Aimez!

Dans un monde en perpétuelle ébullition comment peut-on imaginer que ses enfants ne soient pas perdus ? Difficile d’avancer, difficile de se projeter, difficile de ne pas penser à hier, à avant-hier, à ces drames, ces cruautés gratuites qui se sont succédées en ne laissant de répit que des plages d’inquiétudes perdues entre deux terreurs ? Notre présent est donc embrumé par les horreurs du passé et leurs projections dans le futur, mais notre présent reste notre présent, celui à vivre, au maximum de chaque instant, car nous ne pouvons plus changer le cours des choses pas plus que nous ne pouvons intervenir sur le cours de demain. Soyons vivants, soyons présents et aimons notre présent, c’est là la plus belle des récompenses à offrir, c’est là la plus complète des façons de vivre, c’est notre cadeau pour notre Humanité et surtout pour nous, car nous sommes aussi des êtres de cette Humanité. Comment faire pour cela ? On ne peut aimer sans Amour, on ne peut recevoir sans donner, et c’est même pire, on ne peut donner sans l’abandon de recevoir quoi que ce soit en retour, non, l’Amour est Amour s’il nait unique, il grandit et se multiplie par sa division, l’Amour est une graine que l’on sème aux vents, même aux vents mauvais de la bêtise humaine. Pourrait-on parler de conneries sans que le terme ne soit trop dur ? Hélas, les mots resteront toujours de faibles remparts face à l’ignominie.


Aimez, mais aimez avec un ’A’ majuscule, sans peur du ridicule, sans l’ombre d’un calcul, aimez jusqu’à l’abandon de vos forces, sans paresse mais avec tendresse, aimez mais aimez tout le monde, vous en particulier, on ne peut aimer l’autre si on ne s’aime pas soi, si l’on ne sème pas de cet amour-là. L’amour n’est pas en cage, l’amour est libre comme le vent, il s’engouffre partout comme lui, il noie comme l’eau, il brûle comme le feu et il serra la terre fertile de mille autres amours, de mille autres richesses. L’amour est notre bâton de pèlerin, il nous conduit à travers les chemins du monde, il nous soutient même dans les heures sombres, il nous porte bien plus que nous le portons, nous sommes les enfants d’amours, nous serons les parents d’amours tout comme nous le sommes aujourd’hui. Vivre n’est pas oublier, vivre c’est ne pas s’appesantir, ne pas retenir les vaisseaux de larmes du passé, apprenons à détacher leurs amarres, laissons-les partir et voguer vers l’océan du passé pour ne plus voir que les pas d’aujourd’hui, pour ne plus cueillir que les présents de notre présent. Qu’importe où est le futur, devant ou au-dessus de nous, le futur n’est pas là, il n’a pas sa place dans l’Amour du maintenant, ce serait calculer, ce serait hypothéquer sa vie que de la vivre en rêve. Vivre au présent, c’est ne pas avoir le temps pour autre chose, c’est vivre chaque instant dans son unicité, dans son souffle, c’est aimer mais aimer dans son absolu, c’est se donner le choix d’avancer et même de se planter, parce qu’on grandit de ses erreurs, parce la vie c’est aussi cela, un pas de travers pour apprendre à faire un pas droit, encore que droit ne veut rien dire, le chemin n’est jamais tracé à l’avance, le chemin est celui que nous dessinons à l’encre de nos pas, jour après jour, présent après présent. Il y a mille façon d’aimer, pourquoi donc hésiter ?