Bleu luzien

Week-end prolongé. Soleil. Ciel bleu. Temps super agréable, en décalage avec ce mois de mars. D’ailleurs nous sommes toujours en décalage avec le calendrier, au-dessus ou en dessous des normes saisonnières, comme si être hors norme était la norme ! Paradoxe ? Dérèglement climatique ? Si encore le temps était en permanence plus chaud, ou plus froid, on pourrait suivre l’avis des grincheux qui tendent à démontrer à chaque coup de chaleur que la planète est en danger, que le réchauffement climatique est une cruelle conséquence de notre dérèglement d’humain. Bizarrement, ce sont les mêmes bien pensants qui oublient de s’exprimer lorsque l’hiver devient rigoureux, lorsque nous dépassons nos normes saisonnières par le bas. Etrange ? Simple oubli ? Preuve encore du conditionnement et de la manipulation que nous subissons tous les jours un peu plus ? Peu importe le discours et les diktats, il fait beau, il fait même chaud sur la terrasse d’où j’écris ces quelques lignes, assis sous le soleil de mars, un mars guerrier et chaleureux au combat de la bonne humeur et des joies retrouvées, une terrasse en bord d’océan, sur cette exquise place de Saint Jean de Luz, place royale contre place nationale, comprenne qui pourra, autre moment au soleil, autre pause déjeuner en terrasse…. Moment de répit, de réconfort, dans une période transitoire d’une vie, ou plutôt, plutôt qu’un transit, un nouveau départ, une nouvelle vie, comme si la somme des passés récents avait dépassé le quota d’une vie. Trop plein d’une vie, la vase déborde du vase, la saturation gagne, la zone rouge est franchie, le voyant stop s’est brutalement allumé. Arrêt sur image, fin de non recevoir, assez de donner et de trop donner, le livre se referme là. Le livre ? Non, le tome, ce tome-là, qui pourrait s’appeler le tome de la jungle ou plutôt, la jungle en folie, ou la folie bien plus que la jungle… A quoi bon chercher un titre, ces tomes-là ne se publient pas, ils se referment et partent sur des étagères du non souvenir, tout juste bons à servir d’allume feu pour la cheminée, encore que l’amertume de certaines pages pourrait empêcher la flamme de s’exprimer. Qu’importe, le tome se referme, le tome est fermé. Oserais-je dire que je préfère la tome fermière ? Oups ! Trait d’humour, soleil présent, et dans le ciel et dans la tête, place à un autre tome…. Du passé, je ne retiens que les leçons, du feu je ne retiens que la brûlure de la flamme, tous ces exemples bien choisis, qui ont montré les limites d’une existence, le besoin plus que nécessaire de changer de peau, changer de monde, changer de mode de fonctionnement, comprendre et être.

Etre soi, comprendre qui on est, pour être soi. Réaliser le parcours dans ses erreurs comme dans ses bonheurs, dans ses choix comme dans ses non choix. Etre. Le soleil sur les montagnes basques, le ciel bleu pur, l’océan assagi, tel une mer d’huile, un comble pour ce géant aux colères sournoises, tout est en mode calme, détente, relaxation, comme si la nature cherchait ses marques dans ses paysages d’après tempête, tout est exemple pour voir, si l’on veut voir, pour peser si l’on veut peser, pour s’interroger soi si l’on veut bien s’interroger soi. Il y a bien des méthodes, il existe bien des thérapeutes, il y a bien des avis déguisés en conseils, mais la seul clé qui ouvre les portes du soi, c’est nous seul qui l’avons, c’est nous seul qui choisissons ou pas de nous en servir, ou pas…. Là est la véritable clé. A-t-on envie de changer ? Les choses n’arrivent que parce qu’on les provoque. En bien comme en moins bien. Les clés des bonheurs sont à notre trousseau, faut-il les trouver, faut-il avoir envie de les utiliser. Si l’expression de l’idée est simple, sa réalisation est plus compliquée. Nos acquis, nos croyances, nous ont dressé des carcans dans lesquels nous avons étriqué notre esprit, nous ont dirigé vers des mauvais chemins, dans des mauvaises pensées qui nous ont inculqué et qui entretienne encore aujourd’hui le doute, nous laissant à penser que changer fait mal, que nous y perdrons plus que nous y gagnerons. A quoi bon dès lors prendre le risque ? Mieux vaut relativiser, se dire qu’on est pas si mal, et finir par se complaire dans son existence. Cheminement qui mène en toute logique à passer à côté de sa vie et de ses bonheurs.

Joies simples d’une vie simple. Respirer. Souffler. Profiter. Du soleil, comme de la pluie, du bleu comme du gris. Se fixer des priorités, apprendre à chaque instant, réaliser très souvent, vivre tout le temps ! Activité permanente, nécessitant un emploi à plein temps, laissant peu de place à l’à peu près, au mal-être, aux grincheux de tout ordre. Un seul phare, un seul but à fixer, vivre, vivre en étant soi. Etre soi. N’en déplaise à qui que se soit, il n’y a plus de place pour accepter ces poids de mépris, de tromperies, d’incompréhension. Ras le bol de jouer les éponges, place aux sourires, aux sourires amis, aux rires des amis, vrais, aux vrais rires des vrais amis…. L’histoire est en marche, les premières pages du tome sont bleuies de l’encre puisée à ce ciel d’azur, ce bleu si typique d’ici, ce bleu luzien. Allez, heureux travailleurs du vendredi, je vous envoie mon plus beau sourire, le plus pur, le plus régénérant aussi, je me sens la faim du nouveau-né, je me sens prêt à croquer la vie, cette vie toute neuve, toute belle….

Quelques notes...

Quelques notes de musique résonnent dans ma tête, quelques notes égrenées, assemblées dans des accords harmonieux, accords qui s’assemblent à leur tour pour former la mélodie qui viendra au creux de l’oreille pour ensuite envahir notre tête. Nos vies sont semblables, nous sommes des notes de musique égarées sur la grande partition. Chacun différent, chacun à chercher l’accord parfait, celui qui apporte l’harmonie dans la mélodie. Comme en musique, il y a des notes proches, très proches, si proches même, qu’au lieu de résonner ensembles, elles dissonent et finissent par détonner au sein de la partition, au point de devoir les séparer…. D’autres, paraissent éloignées au début, mais se révèlent en phase une fois assemblées, en harmonie même…. Bon, je vais laisser-là la comparaison musicale, car un bon accord musical est formé de trois notes, et je ne voudrais pas laisser croire que dans nos vies, il faille être trois pour trouver l’accord parfait, bien que le mélangisme soit à la mode de nos jours…. Version moderne du couple du XVIIIe ? Le mari, la femme et la maitresse ? Sacha Guitry disait « les chaines du mariage sont si lourdes à porter qu’il faut bien être deux, parfois trois…. » Alors, les accords de musique, ça pourrait s’expliquer…. Propos libertins ? Non, propos tout court, le libertinage nécessite une pratique, l’écriture une autre. Notre monde se cherche, teste, expérimente, suit des modes et se perd dans des attitudes sans se trouver réellement. Effet de mode à la mode, les moutons suivent ce qu’ils croient être le berger et s’égarent dans des prairies mal défrichées. Soirées mondaines, plus proches des brigades du même nom que de la haute société, approche glamour pour des séductions forcées, l’amour mis en boite n’est plus que produit de grande consommation dont il faut consommer encore et encore jusqu’à épuisement. Catalogue virtuel de vies virtuelles, drogue bien réelle de plaisirs virtuels, au prochain écran changez de partenaire, et si cela vous donne le tourbillon, descendez au prochain club pour des échanges raffinés dont le raffinement est dans la multiplicité et le soi-disant anonymat. Lâchez-vous, vous êtes là, chez vous, embrassez qui vous voudrez, léchez-vous, amusez-vous, plaisir charnel sans aucunes séductions, abandon pervers dans des soumissions au plaisir de l’autre. Il fut un temps où les rencontres se faisaient au hasard, hasard des rues, hasard des bals, aujourd’hui on déballe, et à part si le club s’appelle le hasard, le hasard n’y est plus pour rien. Des corps en mal de sensation, des corps sans esprit sauf celui de s’abandonner, de gagner un hypothétique septième ciel, ou de s’automutiler dans des défilés de partenaires qui ne sont partenaires que d’un jeu sans suite. A multiplier l’amour, on l’a désaromatisé de sa substantique moelle, on en a fait un produit insipide dénaturant de ce fait l’amour vrai, au point que beaucoup en ont perdu et le goût et l’envie d’y goûter, ce qui reste le plus grave. De tout cela, on a oublié aussi le plaisir de la rencontre, la phase séduction, l’approche, le langage amoureux, l’envie simplement d’être heureux, au-delà d’un acte trop banalisé pour qu’on y accorde toute l’importance qu’il mérite. On s’aime, on se quitte…. Faux. On s’aime pas, on sème plutôt…. A ce jeu-là, les chasseurs ne sont plus qui ils étaient, les rôles se sont quasi inversés, du moins, équilibrés dans le déséquilibre : il y désormais autant de chasseuses que de chasseurs, sinon plus, et si la parité est de mise, il est des fonctionnements à ne pas copier. Pire, je trouve même que les hommes se sont assagis dans le même temps où les femmes se sont mises à prendre les choses en main, à choisir et consommer, ce qui creuse un peu plus le fossé, laisse moins de passerelles entres ces deux mondes, hommes et femmes, tous aussi perdus dans ce siècle encore tout neuf, cette belle ère de communication où nous communiquons si mal, pour ne pas dire pas du tout…. Belle ère, bel air, reviendrait-on à la musique ? La boucle est bouclée, la ritournelle terminée, simple écrit commis non pas d’office, réflexion personnelle ou simplet billet d’humeur ? Humeur ? Bonne ! Sourire affiché éclairant la façade, la vie est belle, le monde fou, chacun fait ce qu’il veut, comme il veut et avec qui il veut, à chacun son bon plaisir. Le mien, pour l’heure, est d’écrire, avant de clore le pale écran, il est des couleurs bien plus charmantes qui m’attendent au dehors…. De quoi s’en aller flâner, bras-dessus, bras-dessous avec le hasard, respirer la vie, récupérer des couleurs et bien des saveurs. Tiens ! Revoilà la mélodie qui tourne dans ma tête…. Quelques accords sans désaccords qui s’unissent et composent la chanson… Entre fondamentale et harmoniques, doit-on en déduire que l’harmonie est fondamentale pour composer la chanson ? D’ailleurs, connaissez-vous la chanson ?

Les amis

Ciel bleu partout, ciel bleu à fond, la vie est belle, le printemps approche, les oiseaux chantent, vive la vie ! Non, promis, je n’ai rien fumé ! D’ailleurs ceux qui me connaissent bien savent que je ne fume jamais rien… Je n’ai pas bu non plus, à part ma dose habituelle de liquide inodore et insipide dont une des aptitudes les plus connues est de troubler l’ordre de certains apéritifs anisés…. Non, rien de rien, non, je ne regrette rien… ah non, c’est pas là ! Oups ! Y’a mal donne… Bon, ça sifflote, ça vrombit, la nature se réveille, nous montrant par là-même, le chemin de la vie. A quoi bon se morfondre ? A quoi bon gémir ? Les solutions ne sont qu’en nous et il ne sert à rien de chercher dans les autres ce que nous ne voulons pas fouiller aux tréfonds de nous-mêmes pour porter enfin à la lumière, et la lumière enfin faire rentrer dans notre vie. Facile à dire, facile à écrire, peut-être pas tant que cela, comme toute chose, dans la vie, tout commence par la volonté. Sans volonté point de marche en avant, juste des marches contraintes et forcées, loin de toutes démarches personnelles, attitude du bon soldat plutôt que du fier général. C’est si facile et si simple de se laisser guider et entrainer par l’autre, par la foule des grincheux qui grossissent les rangs, de se transformer en moutons de Panurge, plongeant vers l’abime sans savoir pourquoi ni comment. Stop. Arrêt sur image. Gestion du mode échec. Echec ? Oui, mais pas mat ! A part le teint, mais le teint excelle au soleil printanier ou presque, nous ne sommes plus qu’à quelques jours de l’appellation officielle, échec donc, de ces braves échecs qui font avancer pour peu que nous prenions le temps d’analyser les choses, de les comprendre et d’en disséquer les mécanismes. Pause. Nécessaire et vivifiante, pause. Respiration. Retour à la vie. La belle vie, celle du ciel bleu, celle des amis, les vrais, ceux qui sont là, quand tout va, comme quand rien ne va, avançant à petits pas, dans toute la fausse pudeur des rapports vrais. Un téléphone qui sonne pour laisser une interrogation sur des passages à vide des virtualités habituelles, sur un portail fermé sur une tasse de café toujours acquise, de ces messages qui réconfortent bien plus que tout un tas de faux-semblant et de semblants faux.

Nuit noire, belle et étoilée, bien visible lorsque les pas cherchent le sommeil à l’extérieure, les yeux perdus dans cette immensité aux lueurs scintillantes. Nuit noire pour nuits blanches. Ces brillances là sont bien plus belles que les pixels de l’écran LCD. Où suis-je ? Qui suis-je ? Des projets ? Oui, par millier. Trop tôt d’en évoquer certains pour l’heure, d’autres au contraire, sont déjà en marche, ici ou là, là plutôt qu’ici, fin d’une vie, au cœur d’une vie. Fin du tome. Place aux feuillets blancs et livides, de cette pâleur qui suscite l’angoisse, de ce vide sidéral et sidérant qui laisse pourtant voir entre les lignes, la place qu’il y a pour écrire, les filigranes d’une histoire nouvelle, j’allais écrire éternelle, mais qu’est ce que l’éternité à part un moment trop vite passé ou bien encore un moment interminable ? Le même moment à deux longueurs, suivant comme on le passe… Notre monde, nos vies sont à géométries variables, nous avons toujours la clé du parcours, le choix du chemin le plus court ou le plus long, même si parfois, ou même souvent, nous ne voyons pas les choses ainsi, et précipitons bien trop vite notre vie dans des choix qui se révèlent à terme les mauvais, sans même attendre le terme d’ailleurs…. Expériences…. Chemins…. Le parcours en est composé dans des quantités toujours variables. L’enchainement d’expériences n’est bon que si on en analyse les retours. Pour cela, il faut du temps, là aussi, dans des quantités variables… Etre là, et non las, être humain, fragile, touché, mais non coulé, sentir la mue s’opérer, sentir le besoin de s’enfermer dans la chrysalide, pour établir le changement, sentir les bienfaits du soleil sur la peau, l’essence d’une renaissance, dans des paysages nouveaux, les gens aussi font partie du décor, il y a ceux qui quittent le devant de la scène à jamais, il y a ceux qui quittent la couleur pour le regard désuet et sépia, il y a d’autres lumières, d’autres spots qui éclairent et réchauffent les couleurs d’autres personnes, et il y a, encore et toujours, la garde rapprochée des amis véritables.

De la nuit nait l’aurore, celle des beaux jours, ce soleil levant au cercle orange qui vient blanchir l’horizon avant de le colorer fortement, cette lumière gaie qui vient tenter de réchauffer ces froids matins. Assis sur le sable, face aux vagues aux parfums iodés, dans la solitude d’une plage déserte, c’est ainsi que je vois la scène, celle de la naissance, des renaissances, de la vie qui tourne une page de nuit, pour afficher celle du jour, sur notre éphéméride très personnelle. La lumière succède à l’obscurité, d’abord furtivement, puis elle progresse, s’intensifie, et finit par irradier la journée naissante, faisant de ce jour-là, le plus beau des jours… Nouvelle vie, nouvelle lumière, nouvelle chaleur, de quoi faire bouillonner la sève qui court dans ce corps, lui faire redécouvrir les joies d’être en vie, d’être là sous le soleil à respirer les embruns, décor familier et ressourçant pour la première aube d’une autre vie. Ces moments de solitude, même s’ils peuvent surprendre l’entourage amical et familier, sont pourtant nécessaires pour faire son introspection, visiter ses entrailles cérébrales, effacer des morceaux, aérer les neurones, préparer la place pour non pas d’autres histoires, non, pas besoin de pluriel, pour une belle histoire, la belle histoire, celle dont tout un chacune rêve et espère. En attendant, les amis sont là, comme ils étaient là hier, comme ils seront là demain, pour accompagner chaque instant de nos vies communes, des vies de sourires, des vies de rires, des vies de bonheurs, car c’est bien là nos envies à tous…

partir, repartir

la vie est un drôle de combat,
un jour gagnant et l'autre pas
la vie mérite pourtant qu'on s'emploie,
à la vivre et non à la détruire

bien sur il y a le passé, mais il est passé
en attendant un futur qui n'est que futur,
sachons vivre le présent, tant qu'il est encore temps....

trop de choses amères, pas de regrets inutiles,
avancer, se construire et un jour repartir...
ici ou là, je sais que je partirai, vers où?
au-delà des lignes sombres, évidences....
au-delà de certaines vies, partir, pas s'enfuir...

Phares et naufragés

Bien au-delà des peines, bien au-delà des mots
Plus loin que les fontaines, plus loin que les idéaux
Les mots s’enchainent, les propos volent haut

Un regard sans lumière, des yeux qui errent
Un cœur qui se serre, une voix qui se terre
Il n’y a pas de mystère, pas de vie sans lumière

Etre ici et maintenant, être là et absent
Etre las de tout cela, être un être à plat
Au bout d’une vie, au terme d’envie

Assis là au bord du caniveau
La tête cachée entre ses mains
Il est las de ce monde faux
De ce monde sans lendemain

Combien d’hommes et de femmes
Passent sans un regard adressé
Sans même songer au mélodrame
Et disparaissent d’un pas pressé

Et dans ces mouvements là
C’est notre humanité qui va
C’est elle qui passe et s’en va
Sans regard vers l’homme las

La misère n’intéresse pas
La détresse n’intéresse pas
Notre monde a pris pour religion
Argent et paraître, pas très folichon

Cet homme assis là au bord du trottoir
C’est toi comme moi dans nos désespoirs
Nous nous sommes tour à tour assis las
Sur ce trottoir singulier entre vie et au-delà

Dans ces jours sans lumière, nous ne sommes pas tous égaux
Nous n’avons pas tous la même manière, les mêmes idéaux
Pluralité nécessaire, qui nourrit la richesse d’échanger
Diversité obligatoire pour avec l’autre se mélanger

La lumière est en nous que si nous la laissons s’installer
La lumière est en nous que si nous la faisons briller

Elle vacille parfois, mais ne s’éteint d’elle-même jamais
Elle s’entretient toujours, pour nous réchauffer à jamais

Quelles que soient nos heures grises, il est toujours des clartés
Quelles que soient nos douleurs, nos humeurs sont maitrisées

A chaque peine il est un soleil, cela vaut la peine de s’y intéresser
A chaque douleur, il n’est meilleur remède que les flammes amies
Qui d’un seul coup viennent prendre le relais et éclairent nos vies.
Laissons les briller et nous envelopper pour mieux nous réchauffer

Et lorsque demain nous irons mieux, sachons dispenser notre lumière
Eclairer les ombres amies, les âmes en peine, les regards qui errent
Devenir le phare pour ces naufragés de la vie à la recherche de la terre
D’un rivage qu’ils ne retrouvent plus, les guider vers le port salutaire

Arriver à bon port, quoi de plus réconfortant ?
Une fois enfin arrimé à cet anneau de vie
Regarde-t-on encore ce phare qui luit ?
Car il est bien un étrange paradoxe de la vie
Les liens neufs serrés effacent les liens amis

Ou plutôt les masquent, car sitôt envolés
C’est ces vieilles cordes à peine usées
Qui viennent habiles vous raccrocher
Et vous évitent ainsi de vous noyer

Nous sommes tour à tour phares et naufragés
La vie tout comme la mer, possède ses marées
Des hauts et des bas, des creux et des sommets
Ou que nous soyons, n’oublions jamais l’opposé

Penser au sommet lorsque nous sommes au creux
Donne l’énergie de rejaillir et d’aller beaucoup mieux
Penser au creux lorsque nous sommes au sommet
Aide à garder la tête froide et poursuivre la traversée

Nature mature

Le revoici venu le temps des retrouvailles, le temps des senteurs océanes, après le long, trop long intermède de l’hiver. Retour en ces lieux enchanteurs et hautement réparateurs, retrouver ses marques, réveiller d’un long sommeil les matériels, relancer la machine, aller voir si les chemins tant empruntés portent encore l’empreinte de nos pas, surtout cette année où la tempête a soufflé, jouant des arbres comme des fétus de paille, écrasant dans la lourde chute des troncs centenaires les fragiles abris de tôles et de bois qui nous servent de logis de vacances…. Pas trop de dégâts dans notre secteur, des vues de désolation ailleurs, des ravages sans partage un peu plus loin. Fragile univers soumis aux caprices des temps, la nature ne peut que subir les colères éoliennes, les hommes ne peuvent que pleurer les conséquences des reports sans délais des travaux à effectuer. Les élagages reportés hier sont à faire dans l’urgence aujourd’hui…. Les odeurs de sciures remplacent amèrement les odeurs de résine des promenades passées. Paysages à jamais démontés, il faut désormais s’habituer à ces vastes trouées, aux clairières artificielles nouvellement créées, savoir, encore une fois, comme s’il fallait marteler les leçons de la vie, qu’hier est hier, de demain sera demain et qu’aujourd’hui est à vivre pleinement. Bien sur il est difficile de profiter de ces paysages déchiquetés pas encore nettoyés et trop blessés pour être beaux, mais c’est dans cette trouée à l’emporte-pièce que va naitre dans les jours prochains, les remplaçants des arbres défunts. Arbousiers, chênes, pins, fougères, chaque plante aura son rôle, chaque plante grandira à tour de rôle, pour former l’espace de vie de demain. Il faudra du temps, bien sûr. Certains d’entre nous ne le verrons pas, car la planète vit à un autre rythme que le notre, pauvres humains, mais elle sait renaitre de ses propres cendres, elle sait s’auto nettoyer, accélérer les pousses, repartir de plus belle dans sa vie.

Leçon de choses pour leçon de vie. Savoir s’auto-nettoyer, lâcher prise sur les événements défunts, les digérer, les effacer pour laisser renaitre une génération plus belle, plus forte, si différente qu’elle devient rapidement tellement essentielle à nos yeux qu’on en oublie les épisodes précédents, les morceaux si fragiles qui n’ont pas su résister aux tempêtes de la vie. Il faut un certain temps à l’échelle planétaire, il faut un certain temps à l’échelle humaine. On ne rebâtit pas hier sur les cendres d’hier, on laisse épurer, cicatriser avant qu’un jour soit capable d’y germer la plus belle des graines, ce qui au final deviendra la plus belle des récompenses. Parfois, le ciel est troublé, menaçant, les nuages sombres et vrombissant, mais au-dessus de tout cela, le ciel reste bleu et pur, toujours. Nos yeux sont habitués à regarder trop près, à vouloir trouver tout près, tout de suite ce qui semble briller. A notre pale reflet, tout ce qui brille n’est pas d’or, et au final, la brise légère balaye rapidement ce qui sembler être fait pour durer. Après le calme, la tempête, après la tempête, le calme et le temps de la reconstruction. Effacer, ratisser, nettoyer, préparer le terrain pour de nouveaux semis, laisser s’aérer le cœur et l’âme, y laisser pénétrer le feu de la vie, les joies des amis retrouvés, oh ! Non pas qu’ils soient partis, non, plutôt que dans notre bonheur tout neuf, on a omis d’y intégrer les anciennes joies, non pas qu’elles se soient ternies avec l’âge, mais juste que par un comportement assez triste au final, on oubli ses amitiés anciennes pour plonger dans la vie de l’autre, renier un bout de vie pour en croquer un autre, par je ne sais quelle incongruité. La soif efface souvent la raison, on en oublie de boire à petite gorgée, on en oublie trop souvent que la vie est un tout. Sagesse de la nature, les colères du vent, les déchainements des éléments ont raison des traces humaines, mais force à chaque fois la mère nature à se surpasser. Week-end de réflexion et de retrouvailles, week-end de calme à plonger son regard non pas dans le vague, mais dans les vagues, parfums iodés, bruyères commençant à éclairer des sous-bois forcés par Eole, ces traces de vies étouffant peu à peu ces traces de mort, prouvant par là-même qu’au –delà du décor, la vie reprend sur la mort, la vie toujours, reprend le dessus.

Etranges animaux sillonnant la planète, ici aujourd’hui, ailleurs demain, nous traversons des pays et des paysages, nous respirons des milliers de parfums. Nous pensons nous poser un jour, abreuvés d’un nectar se révélant le lendemain d’un goût amer, une amertume au goût tenace se prolongeant bien après l’avoir goûté. La corbeille de fruit est belle, elle renferme des jolis fruits au final forts peu à notre convenance mais qui seront ravir d’autres hères en quête de plaisirs. Ces jolis fruits ne doivent pourtant pas nous faire oublier les trésors sis à côté. Il faut simplement prendre le temps de se rincer la bouche, d’en ôter la cruelle amertume avant de croquer à nouveau la vie. Ne jamais s’arrêter aux portes de l’échec, savoir l’analyser, le mesurer, pour le dépasser, en faire non plus un échec, mais une expérience, de celles qui dressent le parcours plutôt que de faire plonger l’amère destinée. Chaque chose en son temps, la nature le sait bien, l’homme, devenu un animal trop rapide et trop pressé l’a oublié. A chacun de tirer les leçons de ce qu’il veut. A chacun de vivre sa vie selon son propre credo ou celui d’un gourou plus ou moins demi-dieu. Ma visite océane du week-end m’a montré une voie. Cette voie, je la vois que par mes propres yeux, ce de mon cerveau et ceux de ma tête. Une voie qui louvoie entre différents écueils de naufrages et de régates au long cours, une voie évoquée bien plus que dessinée, mais là est l’intérêt, celui d’avancer sur des terrains neufs plutôt que sur des passerelles trop fragilisées et qui au final, ne mènent nulle part.

Contre sens

Deux mois de bouclés déjà dans cette année 2009 porteuse de grandes et belles espérances, cette année déjà sur les rails, ponctuées de tous ces événements qui font nos vies, qui font que nos vies se croisent et se décroisent, ces heurs en tout genre, bonheurs, malheurs, qui sont les intonations de la voix d’une vie qui n’est pas sur la voie royale, toute connotation politique gardée, on ne peut plus utiliser des mots désormais sans qu’ils portent d’autres sens, parfois même des sens interdits. Madame royal… Cela m’a bien fait sourire en regardant le bien construit téléfilm historique l’autre soir à la télé…. Madame royal sœur du roi et non opposante à l’empereur actuel, pardon, au président actuel…. Elu par le peuple grâce à la maladresse du bon Louis XVI, condamné par son peuple pour trahison alors qu’il prenait du recul du pouvoir et lancer une constitution…. Le bon roi qu’il fallait pour la république y a laissé sa tête dans la précipitation du jugement, sans quoi nous aurions une monarchie à l’anglaise, chose déjà établie en France en ce temps-là…. On ne refait pas l’histoire, et pourtant, on se plait à juger rapidement les gens sans savoir, sans daigner savoir, sans présomption d’innocence dont notre bon droit constitutionnel établit pourtant la chose…. On ne refait pas les choses, on ne refait pas les gens, on ne refait pas le monde, sauf au cours de soirées arrosées dans des délires vite étouffés à coup de médecine effervescentes le lendemain matin, lorsque la matière cérébrale trop agitée de la veille s’en vient à cogner aux parois de la boite crânienne. On ne refait pas le passé, on ne marche pas sur des pas pré-imprimé par un soi disant destin, qui n’est ni plus, ni moins que notre biographie écrite au fur et à mesure de nos pas, de notre parcours. Peu importe le parcours, il est notre parcours, et c’est à nous d’être en cohérence avec lui.
Bilan ? Un roi décapité, décapitant par là-même une monarchie, mise en place d’une république qui a conservé le système de premier ministre et de ministres existant alors, et du coup, à défaut de roi, on a choisi un système permettant de s’affranchir de la régence et de la sénilité, enfin normalement, on choisit son roi par un système électoral, qui fut progressivement démagogique, pour un CDD et non plus un CDI…. Bon, plus tard, les bons républicains ont rangé la dame guillotine, au cas où, le peuple vote, réclame toujours du pain sous sa forme moderne traduite désormais par augmentation et personne ne se souvient plus qu’il y a un peu plus de 200 ans, une formidable unité nationale avait eu raison du pouvoir en place. Bon, ok, il semblerait que dans quelques iles lointaines il est des gens qui ont faim, des gens qui réclament des augmentations, il est des manifestations fort unies pour obtenir gain de cause, non pas du pouvoir directement, mais par le biais du pouvoir sur la bourgeoisie locale….. Il est vrai que nous sommes dans un monde ou nous sommes capables d’acheter des bananes sous les tropiques, de les faire transiter par une méga plateforme logistique pour ensuite les livrer, moyennant suppléments de prix pour frais d’intermédiaires à l’ensemble des consommateurs y compris ceux des iles productrices…. Il fut un temps où le bon sens paysan, aurait séparé les envois, la consommation locale d’un côté, la consommation métropolitaine de l’autre…. Le bon sens ? Sait-on encore ce que ce mot veut dire ? Sait on encore qu’est-ce-que le sens, le sens des choses, le sens de la vie ? Sans connaître le sens, on ne peut pas connaître ni le bon, ni le mauvais, encore moins l’interdit. Sans avis sur le sens de la vie, comment s’assurer que la vie va dans le bon sens ? Simple question de bons sens et ça, ça tombe sous le sens…. A ne pas trouver le sens de sa vie, n’est-on pas dans le sens interdit ? A contre sens les dangers s’additionnent à des rythmes de plus ne plus effrénés, au point de parfois se dire, stop ! Je monte sur le trottoir et je laisse passer les fous qui vont tous dans le même sens, le sens opposé au mien, c’est complètement fou…. Non, ça n’a pas de sens. Si au contraire, sans sens, point d’interdit, point de règles et nous connaitrions le chaos. Alors ? quel sens cela a-t-il ? Aller à contre sens des fous n’est pas bonne chose, aller dans le même sens qu’eux, c’est être porté par la foule, et dès lors qu’on marche tous dans le même sens, les autres ne sont donc plus fous, sinon, nous le serions et il est clair qu’on ne peut-être fou…. Ça se saurait ! Et puis, les fous sont enfermés et non en liberté, nous sommes tous membres de sociétés policées, les choses sont ordonnées et l’ordre appelle l’ordre, tous ensembles fourmillant dans le même sens, les mêmes cycles…. Allez, je vous laisse ici, je vois déjà la blouse blanche qui s’approche et vient à contre sens m’administrer un peu de son repos chimique à coup d’aiguille… A contre sens, mais c’est de la folie !