Cris écrits

Cris et cris, écrits et cris, ainsi va la vie. Tout d’abord, pour revenir et clore définitivement une parenthèse, ce n’est pas parce que j’ai changé de vie que je tourne la page, mais bel et bien parce que je tourne la page que je change de vie. Chaque chapitre, chaque page a sa saveur, l’odeur d’amendes amères ramène à quelques poignées de souvenirs qui s’en iront à la brocante des inutiles. Le sens unique, le manque de respect, l’outrecuidance du jeu des pseudos sentiments auront sonné le glas d’amitiés peu franches. Ainsi meurt la vie, le roi est mort, vive le roi ! Un cri comme un autre, serons-nous royaliste aux prochaines élections, je n’en sais rien et n’en ai cure, ce n’est pas à courte portée qu’il faut posé le regard, mais regarder au contraire bien loin la ligne d’horizon, et si la rue crie, et si la clameur monte, ce n’est pas l’opposition qui ferait différemment, nous sommes à la fin d’un système que nos yeux de râleurs et de grévistes invétérés refusent de voir, et surtout, nous empêchent d’avancer, de faire contre proposition, d’opposer l’idée plutôt que la force, la démagogie plutôt que le blocage. Combien d’entre nous comptent leur budget, sou après sou, prennent des mesures radicales, échelonnent les paiements, étalent les dettes pour boucler le mois ? que serait-il si au lieu de cela, de prendre des mesures budgétaires concrètes, réalistes, en adéquation avec les moyens et les dépenses, ils se mettaient à bloquer leur système, à manifester, à casser, à se répandre ? Les comptes seraient-ils plus justes ? Les poches rempliraient-elles mieux ? Non, j’en suis sur.

Soyons clair : Je ne défends pas les choix actuels, et je ne fais partie d’aucun parti. J’essaie de comprendre la souffrance des gens, pourquoi ces choix plutôt que d’autres, et j’avoue surtout en avoir marre de donner pareille image à nos voisins étrangers, d’un pays de grévistes, de défilés permanent, de blocages ou plutôt de prises en otage. Ce matin, l’accès à l’aéroport était bloqué. C’est marrant n’est-ce pas ? Et la pauvre famille qui prend un avion pour le deuil d’un proche ? Et la personne qui ne peut atteindre son lieu de rendez-vous et rate ainsi une consultation médicale ? Est-ce que vous croyez que ça gêne le gouvernement ? ça les empêche d’aller vaquer à leurs occupations, fussent-elles laborieuses, sportives ou autres ? Mais il y en a ras le bol de faire chier son monde parce que ceci ou cela ! Et les étudiants, les lycéens, les collégiens qui suivent, moutons innocent aptes à sécher les cours plutôt que de plancher sur un système qu’il est temps de reprendre et de disséquer pour en huiler les rouages et permettre à la machine de mieux tourner ? Sécher les cours avant les vacances, brûler des poubelles, blesser grièvement une des leurs, détruire un collège, mais où va ce pays ? Il y a quelques années, le Canada traversait pareille crise, mais où en est-il aujourd’hui ? Après des mesures radicales, une volonté d’avancer, une acceptation de serrer la ceinture, le pays a retrouvé une dynamique des plus intéressantes. Bien sûr il y a eu de la casse, bien sûr il y a eu des leurs, des grincements de dents, mais encore une fois, comment faisons-nous lorsque le mois est trop juste ? On serre la ceinture, on diffère les achats, les dépenses, on entame les réserves, si ce n’est les conserves sur l’étagère ou le congélateur, ce sont les réserves de graisses, ne souriez même pas, cela arrive à plus qu’on ne croit, il n’est pas que des nantis sur cette terre, bordel, ouvrez les yeux ! Qu’avons-nous fait ? Nous sommes passés de 39H à 35H de boulot hebdomadaire, parfois 32H, sans perte de salaire, et….sans manifestation, non ? Dans un sens ça passe mieux que dans l’autre, il suffit de savoir caresser dans le sens du poil, c’est cela, non ? Aujourd’hui, on rallonge, non pas le temps hebdomadaire, mais le temps d’une vie au travail, de quelques années alors que notre alimentation, la réduction de la pénibilité au travail, les progrès de la médecine ont fait que notre durée de vie a bien plus augmenté, parce que notre système ne marche plus, où plutôt, ne marchera plus. Les chiffres actuels sont bons, mais demain ils seront caducs, la faute à un actif pour 1,1 retraité, pyramide des âges, prolongement de la vie, augmentation de la production. Gouverner, c’est prévoir, diviser pour régner, voilà les maitres mots d’un ballet politique où ce ne sont pas les noms ni les individus qui priment mais la mécanique bien rodée qui fonctionnait déjà du temps d’avant la république, la lecture de la biographie de Louis XVI le démontre, le bon roi fut guillotiné pour rien, nos monarques sont interchangeables tous les cinq ans, mais la misère progresse quand même et la richesse double à chaque fois. Quand aura-t-on conscience de notre rôle, de notre devoir de proposer plutôt que rejeter, de discuter plutôt que de se taire, de faire front avec courage plutôt que de faire front dans l’anonymat de la foule, pour casser, détruire, enliser, bloquer et se tirer une balle dans le pied déjà bien meurtri ?

Je suffoque de voir ce pays disparaitre, de ne pas comprendre comment personne ne voit les manœuvres électorales, l’étau se refermer sur nous, de perdre toute considération de nos voisins, et si cet été un troupeau de 23 chèvres a pourri le maillot frappé du coq étoilé des gloires de 1998, aujourd’hui des troupeaux de moutons vont piétiner leurs propres prairies, défigurent nos valeurs, nos fondements, et si les cris des manifestations n’ont lieu au final que d’asseoir une quelconque représentation syndicale mise à mal par les lois de 2008, ce n’est pas aujourd’hui qu’il fallait conspuer, mais se battre en ce temps-là. Un cri pas écrit, dans un pays qui se meurt, étouffé de trop de bonnes chères, mis à mal par des régimes auquel la plupart ne comprenne ni tenant ni aboutissant, juste qu’il faut aller brailler parce qu’un roi, parce qu’un président….. La république, la res publica de son étymologie, la chose publique de sa traduction….. Au fait, peut-on bloquer les autres et aller faire tranquillement son plein ou bien dois-je changer ma pancarte ? Non ça va, je suffoque, je crie, mais je vais bien…. Il parait qu’il y a pire ailleurs ? On doit donc se réjouir du malheur des autres, oublier que regarder vers le haut c’est vouloir évoluer, chacun son combat, chacun ses drames, chacun ses larmes, chacun ses armes, la mienne est au poignet.

Dernier volet du triptyque

Dernier volet du triptyque, le temps des conclusions. Le chemin fut long, et peuplé d’embouteillages, de belles et bonnes choses, de moins bonnes, de non-dits aussi, vous savez, ces silences qui tuent bien plus que les mots. Un mot, c’est con, c’est banal, on y colle un sens et l’autre en perçoit un autre, simplement par ce même mot peut évoquer telle ou telle chose, selon le parcours qui nous a initié au vocabulaire concerné, selon le temps, selon l’humeur, selon le ton, la tonalité, l’intonation, la rapidité d’exécution, selon le contexte, bref, c’est selon…. Mais dans un dialogue, si un mot trouble vient troubler le sens, alors on peut rebondir dessus, arrêter l’autre, demander explication et faire en sorte que les ambigüités se lèvent. On peut aussi laisser filer le mot parce qu’on a compris le sens, celui qu’on a bien voulu comprendre, et s’enfermer dans un mutisme qui n’a de bon que de gagner au « celui qui parle le premier a perdu ». Oh, vous pouvez sourire, et c’est tant mieux, le bon mot est là pour cela, mais revenons au contexte, un silence, à la place d’une demande d’éclaircissement, c’est une rupture du dialogue, un fin de non recevoir, une déconnexion, et un abandon, mais un abandon non-dit, on saute du train en marche, ou se fout de l’autre, et on fuit. Combien de fois cela est-il vécu ? A contrario, combien un dialogue se trouve enrichit, éclaircit par le fait qu’une incompréhension est tracée, un éclaircissement demandé, et de ce fait, l’orateur peut ainsi moduler son vocabulaire pour rester dans une zone de compréhension mutuelle ? On peut s’amuser des mots, jouer des sons, mais jamais des gens, jamais laisser des fausses compréhensions mettre en danger ce qui est, ces liens simples, amitiés ou amour, qui paraissent si banals et si dérisoires en vertu des grands catalogues accessibles sur le net où on croit qu’il suffit de cliquer pour passer à autre chose, à quelqu’un d’autre. L’être humain n’est pas objet, le considérer comme tel c’est se considérer bien mal aussi. Ma passion des mots m’a appris bien des choses, j’ai fait bien des découvertes, mais les plus belles sont dus aux incompréhensions générés et dénoncées, car elles m’ont appris que si les mots ont un pouvoir, ils ont des sens cachés, des sens interdits, des sens connus et des sens inconnus. Apprendre l’autre, c’est apprendre à parler tout comme apprendre le parlé de l’autre.

Tout au long de mes pauses manuscrites, j’ai peu parlé de moi, non pour cacher, il n’y a rien à cacher, par pudeur plutôt, par saturation aussi de se raconter, parce que bien des choses n’étaient pas digérées, prêtes à être expulsées, parce que pour se raconter il faut une ambiance, une confiance dans l’autre et une confiance en soi. Certains se raconte facilement, d’autres ont besoin de temps, moi, j’ai besoin d’écoute, de confiance et de temps, parce que marre des courtes relations, parce qu’assez des fausses amitiés. On a pu me le reprocher, soit, je l’admets et le reçois comme tel. Mais il est plus facile de reprocher que de chercher à comprendre, à rassurer, à apprivoiser. Il est loin ce temps où le temps sentait bon, où on savait prendre le temps, apprendre à se connaitre, bâtir un ilot de confiance ou chacun venait déposer ses confidences. Le monde moderne est en mode rapide, on vit vite, on choisit vite, on mange vite, on consomme vite, et on jette vite. Comme j’ai pu l’écrire souvent, j’ai toujours foi en la vie et en demain, j’ai toujours eu confiance en la vie, sauf une fois, ma foi s’est éteinte, et l’envie de quitter ma vie est venue. Début d’une nouvelle ère, début de mise en texte, début au lieu de fin, l’image est jolie, la vie reprend toujours le dessus. Je vis, et j’avance, j’arrive au point de non retour, celui du décollage, celui où l’on quitte la piste, on perd toute notion avec le sol, on change d’adresse pour un ailleurs en tout plein de dimensions. Alors voilà, bientôt se termine l’histoire, bientôt l’ailleurs, le changement d’adresse, clôture et soldes de tout compte, je plongerai dans votre oubli, tout en naviguant vers d’autres cieux. L’envie est profonde. Il y a eu pas mal d’attaque ces derniers jours, pas mal de choses dures. Un boulot qui disparait, dans une non reconnaissance totale, une mise à l’écart par simple non acceptance des repreneurs, me voilà paria au bureau. Bon, ce n’est qu’une case dans le méandre des organigrammes, mon nom disparait d’un côté, il sera ailleurs bientôt, le 1er novembre. Tiens, mais c’est férié au fait ? Me serais-je fait arnaquer ? lol, non, c’est ainsi que marche la mécanique bien huilée de nos sociétés. Un coup de torchon sur une très belle histoire, sans explications, des amitiés qui s’étiolent et oublient qu’elles supportaient mal elles-mêmes l’oubli, un besoin d’air nouveau, frais, pur, sur un horizon neuf, dans un monde nouveau. Je sais qu’on ne construit pas sur du sable, je pars chercher la roche, dure, solide, celle sur laquelle je bâtirai ma vie. Il n’y a rien a regretter, juste remercier tout ce joli monde qui fut acteur tour à tour des presque 45 ans d’une vie de cabosses et de rires. Remercier, parce que par chacun j’ai appris, parce que par chacun j’ai compris, parce que tout fut beau, si ce n’est sur l’instant, ce fut dans les leçons tirées. J’ai appris sur l’humain bien plus qu’en des années de psychologies, des exemples concrets, du vécu. L’humain est un diamant aux multiples facettes, toutes ne sont pas lisses, et les plus brillantes ne sont pas toujours celles que l’on croit.

Voilà, trois textes, non pas un testament, je n’ai rien à léguer, le bruit du vent et des vagues ne m’appartient pas, et tout comme les mots, chaque oreille sait ou non percevoir ce que le vent raconte, ce que la vague crie, nous possédons tous des sens, nous les développons chacun différemment, c’est aussi cela la richesse de l’humain. Je me suis souvent senti martien, mais au fond, c’est parce que sur cette terre je n’ai pas trouvé beaucoup d’humains véritables, du moins, pas dans la dimension que j’attendais. Le temps approche de tirer ma révérence, de vous saluer bien bas, vous souhaiter bonne route et tout plein de bonheur. Ici s’achève le parcours, mon parcours. Lisez, oubliez, vivez, et surtout, prenez soins de vous. Je vous embrasse. D.

Au fil des tours et des détours

Au fil des tours et des détours, l’ombre s’est faite lumière, le soleil perce à travers la brume et les paysages blancs et fades reprennent vie dans les couleurs d’un jour naissant. Combien de temps ai-je marché ? Depuis combien de temps suis-je sur la route ? Il y a si longtemps que je suis parti, il y a tellement de temps égrené depuis le premier grain de sable du grand sablier, que je ne me souviens de rien. Ou presque. Les premiers jours, on cherche son rythme, par peur de ne pas y arriver, on accélère le pas, on double les marches, on lance toute ses forces dans une bataille qui au fond est perdue d’avance, mais la victoire n’est pas celle qu’on croit, non, les plus batailles qu’on remportent sont celles qu’on mène contre soi. Que de chemin parcouru depuis tout ce temps, mais encore faut-il le voir ce chemin, et pas qu’au travers des fatigues corporelles, encore faut-il savoir regarder de temps en temps, dans notre petit rétroviseur pour mesurer le chemin accompli, une pause de quelques instants, pour réaliser l’avancée, pour intégrer la connaissance, pour se rendre compte de combien on a grandi. La route peut paraitre longue, ou courte, c’est selon, elle peut paraitre claire ou obscure, cela n’a rien à voir avec les peintres néerlandais, elle peut avoir été droite ou pleine de méandres, elle peut ne pas avoir marqué notre esprit ou au contraire, nous avoir façonné par les coups reçus, comme le métal rougit par les flammes sur l’enclume qui sait rester de marbre, c’est ce parcours atypique, propre à chacun, qui nous mène au bout et au but de notre vie. Bien sûr, il arrive souvent que nous ne savons pas où aller, que nous ne savons pas où nous allons, nous tâtonnons, nous marchons, nous avançons, même si parfois nous avons l’impression de le faire à reculons. Mais tout cela, c’est la vie. Dans ses modèles d’espoirs et de désespoirs, dans ses rires et dans ses larmes, dans ses joies et dans ses drames, dans ses tourments et dans ses victoires, nous vivons, nous aimons, nous pleurons, nous rions, et le temps ne passe pas, il avance en parallèle de nous. Le parcours est initiatique, plein d’enseignements, le piège étant qu’à trop apprendre sur les autres, parfois même sur des généalogies de rois aux noms en forme de numéro, nous oublions d’apprendre à nous connaitre, à nous apprivoiser en quelque sorte, à savoir qui nous sommes, ce que nous voulons, ce que nous sommes vraiment.

A marcher sans se connaitre, l’effort n’est pas maitrisé, on se retrouve dans le rouge à cracher nos poumons, à sentir durcir nos muscles, à croire que le cœur va exploser, à se mordre les lèvres d’avoir présumé de ses forces. Pourtant, tutoyer les limites aide à les repousser. Pourtant, c’est en tombant qu’on apprend à ne plus tomber, c’est ne corrigeant ses erreurs qu’on acquiert l’expérience et qu’on trouve enfin sa voie. Il n’y a pas de course sur le chemin de la vie, pas de records à battre, certains ont des parcours plus rapides que d’autres, en sont-ils plus heureux ? La sagesse populaire dit que c’est à la fin du marché qu’on compte les œufs, comment dès lors pouvoir se comparer à d’autres sans être arrivé au terme d’une vie ? Ce qui est blanc un jour ne l’est plus le lendemain, ou plutôt, peut ne plus l’être, car il est tout de même des cas où la stabilité existe, heureusement. La marche est à son pas, le regard voit loin, la respiration est maitrisée, et le chemin se fait, jusqu’à ces rayons de lumières, jusqu’à ce que les brumes retrouvent le passé pour mieux l’engloutir. Sortie de tunnel, au revoir pour ne pas dire adieu aux épisodes d’un passé désormais dépassé, malgré la lassitude de la route, les visions d’espoir en demain illuminent la vie. Ce n’est pas tant ce que nous avons fait qui importe, mais bel et bien ce que nous en avons fait. Le passé a posé des pierres, des jalons qui ont construit notre aujourd’hui, tout comme aujourd’hui nous bâtissons demain. Le temps n’est pas une ennemi, il est un allié. On ne court pas après le temps, on le prends, rien n’est plus précieux que de savoir prendre son temps, respirer, être pour mieux être. L’oppression des jours gris a fui, le bleu du ciel se révèle enfin. Même les épreuves les plus dures ne peuvent venir assombrir une vision enjouée de lala vie. Le verre est à moitié plein, il ne reste qu’à compléter le niveau, mesurer tous les ingrédients déjà versés avant d’y unir ceux de même lignée qui ne dénatureront pas le tout mais feront du breuvage un élixir. Longtemps, il fut à moitié vide, longtemps, la peur du vide est venue empêcher l’envie de mieux le remplir, c’est désormais chose du passé, l’espoir est toujours chevillé au corps, la vie ne vacille plus qu’entre deux états de bon et de très bon, les coups bas sont trop bas pour atteindre, le regard est droit, limpide, fixé sur l’horizon, que peut-on observer de mieux que la vie qui déroule son pas lent et assurée, laissant de côté les trottoirs de la médiocrité pour ne battre que le haut du pavé.

Ce n’est pas le chemin parcouru qui compte, mais bel et bien la façon dont on la parcouru. Vivre sa vie est aussi apprendre et se souvenir des leçons distillées tout au long du chemin, il n’y a pas de règles, si ce n’est d’être en accord avec soi-même, et juger hier avec les yeux d’aujourd’hui est complètement imbécile, tout comme comparer deux époques sans références communes, ou encore les prix des choses aujourd’hui par rapport aux prix d’hier sans utiliser des francs constants. Sans référence commune, il n’y a pas comparaison possible, c’est ainsi, et c’est ainsi que navigue bien des manipulateurs. Jouer sur les cordes sensibles, appuyer sur le pathos, se faire victime, s’aligner sur les goût de l’autre, tricher et donc mentir, tout n’est qu’un piège qui tôt ou tard se révèle et se referme sur le poseur. La seule alternative, c’est d’être soi, d’être franc, d’être vrai, rien ne sert de fausser la séduction, la chute n’en serait que plus mortelle. Question de choix ? Question de respect, respect de soi avant tout, respect des autres aussi, et si on le monde s’essayait à la vérité ?

Flash-back

Quelques mots, un retour sur une vie, une sorte de flash-back, un regard neuf posé sur des années vieillies, un regard porté loin, tout au bot de la vie, ce seul bout qu’on connait, le début. J’ai déjà écrit sur mes jeunes années, mais le regard d’aujourd’hui est différent, plus mur, plus serein, plus détaché des choses de ce bas monde. La mémoire est liée aux images noir et blanc de l’album photo qui rassemble péniblement les souvenirs d’enfance, car issu d’un temps où l’on ne mitraillait pas à tout va, surtout dans les milieux modestes dont je suis issu et fier de l’être. Une photo pas du tout en sépia, avec le majestueux cirque de Gavarnie derrière, ce sont durant ces années de mes premiers pas, que j’ai respiré l’air des montagnes entre Cauterets et Gavarnie, aux faveurs des cures paternelles, aux faveurs des balades familiales. Est-ce de là que sont nées ces envies de gravir et la Brèche de Roland et le Vignemale ? Je ne sais dire, mais ce sont bien les deux seuls sommets qui m’attirent et nous verrons plus tard qu’ils sont désormais vaincus. Ces coins des Pyrénées, ces sapins fiers et droits, cette eau jaillissante de partout, ces montées, ce furent mes premières limites de petit homme, ou plutôt, de petit d’homme. Mes parents n’étaient pas randonneurs, le gène a grandi tout seul, plus tard, lorsque nous avons connu la joie d’avoir une maison secondaire dans le piémont d’Ariège, dans un temps révolu ou les enfants pouvaient courir sans crainte des voitures et d’autres pédophiles, triste époque que la notre, jeunesse actuelle, je ne vous envie pas surtout lorsque je repense à toutes mes courses en solitaires au travers des collines et des hameaux. Entre les deux, il y eu l’océan, violent, fougueux, majestueux, logés en caravane, expédition à travers le Gers pour atteindre les landes, et le camping qui aujourd’hui encore me sert de base pour mes virées régénératrices. Années d’apprentissage, des copains au gré des années de vacances, les baignades dans le Boudigau où aujourd’hui je n’oserai trempé l’orteil, le vélo, toujours, les joies de l’insouciance de l’enfance. Puis la rupture, on quitte la maison, ma maison de naissance, pour une villa bien loin de là. Déraciné, hors de chez moi, loin des copains, me voila parmi ces gens que je ne connais pas, dans cette classe qui se connait très bien depuis la maternelle et qui, dureté de l’enfance, rejette plutôt qu’intègre. Voilà qui forge le caractère, peut-être pas de la meilleure manière qui soit, mais c’est ainsi que j’ai grandi, traversé tout cela, des souvenirs doux, agréables, d’autres un peu plus abstraits, puis le temps du lycée, le monde des presqu’adultes, ceux qui voudraient mais qui ne sont pas, ceux qui osent juste quand c’est facile. Le temps du boulot, des boulots d’été aussi, un mois de nettoyage, gros nettoyage dans une grosse entreprise, puis des semaines entières à vivre et à encadrer des enfants, entre jeux et malices, leçons et travaux, un plaisir toujours.

Et puis vint la vie qu’on appelle active, comme si avant on ne foutait rien, juste que là, on commence à cotiser de partout et pour tout, alors, on devient actif surtout pour les taxeurs. Et puis le logement, époque bénie et révolue ou l’achat même risqué était possible, et grâce à la bienveillance de mes parents j’ai pu mettre un toit sur ma tête. Et puis le temps des fleurs, celui des flirts, celui des pleurs, celui des doutes, celui des heures vides, et puis, au bout d’un montagne, au cours d’une rando, il y a la petite voix qui parle et qui dit : « tiens, tiens, et si c’était elle ? » Et puis les choses se sont mis en place, dans une ronde entre deux bout de terres, deux vies, deux adresses, des compromis, des parcours communs, vie trépidante qui un jour s’arrête parce que la ronde est finie, parce qu’il faut quitter la piste, parce que la magie est éteinte. Et s’en vint la colère, mauvaise conseillère, et s’en vint les doutes, d’avoir fait une erreur, et s’en vint l’aigreur de s’être trompé de vie, et s’en vint l’envie de quitter la vie. Fin de l’acte. Rappel. La lumière brille et il fait jour, le monde vacille mais je suis en vie, je rencontre un monde, certes virtuel, mais on y écrit des textes, on en discute, on y échange, une sorte de forum populaire et bon enfant, où des destins se croisent et se lient. Discussions appuyées avec plusieurs personnes, de celles qui encore aujourd’hui font parties de mes amitiés les plus anciennes, exception de celles du cercle de mes études, et une, qui sans pouvoir le prévoir, puisque non libre, puisque très loin. Mais voilà, allez comprendre comment Cupidon joue de la flèche, cette personne là est soudain devenue très chère, indispensable au point que tout bascule, une fin d’un côté, un début de l’autre, une installation commune et enfin, le sentiment de vivre la vie tant espérée. Hélas, les dieux sont parfois farceurs, la folie reine, et les éclats pas toujours en chocolat. Erreur et horreur, combat et violence, et la vie bascule, et le monde disparait sous les jambes flageolantes. Retour à la case départ, pseudo relation de quelques semaines qui encore s’enivre d’une triste folie, puis le printemps éclaire à nouveau la vie, une vie commune, avec des enfants, un plaisir, des joies, le temps de réaliser que la formule n’est pas la bonne, la relation existe mais pas pour cela, des liens restent tissés, très forts et très complices, mais basta.

S’ensuivirent des bouts d’histoires, juste des introductions, des faussetés, des erreurs, jusqu’à rencontrer le plus que parfait, l’harmonie complète, la joie entière, la vie où tout glisse parce que c’était toi, parce que c’était moi…. Patatras, le manège s’arrête, pourquoi ? Question sans réponse, trop fait trop peur, ou bien….. Peu importe, retour à tout à l’heure, une adresse, un toit, un célibat, une envie de vivre avec en même temps un ras le bol de la vivre ainsi cette chienne de vie. Je rajoute le boulot, qui soudain s’arrête, de quoi repartir sur autres choses. 2010, année de changement, nouvelle adresse, nouvelle auto, nouveau boulot, je vais clore aussi bien des chapitres, bien des relations trop superficielle de ma vie, je n’attends plus rien, je vis, je respire, j’ai assez donné de mon temps, de mon énergie pour vaincre des combats qui n’étaient pas les miens, pour qu’enfin je m’accorde et mon temps, et mes envies, pour qu’enfin je partage avec qui saura partager, sans y être dévoré. Alors bye bye ancienne vie, trop de faux, trop de tricheries, trop de mensonges, bonjour à ma nouvelle vie, et c’est ainsi que je serais.

Premières pluies

Premières pluies d’automne sur une nature assoiffée, les arbres se débarrassent de leurs feuilles asséchées pour ne pas mourir par manque d’eau, étrangeté de la vie végétale qui s’ampute pour survivre, et l’homme dans tout son aveuglement crois voir par les feuilles au sol, le signe d’un automne arrivé. Il en est de même pour tant de signe, aveuglé par nos propres œillères, par notre vision des choses, on ne voit pas celui qui souffre, cette main faiblement tendue vers un appel au secours si faible que le brouhaha d’un monde agité empêche d’entendre. L’homme crie, mais la folie de la vie ne peut faire entendre les mots si simples donnant l’alerte. Mais pourquoi donc a-t-on cessé de voir ? Mais pourquoi donc a-t-on cessé d’entendre ? Mais pourquoi donc a-t-on cessé d’être humain ? Au nom de quel principe, au nom de quel assouvissement, au nom de quel espoir l’individu s’enferme dans son individualisme, renforce son rôle de consommateur, prend, jette, chasse, dévore et se repait avant de repartir vers de nouvelles conquêtes, oubliant le plaisir de bâtir à deux, de construire une vie à partir de deux, de lutter ensemble, d’avancer unis ? Notre société a transformé l’Homme en un consommateur individualiste, se développant dans l’égoïsme qui lui fait massacrer les siens pour exister, les relations ne sont plus qu’à but utilitaire, je te prends pour ce que tu m’apportes, mais si tu as besoin, oublie-moi. Tellement vrai, tellement usant, les liens sont tissés dans des fils si fragiles qu’on ne peut les éprouver sous peine de rupture. Et quand bien même ? Quel est l’avantage de garder un lien aussi fragile ? A quoi bon donner si un jour dépourvu, personne ne sait donner ne serait qu’un peu de chaleur ? L’hiver n’est pas encore là que déjà nos vies s’emmitouflent et se ferment dans leurs cocons, se croiser, parler, se rencontrer devient difficile, encore plus lorsque la discussion a été remplacée par une vision personnelle de la relation, croire plutôt qu’entendre, imaginer plutôt que confirmer, tout est repli sur soi, au détriment de l’autre. L’égoïsme est le cancer du monde moderne, et au vu de sa fulgurante progression, nous voila proche de l’incurabilité. Pourtant, la guérison est possible, l’éradication envisageable, à condition que chacun œuvre, car même si les temps changent, et même si nous ne pouvons qu’être meilleurs que les générations précédentes sous peine d’accidenter gravement notre égo, l’union fait toujours la force, la conscience de chacun doit œuvrer et déjouer les pièges trop facilement tissés. Comme l’arbre qui perd ses feuilles pour survivre, nous devrons perdre notre égoïsme pour vivre, penser qu’il faut équilibrer les pensées, débattre et engager la discussion, oublier de présumer ce qui n’est pas, s’appuyer sur ce qui est pour ne point se leurrer ni leurrer les autres.

Au-delà des mots, les maux ne sont pas les seuls qui doivent attirer et générer l’attention. La vie, dans toutes ses facettes, mérite bien des mises en lumière, bien des éclairages, bien des attentions pour briller encore mieux, toujours plus. Comment vaincre s’il n’y a pas la mise en place d’une stratégie de victoire ? La discussion encore une fois est au cœur non pas du problème mais de sa résolution. Sans échange, que serait la vie ? Une monotonie sans nom, un jour sans saveur, difficile à imaginer. Et pourtant, combien s’imaginent pourvoir imaginer leur vie sans imaginer un seul instant que leur conjoint puisse penser autrement ? Combien se nourrissent de fantasme sans penser un seul instant que du rêve à la réalité il puisse y avoir un fossé ? L’échange, la discussion vraie, permet de se retrouver ou pas, sur des positions communes, de sortir de la zone trop importante des non-dits, de se donner les moyens entiers, sincères et réels de vivre pleinement le présent, dans une même unité de pensée, une communauté de pensées devrais-je dire plutôt, car ce n’est pas la pensée unique qui est recherchée mais bel et bien l’atteinte d’une vision commune, résultat de débats, d’écoute, d’entente, de discussions, c’est là la base de tout ensemble, groupe, couple, binôme ou autres associations, sans mettre en commun les idées, sans les peser, les discuter, les opposer, comment trouver le fil conducteur, comment trouver le point commun qui unit et rassemble ? Nous sombrons dans une facilité qui nous fait fuir le dialogue, de crainte de conflit, mais sans conflit, quelle vie aurait-on ? Il ne faut pas confondre conflit et violence, on peut discuter dans le calme, on peut sortir d’un conflit sans violence, mais en aucun cas on ne doit fuir l’occasion de s’enrichir des idées des autres, fussent-elles opposées aux nôtres, en aucun cas on ne doit refuser de débattre de ses idées, il n’y a point de salut dans la fuite, bien au contraire. Soyons nous-mêmes, acceptons d’exposer et de s’exposer, brisons nos routines, oublions qui nous étions pour être qui nous sommes, poursuivons la longue évolution de l’être humain et ne cessons jamais de comprendre que la liberté des uns s’arrêtent où commence celles des autres, que notre monde est un monde partagé et donc, de partages, dépenser son énergie à critiquer ce qui est fait ne permet pas d’avancer, par contre, participer, donner de son exemple, prendre partie, débattre, se bouger donnera l’allant qui manque à montre monde moderne. Alors ? Victimes ou coupables ? La question est-elle là, ou plutôt dans notre implication à faire bouger les choses ? Rester sur le quai n’aide pas à avancer, prendre le train à marche, participer à la prise de conscience, aider à relancer la machine, combattre la violence, la notre, celles de nos enfants, de nos parents, de nos proches, c’est réussir petit à petit, par essaimage, à calmer le jeu puéril et destructeur qui anéantit toutes les couches de notre société, depuis la cour d’école jusqu’aux cours des cité, gangrène de violence ou des gangs en graines profitent de notre complaisance pour détruire et au final, se détruire. A chaque abris bus détruit, c’est un jeune qui se détruit. Sans limite, sans référence, comment peut-on exister, comprendre et avancer ? A chacun d’entre nous d’agir, il ne sert à rie nde rire si c’est pour pleurer demain….