A toi mon neveu

La vie et ses surprises. J’allais seul, entre deux histoires, enfin, à la sortie d’une, car je ne connaissais pas l’existence de la suivante, la vie ne déroulant son scénario d’une manière non prévisible et, quelque part, tant mieux. J’allais seul donc, tandis que ma sœur avait fait la connaissance de son futur mari et, eut la joie de devenir mère. Ainsi tu naquis, un jour férié pour te faire remarquer, un 8 mai, lendemain d’élections présidentielles. Qui fut le plus fier ? Les parents radieux ? Les grands-parents tenant enfin leur petit-fils tant attendu ? L’arrière-grand-mère découvrant son nouveau rôle ? Ou le tonton, futur parrain trop fier de ta venue ? Je ne saurais dire, mais ta venue fut une bien merveilleuse chose pour nous tous. Etrange communauté que la famille aux liens accordéons qui se ressoude autour d’un nouveau né.

Je me souviens très bien, j’étais en week-end prolongé à la montagne, des ces week-ends VTT et nature qui me ressourçaient, lorsque le téléphone m’appris la nouvelle. Ni une ni deux, je levais le camp et retour vers la ville rose. J’achetais en passant « la dépêche du midi » et « l’équipe » du jour de ta naissance. Tu les retrouveras plus tard. Malgré un rhume traînant, je rejoignis le dôme de la grave ou tu as poussé ton premier cri. Joli bébé aux cheveux brun, le plus beau d’entre tous….comme tous… Enfin te voilà, parmi les tiens, dans cette chambre à la peinture bleue tombant en lambeaux, cet hôpital austère sur les rives du fleuve nourricier, te voilà, petit toulousain, petit taureau dans cette ville se cherchant un passé taurin.

Tu as grandi sans encombres, révélant une troublante ressemblance qui nous faisait passer pour père et fils. J’avoue en avoir eu de la fierté. Je t’ai vu grandir pratiquement jour à jour, et, parrain gâteaux ou gâteux, j’ai toujours eu plaisir à t’offrir les jouets dont je rêvais autrefois. Camion porteur, garage automobile, 2cv à pédales, petites voitures et plus tard, game boy, ps2, tenue de foot, roller… et bien d’autres… Je reste stupéfait du sourire et du plaisir que tu as de recevoir n’importe quel cadeau, même vestimentaire, quand moi enfant, je râlais devant ces vêtements non désirés en ces dates clés de notre histoire. Caractère merveilleux, jouant toujours le jeu de la plaisanterie à fond au point de finir par lasser le plaisantin, beau, intelligent, intéressé des tes premiers pas par la technique et sachant manier les outils, papy et mamie t’offrirent tes premiers outils, ton premier établi.

Garçon actif, toujours dehors à jouer galoper, taper dans un ballon, pédaler, petit homme d’extérieur en cela on se ressemble. En grandissant ce sont tissés les liens sacrés d’une complicité sans failles. Tes secrets je les sais, tes petits coups de blues aussi. Avec toi, pas besoin de s’énerver de crier. Je me souviens encore avec émotion quand ma voix plus ferme avait fait jaillir deux larmes sur tes joues d’enfant. Tu avais quatre ans. Depuis, je redoute et je sais, que ce que je te dis sera toujours compris, accepté et que nous n’en discuterons jamais longtemps. Bravo, continue longtemps comme ça. Le divorce de tes parents, le départ de ton père et ses errements, ont modifié un peu mon rôle.

Puis vint la 6e, classe difficile pour des enfants qui y découvrent l’adolescence, la foule des grands, les professeurs différents et des devoirs à la pelle quand l’année précédente il n’y avait encore rien à faire… Année difficile pour toi. Une famille qui vacille, du travail à fournir et des matières pas toujours digestes. Je devins alors professeur, le soir, le week-end pour t’aider à passer ce cap. Des progrès, une envie de travailler qui m’a stupéfait, et malgré cela un niveau trop juste. L’échec scolaire qui n’en est pas un. Des larmes de peur de ma réaction lorsque tu as su au second trimestre que tu redoublais. Etrange enseignement qui condamne un élève à l’issue d’un 2e trimestre ayant eu en tout et pour tout quatre à cinq semaines de cours entre congés scolaire, grève et absences professorales… Ce n’est pas grave, ce n’est qu’un nouveau départ. Du travail à fournir dès cet été, et surtout garde cet esprit de gagne, le judo et le foot sont là pour te défouler. Et puis, parrain, le modèle à tes yeux, à lui aussi redoubler…

Tes questions, tes peurs à propos de ma séparation, tu les exprimes et c’est bien, continue longtemps comme ça mon grand, ne ferme jamais ton cœur d’enfant, garde cette sincérité, cet amour exprimé. Les adultes n’ont pas su le faire, soit donc un des rares à le faire, tu n’en seras que plus heureux. Aujourd’hui tu es en vacances loin d’ici, loin de mamie dans sa chambre de clinique. Elle a sur sa table de chevet une photo de toi ou tu poses fraîchement médaillé sur le podium du judo. Loin de papy qui s’ennuie sans rien dire comme à son habitude. Loin de parrain qui de temps en temps téléphone et rêve en secret à nos vacances à tous les deux, larrons en foire en virée à la plage… Loin de Milou qui ne court plus assez souvent derrière le ballon, loin de Caramel, petite boule de poil que tu désirais avoir… La ménagerie est en vacances chez papy, toi tu as retrouvé tes copains du camping, tes activités préférées, et je suis sur que tu consacres du temps à tes cahiers de vacances…

Continue comme ça longtemps à grandir et apporter le sourire aux tiens. Tu le sais, je t’aime mon poussin. Je suis là, je serais toujours là. Tiens-toi prêt, je vais me perfectionner aux rollers, gare à toi ! Nos vacances arrivent, lentement, trop lentement pour moi, mais sûrement, très sûrement. Bisous mon filleul, il me tarde de reprendre nos discussions d’hommes, de répondre à tes questions comme toujours, sans détours.

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