Le ciel pleure encore

Le ciel pleure encore ses larmes de boues,
Les hommes malgré la nuit sont debout
Il n’y a plus le relief des champs,
Partout un seul lac rouge champ.

Il pleut comme il a plu
Sur ces terres connues,
Il pleut, on s’en est ému
Lorsque l’eau rage est venue

Clic-clac, photos on prend les paysages noyés,
Clic-clac pour immortaliser les routes coupées
Pour ne pas oublier les fois des années passées,
Pourtant à chaque fois, la même route est coupée

Que fallait-il faire ? Que faudrait-il faire ?
"Ça n’arrive pas si souvent", et "puis ça coûte cher"
Alors on vit avec, tandis que d’autres vivront sans
Terrible loi des séries, l’eau couleur champ

Pleuvait-il moins avant ?
Avait-on plus de champ ?
A-t-on mis trop de ciment ?
Sommes-nous inconscients ?

Le ciel pleure encore ses larmes claires
Les hommes fatigués espèrent encore
Les sols inondés seront-ils plus féconds ?
Que cache encore ce paysage abscons ?

Il pleut comme il a plu
Ici et maintenant
Il pleut, il a plu
On fait quoi maintenant ?

L’eau presse et oppresse,
Elle ravine et démolit
Elle ronge et aplanit,
Hors de son lit, en tigresse

L’eau coule, noie et repart
Elle inonde, elle gronde ou sournoise
Elle déverse ses limons noirs
Elle reprend son cours sous la toise  

L’eau est venue, les chemins sont de boues,
Les hommes nettoient et refont surface
Peu à peu, pas à pas, ils reprennent place
Les hommes malgré les dégâts sont debout

Plus tard, la route sera belle et ensoleillées
Personne alors ne se souviendra en juillet
De ce lac de boue à la place des tournesols
De cet hiver chargé d’eau qui a noyé les sols

La vie est ainsi,
Elle pleure, elle rit

Mais si on se souvient d'avantage des rires,
C'est par les pleurs qu'on se construit
Et ça, c'est l'arc-en-ciel de notre vie...




de mot en word

Mot si simple
Ou mot composé
Tous les mots sont beaux

Word, simple word
Or compound
Ravishment it is
Definitively 

Acrostiches bilingues

Anglais ?
Non, pourquoi ?
Grand exemple
Lettre après lettre
Anglais,
Il n’est pas !
Sorry !

English ?
Not at all !
Great example
Letter by letter
Is he English?
Sorry,
He is not English.

Français?
Râleur?
Ah non? Ah bon…
Ne confondons pas!
Ça serait trop rapide
Après tout, il ne râle pas,
Il s’exprime !
Surtout. Sur tout.

French ?
Reason to moan?
Ever and ever
Nothing to add
Could it be different?

Huge, isn’t it?

Un pont vers l'autre rive

Où que l’on soit, il existe toujours un fossé entre les Hommes, qu’il soit volontaire ou involontaire, protecteur voulu ou bien séparation subie. Parfois les êtres ont cherché à bâtir des ponts, des passerelles vers cette autre rive, d’autres fois, ils ont au contraire agrandi la distance à franchir par des moyens physiques, comme par des moyens psychiques. D’histoires racontées en contes, au bout du compte, les légendes ont la vie dure. Au fil des générations elles ont construit, enfant par enfant, mot après mot, la peur du loup, la peur du vide, la peur de la mort et au fil des ans, au court des temps, ces peurs-là sont devenues tellement ancrées dans la mémoire collective, dans l’inconscient collectif que plus personne ne sait démonter ces peurs qui au fond sont sans fondement autres que le diktat d’une personne, d’un pouvoir, d’une élite histoire de mieux maitriser sa domination et contraindre un peuple à la loi du dictateur.

Fallait-il avoir peur du loup ? Fallait-il avoir peur du vide ? Fallait-il avoir peur de la mort ? Peu importe, si questions il y a, ça serait plutôt « faut-il » que « fallait-il », le passé n’est plus modifiable, le présent oui, de plus, il créé l’avenir. Posons-nous ces questions et automatiquement leurs réponses viendront des informations stockées dans nos mémoires, mais ces informations stockées dans nos mémoires, sont-elles de vraies ou bien de fausses informations ? Sont-elles stockées de notre fait, après avoir bien muri leur valeur ou bien sont-elles stockées par matraquages médiatiques forts, de la petite histoire lue le soir, aux dessins animés et autres publicités reprenant ces codes dictés depuis la nuit des temps ? Quelles sont les premières images qui vous viennent lorsqu’on vous demande de visualiser chacun de ces mots « loup », « vide », « mort » ? Acceptez-vous ces trois mots de la même manière ? N’y-a-t ’il pas parmi eux un ou deux de plus dérangeant ? Et si la liste s’allonge avec « serpent », quelle sera votre réaction ? Pourrait-on parler d’une peur biblique ? Rien d’idyllique en tout cas…

LOUP ! A quoi pensez-vous ? A cette bête sanguinaire nommée comme étant un loup-garou ? Mais est-ce « loup » ou « garou » qui fait peur ? Comment ? Auriez-vous peur de Garou ? Gare aux loups ! Voyez-vous plutôt ce « canis lupus » comme une « chien loup », un maillon de l’évolution entre le monde sauvage et le monde domestique ? Quelle peur y associez-vous ? Bizarrement,  un berger allemand est surnommé « chien loup » et s’il peut faire peur, je doute que Rintintin fasse peur… Histoire de contexte et…d’histoires, tiens, comme c’est étrange…. Mais plus loin encore, combien d’entre vous auront pensé à ce masque venant couvrir le haut du visage et synonyme non plus de peur mais d’autres plaisirs plus carnavalesques ?

VIDE ! Et là, à quoi pensez-vous ? Allez, osez, jetez-vous dans le vide de ces questions sans réponse… Pensez-vous au précipice, à ces ponts trop hauts qui donnent le vertige quand ce n’est pas un simple haut le cœur ? Le vide, c’est peut-être aussi l’absence, le manque, le désert, le froid, cette sensation d’abandon qui vous fait chavirer. J’espère que vous n’êtes plus au bord du précipice ! Une boite vide est-elle signe d’abandon ? Une salle vide devant vous, auditeur émérite, est-elle plus rassurante ? Allez, respirons, faisons le vide, videz bien vos poumons, vous verrez vite combien la nature a horreur du vide, combien l’air frais viendra bien vite chatouiller vos alvéoles…

MORT ! Et euh… là ? Comment la voyez-vous ? Une belle élégante venant tout sourire vous prendre par la main, vous réconforter et vous conduire sur l’autre rive bien plus douce, y retrouver vos liens passés et présents, abandonner le lourd costume d’une vie terrestre usée…. Ou plutôt, une dame sombre, au corps de squelette et portant haut la faux, une rupture dans l’espace-temps, un point de non-retour et les flammes de l’enfer comme feu de cheminée ? Non, plutôt un mal être, un malaise d’évoquer ceci plutôt que cela, parce que non, la mort c’est tabou, faut pas pousser à bout ces choses-là, il y a trop d’années de catéchisme et d’autres constructions en contes et en histoires, depuis la nuit des temps…


Sommes-nous maitre de notre vocabulaire ou bien simple relayeur de bonnes ou mauvaises informations ?  Doit-on rester sur cette rive ou bien franchir le pont ? Un pont ? Mais quel pont ?


Le chalet

C’était un de ces matins magiques comme seule la nature sait en offrir, un de ces matins où l’on ne regrette pas d’avoir quitté la chaleur de son lit pour affronter le froid et fournir l’effort de gravir les pentes enneigées. L’épais manteau recouvre chaque détail du relief, il en adoucit les contours, il en masque aussi les pièges, il faut une habitude et une connaissance des terrains pour ne pas se laisser choir dans le ruisseau dissimulé ou bien encore s’enfoncer mollement à travers les ramures des rhododendrons. Le soleil se levait dans un ciel bleu pur, la brise légère soulevait cette poudre de neige fraichement tombée, dessinant comme un brouillard sur la surface du manteau blanc. La lisière de la sapinière masquait encore le premier sommet mais déjà l’odeur douce d’un feu de cheminée trahissait la proximité du chalet. Encore quelque pas et la clairière prendra place à travers les arbres, la modeste demeure sera alors visible avec son lourd manteau de neige en guise d’isolation, elle était la gardienne de ce coin de montagne, vestige sans doute d’un habitat pastoral autrefois plus étoffé, elle était son refuge, loin du monde. Le bas était en pierre, des murs épais percé de quelques meurtrières, un large porte de bois d’un autre temps, une petite fenêtre blottie contre. Autrefois étable, c’était aujourd’hui à la fois le sas d’entrée, la réserve, l’endroit de passage et de dépouillement, ici, on quitte un monde pour l’autre, celui de dehors pour celui de dedans. Des habits en attente de leurs saisons de prédilections, des buches finissant de sécher avant d’être condamnées au bûcher, un vieux garde-manger où terminaient de s’affiner des fromages du cru. Il y a toujours une certaine poésie dans ces endroits de rien, ces lieux que l’on traverse sans même les visiter, sans même les voir.

Tout au fond, un escalier, tenant plus de l’échelle de meunier, aux marches usées par les pas et les ans, aux bois toujours grinçant et vivant, elle réunifiait les deux parties, le monde du bas, sombre, frais et délaissé, le monde du haut, chaleureux et bien éclairé. De partout semblait entrer la lumière, les fenêtres nombreuses laisser entrer le soleil et offrait des vues de cartes postales : sapins lourdement enneigés, le col et le pic tout en roche, la trouée de la sapinière donnant sur la prairie par laquelle il était arrivé, comment ne pas se sentir bien ici ? Les murs et les planchers aux vieilles planches, la poutraison magnifique, tout avait été patiemment nettoyé, décapé, rejointoyé, réajusté pour conserver aux lieux la magnificence des âges, transformant l’humble bergerie en une confortable demeure. Une cheminée aux parois escamotables offrait tour à tour chauffage et sécurité ou bien chaleur et convivialité du feu ouvert. Les modestes dimensions avaient tout de même permis d’aménager deux chambres dont une en mezzanine, un vaste salon et son coin repas, une cuisine et toutes les commodités nécessaires. La façade avait vu sa porte à foin se transformer en baie vitrée donnant non plus sur une échelle hasardeuse mais sur un balcon suffisant pour s’y détendre ou bien prendre son déjeuner face à la nature. Des années et des années de travaux, de bricolage et de week-ends passés à camper pour transformer ce lieu. Un défi plutôt fou pour beaucoup, un accomplissement pour lui, cette grange familiale devenue habitat avait pris toute sa valeur lorsqu’enfin le temps de la retraite lui offrait le plaisir des week-ends qui n’en finissent plus. Petit à petit, l’extérieur s’en trouva modelé, des murettes reprirent de la hauteur, soutenant la terre, délimitant le potager, tout juste là où ses grands-parents le cultivaient. Le ruisseau avait retrouvé son chant, quelques nettoyages plus haut lui avait redonné son cours, il pouvait désormais abreuver le jardin, remplir la citerne et abreuver d’intrépides animaux ne redoutant d’approcher cet ermitage d’héritage. Quelques pierres plus loin, c’était un appentis servant aux beaux jours à la fois d’atelier mais aussi de lieu de repas, une table en bois profitant de la fraicheur des noisetiers tout proche prenait beaucoup d’attrait dans les chaleurs de l’été. Pour l’heure, tout ceci dormait sous la neige, le vent en bourrasque avait semé ses flocons jusqu’au fin fond des pièces offertes à ses courants d’air. Le seul accès était en raquettes, un sac à dos pour les provisions, les réserves de conserves et de bois pour compléter, la rudesse des hivers apportait une douceur sur la façon de les appréhender, il suffisait de vivre la force de la nature au plus près pour mieux réaliser sa place dans tout cela. A croire qu’on comprend mieux le monde lorsqu’on en sort, de toute façon, on voit toujours mal de trop près. Lecture, musique, bricolages, il y avait mille chose à faire mais surtout, il y avait toujours une communion avec la nature, si naturelle que les heures ne s’exprimaient plus que par elle, il avait fini par oublier sa montre et à vivre selon le jour, à vivre, au jour le jour. Peut-on rêver mieux ?


Cet endroit paisible n’est qu’un bout de mémoire, mémoire des hommes, mémoire des lieux, une continuité humaine dans l’espace-temps, une vie à l’abri d’autres vies, une vision différente d’un même instant vécu et ressenti différemment là-bas en bas. Ni loin, ni prés, il suffit d’être prêt. Prêt à remettre en cause sa vie, son existence, prêt à vivre sa vie selon ses envies, prêt à voir le monde d’un peu plus haut, d’un peu plus loin, prêt à se donner du temps, c’est ma foi le plus beau des cadeaux.   

                 

L'orient et l'occident

Il y a de l’orient en occident,
Et de l’occident en orient

Pourquoi s’oriente-t-on
Sans prendre cap sur l’orient ?
Voilà encore un mystère !
Ah ! L’orient et ses mystères.

Est-ce que l’occident s’oxyde en orient ?
Est-ce que l’orient se perd en occident ?
Voilà encore des mystères,
Ah ! L’orient et ses mystères.

Il y eut bien les mystères de l’ouest,
C’était plutôt en occident.
Que voulez-vous les mystères,
C’est souvent contagieux.

Sont-ce les même entre orient et occident ?
Mystère !
C’est bon les mystères,
Sous la carapace, le cœur est fondant

Faut-il être gourmand ?
Faut-il choisir entre orient et occident ?

Quand on aime, on ne compte pas,
Le cœur a ses raisons que la raison n’a pas

Il n’y a pas de raison de s’orienter non plus,
Mettre cap au nord en parlant d’orientation
C’est partir de plus loin, là-bas, tout en bas,
Suivre la route indiquée, simple déduction.

Il y a de l’occident en orient,
Et de l’orient en occident

Peut-être parce qu’entre points cardinaux,
Nous sommes tous de la même matière,
De la matière dont on fait les mystères…

Des mystères ? Ah, bravo !





Sait-on jamais...

Sait-on jamais pourquoi
Un jour, on s’en va
Sait-on jamais pourquoi,
Un jour, on s’enfuit.

Ras le bol ou pas,
Un jour, on n’est plus là.

Un jour l’enfant part,
Un jour vient le départ.

L’oiseau tombe à terre,
La chenille prend les airs

Alors pourquoi s’étonner
Si l’oiseau pour déjeuner

D’une chenille fait son met
Un bec fin, un gourmet.

Après tout,

Elle n’avait qu’à pas partir
Mais faut-il en sourire ?

Sait-on jamais pourquoi,
Un jour on s’en va,
Sait-on jamais pourquoi,

Toutes les choses de la vie.



Poème en acrostiche

Poème?
On aime
Ecrire
Mais le fait-on ?
Excusez, si peu

Poème, acrostiche

Preuves
Ou semblant de...
Ensemble de
Mot à mot

Ensembles, un poème

Ras le bol

Ce qu’il y a de formidable avec la magie, c’est ne jamais voir la manipulation subtilement exercée par la main gauche en se laissant absorber par l’activité de la main droite, c’est bien fait, ça parait tellement magique, on applaudit. Bon, ce qui est moins bien, c’est de voir ces mêmes tours repris et pratiqués à l’excès par les médias voire par certains politiques : regarder bien ma main gauche, pendant ce temps ma main droite opère en l’absence de votre vigilance… Bien sûr, toute ressemblance avec des situations, des personnes, des lieux, des modes, des « ce que vous voulez » ne serait que pure coïncidence… Ben voyons ! Là, il devient difficile d’applaudir, d’abord parce que ça chauffe les mains et puis parce qu’applaudir les poings serrés, c’est pas ce qu’on fait de mieux et comme le mieux est l’ennemi du bien, autant resté quelqu’un de bien, juste quelqu’un de bien comme le chantait si bien Enzo. Il fut un temps où le « bebeteshow »fut critiqué, désormais, ce sont directement nos politiques qui font leurs shows, je me demande s’ils ne nous prennent pas pour des bébêtes…. La frontière entre la république, la célèbre « chose publique » des romains et la vie privé semble devoir s’ériger en un mur dont celui de Berlin ne serait qu’une simple marche, on se demande bien pourquoi on s’en étonne, et il suffit de lire la presse étrangère pour mesurer combien nos amis du monde n’ont pas l’esprit aussi ouvert que certaines portes cochères le soir.

Mais comme dit ma concierge : « pendant qu’on nous parle de cela, on nous parle pas d’autres choses…» Le bon sens de terrain, il n’y a pas mieux, non ? C’est vrai que c’est un vrai festival de magie l’actualité, voyons, voyons, c’était quoi les derniers tours à la mode ? Schumacher ? Ah oui, c’est vrai, et alors ? Voilà que son état est passé sous silence, « désolé mon bon monsieur, il y a plus frais à vendre » …. Un débat entre censure et humour malsain, entre faits et gestes même pourrions-nous dire histoire de laisser un peu les quenelles retrouver leurs brochets et par la même occasion, pratiquer une autre pêche en eaux troubles… L’heure est aux remakes, enfin plutôt aux nouvelles versions, après le bal des mousquetaires du Roi, voici venu l’affaire du collier de la Reine, une version plus moderne, la Reine n’a pas d’amants ? Diantre, que nenni, tant pis que le Roi ait, et le Roi fut. Et à gravir les marches du temps, souvenons-nous de ce cher Guitry qui disait « les chaines du mariage sont si lourdes à porter qu’il faut être deux, parfois trois » alors imaginez lorsque vous n’êtes même pas mariés… On a beau dire, nous ne sommes jamais aussi proche de la sixième…République. Pas très loin des cours de maternelle, ah, le bon temps, ces amourettes d’enfants, butinantes de prénoms en prénoms, collectionnant les fleurs et les bons points, offrant comme cadeau un bonbon, il est vrai qu’en ce temps-là, la villa Médicis était hors de portée, mais les temps ont changé et comme dirait ma concierge.... Mais au fait, pourquoi n'ai-je point de concierge ? Qu’il doit être bon d’assister aux débats forcément publics des cages d’escaliers ou aux échanges de comptoir, les Blondin et autres Audiart manquent à notre poésie quotidienne, nul n’est besoin d’alexandrins ni même de serpents sifflant sur nos têtes pour apporter le bleu qui manque parfois à nos vies, non, le risque c’est d’atteindre la limite, ce moment fatidique où la goutte d’eau, forcément de trop, fait déborder le vase, forcément trop plein. Bon, un vase, ça se vide, ça se casse aussi, et pas qu’à Soissons… Il y a de quoi nous les briser, et même nous les briser menu-menu sans vouloir jouer les tontons flingueurs.


Il y a un point de non-retour, il s’appelle « limite de la confiance ». Il y a un point d’inflexion, il s’appelle « prise de conscience ». Lorsque ces deux points convergent, la latitude diminue, la marge de manœuvre se réduit, les réglages sont devenus trop pointus, l’autre tire sur le manche parce qu’on a trop tiré sur la corde, il décolle et disparait à l’horizon qui d’ailleurs n’est plus le nôtre. Vient un jour où les tulipes ne sont plus à la mode, le charme des polders et des moulins à vents deviennent fort désuets, autant prendre la tangente vers Tanger ou plus au sud, juste avant que la bise soit venue. Il n’y a jamais de quoi faire tout un fromage, pas plus que de raison de confondre gouda et Yoda comme disait l’ami Molette bien connu, vous savez, celui qui a la clé… Un gros ras le bol de ces spectacles de magies bien malhabiles, bien malvenus, bien maladroits, je préfère prendre la clé des champs, tracer la route cap au sud-ouest bien sûr et compter sur les brebis non pas pour s’endormir mais pour donner leur lait, ce lait si bon qui à son tour donne de beaux et bons fromages,  basques ou aveyronnais, pâtes cuites ou persillées, il n’y a pas mieux pour flatter le palais… Soyons clair, ce n’est pas du palais royal dont il s’agit, voilà qui serait bien singulier d’ajouter à l’intrigue magique une troisième âme pour un quatuor à voix…électorales sans doute, non, que nenni, mon palais est prairie, forêt ou bien rochers, il respire le bon air, il ouvre ses fenêtres sur le monde, il est sans domicile fixe ce qui ne veut pas dire sans domicile pas plus que sans intérêt, ni sans conscience…  Ras le bol vous dis-je, la goutte menace de tomber, mieux vaut fermer et s’en aller vider son bol, tout un symbole… Quelques lignes comme obole, voilà qui ne mange pas de pain, une obole contre un ras le bol, pas de bol. 

        

Grains de sels

La reprise, enfin, la pause dans un calendrier installé depuis plus d’un an, avec ses lots de travaux et d’occupations, ses cogitations quasi perpétuelles engendrant leurs lots de fatigues venant s’ajouter aux fatigues physiques, ses fatigues morales aussi, la faute à pas de chance, la faute à la vie qui prend, donne et reprend ce que vous avez de plus cher. Le plus cher ne s’achète qu’avec le cœur. Dire que l’an passé est passé sans s’en apercevoir pourrait être mal interprété, c’est la durée qui n’a pas duré, pour le reste, deux mille treize a planté ses banderilles et ses épées tout au long de notre dos. Une année difficile ne veut rien dire, c’est une année de transformation, comme nous traversons toujours et souvent des phases de transformation, même si là, la marche fut un peu haute. Pour mieux affronter cela, il n’y a que les passions, ces sels de la vie dont on choisit ou non d’accommoder son existence. Certains seront au régime sans sel toute leur vie, d’autres doseront avec parcimonie leurs plats du jour de chaque jour, d’autres enfin goûteront avec soins les plaisirs de l’existence dans la saveur de sels aux parfums différents.

Il a  choisi le salé sans recette, sans se limiter à un seul sel. Son sel à lui se cueille les jours de pluies comme de grand soleil, en hiver comme en été, parfois à l’arrêt, très souvent en mouvement. Des grains de sel puisés dans un grand bocal de verre dont l’étiquette patinée à l’écriture manuscrite dirait « éclectique »… Des sels de toutes les couleurs, des sels de tous les attraits, des plaisirs de sports dans leurs essences les plus éthériques, le sport pour ses trésors de bienfaits et sans ses revers de médailles pas plus que ses endroits d’ailleurs. Bouger pour respirer, marcher pour découvrir, apprendre à s’apprendre, cueillir la merveille de chaque instant, être vivant. D’autres grains de sel de découverte, des images, des sons, des écritures, des notes, des histoires, des pages d’Histoire, des techniques, des explications sur le pourquoi du comment, des reportages de bricolage, des images d’ailleurs, des catalogues de produits se transformant en envies, des grains de sel à l’envie…

Tout ceci pourrait donner une côté trop salé à la vie, mais si l’inventaire sans le pré vert pourrait paraitre monstrueux, c’est qu’il y manque la notion tellement humaine de parcimonie et de raison. Souvent, ce qui fait peur c’est la multitude comme une évocation de superficialité parce que trop de monde se contente d’un seul approvisionnement, cherchant à le pousser à bout, tel le collectionneur de timbres cherchant le Graal d’un timbre au nombre d’exemplaires survivant très réduit, mais c’est là une vision de l’esprit, on peut tout aussi bien aller très loin dans plusieurs domaines, on peut courir et aimer la musique, on peut aimer la musique et ne pas écouter qu’un seul interprète, on peut écouter plusieurs interprètes et connaitre leurs histoires, leurs œuvres, leurs textes parce que simplement le cerveau a des capacités à stocker et à retrouver mille choses très différentes. Il avait toujours jonglé entre disciplines et connaissances distribuées ça et là, une forme d’indiscipline où l’information n’est pas rangée dans un grand classeur bien droit aux références alignées et insipides, non, au contraire, chaque donnée est associée à une image, chaque image est un code, chaque code une clé d’entrée, les murs de ses  neurones ressemblent aux murs du temple d’Abou-Simbel et leurs pages d’hiéroglyphes incompréhensibles pour le commun des mortels. Tout est question de code, connaitre le code, c’est décrypter la loi, celle de l’être bâtisseur de son propre code.

C’est ce code-là qui fait catégoriser une personne en être désordonné, juste parce qu’on ne se retrouve pas dans son code, parce qu’on ne lit pas son code, bref, parce qu’il n’est pas dans le code commun et consensuel, cet être-là est désordonné. Pourtant, mettez au défi chaque être désordonné, demandez-lui de retrouver tel ou tel document dans ce qui vous parait un fatras de pages et d’objets hétéroclites, et vous serez surpris de le voir en quelques instants vous sortir la page dite… A l’inverse, obligez-le à ranger, c'est-à-dire à classer selon votre code, le voilà qui sera obligé de recoder le tout dans son code à lui pour enfin retrouver le document. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, cela démontre la supériorité de l’individu sur son monde, il sait où il vit et où il va, même si de l’extérieur cela est difficilement perçu. La perception n’est pas la réalité, le désordre n’est qu’un ordre personnalisé. Puisse un jour le monde comprendre l’importance pour l’être de pouvoir codifier son monde et ses valeurs dans son périmètre, cela favorise la créativité, celle dont nous avons tous besoin parce qu’elle se situe hors du cadre, plus loin que le champ des possibles et comme chacun le sait, impossible n’est pas possible. Voilà qui met un peu plus de sel à la vie….       


Attention toutefois, ces sels-là ont un effet pervers, ils vous donnent soif, une soif d’apprendre, une soif de comprendre, une envie de réaliser, de se réaliser, en salant vos plats, vos vies, vos existences, vous prenez le risque de prendre goût à la vie…. Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !    


Le béret

L’art et la manière, la quintessence expressive d’une course à la médiatisation, tout va si vite, aujourd’hui vous chutez à ski et vous voilà la grande vedette de tous les médias, demain vous n’êtes plus rien juste parce qu’on ne peut resservir sans cesse la même soupe sans forcément commencer à écœurer les gens. Il faut dire que notre monde est si peuplé, qu’il y a une telle richesse d’actualité qu’on ne peut exister qu’en  exposant le plus sensationnel du sensationnel, mais ne vous y trompez pas, vous pouvez chuter librement en ski comme en rollers, personne ne viendra faire un reportage entier sur vous, et cela dit tant mieux, tout comme il serait bon de respecter aussi les individus se cachant derrière la fausse image de vedette qu’on leur colle. L’art et la manière, je ne sais pas si c’est de l’art ou du cochon, mieux vaut laisser le cochon faire son lard. L’époque est aux galettes, aux gâteaux, aux rois et aux reines, il y est donc normal qu’il nous tombe-là quelques fèves bien de saison.
Sinon ? Sinon, il fait très chaud, trop chaud pour la saison, la neige fond, les cailloux sortent de l’hibernation forcée, mieux vaut rester sur les pistes balisées et s’en aller raquetter d’autres plaisirs moins fugace que d’aller tirer la reine ou le roi, tant pis pour la couronne couvre-chef, foi de dentiste, le vent restant frais, mieux vaut porter un béret.

Hein ? Un béret ? Quèsaco ?  

Un béret, c’est un joli amalgame entre simplicité et efficacité, ça n’a l’air de rien avec sa petite antenne dressée au sommet, mais ce fil de laine tricoté puis assemblé avant d’être foulé vous donne un couvre-chef tellement pratique… Imaginez un peu, il est souple et sans pli, donc pas de faux plis lorsque vous le roulez pour le glisser au fond de votre poche ou bien coincé sous la bretelle du sac à dos, un revirement de cap et hop ! Il trône sur votre tête, selon l’inclinaison que vous souhaitez, et comme il est en matière naturelle, il sait vous climatiser les neurones comme personne. Foulé, il laisse la pluie glisser sur lui, même s’il s’en imbibe c’est pour mieux vous en protéger. Non, vraiment, le béret, c’est le roi des couvre-têtes, mieux qu’un haut-de-forme, il vous maintient en forme, mieux qu’une casquette, vous en maitriser l’orientation et la forme de sa visière, mieux qu’un borsalino, il ne craint rien, ni la poussière, ni la pluie, ni la neige, ni même le soleil…. Mieux qu’une couronne, il tient sur votre tête résistant plus facilement aux vents violents qu’une couronne de miss en pleurs sur un plateau de télévision. Ce n’est pas pour rien que les armées du monde en ont équipé leurs soldats et comme il s’adapte aux couleurs des laines, voilà qui devient très pratique pour identifier les différents corps d’armées, tout comme il devient un accessoire de mode facilement utilisable pour ponctuer en beauté une tenue quelle qu’en soit sa couleur. Ce béret si humble et si simple est le fidèle compagnon de bien des bergers, il n’a pas de bord guidant les gouttes d’eau dans votre cou, ou bien encore favorisant la prise aux vents au point de s’envoler, non, il reste fièrement vissé sur le crane, malgré son poids léger. Lorsque les parties de pelotes s’en viennent ponctuer les dimanches et jours de fêtes, c’est encore le béret qui vient s’assortir à la couleur de la large ceinture et permet d’identifier facilement telle ou telle équipe malgré les tenues blanches. Noir, marron, bleu, vert ou rouge, il y a dans ce panel les lumières d’un pays découpé en provinces, il y a aussi et surtout de la couleur pour tous les goûts, et du goût pour chaque couleur. Un béret, comment dire, et bien, c’est un béret tiens pardi !


Des miens, je parle de mes proches, je n’ai connu que des noirs, en deux versions : la laborieuse et la luxueuse, ô, ne vous y trompez pas, la laborieuse se reconnait à ses contours bien murs, parfois même quelques nuances dans les couleurs auraient pu traduire un quelconque problème de lavage voire même une absence de lavage, mais c’était toujours le béret préféré, parce que même fané, même délavé, il était le compagnon fidèle des jours gris comme des jours moins gris. Puis il y avait l’autre, le propre, le neuf, celui que l’on réserve aux grandes occasions, ces parfois terribles occasions qui vous font même sortir l’habit neuf des dimanches et les souliers qui font mal. Parfois, lorsque la vie avait un peu évolué, le béret avait pris place au clou, laissant place à une casquette, de ces casquettes aux camaïeux de gris ou de marrons façon chinés ou vieux costards. J’ai toujours aimé ce couvre-tête, tellement à son aise sur des cheveux sans âge et sans ordre, parfois accompagné d’une gitane papier maïs coincée sur l’oreille ou collée à la lèvre, sans cesse rallumée, toujours éteinte, les deux faisaient la paire dans mes montagnes d’enfance. Des miens enfin, je parle là de mes bérets, ils se sont succédés, toujours de couleur rouge, parce qu’au fond je les aime ainsi, et puis, parce que dans mes diverses activités sportives, c’est toujours la couleur la plus à même de  s’accorder au tempérament. Le rouge vif en début de vie, puis le rouge passe et gagne sa retraite, laissant place à nouveau venu, plus vif, plus rebelle aussi, il faut prendre le temps de le former, de l’éduquer à prendre place et tenir en place, contre vents et marrées. Chacun porte un souvenir, des souvenirs, il n’est pas toujours aisé d’en faire l’association. Du premier je me souviens, parce que c’était le premier, mon premier, un souvenir d’enfance, un cadeau spontané grand maternel. On se souvient toujours des premières fois…      


censure, sang sûr

L’art de la censure est-il en train de renaitre de ses cendres républicaines ? On pourrait se le demander à la vue des récentes actualités… La quatrième République, la cinquième balbutiante reviendraient-elles hanter une cinquième que d’aucuns croient voir moribonde ? Bien au-delà des faits et de leurs fonds qui nécessiteraient matières et connaissance parfaite du sujet pour être disséqués et pesés, il suffit de parcourir la presse et ses blogosphères habituelles pour voir combien de spécialistes de cela existent et sont capables de vous presser une guillotine en deux temps trois mouvements, une main attachée dans le dos. Non, plus loin de tout cela, il reste l’acte de censure, l’expression d’un pouvoir dans sa forme la plus directe, l’interdit.

Il y a de quoi interdire et être interdit.

L’évolution de notre monde et l’évolution de nos Républiques ressemblent à deux courbes qui se superposent, se chevauchent, s’entrecroisent, s’inversent, une valse hésitante entre amours et désamours, ponctuée de marche sur les pieds. Il fut un temps où le chansonnier trop prude dans son texte se trouvait interdit d’antenne, il est un temps où insulter un officier de loi n’est que monnaie courante quand ce ne sont pas des parebrises de pompiers qui se retrouver caillassés. Il fut un temps où un film pouvait se permettre des dialogues dont le comique grinçant renvoyait sur des jeux de couleurs et dont aujourd’hui les mêmes accents répondent en propos racistes ou autres homophobies. Au fond, on est toujours né au mauvais moment… Durant ces dernières décennies, la liberté d’expression a trouvé son grand « L » avec un appétit sans cesse grandissant, avec de plus en plus d’orateurs, chanteurs, comiques, artistes en tout genre au point que pour se rassasier ils en ont multiplié les genres, sortant d’un cadre qu’on pourrait qualifier de bon goût, gravissant les pentes des sujets tabous, flirtant avec les parties les plus grinçantes d’un humour au point d’être caustique et décapant, mais à trop décaper, voilà que les sensibilités se retrouvent à nu et qu’ils faillent décamper de ces pentes bien trop savonneuses. Peut-on rire de tout ? Oui, mais pas avec tout le monde… Le mot est célèbre, sa compréhension et son acceptation demeure une chose individuelle et très personnelle.


De plus loin encore, ce ne sont pas tant les interdits qui dérangent mais le fait de devoir les demander, la succession de débats, de plaintes et de querelles judicaires qui finissent par traduire le malaise d’une société, sans oublier les soldats prêts à prendre les armes pour défendre telle ou telle position, dans la plus absurde des guerres de tranchée qui soient. Au fond, le plus dérangeant c’est ce miroir sur notre société, ce besoin d’existence qui fait qu’il faille chercher un thème bien sensible pour y planter l’ancre et de là, verser le fiel en le couvrant de miel tout en se délectant des réactions épidermiques et allergiques que cela provoque, cela ne se nomme point « urticaire » madame, mais « faire le buzzz »… Exister et briller par le buzz, c’est « Buzz l’éclair » en sauveur de sa propre existence. Il y a ceux qui piquent, ceux qui provoquent, ceux qui tirent à la Kalachnikov, ceux qui tuent et ceux qui idéalisent des idéologies aux couleurs rouge sang. De préférence le sang des autres, il y a tant de maladies transmissibles de nos jours… Ecœurement, ras le bol et mal aise de cette société pleine de malaises. Ce qu’il y a aussi de dérangeant, c’est qu’un pouvoir prenant position de censure prive son peuple de son devoir personnel de censure. Chaque individu possède la faculté d’écouter ou non, d’ouvrir ou non le son de son poste, d’aller ou non à un concert, de changer de chaine ou non lorsqu’un un titre ne lui convenant pas passe à l’écran. Sommes-nous si moutons qu’il nous faille à ce point un berger pour mener notre troupeau ? Et, dans ce cas-là, comment pourrions-nous contrôler le cours de notre existence si de meneurs nous ne sommes que menées ?  Bien sûr il y a des limites, et les limites s’instruisent et s’expliquent, elles sont utiles à la perception et à l’éducation de chacun. Les dissimuler sous manteau d’interdits interdit de les voir, les comprendre et les mesurer par soi-même et selon son échelle personnelle. C’est peut-être là un danger bien plus grand. L’enfant qui se brule les doits avec une allumette ne remettra plus sa main au feu, celui à qui on raconte le pouvoir brulant du feu ne voudra que plus encore le tester… Faut-il crier au feu ?


  

il est temps

Mode, incitation, copie, le monde n’agit plus que par image, comme aux ordres d’un quelconque meneur. Que l’actualité mette son focus sur une personne, une attitude et déjà la réponse comme un effet domino : gestes repris, pours, contres, forums, pages facebook dédiées, tweets assassins et comme de bien entendu, dans une lâcheté digne de sans couilles, le tout sous couvert de capuches et de pseudo….  Attitudes passives et passéistes, négatives et conspuantes, destructrices et agressives, mais bon sang, il est passé où notre monde ? Rien ne se construit en détruisant, en frappant, en provoquant, surtout pas en se nourrissant d’une force de destruction. Critiquer n’est une force que lorsqu’elle propose une construction, lorsqu’elle oppose une solution. De nos jours, on a l’impression de devoir chercher une faille, l’interstice entre les deux coquilles de l’huitre pour y planter son couteau et ouvrir afin de dévorer le monde. Alors on cherche, une couleur, une religion, un bord politique, et on enfonce son glaive, on persécute, on brise pour montrer sa force, son existence, au nom de quoi ? D’un dieu ? D’une religion ? D’une idéologie ?  Merde ! Et pourquoi pas Fraternité ? Et pourquoi pas Egalité ? Et pourquoi pas Liberté ? La liberté d’un peuple, d’une nation, d’une population, d’une humanité ? Ras le bol de cette gerbe d’images et ces flots en déballages de gravats idéologiques savant orchestrés et opposés par des journalistes en mal de sensationnel. Basta. Non, il n’y a pas de concours genre « j’ai cramé plus de voitures que toi », genre « je fais la photo la plus provoc mais en cachant ma tronche », ça me répugne de voir autant d’énergies partir en vrac dans des dépotoirs d’humains désorientés en mal de sensation. Et pas la peine d’aller chercher dans les commandos les plus ultimes, il suffit de voir nos rues, nos quartiers, entre tags d’errances et abribus démolis, entre panneaux cassés et poubelles cramées… Tout cela a un prix, celui de nos impôts, la haine des uns tout comme les conneries des gamins en mal de jouer les durs se traduisent par des dépenses publiques prises sur le trésor public. Alors oui, on peut démissionner de son rôle éducatif mais alors, ne pas râler devant les augmentations incessantes des taxes et autres prélèvements. Mais bordel, qu’est-ce qu’ils ont dans la trogne pour ne pas comprendre que chaque jour, nous scions un peu plus la branche sur laquelle nous sommes. Plus dure sera la chute. La gangrène actuelle est telle que l’humour des films d’hier semble choquant aujourd’hui….


De toute chute, on se relève, de tout combat, on dégage une trêve, de toute peine, on essuie les larmes et on repart, et on construit, et on dégage le positif, et on mesure les chemins d’hier dans les blessures d’aujourd’hui. Ouvrez vos yeux, vos oreilles, votre cœur. N’appliquons pas des prismes déformants sur des bouts d’actualités juste pour faire du sensationnel, équilibrons nos menus d’actualité par des portions égales de choses agréables et bonnes, enlevons l’acidité de nos images en montrant que le monde n’est pas noir ou blanc. Soyons humains. C’est juste cela, humain. Franchement, il est temps, alors, prenons le ce temps, choisissons le et donnons. Donnons-nous le temps, donnons du temps aux autres, apprenons nos différences, construisons notre monde sur ces différences,  soyons. N’attendons pas de ne plus en avoir l’envie, la force, non, vraiment, il est temps.    

      

Espérance

Et comme après chaque plage, chaque absence, chaque vacance, voici venu le temps de la rentrée, la reprise, le retour aux affaires selon le cycle naturel de nos vies si bien synchronisées. A trop être synchronisé, on a parfois tendance à marcher dans les traces d’un passé, à franchir les mêmes seuils, à poser les pas dans les empreintes d’hier, pourtant, rien n’est jamais pareil et c’est tant mieux, pourtant, rien n’est jamais à rejouer, ni le bon, ni le moins bon, surtout pas le moins bon. On prend des coups, on encaisse, on se cabosse, mais on roule sa bosse, chacun parcourt son petit bonhomme de chemin, selon son rythme, selon ses fois, selon ses croyances, l’ivresse ne nait pas dans la paresse mais plutôt dans les flots d'énergies que nécessite la vie. Vivre n’est pas un acte manqué ni un acte anodin, non, vivre est un emploi à temps plein, c’est courir à perdre haleine, c’est respirer à pleins poumons, c’est tomber sans résistance dans les bras d’un Morphée de passage, c’est aussi s’asseoir et contempler les paysages qu’il nous semble connaitre depuis si longtemps et y trouver de nouvelles formes, de nouvelles couleurs au point d’y puiser l’envie, l’envie de vivre, l’envie d’aimer vivre.


L’avantage du calendrier cyclique et cylindrique c’est de revenir mettre des débuts et des fins se superposant sans fin jusqu’au fin fond des âges. Chaque jour naissent ou meurent des tas de gens, chaque jour naissent et meurent des tas d’histoires, d’amours, de désamours, chaque jour est unique pour une multitude de gens et pourtant chaque jour est unique. Ici, celui-ci sourit, là, celui-là pleure. Même date, même temps, même phase du temps mais pourtant ce ne sera pas la même phrase pour décrire ce temps. Il n’y a ni magie, ni piège, juste des vies qui se croisent, s’entrechoquent, se mélangent, échangent, partagent puis disparaissent de là pour renaitre ici. Et comme le rouleau du temps s’en vient égrener la même note quelques trois cent soixante-cinq ou six jours plus tard, on pense et repense aux temps d’avant, à certains temps, parfois avec tristesse, parfois avec douceur, parce que peut-être on a compris de tout cela notre essentiel. On ne pleure que devant notre désarroi, notre manque à assumer notre pleine place devant ce chemin qui s’ouvre. Celui qui s’en va ne s’en va pas, il évolue, il se transforme en esprit, en pensée, seul le corps physique échappe aux regards si ce n’est quelques portraits, quelques photos, quelques films… L’avantage de relire les dates d’hier, c’est de les voir s’enchainer très différemment, d’y apporter sa couleur, de les vivre pleinement, autrement.


Parmi toutes les rentrées, les retours, celle-ci reste la plus singulière, elle marque le renouveau, l’an neuf que chacun se croit bon de souhaiter « bon et avec une bonne santé surtout » dans un ton si courtois que l’hypocrisie pourrait si l’on n’y prenait garde venir y planter sa corne, d’abondance bien sûr…. Le monde est devenu si sibyllin qu’on souhaiterait parfois ne revenir au front qu’en début février, il y aurait là presque de quoi envier les ours et leurs hibernantes périodes…. Enfin, que voulez-vous, à coup de « bonne année », d’embrassade, de tape amicale sur l’épaule et de « bonne santé » ce jour de reprise est un jour de fraternité, n’y boudons pas notre bonheur d’avoir au moins un jour des collègues chaleureux….même si on leur préfère des chats heureux…. Sourire et pensée pour le maitre Georges, lui qui a su si bien vanté l’amour des félins et les si feintes relations humaines. Semblant de trêve dans les piques anodines et anonymes des joutes professionnelles et relationnelles, tout passe, tout lasse, rien n’agace, le temps s’enfuit sans fin, le temps enfoui ce jour en un futur hier, l’être reste, là est l’essentiel. Qui que tu sois, sois, parce que personne d’autre ne peut être toi, ce n’est pas une chance, c’est une évidence, un trésor, ton trésor. Ose. Ose être toi, sois. Aujourd’hui puis demain et chaque jour qui viendra, parce que ton assurance naitra dans l’assurance que tu mettras à être toi, l’assurance nait de l’assurance, tout comme demain nait d’aujourd’hui.


Je n’ai rien d’autre à te dire, parce que la vie ne s’apprend pas, la vie se vit. Point à la ligne. S’il suffisait de lire un destin pour s’en construire à dessein, que notre monde serait triste… Non, œuvre, sois, dessine, crée, tente, ose, deviens, affirme-toi, c’est ici que commence ton année, c’est d’ici que je te verrai grandir, vivre et t’épanouir mais sache surtout que je me réjouis déjà de ce chemin-là. Et si tu ne me vois pas ou plus, garde le regard bien droit sur ton horizon, pense à tes premiers tours de roues en vélo une fois ôtée ces petites roues, pense à ce moment où tu t’es élancé vers ta vie d’équilibriste à deux roues sans jamais te retourner sur la main rassurante qui venait de te lâcher. Cette main, c’est une poignée d’amour, un prolongement du cœur en cinq doigts, une impulsion sous une selle pour s’effacer de là et venir essuyer une larme de fierté naissante à la commissure d’un regard soudain embué. Il n’est jamais facile de voir s’envoler ses petits, il est surtout très attendrissant de voir la vie grandir bien au-delà de nos propres espérances…





        

Bonne année

selon la formule consacrée (et non sacrée con, quoique...) : "Bonne année!" 


Que celle-ci soit meilleure que la précédente, ça déjà on prend,

Que 2014 nous soit bénéfique en richesse de sentiments,

Que les leçons d'hier trouvent leurs réponses dans l'an qui vient,

Que sur cette terre, nous prenons enfin conscience d'être humain.

Voilà, ça, ça serait déjà bien!



(dj)