Quoi de plus important que le silence ?

Quoi de plus important que le silence ?


Ne dit-on pas « le silence est d’or » ? Pourtant, combien il est difficile d’entendre les silences et malheureusement, combien il semble de plus en plus difficile de respecter les silences. Est-ce le penchant trop branché communication de notre société qui en est la cause ? Sont-ce la densité et le nombre des réseaux sociaux déployés et utilisés qui provoquent cela ? Malgré cette relative « visibilité » nous sommes tous des cétacés dérivant à la grande surface des océans, ce n’est pas parce qu’on se pointe de temps à autre dans le périmètre de tel ou tel réseau, forum ou autres que c’est là la totalité de notre existence. Cela parait évident du côté du vivant, cela semble l’être moins du côté des grands navigateurs auxquels de temps en temps on peut souhaiter bon vent, tout simplement parce que eux naviguent et que nous partons en plongée dans les grandes profondeurs des océans de la vie. Silence.


Marcher au cœur de la nature, voir la vie sous mille formes, l’écouter en silence, c’est respecter ce monde merveilleux malgré notre intrusion, c’est aussi prendre conscience de la géographie invisible des lieux, ce ruisseau qui se laisse deviner par sa mélodie, mais aussi la population bien cachée, sifflements de marmottes, cri perçant de l’aigle, sonnailles lointaines de troupeaux en estive. Savourer ces instants, faire silence et écouter les autres sons, ceux si légers qu’ils finissent par s’envoler loin de nos oreilles trop urbaines. Comment peut-on marcher au cœur de la nature les oreilles bouchées par des écouteurs crieurs de sons synthétiques ? C’est une mode urbaine qui s’en vient de plus en plus dans nos montagnes, chacun est libre de ses plaisirs et déplaisirs mais vivre à plein sens l’expérience du moment est déjà inespéré pour bien vouloir y consacrer l’attention nécessaire, c’est une belle leçon d’humilité devant la nature, une émotion intense qui se mérite et se médite en silence. Il est rare de disposer en permanence de nos cinq sens, il suffit de marcher de nuit pour voir combien la vision défaillante cherche à se compenser par l’écoute aux aguets, par le toucher mis en avant, par le silence quasi religieux pour ne pas troubler l’audition. Silence.


Une pause dans la vie, une pause d’envie, ce n’est pas forcément un repos ni un dépit, sortons des clichés, cherchons à voir le monde dans sa globalité, l’humain dans ses complexités, la vie dans ses milles richesses et facettes. Une pause, déconnecté, débranché, « aux abonnés absents » selon la formule consacrée, une forme de retour à l’ancien temps, là aussi, difficile à comprendre dans notre monde par trop câblé, relié où le « je t’appelle, donc tu réponds » sonne comme une évidence, mais non, le monde n’est pas que cela et il n’est nul besoin de grimper tout en haut de la montagne ou de se réfugier au fin fond d’un monastère pour éprouver le silence et le besoin de se retrouver. Là encore, il n’est nul besoin de méditer profondément pour cela, s’accorder du temps, se donner à ses passions, accomplir quelques travaux, se lancer dans ses propres défis, sans connections aux bruits extérieurs juste l’accompagnement musical et nos propres bruits, ceux qu’on génère de manière inconsciente ou tellement consciente qu’ils nous sont sortis de la tête, ceux des outils utilisés, le glissement feutré d’un pinceau sur le mur, le bruit sourd de la goutte de peinture préférant le sol au mur juste précédé d’un grand cri du cœur qu’on ne peut réprimer… Silence.

Et puis il y a les silences non voulus, les silences d’émotions, ceux qui prennent place là où les mots ne trouvent pas la leur. Les grandes douleurs sont muettes parait-il, mais à vrai dire, elles n’ont pas besoin d’être grandes pour nous réduire au silence. La vie est faite d’arrivées et de départs, certains départs nous laissent hagards, surtout lorsqu’ils se succèdent dans les mêmes rangs d’une même famille, décimant l’un après l’autre les membres qui nous sont forcément chers. Ainsi va la vie, elle donne, elle reprend, elle insuffle joies et peines, courages et abattements. Silence.


Exister. Mais exister autrement. Exister pleinement. On peut naviguer sur les océans et soudain apercevoir des dauphins sautant devant l’embarcation. On ne peut en déduire que la vie des dauphins est de sauter aux devants des bateaux. Les dauphins ont besoin de calme, de parties de chasse pour se nourrir, de plonger en eaux claires comme en eaux troubles, de rires, de chants, de jeux. Les dauphins sont des mammifères, tiens, comme l’Homme…. Etrange ? Non, pas tant que cela. Silence…….    

   

Sous les sens

Qu’il est doux de flâner en automne, de profiter des journées encore belles pour satisfaire les envies de plein air, ne serait-ce que quelques instants, en marchant, en roulant, la tête dans le vent, sentir l’ivresse des parfums mêlés, senteurs des paysages et odeurs de ces vieilles autos, tellement identifiable à la mémoire olfactive. A l’heure du « sortez couvert » le « roulez découvert » est un plaisir simple, une transgression hautement recommandable de nos boites de conserve aseptisées nous servant d’habitude de moyen de transport. Que l’auto soit ancienne, ou plus encore, mais surtout, qu’elle soit de plein air, non pas de ces carrés de lumière qui servent parfois de toit, non, de ces grandes voiles plus ou moins souples, rarement étanches, dont l’unique richesse réside dans sa grande latitude à disparaitre pour nous exposer directement aux rayons solaires et aux éléments. Attention à la conduite ou au transport en short ou jupe courte, le soleil cogne sans prévenir, de quoi se retrouver le feu aux cuisses, et bien sûr, la tête et les bras mais eux sont tout de même plus habitués à voir la lumière. Par contre, qu’un nuage se pointe et se mette à pleurer, il est trop tard pour remettre le toit en place et voici venu le temps de la douche, quand ce n’est pas une attaque sournoise d’une rampe d’arrosage placée trop près de la route. S’il est plaisant d’humer la verdure, les bois, les fleurs, il n’y a aucun filtre quant aux épandages de lisiers et autre fumiers. En clair, vivre et rouler avec son temps par tous les temps.


Un des autres bonheurs des autos anciennes, c’est aussi le retour à l’aléatoire, fini les trajets où tout se gère en quelques touches, la température au degré près, la puissance au démarrage et pour doubler, les bruits feutrés et le confort digne d’un pullman, non, là c’est aussi la panne silencieuse, celle qui voyage avec vous jusqu’à ce qu’elle descende, enfin, qu’elle vous fasse descendre. Les températures se règlent à grand coup de patience et de savant dosage sur des tirettes souvent coincées, avec une vraie climatisation, chaude en été, froide en hiver, et puis le moteur est là, bien présent, il hurle parfois, il respire fort mais n’accélère que peu, de toute façon le châssis et les pneus ne sont pas là pour faire  la course, cela on le comprend bien à leurs manifestations parfois criantes. Nul souci, cela au fond va de pair avec le plaisir de conduire, le plaisir retrouvé même. Fini  le fonctionnement en automate, ici le conducteur conduit, et pour de vrai. Un autre plaisir, c’est de voir les sourires et les signes de sympathie le long des trajets, des gestes quasi oubliés qui redonnent un sens au mot humanité. Lorsqu’on dresse le bilan de ces échappées en belles anciennes, c’est une somme de positif qui se dresse et ne peut que faire pencher la balance en cette faveur.


Pourquoi ne pas en profiter toute l’année ? Peut-être pour en garder cette dose de magie et de plaisirs, plus sûrement parce que si nos anciennes attirent la sympathie des passants, cela n’est visiblement pas partagé par les autres conducteurs. Ils ne semblent que voir contraintes et désagréments pour leur plan de bataille quotidien où ils se situent sans doute en guerriers conquérants. Les affres de la circulation se peuplent alors de queues de poissons, de dépassements plus que limite, de grands coups de frein sans comprendre que ces autos d’un autre temps se passent d’ABS  et autres mâchoires puissantes et mordantes de frein. Tant pis, on fait avec et sans, tout en réalisant que ces autos d’un autre âge sont faites pour les routes dégagées où rouler sans contrainte, mais au fond, le plaisir se vit-il avec des chaines ? En parlant de chaîne, deux petites anecdotes : la première, ces bon vieux moteurs se passent de modernes courroies de distribution coûteuses en remplacement obligatoirement programmé, ils ont conservé les archaïques mais robustes solutions, des chaines dont la durée de vie est sans égal, tout comme d’ailleurs celle du moteur. La deuxième anecdote à propos de chaines, c’est qu’en hiver sur route enneigée, ces vieux bolides se conduisant sur un filet de gaz savent rouler sans d’autres accroches que leurs étroits pneus en bon état… Non, le but n’est pas de faire l’article, le marché est hélas parti dans des considérations affolantes quant aux tarifs de ces populaires autos, hélas parce que cela a pour effet de les ôter d’une clientèle populaire, qui aimait et bichonnait elle-même sa voiture, n’hésitant pas à mettre la main dans le cambouis et apprendre le savoir-faire. Aujourd’hui ces populaires autrefois boudées deviennent des icônes de boboïsme, des « must to have » des objets à la mode, et il n’y a rien de pire pour une espèce que d’être rabaissée au rang d’objet, car dans notre monde moderne, tout passe, tout lasse, tout se casse. Drôle d’époque. Partons prendre l’air…..    


Le décalomètre

Parmi les inventions les plus inventives mais pourtant tombées dans l’oubli, rappelons-nous du décalomètre. Tout d’abord, afin d’évacuer la chose, il convient d’exprimer ici le regret de l’invention de l’oubli, sorte d’appareil muni de puissants buvards dont la fonction étonnement simple consiste à se cacher dans l’ombre pour faire disparaitre de nos vies tant et tant de choses ô combien utiles, cela va bien évidement d’un simple numéro de porte, à la formulation plus complète d’un numéro de téléphone, quand ce n’est pas carrément un nom ou même un rendez-vous.  Des bruits courent que des pans entiers de l’existence auraient disparus chez certaines personnes, et même semble-t-il, l’existence tout entière… Mais quel foutu inventeur a-t-il pu pondre une pareille machine ? Je crains qu’il n’ait lui-même disparu dans l’oubli, puisque c’est ainsi qu’on le nomme aujourd’hui, et cette disparition a dû sans aucun doute être la conséquence des premiers essais du prototype. Mais nous nous éloignons du sujet, et même si le décalomètre a disparu dans l’oubli, nous ne pouvons passer sous silence ce génial appareil.

Le décalomètre fut inventé il y a bien des lustres, à vrai dire, il est difficile de nous souvenir quand précisément, ne serait-ce que son propre fonctionnement. En effet, par l’intermédiaire de je ne sais quel principe savant, il induit un champ de forces excentriques venant propulser les objets en de curieuses figures pour les placer plus loin, tout cela selon de minutieux réglages moyennant molettes et autres pas de vis. Ainsi, un bricoleur aguerri peut enfin arriver à percer à côté, révélant ainsi à sa famille ébahie la sournoise canalisation d’eau rampant sous le pimpant papier-peint. D’autres fois, ce sont des jeux de clés qui s’en allaient jouer ailleurs, un véhicule roulant à contresens ou bien encore un piéton traversant en dehors des clous, il parait même que ce puissant appareil s’attaquait aux propos, et dieu sait qu’un propos tombant mal à propos peut au mieux engendrer un quiproquo, au pire nuire. Il parait même, qu’il y eut des décalomètres si bien réglés qu’en de puissantes trajectoires, ils décalaient les objets jusqu’à leurs propres places….



C’est étrange que cet appareil ait pu disparaitre, il semblait pourtant rendre d’immenses services et de nos jours, il en rendrait bien d’autres. Imaginez un peu : bien réglé, les fins de mois tomberaient à la fin du mois et non le quinze, les mauvais bricoleurs, s’ils en existent encore, perceraient juste, et même l’écho y trouverait écho. Certes, cet appareil n’a pas le look moderne et boutonneux de nos outils quotidiens, il ne consomme pas d’énergie, n’a pas besoin de piles ni de fil à la patte, il ne bipe pas, ne se pare pas d’un bel écran tactile, il serait parfaitement incongru dans les rayons de nos modernes magasins de bricolage. Aussi incongru qu’une règle à calcul dans une cour d’école. L’oubli est passé par là, et comme à son habitude, il a tout raflé, tout absorbé en oubliant de tomber lui-même dans l’oubli… Mais dans quelle époque on vit !        

Le blues et la bluette

Le blues et la bluette

Un bluesman ayant chanté tout l’été
Se trouva bien fatigué à l’automne né
Il avait beau cultiver sa voix éraillée
Elle ne tenait plus les notes élevées.

Mais que vais-je donc devenir ?
Je suis chanteur et non émir
Un chanteur quelle poisse, sans voix,
Voilà qui m’angoisse et me laisse coi.

Certes, si la voix hurle, se tût, turlututu
C’est une autre petite voix qui s’émue
Enfin libérée des accents rocailleux
Elle poussa un contre ut joyeux

« N’as-tu donc de talent que la voix ? »
Dit-elle, vaillamment, «et tes doigts ? »
Reprit-elle, enhardie «non mais des fois ?
Crois-tu qu’ils comptent pour des noix ? »

« Ma foi, c’est vrai » réalisa-t-il
« Ma guitare, leur répond, docile
Et sans la voix, je ne suis pas en péril »

« Et puis encore ? Tes mots
 Ne doivent-ils être que chantés
 Pour nous ainsi enchanter »

« C’est vrai, pourquoi n’y ai-je moi-même pensé ?
Ces mots sont mots, qu’ils soient sons ou silence
A défaut de les chanter, je peux bien les tracé
Et par écrit, ils voleront aussi, je m’y lance »

Et c’est ainsi que par un matin d’automne,
Le blues devint bluette comme personne,
Et s’il n’y a ni son, ni accent, ni rythme,
Les mots eux jouent en syllabe le rythme. 

 

  


Fermé pour cause travaux

Il faut du temps pour se construire, il en faut bien plus pour se reconstruire, c’est certain, et bien plus que du temps, c’est de la méthode, de la patience et parfois même une bonne dose d’abnégation. Nos vies sont comme ces gratte-ciels pleins d’étages, l’aspect extérieur massif et solide ne peut faire oublier la technicité de leur construction, la rigueur de l’assemblage, la solidité de leurs fondations. On ne peut transformer une construction à la hâte, il en est pareil de nos vies. Vitesse et précipitation ne font pas bon ménage dans les gros travaux, parfois, les murs sont si atteints, si fragilisés qu’il convient de les tomber pour repartir des fondations et construire du solide. Bien sûr, cela est une tâche de longue haleine nécessitant de la constance et de la concentration, mais à coup sûr, le résultat en dépend fortement.

« Fermé pour cause travaux », « chantier interdit au public » telles sont les pancartes qui devraient être visibles sur bien des vies malheureusement le manque chronique de temps et la peur de l’ampleur du chantier font que bien souvent ce n’est que replâtrage et peinture neuve à la hâte pour bien vite reprendre ce qui passe pour le cours normal de l’existence. Un peu façon émission à la mode, je masque, je cache, je repeints par-dessus, bref, je pomponne et je fourgue, de préférence par une nuit sans lune et éclairé à la bougie devant des yeux endormis. A chacun son strass, son stress, ses paillettes, ses pailles dans l’œil du voisin, ses poutres à peindre en blanc pour faire plus grand et plus propre, à chacun son rythme, là encore, il n’y a pas de principes à suivre, de méthodes, de gourou, juste l’envie, le besoin, le cheminement de tout un chacun. Rebondir, se relancer, changer d’air, changer d’ère, tourner la page, la déchirer, la brûler, et après ! Et après ? Il y a la vie, ses leçons, ses marches, son parcours, on peut rater une épreuve, elle reviendra plus tard, on peut fuir toute sa vie, elle se représentera à l’embauche le moment venu, on peut aussi descendre du manège, passer son tour, ses tours, rester seul sur le banc jusqu’à sortir de sa torpeur, s’apercevoir que la place est devenue vide, le monde parti, le manège disparu, tiens, on dirait même qu’il fait plus frais d’un coup. « J’ai rêvé ?, je suis où, j’en suis où ? »


Assis seul sur un banc, sifflotant une symphonie si simple, si sotte, si synthétique qu’elle en coupe le sifflet, c'est le signe d’un mieux, un changement d’aire par le changement d’air, un appel à la vie dans le désert d’une place vide, une occupation de l’espace par le son, être soi par la voix, voir alors qu’il n’y a rien à voir. Le vide, la quiétude, l’absolu, le désencombrement de la vie, le retour à l’essentiel, aux essences de la vie, aux bases, aux fondations, celles là-mêmes qui sont notre socle sur lequel nous allons à présent dresser nos murs, plus solides, mieux éclairés, plus graciles, moins hauts, tout immeuble commence à s’élever par le bas, n’en déplaisent aux poseurs d’antennes… Mais avant de poser la première pierre, encore faut-il s’assurer de la solidité des fondations, de leur bon état, en détecter les faiblesses, en renforcer les soubassements au besoin. Cela prend du temps, c’est vrai, mais le temps est un allié, non un ennemi comme trop souvent perçu dans nos sociétés de vendeurs de montres. Pour tout cela, il faut aussi la connaissance, sinon comment savoir mesurer la qualité de ses propres fondations ? La vérité est dans notre analyse et notre perception des choses, non pas dans les commentaires de tous ceux qui commencent à vous dire « à ta place…. » Mais jamais personne ne se retrouve à la même place, dans le même vécu, parce que les vécus sont tous différents, parce que le mental est propre à chacun, parce que les réactions face à tel ou telle situation ne peuvent qu’être liées aux émotions de chacun. Voilà pourquoi la solitude est bonne, et n’en déplaisent aux âmes charitables dotées de grandes pensées, elle n’est pas une fatalité, ni déprimante, ni désolante. Trouver sa place dans la solitude, c’est accomplir son propre chemin, découvrir ses douze travaux d’Hercule à soi, c’est se donner enfin le temps de s’écouter, de se parler, de s’entendre et de réapprendre à vivre avec soi, c’est apprendre à s’aimer, tout simplement. La première des étapes, la fondation première, s’aimer pour aimer l’autre.


Il n’est jamais plaisant de rencontrer ces palissades dressées à la hâte pour masquer la laideur du chantier, mais au fond, si elles sont là, c’est bien parce que demain se dressera ici un bel immeuble, du moins une solide construction, la notion de beauté ne pouvant être que subjective. Ne soyons pas impatient, comprenons le délai, apprenons la patience, respectons les silences et les distances mises en place par ces palissades fussent-elles invisibles. Demain, il fera meilleur, le spectacle sera autre et les palissades disparues… Après tout, lorsqu’on reçoit un cadeau, se contente-t-on de ne regarder et de ne garder que l’emballage ?         



Construction

Celui qui construit connait les risques et la valeur de sa construction. Celui qui se construit doit en apprendre les risques et ses valeurs. Le monde est en perpétuelle évolution, parfois même révolution, nous ne sommes que des particules infimes de ce monde et comme lui, nous vivons entres évolutions et révolutions, à nous d’apprendre, à nous de comprendre, à nous de mesurer, les risques comme les bienfaits, à nous de savoir nos valeurs. Parfois les sentiments de n’être rien, de ne pas avancer marquent des points et voudraient nous attirer dans leurs abysses, jouant sur notre propre acharnement à refuser de nous voir tel que nous sommes. Il suffirait pourtant de développer notre propre estime, de voir combien nous sommes des êtres de valeur pour ne plus confondre amis et faux amis, pièges et avancées. Nous portons tous en nous nos propres clés.

Il n’y a ni guide, ni maitre, ni gourou à suivre aveuglément ; Il n’y a pas d’exemples à suivre. Il n’y a pas de chemins, pas d’itinéraires à suivre scrupuleusement, non, il peut y avoir une direction donné comme un enseignement mais elle ne devient son objectif que si on se l’approprie, si on la comprend, si on veut aller dans ce sens. Dès lors, ce sont nos pas qui comptent, nos embûches et la façon dont on les vainc qui dresse notre carte, notre être. Par là et par là seulement nous grandissons. Certes, il parait si facile et se raccrocher à quelqu’un, de se laisser porter comme la plante gracile s’accroche et pousse le long de son tuteur mais la moindre tempête brisant le tuteur brisera la plante à coup sûr, alors que celle qui aura acquis son indépendance et développer sa force à grandir dans les coups de vents sera mieux courber l’échine pour résister. Il n’y a pas de hasard si les gourous et charlatans grandissent auprès des personnes les plus démunies, qu’on s’intéresse à soi et il semble que le soleil est là, mais prenons garde aux mauvaises lueurs tout comme aux mauvais UV. Gardons toujours l’esprit critique, la volonté d’avancer par soi et pour soi, prenons le temps d’écouter mais surtout d’entendre, les mauvaises notes sonnent toujours faux à l’oreille attentive. La littérature, les sites, les personnages ne peuvent être qualifiés de bien et de recommandables sans avoir le recul nécessaire. Il faut savoir prendre le temps, observer, s’élever pour essayer d’avoir une vue plus globale des choses, un peu comme si l’on montait dans un hélicoptère, ou mieux, comme l’aigle prenant les ascendants en tournant dans les airs, le regard perçant lui permettant de continuer à observer, à englober la scène dans sa totalité. La proie si attirante au sol peut s’avérer être un piège cruel lorsque les renards ou les loups sont tapis dans les hautes herbes autour.

Etre soi. Chaque être est unique, avec son propre chemin, sa propre existence, ses envies, ses évidences, son rythme de marche, sa longueur de pas, sa foulée, ses contraintes. Copier quelqu’un n’est pas vivre, ni même prendre un raccourci bénéfique, car là où le pas semble sûr, le nôtre peut glisser. Savoir qu’il faut traverser le ruisseau est suffisant, cela permet de se fixer l’objectif, d’analyser les rochers sur lesquels on pourra prendre appui, cela nous laissera le choix de marcher dans l’eau ou bien sur tel ou tel rocher, et même, de ne pas traverser. Elle n’est pas belle la vie ! Vivez, soyez, devenez ! Ne laissez personne diriger le cours de vos vies, prenez le temps de les entendre plus que de les écouter, voyez si là est votre direction mais surtout, ne renoncez jamais à construire votre parcours selon vos possibilités et vos forces, et mieux, élevez vos possibilités en faisant de vos faiblesses des forces nouvelles, apprenez, devenez vous-mêmes, vous en serez les premiers bénéficiaires et pour longtemps. Soyez et surtout, soyez fier de vous, dans vos succès comme dans vos échecs car dans la vie comme dans les escaliers, ce sont les marches qui vous élèvent. Ne renoncez jamais, prenant le temps de faire une pause, de voir, de comprendre, d’entendre et partez lentement et sûrement, c’est ainsi que vous vous construirez.



Gardez confiance, en vous, pour vous. Pour les autres aussi, plus tard et de tout cela, ne soyez pas surpris lorsque le soleil viendra éclairer vos vie, ce ne sera que juste récolte de ces efforts dont vous prendrez le temps de semer vos vies.  

Ecchymoses

Ecchymoses de maux, ecchymoses en prose, les mots volent, les mots veulent, les mot-à-mots sont des pansements, matière à penser, soins sans tsoin-tsoin, charme naturel, magie de l’instant, un rôle ni drôle, ni trop sérieux, juste des vies denses comme simple évidence. Il n’y a jamais de période définie pour être heureux ou bien malheureux, pour penser, pour se soigner, pour écouter, pour s’écouter, pour dire, pour maudire, pour mot dire, non, il est toujours temps, nous sommes toujours au bon endroit. Encore faut-il le vouloir.

Difficile de dire si l’on veut ou pas, difficile de se croire capable de le faire, bien sûr, l’échec construit une image sombre, triste et négative qui parfois a trop tendance à aspirer la vie dans ses sables mouvants, il en savait quelque chose. Lorsque le regard éclaire en noir le vécu, il n’est pas simple d’en voir les belles et bonnes choses pourtant, elles existent, elles ont compté, autant que les moins bonnes, les moins belles, elles sont juste voilées, masquées et en deviennent insignifiantes, l’esprit préférant se focaliser sur ses pensées majeures, fussent-elles sombres. C’est assis sur la vielle jetée, les jambes dans le vide et le regard tout aussi vide perdu dans l’horizon où se noyaient les vagues qu’il ruminait toutes ces sombres étapes d’une vie lui paraissant du coup bien longue, fortement injuste et tellement éprouvante. Le crachin avait beau lui fouetter le visage en y faisant naitre des ruisseaux de fraicheur, il ne pouvait bouger, le poids mort d’une vie aux épisodes morts le clouait sur place. Seul. Face aux éléments, pourtant d’habitude si puissants à le régénérer, il sombrait dans son propre enfermement, une folie personnelle face à laquelle il n’opposait qu’une camisole qu’il prenait soin de tricoter et de ligaturer lui-même. Les rochers, les flots, l’eau sombre en dessous de ses jambes ballantes semblaient l’attirer, semblaient l’appeler. La tête lourde, le regard noir, il se sentait volontaire à ne plus avoir de volonté de résister. Laisser tomber. Se laisser tomber. Glisser sur le bois humide, faire plouf, un plongeon rapide dans les eaux froides puis plus rien, détaché des mauvaises ficelles de la vie, disparaitre pour ne plus réapparaitre. Abandonner.


Depuis combien de temps était-il là ? Las, assis, vide, vidé, noyé dans des noirceurs de l’âme, perdu dans le labyrinthe qui éreinte nos vies, à chercher la sortie, la bonne, celle où il fait beau, celle où l’on vit, celle d’une forme de paradis sur terre, peut-être bien au fond parce que le paradis est sur terre et nulle part ailleurs. Un cormoran s’en vînt battre des ailes devant ce corps mourant englué sur le bois de la jetée, une forme de parade, un appel à voir, à quitter du regard cette zone sans but qu’est l’horizon, et par là-même à voir, à revenir dans la réalité. Après tous, ce qui est passé est passé, et si ces passés sont dépassés, à quoi bon s’y attarder ? C’est aujourd’hui le présent, le vivant, hier n’est plus mais il a laissé des leçons et si les blessures saignent, elles ne font qu’épurer le mauvais sang, le mauvais sens que la vie avait pris. Laisser couler les pus d’une existence, panser les plaies et penser aux comment en pourquoi, non pas pour rejouer la même scène différemment, cela n’est jamais possible, non, juste pour jouer encore et encore, d’autres scènes, d’autres possibles, d’autres vies parmi d’autres vivants. Soigner les blessures par les pensées, saigner les blessures de leurs mauvais sangs, de leurs mauvaises humeurs, saigner pour soigner, penser pour panser, puis se dire « j’essuie parce que je suis » et être. Un être nouveau, un être différent, voir le temps ralentir, se poser, le temps devenir un allié, même pas, le temps devenir une simple composante et non le recteur d’une vie. Vivre, tout simplement. Drôle de réveil aux battements d’ailes d’un cormoran dansant dans les courants d’air, voilà que maintenant la fraicheur humide des planches devenait insupportable, il fallait se lever, se redresser et marcher, se dégourdir les jambes, le corps et l’âme. Il se leva lentement, les jambes chancelantes mais bien moins que l’esprit comme sonné d’avoir osé penser que la fuite était un salut, que l’onde profonde pouvait être un réconfort. La tête lui tournait, il était trempé de ce jour gris et humide, il lui fallait marcher pour se réchauffer et puis pourquoi pas, s’approcher du bar là-bas et entrer boire quelque chose de chaud, pourquoi échanger quelques mots, lire les journaux et regarder la pluie tomber et glisser le long des vitres.



C’est cela la vie, des vagues de pluies plus ou moins froides qui viennent nous ruisseler dessus, à cela, nous n’y pouvons rien. Par contre, nous restons maitre de notre existence et de choisir de quel côté des vitres nous souhaitons être, côté extérieur à essuyer les tempêtes qui nous rongent et nous détruisent peu à peu ou bien côté intérieur à boire chaud et regarder les larmes glisser sur notre vitre protectrice. C’est ce choix qu’il a pris, à présent il en sourit.           

L'aube bleue

Ex… Expérience, excusez-moi, expectative, exhaustivité, extérieur…. Suite de mots pour suite de maux, langage du corps lorsque le langage du cœur a pris trop de tangage et si l’on se sent devenu extérieur à l’histoire au fond, tout ceci n’est que très intérieur. Etrange voyage au gré des pas, au gré des mots, au gré des pensées, mais pas que. Hier s’enfuit parfois longuement, lentement, beaucoup plus lentement qu’on ne le voudrait, peut-être au fond parce qu’essayer de faire rimer toujours et jamais s’avère être une gageüre sans nom. Plus de nom. Non. Au sortir de l’hiver s’en fut un joli printemps, aux doux parfums et aux tendres fleurettes, senteurs enivrées qui vous font tourner la tête et vous laisse vous envoler vers ces pays magiques dont on prétend qu’ils sont au-delà des sept cieux. Alors le printemps explose en été, il fait chaud, il fait bon, il fait très bon et l’on vit, et l’on rit, et l’on jouit des nuits chaudes, des nuits courtes, des jours de feux, des brasiers intenses dévorant la vie. Et puis l’été s’en va, et puis l’été s’enfuit, et puis l’été devient passé, il était, il n’est plus, place à l’automne. Le roi est mort, vive le roi disait-on autrefois, l’été est mort, vive l’automne, et tant pis si la cour change, les favorites s’en vont, s’esquivent et s’envolent vers d’autres contrées plus chaudes et plus plaisantes, les jours devenus bien courts deviennent aussi plus frais, plus froid, l’automne est là, enfin presque, encore quelques jours, encore quelques heures, encore quelques silences et quelques absences.


A l’automne d’une vie, la peau épaisse et plissée n’est qu’un parcours à embûches pour les perles de pluies dont les yeux se débarrassent, malgré soi, rivière intermittente des amours intermittents, elle coule à petite dose et cette eau brûle encore plus les yeux rougis. C’est un château qui s’écroule mais ce n’est qu’à ce moment-là qu’il dévoile sa fragile construction faite de cartes, des cœurs rouge de plaisirs, d’autres qui se tiennent à carreau, d’autres noire de trèfle et d’autres enfin plus épiques qui piquent un peu beaucoup les yeux. Certes, les jours sont plus courts mais ils restent inconsolables jusqu’à vêtir de blanc la noirceur des nuits sans étoiles. Qu’elles que soient les raisons, lorsque la danse s’achève, le cavalier plonge dans le noir de sa case. Les larmes ont beau essayé de faire luire quelques lueurs dans cette noirceur, ce n’est que peine perdue sans pour autant que la peine soit perdue tout à fait, sans qu’elle soit pendue haut et court à jamais. Hier ne sonnera plus jamais, aujourd’hui est triste, vide et froid, naissance d’effroi pour le futur à poindre.  Il est las. Il erre, triste hère de tristesse en tristes esses, il balance ses pas à gauche et à droite, une danse sans transe, méthodique mélodie déroulant ses notes dans son seul cerveau, vide et résonnant sans raison, comment pourvoir encore raisonner lorsque tout vous abandonne ? Mais pourquoi diantre toutes les questions s’appellent pourquoi ? Pourquoi le comment n’est jamais enclin à s’avancer et à prendre part à la discussion ? Questions lancinantes, pire qu’un interrogatoire de police où le juge est l’accusé, où sans cesse s’en revient la litanie des « nom, prénom, âge et profession », les souvenirs pas encore sépias mais déjà blancs ou noirs. Il danse. Dans sa tête. C’est un tango aux accents puissant tranchant comme des lames, c’est une valse aux hésitations, c’est un rock si métallique que les tripes explosent de douleurs et empoignent le corps pour lui crier d’arrêter. Arrêter. Fuir. Disparaitre. Disparates solutions dont on ne voit que la facilité de l’absence sans savoir les douleurs qu’elles cachent, normal, elles sont tapies dans l’ombre, silencieuses, muettes, prêtes à mordre. Il était mordu, il est mort sans elle, il plonge et songe, il reboucle sans cesse le même film, les même épisodes, les éclats de rire, de joie puis les éclats de voix, la limite fragile entre le paradis et l’enfer. Allez, juste une larme. Une larme ambrée aux accents si forts et si puissants qu’aussitôt c’est la terre lointaine, c’est la tourbe, les bruyères, les ajoncs, les landes désertes. Allez, juste une larme. Une larme soyeuse, chaleureuse qui bientôt brûle le gosier, tonique, majeure elle secoue les papilles, dilate les pupilles, arrache une quinte de toux avant de plonger dans les abimes froides en réchauffant les parois. Allez, juste une larme, cette chaleur l’enivre, lui rappelle son printemps, lui dessine son été, cette larme et puis d’autres le fond plonger dans des sommeils profonds mais inconfortables, et ces larmes au fond lui tirent d’autres larmes, celles-là même qui lui brûlent les yeux, estompent la réalité d’un brouillard assassin, décidément, que cet automne se présente mal, mais de quel hiver va-t-il donc accoucher ?



La flamme vacille, s’étiole, s’éteint. La lune toute petite, éclaire les brins d’herbes humides. La tête est lourde, le chagrin  ne se retient plus, il pleut au cœur de la nuit. Il pleut pour balayer les nuages, vider les mauvaises eaux et noyer les maux. Il coule de source, et de ces eaux naitra bientôt l’aube, la belle aube bleue…

Bateau

pour finir l’été, quota atteint, voici mon bateau, fruit de l'imagination d'un jeune animateur de centre de vacances plus communément appelé "mono", réalisé dans un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaitre, lors d'un atelier "construction de bateau et autres objets en bois" avec de jeunes enfants, dans les terres du languedoc, au creux du massif de la Clape, ce que nous nommions alors pompeusement, le château d'Armissan.

Ce mono sans monoï ni monocle, construisit ce fameux non pas trois mats mais trimaran très marrant dont le nom "Corsica2" se voulait sans doute une évocation insulaire du célèbre France3, voilier français, candidat malheureux à l'America Cup dans les années 80 et dont la série limitée de Citroën 2CV se voulait hommage.


Encore en relativement bon état malgré de nombreux déménagements et temps passé en cale sèche, la peinture est d'époque, les voiles aussi, le marquage aussi... Certes, il n'a jamais navigué sur l'océan, pas même la mer, ni même en père peinard sur la grand marre des canards, il fut mis à flot sur le bassin du château, puis de temps à autre, sur un bassin plus modeste, n’en déplaise aux autochtones…



Une randonnée à la Rhune

Une randonnée à la Rhune, c’est comment dire… Toujours imprévisible, magique, surprenant de découvertes et de surcroit assez varié d’un point de vue efforts physiques…. La Rhune, c’est la montagne emblématique du pays basque, du moins côté littoral, surplombant Saint Jean de Luz et visible jusqu’aux Landes, avec cet humour de proverbe qui dit « Quand tu vois la Rhune, c’est qu’il va pleuvoir, quand tu ne la vois plus, c’est qu’il pleut … » Humour local et partagé entre quelques amis venant ici régulièrement… Une forme singulière, en dent de requin, un des derniers « sommets » de nos chères Pyrénées dans leur partie française,  avec comme particularité de connaitre deux versants d’accès situés en France pour un sommet situé en Espagne. D’ailleurs, en randonnant autour, on traverse plusieurs fois la frontière, rencontrant de-ci, de-là ces fameuses bornes frontières numérotées.

La Rhune, c’est une randonnée que même si on l’a déjà faite dix fois, on a envie de la refaire une onzième, ou bien, on la fait une fois et on ne souhaite pas la refaire, mais cela, c’est un peu le lot de pas mal de randonnées, et l’avis de pas mal de randonneurs. Ce bout de montagne est peuplé d’une végétation luxuriante et tellement variée tout au long du parcours que les yeux voyagent sans cesse et comme si cela ne suffisait pas, la faune se joint à la flore, ici c’est le paradis des pottoks, ces chevaux sauvages du pays basque, quelques moutons comme égarés, quelques chèvres, des vautours, des corneilles, ceci pour la partie la plus visible. En partant d’Olhette, on s’élève à travers les châtaigniers, puis vient la prairie, pauvre et un brin aride, avant de longer les fougères jusqu’au col des trois fontaines et ces conifères magnifiques, cachant à peine un joli bois de feuillus. Ici se situe le terminus des petits pas, au-delà du col, la pierre constitue le gravier du chemin et le chemin grimpe de plus en plus, laissant le souffle court et les mollets lourds, l’air aux odeurs de pins devient un air aux odeurs de ferrailles, d’huiles et de graisses, la faute à la voie ferrée et sa crémaillère, le petit train de la Rhune décolle sur l’autre versant, au col de Saint Ignace, mais tous les chemins mènent au sommet et comment pourrait-on ne pas le voir ce grand totem rouge et blanc ? En montant, il faut aussi se tourner, profiter du spectacle de l’océan, découvrir la baie de Saint Jean de Luz et ses digues typiques, plus bas reconnaitre Hendaye et San Sebastian tandis qu’au-dessus, la côte de sable blond désigne Guetary et Bidard avant d’apercevoir l’avancée du rocher de la vierge situant Biarritz. Il y a donc à voir, tant et tant, chaque fois la luminosité diffère, parfois c’est le brouillard qui cache le sommet durant la montée, d’autres fois comme aujourd’hui, le soleil magnifie et donne envie de tout voir.


Tout voir ? La faune, la flore et …. L’Histoire. Elle a commencé tôt ici, les formes des rochers traduisent les poussées géologiques des ères lointaines, puis, du temps de l’Homme, nous sont restés des cromlechs, cimetières préhistoriques, quelques menhirs, des abris, cabanes, bergeries, des redoutes, bref, il y a toujours des choses à voir et à chercher à voir, surtout si l’on guide ses pas en dehors des sentiers trop battus. Apprendre, voir, marcher, découvrir, respirer, aimer. Un pays riche de ses trésors de natures, de son histoire et de ses légendes, un pays et sa culture, ses revendications, gravées en pierre, un pays où il fait bon poser ses pas et son regard…. Pour la douzième fois…ou plus ! Mais au fond, quand on aime, on ne compte pas…


En bateau!

« Aquarium vous mène en bateau… »
Mais quelle idée ! Comment l’interpréter ?
Et dire que j’avais confiance dans Aquarium, me voilà, comme les autres, mené en bateau.

Serait-ce un poisson d’avril prenant l’eau en septembre, les fortes pluies du printemps ont su retardé tant et tant de chose cette année ? Mais si c’est un poisson, dans ce cas, je ne vois qu’un bar… un beau bar goguenard virant en bobard, c’est que le beau bar n’est pas un barbot, ne confondons pas.

Se faire mener en bateau, par les temps qui courent, devient de plus en plus courant, ce qui, à la relecture, semble logique : les temps courent, tout devient courant, et au gré de ces courants-là, il faut savoir mener sa barque sans se faire mener en bateau, sans quoi la barque devient l’annexe du bateau, et vogue la galère, tout le monde part à vau l’eau…

Des bateaux, j’en ai pris quelques-uns, mes débuts furent en orange et blanc avec boussole incorporée, un vrai Sevylor gonflable pour affronter les premières vagues, enfin, clapotis, il y a un début à tout. Une barque aux bois d’un autre âge, navigant sur le Boudigau, enfin, selon la longueur de la chaine qui la retenait au bord, mais que voulez-vous, les enfants voient bien plus loin que les adultes, ce furent tant et tant de voyages aux longs cours soumis aux rythmes des marées de ce cours d’eau saumâtre. Il y eut des ferrys qui n’étaient pas des jules, des petits, des gros, des traversées d’au moins quelques minutes à d’autres qui se comptaient en heures, des voyages insulaires, des joies et des creux, de vagues, bien sûr. Il y eut aussi des vaisseaux régionaux, tellement adaptés en leurs terroirs que les transplanter ailleurs seraient les faire mourir à petit feu et aussi incongrus que de faire voguer une gondole vénitienne en plein Toulouse, je pense ainsi aux élégantes pinasses du bassin d’Arcachon, plaisirs vacanciers de s’en aller à l’autre bout du bassin accompagné de son vélo pour revenir par les pistes cyclables ou bien juste pour le plaisir de se baigner dans les vagues de l’océan…. Je pense aussi, bien sûr, à ces péniches aux ventres rebondies, désormais garnis de salle de restaurants ou de réceptions, parfois d’un appartement qui laisse rêveur. Elles hantent les flots tellement placides de notre beau canal du Midi que nous partageons désormais avec l’humanité, elles en sont les baleines prenant leurs eaux, navigant à la vitesse des regards, fendant à peine l’onde verte sous la voute des platanes séculaires hélas malade du chancre et tombant chaque jour un peu plus nombreux sous la coupe salutaire parait-il des experts draconiens… Que de bateaux différents, bien plus agréables que les bobards pareillement nommés. Bon, il m’est arrivé aussi de prendre les bateaux d’un trottoir caressé de trop près, mais ne soyons point trop terre à terre et voyons plus loin que cela comme chute…

La chute, voyons, il reste surprenant de parler ainsi d’aquarium en bateau, la réalité est tout autre, non ? Les bateaux naviguent sur les flots, c’est bien connu, les petits comme les grands. Ces flots sont tout de même le plus grand, le plus beau des aquariums de notre monde alors, qui de l’aquarium ou du bateau ? Mais les deux mon capitaine, ce sont bel et bien les deux que sur toiles il vous faut présenter… Des toiles en voiles, des voiles sous les étoiles, des voiles sur les étoiles de mer… La magie est partout, et là est bien l’essentiel…


la rentrée de la rentrée

La rentrée de la rentrée, et oui, il faut bien qu’elle rentre aussi cette fameuse rentrée… La côte s’est vidée de ses flots de vacanciers, les supermarchés eux ne désemplissent pas et même si les rayons boissons, grillades et glaces sont moins prisés, ce sont les cartables, crayons et cahiers qui mobilisent la guerre des chariots, jusque dans les publicités de la rentrée télévisuelle. Bien sûr, nous aurons droit aux belles images des chaudes larmes des parents et des écoliers, des classes surchargées, des écoles fermées, des querelles de saison, bref, notre vie reprend son long cours immuable qui veuille que septembre sonne les cloches du scolaire et des vendanges…. Ben oui, les vendanges, tout de même !


« Là où pousse la vigne, il y a de la civilisation » 

Maxime ô combien véritable de moi-même, citée en de nombreuses fois lors de nos périples pédestres en quelques points du globe. La vigne, le raisin, le vin, la raison, la vie, tortueuse et noueuse comme un cep, et comme un cep, la vie n’a pas de vie identique autour d’elle. Chacune est façonnée par les aléas du temps et surtout, par la manière dont elle réagit à ses aléas. Allez donc marcher près de ces vieilles vignes, oubliez vos regards perdus sur les frondaisons, sur les grappes à foison, osez regardez plus bas, oui, tout en bas, ce pied de vigne, ce cep, ces rides profondes, ces lambeaux de peaux qui se détachent, sèchent puis tombent, ces nœuds, ces plis, ces virages pris, ces courbures, ces rondeurs, ces désinvoltures qui font qu’une ramification à gauche part soudait à droite tandis que sa consœur de droite s’en vient à gauche, échange de bon procédés, erreurs de parcours, changement de route, la vigne est le plus bel arbre de vie qu’il nous soit offert à voir, à lire, à parcourir, à aimer.