Mon voeu

Mes très chères amies et très chers amis,

Je vous sais à la pointe du progrès et de l’événementiel, vous devez déjà avoir mis à recharger maintes fois vos armes nocturnes, téléphones, tablettes, textoteurs, encodeurs de sms de dernière génération, bref, toutes ces technologies de frappes massives qui n’attendent que le fatidique 00 :00 :00 d’un cadran pour déferler sur les ondes mondiales vos messages si subtilement préparés et bien sûr, délicatement personnalisés pour chacun de vos contacts (le contact est une espèce endémique du grand désert du Répertoire). Seulement voilà, il arrive, que par la multitude des messages en présences et devant la guerre sans merci des opérateurs téléphoniques, certains messages ne parviennent pas à leur fin et se perdent en chemin. Il arrive aussi que dans la multitude des numéros, certains ne correspondent plus à des portables ou pire, certains correspondent à des portables qui ne vous correspondent plus voire qui ne correspondent plus avec vous. Comme un malheur ne suffit pas, il arrive aussi que certains maladroits et donc gauches, ont oublié de recharger leurs récepteurs derniers cris, ou pire, mais comme oseraient-ils, c’est une infamie, certains se permettent d’éteindre leurs récepteurs. Oui, c’est ignoble mais ça arrive.

Afin de dédramatiser pareille situation en cette ô combien fastueuse festive date de Saint Sylvestre, je voudrais personnaliser certains états de fait :
Je ne m’appelle pas Sylvestre, pas la peine de me souhaiter ma fête….
Mon portable est bien chargé, par contre il se couche tôt…
Nous aurons tout le temps de nous voir en 2014 pour au pire, se la souhaiter bonne…
En fait, nous aurons autant de temps qu’en 2013, du moins au départ, et c’est bizarre mais pour pas mal d’entre vous, il ne pas paru aussi pressé de prendre des nouvelles durant ces 365 jours écoulés…. Dommage, ça m’aurait fait vachement plaisir, et même mieux, du bien.
Je ne hais pas 2013, même si la faucheuse a su faucher à tour de faux quelques liens de mon petit monde. J’ai vécu, j’ai pleuré, j’ai compris, mais j’ai ri et j’ai grandi surtout. C’est cela que je retiens.
J’ai pu retrouver des lignes voire des pages blanches dans mon répertoire, merci à tous ces départs vers d’autres vies, je suis ravi de vous avoir croisé et garde trace de nos parcours communs, les choses évoluent dans le sens logique, un jour l’oiseau quitte le nid et prend son envol, le ciel est grand, on y évolue en toutes dimensions, on peut s’y croiser à nouveau, par contre ça serait cool de ne pas se chier dessus, autant respecter la nature, même si l’on ne se respecte plus soi… (Toute ressemblance……)
Au fond, c’est con d’éteindre son téléphone ce soir-là : c’est le seul soir où il sonne et où on reçoit des nouvelles des étoiles de notre galaxie… Mais comment font les pygmées ?
Alors, ok, désolé, pardon, merci de vous enquérir de mes nouvelles ce soir-là, tant pis si vous prenez la mouche et ne me souhaitez pas une bonne année, au fond, vous l’avez fait l’an dernier et ce fut la pire de mes années…. Sans rancune, je vous aime et vous souhaite de bien profiter de cette fin 2013 mais surtout, oui surtout, revenez-nous entier pour 2014. C’est là mon vœu.

Bien sûr, vous l’aurez compris, il n’est question que de deuxième degré (au minimum). Allez, je file, un bol de soupe et au lit, c’est là la vie monastique….

Au fait, cette fin d’année est celle du calendrier Grégorien, donc Chrétien …. Non, je dis ça au cas où vous seriez sans convictions religieuses voire d’une autre obédience… ;-)  Autrement dit, on fête tous l’an qu’on veut, quand on veut…




Joyeux Noël !

« Joyeux Noël ! » c’est ainsi que s’éveille le jour, sous les cris de joies, les cris de fêtes, les cris de bonheurs, la fête familiale bat son plein et il est si bon de gâter ce que l’on aime.  Dans la tradition provençale, il est de coutume de mettre une buche dans le foyer puis de prononcer cette bénédiction « Dieu nous tienne en joie ; Noël arrive, tout bien arrive ! Que Dieu nous fasse la grâce de voir l'année prochaine, et si nous ne sommes pas plus nombreux, que nous ne soyons pas moins ! »  Formule qui peut sembler désuète mais qui prend tout son sens lorsque Noël arrive et que sa table se dresse autour d’une chaise vide… Profitez donc de la vie, de vos vies, des vies de vos vies, sachez apprécier chaque seconde distillée pour y cueillir le nectar et les essences à bonheur, bien plus utiles que toutes ces broutilles parfaitement imbéciles si vous y réfléchissez bien.

En ce jour particulier, mes pensées iront vers ces êtres envolés, bien sûr, vers leurs maisons bien vides de présence humaine mais tellement riches de présences spirituelles. Enfin, mes chaleurs et énergies s’envolent vers toutes ces victimes innocentes des fléaux de notre temps, qu’ils se nomment tempêtes, ouragans, tornades, cyclones, qu’ils s’appellent maladies en kyrielle de noms scientifiquement inaudibles lorsque le glaive s’abat, qu’ils naissent dans l’imbécilité des hommes oubliant les dégâts des armes qu’ils ont entre leurs mains, fusils, revolvers, armes à feux  et à sang, armes blanches se teintant de rouge, mais aussi véhicules en tout genre que l’on croit maitriser bien au-delà des règles fixées par le code. Tant de vies fauchées, tant de vies déchiquetées, tant d’impuissances devant ces êtres qui un jour se sont crus trop puissant, qu’ils soient à jeun ou défoncés, qu’ils soient alcoolisées ou fatigués, ils ont tué et, bien plus que leurs victimes innocentes, ce sont des cheminements de vies qu’ils ont démoli. Puissent-ils en avoir conscience et réalisation.

Ce n’est pas un jour pour être triste, le bonheur, l’espoir se sème et se cultive, alors n’oubliez pas d’y consacrer vos énergies, de là naitra notre société de demain, ne la bâtissons pas sur la haine ni les chagrins, tissons les liens d’espérance plutôt que ceux de souffrances, construisons même si pour cela nous devons partir d’un champ brûlé. Au fond, nos fondations n’en seront que plus solides…


Joyeux Noël, d’Amour, de paix, de sincérité. Aimez et vivez, profitez et cueillez chaque grain de bonheur, faites vos vendanges pour mieux vous enivrez de ce qu’est vraiment la vie : un élixir de joies simples, un bouquet odorant, un plaisir de chaque instant. 



Noël d'Amour

Nous voici donc dans ce que le commun des mortels, pardon, le commun du panel de la grande société de consommation a désigné comme la « magie de Noël ». Ambiance festive donc, courses à outrances, repas en abondance, cadeaux à profusions, période faste de l’année où même la carte bleue devient rouge… Pas très religieux tout ça. La religion, justement, parlons-en. Dans nos pays occidentaux, fortement civilisés et éduqués par la chrétienté, Noël n’est que la célébration de la naissance de Jésus Christ, premier du nom. On connait tous l’histoire, un départ en vacances (de Noël sans doute), des routes encombrés, une femme enceinte, des hôtels affichant complet, c’est dans une étable que ce jeune couple a du se réfugier pour passer la nuit et c’est là, à Bethléem que Marie a donné naissance à son premier enfant, Jésus. C’est beau, c’est poétique, c’est même féerique, que demander de plus ? Et l’Histoire ?

L’Histoire commence à la naissance de l’Homme. Oh, pas Jésus, ni Adam, non, l’Homme, de son état purement bactérien aux temps des cavernes, de ses migrations à ses sédentarisations, de ses développements culturels et scientifiques, de ses enseignements à tailler la pierre, le fer, travailler le bronze, devenir cultivateur, domestiquer les plantes et les animaux, oui, là est l’Histoire de l’Homme, notre Histoire. De ce temps-là sont nés les premières expériences et la science de l’Homme, l’observation du cycle de la vie, l’astronomie, la simple observation de la nature et du cycle des saisons. Il est deux périodes marquantes, ce sont ces moments précis du temps ou le jour et la nuit alternent leurs rythmes, ces fameux solstices. Celui que nous appelons « solstice de printemps » voit le jour atteindre son apogée et lentement mourir par la suite, donnant plus de temps à la nuit. Les peuples anciens le fêtaient, faisant de grands feux pour retarder le plus possible ce moment où la nuit envahirait le jour, signe des temps plus court pour travailler aux champs. Fête païenne que les catholiques ont vite marqués d’une célébration à Saint Jean, l’apôtre aimé de Jésus, fête païenne que les socialistes ont remise au goût du jour sous le label de « fête de la musique ». L’autre solstice, c’est celui que nous nommons « solstice d’hiver », ce moment où le jour triomphe de la nuit, il gagne la partie et reprend l’avantage, c’est la lumière qui nait, c’est le triomphe de la vie, la naissance d’un nouveau temps, l’occasion d’une nouvelle célébration, nouvelle fête païenne sur laquelle la religion a voulu, là aussi, reprendre la main en y plaçant sa symbolique, la naissance de « sa » lumière, de « son phare », Jésus. Puis d’autres dieux, les dieux du commerce surtout, ont vite récupérés le concept, et un autre bonhomme rouge est arrivé, non point Satan mais ce fameux père Noël porteur de cadeaux, doublant ainsi les fameux rois Mages de tradition biblique, seuls porteurs de cadeaux de la légende.

Aujourd’hui, scientifiques et astronomes convergent pour expliquer selon les lois scientifiques, le parcours de l’étoile dite du berger, sur la région de Bethléem, puis, selon les us et coutumes des fameux bergers que Jésus ne pourrait être né en décembre mais bien plus en printemps, et pire, que cela ne serait point en l’an zéro mais quelques années plus tôt ou plus tard…. Chaque légende à ses détracteurs et ses partisans, c’est vieux comme le monde, de tout temps les peuples se sont querellés pour des croyances devenant sans conviction, la haine de l’autre l’emportant sur le fond propre du sujet. C’est ainsi, dans le sang et l’incompréhension que s’est construit notre monde dit d’humains. Tout ceci reste dramatique et fort dommageable pour l’espèce humaine. Qui que nous soyons, nous possédons tous nos dieux, nos croyances, et peu importe leurs noms, notre regard sur eux, les dieux n’existent que par les hommes, c’est déjà là le premier enseignement. Que devons-nous apprendre de notre Histoire ? Tout d’abord, le bon sens des premiers hommes, eux qui vivaient dans un essentiel et non perturbés par autant de superficialité que nous. Les saisons, la pluie, le soleil, le rythme des jours, les cycles de lumières, les cycles de lune, là sont les vraies portes du temps, les moments où nous devons nous          aligner sur notre planète, celle qui nous héberge et nous nourrit. Ensuite, peut-être pourrons-nous retenir que le sang appelle le sang, la violence appelle la violence mais n’y répond pas. L’intolérance est la pire des souffrances car elle reste sournoise et invisible aux cœurs trop fermés. Chacun est porteur de sa légende, sachons l’écouter, et non le conspuer.


Je vous souhaite un joyeux Noël, entouré d’Amour et porteur d’Amour. Puisse ce changement de cycle et cette renaissance de la lumière vous apporter les énergies nécessaires à votre accomplissement. Quelle que soit la façon dont vous fêterez ce temps-là, n’oubliez jamais qu’il n’y a pas de code à respecter autre que celui de la bienveillance et de l’Amour et si vous n’ouvrez pas votre porte et votre table à l’inconnu, sachez tout de même ouvrir votre cœur et avoir une pensée pour ceux qui ne le fêteront pas avec vous et selon vous. Il est partout des anges, des lumières, des personnes trop tôt parties, mais ces anges, ces lumières, ces chers disparus sont juste nos éclaireurs, ils nous montrent la voie, celle de l’Amour. Aimez.


Pyrénées

Quand je vois devant moi s’étirer
Les blanches Pyrénées,
Je ne peux que m’extasier
Et des courses,
Bien des courses, me remémorer.

Ces montagnes ne sont pas une barrière,
Tout au plus elles sont une charnière
Autour d’elles plutôt s’articuleraient
Deux pays et leurs mille vallées

De ma plaine toulousaine je les contemple
Il suffit pour cela d’être sous les sombres nuages
Tandis qu’elles gardent le soleil en otage
Montagnes Pyrénées vous être mon temple

Et si je parcours les campagnes environnantes,
Plus près de vous, je vous vois rayonnantes,
Les sommets enneigés comme fond de décor
Vous êtes au naturel amoureux un trésor

Bien des troubadours vous ont chantées,
C’est bien évidement mérité
Vous êtes nos muses sauvages
Notre appel aux voyages

Quelle que soit la saison,
Soleil, pluie, neige ou frisson
Il n’y a pas d’excuse à ne point succomber
A vos charmes envoutants, et tomber

Montagnes Pyrénées, qu’importe comment
Vous découvrir, vous parcourir passionnément
Vous êtes une richesse de notre terroir
Et pour nous toujours porteuses d’espoir







Les chemins de nos vies

Il est un endroit, là-haut, tout là-haut, où les arbres ne portent pas de drapeaux, où les prairies n’appartiennent pas à une géographie politique, où les frontières n’apparaissent qu’en bornes de grés dressées en distance régulière lorsque le terrain s’y prête. De cet endroit-là, vous voyez ce que les hommes appellent « France » et « Espagne » et vous faites autant de traversées que vous le souhaitez d’un pays à l’autre. Des gens qui vivent ici, peu se soucient de cela, tous parlent la même langue. Les animaux, les herbes même folles ne font pas de différences pour un côté ou bien l’autre de la borne. D’ailleurs, ces bornes, sont-elles plantées en limite d’un pays ou bien à cheval sur le trait appelé frontière ? C’est bizarre cette géographie de terrain, bien plus éloignée que les schémas rigides des salles de classe….

Des sommets escarpés, des cols tantôt larges, tantôt étroits, des lieux de passages depuis tant de génération, puis au sommet, une maison. N’imaginez pas une vaste demeure, non, juste un plan carré, une pièce à vivre en bas, une chambre au-dessus faisant aussi office de débarras et de réserve, puis, appuyé contre le mur, un appentis autrefois étable, le tout dans les dimensions modestes des vies d’autrefois, logique de construction répondant aux logiques financières et aux moyens de chauffage. Un peu plus loin, une autre construction, plus basse, servait de remise après avoir été une pièce d’affinage pour de succulents fromages… L’habitat peut sembler austère, il est une sorte de garde-frontière aussi efficace qu’une maison de garde-barrière le long d’une voie démantelée. La vue était superbe, la météo s’affichait en grand sur les sommets voisins, comment pourrait-on vouloir vivre ailleurs ? La belle saison amenait ses visiteurs, randonneurs en quête d’ombre pour manger au col comme il disait, l’occasion parfois de quelques mots échangés, tantôt sympathiques, tantôt plus durs lorsque les boites de conserve ou autres papiers ne semblaient avoir été prévus pour le voyage de retour… C’est quand même terrible d’aimer la nature et d’ainsi la salir, une drôle d’époque avec de drôles de zozos… Il bougonnait devant cette inconscience individualiste peinant à comprendre combien le même geste répété par chacun de ces milliers de randonneurs pourrait se traduire par un sommet d’ordures répugnantes. Déjà qu’il fallait à présent tout fermer à clé, sous peine de retrouver sa remise transformée en d’odorantes toilettes, non mais, qu’est-ce qu’ils croient tous ces citadins ?  vivent-ils ainsi chez eux ? La montagne est belle et se partage, elle se préserve aussi, par l’action de tous et par la maitrise de chacune de ses actions… A méditer.

Un drôle d’hiver, des fortes chutes de neige, du froid bien installée, puis le printemps et ses précipitations nombreuses avait tout balayé : les neiges accumulées et la terre du sentier. Tout était raviné, il fallait reprendre la bêche, redresser les bordures, remettre quelques pierres, sans oublier les saignées pour les futures pluies. Combien de ces marcheurs en costume de randonneurs mesurent le travail nécessaire pour que les sentiers restent agréables à pratiquer ? Les fleurs, quelques champignons de prairies, autant de récompenses pour saluer le labeur. Comme il était bon de vivre ici. Pas besoin de calendrier, les flots de plus en plus importants des randonneurs traduisaient les ponts du calendrier et l’approche de l’été. Un autre temps, plus chaud, plus violent, mais toujours autant de plaisirs à découvrir ce spectacle sans cesse changeant. Bien sûr, ce qu’il préférait c’était ces périodes où le secteur est moins prisé, mais au fond, nous ne sommes que de passage sur une terre qui ne nous appartient pas, nous pouvons et nous devons apporter notre pierre à l’édifice et non le démolir, tant mieux si l’endroit plait et attire le monde, c’est vrai que c’est beau et ils ont bien raison d’en profiter, mais quand même, n’exagèrent-ils pas avec leurs sacs trop lourds et leurs mines fatigués ? Il est bien difficile d’avoir la notion lorsqu’on vit la montagne par intermittence et puis lui, le sentier, il e parcourait depuis tant d’années qu’il en connaissait presque chaque caillou, chaque arbre, chaque barrière, chaque enclos, son chemin pour aller faire quelques courses, pour visiter quelques amis, familles d’en bas, apporter un salut, quelques fleurs dans ce petit cimetière où tant de croix portent le nom d’êtres aimés. Tant de vies ont composé sa vie, tant de vies l’ont croisé et désormais chaque jour un peu plus encore.


Nos vies sont comme ces chemins de montagnes, elles montent, elles descendent, elles passent des caps, des cols, elles atteignent parfois des sommets, elles croisent d’autres vies, d’autres sentiers, d’autres chemins, elles circulent sur cette terre où nous ne sommes qu’en transit et jamais propriétaires, mais bon sang, qu’elles sont riches et belles dès lors qu’on accepte de les vivre pleinement….       

Graines semées

Si l’on en croit mes anciennes maitresses, celles du temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, celles qui se sont succédées, l’une après l’autre, à raison d’une par an, quoiqu’une année j’en ai eu deux, la première étant tombée enceinte mais bien avant notre rencontre, bref, si j’en crois les annotations manuscrites sur ces fameux carnets roses d’un temps où il n’annonçait pas de naissance mais plutôt de futures explications à fournir aux parents médusés, mon écriture de ce temps-là, était une écriture de chat. J’avoue qu’en ce temps-là, les chats et moi vivions dans des mondes séparés dont la frontière n’était que matière à course poursuite et carabine à flèche façon trappeur, époque lointaine du pays des prescriptions. Mon érudition non érudite me laissait perplexe lorsque ma famille désignait sous le vocable de « chat de gouttière » ces animaux persiflant et échappant toujours à mes flèches de sagittaire invétéré et que je ne voyais jamais dans les gouttières de la maison familiale. De la même façon, je n’ai jamais surpris un chat à écrire, ni encore moins pu lire leurs écrits. De toute façon, je n’aurais pas su, je ne parlais pas chat, pas plus que je ne vivais comme un pacha cela dit.

« Écriture de chat » c’est quand même fort tout de même ! Je veux bien entendre parler de chat pitre, y trouver une relation avec l’écriture, mais ça s’arrête là. Il faut dire que je n’ai pas été aidé non plus par le matériel, les plumes, l’encre, les stylo plumes, un système imbécile d’écriture faite pour des droitiers qui veut que l’on commence le long de la marge de gauche pour terminer au bord de la feuille à droite, il n’y avait là aucun respect pour nous autres gauchers. De là à nous faire passer pour des chats, il y a  une ligne à ne pas franchir. Certes, il n’y a aucune raison de fouetter un chat, et bien plus tard, ces remarques se sont estompées, sans que forcément mon écriture se soit améliorée, non, disons plutôt que prenant de la hauteur, scolaire bien entendu, l’importance a naturellement basculé dans le fond plutôt que dans la forme, et là, c’est vrai que je n’étais pas trop mauvais voire même, il faut avouer, plutôt bon. Rédaction, récitation, vocabulaire, grammaire, des matières dignes de figurer accompagnées de A, c’est vrai que cela avait de la gueule et l’art de la langue devant être mis en valeur, les annotations « élève bavard » ou bien « bavarde trop en classe » ne pouvaient être que des compléments d’objets mettant directement en valeur les bonnes notes. Les adultes n’ont jamais compris cette précision nécessaire, ce besoin d’exercer et de compléter les études par une mise ne pratique des leçons apprises….. Quel manque de respect devant tant d’effort !

Plus tard, tout s’arrêta, les notes, les maitresses, les leçons… Enfin, pas tout à fait, disons que le contexte évolua et certains termes ont demeurés, évolution normale du cours des choses et de l’existence. J’ai beaucoup moins chassé les chats, même si certains chats servent à échanger, converser et prendre des connaissances, je suis resté loin du monde félin, n’en déplaise à certaines tigresses, mais j’ai poursuivi mes cours de langues et mes mises en pratique à ne pas toujours confondre avec des mises en bouche. D’autres idiomes sont venus, certains très vieux et plus parlés sauf en classe au point de les qualifier de langues mortes, d’autres plus chantant ou plus gutturaux, d’autres plus internationaux. Puis la vie, son cours, son lit, ses iles, ses méandres, ses zones asséchées, ses zones inondées, ses descentes, ses rapides, ses plongeons, ses nages en eaux troubles, bref, la vie n’est pas un long fleuve tranquille…. Un beau jour, plutôt vers le soir d’ailleurs, j’eu deux chats. Allez, on passe sur les Chapi-Chapo trop faciles, juste deux frères, jumeaux, au caractère aussi sociable que leur mère, de quoi aider cette rencontre d’avec le mode félin mais dans un huis-clos où Jean-Paul Sartre ne serait pas venu. Ce n’était pas la première rencontre d’avec les félins, au cours de ma descente et de mes nages en eaux pas toujours limpides, j’ai possédé (pour autant que l’on possède un chat !) un animal plutôt sauvage, sinon cohabité avec d’autres félins et leurs félines maitresses… Là, ce ne fut pas pareil, un huis-clos à trois dont deux représentant de la même espèce, une cohabitation avec ses règles, une adaptation nécessaire, pour eux, pour moi, pour les rideaux, la gestion de la litière, le stock de croquettes, bref, ce lieu et ce moment précis où plusieurs mondes s’apprivoisent sans omettre de préciser que l’apprivoisement n’est pas toujours du côté qu’on croit…

Après ces quelques adaptations vitalement nécessaires, après une phase de revendications parfois odorantes et toujours inattendues, les choses se sont installées, la cohabitation plutôt amusante et j’avoue mais ne le répétez pas, plutôt bienfaisante, il ne me reste plus qu’à prévoir pour le pied du sapin quelques feuilles et de quoi écrire, histoire de voir qui des trios à la plus belle écriture de chat…. A ce moment-là, je pourrai montrer à mes maitresses le résultat.


Puissent-elles sourire de cette fable, même si ce n’est plus de cette terre qu’elles la contemplent…. C’est par elles et grâce à elles que j’écris aujourd’hui, c’est fou comme on ne s’aperçoit pas de toutes ces petites choses que l’on apprend durant tout ce temps… A croire que la vie scolaire est un vaste distributeur de graine qui sème en nous toutes ces plantes qui ne demandent qu’à pousser. Ces plantes dont nous sommes à jamais le jardinier, à nous de nous en occuper…            

Maxime et d'autres

Un grain de sable à peine posé
Par les grands vents ici déposé
Se trouva ma foi, fort surpris
Lorsque la vague le couvrit
Moralité :
Où que les vents te portent
Ne te crois jamais arrivé
Sans quoi la vague t’emporte
Et s’enfuit ta destinée.  (Pensée océane)



Compagnon de route ou d’infortune
N’oublie jamais la main tendue
Car s’il est des revers de fortune,
Il est bien plus des occasions perdues (proverbe quotidien)


On peut être cruche et nager sous l’eau
Dès lors, être étanche ne sert à rien
Aussi pour être comme un poisson dans l’eau
Ouvrez grand vos écoutilles et nagez bien (proverbe sous-marin)


Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse,
C’est là un discours de pochtron,
Et à moins de disposer de richesse
Pâlir devant le prix des flacons (proverbe parfumeur)


L’argent ne fait pas le bonheur,
L’argent n’a pas d’odeur,
Conclusions trop faciles
Le bonheur en odeur une idylle ! (proverbe musqué)


Qui trop embrasse mal étreint,
C’est mal comprendre l’embrassade,
Oublier le vieux français latin,
Se confondre en ambassade (proverbe manche)


Les paroles s’envolent, les écrits restent,
C’est très bien ainsi, pas besoin que je reste
Il vous suffira de cliquer ici de temps en temps
Pour quelques nouvelles, et ce, dès maintenant! (proverbe proverbial)


Un pingouin sachant voler ne serait pas un pingouin
Sauf s’il s’agit d’un pingouin voleur….
Drôles d’oiseaux que ces oiseaux-là, voleurs,
Oui, mais vous voilà au courant… Tsoin, tsoin ! (proverbe James Bond, Ornithologue patenté mais presque, fin XXe siècle)


Un sourire n’est rien,
Juste une grimace amusante qui vous amuse,
Mais si vous regardez bien,
Elle amusera bientôt et charmera comme une muse. (Proverbe Perse Honel)  


  


à ma maman....

Ces jolis ces rubans qui volent au gré des messages
De jolies couleurs volant de page en page
Un ruban blanc par-ci, un ruban rose par-là,
Un ruban pour se souvenir et puis voilà

Tourne la page, tourne le temps
Le vent fait s’envoler les rubans
Et avec eux les pensées attachées,
Telle est la réalité de notre temps

On crie, on pleure,
On vit, on meurt,
On lit, on effleure
L’armoire aux souvenirs
Ses tristesses, ses plaisirs

Il n’est nul besoin d’ordre,
De copie, de marche à suivre,
Nulle façon de poursuivre
Aucune page à tordre

Un ruban, une couleur,
Une bougie, une fleur,
Quelques écrits, des pensées,
Un hommage au passé

Une flamme pour tous ceux
Où qu’ils soient, même aux cieux
Une lumière, une image
Notre hommage.

De toi, l’image qui vient
N’est pas un ruban de satin
Plutôt une tendre fleur
A la douce couleur

Peut-être bien aussi
Parce qu’il s’y rattache
Tant des éclats de vie
Des éclats de notre vie

Ces sourires, ces parfums,
Ces saveurs, ces douceurs
Tous ces moments opportuns
Mêlant tendresse et chaleur

Sont les seuls moments de souvenance
Auxquels je pense aujourd’hui
Peut-être est-ce là ta prévenance
Et par elle, ta flamme qui luit.



Voilà un an

Voilà un an, tu as fait ton sac pour partir pour un court séjour en clinique, dans l’attente  d’une décision du protocole de soins, chimio ou rayons selon leurs petits noms, chimiothérapie et radiothérapie selon les termes plus stricts. La période de fin d’année n’est certes pas la plus heureuse mais on ne choisit pas et puis, les premiers mots envisageaient plutôt une action rapidement efficace pour être à pied d’œuvre pour les fêtes. Il faut dire que depuis l’été, des séjours plus ou moins longs en clinique avaient réussi à stabiliser la maladie, du moins en apparence. Il faut dire aussi que nous autres membres de ta famille n’avons vu dans ces différentes épreuves que l’espoir d’une guérison en dépit de fatigues non feintes. Il faut dire enfin, que de ce mésothéliome est resté un sinistre inconnu pour nous, la priorité était de t’entourer et de mener autant que possible ce combat avec toi.

Voilà un an, tu m’as téléphoné en pleurs, parce que tu prenais le chemin de la clinique, la veille de mon anniversaire, date important pour toi peut-être plus que pour moi, ton petit prenait un an et à travers cet an c’était toute une vie qui défilait d’année en année, depuis bien avant mes premiers cris. Dans la seule visualisation d’une issue favorable je t’ai dit que ce n’était pas grave, que nous fêterions tout cela à ton retour, pour l’heure, il fallait se concentrer sur ces soins et y apporter toute l’énergie du mental et du familial, et bien sûr, je serai là pour cela tout autant que pour faire disparaitre les brulures des traitements. Ces mots résonnent encore dans ma tête, c’était il y a peu, c’était il y a longtemps, c’était il y a un an.

Voilà un peu moins d’un an, nous avons vécu les montagnes russes de l’espoir et de l’angoisse, traversant les dates, anniversaires, Noël, jour de l’an, entre visites, pensées, prières, téléphones, espoir, espoir, espoir, espoir encore…. L’avancée des travaux, tu l’as vu par photo, vive le progrès numérique, en se racontant les jours après la sortie où tu visualiserais tout cela dans toutes les dimensions. Discussions complices, tendres engueulades pour ne pas avoir acheté les luminaires et s’être contenté de les prendre en photos, grandes émotions lorsque nous avons tous débarqué le jour de Noël dans cette chambre où tu patientais d’espoir de sortie en espoir de sortie…  Pendant ce temps la radiothérapie fut écartée, la chimiothérapie fut enclenchée, un traitement lourd, une allergie au premier produit injecté qui te mit très bas, puis un autre, mieux supporté et un autre encore….

La vie, les travaux, les dates, encore et encore, les coups de fil, les visites, la dernière, improvisée, de retour d’examens, tes premières gorgées de jus de pomme, cette poire que je t’ai pelée et coupée en quartier, cet oreillon de pêche vestige de ton plateau repas du midi, un goûter tout en fruits comme tu les aimais, et cette phrase qui sonnent encore dans ma tête, toi, assise dans ton lit me disant « et bien tu sais, ce coup-ci, cette chimio je m’en souviendrai » comme un cri de victoire, une sortie d’affaire, enfin, c’est comme cela que je l’ai entendu.

 La vie, les travaux, les dates, encore et toujours. Téléphone, visites, pensées… Voilà qu’un jour le couperet est tombé, le combat avait cessé, une issue que nous n’attendions pas, vécu comme une injustice, une tromperie, mais là n’est pas le point focal. Le point focal c’est la vie, celui qui reste, ceux qui restent, organiser et se préparer à des choses, des actes auxquels nous ne sommes et nous ne serons jamais préparés. Des choix à faire, des moments à assumer, à assurer. Etre digne de toi, te rendre hommage comme il convient, comme il te convient, comme il nous convient. Se battre avec des prêtres en vacances, d’autres en remplacement dignes de puissant fonctionnaire présentant la facture et vous laissant organiser le tout, se mettre à devoir écrire ce qui n’est pas facile à dire, résumer ta vie en s’apercevant que j’avais encore mille questions à te poser, réaliser que j’avais pas consacré assez de temps et d’écoute à mes racines, accompagner papa dans ces moments-là, décaler les obsèques d’un jour parce qu’elles avaient été décidées le jour de son anniversaire, vivre des instants bizarre dans cette maison qui était tienne et où ton corps patientait, qui n’était plus mienne et où je cherchais nos souvenirs au gré des visites de tous ceux qui t’ont connue et aimée.

Voilà un peu moins d’un an, nous avons vécu… J’ai appris le mot « mésothéliome », j’ai lu sa terrible épopée, ses victoires rapides et sans appels, je suis content de ne pas l’avoir lu et su plus tôt. Nos vies ont appris à trouver leurs places, retrouver des recettes, des souvenirs, et bien sûr il y a parfois de la tristesse, parfois des souvenirs qui vous piquent les yeux, il y a des rires, des gourmandises, des pots de confitures à l’écriture tant aimée, il y a l’esprit bien au-delà du voyage du corps et là est l’essentiel. Il y a eu aussi un resserrement familial, quand il fait froid, on fait corps, on se rapproche pour mieux partager sa chaleur et dieu que nous avons eu froid !


Voilà un an, je n’aurais pas su dire ces choses, la colère rend aveugle même sans en vouloir à la terre entière. Aujourd’hui, cette période de date revient, dans un autre contexte, avec mille pensées, et je me fous de fêter tel ou tel anniversaire, Noël ou jour de l’an, je sais que le plus précieux de notre bagage sur terre, ce ne sont pas les ans, ce ne sont pas les fêtes, les cadeaux, les pitances, les débauches, non, le seul trésor de nos vies sur terre, c’est l’amour, l’Amour, avec un grand « A ». Sans Amour, vous ne pouvez pas vivre, il faut parfois le perdre pour le mesurer et le comprendre, il faut parfois perdre pour aimer, alors n’attendez pas, aimez ! 

En revenant de Monblanc

Descendant les pentes de Monblanc, en appréciant la bonne allure de ma monture, la belle surface vitrée sur la campagne ensoleillée, je suis heureux de lire dans les rides du paysage la grande histoire de son temps. Pas besoin d’un œil exercé, et puis d’abord, tout s’apprend, la lecture comme l’écriture, le tricot comme le dessin, bon, d’accord, pour le tricot, j’avoue avoir eu maille à partir. Remettre à plat les reliefs, c’est les lire, les décrypter, voir dans la ligne trop régulière un ancien muret d’une ancienne terrasse d’une ancienne culture proche d’un ancien village. Les arbres aussi trahissent les interventions humaines, une haie, une limite de propriété, un cours d’eau ou, comme ici, un bord de voie ferrée. Certes, la logique financière a fermé la voie, les rails sont partis à d’autres usages,  les traverses à d’autres besoins, il ne reste qu’une sympathique courbe au sommet bien plat incitant à l’envie de promenade. Bien sûr, en passionné de trains, l’œil est aux aguets, il cherche les constructions typiques, ici un pont, là un mur de soutènement, plus loin un château d’eau pour abreuver les locomotives à vapeur, et cette maison, ne serait-point l’ancienne gare avec son hangar à marchandises au quai si représentatif de l’architecture ferroviaire ?

Rouler tranquillement tout comme marcher,  c’est se donner le temps de voir ce qui semble déjà vu. C’est prendre plaisir aux paysages bien plus qu’à l’itinéraire, c’est apprendre et comprendre. C’est être vivant et terrien, et bien sûr, c’est se mettre en campagne pour conquérir la campagne. Conquête pacifique bien sûr, les paysages n’appartiennent à personne et le regard qu’on y porte ne peut être que personnel. Les hommes ont façonné la terre sans jamais qu’elle ne cède, qu’une maison se ferme et aussitôt la terre se l’approprie. Ainsi ces anciens murets sont devenus de simples bosses parmi les champs, cet ancien jardin est devenu un bosquet touffu, l’écureuil y ayant semé ses noisettes puis les ayant oublié… C’est un autre plaisir de la balade, celui des regards plus approfondis, celui de prendre le temps d’avoir le temps, il fait beau, les routes sont désertes et la nature vit de mille et une vies. Les grosses fermes ont certes des hangars bien modernes autour, mais elles fument toujours d’une fumée bleutée sentant bon le bois, et puis, c’est toujours le même étalage hétéroclite qui décore les abords : vieilles ferrailles,  carcasses de voitures, cages à lapins couvertes de tôles rouillées, les traces humaines sont bien présentes.

Toute cette poésie de nos campagnes ne saurait être mise en photo, le montage et le cadrage ne seraient que restrictifs, dénaturant les scènes, nous privant du décor, non, l’œil, le vrai a toujours de beaux jours devant lui. Heureusement. Et puis l’œil voit, le cerveau corrige, enregistre, stocke et embellit, une prise de vues à focales variables et nombre de vues illimités. Au fond, c’est un plaisir des sens, il y a la vue, l’ouïe, les odeurs, les senteurs, il y a les vibrations de l’auto, le fin volant glissant entre les doigts, le dosage sur l’accélérateur et le frein, la lecture des courbes routières, les choix d’itinéraires, qu’il est bon de partir à l’aventure sans but précis autre que de se faire plaisir. Au fond, je ne suis pas d’ici mais je suis de partout, partout il y a à voir, à découvrir, à apprendre, à comprendre, il faut juste de l’envie et du temps… Prendre le temps d’apprendre, c’est quand même chouette, non ?


Bientôt les vacances, de quoi profiter et se donner de l’air, de quoi prendre le temps et redécouvrir ce qu’il y a tout près de chez soi, pourquoi pas ?



    

Une 2CV au Monblanc

Un dimanche en décembre, un ciel bleu pur dès le réveil, l’herbe est toute blanche, le froid encore piquant et tout cela laisse augurer d’une belle journée. Quelques menus travaux, de nettoyage surtout, ce diable de plâtre réduit en poussière se faufile partout, l’aspirateur est un allié redoutable mais il faut lui aussi le nettoyer de fond en comble, c’est-à-dire le démonter puis jouer du compresseur et de la soufflette en plein air pour en chasser le maximum de particules. A ce petit jeu-là, j’ai toujours de la chance et les vents me sont toujours favorables : me voici crépi de blanc, je n’ai plus qu’à me souffler moi aussi…. Souffler n’est pas jouer, certes, mais la patience est un grand art, le bricolage son éveil et entrainement. Maintenant que tout est propre ou presque, un petit tour dans le jardin, pour voir les arbres se déguiser en épouvantail nu, pour se régaler des toiles d’araignées couvertes de toutes petites perles de rosée, c’est aussi cela, le plaisir de l’éveil.

Les dimanches matins ont la couleur des jours sans heures, ils se distillent et se savourent à la petite cuillère d’un petit déjeuner qui prend son temps, de ces regards sur ces choses si familières qu’on ne les voit plus le reste du temps, puis le déjeuner qui, même constitué des restes de la veille, trouve sa place et la lenteur gustative qu’il y sied. Le café pris, le soleil frappe aux carreaux comme pour inviter à la balade, il est vrai que ce ciel bleu incite à fuir les intérieurs et leurs travaux. Soit, partons en balade, et puis profitons-en pour aller dégourdir les fines de roues de la 2cv, cela fait un moment qu’elle dort au chaud dans le garage. Prenons l’appareil photo, on ne sait jamais, puis en route ! Quelques toussotements, un peu de fumée bleutée et voilà le moteur qui ronronne sur son rythme à deux cylindres. L’air est vif malgré le soleil, ajustons-lui son cache-nez que d’autres appellent un cache calandre, et hop ! En route !

Partons à l’aventure, sans carte, sans but précis, prenons ces petites routes et roulons sereinement sans gêner personne ni être ralenti, c’est l’avantage de notre petit pays, il y a mille et un villages qui méritent le détour, une architecture, une église, une halle, un plan de cité, un vieux château, de belles fermes et surtout, un paysage vallonné dont l’avantage suprême est d’offrir une vue sur la chaine des Pyrénées toute blanchie des premières neiges. Le plus grand et le plus puissant des appareils photos ne suffirait pas pour rivaliser avec le regard toujours ébahi par tant de trésors disséminés dans nos campagnes.  Les villages se suivent, les noms éveillent les souvenirs et toujours l’envie de la visite. Quelques promeneurs emmitouflés se retourne sur le bruit si caractéristiques de la 2cv, voiture emblématique de toutes les générations, on nous salue, on nous sourit, on lève le pouce, surement façon « I Like » facebookienne,  c’est autant de plaisir reçu que ce partage de plaisirs. Les panneaux indicateurs annoncent des noms de villages, provoquent des choix d’itinéraires, puis soudain, un nom : « Monblanc » un éclair, un sourire, une envie : aller garer sa voiture au Monblanc…. Clic-clac, c’est dans la boite, on rentre, itinéraire non plus en prés verts mais le long des bois rouillés d’automne, retour à la maison, la 2cv dans son garage, un peu de bois dans la cheminée et le temps de se verser un thé vert odorant de ses épices orientales, me voici à mettre par écrit ces plaisirs simples d’une belle journée d’un dimanche de décembre.

Voilà, juste un sourire, ou plutôt, un bouquet de sourire, une façon simple d’appréhender la vie, de profiter du temps et des choses, de la vie et de ses proses, d’une vieille auto dont le charme réside dans son absolu simplicité, cette simplicité qui en disparaissant ôte tout le charme des choses mais aussi des êtres… Restons simples, restons vrais, toujours…



Pour quoi, pour qui?

Les premières neiges, elles enchantent les citadins rêvant de ces grands espaces immaculés comme de vaste terrains de jeux, elles indiquent aux villageois des montagnes que le temps est vraiment venu de changer l’ordre des travaux. Bien sûr les prairies d’estives étaient à nouveau déserte, les troupeaux avaient repris le chemin de leurs étables de village, les cabanes, une à une s’était fermée, abandonnée pour l’hiver à quelques montagnards passant par ici et avides d’un peu d’abri et de feu, il ne restait qu’un hameau, accroché au dernier près avant le col puis le sommet, le hameau du vieil entêté comme le surnommé les habitants du village.

Entêté pour qui, pour quoi ? Ceux qui le qualifiait ainsi avait sûrement dû oublier qu’autrefois des familles entières vivaient dans ces hameaux, ces fermes devenues tout juste granges à matériel, parfois résidences secondaires pour citadins en quête de calme et de solitude. Il avait toujours vécu ici, avec ses grands-parents, ses parents, sa famille, puis inexorablement le troupeau s’est résumé à sa seule personne. Les anciens partis rejoindre le cimetière blotti autour de l’église, les plus jeunes plus bas en vallée dans des emplois privés d’air pur. Lui avait choisi cet air pur, cette liberté, ce temps qui se compte en tâches, en travaux, cette vie à la lumière du plein jour. Quelques bêtes, un peu de culture, le voici gardien d’un cimetière sans corps, chacune des fermes du hameau, il les nomme encore par le nom des anciens propriétaires, il les voit aussi disparaitre petit à petit, lente érosion du temps, combat vaincu par la nature, toujours. Une tuile qui glisse, une gouttière se forme, l’eau pénètre puis ronge la terre jointant les pierres du mur, le bois sec des vieilles poutres jusqu’à les faire céder, ouvrant la brèche aux éléments, pluies, vents, neiges, sans compter les animaux. Bien sûr au début il avait essayé de sauver les apparences, réajuster les tuiles, glisser de-ci, de-là un morceau de tôle ou de plastique issu d’un bidon découpé mais bientôt la chose ne fut plus possible, et puis, au fond, pour quoi, pour qui ?

Bien sûr il y eut l’apprentissage de cette vie solitaire. Les premiers moments, les premières nuits, les premiers silences furent bien plus que des vides, des blancs. Puis le temps avait fait son œuvre, le temps l’avait sculpté comme il sculpte jusqu’aux rochers, il s’était installé dans cette vie de solitude, à peine interrompue par quelques randonneurs, quelques habitués venant le voir ou visiter les anciennes maisons d’un lointain aïeul, et la vie avait repris ses droits, ses cycles, ses listes de travaux, et au fond, la période qu’il aimait le plus, c’était l’hiver, cet hiver blanc et froid qui privait bon nombre de gens d’envie de monter par ici. Un hiver entre feu de bois et surveillance des bêtes, entre bricolages à l’abri et petites marches solitaires, un hiver à voir un peu plus le hameau se dissoudre et disparaitre dans les entrailles de la terre. La ferme du père François était encore à moitié debout, le vieux rideau déchiré encore accroché au battant survivant d’une fenêtre trouant le seul pignon dressé s’agitait comme un drapeau blanc demandant la trêve, la fin des combats. Un dernier signe de vie humaine sur un mur aux pierres descellées. Pathétique, comique et désolant, surtout lorsqu’on pense au père François qui passait le plus clair de son temps les volets clos après le décès de sa femme…


Qui a raison ? Qui a tort ? Celui qui quitte sa terre ou bien celui qui y reste accroché ? Pourquoi l’un aurait-il plus raison que l’autre ? Chacun cherche la réponse comme s’il n’y avait qu’une seule réponse possible. Mais il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de choix entre les choix faits, chacun vit sa vie comme il l’entend. Celui qui reste sur sa position, celui qui change à la recherche d’un mieux, combien de par le monde sont encore accroché à leur bout de caillou, combien en sont partis quitte à le renier, combien garde au fond d’eux la mélancolie d’un bout de caillou accroché on ne sait où ? Il n’y a pas de meilleur choix que le choix que l’on fait. Il n’y a pas de meilleur endroit qu’un autre, il y a l’endroit où l’on se sent bien, celui on l’on mesure, parfois sans même s’en apercevoir, les énergies d’un monde avec lequel on rentre enfin en connexion. Peut-être bien que vous savez au fond de vous-mêmes où vous vous sentez le mieux, peut-être bien que vous le découvrirez bientôt, c’est une sensation rare, un bien être infini cueilli à la source, votre source. Lui avait toujours su qu’il était d’ici, bien plus que d’être né ici. Là était sa différence, et comme toute différence, elle créait une rupture, mais au fond, pour quoi, pour qui ?


L'histoire dont vous êtes le héros.....

Il était une fois, peut-être même bien plusieurs fois, parce que des fois, c’est plutôt comme ça que ça se passe, quoique là, difficile à dire, difficile de se souvenir, alors histoire de lancer le sujet, il est plus commode de commencer par « il était une fois ». Bon, des fois, ça marche, mais là, faut avouer que les idées sont parties en vacances, les mots restent coincés dans le clavier, et peut-être même bien qu’ils n’y sont pas coincés du tout pour la bonne raison qu’ils n’y sont peut-être pas arrivés…. Comment conter une histoire sans mot ? Il y a bien eu « histoire sans parole » mais jamais histoire sans mot, et là, aucune solution, aucune idée ne se pointe à l’horizon. Bon. Donc ?

Et bien, il était une fois, dans un pays lointain, parce que situer l’action ici serait se compliquer la tâche, vous autres, perspicaces lecteurs connaissez trop bien les lieux pour en traquer les moindres travers et mauvais racontars, donc, un peu d’exotisme, l’action se passe ailleurs, sous de lointaines contrées que vous imaginerez dans le décor qui vous fait rêver le plus, baigné des couleurs qui vous sont les plus douces, et sous le climat le plus agréable.

Vous voilà bien installé en ces lieux qui vous sont paradisiaques…. Ça tombe bien, puisque c’est de vous, oui vous, dont je choisi de faire le personnage central de cette histoire. Oui, vous ! Vous voilà en pleine lumière, gros plan sur votre regard faussement inquiet, regrettant déjà le transat sur lequel vous vous voyiez confortablement installé pour lire la suite… Non, dans quelques instants, le silence va se faire, et le mot « action » va être crié, à ça sera à vous de jouer.

On a le décor, on a le personnage principal, place à l’histoire…..

Justement, je ne vais pas vous raconter d’histoire, vous êtes le principal personnage, et même le seul à l’écran pour l’heure, je me vois mal écrire sur vous des choses qui ne sont pas, pas plus que des choses que vous connaissez déjà, à quoi bon ? Allez, un peu de courage et « action » vous voilà à présent, le seul, le vrai héros de cette histoire…..


Le  reste de la page est pour vous…. Non mais sans blague !   

Une plage déserte

Une plage déserte, un vent frais qui par moment soulève le sable, un océan aux rouleaux nombreux et serrés, c’est l’idéal pour quelques pas. A quelques pas, c’était la vie, le monde, tout relatif à l’endroit, le bruit et l’agitation d’une petite ville. Ici, plus rien d’humain, la nature impose sa force et ses bruits, elle couvre et dirige, elle envahit l’espace, le sable, les airs, le temps aussi quelque part. On était loin de l’agitation estivale, et même hors saison des hors saisons, le vide, le calme, sans que cela soit la désolation. Accessibles. Ces endroits demeurent libre d’accès à qui veut méditer, se régénérer, s’abreuver aux sources de la vie, retrouver sa place dans le rythme du temps, se poser, faire son bilan, réfléchir, voir venir, lire son avenir dans ses propres décisions, reprendre la main, sa main sur la vie, sa vie.

Chaque humain qu’on interroge ne manque pas de faire part de son manque de temps, mais au fond, le manque est mal interprété, nous ne manquons pas de temps, nous manquons le temps. Le temps n’est pas un ennemi à combattre mais un allié à découvrir avant de nouer de solides liens. Ces mêmes liens qui l’avaient amené ici et maintenant, sur cette plage perdue dans une immensité de nature déserte malgré la proximité des hommes. Une chance, tant les bénéfices en sont grands. Quelques heures suffisent, quelques pas à respirer, à prendre le temps de s’offrir le temps d’avoir le temps. Peu importe le jour, il était là et il faisait jour. Peu importe l’endroit, enfin non, pas tout à fait. Ici c’était parfait, son parfait. Une communion vraie. Intense et nourrissante. Ce n’est pas une renaissance mais plutôt un réalignement sur les bonnes ondes du chemin de sa vie. Difficile d’expliquer, difficile de partager, chacun mène sa propre barque, chacun poursuit sa propre route, ce qui est vrai pour l’un ne l’est pas nécessairement pour un autre, même si parfois les chemins se croisent, se mêlent et s’entremêlent, rien n’est jamais construit pour durer, tôt ou tard les chemins se séparent, et plutôt que de focaliser sur la durée, mieux vaut pleinement profiter de l’instant présent. Ne pas cogiter sur ce qu’est sa vie à l’instant « t », ni vouloir à tout prix laisser une trace, chaque être nait avec un chemin à accomplir, des épreuves pour grandir et être à même de franchir des paliers, il n’y a pas de hasard, chaque route est bordée de signaux, de panneaux que notre attention, notre concentration, notre vitesse d’exécution nous permettent de voir ou non, et si nous ratons la bifurcation indiquée, ce sont des années passées à parcourir une autre route, à chercher sa route, à parfois ne pas comprendre le pourquoi des choses. Les plus élémentaires des choses sont parfois les plus sournoises, elles jouent de notre vigilance, elles nous tournent autour sans qu’on les voit, pauvres aveugles que nous sommes lorsqu’il s’agit de grandir…

Une plage déserte, c’est cette phase de sa vie qui devient un peu une phrase de sa vie.  Mais une plage déserte n’est pas un désert en page, c’est juste un moment au bout du bout de souffle, l’instant où courir ne suffit plus, l’appel d’air et l’appel du large, le point de rupture et non un point de non-retour, il y a toujours un retour, jamais de barrière, un vide salutaire, un rupture pour respirer, respirer pour reprendre des forces, des couleurs, respirer pour mieux repartir. Cet instant fait peur aux gens trop pressés, il doit leur sembler une envie d’ailleurs, un terme, il est vrai que pris dans la spirale du temps, on oublie qu’il y a une vie à côté de la vie, on ne voit plus les choses qu’en séquence, la vie après la vie, la peur de cet autre côté du miroir, sans savoir. Paradoxe de l’être humain, il a peur de savoir et peur de ce qu’il ne connait pas. Cercle vicieux, je ne connais pas, je n’apprends pas en cas de savoir…. Etrange. Etrange, comme un homme seul faisant quelques pas seul sur cette plage. De toute manière, un groupe marchant au hasard sur une plage déserte serait tout aussi suspect tant la bienveillance constitution de l’Homme ne reconnait comme sien que ceux qui vivent comme lui et rejette l’inconnu, celui qui est différent. Peu importe les jugements à l’emporte-pièce, on vit pour soi et non pour ressembler aux autres, on ne grandit pas à l’ombre d’un tuteur, bien au contraire.


Une plage déserte, quelques pas sur le sable balayé par les vents, les yeux perdus dans l’écume des flots en colère, c’est tout simplement une page de bonheur personnel. Parfois il est bon de savourer ces instants personnels et de s’abreuver de bonheurs. Précieux, quasi magique, c’est aussi et surtout pour mieux revenir…       

   

Une page de réclame

Une pie qui chante
Ailleurs que sur des paquets de bonbons,
Ça, c’est possible.

Un poulain qui n’a pas grandi
Depuis plus de quarante ans,
Là, je doute.

Un cuistot tout en blanc
Tassant en pot tout un tas d’herbes,
Oui mais, il se décarcasse.

Et je passe l’éponge
Sur ces lessives à nœuds ou à singes,
Ça mousse costaud.

Images d’hier peuplant aujourd’hui
Sempiternelles réclames, elles fuient
Dévorées par la pub

Nous avons grandi avec ces images
Nous connaissons par cœur les couleurs
Et comme nous étions des enfants sages,
Nous avons gagnés les images en couleurs

Autres temps, autres mœurs, c’est banal
Ces images pourtant n’étaient pas d’Epinal
Elles en étaient plus modernes en leurs temps
Images désormais du passé. Pour longtemps.
  


Le puits

Comm passion et non compassion, c’est par cela que l’on mesure combien l’espace prend toute sa place et son sens…. Stratégie de notre siècle, la communication est devenue un axe majeur de développement, savoir communiquer, savoir vendre, parfois se vendre, quitte à faussement compatir, là, je compatis. Mais le con n’est pas parti. Sourire. Les mots sont des pièges, ils se servent des idées en appâts pour capturer l’attention, puis ils referment leurs mâchoires de lettres autour de la proie captivée, jusqu’à ce que le mot les sépare… Là est la chute, sans fin car il y a toujours d’autres, mots, d’autres sens, d’autres pièges, c’est un puits sans fond, un parcours sans limite, une farandole de mot en paragraphes pas toujours liés, un livre aux pages détachables, une bibliothèque de plus en plus virtuelle, plus dure sera la chute…

A moins que d’en sortir n’en soit l’idée ? Oui, c’est cela, sortir un mot, oser, parler, dire, briser le monologue, tenter le dialogue, exprimer, communiquer, ne plus être attentiste, victime sans toutefois devenir bourreau, les mots sont des pièges mais tous les pièges ne sont pas armés. Sortir un mot, pour peu qu’il soit écoutable et écouté, sans qu’il soit écourté ou bien éconduit, conduit à rompre le rythme, l’enchainement, l’enfermement syllabique, fendre l’air d’un son différent, claquer la cymbale au milieu des cordes vocales des vocables mono symphoniques, rajouter l’espace entre la communication et la passion, mettre un temps d’arrêt dans le défilé des mots qui sont parfois, il faut bien le dire, sans queue ni tête, et là, à chacun ses goûts. Cela suffit-il pour sortir du puits ? Et puis d’abord, c’est quoi ce puits ?

Un puits sombre et sans fond où descendent sans fin des mineurs de fond, gueules noires bouffées au quotidien par la bouche vorace de cette terre avide dont les entrailles sont noires de charbon et les gaz souvent meurtriers. Ceux qui y sont descendus leurs courtes vies durant en sont restés meurtris jusqu’aux tréfonds de leurs poumons. La roue tourne, celle du grand ascenseur s’est muée en silence au-dessus de bien des puits, il y demeure l’atmosphère si particulière et unique.

Un puits obscur et gluant d’humidité, dans lequel le seau plonge au bout de la lourde chaine avant de remonter à la force des bras une eau fraiche et limpide. A moins qu’il ne s’agisse d’un sot entrainé par la chaine de mots devenant de plus en plus lourde, n’offrant plus de résistance au déferlement, plongeant toujours plus dans cet enfermement. Difficile d’en sortir, il en faut pas briser les chaines, du moins, tant qu’on n’est pas remonté à la surface, les parois du puits sont froides et glissantes, la seule accroche est la chaine des mots. Il n’est pas question de dernier mot, ni d’attendre le dernier mot, ni d’avoir le dernier mot, non, juste oser, parler, dire, prononcer, annoncer, communiquer, un mot parmi les mots, un mot contre un mot, lentement tresser sa corde de mot le long de la chaine, remonter d’un cran à chaque fois, sentir cet air différent sur le visage, prendre son assurance et enfin jaillir hors du puits. Faut-il en briser la chaine ? A quoi bon ? Une fois dehors, il ne sert à rien de transformer le puits, certains souhaiteront s’y abreuver, on ne change pas les autres, on change soi. Une fois dehors, marcher, courir, partir, respirer, jeter dans le puits les mots amers, apprendre le mot « aimer », respirer, vivre et devenir. Devenir soi. Etre soi.

Un puits de science mais la science n’est pas que naturelle, elle flirte avec l’abstrait, elle se pare de mille feux, mille couleurs, mille savoirs, elle décline et déclame à l’envie des formules sans fin, des idées pas toujours bien reçues, des mots en raccourcis, des abréviations nécessitant le bréviaire, des signes kabbalistiques, elle puise au latin, elle s’enrichit de grec, elle s’éclate, se publie, c’est une pieuvre sans visage, non, tout cela n’est pas très naturel. Devant un tel flot, on n’ose pas prendre la vague et surfer sur l’inconstant, on a tendance à faire profil bas, courber l’échine et prendre fœtale position, disparaitre devant tant de sciences, quel dommage…. Les puits de science s’écoute et doivent éveiller les sens, réveiller les questions, les questions de bon sens. S’il n’y avait pas eu quelqu’un de plus de science que nous, que serions-nous aujourd’hui ? Alors, brisons la loi du silence et prenons la loi de la science, osons, posons des questions, affrontons les réponses, démontons les mécanismes, à toute chose il y a un effet, une conséquence et bien sûr, une cause. Cherchons la cause plutôt que de focaliser sur les conséquences. Traitons la cause, c’est traiter la conséquence à la racine, l’inverse n’est pas vrai. Une différence fondamentale entre les visions des différentes médecines. « J’ai mal à la tête, je prends un antalgique » Mais pourquoi ai-je mal à la tête ? Manque de sommeil ? L’antalgique n’y peut rien. Mauvais éclairage ? L’antalgique n’y changera rien. Stress ? L’antalgique n’y peut rien sauf dans ses effets placebo. Une pieuvre vous dis-je ! J’en ai mal à la tête, allez, un peu de compassion….