Inné et acquis

L’Homme est un bien curieux animal capable de bien des choses, bonnes ou mauvaises c’est selon son humeur mais aussi selon l’interprétation qui en est faite. Là est le paradoxe et la difficulté : On fait une action mais on ne sait jamais comment elle sera perçue, reçue, analysée, décortiquée car au subtil exercice du ressenti, beaucoup d’autres facteurs interviennent. Je ne parle pas là de ces préposés aux postes, dont on parle parfois en tant que facteurs génétiques tant ils sembleraient œuvrer pour la démographie nationale si l’on en croit les histoires croustillantes à leurs sujets, non je parle de tous ces facteurs humains, attention, ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit ! Les préposés aux postes sont aussi des humains et peuvent même parfois être humains, enfin, sauf celui qui égare mes colis…

Donc, nous voilà en présence de facteurs humains. Quels sont-ils ? Souvenez-vous de vos devoirs de classe, non pas cette classe galopante, marchant au pas, que certains hommes ont connu sous la bannière tricolore, non pas elle, la classe aux pupitres alignées, au poêle fumant et odorant sous les jets de bout de gommes, cette classe qui déjà nous dressait pour faire de nous, petits écoliers malléables, les hommes d’un demain qui est déjà hier si nous revenons à aujourd’hui. Cette classe et ses devoirs, ces devoirs à faire sur la table familiale, le soir, dans la cuisine envahie par les effluves gourmands de la soupe, ces devoirs essayant de nous inculquer l’alchimie étrange de la nature humaine, l’empilage de toutes ces choses qui forment notre caractère et notre pensée, j’ai nommé l’inné et l’acquis. Là, les deux mots sont lancés, les faux amis de notre comportement, les raisons qui font que nous sommes ainsi. Que le brave Freud et ses condisciples se rassurent, je ne vais pas leurs voler la vedette et encore moins prétendre à une chaire.

L’inné, donc, ce que nous avons en nous, à la naissance. Facile. Rapide. Efficace. Magie de la vie, nous voilà paré dès le début de l’aventure de tous ces outils merveilleux qui nous font ainsi. Bien sûr, il arrive aussi que trop pressé, nous ne passions pas devant le bon magasin, ou qu’encore nous oublions de prendre quelques outils en chemin ! Rassurez-vous, il y a le magasin de l’acquis sur votre route. L’inné nous gratifie donc de dons et d’apparence. Parmi les dons les plus rares, bien sûr figure le don d’être gaucher ! Que voulez-vous, ça, je ne pouvais pas m’en empêcher et donc vous, y couper ! Les dons et l’apparence ou l’apparence d’avoir des dons ?

L’acquis ce sont donc tous les magasins de notre longue route. N’oublions pas qu’on en apprend tous les jours et que bien mal acquis ne profite jamais. Trêve de plaisanterie, enfin pas de trop, puisque le rire est le propre de l’homme, et qu’il est important de rire surtout de nos jours… D’ailleurs le rire est-il un acquis ou inné ? Vaste débat, comme toujours, philosophique ou scientifique c’est selon. Mais revenons à nos acquis ? Comment acquiert-on ces acquis-là ? Qui est-ce qui acquiert et commet ? Qui sait ? Serions-nous des éponges perméables au savoir, par moment, trop engorgées au point d’en refouler une partie, d’autres fois trop sèches pour en absorber directement les premiers savoirs indispensables à la digestion et la compréhension des suivants ? Le savoir est comme un mur de brique ou chaque brique représente un savoir, une connaissance ? Sans fondation, le mur est instable et peut vaciller à tout moment. Sans savoir initial, sans intégration de ce savoir élémentaire nous sommes en difficulté dans l’acquisition des connaissances successives…

C’est bien là la base de notre éducation, la fragilité de notre monde, l’essentialité de nos vies : l’éducation nationale de nos jeunes enfants. Donnons leurs les moyens de réussir leurs vies, mettons les en situations d’apprendre et apprendre encore, inculquons leur cette soif d’apprendre et ce désir d’apprendre. Qui que nous soyons dans l’univers, nous sommes toujours soumis aux même règles. Un arbre, une plante, un animal, un humain, tous ces êtres vivants sont modelés dès leurs jeunes années. On ne redresse pas un arbre tordu, on fixe un tuteur à une jeune plantation pour qu’elle pousse droit. Soyons les tuteurs de nos enfants, sachons les aider à grandir vers le soleil. Ce soleil aux longs rayons. Ce rayonnement culturel indispensable à notre civilisation, amorce de discussion, de communication et d’échanges, car là est la clé de notre monde.

La stratégie de l'escargot

L’escargot c’est animal ô combien fascinant, inspirateur de bien de modes et de recettes, a développé au cours de sa lente évolution, oui, l’escargot va lentement, le saviez-vous ? L’escargot, disais-je, dans sa très lente évolution a développé des techniques de communication fort intéressantes. Ainsi, dès qu’il se sent traqué ou perdu, il ne cherche point son salut dans la fuite, non, ça, il y a tant de ses ancêtres qui l’ont expérimenté sans succès que c’est désormais ancré dans ses gênes sans que cela le gêne d’ailleurs, non, dans la fuite, point de salut ! Au lieu de fuir, l’escargot, en fait, fuit à l’envers, ou plutôt, il fuit dans les deux sens : D’un côté, il fuit dans sa coquille et de l’autre, il laisse fuir un bave immonde signe perceptible de son fort mécontentement. Cette technique est salutaire, sauf contre bon nombre de ses prédateurs… Il suffit alors de saisir l’intéressé par la coquille, de le mettre à jeûner en le laissant baver jusqu’à plus faim. D’autres prédateurs lui brisent la coquille et le dévore tout cru.

Très bien tout cela, nous le savons tous, mais, à quoi veut-il en venir vous dites-vous… Mon sujet n’est pas de vous raconter là la vie des escargots, ni publique, ni privé, quoique là il y ait des choses à dire ! Non, mon but est, comme à mon habitude, de faire le parallèle entre l’homme et la nature, et dans notre cas, entre l’homme et l’escargot. Je ne vais pas baver sur l’espèce humaine, oui, j’avoue c’était facile, mais essayer de décortiquer cela, comprendre cela, bien que l’espèce humaine soit avant tout une somme d’individus, et chaque individu un cas particulier à lui tout seul… Donc, nous y voici. L’Homme, lorsqu’il est menacé, touché dans son orgueil, en tant qu’espèce supérieure, hésite entres plusieurs stratégies : la fuite, le combat, ou, celle qui nous intéresse donc, la stratégie de l‘escargot.

La fuite. Elle peut être diversement interprétée. S’agit-il d’un signe de rapidité tel un guépard ? Une envie soudaine de se dégourdir les jambes ? Un appel irrésistible auquel on ne peut résister ? La fuite, bien sûr, ne peut en aucun cas être assimilée à de la lâcheté. Voyons ! L’Homme ne fuit pas, il s’en va vaquer à d’autres occupations, d’ailleurs, cet état s’appelle la vacance qui est somme toute une activité primordiale, vous en conviendrez, au point même d’y associer un pluriel plus salutaire et donc de parler de vacances. Fuit-on lorsqu’on part en vacances ? Bien sûr que non ! Partir en vacances, c’est partir vers l’inconnu, affronter le danger, quitter ce confort bien singulier de son travail, cette chose quelque peu obscure, pas toujours bien rémunérée, mais qui nous donne rendez-vous chaque jour ou presque, dans une jungle familière, entouré d’animaux paisibles. De temps en temps, il y a bien ce vieux lion qui bougonne, cette soudaine envolée de volatiles plus ou moins déplumés, le regard haineux de ces charognards prêts à vous dépecer sur place, mais bon, c’est ainsi dans notre jungle… Mais bon, nous nous éloignons de nos moutons, enfin, pas trop puisque des moutons, il y en a aussi…

Le combat. Attitude noble et chevaleresque, parfois réaction solitaire et même plus tellement on est enfermé dans son aveuglement, ce refus de voir les choses telles qu’elles sont, nous voilà prêt à combattre des éoliennes, ben oui, faut vivre avec son temps et de nos jours, savez-vous que les moulins à vent sont des pièces de musée à ne point dégrader ? Le combat donc, peut-être singulier quoique pour combattre, il faille être deux. Un combat en solitaire s’appelle un suicide, non ? Par contre, on peut combattre en solitaire mais contre quelqu’un ! Ah ! Cette belle langue française aux règles grammaticales, syntaxiques aussi obscures parfois que provoquant des chocs verbaux, cette belle langue que j’aime tant détendre et entendre…. Mais retournons au combat ! Quelques vieux généraux à ne pas confondre avec de vieux généreux, quoique pour combattre, il vaille mieux un général généreux en général qu’un général tout court, mais si vous connaissez de vieux généreux tout court, n’hésitez pas, cela m’intéresse ! Donc, je disais, quelques vieux généraux, oui, pour être général il faut être vieux, les galons se gagnent au mérite un peu, à l’ancienneté surtout, quelques vieux généraux disais-je, avant de partir au combat, élaboreront un plan de bataille, aborderont un cheminement stratégique et scientifique pour atteindre le but : la victoire et l’honneur. Quelques jeunes taureaux, en trop plein de sang, d’ailleurs, ne dit-on pas un coup de sang ? Ces jeunes taureaux, au regard rouge, foncent tête baissée dans la masse, cherche à démolir l’adversité et souvent terminent sur la lame effilée de ce matador bien arrogant, avant de finir sous celle du boucher, espèce endémique des boucheries, lieux joyeux ou défilent l’éventail du monde animal, du moins celles que l’homme, encore lui, déclara un jour, comestibles. Ces lieux sacrés ou le rouge est couleur, la mort abondante et dignement fêtée sous forme de gigot et autres steaks hachés, sans fleurs, sans couronnes, sans attendre qu’il fasse froid et qu’il pleuve… Notons au passage, que notre boucher découpe aussi du mouton, ce qui nous permet, habile transition, de rejoindre les nôtres…

Mais j’y pense ! Je ne parlais pas de moutons mais d’escargots ! Ou avais-je la tête ? Au fond de ma coquille sûrement, je m’y réfugie parfois pour écrire, observer, prendre du recul aussi. Ce brave escargot, renfrogné et bavant dont le comportement est quelque fois repris par quelques spécimens de notre civilisation, dans son intégralité ou par certains abords. Renfrogné. Il semble facile de se murer dans un silence assourdissant, de refuser la communication au monde extérieur, de s’appesantir dans sa coquille qui semble accueillante et pourtant qui est si vide au point que les seuls sons reçus sont les sons sourds de son propre cerveau, ces sons sans son qui sont dissonants et poussent un peu plus vers l’isolement. Saucissons ces sont là pour cerner ce qui sont sans sons parmi ceux ci, ceci, pour sentir ces sons ressentis, ces sons avec son, ses sons sonores et puissants qui seuls méritent de s’y attarder.

Car là est le propre de l’homme, focaliser sur l’inutile et oublier l’essentiel. Oublier aussi que s’isoler n’est jamais la solution et qu’il est parfois des situations ou l’aide vient de l’extérieur, cet extérieur qui n’est pas si loin quand il n’est pas tout proche. Briser sa coquille avant de se faire briser n’est-il pas mieux ? Etre l’acteur de sa vie et non le spectateur, n’est-il pas plus moteur et motivant ? Allons, n’oublions jamais que nous avons notre destinée en main, choisissons d’aller sur le bon chemin, ne refusons jamais une oreille tendue, pourvu qu’elle soit associée à un cœur, un cerveau, une bouche amie.


J’ai omis le côté bavant. Non par répugnance mais par une volontaire omission. Pourquoi s’attarder sur ceux qui bavent ? Il y en a toujours eu, il y en aura toujours. Pourquoi leur attarder de l’importance ?

Baver ne fais pas avancer…sauf pour l’escargot ! CQFD !

Les choix et la vie

La vie est une longue succession de choix. Des choix pas toujours faciles, pas toujours simples, souvent traduits par des non choix qui au final peuvent se transformer en regrets. Nous sommes tous dans ce cas là. Nous avons tous eu à faire un choix et nous aurons tous tôt ou tard à faire un choix. Il n’y a aucun outil, aucune méthode, les choix de notre vie nous sont personnels et conditionnent la suite de notre existence. Ils engendrent les bonheurs et le regrets de nos vies, c’est selon et c’est ainsi. Un choix plutôt qu’un autre et voilà un bonheur qui file, des regrets pour plus tard, car les regrets sont vicieux, ils ne se montrent jamais sur le moment et préfèrent surgir sournoisement un peu plus tard, un soir de doute, un soir plus triste histoire de nous faire sombrer un peu plus. Si j’avais su… Pourquoi ai-je fait ce choix là ? On ne vit pas à regrets, on ne regrette pas de vivre ou alors, c’est qu’on a fait le mauvais choix.

Le choix et les priorités qu’on donne à sa vie. Se satisfaire d’un boulot, d’une reconnaissance professionnelle et passer à côté de sa vie. Combien en font l’amère expérience lorsque cette reconnaissance vacille, lorsque après s’être bien fait presser le citron par le système, par des chefs habilles et manipulateurs, on se retrouve avec la gueule de bois, seul et bien trop seul, dans une vie appauvrie d’amis, de compagnons, une vie ou soudain le compteur des âges annonce des valeurs qui ne correspondent plus à sa situation. Regrets encore devant ce téléphone qui ne sonne plus, devant cette routine familière trop bien installée, regrets enfin devant le renferment dans lequel on s’est mis. Une vie axée sur le travail, avec, des relations de travails, des horaires déments, des pensées sur son travail, des priorités de travail au point d’en oublier les congés, les gens connus, croisés, extérieurs à ce monde dans lequel on s’enferme, ces paysages, ces ailleurs pas si loin, véritables soupapes de nos vies.

En avons-nous le choix ? Oui ! Bien sûr ! Le maître de notre vie, de notre destin, c’est biens nous ! Bien sûr il y a toujours des pour et des contres à chaque situation, bien sûr qu’il y a le choix d’y aller ou pas, bien sûr… Il y a toujours des risques dans tout. Le risque de perdre, de quitter son cocon, son ambiance feutrée et confortable, son travail qu’un connaît bien, trop bien même… Le risque de grandir, de mûrir, de découvrir que finalement il y a d’autres priorités dans la vie, le risque d’enfin un jour se lâcher, de gagner de la confiance en soi, le risque d’être heureux ou malheureux. Enfant, nous avons tous pris le risque un jour de faire du vélo sans ces fabuleuses petites roues qui nous donnaient tant de confiance… Cela n’a pas toujours été sans mal, mais après des plaies et des bosses, qui d’entre nous souhaite revenir aux petites roues ? Un jour l’oiseau quitte le nid. Un jour l’oiseau grandit, vole de ses propres ailes, fait ses propres choix. La famille est un cocon, pas une prison. Elle doit aider à grandir sans retenir. Elle doit aider à faire des choix, des choix mûrit par l’enfant non par ses parents, sa famille, ses amis.

Surtout ne jamais perdre de vue qu’on ne vit qu’une fois et que chaque hésitation représente une porte qui se ferme sur un lendemain. Surtout ne jamais oublier que pour avancer, il faut mettre un pied devant l’autre et ne pas rester les deux pieds dans le même sabot. A quoi aboutirait la recherche si elle passait son temps à relire ses notes ? Que connaîtrions-nous du monde, si nous étions restés dans nos murs ? Que saurions-nous de l’amour si nous n’étions pas allés vers l’autre ? Des choix pas faciles qu’il a bien fallu faire un jour… Pourquoi ? Comment ? Un déclic ? Une envie ? Une absence ? Un oubli de réfléchir ? Cessons justement de réfléchir, apprenons à agir plutôt. Il vaut mieux regretter d’avoir tenter que regretter de ne pas avoir fait. L’échec est une étape à gérer, une chose dont on apprend à se relever qui nous aide à grandir. L’immobilisme est une mort, une chose dont on n’apprend rien, un faux confort dans lequel on s’enferme, on y laisse sa joie, sa vraie nature, on devient élément du décor et non l’acteur principal de sa vie. Etre acteur de sa vie, c’est tout de même la chose essentielle, non ?


Alors, pourquoi s’isoler, s’enfermer ? Pourquoi ne pas faire le choix de la vie ? Prenez votre place dans la vie, dans votre vie. Réagissez avant que les regrets ne surgissent. Réagissez avant ce fameux trop tard. Votre vie est belle et le sera encore plus si vous tentez au moins de vous débarrassez de vos petites roues… Vous verrez bien le plaisir qu’on prend dans la réussite d’un objectif pas si évident que cela au premier abord.

L'appel de la randonnée

Amis randonneurs me voilà de retour ! Les derniers événements de ma vie en ont quelque peu bouleversé le cours, et j’ai mis de côté ma passion des randonnées. Certes, nous étions déjà usés, fatigués, lassés de ce rythme olympien, enchaînant formation de recyclage, reconnaissance et préparation de futures randonnées, encadrant d’autres, accumulant le stress de gérer des sorties, des week-ends entiers parfois aussi. Le rythme bien sûr, mais aussi la volonté de bien faire, l’envie que tout soit parfait pour tous, en quelque sorte l’envie de plaire, l’envie de faire partager ces paysages que nous aimons tant. Tout cela mis bout à bout, nous a conduit à prendre une année sabbatique, du moins d’un point de vue propositions de sorties et reconnaissance de randonnées. Une année à redevenir simple sortant, parfois encadrant mais d’une sortie non reconnue par soi, donc sans grand intérêt personnel.
Et puis les congés sont arrivés, après encore plein de rebondissements, du sombre, du noir, du très noir, du plus clair. En phase reconstruction, en phase construction, en vacances surtout. Nouveau démarrage, période de doute vite estompé, repli sur soi, un peu parfois, respiration iodée pour mieux s’oxygéner. Allers-retours entre ici et océan, océan mon bel océan.

Et puis c’est la rentrée, moral quasi retrouvé, nouvelle énergie, nouvelle difficultés dans un boulot devenu bien instable, bien lamentable dans sa cohorte de décisions arbitraires et dissonantes. Période pas trop longue avant ces congés d’octobre et ces moments uniques au bord de l'océan. Un téléphone qui sonne, un ami de randonnée qui vient aux nouvelles, s’inquiète que je les laisse tomber. Il est vrai que je suis le plus jeune du bureau…

Et puis, nouvelle rentrée, dans un monde encore plus stressé, encore plus brouillons, ambiance détestable, irritation permanente, à survoler depuis ce petit nuage tout nouveau, tout neuf, mais qui finalement me sied bien. Et puis ce coup de fil qui a fait renaître une envie de marcher, retrouver le sac à dos, l’ambiance du groupe, les joies de notre petit groupe. Sûrement la dernière rando de l’année, les autres ne m’attirent guère.

Et puis, voilà que je replonge dans le grand bain qui m’a attiré ces dernières années. Une randonnée proposée et retenue pour la saison prochaine, revoilà le travail de préparation qui recommence. Lecture de carte, déchiffrage, calcul de dénivelés, calcul de temps de marche, itinéraire d’accès, pause ravitaillement, bref, tout ce qui se cogite avant, avant même d’aller le vérifier sur le terrain. Ensuite suivra la rédaction du topo, trouver l’inspiration, trouver les mots sachant décrire les cinq sens comme les sens interdits. Exercice pas toujours facile… même pour moi.

Et puis, il y aura la reconnaissance, entres amis, sortie bonne humeur et sérieux pour bien analyser les pièges du terrain, mais aussi passer un bon moment, tranches de vie, moment de détente et de plaisirs, savoir associer le corps l’esprit et la chair, savoir être et savoir faire bonne chère, simplicité et convivialité toujours sans excès ou presque. C’est cela aussi notre esprit randonnée. Je connais quelques esprits chagrins qui préfère l’exploit sportif. Que voulez-vous, les montagnes ne bougent presque plus, alors laissez-nous flâner en chemin, respirer le thym et le romarin, s’installer confortablement pour notre festin.

Me voilà partant pour de nouvelles aventures randonneuses, investissement personnel mais aussi en groupe, car si le club fonctionne aujourd’hui, si nous sommes plusieurs à aimer s’y retrouver, c’est bien par le groupe que tout cela fonctionne, chacun à son niveau, chaque chose avec un groupe de taille appropriée.

Me voilà partant pour faire partager et découvrir tous ces lieux que j’adore, en expliquer le modelé, en décrire les contours, les atours, simple commercial de paysages qui ne sont ni à vendre, ni à prendre, simplement à aimer.

Me voilà partant, retrouvant mon sac à dos, mes chaussures, tout ce matériel oublié ces derniers temps, retrouvant l’envie de me dégourdir les jambes, même si je serais un peu tremblant à affronter les gens et leurs questions stupides pas si stupides que cela.

Me voilà partant et confiant. Qu’y a t’il de plus beau qu’une belle randonnée ? Dans le groupe il y a et aura notre petit groupe avec sa bonne humeur et sons sens aigu du partage, l’art de la convivialité poursuivie à l’extrême, l’impression d’exister par les autres en toute amitié. J’ai hâte d’y être…


Allez, laisser gentiment fourmiller vos pieds. Sentez cet appel de la nature grandir en vous. Soyez prêt à chaussez vos souliers et à enfiler votre sac à dos. Allez allez ! Bougez ! Venez randonner ! Venez partager ces instants instables du temps, ces instants de table tout autant, ces instants uniques aux vents changeant, ces instants conviviaux, je vous y convie.

L’Homme est un végétal comme les autres

Les premières gelées sont venues blanchir les nuits. Les végétaux les plus fragiles ont succombé à cette attaque nocturne et dans une attitude mollassonne meurent et se répandent sur la terre martyrisée par ce froid soudain. Comme beaucoup, les météorologues en premier, je fus surpris par ces basses températures et je n’avais encore opéré l’hivernale transhumance qui consiste à charrier à coup de brouette les plantes en pot de leurs lieux de villégiature à la douce chaleur de la serre. Bien sûr, ce jeu de taquin s’effectue ni trop tôt, ni trop tard, juste à temps, et là, et bien, le temps m’a pris de court… Donc, nous évaluerons les dégâts d’ici peu, et nous allons migrer ce qui reste en état de migrer… Je suis sûr aussi, que dans les prochains jours, le soleil va lancer ses dernières flèches brûlantes, comme il arrive souvent ces dernières années, histoire de faire grimper le mercure à des sommets encore jamais atteints en ces mois-ci, histoire d’exploser les records datant de 1946, d’affoler les présentateurs du journal télévisé ou de la météo, et surtout, de nous mettre flagada, mais aussi, de cramer les plantes rentrées trop tôt dans la serre !

En clair, rien n’est simple ! Donc, ce qui n’est pas gelé peut être encore brûlé ! La glace et le feu, à chacun sa morsure, à nous de suivre cette nature changeante. Humble jardinier, client attitré des jardineries ou jardinent de belles jardinières pour mieux attirer le client cherchant à remplir ses jardinières, nous sommes donc otages du baromètre, ou plutôt du thermomètre, enfin, plutôt du climat farceur. Philosophe je suis et je reste. Certains de mes géraniums ont derrières eux quelques années de potées, des bégonias jouent les prolongations depuis pas mal de temps déjà, alors pensez donc ! Ce ne sont pas quelques frimas qui vont me gâcher l’existence et si certaines de mes plantes s’en sont suicidées, point d’oraison funèbre, direct au compost, le pot sera recyclé dès que le printemps reviendra. En plus, chaque année, la serre semble trop petite ! L’essentiel pour moi est de pouvoir y caser mes citronniers et orangers. Avez-vous déjà senti le parfum de leurs fleurs dans l’aube humide ? Il me suffit d’ouvrir la porte de ma serre en hiver pour m’enivrer de ces effluves sucrés, réminiscences de mon enfance, odeurs de pâtisseries ou encore de l’eau parfumée avant d’aller au lit. Ma madeleine de Proust à moi. Le plus désolant dans cette attaque givrante, c’est de voir d’un seul coup les feuilles au sol, les plantes flétries, l’aspect soudain et désolant de ce qui était encore hier une luxuriante et verdoyante végétation. Bientôt ce ramassis de feuilles humides et définitivement mortes collera au sol et aux semelles. Dessous, l’herbe étouffée jaunira si le râteau n’intervient pas. Ramasser, vider, telles seront les prochaines opérations nécessaires à la survie des espèces et à un aspect un peu plus présentable. Cela me rappelle d’autres souvenirs olfactifs et visuels : Les volutes lourdes des fumées encore humides et l’odeur acre dégagées par la combustion des feuilles mortes.


Décidément, notre mémoire est bien plus peuplée que l’on ne croit. Des souvenirs, des émotions, des sons, des odeurs, des saveurs, tout cela stocké à notre insu dans nos cellules grises, prêt à bondir au moindre titillement, laissant remonter des pensées embuées, des choses lointaines qu’on pensait oubliées à jamais. L’écriture exerce la même chose. En livrant les mots sur la feuille, les idées arrivent, les souvenirs viennent, l’émotion est certaine. Plaisir d’écrire pour raconter, se raconter, plaisir de se retrouver soi-même, se remémorer ces instants, cette enfance oubliée, étape essentielle de l’être humain qui conditionne toute sa vie future, étape que l’on croit insouciante et ou pourtant tant de chose se forme, se constitue, s’empile, s’emmagasine, tant de chose qu’il faudra savoir digérer, tant de chose que seul l’âge aidera à comprendre et parfois nous fera regretter ces sentiments de rejet autrefois exprimés ou vécus. Le travail de l’âge sur l’Homme est comme celui des saisons sur la nature. Des pousses incontrôlées, des ramifications dans tous les sens, puis vient le temps de la gelée qui sélectionne les branches, renforce le corps et nous rend plus fort. Cette terrible gelée qui parfois nous blanchit le poil, cette terrible gelée qui un matin nous rend enfin adulte. Rien n’empêche de garder son âme d’enfant. Comme l’arbre enserre en son cœur ses premiers cernes, nous possédons toujours notre âme d’enfant. Parfois enfouie, parfois apparente, cache-cache de notre vie, cache-cache de la vie. Finalement, l’Homme est un végétal comme les autres. Je comprends mieux ma communion avec la nature et ce besoin quasi vital d’être entouré de belles plantes.

Ce cher virtuel

Une fois n’est pas de coutume, n’est ce pas, je vais m’intéresser à mes amitiés virtuelles, toutes ces belles âmes croisés sur les puissants réseaux de la toile. Tant de destins croisés, connectés un soir de lassitude, de solitude, un soir ou l’on va cliquer ici ou là. J’y pense aujourd’hui, car un des sites favoris vient de changer d’apparence, troquant sa modeste pelisse pour un costume clinquant dont il nous envoie désormais les traites à payer… Et oui, que voulez-vous, le monde est avant tout un lieu de commerce et donc d’échanges commerciaux… A vos porte-monnaie, carte bleue et autres, vous verrez bien que cela le vaut bien, en payant, vous en aurez autant que dans la précédente version qui par malheur était gratuite ! Monde amer au goût d’argent, monde sans odeur puisque l’argent n’a pas d’odeur, monde mercantile ou même de simples échanges deviennent payants. A répondre au racket, nous sommes tour à tour, prostitués ou clients, tous dans la main d’un proxènete racketteur… Tous ? Non, je n’en suis pas et je n’en serais pas.

J’ai aimé ce site dans cette facilité à échanger, à écrire.
Oui, c’est ce site qui m’a poussé à écrire et ainsi m’a aidé à franchir un cap difficile de ma vie. C’est ce site qui un jour de grand nettoyage, ou en fait il préparait la révolution actuelle puisque les textes qui figurent aujourd’hui sur ma fiche sont ceux de cette époque, ce site donc un jour, a purgé mes écrits, ce qui me poussa à créer mon blog pour y déposer tous ces textes, ces écrits lus, aimés, commentés, toutes ces petites parcelles de moi, écrites la plume trempée dans le cœur.

Oui c’est ce site qui m’a fait connaître de bien belles personnes, de belles âmes intervenant un triste soir d’été. Toutes ces amitiés virtuelles, dont certaines sont devenues bien réelles, paroles échangées, soirées partagées, des humeurs parfois grises aussi, et surtout, aujourd’hui, des beaux éclats de rire, des moments de belles complicités, des loisirs parfois, des amitiés vraies.

Aujourd’hui ce site, se renouvelle, pas en bien, et je ne suis pas le seul à m’en plaindre. Pétition ? Réclamation ? A quoi bon ? Lutte inégale du pot de terre contre le pot de fer, certains y trouvent leurs comptes, d’autres ont déjà versé leur obole tellement la publicité est bien faite, annonçant malhonnêtement le prix par jour afin de faire payer au mois des services autrefois gratuits. Certes, j’y ai trouvé quelques belles étoiles amies, des contacts sympas établis déjà sous d’autres cieux messagers, alors mon attirance est moins forte pour y rester. Mes textes ? Ils iront directement peupler mon blog… Certains connaissent l’adresse et en profiteront, j’aurais toujours plaisir à recevoir les commentaires ici ou là.


Un soir d’été, j’ai dit au revoir à ce site et à ses habitants pour de sombres raisons personnelles. Aujourd’hui, c’est lui qui nous quitte, devenu vulgaire et payant, restrictif et de moins en moins convivial, il s’échappe, il nous échappe, il fuit ce qui autrefois ont fait son âme et sa renommée. Nous voilà bien récompensés ! Rien ne sert de rêver, la vie ne fait jamais de cadeau, Internet encore moins. Je range mon clavier, mon accès, je vous retrouverais ici ou là, blog ou msn, vie réelle plutôt que virtuelle aussi et surtout. Nous n’avons qu’une vie, alors, ne la perdons pas sur le net, non ?

Jardins d'automne

Super soleil, ciel bleu, bref, le week-end s’annonce bien et tant mieux ! Il y a encore tant et tant de choses à faire dehors, les dernières tontes, les derniers rangements, préparer l’hivernage prochain, remiser les articles de l’été, ramasser les feuilles, ces si célèbres feuilles mortes qui se ramassent à la pelle… Rentrer les plantes d’intérieur de leur long séjour dehors, nettoyer aussi les abords du bassin, nourrir les poissons pour leur garantir les réserves nécessaires à leur long engourdissement. Bref, de quoi s’occuper, activement, ponctués de quelques matches certes, rugby d’abord en clôture de cette coupe du monde, football ensuite avec le championnat qui reprend ses droits. J’aime ces journées d’automne, ces instants privilégiés à s’occuper, à toiletter, à préparer le jardin pour cette transhumance. Le paysage change et changera profondément. Certaines plantes disparaîtront jusqu’au printemps, d’autres se déshabilleront, ou se pareront de leurs plus beaux atours. Fin de cycle pour la nature dont nous sommes partie, fin de cycle aussi pour nous, repli sur soi et repli au chaud bientôt, au coin du feu.

J’ai toujours évolué dans cette nature, cette mère nourricière, porteuse de tant d’espoirs, de tant de beautés que ce soit le jardin familial, fleuri et gourmand, que ce soit les beaux paysages alentours de notre région et d’autres. Je me sens plus que jamais homme de dehors, naturien oserais-je dire même, sans être un dictateur du ciseau ou du sécateur, un absolutiste de l’écologie, du moins telle qu’on nous la bassine, non, j’évolue au rythme des saisons, j’aime soigner mon jardin, mes arbres, ici ou là, chez moi ou ailleurs, sur des terres plus arides ou poussent des oliviers, parcelle à la croix noire ponctuée de cyprès, terre poussière sous la caresse du cultivateur, instant presque charnel, limite fusionnel dans cet échange agricole. L’odeur de la terre, acre ou douce, révèle son caractère, sa couleur, sa douceur, témoignent des longs échanges passés avec ses amants successifs. Et puis il y a l’odeur de la végétation, couvrant tout l’éventail d’une gamme olfactive, du sucre, du miel, du poivre, de l’épice, sans cesse changeante, sans cesse époustouflante. Et puis il y a la beauté du paysage autour, arrière plan présent, très présent même, des envies de partir, de gagner les sommets, telle la brave chèvre du non moins brave monsieur Seguin.

A évoquer ici tout cela, mes narines frémissent, mes neurones s’agitent, les sens sont en éveil, des envies de cet ailleurs bien présent me titillent. Aller vaquer à de belles flâneries par là-bas, aller sentir ce mystérieux maquis, aller encore et encore respirer la poussière, remplir encore et encore mes sens de toutes ces merveilles. Que l’émotion est grande, que le plaisir puissant, allons encore quelques lignes et je m’en vais dans mon jardin. L’herbe est verte et drue, ponctuée ici ou là de feuilles cramoisies, quelques champignons se montrent, de quoi parfumer une petite omelette, dernières roses offertes avant le sommeil, derniers boutons qui jamais ne se déboutonneront sous le timide soleil à venir. Ici ou là, ici et là, la nature, encore et toujours, la nature déesse réelle, aux beautés multiples, simples et complexes à la fois, la nature, encore et toujours m’enivre.


Allez, je vous y convie. Descendez voir le ciel bleu qu’il fait dehors. Et si vous ne pouvez m’y rejoindre, je vous adresse ces quelques mots, toujours bien faibles pour décrire la teneur, toujours pas assez fort pour décrire le bonheur. Je pars, j’ai rendez-vous avec la nature…

A bientôt !

Vivre

Bon, alors, le but n’est pas de tomber dans la sinistrose. Notre mission est belle et bien de savoir apprécier les moindres instants de nos vies, ces étincelles de bonheur qui ne demande qu’à embraser notre vie. Alors, qu’attendons-nous ? Soufflons sur ces braises et faisons naître ce grand feu, enflammons-nous, soyons fous, ivres de bonheur, de joies, respirons un grand coup et sourions à la vie !

La vie, cette maladie mortelle qui s’attrape à la naissance, la vie, je vous le dis, est à vivre ! Alors, vivons. Facile dirons certains. C’est vrai et pourtant, la vie n’est pas toujours facile, mais en y réfléchissant bien, c’est tout de même bien là notre véritable trésor, non ? Certes, elle comporte de bien tristes étapes, des épreuves, des périodes difficiles, mais que serait le bien sans le mal ? Le chaud sans le froid ? Le blanc sans le noir ? Chaque étape, chaque épreuve, nous forge, nous grandit et de là nous devenons plus forts. Tout cela est bien vite écrit et je ne détiens aucune vérité, je suis encore trop jeune ! Non, j’apprends encore à chaque instant, chaque jour, je tombe dans des pièges, des travers, je subis des revers, je plonge, je sombre, je coule parfois, mais la manière de contourner les pièges, de redresser la barre, de remonter à la surface, tout cela m’apprend à nager.

Si comme-moi il vous est déjà arrivé de boire la tasse, vous connaissez ce plaisir immense, ce goût inimitable de la première bouffée d’air, cette joie de sortir enfin la tête de l’eau. Le bonheur est ainsi. Grisant, renouvelant l’air de notre vie, enivrant, comment ne pas s’y résigner ? Bien sûr certaines vagues sont plus longues à traverser, plus violentes, mais il y a toujours un bout au tunnel, une belle lumière, non pas celle de l’au-delà, celle-la, je ne la connais pas, du moins pas encore, et pour tout dire rien ne presse, non, une douce lumière d’ici, un ciel d’azur, un soleil radieux et cet air si frais, si doux, si bon.

Cela vaut vraiment le coup de se battre pour vivre et connaître ce moment, qui plus est, de se battre pour le pérenniser. Bon, ne sombrons pas non plus dans l’excès, ne coulons pas exprès pour revivre cela ! La vie comporte certaines règles, la vie comporte certains excès, à chacun de nous de le savoir, de composer avec, de vivre avec. Vivre, plus qu’une philosophie, c’est avant tout un acte d’amour. Vivre c’est aimer. Aimer. Vivre. Aimer vivre. Se battre pour cela. Chercher sa voie, trouver le lagon ou vous nagerez dans ces belles eaux claires et féeriques, ne jamais baisser les bras, ce lagon là existe, ne l’oubliez pas. Cherchez-le en vous donnant la peine de le trouver. Il n’y a pas de carte, pas de GPS, pas de méthode.


La chasse au bonheur est ouverte ! Foncez ! Il n’y a pas d’autre recette au bonheur que d’être soi et d’être en paix avec soi-même. Etre soi, c’est aussi le plus beau cadeau qui soit, prêt à offrir à cette âme qui bientôt vous sourira.

Baril, vous avez dit baril ?

Ambiance pesante dans un contexte économique difficile et devenant encore plus difficile. La société dégraisse ses effectifs tout en augmentant ses charges de travail et pour la première fois, sans réel plan social. Les postes à supprimer sont clairement définis et les départs désignés ou presque, sans tenir compte de départs anticipés possibles d’autres personnes. Résultat, des ex-futurs préretraités aigris et des surpris abattus. En pleine ère de la communication, voilà que nous ne communiquons plus, que nous ne savons plus communiquer. L’Homme devient un simple numéro, une matière première jetable, corvéable à merci, éliminable à merci. Ceux qui restent n’ont pas meilleure situation : du travail par dessus la tête, des heures et des heures pour un salaire désespéramment stable, voire même en chute libre vu son équivalent en pouvoir d’achat. Car là est bien la réalité économique : la traduction du salaire en pouvoir d’achat.

Le vrai pouvoir d’achat, basé sur l’ensemble des produits que nous achetons, pas sur un échantillon défini dans les hautes sphères de notre société. Le baril de brut s’envole, bientôt la valse des étiquettes sur tous nos produits et pas seulement à la pompe. Tous les produits vendus sont transportés. Le transporteur passe à la pompe et répercute ses coûts sur sa facture. Le détaillant répercute à son tour, et nous, humbles consommateurs, payons… A ce petit jeu, il y a tout de même un grand gagnant : L’état. Il encaisse une TVA sur le litre de carburant comme sur le produit vendu. En clair, une augmentation du baril de pétrole, remplit doublement les caisses de l’état. Dès lors, à quoi bon mettre en œuvre des stratégies et politiques qui tueraient la poule aux œufs d’or ?

Triste réalité économique, nos fins de mois se rapprochent vertigineusement du début du mois. Les salaires ne croissent plus, les dépenses explosent, la société vit à crédit. Sinistrose ambiante ? C’est sûr que la morosité s’installe progressivement. Dans le même temps, la classe riche, s’enrichit de plus en plus, le fossé se creuse et il n’y a bientôt plus de juste milieu. Quelles solutions pour notre économie ? Quelles économies pour notre économie ? Il n’y a pas si loin dans notre Histoire, le peuple réclamait du pain. Qu’est devenu aujourd’hui notre pain quotidien ? Jusqu’à quand aurons-nous une marge de manœuvre ?

Certes aujourd’hui l’augmentation du prix du baril de brut en dollar est contrebalancée par la dégradation du dollar par rapport à l’euro, ce qui limite la répercussion chez nous. Par contre, cet euro fort pénalise nos exportations et donc notre économie… Voilà qui pousse un peu plus nos industriels à s’expatrier hors zone euros avec, bien entendu, nos emplois… Simple hémorragie ou hémorragie salutaire ? Nul doute qu’à moment donné la balance s’équilibrera, les pays émergeants connaîtront à leur tour une explosion sociale, des besoins nouveaux générés et donc à pourvoir. Les salaires devront suivre et la donne sera remise en question. Sans compter la stabilité géopolitique assez fragile dans certaines contrées qui devraient inciter à plus de méfiance nos industriels. Retour de manivelle de notre supériorité industrielle et économique ? Peut-être, au mieux simple alerte. Attention à ne pas nous réveiller un matin avec la gueule de bois. Les prochains jours s’annoncent un peu plus difficiles. Anticipons cela et plus que jamais, relativisons.

Il y a toujours mieux, il y a toujours pire.

Retrouvailles

Il était là devant moi, la mine défaite, un peu recroquevillé sur lui-même, quelques zébrures plus ou moins profondes le défiguraient quelques peu, mais cela lui donnait tout de même cette patine qui sied tant tout en affirmant la victoire sur les choses du temps. J’avoue ne pas l’avoir reconnu de prime abord. Cela faisait longtemps, et puis, la mémoire enjolive toujours les souvenirs qu’elle renferme. Emotion contenue, moment de stupeur et empreint d’une joie mélancolique, un peu de buée aux yeux, voilà tant de souvenirs, d’images un peu fanées d’il y a quelques années, cette longue absence, cette séparation durant tant de temps…

A vrai dire, ces dernières années sont passées tellement vite, que je ne songeais plus à lui, et, qu’en dehors de ces émouvantes retrouvailles, je l’avais un peu oublié… Que voulez-vous, ma tête est vite pleine, par manque de place sûrement, oui c’est même certain, par manque de place, une idée nouvelle à ranger dans une de ces petites cases cérébrales a opéré ce tri magique, ce remplacement, ce réagencement. Bref, je ne l’avais plus en vue. De là à dire que je ne pouvais pas le voir ! Il n’y a qu’un pas, ce pas là qui maintenant nous sépare… Hésitation, tel un enfant devant son paquet emballé au pied du sapin, je le regardais sans oser le toucher, le prendre, le serrer contre moi.

Ah ! Que d’instants vécus, de paysages traversés, que de voyages effectués, des soirées animées, parfois devant un bon feu, parfois arrosés, toujours inséparables, jamais séparés en dehors de ces dernières années… C’est vrai, c’est bien lui, je le reconnais à présent, même si je l’imaginais un peu moins épais, un peu plus grand. Vision idéalisée ? Sûrement. En tout cas, je les revois bien ces moments de joies vécues ensemble, limite inséparable malgré les regards de convoitise autour, ce sentiment de joie de t’avoir avec moi toujours. Et puis, le temps a passé, ma vie a pris d’autres virages et je t’ai perdu de vue. La vie, les déménagements ont accompli leurs œuvres. Je te croyais perdu à jamais, jusqu’à aujourd’hui.


Enfin, te voilà, un peu mal en point, fatigue et ouvrage du temps, tu m’as l’air bien défraîchi tout de même. Mais bon, je te retrouve et avec toi nos souvenirs. Oserais-je dire souvenirs de jeunesse ? Années de colonies, la mer, le ski, le sac à dos, la neige ou le sable, le matin, l’après-midi ou le soir, toujours ensemble ou presque. J’en suis ému, c’est si soudain cette rencontre, encore un de ces hasards du destin, encore une fois nous en sommes les jouets. Bon, attends, je ne vais pas te laisser là comme ça, viens par ici, cela mérite tout de même un bon scotch, de quoi te remettre d’aplomb, de donner meilleure mine, tu m’as l’air tant chiffonné. Et puis, ce n’est pas tous les jours, que je te retrouve, toi, mon vieux cahier.

Actualité

Actualité en haleine, la terre s’arrête de tourner, les caméras sont branchées, les micros ouverts, scoop ou rumeur, vont-ils ou non se séparer ? Que de journalistes rigides nous expliquant que cela n’est pas possible à cause de notre bienveillante constitution, attention, millésime 1958, c’est vous dire si elle a de la bouteille ! Alors ? Possible ou non ? Oui mais voilà, ce n’est pas un simple quidam, qui lui a le droit de divorcer ou non et d’ailleurs, cela se pratique à longueur de temps, sans le moindre micro, sans la moindre caméra, non, là, il s’agit de Monsieur le Président de la République, tout de même ! Alors, en a-t-il le droit ?

Rassurez-vous, je ne veux pas rentrer dans un débat politique et je m’intéresse là à aucun courant ou parti. Non, ma réflexion est de constater qu’encore une fois on stigmatise une fonction dans sa définition d’il y a cinquante ans, voire même plus ! Que diable ! Le Président est, d’ailleurs même avant d’être président, un homme et il serait tout de même temps que les plus hautes fonctions de notre état, celles qui sont sensées nous représenter, s’inscrivent davantage dans notre époque, dans leur époque, cela désacraliserait tout de même un peu, pour ne pas dire dépoussiérer, cette fonction et la rapprocherait du peuple que nous sommes. Attention, je ne dis pas que dès qu’un président est élu, il faut qu’il divorce, mais qu’à l’image de la population, le président peut être célibataire, veuf, divorcé, pacsé, ce n’est pas là le primordial pour exercer son mandat.

Sont-ce là les restes de nos valeurs et morales judéo-chrétiennes ? Ces hommes sont-ils des dieux ou des humains ? Pourquoi les placer au-dessus des Hommes puisque nous n’acceptons pas de les placer au-dessus des lois ? Qui, de prés ou de loin, n’a pas été concerné par un divorce ? Est-ce là une étape bénigne de la vie ? Non, certes pas, mais si elle est une étape difficile à gérer et à franchir, elle est tout de même plus saine que de vivre un conflit latent. Dès lors, laissons le droit d’exercer la fonction de la façon la plus sereine possible, et redonnons un côté humain à cette haute fonction. Et puis surtout, respectons l’intimité, débranchons les micros et caméras, allons à la chasse à d’autres scoops et actualités, pour tout dire, c’est cela qui nous intéresse le plus, non ?

Etre à la hauteur

Un peu de vague à l’âme, une fois n’est pas de coutume. Vieux démons ressurgissant d’un passé pas si passé ou simple brume d’un cerveau sursaturé par des formations déformantes ? Je ne saurais dire, toujours est-il que me voilà bien sombre, sentiment d’usure, sentiment de retour à une vie que je pensais avoir quitté… Là, me voilà las… Mon blog est resté orphelin ces derniers jours, pas de texte, grève de l’écriture ? Non, simple manque de temps et d’envie, fatigue du soir, le cerveau vidé par des journées entières de formations dignes de politicien, l’art de prêcher le noir et le blanc avec la même facilité, l’art de ne plus être soi-même. Tout cela après une semaine de vacances, une semaine merveilleuse à vivre les joies simples de la vie familiale.

Retour à la réalité. Retour à cette vie trépidante et usante. Maison vide, trop vide, volume non approprié aux fonctions vitales de l’homme seul du vingt et unième siècle : un pc, un tabouret, un lit et quelques commodités suffiraient… Retour sur une vie trop collée à ma peau. Trop d’instants de solitude bien réels, entrecoupés d’éclairs virtuels. Une vie parsemée d’histoires en pointillées, des vies à attendre, à rêver… Trop peut-être. Des histoires qui se sont suivies, des histoires suivies, à distance, en pointillés, court puis de plus en plus étirés jusqu’à atteindre la limite et rompre… Histoires trop similaires aux prénoms changeant… Ne comptez pas sur moi pour en faire l’inventaire, d’ailleurs à quoi cela servirait-il ? A remplir d’aise une curiosité mal fondée ? A publier une liste, inventaire à la Prévert de charmants prénoms encore bien présent dans ma mémoire défaillante ? L’histoire se répète, obsédant défilé du temps, comme une plaie incapable de se cicatriser définitivement. Impression aussi et encore de n’être pas l’homme de la situation, sentiment de défaillance, sentiment d’usure.


Etre à la hauteur. Voilà bien une terrible expression. Conséquence de notre éducation, de l’inculcation de ces modèles, de cette course à la performance. Etre le premier, arriver au sommet, prendre de la hauteur sur l’événement, devenir haut placé… Notre vie, notre histoire, notre culture est peuplée de ces exemples, des ces formules, de ces proverbes agissant sur notre mental dans un travail de sape, poussant le plus jeune enfant à se battre pour sa supériorité. « L’essentiel est de participer » disait Coubertin. Que notre monde a bien changé, sa devise actuelle serait plutôt « l’essentiel est d’être premier ». Nous n’arrivons même plus à bâtir des relations d’égal à égal, nous nous engluons dans nos modèles supérieurs et inférieurs. Drôle de monde. Difficile de s’y situer, de se positionner…à la bonne hauteur ! Je ne sais si c’est cette grisaille ambiante, ces journées courtes, ces routes saturées matins et soirs qui me donnent ce spleen, toujours est-il que là est bien mon état… Vivement le week-end !

Vivez !

Communication et communion ont même racine. Pour communiquer, il faut être en communion ce qui malheureusement n’est pas toujours le cas. Dès lors que c’est esprit de communion n’est plus, il est bon de réfléchir à ce que cela représente. Est-ce un état passager ? Une fatigue momentanée ? Une usure latente en train de s’installer ? Il est urgent de mettre tout en œuvre pour y tordre le cou et, il n’y a que deux échappatoires : soit la communication reprend grâce à l’aide des deux, celui qui a besoin d’aide et celui qui aide, soit la communication est belle et bien morte et là, quelle que soit la vision de la relation, les choses sont rompues à un niveau trop crucial pour en espérer un quelconque retour.

Il est très dur et très pénible de vivre cela, d’être confronté à des silences en guise de réponse mais la vie est belle et bien courte pour s’appesantir de ces non dits. Aucune raison de vouloir l’écourter davantage, mais au contraire, l’occasion rêvée de prendre un nouveau départ, même si ce n’est pas l’issue la plus simple et la plus facile sur le plan matériel. A quoi nous servent nos richesses si c’est pour vivre étouffés dans une non relation ? La vie réserve tant de surprise, tant de bonheur aussi lorsqu’on prend la peine de reprendre le chemin, de s’ouvrir aux autres, de s’ouvrir à l’autre.

Je sais que cette vision peut sembler idyllique voire même irréalisable, mais, pour avoir vécu, pour avoir failli faire de terribles bêtises, pour vivre ce que je vis aujourd’hui, je vous assure que c’est bien là des choses existantes, de bien belles choses. Aucun adjectif ne serait assez fort pour traduire le bonheur ressenti. Aucune phrase ne serait assez puissante pour traduire cela. Pourtant, si mes écrits pouvaient éviter à des âmes en peine de faire le mauvais choix, celui bien noir et bien triste, bien lâche et bien affreux de chercher une issue dans la mort, alors, je serais encore plus heureux.

Sachez que cela existe, et même, que cela est. Moi-même, je n’y croyais pas il y a 3 mois de cela. Sachez qu’à s’enfermer dans une relation qui n’est plus sienne, qui n’est plus saine, on meurt petit à petit, rongé par le stress généré par tous ces conflits latents, par ces non-dits, par ces phrases qui se terminent sans écho. Sachez que cette relation qu’on croit morte, peut renaître sous des formes plus amicales et garder une complicité. Sachez cela et agissez donc en connaissance de cause. Le matériel est une chose, la vie en est une autre. Les biens se vendent, les dettes s’effacent, la vie reprend le dessus, plus belle que jamais, plus belle encore. Et, si je passe là pour un optimiste, sachez simplement que j’ai vécu et que je vis. C’est là donc mon humble témoignage. Je le souhaite simplement gardien de vies. C’est si beau la vie. Ne laissez personne vous la gâcher, et surtout, ne cherchez jamais à y attenter.

Vivez, souriez, dialoguez, sortez, bougez ! Prenez-vous en main, vous seul avez ce choix là !

Philosophie

Qui peut dire ? Qui sait dire ? Comment dire ? Pourquoi ?
Bon, voilà, le sujet est lancé, vous avez une heure trente pour plancher et ensuite je relève les copies. Combien de sujet aussi vide, aussi imprécis à disserter ? Dans quel but ? Comment peut-on évaluer la copie ? Sur quelle base ? Le raisonnement ? L’argumentation ? Certes. Mais combien de correcteurs deviennent censeurs sans faire abstraction de leurs propres idées ? Trop certainement. Ma scolarité, relativement honnête cela dit, m’a fait connaître de ces spécimens de professeurs qui ne savent pas déconnecter de leurs idées lors de la correction de nos dissertations adolescentes. Combien de notes annotées d’annotations trahissant de personnelles idées ?
Combien de copies à noter seront censurées par défaut d’autocensure ?

Certes, je reconnais qu’il n’est pas toujours facile de rester neutre et sans partie pris mais c’est là qu’est le professionnalisme. C’est exactement la même chose pour toutes autres activités sportives ou autres, évaluées par un ou plusieurs juges. Dès lors, ce ne sont plus les idées qui sont jugées et notées mais le style, la présentation, l’allure et cela parfois hélas, sans la neutralité nécessaire. Dès lors, combien de résultats faussés, combien de carrières galvaudées, combien de désillusions et d’incompréhensions pour ce qui n’est au départ qu’une faute professionnelle, somme toute. Difficulté de l’exercice pour des disciplines déjà peu concrètes et qui finissent par être rebutantes si en plus ce sont les idées, ou plutôt leurs non-conformités avec le corps enseignant qui sont jaugées. Matière non matérialisable, plutôt enseignement ou découverte de la culture, de l’art d’interpréter, de l’art d’être, exercice rhétorique, apprendre à construire, à se construire au travers de sujet qui du coup ne deviennent plus la clé de voûte de l’exercice, mais simplement le grain de sable noyé dans la fondation.

Malgré ma formation technique des plus techniques de par mon cheminement scolaire, la philosophie telle qu’elle m’a été professorée, a su éveiller la curiosité des citations, des auteurs au travers des âges, de la mécanique de la discussion et de l’argumentation. J’avoue que, comme beaucoup, j’ai considéré cela comme une perte de temps, une masturbation intellectuelle et bien sûr une discipline parfaitement inutile. Pourtant, quelques années plus tard, j’avoue retrouver le plaisir des citations, le plaisir de la discussion dans son sens premier. Certes, je ne suis pas expert dans cet exercice là, mais bon, on peut toujours essayer, non ? La philosophie ou les philosophies ? Car à chacun sa philosophie ! Et puis même, je dirais, à chaque instant sa philosophie. Nous ne pouvons pas avoir la même vision suivant les événements de notre vie, du moins, dans mon cas, je reconnais être à philosophie variable…

L’essentiel, c’est bel et bien de débattre, d’argumenter, de structurer, de référencer, de s’inscrire dans une culture générale et en tout premier lieu, de s’exprimer. Quel que soit le sujet, en discuter, en s’appropriant le thème, en se livrant dans le débat, c’est là le fin mot, ou le mot fin qui s’inscrit après la structuration des idées et leurs argumentaires. Peu importe sa position par rapport au sujet, c’est de savoir en débattre qui est important. La philosophie, sous ce mot trop précieux n’est pas si compliquée que cela. Et puis, en la démocratisant, en la sortant des salons trop bourgeois des philosophes coincés et moralisateurs, elle deviendrait un fabuleux moteur d’échanges et d’expression.

Histoire du temps

Qu’il est bon de couper le rythme habituel, prendre des jours de congés dans cette période dite hors saison et ainsi évoluer à contre courant du monde. Retrouver le temps, ce fameux temps contre lequel nous courrons toute notre vie. Vivre hors du temps, s’arrêter, se déconnecter, oublier un peu le monde et le sens dans lequel il tourne, plus ou moins bien, oublier son actualité. Prendre le temps de flâner en chemin, de vivre et respirer. Donner du temps au temps, celui que nous ne trouvons jamais le reste de l’année. Le temps d’aimer, le temps de découvrir, de se découvrir aussi… Double sens ? Peut-être, et même sûrement diront ceux qui me connaissent bien.

Le temps d’avoir le temps, c’est important. Le temps, toujours le temps. Sans cesse nous remettons à demain des choses que nous pourrions faire mais que nous ne faisons pas faute de temps. Le temps encore. Encore le temps. Par tous les temps, de tout temps, sans cesse nous n’avons pas le temps… Au temps pour moi ! Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos minutes, nos chères heures, nos beaux jours de congés, à ce temps libre… Tiens! Encore le temps ? Enfin, le temps de le dire, le temps de l’écrire, histoire de mots, histoire de temps, jeu de jongle et bouquet de mots, des phrases qui s’enchaînent, rythment le texte, découpent le temps…

Bon, comment définir le temps ? Qu’est ce que le temps ? Le temps qu’il fait ? Ou le temps qu’on passe ? Le temps passe, oui, c’est sûr, qu’il fasse beau ou mauvais, qu’on ait le temps ou non… Bref, le temps se moque du temps… Le temps est donc un sacré personnage, qui se moque de lui-même, mais se soucie-t-il de nous pour autant ? Difficile à dire réellement. Sommes-nous acteurs du temps ou jouets du temps ? Sommes-nous là à temps, ou à contretemps ? Aïe ! Manquait plus qu le temps soit contré ! Déjà que le sujet s’embrouille, comment va-t-on-s’en sortir et en sortira-t-on à temps ? Je veux bien prendre le temps d’y voir plus clair mais en aurais-je le temps ? Pour le moment, j’ai beau temps, c’est déjà ça. Tant qu’à faire ! Autant que cela soit par beau temps, et essayons d’avoir du bon temps de temps en temps…

Oups ! Aurais-je perdu votre attention ? Attention ! Ce ne sont là que quelques belles expressions de notre belle langue française, et j’avoue que de temps en temps, j’aime jouer avec elles, les faire résonner, les dissocier, les associer, rythmer les phrases au son des mots, jouer sur les mots ? Oui, j’avoue ! Il faut dire que mes lectures ou mes écoutes ont pour auteurs de bien beaux maîtres de la chorégraphie verbale et scripturale. Les citer m’incite à la prudence, tellement j’ai peur d’en oublier. Oh ! Non dans ma mémoire, mais sur l’instant, sur le papier, je suis sûr que l’un ou l’autre de ces nobles hommes irait se cacher au moment d’être citer à comparaître… Bon, je me risque à énumérer quelques-uns uns d’entre eux… Il n’y a dans mon inventaire, ni ordre de préférence, ni ordre d’apparition dans ma vie, et si jamais vous deviniez quelques oublis, veuillez m’en faire part, je vous en serais gré, cela m’arrive aussi de temps à autre… Autres temps, autres mœurs… Mais revenons à nos auteurs de mots et même de bons mots ! Les Alphonse Allais, Pierre Dac, Raymond Devos, Bobby Lapointe, Sacha Guitry… ont bercé de leurs textes mon enfance et habitué peu à peu mon cerveau à cette gymnastique verbale. Simple déformation, sans imitation, juste une inspiration peut-être et en tout cas, rien de comparable. Question de temps ? Hum…. Voilà que le temps revient ! Le temps comme dénominateur commun d’un texte, texte à temps, texte de temps, exercice de style, comme ça, pour le plaisir, de temps en temps. Que voulez-vous, on ne se refait pas !

La force de l'habitude

Combien de fois fonctionne-t-on par habitude ? Trop c’est sûr ! D’ailleurs même une fois c’est une fois de trop ! A ne jamais se remettre en question, à trop agir par habitude, on maintient en place des procédés et des fonctionnements parfois devenus incohérent dans le moment présent. Même les statistiques sont là pour nous le rappeler : la majorité des accidents de voitures se font dans la partie du trajet la mieux connue, la plus proche du domicile. Là encore, dans un environnement connu, nous fonctionnons toujours ou presque par habitude.

Prenons un cas concret :
Mettez 5 chimpanzés dans une chambre. Accrochez une banane au plafond et mettez une échelle permettant d'accéder à la banane. Assurez-vous qu'il n'y a pas d'autre moyen d'attraper la banane que d'utiliser l'échelle.
Mettez en place un système qui fait tomber de l'eau très glacée dans toute la chambre (par le plafond bien sur) dès qu'on commence à escalader l'échelle. Les chimpanzés apprennent vite qu'il ne faut pas escalader l'échelle. Arrêtez le système d'eau glacée, de sorte que l'escalade n'a plus son effet gelé.
Maintenant, remplacez l'un des chimpanzés par un nouveau. Ce dernier va chercher à escalader et sans comprendre pourquoi, se fera tabasser par les autres.
Remplacez encore un des vieux chimpanzés par un nouveau. Ce dernier se fera encore tabasser, et c'est le chimpanzé No 6 (celui qui a été introduit juste avant) qui tapera le plus fort.
Continuez le processus jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des nouveaux. Alors, aucun ne cherchera à escalader l'échelle et si jamais y en a un qui pour une raison quelconque ose y penser, il se fait massacrer illico presto par les autres.
Le pire, c'est qu'aucun des chimpanzés n'a la moindre idée sur le pourquoi de la chose…


Voilà comment fonctionne nos entreprises. Nous continuons de reproduire des techniques transmises par nos anciens sans savoir pourquoi les choses sont faites comme cela. Bien sûr, dès qu’on parle de singe et de banane, tout le monde rigole, mais en y réfléchissant bien, n’avez-vous pas dans vos activités des techniques, des méthodes, transmises par des anciens collègues aujourd’hui partis à la retraite et qui continue d’être enseignées telles quelles aux nouveaux embauchés ? Il n’en faudrait pas beaucoup pour trouver la même chose dans notre cher enseignement… Je me souviens avoir appris des technologies des années 40 et 50, les bons vieux tubes électroniques pour les connaisseurs, alors que nous étions dans les années 90, en plein semi-conducteur et autres circuits intégrés. Inutiles de vous dire l’inutilité de ces cours pour notre future vie active et le désarroi de nos futurs employeur devant notre ignorance…


Alors, ayons tous un bon réflexe, regardons un peu toutes les choses, même les plus insignifiantes, que nous faisons régulièrement et soyons un peu plus critique sur la façon dont on les fait, puis surtout, comprenons ou essayons de comprendre pourquoi nous les faisons. Vous verrez vite une progression sur deux plans : d’abord votre motivation à faire les choses en sera décuplée, d’autre part, vos activités risquent soudain de prendre un sacré coup de jeune.

Ah oui, un autre gain : Vous pourrez manger la banane ! C’est excellent pour la santé !

Séisme économique

Tremblements économiques, secousses à répétition, le monde découvre que de grands dirigeants ont mangé les plus grosses parts d’un gâteau monétaire. Tels des gamins chapardant la nourriture avant de passer à table, ces vilains patrons ont osé vendre leurs parts avant que la crise connue de tous soit officiellement publiée. Marché de dupes, société capitaliste et capitalisée, aujourd’hui menacée d’être décapitée par une autorité qui au temps des événements, pour ne pas dire des actions, a su autoriser la vente… Scandales à répétition, contexte international difficile, parité euro - dollar pas si impartiale que cela, que fait-on des employés, de ces grains de sables bien loin de coincer la machine, qui peu à peu se démobilisent. Spirale dangereuse, l’avion vole de trou d’air en trou d’air, pour combien de temps encore ?

Mon propos n’est pas de faire un traité d’économie, ni une analyse comparative entre les différents pays du globe, je n’en ai pas les compétences et ne suis pas attirer d’ailleurs par ce milieu. Aujourd’hui, nous privatisons tout, jusqu’au club de foot même, tout s’achète, tout se vend comme un simple bien matériel au détriment des forces vives, des humains qui font encore pour quelques temps fonctionner la machine. Tout est mis aux enchères, les actions comme les objets, je n’ai pas besoin de citer les sites nombreux à s’enrichir sur le sujet. Quand on voit combien certains sont prêts à mettre d’argent dans une place de concert, de stade, pour un objet, pour être le premier à voler dans un A380, on peut mesurer la folie de notre monde, le déséquilibre de richesse qui existe et se creuse un peu plus chaque jour, la différence de stature dans nos sociétés. L’impression folle que ces chiffres tellement astronomiques qu’ils ne veulent plus rien dire pour nous, ne représente qu’un argent de poche que des garnements trop riches ne savent même plus dépenser et dont ils cherchent à se débarrasser pour mieux accueillir les nouveaux billets du jour.

Non, mon propos serait plutôt de noter l’hypocrisie ambiante devenue qualité première pour réussir dans notre société. Savoir être hypocrite, ne pas avoir peur de s’entourer de fusible à faire sauter dès la première secousse. Aujourd’hui on accuse des dirigeants d’avoir profité du système, mais encore une fois, que fait-on pour que le système n’autorise plus ce genre de dérive ? Je ne suis pas avocat de la défense ni accusateur public, je ne suis pas partie prenante d’un ou l’autre, mais encore une fois, on soigne les conséquences du mal sans chercher à supprimer les causes. Lorsque nous avons mal, nous prenons un anti-inflammatoire, merveilleux produit masquant soulageant la douleur mais qui ne soigne en aucun cas la cause. Dans certains cas cela est pire, la cause empire, bien cachée par le médicament pris, jusqu’au jour il est trop tard pour intervenir dans de bonnes conditions.

Allons-nous longtemps continuer ainsi à poser des emplâtres sur des jambes de bois, à traiter à l’euphorisant notre société ? Allons nous attendre qu’il soit trop tard pour s’apercevoir qu’il est trop tard ? Et si nous profitions de ces scandales à répétition pour mettre un bon coup de pied dans la fourmilière, et repartir sur des bases saines. Même si cela coûte, cela coûtera moins que d’attendre et que d’essayer de ranimer des cendres.Amer constat, mais l’économie est le nerf de notre société. Ambiance. Journée grise. Vivement les vacances, du moins, se couper un peu de cette actualité peu reluisante.

Randonnées

D’avoir écrit sur ces belles contrées entre Landes et Pyrénées, voilà que mes jambes fourmillent et que mon sac à dos se rappelle à mon bon souvenir. Et oui, randonneur je suis, randonneur je reste ! Terme ambigu que celui de randonneur tellement il cache tant de choses, tant de niveaux, tant de pratiques. Soyons clair, la randonnée pédestre pour moi n’est pas la recherche d’exploits sportifs, le prétexte à une course poursuite contre le temps, une liste de sommet à cocher sur un quelconque carnet de route, non, la randonnée pédestre et prétexte à la découverte, à l’enrichissement non pas monétaire mais culturel, puis au partage. Je randonne depuis toujours, d’abord seul, au hasard des mes vacances, des mes week-ends, balade naturelle, sans notion de temps, juste beaucoup d’envie, puis, j’ai rejoint une association, d’abord en tant qu’adhérent puis rapidement je suis allé étoffer le bureau, rajeunir les cadres de ce club. J’y ai découvert une autre facette de la randonnée : l’élaboration du calendrier des sorties, les propositions de randonnées, les repérages en amont et…l’encadrement. J’y ai connu aussi celle qui a partagé ma vie durant ces dernières années, celle qui est aujourd’hui une amie, celle qui m’a fait découvrir son pays, ce magnifique terroir riche en trésors, et qui pour moi n’était qu’un panneau marron au bord de l’autoroute de la mer, un tas de cailloux en bordure de route.

Voilà aussi un des aspects captivant de la randonnée, non point les rencontres, vous pouvez rencontrer quelqu’un n’importe ou, il suffit de croiser d’autres routes solitaires, sur des voies virtuelles ou réelles, n’est ce pas ? Non, ce qui me plait c’est de découvrir de nouveaux coins, de nouveaux paysages, au gré des sorties encadrés par des experts du lieu, ou alors, se focaliser sur un coin de la carte, en apprendre les contours, les bosses, à la force du mollet, au gré des visites, en écoutant aussi respirer l’endroit, en écoutant les gens, en se renseignant dans les livres, les syndicats d’initiatives, les anecdotes savoureusement distillées par les gens du cru. C’est ainsi que j’ai appris à vivre, à respirer, à deviner, à aimer ce pays tout entier, ces régions explorées. Je me suis fondu dans le paysage, je l’ai visité à chacune des saisons, par tous les temps, j’ai appris à lire chaque détail du relief, à reconnaître les différentes espèces de la flore si riche par ici, à me situer dans cet univers finalement pas si caillouteux. Alaric, puisque c’est de toi qu’il s’agit, Alaric, combien de tes chemins ai-je parcouru ? Combien de choses de toi ai-je appris ? Ecole de la vie, écoles de vies, école d’envie. Retrouver dans ces talus effondrés la trace d’anciennes cultures en terrasse, imaginer la bergerie toute entière dressée, l’esplanade de platanes devant, la source chantante là ou ne reste aujourd’hui qu’un ruisseau sec, imaginer les populations empruntant chaque jour ces voies de communication aujourd’hui terrain de jeu pour vététistes en goguette ou randonneurs aux mollets d’airain.


Se passionner pour un terrain, c’est aussi en connaître la composition, la flore, ici riche et abondante au printemps, les attraits de chaque saison, les reliefs et paysages autour, c’est aussi revenir toujours avec plaisir en cet endroit aimé. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est y amener d’autres personnes, faire partager mon humble connaissance du coin, expliquer qu’à quelques kilomètres de chez soi, dans un paysage semblant si austère, on trouve encore des trésors, des sources de bonheurs, des envies d’évasions le temps d’une journée à partager. Bien sûr, le moment du repas donne au partage toute sa dimension, lorsque chacun sort du sac sa contribution à ce qui sera notre repas commun. La communion prend alors tout son ampleur et les liens se resserrent. L’occasion aussi de se rappeler les dernières anecdotes, de rire ensemble, richesse suprême de nos vies d’hommes. Alors, bercés par la douce lumière, enivrés par les effluves sucrés du maquis proche, il se pourrait bien que nous prolongions l’instant d’une sieste salutaire…

Vous voyez bien, la randonnée pour moi, n’est pas que sportive, la convivialité, comme en tout, doit rester de mise !

Octobre (3)

Hum ! Il fait en ce moment le temps que j’adore ! De belles journées ensoleillées pour profiter pleinement et répondre à l’appel de la nature…enfin, presque ! Je suis enfermé au boulot pour le moment, mais les congés, ces merveilleux congés d’octobre me tendent les bras… Plus que quelques jours, et je dois avouer que cela me tente fortement, me tarde même tellement ces jours tardent à venir… Quelques jours de charmes, de plaisirs, de détentes à goûter aux joies et bonheurs de la vie simple, sans aucunes contraintes. Coupure avec la vie active et ses pressions, coupure avec un environnement parfois oppressant, ces jours de cognés seront profitables pour respirer, se poser, recharger les batteries pour reprendre au mieux les activités. L’occasion aussi de se voir, de se rencontrer, de partager des instants devenus si précieux, si important pour nous deux, moments de retrouvailles, après chacun ses batailles, retrouvailles précieuses et chaleureuses forcement, nouveau départ, nouvelle vie, nouvel endroit, recomposition familiale, envies partagées, chaleur unique du foyer, voilà bien le creuset de beaucoup d’énergie pour trois vies désormais réunies.

Puis viendra le temps de regagner mes paysages familiers entre landes et pays basque, mes endroits préférés retrouvant leur langueur coutumière, après l’excitation estivale. Tout le long de ce bord d’océan, de la Gironde aux confins des Pyrénées est peuplé de lieux ô combien présents dans ma mémoire. Souvenirs émus et embués de vacances, de week-end, enfant ou adulte, proche ou lointain. Chaque coin révèle un parfum, une odeur, de nature ou de pâtisserie, de gastronomie ou de landes, de lacs ou de marécages, et toujours ces odeurs salées et iodées cet air parfois poisseux qui vous enveloppe, ces saveurs gustatives fortes qui éveillent et réveillent les papilles. Pour bien apprécier la région, il faut savoir la découvrir lorsqu’elle somnole, lorsque la cohorte des vacanciers est repartie, il faut vivre à son rythme. Observer les longues étendues de forêts vert sombre ou la lumière ne perce plus, se promener parmi les fougères, respirer les odeurs sucrées du sous-bois, puis, à l’approche des villages, remarquer les airials, ces lieux de vies, ces espaces de vies puisque tel est le sentiment dégagé. Les dépendances sont loin des maisons, les maisons loin l’une de l’autre, à part les constructions blotties autour de l’église et de la mairie. Et toujours l’herbe verte, grasse et tendre, l’impression que le temps ici s’arrête ou du moins ralentit. Il suffit de discuter avec les populations, de les connaître pour remarquer dans leurs conversations la même plénitude, le même sentiment de calme, de tranquillité, bien loin de notre agitation urbaine et stressée. Ce pays est tourné vers la nature, il y est même planté, accroché viscéralement tellement on sent l’osmose entre l’homme et la nature, tellement les traditions sont ancrées, le terroir présent et la gastronomie. Sans aucun fard, sans aucune démarche commerciale, ici, on sait vivre, respirer aimer et aimer vivre.

A l’approche du pays basque, le terrain se plisse, des collines rythment le paysage, l’approche des Pyrénées se fait déjà sentir. Les maisons changent de style, des couleurs vives surlignent les boiseries, les fleurs, les hortensias se densifient autour de l’habitat, voilà même qu’entre mairie et église, un fronton se dresse, lieu de joies, de plaisirs, de réunions, lieu de palabres, lieu de vie tout simplement. Poussant nos pas dans l’église, entrons et visitons ce lieu sacré. Découvrons ici les lambris peint du plafond, les longues galeries en bois sculptés alignées de chaque côté… Tout autour le cimetière, les tombes parfois très anciennes surmontées pour certaines de ces stèles discoïdes ou figurent sculpté le Lauburu, cette croix basque symbolisant les 4 éléments. Levons les yeux et parcourons le paysage. Tout autour, un relief ondulé vert profond, au loin, les montagnes, pas si loin d’ailleurs, les passages vers l’Espagne, et la montagne typique d’ici, la Rhune, fière de ces 900m de hauteur, à gravir à pied ou encore, par le petit train à crémaillère et ses wagons de bois au charme désuet. De là-haut, vue panoramique, prairie, relief et océan, la baie de Saint-Jean-de-Luz, du moins si un nuage joueur ne vient pas vous brouiller la vue !

Qu’il est agréable de rouler à l’envie, visiter, revisiter ces villages colorés et désormais tranquilles, partir découvrir ces lieux et leurs produits : chocolats, charcuteries, pâtisseries, fromages, confitures de cerises noires et…. Le piment d’Espelette bien sûr. Octobre est d’ailleurs le moment clé pour celui-ci puisqu’on le fête avec toutes les couleurs et toute la chaleur qu’on sait y apporter. Vous comprendrez pourquoi j’aime ainsi aller et revenir dans ces contrées–là, en ces périodes-là, ou on se sent libre, heureux de vivre, heureux de partager ces instants de vies et de nature. Si par mégarde vous ne connaissez pas ces endroits, alors n’hésitez pas et venez les visiter en ces périodes creuses de l’année.


Ah oui ! Oubliez ceux qui vous dirons qu’il y fait tout le temps mauvais, ce sont soit des malchanceux, soit des grincheux. Comme partout il y pleut, comme partout il y fait beau, et j’ai souvent, très souvent eu très beau !

Octobre (2)

Octobre, mois automnal
Cèpes, châtaignes, régal
Trésor de belle dame nature
Offrandes naturelles et pures
Bonnes promenades des bois
Réelles aubades et doux émois

En groupe ou seul, octobre roi

Octobre

Octobre. Octo ? Le huitième mois ? Quels sont ces mois mal ordonnés ? Septembre, octobre, novembre, décembre…sept, huit, neuf et dix… Bizarre ! Enfin ? pas tant que ça, ce sont là des vestiges romains, mois gardés dans la refonte du calendrier de cher pape Grégoire comme on rebâtit une maison en réutilisant les pierres de la précédente.

Octobre donc. Nous y voilà ! Le mois type de l’automne aux chaudes couleurs, aux premiers frimas et…au changement d’heure ! Et oui, passage à l’heure d’hiver pour la fin du mois. Revoilà la période que je n’aime pas, la nuit en sortant du boulot, l’impression d’habiter une maison pour rien, tant on profite peu de l’extérieur, ces jours qui deviennent très court, le temps pas toujours sympathique… Mais bon ! ça c’est pour novembre en fait, puisque octobre, bien malin, ne modifie l’horloge qu’à sa fin ! A lui les belles journées, la douce lumière aux reflets irisés, a lui l’été indien, les plaisirs du palais, cèpes et vin, bon, ceux qui me connaissent, connaissent mes goûts, et savent que pour moi, les cèpes n’ont rien de bon, mais bon… Quand au vin, là, c’est autre chose ! Sans avoir le palais fin ou précieux, j’aime à goûter sans abuser, de ce travail des hommes, des résultats de la terre pour un plaisir divin ! Consommateur lambda, je ne choisi pas sur étiquettes, et j’aime à apprécier les produits du terroir, découvrir et redécouvrir nos vignobles locaux peut-être moins connus mais souvent gage de qualité. Et puis, visiter ces pays de vignes en ce doux mois d’octobre, c’est aussi profiter des couleurs de la vignes, chaque cépage prend sa teinte d’automne à des dates différentes. Ainsi, le paysage vert est progressivement et sans cesse renouvelé. Reflets dorés, rouges, cuivrés, marron, autant de tâches de couleur permettant de situer les parcelles, ici les syrah, là les grenaches, muscats, sauvignons ou autres espèces.

Marcher dans les vignes, traverser les paysages, vagabonder dans l’Alaric ou les hautes corbières, respirer cet air tantôt chaud, tantôt rafraîchi par les neiges pyrénéennes, s’élever dans le paysage, embrasser le décor du regard, se régénérer aux sources de la vies, contempler ces vignes aujourd’hui désertes après l’euphorie des vendanges, grappiller ces derniers grains ridés ou le nectar est concentré, regarder la faune reprendre ses quartiers, observer les traces des sangliers… Tels sont les sources de la vie, la remise en harmonie de nos corps fatigués, l’osmose avec la mère nourricière. D’y avoir goûté, j’en ai besoin, c’est certain. Tout comme de l’océan et des ses embruns, des plages enfin désertées, des souffles du vent sur mon visage, des odeurs iodés et salés comme des odeurs de térébenthine soufflée par les pins.

Océan, montagne, mer, corbières, vignes, Alaric, Lauragais et même toi mon vieux canal aux platanes centenaires, voilà mes endroits de cœur, mes endroits de vie. J’aime cette image du canal désormais immobile. Bientôt les feuilles quitteront le platane familial pour s’en aller couvrir l’onde tranquille au point qu’on croirait une allée en sous bois. Moins de vélo, de roller, de marcheurs, moins d’agitation… Seul un rayon de soleil te reveille de ta torpeur et envoie une foule emmitouflée te visiter pour une promenade digestive, suite d’un repas familial.


Ma montagne, ou plutôt mon piémont devrais-je dire, tes courbes douces et sensuelles, tes paysages ouverts, tes odeurs familières différentes en chaque saison, tes couleurs variées et changeantes sont toujours pour moi des attraits. Voici le temps venu d’entendre bramer le cerf, de marcher sur les feuilles craquantes, de découvrir les bosses que forment la tête des bolets. Plaisir de la marche, du vélo, rien de sportif là encore, juste profiter du rythme lent et tranquille, de cette énergie reconstructrice pour s’irradier de bien être. Bientôt les châtaignes chanteront sur la flamme avant de s’étouffer dans le journal et de régaler les papilles, noircissant nos doigts. Trésor d’automne, sachons comme tout en profiter sans en abuser, car, si la nature est généreuse, c’est pour tous ses enfants, nous ne sommes pas fils unique ! Alors, cessons d’être égoïste et de vouloir tout emporter, et surtout, sachons effacer toutes traces de notre passage, la nature est discrète, respectons là !