouveau la solitude entre ces quatre murs, de nouveau la présence d’un vide et le vide d’une présence. Pas de vieux os ce soir, sommeil chimique en vue, besoin de rattraper la nuit blanche d’hier. Pas encore guéri, moi qui me pensais en bonne voie, moi qui gouttais aux joies de la bonne humeur retrouvée, plein d’objectifs en tête, me voilà cueilli à froid, fauché en plein vol dans cet espace intersidéral que décidément je hais. Belle fin de journée, qui ne semble pas annoncer le mauvais temps affiché hier à la télévision, mais bon, nous ne sommes qu’en mars ! Mars, vous avez dit mars ? Un moi comme une planète, celle d’où je viens, celle ou je ferais mieux de repartir à jamais, tellement je ne comprends plus rien au fonctionnement de cette Terre et de ses habitants. Téléportation imminente, retour à l’envoyeur. Fuir cette vie terrienne qui n’est de toute évidence pas faite pour moi.

Retour chez les petits hommes, là d’où je viens, vert ou pas vert, nul ne cherche la grandeur, simplement vivre, en toute quiétude, dans le respect et la compréhension, sans jugement sur des actes manqués, sur des choses non réalisés, sur des projets non définis. Ma planète mère. Comme j’aimerais tout fuir, tout éteindre, partir et dériver à jamais, sortir d’une spirale ou les anneaux cassent sous mes pas sûrement trop lourds. Je n’ai pas la grâce ni la légèreté qui sied à certain, je n’ai pas la prestance, la présence que certains savent avoir. Je donne l’impression de moisir volontiers dans ma situation, de ne rien vouloir changer à ma petite vie. Soit. D’autres savent être présent, à tout heure du jour ou de la nuit, en dépit de leur couple, liens virtuels et troublant, liens présents et bien présents ignorant des présences bien réelles mais qui sommes toutes doivent être bien futiles. Sentiment d’abandon, d’exclusion, sentiment difficile à vivre, sentiment de rejet, d’un rejet à jamais.

Oublier et avancer. Facile à dire. Pas facile à vivre, à faire. Encore un coup, un de plus en ce début d’année, une année dans laquelle j’espérais le bonheur. Disparaître. Retourner dans le cocon, attendre le printemps, le vrai, celui qui sera réchauffer le cœur et donner envie de battre des ailes. Dormir en attendant, à coup de ces jolies pilules bleues, blanches, de toute forme, jouant les assommoirs, jouant à déconnecter les fils de ce cerveau usé. Dormir, non pas à jamais, idée facile et stupide, non dormir pour essayer de retrouver la sérénité, de repartir, pour cette fois ne plus jamais s’arrêter, retrouver la vie, simple, non pas exceptionnelle, je ne suis pas quelqu’un d’exceptionnel, loin de là, non la vie, ces petits plaisirs, ces joies simples, qui font qu’on est comptant d’être en vie. Un matelas par terre, deux ou trois coussins suffisent à écouter la musique de deux cœurs. A quoi sert l’abondance de bien à part à encombrer l’esprit et les volumes. Revenir à l’essentiel de la vie, au sel et à l’eau, car la richesse est dans le partage et non dans le garde-manger plein.

Vivre. Partager. Aimer. Que demander de plus à l’existence ? Accumuler, garnir ses placards, entasser… à quoi bon ? J’ai fais ces erreurs. J’ai acheté, rempli ma cave de bouteilles. A quoi bon, si ce n’est pas pour en déboucher une avec des amis ? Les amis sont pris par leurs vies, ma cave regorge de flacons empoussiérés. Ma vie défile sans occasion de partager ces achats qui hier encore me rendait fier. Parfois, j’envie l’humble demeure du berger, un lit, une table, deux tabourets, l’essentiel du foyer. Une grande maison vide, bien ou mal agencée, rien n’y change. Ce n’est pas le graphisme du plan qui rend la maison confortable, c’est la vie qu’on y installe à l’intérieur. Ma maison tient plus du tombeau que de la chaumière, sauf, l’espace de quelques week-ends partagés. Parfois, je pense à ce film que j’aime bien, « la maison assassinée ». Histoire d’un retour dans le pays natal, histoire d’une tragédie dont les murs renferment les cris, histoire d’un homme qui assassine sa maison, pour qu’elle ne porte plus le mal dont elle est hantée. Parfois je rêve de démolir mes murs, non qu’ils soient hantés ou maudits, non, simplement pour respirer le grand air, ne garder que deux pièces, et réapprendre à vivre, réussir un jour enfin à être heureux. A deux. Est-ce trop demander au ciel ? Quelle abomination ai-je connu dans mes vies précédentes pour sembler ainsi maudit ?

J’ai vécu au contact des enfants. J’ai été moniteur de colonies, j’ai toujours eu un contact facile avec eux dont le sixième sens n'est pas encore enfoui. J’ai toujours rêvé de fonder ma propre famille. Le compteur à tourner sans daigner honorer ce souhait. Je me rattrape comme je peux avec mon neveu. Complicité, partage, échange, relation pleine et intense, et ça, j’en remercie le ciel, même si ce n’est pas mon sang direct, c’est tout de même ma famille. Je n’en profite pas tous les jours, à part les vacances ou quelques week-ends comme là. La vie prend parfois des tournures étranges. Des choix se font, dont on ne sait que bien plus tard s’ils furent bons ou mauvais. Un déroulement ou beaucoup de choses tiennent du hasard, déroutante facilité lorsque tout s’enchaîne bien, parcours semé d’embûches lorsque tout va mal. Et pour ponctuer le tout, un compteur qui déroule, accélère parfois le temps qu’on voudrait bien ralentir, un compteur qui un jour sonne l’heure du bilan, mesure le chemin parcouru et montre les écarts irrattrapables sur nos objectifs initiaux.

Pensées sombres, c’est vrai, mais pas noires. Pas de quoi attenter à ma vie, comme j’ai pu l’avoir en tête à un certain moment. A quoi bon faire de la peine à certain, du plaisir à d’autre ? Ne jamais oublier que si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie, ne pas oublier que le volant de notre vie est entre nos mains, et que si certains choix semblent difficiles ou douloureux, c’est à nous de les faire, pas aux autres. Les conseillers ne sont pas les payeurs dit-on. La virtualité a ses limites. Il faut savoir en sortir, d’un côté comme de l’autre. Savoir ou vont nos priorités, vers telle ou telle personne, vers tel ou tel numéro. Le plus important, est de dire ce que l’on pense, tel qu’on le pense, et surtout, ne jamais dire des choses qu’on ne pense pas et qu’on regrette. Les mots ne sont que le prolongement de l’esprit. Il n’y a pas de mots sans une pensée derrière. Blesser est facile. Construire est plus dur. Le pardon n’est pas une gomme à tout effacer. Certaines blessures restent marquées, prête à saigner au moindre contact. Quelles que soient les épreuves de ma vie, les moments bons ou plus difficile, j’ai toujours agi en toute franchise, car, pour moi, c’est là le respect, le seul chemin véritable, le discours sans perte de temps. A quoi bon mentir et se mentir ? A quoi bon dissimuler ? A quoi bon esquiver ? La vie est un combat qu’on mène chaque instant. Il faut savoir mettre les bonnes armes dans nos mains. Franchise, respect, loyauté, c’est ma façon d’être. Il est dommage que cela se perde. Il est plus facile d’œuvrer en virtuel que d’exister en réel. A chacun sa vie, ses choix, ses manières. Gagnons du temps, soyons francs et évitons les sinuosités du chemin. On a tous à y gagner !

200 !

Un texte pour fêter les 200 !

200 textes écrits, du simple acrostiche, au poème, du poème ringard aux pensées grises, ce sont toujours des textes sans prétention, tout comme leur auteur. 200 textes écrits depuis juin 2007. Des émotions, des pensées, des essais, des pages de ma vie, des délires parfois sortis de mon imagination, des compagnons de route, sur lesquels j’ai pleuré, j’ai ri, je me suis amusé, toujours écrits dans la facilité. Des textes qui sont de moi, qui me ressemblent qui composent un à un la grande mosaïque de ma vie.

Des textes sans prétention. A quoi bon ? Je suis comme je suis, ni plus, ni moins, avec mes états d’âmes, des périodes sombres, voire noires, d’autres plus colorées, plus ensoleillées, des jours de joies intenses, des jours de pleur et de deuil. C’est la vie, résumée en 200 textes.

Merci à tous ceux qui passent régulièrement ou moins régulièrement sur mon blog. Plus de 4200 personnes à ce jour. Merci. Certains témoignent, d’autres passent en silence, ainsi vit mon blog.

J’ai encore quelques écrits en réserve !