Dernier jour!

Le voilà ce dernier jour de 2008, celui qui va clôturer cette année à la couleur variable suivant les yeux qui la regarderont une dernière fois avant que les douze coups de minuit sonnent le début de 2009. C’est long une année, surtout bissextile, et certaines paraissent plus longues que d’autres. Il y a de tout dans ces 366 jours-là, de l’amour, des désamours, des projets, des morts, des naissances, des renaissances, des envies, des peurs, des doutes, des choix, des erreurs, des sourires, des rires, toute la palette des émotions.

Il y a ces êtres chers qui s’en vont de notre monde des vivants, mais continuent à peupler le monde des souvenirs. Il y a parmi eux, ceux qui ont été des personnages essentiels de vos vies, racine solide de la famille dont le souffle un jour vacille et disparaît. Début d’année morose, adieu mémé. Il y a ces personnes à peine apparues dans vos vies, à peine présentées, venant de lointaines contrées, se passionnant pour vos vies, vos métiers, à qui on offre des sourires et des rires sous formes de petits présents qui prennent des allures de cadeaux divins, ces êtres fragiles que la mort happe au détour d’un virage, dans ces lointaines contrées, laissant orphelin celui qui n’est pas encore né…

Il y a des rythmes qui changent, diffèrent, des occupations qui cessent par faute d’on ne sait pas trop, ces passions de vies qui désertent la vie, ce besoin de prendre du recul sur beaucoup de choses, et surtout sur celles dans lesquelles on s’est investi, trop sûrement, au point d’y laisser des plages pour des vies à deux, mais peut-on faire les choses à moitié ?

Il y a les bilans, sur des plages délicates, 366 jours ou 10 ans, qu’importe la période de calcul, le résultat est si peu différent. Qu’avons-nous fait de cette année ? Qu’avons-nous appris ? Et des dix dernières années ? Nous aimons bien compter par dizaine, alors comptons ! 1998…. 2008….. Bilan ?

Il y a des étapes dans nos vies, il y a des trajectoires parallèles, des intersections, des demi-tours, des rencontres, des découvertes, des ronds-points, des points…. Des passages à gérer, des moments à vivre pleinement, des leçons à apprendre, des progressions à faire, chacun son rythme, chacun son sens, électrons libres circulant dans des mouvements pas très ordonnés sur cette planète Terre.

Mais de tout cela j’ai déjà parlé, j’ai déjà écrit, et puis, chacun mène sa barque comme il l’entend, comme l’être humain l’a toujours fait, sauf qu’il fut un temps où nous disions que la liberté des uns s’arrête ou commence celle des autres…. Cela a dû disparaître du programme, car aujourd’hui, la politesse est d’écraser les pieds du voisin…. Dire bonjour, merci, relève des symptômes de la folie et bientôt le dernier endroit où nous serons à l’abri des fous sera l’asile ! Mieux faut mépriser et médire pour avancer. L’homme est devenu un animal fou et dangereux pour lui-même, un loup de plus en plus solitaire, sauf à des fins de simulacre de coït, mieux vaut préserver sa tanière que d’apprendre la collectivité. Bilan triste et désabusé d’un dernier jour de 2008, oui, j’avoue. Ce soir encore, en allant au cinéma, j’ai fait profiter trois personnes de places restant sur mon abonnement. Que croyez-vous qu’il advienne ? Pas même un merci, juste de la surprise, même pas un bonsoir….Triste fin de règne pour 2008, ce sont-là les mêmes qui demain vous souhaiteront la bonne année au téléphone si ce n’est au klaxon. C’est ainsi, et si les responsables martiens voulaient bien me rappeler chez moi, j’y volerais de plein gré !

Allez, profitez bien de ce dernier jour d’année. Amusez-vous, soyez fous et soyez raisonnables si vous devez conduire, la vie ne tient qu’à un fil et ne tient pas l’alcool, ne jouez pas avec la vôtre, cela risque fort d’en entraîner d’autres en ces cruelles matinées. Portez-vous bien et à l’année prochaine si vous le voulez bien !

Exit 2008 !


Vive 2009 !

2009

Chacun a vécu 2008 à sa façon, avec ses événements personnels, bonheurs pour les uns, malheurs et difficultés pour les autres, c'est là le lot de chaque année.

Place désormais à 2009, avec un 9 comme tout neuf, un nouveau départ, un renouveau, nouveau cycle et nouvelle vie, que chacun y trouve le costume qui lui sied.

Ce que je souhaite, dans toute la sincérité de mon âme, c'est que 2009 vous apporte les éléments nécessaires au bonheur, à la paix, aux joies de vivre, de se retrouver, aux plaisirs d'être là et de profiter de la vie.

Que la santé ne déserte pas votre foyer, ni celui de vos proches, que les richesses inondent vos vies, matérielles, ou encore plus belles, immatérielles, ces belles richesses d'âmes qui illuminent le jour, allument l'étincelle dans les yeux, et grandissent la flamme de vos vies.

Puisse 2009 apporter aux hommes la paix, l'intelligence, du moins en quantité suffisante pour réaliser qu'il est plus facile de sourire que de maugréer, qu'il est plus important d'engager la discussion que d'engager le combat, que le plus important dans la vie, n’est pas de faire valoir ses idées, mais d’entendre celles des autres.

Que 2009 soit une année de renouveau en cela comme en plein d’autres projets et actions qui vous tiennent à cœur et qui pourtant dorment dans vos cartons. Que vos yeux s’ouvrent sur la vraie nature de vos sentiments, et que vous réalisiez qu’il est aussi facile de dire votre amour aux gens qui vous sont chers, que de râler après le moindre bobo….

Que 2009 soit une année de découverte de notre vie et des joies simples qui l’animent, découverte oui, car c’est hélas une chose simple oubliée depuis trop longtemps.

Que 2009 soit une année d’amitié et d’amour, ces nobles valeurs dont on n’ose se servir de peur de les ternir, tout comme ces objets qui encombrent nos étagères sans jamais en sortir, cristal et argenterie, belles nappes et porcelaine. La noblesse n’est pas dans la valeur des objets, mais dans le nombre de fois où nous nous en servons. N’attendons pas demain pour être, soyons dès aujourd’hui.

Belle et grande année à vous, vos proches, ceux qui vous sont chers, tout comme ces illustres inconnus qui ont osé vous décocher un sourire. Souriez car la vie est belle, profitez car la vie est réelle, vivez, car c’est là le plus noble de nos cadeaux, le plus précieux, le plus beau.

Oui, la vie est belle !

Bonne année !

Il est temps...

Nous y voilà déjà à ces dates clés qui peuplent la fin de l’année et les faims de festivités. Plus que quelques heures avant le démarrage de la débauche pantagruélique des réveillons de fin d’année, enfin, pour celles et ceux qui festoient à ce niveau, sans oublier toutefois que ce n’est pas la généralité, que ce soit par choix ou par manque de choix. Noël, la belle fête religieuse qui est venue s’implanter sur le calendrier à la place de la fête païenne qui célébrait la renaissance du cycle, symbolisé par l’augmentation de la durée du jour, victoire de la lumière dans cet éternel combat du jour contre la nuit, Noël, fête de charité, qui devrait nous inciter à ouvrir notre table aux personnes esseulées, aux chavirés de la vie, aux naufragés du cœur, personnes âgées ou moins âgées, solitaires par force plus que par goût, mais, au fond, combien d’entre nous pratiquent encore cela ? Nous avons tous dans nos familles, nos amis, des personnes seules, des oubliés, des gens qui ce jour-là resteront à l’écart de cette chaleur humaine et culinaire, il suffit de peu, un geste, une invitation, une visite, une part de repas lorsque la peur de sortir de chez soi, la peur de se montrer s’est hélas installée, un peu de soleil, de chaleur pour illuminer cette fête bien plus qu’un sapin décoré. Noël, la fête de la famille, celle décomposée par la vie qui se recompose autour de la table, symbole de la cène, normalement sans le rôle du traître, les cadeaux, la bonne humeur, les rires et les pleurs, de joies ceux-là, des êtres qui nous sont chers, tous présents dans nos cœurs et tous réunis pour les vivants, dans cette grande communion festive…. Les pensées voyageront vers d’autres horizons, d’autres personnes de nos cercles proches et non présents, assurant par ces seules pensées la présence en ces lieux. Magie de cette date magique, moment de répit dans nos vies, jour que l’on fête pour peu qu’on ait dans l’entourage proche des enfants.

Semaine de repos pour beaucoup, le temps s’arrête, le temps ralentit, changement de rythme pour beaucoup, d’autres activités, sportives ou non, en d’autres lieux, période de retrouvailles avec les enfants, à partager tant de choses à contre courant, vivre autrement entre ces dates clés. Et puis viendra le 31, le solde de tout compte de cette année au bilan comptable fort différent pour chacun. Soir de fête pour les uns, de calme pour d’autre, chacun sa façon, chacun ses goûts, au contraire de Noël qui regroupe les familles, Saint Sylvestre regroupe les individualités créant là des collectifs plus ou moins virtuels. On s’inscrit ici plutôt que là, pour telle ou telle raison, on rejoint celui-ci plutôt que celui-là, on choisit…. Peu importe les flacons, l’ivresse sera au rendez-vous en espérant qu’elle ne se termine pas dans des douleurs chagrines, sachons dans l’excès être raisonnable, et exceller dans la sobriété pour ceux qui auront charge d’âmes. Tant de messages répétés, qui semblent désuets à chaque fois qu’on les entend, auxquels on pense avec frisson lorsque les médias annoncent le triste bilan. Il y a toujours une mince frontière entre le rire et les larmes, entre la fête et les drames. Allez, haut les cœurs, vivons l’instant présent avant qu’il ne meure, profitons des vivants à la hauteur de nos sentiments envers eux, il n’y a du regret qu’à regretter de ne pas avoir dit tout le bien que l’on pensait des personnes parties…. Voilà, 2008, s’achève, lentement mais sûrement, le grand livre de cette année spéciale puisque bissextile va se refermer et rejoindre les autres volumes sur l’étagère des souvenirs, tout va être à écrire pour 2009, affûtons nos crayons, préparons la gomme, nous avons toujours droit à l’erreur !

Je profite donc de ces dernières lignes pour vous souhaiter, à vous, vos familles et vos proches un joyeux Noël, une très belle période à vivre entre ces fêtes, pour gâter vos enfants et vos êtres chers, quelques jours pour ranger les souvenirs de 2008, préparer la place pour 2009 et son lot de bonheurs. Fêter tout cela à votre convenance, et à très bientôt, ici ou là, pour se raconter tout cela !

Un jour comme un autre

Et un et deux et trois zéro ! Euh non ! Je me trompe de chanson ! Jusqu’à trois, ça va, encore qu’on disait fut un temps, un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts ! Comme quoi les chiffres, en fonction de l’usage, n’ont pas la même importance ! Comme le contenu d’ailleurs, car boire trois verres d’eau n’engendrera pas d’autres dégâts que des visites plus fréquentes à ces lieux d’aisance que désormais tout un chacun possède en son fort intérieur, ou plutôt, en son intérieur, vu que depuis l’abolition des privilèges et la révolution de 1789, les forts furent détruits ou presque… Finalement, les chiffres ont une importance variable, les formulations toutes prêtes sont aussi à géométrie variable, tout est mouvant dans cette époque hautement changeante. Et un, et deux, et trois…en plus des quarante, nombre célébré par beaucoup, sûrement un palier ? Un cap ? Une péninsule ? Ou bien encore une des habitudes de fêter les nombres ronds, ces nombres pairs s’achevant en zéro, délaissant les impairs loin du compte, eux qui pourtant ne voulant pas faire d’impair, se classent invariablement entre leurs pairs, suite logique, formulation en plus un du décompte des choses, bouteilles de lait, pack d’eau ou bien encore nombre d’années….

Donc, voilà, mon compte est bon, j’en suis aujourd’hui à 43 automnes, car c’est bien cela, je ne vois pas pourquoi on compterait à chaque fois les printemps. Encore une de ces facilités faciles d’aller comptabiliser les printemps plutôt que les hivers, les automnes ou les étés, tout comme on aime à compter les nombres régulièrement nuls. Je suis né à l’automne, l’automne de ma vie, non, certes pas, mais d’un point de vue biologique, si mes calculs et mes souvenirs de sciences naturelles sont exacts, je suis né au printemps, donc tout compte fait, je peux exprimer mon âge en printemps ! D’ailleurs, quelle est la vraie date d’anniversaire ? Celle où la fusion chromosomique opère, ou celle où l’air brûle les poumons pour la première fois ? Que faisons-nous de nos mois amniotiques ? Déjà que beaucoup se mélangent dans le comptage des ans pour savoir si en fêtant les 43 ans, on établit le comptage complet de ces 43 ans et donc, l’entrée dans la 44e année, ou bien si on est dans sa 43e année ? Les choses sont claires, je n’ai pas encore fêté mes 43 ans, d’un point de vue terrestre et atmosphérique, ça, ça sera pour les coups de 18H18 comme j’aime à le dire, ce qui fait que je suis encore pour quelques minutes, à l’heure où j’écris ce texte, dans ma 43e année de vie terrestre, tout en n'ayant pas encore franchi le cap du décompte total des 43 ans, 15706 jours, 376944 heures, et je vous fais grâce des minutes, des secondes, pure conversion mathématique, expression plus assommante d’un même résultat, formulation prise par nos politiques de tout bord soucieux par la massivité des chiffres d’appuyer l’argumentaire, mais dans la cas présent, rien ne sert de dénombrer les secondes pas plus que les paires de tennis ou autres carambars….

43, voilà qui me rappelle mes jeunes années, celle de la 4e, 4e3 exactement…. Enfin, pour la première, parce que s’ensuivi une 4e4, tout comme je devrais sans trop vous dévoiler la suite, connaître une 44e année à la suite de ma 43e. Enfin, normalement, car si les voies du seigneur sont aussi imperméables que le péage de Bennesse-Maremne un quinze août, les chemins de la vie sont autrement plus broussailleux pour ne point en connaître par avance la longueur. Notez toutefois que ça sera la seule fois, si d’aventure elle m’est accordée, que mes âges suivent l’ordre de mes classes, car jusque-là, c’est plutôt à chaque anniversaire un come-back dans les nombres de mes classes, j’ai passé la 3e4, les prochains poteaux seront la 5e4 et la 6e7…. Etrange mais c’est ainsi : j’ai démarré en 6e7, puis au terme d’un fort brillant exercice, me voilà promu au grade de 5e4 puis encore dans la progression en 4e3, classe superbe dont j’ai cru bon d’en visiter les moindres recoins au point d’y consacrer deux années de ma vie, et croyez-moi si vous voulez, ce furent mes deux années de quatrième, comme quoi, quelque part, les choses sont bien faites n’est-ce pas ? Me voilà à jongler avec les chiffres et les nombres, moi qui ne suis que jongleur de mots, virtuel troubadour dans cette époque virtuelle, amoureux des mots et des sons, n’accordant aux chiffres qu’une place pratique ou sonore, une image rhétorique en lieu et place de calculs savants. De toute façon, dans la vie, rien ne se calcule tout se déduit, non pas en soustraction mais bel et bien en addition expérimentale, forgeant dans le métal plus ou moins malléable de nos existences les outils du lendemain.
Aujourd’hui, nous sommes le demain d’hier et l’hier de demain, qu’importe la photo finish, les compteurs relevés, le nombre affiché, l’essentiel est d’y être bien et de bien être là. Tout le reste n’est que faste et dénombre, un jour de vie comme un autre, à part, ce qui est loin d’être un détail, toutes ces marques de sympathie, d’amitié et même bien plus qui dès l’aube vous assaillent par tous ces innombrables ruisseaux de la communication moderne, tous ces liens virtuels et ceux bien réels qui vous glissent par les yeux, les oreilles, les joues et les lèvres, tout cet amour non feint pour beaucoup qui vous inonde le cœur au point d’aller déborder par des canaux lacrymaux. Merci à toutes et à tous ceux-là d’être présents dans mon existence, c’est bel et bien là, la plus grande de mes richesses…

Ciel gris

Ciel gris et bas, mais toujours bleu au-delà du temps présent et là est l’essentiel…. Peu importe la pluie et les températures, quel que soit le temps, il y a toujours des mécontents pour râler, et comme les gens heureux ne s’expriment jamais, voilà une balance bien déséquilibrée. Il pleut, c’est vrai, il tombe quantité de ces gouttes d’eau, sources de vies, qui vont traverser les sols et alimenter nos nappes phréatiques, celles-là même qui demain, quand nous aurons trop chaud, de cette chaleur que nous réclamons pourtant aujourd’hui à corps et à cris, ces nappes d’eau que nous puiserons pour arroser nos jardins et recueillir un peu de cette douce fraîcheur bénéfique en été, trop fraîche en cette saison…. Il pleut, le ciel est gris, la lumière s’opacifie et enveloppe les paysages d’une nébulosité, modifiant les perspectives, effaçant les repères trop éloignés nous laissant ainsi focaliser sur ces avant-plans qui avaient jusque là tendance à disparaître dévorés par la majesté des reliefs d’arrière garde. Il pleut, le ciel est bas et écrase un peu plus les perspectives de ce plan serré, où l’ombre ne joue plus avec la lumière, où la luminosité monocorde efface toute mise en avant dans un principe égalitaire de traitement. Il pleut, et le ciel s’ennuie de cette monotonie grise et grisante, tellement elle nous saoule de tout lisser, de tout effacer et de ne livrer qu’un décor cotonneux.

Pourtant, loin d’être fatigué de cette ambiance grise, je m’amuse à poser le regard en des points variés du panorama, découvrant un arbre, un moulin, un clocher, jusque là oublié et anonyme dans l’immensité, aujourd’hui à peine voilé de ces coups de pinceaux gris qui animent la toile de mes paysages. Je détaille les reliefs ainsi extraits du décor, j’y cherche les couleurs aujourd’hui estompées, j’y place la vie aujourd’hui enfouie. A chaque étape son jeu de vie, ses retrouvailles avec ses bouts de décors, la nature comme les bâtiments se voûtent, se grisent et finissent par disparaître dans le fond du décor, tout comme les hommes s’emmitouflent et se tassent le long des voies, le pas plus lent ou plus rapide selon le froid, le souffle apparent en volutes de buée, ils traversent le temps, ils longent les champs désertés, retour vers le foyer, la maison nourricière, abri contre le temps, source de chaleur ou l’on aime à se retrouver, assis devant la cheminée ou réchauffe encore la soupe chaude. Qu’y sont-ils ? Qu’y font-ils ? Je ne sais, ils ne sont que personnages égarés dans ces paysages observés, traces humaines de la réalité au cœur d’un décor de nébulosité. Des ombres qui se font humaines dans un décor féerique, des humanités au cœur d’une irréalité, contraste saisissant entre la mobilité de ces personnes et l’immobilité du décor.

Ils vont sur ces chemins mouillés, se croisent parfois, échanger des mots, de ces mots qui causent de la pluie, du beau temps, de la pluie qui luit sur les pavés, du beau temps qui reviendra demain ou tantôt, de ce jour de repos quasi forcé, du froid qu’il fait et qui empêche de tailler la vigne, de rattacher les fils de fer, où d’aller labourer, enfin, dans ce temps là où la nature se respectait. Est-ce la grisaille du décor qui apporte la nostalgie à notre cerveau engourdi ? Les images qui viennent à la lecture du paysage racontent des histoires tirées des méandres du passé, des personnages sortis de l’imagination, des relations hypothétiques entre ces acteurs issus de la matière grise…. Du gris sur du gris ? Du ton sur ton, mais est-ce vraiment de bon ton ? Au-delà du sourire, au-delà des soupirs dans cette monochromie critique, l’essentiel pour moi est de donner vie à ces décors figés, ces paysages grisés par une volonté naturelle, cette monotonie dont beaucoup s’ennuient. Eternel rêveur oubliant d’associer couleur grise et tristesse, la vie existe belle et bien quelle qu’en soit la forme, le gris n’est qu’une pale variante du bleu, ce bleu si précieux qui éclaire nos vies, illumine nos jours bien au-delà des nuages. Alors, à quoi bon se désoler devant des paysages différemment éclairés ? Et quand bien même, que pourrait-on y changer ? Rien et c’est tant mieux, l’homme a suffisamment d’impact sur la nature, sans vouloir en rajouter, il est tout de même plus naturel de s’adapter que d’adapter, non ?

Alors, oubliez la tristesse, il fait clair dehors, le soleil brille c’est sûr, les nuages le cachent et nous ne voyons qu’eux. Pourtant c’est à lui et au bleu qu’il nous faut penser, laisser luire en nous ces rayons de bontés, sourire à la vie au delà des choses ternes, apprécier chaque moment comme étant singulier, les rassembler en un pluriel de petits bonheurs, de petites joies à savoir cueillir, à savoir lire dans les secondes qui autrefois nous paraissaient grise, exercice si simple qui conduit d’une lecture simple à une écriture efficace de sourires affichés. Il est bien des choses plus chagrines dans la vie qu’un peu de gris dans nos journées d’automne, sachons relativiser et remettre les choses dans l’ordre, comprendre le pourquoi, en déduire les joies de l’existence, tant que nous sommes encore là pour les voir, pour les discuter et pour les disserter. Ombres claires ou foncées d’un voile de nuage aussi bas posé, ombres naturelles, mise au repos forcé, ce qui nous manque aujourd’hui n’est que pour mieux souligner le bonheur de l’avoir un jour rencontré et bien sûr de le retrouver demain encore plus éclatant. Le soleil est un astre parfois cuisant, parfois manquant à l’appel bien caché par ce matelas de grisaille, mais sans lui nous ne sommes que pales, mais sans luire, il éclaire pourtant nos jours et nos nuits. Il pleut et il fait gris, c’est vrai, mais c’est si beau et si bon la pluie !

Voici venu le temps des fêtes

Voici venues les dernières longueurs de l’année…. Les échéances se succèdent, les unes après les autres, les ans, la noël, la fin de l’année, tout est calé pilepoil à une semaine d’intervalle. Les ans, j’y suis habitué, ça tombe chaque année à la même date, toujours dans cette période plus ou moins heureuse, plus ou moins festive de ces fêtes de fin d’année, dans ces ambiances lumineuses et colorées, ces odeurs résineuses, cette espèce d’euphorie où tout un chacun semble se relâcher, ne plus vivre que pour régaler ses proches, se régaler aussi, il ne faut pas s’oublier, dans une sorte de trêve, après des mois de serrage de ceinture, de morosité et de grisaille. Un an de plus, soit, ça ne fait pas vieillir, pas plus que ça en tout cas, c’est même un drôle de rendez-vous avec les ans, un compte à débours vers la fin du temps imparti, on célèbre un cap qui s’égrène pourtant en 365 jours, comme si on observait une pendule en espérant voir l’heure défiler en tour de cadran dans la dernière seconde comptée. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde laisse sa trace, et seule la dernière est comptée. Il y a comme une injustice là-dedans, mais c’est ainsi depuis la nuit des temps, avec en plus des célébrations spéciales pour les dernières secondes des comptes ronds…. L’humanité doit aimer les choses lisses, propres et rondes, vision idéaliste et épurée des choses ? Peut-être bien, je comprends mal ce besoin d’en référer à ces bulles de chiffres qui terminent les nombres. Peu m’importe aujourd’hui, les choses sont ainsi, soit, et bien qu’elles en soient fortes aises, l’essentiel pour moi n’est pas d’être arrivé à ce jour-ci plutôt que ce jour-là, mais bien d’être ici sans être las, et là, de ce point de vue-là, tout va bien et même, super bien. Depuis ma plus tendre enfance, mes anniversaires ont eu des avant-goûts de Noël, parfois même des goûts tout court de Noël, lorsque l’amalgame est fait entre les deux dates d’un point de vue cadeaux, car, ne nous le cachons pas, lorsqu’on est enfant, ce sont bien les cadeaux qui comptent, et l’injustice d’être né si proche de l’autre période d’offrandes de l’enfance par rapport à tant de copains, est la seule retenue. Ne parlons pas des gâteaux d’anniversaire en bûche de Noël, de la maison déjà décorée, du sapin odorant, des jours gris et parfois blanc de cette période là. Certes, mes parents, en dépit de faibles revenus, ont toujours marqué de façon bien différente ces deux dates, ce qui n’est pas le cas de l’entourage et des proches qu’en cette période là ne viennent vous voir que pour Noël….

Noël et ses traditions…. Celui qui fut mon compagnon de Noël en ces temps-là, est mon jumeau des l’espèces conifères (alors que comme dit la bonne blague, pour moi, on ne peut rien y faire). Espèce prélevée dans la nature de Cauterets, ce coin des Pyrénées qui m’est cher, ceci expliquant peut-être cela, il fut élevé dans une boite de petit pois, puis en pot et enfin dans une vieille lessiveuse réformée. Chaque année, il rentrait pour se faire enguirlander, et ressortait après les fêtes pour retrouver ses esprits. Après l’achat de la maison familiale, il fut planté en pleine terre, et d’ailleurs, il était temps, ses racines avaient fait le tour du container et cherchaient des forces dans le peu de terre épuisée. Après une période de souffrance, il s’est bien installé et est d’ailleurs le seul arbre à ne point craindre le vent. Bien sûr les liens qui nous unissent sont uniques, et il reste dans le vocabulaire familial comme étant mon sapin, j’oserais même dire, mon beau sapin ! Quelques guirlandes au fil des ans déplumées, des boules anciennes dont les survivantes attendent le musée, une vieille guirlande électrique aux huit ampoules colorées, aux fils électriques re-scotchés, quelques morceaux de coton hydrophile simulant la neige, telle était la décoration de Noël, bien loin du tape-à-l’œil de rigueur aujourd’hui dans bien des foyers. Désormais, l’ère du sapin artificiel est en place, tradition maintenue chez mes parents, comme chez moi, où le représentant de l’espèce revêt un charme et une émotion plus particulière cette année. Imaginez un peu, il dort toute l’année dans un carton hermétiquement fermé, d’où je l’extrais avec précaution, pour le poser et le brancher, voilà, terminé, c’est fini ! Ce sapin-là, haut de cinquante centimètres, m’a été offert par ma grand-mère lors de mon premier Noël dans ma maison. Désormais lourd de symboles et de souvenirs, il y a beaucoup plus que l’éclat des lampes colorées qui y luisent à l’intérieur…. De toute façon ce n’est pas la taille qui compte, ni même l’éclat de dix mille guirlandes colorées au devant de la maison, le plaisir de Noël est bien au-delà, le partage, les retrouvailles avec les êtres chers, présents ou disparus, la communion dans cette fête familiale bien plus que chrétienne, tous réunis au moins par la pensée lorsque les chemins se sont séparés, lorsque les vies sont parties.

Après Noël, il nous restera une semaine pour achever l’année, dernier jour plus ou moins festif selon chacun, derniers jours un peu particuliers où l’on enterrera 2008 pour laisser place à 2009, ses espérances, ses joies, ses projets. A chacun son chemin vers 2009, à chacun sa façon de traverser la porte de l’an, travail d’équipe ou exploit en solitaire, vieux loups de mer perdus au milieu des océans, personnel de garde gérant les urgences, personnes seules délaissées, bande de joyeux lurons en mal de boissons, tête-à-tête intimes pour célébrer un premier départ commun, réunion d’anciens collègues, réunion festives par les liens d’un club ou d’un site, chacun trouve sa voie ce soir-là. Réunis ou non, on se racontera tout cela après, quand sera venu le temps de se souhaiter les vœux ?
En attendant, je vous souhaite à tous de passer de bonnes fêtes, avec tout ce que vous pouvez désirer de mieux à partager avec vos proches et vos familles. Les fêtes, sans trop d’excès, juste ce qu’il faut !

Week-end et 2CV

Reprise des activités après un week-end relax et plaisir, comme j’aime. Samedi à profiter de la journée pour retrouver de belles amitiés, partager de bons moments, très simples loin de toute superficialité, stopper le rythme du temps quelques instants, vivre, tout simplement. L’occasion aussi de retrouver des bouts de famille dans ces liens distendus, faire plaisir et voir des yeux d’adultes redevenir enfant en ouvrant un cadeau, modeste présent dont le seul attrait n’est que de faire plaisir…. Des envies de bricolages, de peintures, de décoration, une soirée au calme aussi, au coin du feu à regarder un DVD, pause tranquille en fin de semaine surchargée….. Dimanche, voilà le moment plaisir ! Parcourir les belles routes du Gers au volant de la 2CV, dévaler ces toboggans naturels de bitumes, enchaîner les courbes plus ou moins serrées, testant ainsi les suspensions toutes neuves, moments absolus de bonheur, moments hors du temps dans ces coins de campagne belle en toute saison, à bord de cette auto si sympathique et si agréable à conduire donnant la griserie de la vitesse à faible allure sur ces routes désertes. Désertes ? Pas tout à fait, une perdrix a fait demi-tour avant d’aller goûter ma roue et plus loin, ce sont trois chevreuils qui ont imprudemment traversé la route sans regarder et donc sans me voir arriver ! Un bon coup de frein bien en ligne, et j’ai vu détalé les queues blanches sur ma gauche, reprenant mes esprits quelques peu secoués par cette imprudente course. Par-ci par-là, ce furent quelques chasseurs garés sur les bas-côtés, et bien sur les populations de ces charmants petits villages gascons, dont certains se tournent pour me regarder passer, faisant parfois un amical signe de la main. Voilà bien un effet de la 2CV : elle attire la sympathie, chacun ayant eu, ou lui ou dans sa famille, un de ces charmants bolides, avec son lot d’anecdotes savamment entretenues.

Une heure de route sur ces routes-ci, mais une heure qu’on ne voit pas passer tant ce n’est que plaisir et bonheur. Voilà enfin le terme de ma course, du moins pour l’heure : Saint Clar et sa bourse auto dédiée à la 2CV, et bien sûr à ses dérivés. Le temps de trouver une place, de se garer en prévoyant la possibilité d’en repartir sans devoir attendre le mouvement des cousines présentes, et je file vers la bourse, à la recherche du graal, ce jour-ci ce fut plutôt sous la forme de balais d’essuie glace chromé, un des miens ayant choisi la voie des airs sur la voie de l’autoroute lors du retour du rassemblement 2CV sur le tour de France cet été…. Objets, vus, négociés et achetés, je n’ai plus qu’à faire le tour des parkings pour voir les modèles présents, notant, presque avec regrets, que bon nombre de modèles sont des autos flambantes neuves, plaisir des yeux certes, mais ayant perdu le charme de la patine dans la restauration. Pourtant, aux yeux du public ce sont ces autos-ci qui ont le plus de faveurs…. Il est vrai que voir des 2CV neuves, enfin, refaites à neuf, fait plaisir, mais de voir des voitures qui ont su traverser les années, se couvrant de ce charme indéniable qu’on nomme patine au fil des ans, gardant l’esprit et la fonction utilitaire de l’auto plutôt que d’être transformé en objet de musée reste pour moi la satisfaction première de l’amateur vrai. Au cours de la visite je reconnais une auto familière, une belle Méhari du coin vue pour la première fois a Amboise, cherchez l’erreur, et son propriétaire en pleine discussion. Retrouvailles, discussions, échanges autour des passions communes et des dernières trouvailles, puis le temps est venu d’aller visiter mes amis gersois pour d’autres retrouvailles.

Convivialité, bonne humeur, échanges et partages, toujours les mêmes belles et grandes valeurs qui nous rassemblent et font de nous ce que nous sommes. On a beau espacé les visites, on se retrouve toujours comme si on s’était quitté la veille. Joies simples d’un dimanche après-midi, entre repas et discussions, ensemble réuni à parler, à se raconter nos vies défilées depuis notre dernier rendez-vous. Le soir est tombé, le temps de regagner la maison familiale est arrivé, et la nuit est l’occasion d’étrenner l’éclairage plus puissant sur ces routes tourmentées du Gers. Quelques virages, quelques descentes, une paire d’yeux reflétant la lumière des phares trahissant la présence d’un chevreuil assis dans le fossé à attendre le moment opportun de traverser la chaussée incite à la prudence. Le gibier occasionne bien plus de dégâts qu’on ne croit et on se méfie pas assez en roulant de nuit sur ces petites routes de campagne. Bon, quelques bruits de freinage m’indiquent qu’une prochaine intervention est nécessaire sur la belle. Super ! Moi qui adore bricoler quand le thermomètre descend dangereusement vers des niveaux qui vous glacent le sang, me voilà pourtant avec un point crucial et sécuritaire…. Encore quelques mètres, et nous sommes arrivés à bon port, point de phare pour en éclairer l’entrée, du feu à faire pour réchauffer les lieux, et c’est dans le confort du canapé que le week-end s’est terminé.

C’est si vite passé un week-end qu’il faudrait en faire des plus longs, disons d’une dizaine de jours ? Allez, trêve de plaisanterie, profitons de la semaine pour bien bosser, histoire de mieux profiter du week-end qui arrive, quel qu’en soit le temps, prenons le temps !

Neurones en fête

Deux jours de formation à se vider la tête, à se la remplir, à se la prendre, au point de ne plus avoir la force cérébrale d’écrire, de réfléchir à quelques lignes venant remplir le blog des mots. La vie est ainsi, et nous sommes pris dans des tourbillons, parfois trublions, parfois troublants, parfois truculents, des tourbillons de folie, encore que la folie se gère, du moins quand il s’agit de la sienne…. Chroniques martiennes ou non, me voilà bel et bien abasourdi de tant de choses incluses en si peu de temps dans un si petit esprit ! De ciel en étoile, de lune en caniveau, de réverbère en éclairage, toute lueur est belle pour peut qu’on sache où les chats faut. Aspire In ! Mal de tête pour confiture de neurones au seul noyau, mais ou va-t-il chercher tout cela ? Dans les tréfonds d’une mémoire embuée, sur les rives d’un lac asséché, bien au-delà du cercle, au bout d’une improbable ligne imaginaire à défaut d’être Maginot, sans eau, le lac est asséché ! Le cercle est rond, est-ce l’alcool qui a ainsi œuvré sans glace ? Ou va la pensée si on la contraint par des lignes et des ronds ? Peut-on penser sans le rond ? Peut-on dépenser sans avoir le rond ? Oups ! C’est vivre à crédit, non ? La soif des connaissances impose-t-elle le crédit ? Je n’aime pas ce mot d’imposition il me rappelle trop les lettres de vœux de mon trésor public. Antinomique. Comment mon trésor, peut-il être public ? Il y a des choses que je ne partage pas, à commencer par mon trésor, d’ailleurs, je ne suis pas le seul, demander un peu au percepteur de partager le sien alors que le sien est public ! Jonglerie des mots ou démo de jonglerie ? Pas d’affolage même le jongleur rit.

Ce que sont deux jours de formation tout de même ! Vous voilà le lendemain avec un esprit en vrac, mais bon, cela dit, cela me va, je préfère un esprit en vrac qu’un esprit trop bien conditionné. Le vrac n’est pas synonyme de bordel, bordel ! Le vrac, c’est un ordre spécifique qui n’a rien à voir avec l’ordre établi, d’ailleurs, demander à un bordelique s’il s’y retrouve dans son bordel, du moins, si vous en connaissez un. Moi, j’en connais un, depuis fort longtemps, et même plus, d’ailleurs, une si longue connaissance force l’intimité, et, lorsqu’on l’interroge sur son bordel, - il est bordelique c’est vrai, mais non tenancier de bordel, je tenais à préciser – il dit s’y retrouver, et même soumis au test de la quête improbable il vous sortira derechef la feuille requise, toute droite sortie de l’amoncellement de son bureau, alors que s’il s’amuse à classer, il perdra ses moyens à tout vider, tout bordeliser pour la retrouver. J’en déduis fort à propos, que le bordel n’est qu’en fait un ordre personnel, fermé à toute ouverture pour qui n’en a pas la clé. Alors, jetons en vrac nos idées, elles iront s’empiler dans un ordre qui bien que non établi force le respect de qui a la clé. Bon, c’est vrai, il y a les serruriers, ces psychiatres qui excellent à décrypter l’ordre absent pour en sentir le sens, peser les mots pour connaître le poids des maux, amener le malade à se vider de sa matière cérébrale pour colmater les brèches sans noyer le poisson. Il y eut des malades célèbres pour leur brèche, Roland fut de ceux-là. Pourquoi dis-je cela ? Pardon, il est vrai que vous ne connaissez pas Roland. Je vous en parlerai un jour prochain, promis, il y a de quoi écrire. En attendant, essayez un peu de noyer un poisson !
Sacré bordel ou bordel sacré. C’est bien un ordre personnel et, même si certains eurent aimé passer leurs ordres dans un bordel – autres temps, autres mœurs – beaucoup cherchent à mettre de l’ordre dans le bordel des autres, ce qui finit par foutre le bordel. Que fait la police ? La police a fermé les bordels, agissant comme force de l’ordre, et les maisons ont perdu leurs charmes jusqu’aux bords des trottoirs. Des maisons sans charmes où les hommes n’osent plus rentrer, préférant user des charmes des trottoirs de la cité, entre deux rondes des forces de l’ordre, prête à intervenir, causant par là même un beau bordel. Décidément, l’un ne va pas sans l’autre, à croire que le bordel est aux ordres de l’ordre. Comment s’en sortir ? Et bien très simplement, nous n’y sommes pas rentrés, le bordel est fermé, l’ordre règne, du moins il semble, les gens sont dans la rue, tout rentre dans l’ordre. Sauf, pour certains, dont le bureau ressemble à un tas de feuilles mortes sur un trottoir citadin un vendredi à 15H quand la cloche du week-end a enfin sonné le ramassage des pelles. Que ne sont ces feuilles empilées sur le bureau jonché de ces blanches pages si ce n’est des feuilles mortes ? Les informations contenues dessus, sont bel et bien morte, figées dans l’encre de l’imprimante au lieu de continuer leurs cours informels sur des écrans plats et froids. La matière est inerte, l’information figée, le bureau en pagaille couvrée, mais il y est aisé de retrouvé dans la seconde le morceau de papier donnant la réponse aux questions posées. Parfois, au cours d’une conversation téléphonique, le stylo glisse tout seul sur un de ces papiers, dans un croquis anonyme et anodin, ex-future œuvre d’art de notre bureaucratie moderne, carrosserie automobile ou véritable Picasso de l’époque post-Picasso, une esquisse, un croquis qui n’aura comme mur de musée que les parois lisses de la corbeille bleue. Bleue ? Ben oui ! La jaune est réservée aux déchets souillés. Allez, je vous laisse-là, c’est l’heure de mes gouttes. Non pas par choix, je n’y goûte guère, mais il paraît que c’est bon pour moi, et si c’est bon pour moi, c’est bon pour vous ! CQFD !

Le premier du dernier

Et oui, c’est bien cela, le premier du dernier…. Premier jour du dernier mois, dernière longueur de l’année 2008 avec son lot de bonheurs et d’épreuves, comme toutes les années, certains sont plus affectés que d’autres dans un comme dans l’autre, c’est ainsi. Nous voilà dans les derniers jours de ce mois de décembre, passage des ans pour les uns, passage de l’an pour tous, avec à chacun sa sensibilité pour ces fêtes païennes ou nous enterrons une année en souhaitant la suivante meilleure. Période de débauche, achats, cadeaux, décorations, clinquant et paraître à l’honneur, des lumières, de la couleur, tout est bon pour paraître meilleur, oublier l’an en se jetant à corps perdu dans les fêtes de fin d’année…. Dire qu’il y en a même qui en profite pour changer d’âge ! Et oui, la roue tourne toujours, en tout et pour tout, pour tous et pour chacun, elle tourne toujours, alors, attachez vos ceintures, 2008 étire-là ses derniers jours, agonisant dans ce marasme économique pour laisser place à 2009, année nouvelle, année de renouveau, an 9 ou an neuf…. Patience, encore 30 jours à vivre d’ici ce cap-là, même émoussés par les 11 mois écoulés, la vue du poteau de fin donne des forces pour le sprint final. Période spéciale de l’année, où les envies divergent encore plus qu’en temps normal, période préparatoire au bilan de l’année encore en cours, à la réflexion quant aux orientations à donner dès le début de l’an nouveau. Il y a ceux qui aiment ces périodes festives, et il y a les autres, les échoués de la vie, les déçus de quelques choses, les blessés dans leur chair qui exècrent cette débauche de moyen comme si d’un seul coup c’était moyens illimités, alors que jusque là, les ceintures cherchaient leur dernier cran.

Comment penser à décembre sans penser à Noël ? Sans penser à la Saint Sylvestre ? Même en étant natif du mois, ces dates là occultent celle qui vous est pourtant personnelle, croyez-moi, au point que d’ailleurs, il faudrait une loi qui fasse en sorte que les natifs de décembre puissent fêter ces jours-là en d’autres mois, question d’équilibre, si ce n’est festif, que cela soit digestif. Pour les autres, il est aussi temps de réserver les lieux et les convives pour ces dates, car si on remet facilement son rendez-vous chez le dentiste, sauf souffrance à vous donner la rage, il en est peu qui y déroge ou s’esquive…. Bon, je ne veux pas écrire dès le premier jour sur ces jours-là, réservons cela pour plus tard, en cas de panne d’inspiration. Tiens, j’ai une idée ! En cette période, les enfants affectionnent recevoir un calendrier de l’avent, afin de compter les jours les séparants de Noël, non pour fêter l’anniversaire de Jésus, ce brave personnage dont on ne sait s’il fut un homme ou un dieu est bien vieux, et comme tous les vieux bonhommes se moquent éperdument qu’on lui compte les ans, non ces boites à surprises s’ouvrent chaque jour sur une friandise ou un joujou dont la Chine a le secret, - made in China ou Made in Mélamine ? – pour patienter goulûment jusqu’à l’explosion gargantuesque et au cumul des jouets. Belle idée, bon, certes un peu commerciale, mais tout de même belle idée que ce calendrier de l’avent. Imaginez la même chose en un peu plus grand : chaque fenêtre s’ouvre sur un texte, une citation, une photo, un objet qui éveilleront tour à tour la curiosité ou les souvenirs…. Calendrier de l’avent pour plus grand, je ne dis pas pour adulte, d’abord parce que des esprits pervers pourraient mal comprendre la chose, et ensuite parce que nous sommes tous de grands enfants en dépits de nos masques d’adultes…. Et si je vois cela en encore plus grand, ce n’est plus un calendrier de l’avent mais un calendrier tout court, sauf qu’au lieu d’y effeuiller les pages pour y découvrir des dessins humoristiques, ce serait des boites à ouvrir, sur l’écrit, sur l’image, sur les senteurs, mêlant production personnelle et mots d’auteurs, ponctué aussi de cases vides, pour y laisser plonger l’imagination, ponctué de page blanche pour y placer ses mots à soi, ses images préférées. Des moyens informatiques permettent aujourd’hui de réaliser facilement cela, des méthodes manuelles aussi et toujours, sorte d’agenda qui compte les jours à rebours des textes et des photographies. En tout cas, voilà une belle idée cadeau, car s’il est belle chose que d’offrir son cœur, il est encore plus beau d’offrir en des pages des morceaux de son cœur. Ce puzzle merveilleux aux pièces pas toujours bien emboîtables, nécessite de connaître l’autre pour en dessiner les contours, modeler les formes, établir les liens entre mots et images, savoir aussi y lire entre les lignes pas toujours tendues de ces maux qui s’envolent à l’écrit. En panne d’idée cadeaux ? Allez, ciseaux, colle, photo, papier, écrits, réalisez vous-mêmes votre agenda personnel et offrez-le à ceux qui vous aiment, laissez-les annoter les pages, griffonnez d’improbables croquis, personnaliser à leur tour ce cadeau personnel, c’est l’image de nos vies, l’imbrication qu’elles ont, les unes dans les autres, les unes par-dessus les autres, parfois en parallèles, parfois éloignées, parfois proches et très proches, ces vies-là se rejoignent, alors, pourquoi pas dans cet agenda ?

Bon, nous sommes donc le premier du dernier, il vous reste suffisamment de temps pour concevoir l’objet…. Une idée comme une autre, une idée qui fourmille, mais facilement réalisable, comme tout travail manuel, ce qui compte n’est pas le rendu final en soi, mais bel et bien l’amour qu’on a mis dans la réalisation, dans le choix, les thèmes, les couleurs, les envies de raconter, de montrer ses petits secrets, ses coins adorés, ses bouts de vie…. En fait, un agenda, façon blog ! L’agenda sans prétention, des bouts de textes, des bouts de soi, des images et des textes sans prétention….