Bobine

Après les derniers épisodes automobilistiques, le parc s’étant considérablement amoindri, quelle belle occasion pour ne plus hésiter dès le matin entre une telle et une telle, et partir gaiement au volant de ma belle 2CV. Belle, la plus belle d’ailleurs, sans faire de jalouse, vu qu’elle est unique, re belle aussi, surtout quand elle refuse de démarrer, bon, à chaud, l’expérience deuchiste, surtout celle des autres, m’a appris que cela venait presque à coup sûr de la bobine. Et oui, une bobine trop chaude et plus d’allumage. Que cela vous arrive sur votre 2CV ou bien autres bicylindres dérivés sauf spécimens au dernier allumage électronique à la mode, donc, si cela vous arrive, vous ouvrez le capot, c’est quand même plus pratique, et vous déconnecter les deux fils des deux bougies, les deux petits fils du plus et du moins, vous branchez tout ça sur une nouvelle bobine, même une autre vieille fera l’affaire pourvu qu’elle soit froide, et vroom ça repart devant les bobines éberluées des gens autour. Bon, ok, de nuit, sous la pluie, vous y verrez moins bien et dans les bobines et dans les fils, mais bon, les fils c’est pas grave, il n’y a pas vraiment de sens, les bobines, pour arranger les choses, elles sont noires, je parle bien sûr de celle des 2CV. Comme quoi, l’expérience, ça sert. Celle des autres, quand la votre est défaillante, mais par un principe encore plus simple que celui des vases communicants, l’expérience des autres devient la votre, sous réserve de vouloir apprendre bien sur, mais sans cela, que serait la vie ?

La vie est un peu à l’image de nos véhicules. Il y a le côté basique, rustique diront certains détracteurs, encore que comparer des tracteurs avec des voitures soient une drôle de façon d’aborder le sujet, au pire un pis aller, digne d’une réflexion d’une vache normande en atteinte de traite, non pas que je veuille par là esquiver le sujet pour m’en aller parler de la traite des blanches et marrons, je ne suis pas pour cela un joueur vénérable de note superbe équipe nationale, quoiqu’une fois de plus, les ébats font débats…. Mais revenons à nos autos, du moins, à ma propre expérience sur le sujet. D’un côté, il y a cet objet, qui d’un premier abord semble basique, dont la légende colporte depuis des temps immémoriaux que sa définition soit de pouvoir transporter un panier d’œuf sans en casser un seul, cette chose étonnante qui muta tout au long du siècle, de sa conception d’avant guerre au début de sa commercialisation après guerre, traversant les révolutions culturelles, s’adaptant aux époques, plusieurs fois déstabilisée par des remplaçantes qui n’en furent pas, jusqu’à l’arrêt pour d’obscures raisons politiques d’un lion devenu actionnaire et ne supportant pas la vue de chevrons trop fringuant, dressant une image entre charme, classe et désuétude. Quand on s’intéresse à la voiture, ce sont des successions d’ingéniosités qui s’assemblent, constituant là un produit tout compte fait, hautement technologique, mais d’une technologie simple, efficace, d’entretien facile et de compréhension si accessible qu’on se demande comment des générations d’automobiles avant n’y ont pas songé. Accessible au bricoleur lambda, vite dépannée, sans électronique, ni confort superflu, elle est à l’antipode des voitures actuelles : fardées, bourrées de gadgets, devenues insipides, et dont la simple trousse à outils actuelle consiste à embarquer à bord un téléphone et le numéro d’une société de dépannage…. Est-ce pour cela que la 2CV a ses inconditionnels, ses fans, ses admirateurs et qu’elle est autant recherchée ? Est-ce pour cela que nos autos actuelles sont devenues des produits de consommation courante ? Nos vies sont ainsi : belles, pleines de richesses, sans fard, sans tricherie, sans mensonge, être soi, direct, franc et sincère, c’est ainsi qu’on aime voir les autres, ce n’est pas toujours ainsi que les gens sont. Déguiser nos vies dans du bling-bling technologique, s’entourer d’un pseudo confort, s’inventer des vies, des loisirs, des passions, des idéaux qui ne sont que paillettes, conduisent tôt ou tard aux ruptures. Rupture avec les autres, rupture avec soi. Devient-on original lorsque redevient originel, nu, détaché d’un monde qui court vers sa perte en en faisant un objectif de réussite ? Quand cessera t’on de vivre de modes pour vivre pleinement son mode de vie ? Certes, la 2CV n’est pas un bolide, mais doit-on être pressé de vivre ? Il fait beau, les vitres ouvertes, la capote roulée, c’est un profit maximal de paysages dans les trois dimensions qui accompagne le voyage le plus banal, fusse celui du trajet pour se rendre au boulot…..

Profitons donc de nos vies, telles qu’elles sont, vivons les plutôt que de les rêver. Prenons le temps de chaque instant, redécouvrons les trésors qui nous entourent, les vrais bonheurs ne sont pas artificiels ni virtuels, ils sont là, présent, près de nous, il n’est pas besoin de parcourir la planète, à pied, en voiture, ou par les réseaux internet, les joies simples de vies simples, les moments de convivialités, dans le sport, dans les loisirs, dans un repas partagé sont autrement plus grands est tellement plus concret. Allez, un petit effort, oubliez les cosmétiques sur vos vies, vivez pleinement, tel que vous êtes, c’est tellement mieux.


421

421. La vie sur un coup de dé ? Non, on ne joue pas avec la vie, on la vit, on la construit, on la polit, on la cisèle de toutes ces choses reçues, apprises, on vit, tout simplement. Quatre cent vingt et un. Trois dés alignés.

Quatre, comme nos premiers pas dans le monde, à quatre pattes, enfant qui n’en est pas encore un, mobilité malhabile mais au combien utile pour découvrir un monde que nous ne voyons qu’aux travers des barreaux, ceux du berceau, ceux d’un lit, ceux du parc. Certes, les enfants modernes échappent à ces maudits barreaux, mais ils sont pris dans des filets qui ne valent guère mieux.

Deux, comme deux pieds sur terre, deux pieds bien ancrés dans la vie, comme lorsqu’on les laisse s’enfoncer dans le sable à chaque vague qui vient les lécher, comme si le besoin était de s’enraciner profond pour résister aux éléments, combattre, droit et stoïque, affronter la vie et le monde, se donner tous les moyens de résister pour mieux vaincre. Tant de gens ont les pieds sur terre mais pas suffisamment ancrés dans le sol pour qu’une bise légère ne vienne pas faire vaciller cette existence somme toute fragile.

Un, comme l’unique, ce que nous sommes tous, unique, même si on se croit noyer dans la masse, même si on se croit perdu dans la foule, nous sommes tous, chacun d’entre nous, unique, ce qui fait qu’on nous aime ou qu’on nous déteste, ce qui fait que nous sommes nous et vraiment nous. Un comme un jour, une histoire, une fleur, un poème, un texte, un écrit, tout ces petits uns solitaires qui firent que naquirent tant de suites et tant de choses à raconter….

Décompte ou compte ? Conte d’une nuit, aléa jacta est, les dés sont jetés, ils roulent sur le tapis vert, tournent, cessent leurs courses et s’immobilisent pour annoncer les chiffres à défaut de la couleur. Est-ce la combinaison magique ? Le 4 2 1 espéré ? Ma vie s’arrête-t-elle ici ? Sur un coup de dé, une balle d’un 357, une corde au nœud coulant en boucle, une plaquette de doux médicaments comme un domino géant ? Non, pas du tout, hier fut cela, aujourd’hui, si la mort me réclame il faudra qu’elle fasse non pas le premier pas mais tout le chemin, je n’ai pas peur d’elle, je la connais pour l’avoir parcouru et reconnu, dans toute la douceur de son état, je n’ai pas non plus de désir pour elle, tant pis, mais d’ailleurs, qu’est ce que le désir si ce n’est une vent de folie qui souffle sur les braises d’une existence pour la faire rougir de plaisir ? Désir, mot étrange, sensation étrange, le désir n’est pas un, le désir est maitre de deux, le désir à quatre devient sport à la mode mais je réfute les modes. Le désir est faible et meurt un jour, tout seul, sans amour. L’amour est une belle chose, trop belle pour ne pas la vivre seul, trop grande pour n’être que partagé, et si le partage échoit, c’est la vie qui fuit dans des larmes amères, mais elle ne court pas à sa perte, elle fuit se cacher pour pleurer, elle part se régénérer pour mieux reprendre la route. La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie, soyons enclin à vivre, désespérons de mourir un jour, peut-être une nuit, vivons et aimons, ce que nous sommes, qui nous sommes, oublions notre reflet pour ne vivre que notre entité. Jetons les dés et oublions de compter, d’ailleurs, sur qui peut-on compter de nos jours ? L’amitié est devenue une drôle de personne, et les jetons sont de mise, à chacun de miser juste….

Quelques mots jetés sur le papier comme on jette les dés, quelques mots non chiffrés qui dansent encore avant d’aller dormir, quelques mots sans histoire, un soir d’automne en plein été, un soir d’anniversaire, et de plein de pensée, un soir de lune, le sourire aux lèvres, encore un jour qui s’achève, encore un jour de vécu, encore des joies et des stress positifs, des rendez-vous manqués peut-être, mais surtout, des joies de vivre toujours, vive la vie, ses envies, ses joies, ses leçons, vive l’été et les belles soirées, tant pis si elles ne sont pas partagées, un jour viendra mais en attendant, profitons de tout cela….

Voilà, c'est fini....

Voilà c’est fini, et comme dans la chanson de Jean-Louis Aubert, on va pas se dire dire au revoir comme sur le quai d’une gare, mais sincèrement, quelle idée d’aller te garer sur le quai de la gare ! D’abord, la gare d’ici n’est plus gare, la faute à pas de rails, la faute à plus de trains, la faute à des décisions des années d’après guerre, la seconde du nom, pour cause de rentabilité non assurée, les rails sont partis, les trains avec, ou plutôt, les trains sont partis avant les rails, et les gares sont restées, désaffectées, ce qui a pu les affecter de se trouver ainsi esseulées le long des voies sans rails, comme une voix qui déraille, comme un jour où elles tombent dans l’oubli loin du train-train qui fut jusque là leur pain quotidien. Les boulangeries sont restées, elles, comme quoi, ôter le pain de la bouche aux gares, n’est pas synonyme de fermeture pour tout le monde, prenons garde et gare aux raccourcis. Sans voies ferrés, plus de barrières, plus de garde barrières et donc, là aussi, logement vacant de ces architectures typiques le long des lignes de voies ferrées. Logique implacable mais non absolue, aujourd’hui, il serait bon de remettre des rails, de faire circuler des trains électriques pour dépolluer nos routes, désengorger nos voies goudronnées, pour desservir nos banlieues et ainsi, pouvoir se dire au revoir sur le quai d’une gare. Parenthèse d’un texte qui part en thèse, anti thèse d’un monde qui détruit ce dont il aura besoin un autre jour, le vide n’appelle pas que le vide, l’énergie circule, et, comme nous sommes pleins d’énergie, nous voilà donc à circuler dans nos autos bien grosses aux cinq places pour un seul, radio calé sur nrj, pas de pub juste un sourire pour la rime. Voilà, c’est fini, demain est donc notre dernier jour, tant de choses vécues, partagées, tant de parcours effectués, tant de corps à corps passionnés, fougueux ou apaisés, tant de rire, de sourire, d’inquiétude aussi parfois, il faut bien le dire, une vie serait-elle une vie sans émotion ? Après donc ces années de vies communes, après je l’avoue quelques tromperies, pour de plus vieilles, pour des parties de rires, de joies, à vous mettre les jambes par-dessus tête, parce que le changement a du bon, parce que la vie fut sourire, parce que le fun est le piment de la vie, parce que j’en ai eu envie, surement plus que toi, parce que je t’ai retrouvé à chaque fois, avec délectation, plaisirs sans déplaisirs, je n’ai pas vu le temps passer dans notre parcours commun. Et puis, par je ne sais quelle envie, ou plutôt si, par un grand coup de foudre comme il en existe très rarement, attiré par une jeunette aux courbes si sexy, j’ai cédé à la tentation, et donc, j’ai cédé à notre séparation. Un temps d’attente, un temps sans réflexion, mais de penser que demain nos chemins se séparent, mon cœur se serre sans bruit et j’avoue la nostalgie de ne plus être ensemble. Encore un grand périple ces derniers jours, encore des grandes autoroutes, encore des petites routes, mais toujours des plaisirs, quelle que soit l’allure, tranquille et détendue, rapide et nerveuse, toujours alterner les rythmes, toujours se perdre dans des allers-retours, parfois à la limite de laisser s’échapper un trop plein d’énergie, parfois enclin à profiter de la vie. Des querelles ? Des broutilles ? Que nenni ! Toujours tête haute, toujours partante, toujours disposée à donner ce subtil plaisir, merci.

Voilà, c’est fini, et tant pis pour la gare, tant pis pour le quai, tant pis pour les adieux, nos chemins se sépareront demain. C’est peut-être bien un abandon, mais je sais que je garderai un souvenir ému de nos belles années, et même si tu ne fus pas ma première, je fus ton premier, ce qui aussi fut pour moi ma première neuve, le premier à caresser tes courbes, à m’enfoncer dans ton moelleux, à titiller ton bouton magique qui nous fit prendre les tours et bien des détours. Demain…. Je serais ému de te laisser, avant de repartir seul, quelques jours de séparation, quelques jours sans toi et toi sans moi, quelques jours où tu trouveras d’autres bras, et moi, je regagnerai mes tromperies qui de ce fait, n’en seront pas. Et si l’adulte erre, ce sera sans toi…. Je ne sais pas ce que seront nos routes, et si nous nous recroiserons, comme j’ai pu subrepticement croiser un ex, sur le parking d’un supermarché, d’ici là, tu seras effacer nos traces communes, te défaire des plaques du passé pour t’enjoliver de nouvelles parures, comment serais-je te voir, te reconnaitre ? D’ailleurs, quel intérêt ? Juste celui de pensées émues, non pas des tourments traversées, mais de la passion vécue, jusque dans bien des excès, au-delà des limites parfois, dans une sécurité qui su galvauder bien des envies. Voilà, après tout ce temps, nous voilà sur le point de se dire adieu…. Bonne route à toi et à ce qui seront les tiens, merci pour tant de bonheurs offerts, je conserve avec émotion ton effigie sur mon bureau, souvenir parisien d’un voyage sans toi, quelques photos où tu trônes sans que tu en sois la vedette, et qui sait si dans quelques années, en voyant une de tes sœurs dans un musée ou une collection privée, avoir cette buée indicible au coin des yeux en songeant à travers elle que moi aussi, en mon temps, j’eu la joie de faire un sacré bout de route avec toi. Adieu C4, place à l’attente……………

Au bout du tunnel...

C’est un drôle de parcours, une aventure de la vie, un résultat étrange. Beaucoup de choses sont allées vite, très vite, trop vite ? A quoi bon essayer de le mesurer ? Il y a eu une révélation, une prise de conscience, un matin, sans vraiment s’en rendre compte du moins au début. Pourquoi ? Comment ? Voilà bien les travers de l’homme : chercher à comprendre le pourquoi d’événements passés plutôt que de se concentrer sur ce que cela implique dans le présent et comment cela va influer la trajectoire à venir, car là est bien l’essentiel, où on est et vers où on va, point d’où on vient. Bien sûr, il ne faut jamais perdre ses racines, savoir exactement d’où on est parti, pour garder la tête froide, pour mesurer la trajectoire accomplie, pour réaliser la progression les jours et les nuits où les pensées deviennent sombres par manque de considération pour soi-même. Cet éveil de conscience est sortie d’un coup en début d’e printemps et puis, même avant, comme ces perce-neiges qui éclate la couche blanche et gelée pour éclaire la vie de leurs fleurs graciles. Quelles furent les graines semées et quand ? Peu importe, en tout cas, elles furent déposées dans le fumier d’une vie pour éclore durant les premières rallonges de jours, dans une période de doutes et d’errances, entre février et mars. Mars, non pas le dieu de la guerre, non, mars, le troisième, ce mois qui n’est plus hiver et pas tout à fait printemps. Eveil, aspiration à la vie, découverte de tant de choses comme si soudain les portes s’ouvraient, les images éclatantes de ce qu’est la vie se mettaient à sortir toutes ensembles de leurs cachettes, mais au fond, ne cherche t’on pas souvent ce qui n’est pas caché ? Les yeux sont trop souvent troublés par tant de sentiments et de ressentiments qu’ils en oublient de voir comment est réellement le monde. Ce que je peux dire en tout cas, c’est ce que je souhaite çà chacun de vivre pareille expérience tant elle est libératrice, génératrice d’énergie, comme si soudain des ailes vous poussaient, comme si soudain la vie devenait plus légère et surtout bien plus évidente. Un poids de moins, une vie plus leste, un nouveau départ et cela malgré tant d’événements pesants, lourds, pénibles et dévorants. Et les jours ont succédés aux jours, et les mois ont succédés aux mois, le printemps à grandit, grossit, explosé en un nouvel été, étrange association de mots, pour le jongleur que je suis : nouvel et été, le futur et le passé, trop drôle…. Et puis, comme un grand contre coup, comme u rappel à l’ordre, comme une belle route sinueuse, ensoleillé qui gravit la montagne, voilà que soudain arrive un tunnel, un tunnel à franchir, froid, sombre, glauque, avec soudain des rappels de ces jours passés qu’on croyait dépassés et trépassés, des jours noirs, qui poussèrent à des idées noires, mais là, non, il n’en est plus question, juste que les yeux éblouis de tant de lumière ont du mal à percer le mystère de cette nuit soudaine, l’homme n’est pas nyctalope, surtout lorsqu’il s’agit de sa propre nuit. Alors, que faire ? Stopper-là ? Non, pas question ! Marcher ? Oui, toujours, et toujours en avançant, le chemin ne se fait jamais qu’en avançant, droit, tout droit, même dans le noir, quitte à réduire l’allure, resserrer la voile, attendre le nouveau souffle qui viendra, c’est sûr. Alors j’ai marché, seul, parce que la peur de plonger fait qu’on protège ceux qu’on aime d’une chute peut-être trop certaine, sans vraiment leur dire qu’on les aime, parce qu’existe ce drôle de mouchoir qu’on appelle pudeur et qui vient étouffer bien des sentiments, et brise trop d’échanges par le simple fait de supprimer le retour à l’échange offert….. J’ai marché seul, à tâtons, dans ce tunnel froid, triste, obscur, humide de larmes sèches, cerné par une muraille de pierre où chaque pierre porte le nom d’un passé qu’il faut traverser pour le fuir et découvrir la réalité d’un présent. Et puis, après quelques temps de cette traversée en solitaire, voilà qu’au bout de ce tunnel bien noir, les yeux semblent déceler une petite parcelle de lumière, un photon qui devient le guide pour les pas qui se font et ceux qui suivront. Petit à petit, la lumière grossit, un point, une lueur, un éclairage dans le noir d’une vie, une lumière aveuglante, un retour à la vie.

Me voilà au bout du tunnel, arrêté au bord de ka route, pour respire, comprendre ce que je viens de vivre, et mesurer cette sombre vérité : Au bout d'un long tunnel, il y a une petite lumière. Durant la traversée, beaucoup de flammes se sont éteintes. Parce qu'elles étaient faibles, parce qu'elles n'étaient pas de vraies flammes, parce que je n'ai pas su les entretenir. Au bout du tunnel, il y a la lumière, d'abord un point, puis une lueur, puis lumière aveuglante.... au bout du tunnel, il y a la vie. Que sont devenues les flammes d’hier ? Combien de déception ai-je engendré ? Combien seront être des flammes amies dans la vie d’aujourd’hui ? Ce n’est pas le nombre qui compte, ce qui me satisferait le plus, c’est que ces flammes-là, trouvent leur voie, avec ou sans moi, là n’est pas l’important. Ce que je voudrais aussi dire, c’est d’abord merci. Merci de m’avoir accompagné, soulagé, aidé, aimé, durant ces jours plus ou moins clair. Merci d’avoir brillé quand je ne savais plus ce que chaleur voulait dire. Ensuite et surtout, je demanderai pardon pour cette traversée du désert imposé, c’est peut-être facile, mais c’est surtout sincère, comme j’ai toujours été, même en hiver (celle-là, je ne pouvais pas m’en empêcher !). Certes, la chaleur est là, la cheminée éteinte, mais il est bien des flammes encore pour ponctuer nos vies. Quelques bougies sur une table, mais surtout, ces jolies flammes qui brillent dans les yeux lorsque la complicité est nouée, lorsque les échanges sont là, vrais, réels et jamais feints.

Voilà, ce qu’un soir de feux d’artifices je voulais écrire, parce que comme d’habitude, c’est une évidence qui construit mes pseudo-textes, parce que ma plume en a assez de gouter au fiel, parce que la vie est toujours plus forte que tout, et parce qu’un tunnel à traverser, ce n’est pas le bout du monde ! Alors, vivons, marchons et enflammons nos vies, c’est la plus belle réponse à donner, aux grincheux, aux mal lunés, aux impatients, au monde ! Joyeuse fête, enflammez vos vies et garder tête haute à jamais, et si nos vies ne se croisent plus, merci pour les bonheurs offerts, longue et douce vie, voilà les songes martiens d’un promeneur qui poursuit sa route vers les étoiles, bien au-delà des tunnels, bien au-delà des monts, bien au-delà des mots, bien au-delà des maux….

Matin blême

Qu'ils sont agréables ces petits matins où comme disait le poète, l'aube blanchit la campagne, l'air vif et humide du matin vient distiller les parfums d'une flore méconnue, les vagues lasses viennent y ajouter leur grain de sel aux arômes d'iode, le sable glisse tout en fraicheur entre les orteils, l'horizon semble vide sans les reflets d'un astre au couchant, d'ailleurs, il est où le soleil? Encore au lit de nuage, encore alangui tandis que mes premiers pas du jour sont pour cette communion avec les éléments. Que n'ai-je donc écrit sur ces terres d'ici? Cet endroit où la terre s'affine, devient terre de bruyère, puis se couvre d'or, ces grains fins qui volent, s'enfoncent et surnagent, remontent à la surface, recouvrent les sols jusqu'à cette limite du pays où l'eau recouvre cette poudre fine, coquillages broyés, jusqu'à ces vagues qui dessinent tant de frontières différentes au gré des marées, au gré des humeurs, au gré des tourments, au gré des colères, un océan toujours vivant, jamais en grève qui vient sans cesse refaire les volumes de la grève, un océan immense et plein, un booster d'énergie, un maitre, bien loin d'autres flaques trop calme, ici la force est dans la régulation, jamais semblable, toujours différent, il n'est jamais un jour pareil, il n'est pas une plage identique, il n'y a jamais les mêmes conditions, de baignades comme d'observations, de farniente comme de méditation. Il y a de la force dans ses moments calmes, il y a de la majesté dans ses grondements, il y a toujours ce subtil dosage qui fait la réussite de la recette, la chaleur du piment dans la saveur du poivron, le sucré des carottes dans l'acidité des tomates, c'est en vivant l'océan d'ici qu'on comprend les recettes du pays, les piperades et autres axoa, les couleurs d'une terre ne peuvent pas être travesties, il n'y a pas meilleure leçon de vérité, l'authenticité devient une simple évidence alors qu'elle se perd tant au-delà.


Le regard s'étend, balaye ces paysages connus et semblant inconnus, à lumière différente, couleurs différentes, même les formes semblent différentes. La forêt elle-même s'essaie au combat des embruns, sa première ligne n'est plus que squelette en court de démantibulation, les aiguilles ont chu, le bois à blanchi, les rameaux finiront par se briser sous la force des vents, les troncs exsangues tomberont à leur tour, mais ils résistent, servent de bouclier à d'autres qui ainsi protégés développent leur force, poussent et grandissent, deuxième ligne de rempart abritant encore mieux d'autres arbres, pour d'autres développement, pour d'autres poussées, pour d'autres altitudes, et, du bord de ma plage, c'est amusant de remarquer ces poussées successives, successivement hautes, qui donnent l'impression que la pinède fait le gros dos pour résister à la vague des vagues, aux vagues d'embruns, au sels déposés par les vents. Le combat est permanent, la vie est à ce prix, mais y-a-t-il une autre philosophie de vie? Ne se bat-on pas pour garder ce qu'on a, ne courbe-t-on pas l'échine pour résister, gagner du terrain, grandir à l'abri, protéger les siens, et poursuivre son développement? Nous n'inventons rien, nous vivons dans les sillons que tant de générations ont tracés, dans ce que la vie a su construire, dans toute l'étendue de ses règnes, végétal ou animal. Les exemples nous crèvent les yeux, nous cherchons à inventer ce qui existe déjà, l'homme dans une sorte de prétention démesurée reste persuadé qu'il est supérieur en tout, supérieur à la nature, supérieur à ces propres aïeux, sa propre arrogance l'empêche de voir les exemples du passé, les constructions d'hier, bâtisseurs de cathédrales, pyramides égyptiennes ou incas, pour ne citer qu'exemples architecturaux, plus près de nous, la gestion hydrauliques des bassins de Versailles, ou bien encore, les polders hollandais, quand nous ne sommes pas foutus dans notre vingt et unième siècle technologique d'entretenir des digues en Vendée. Mais chut! Le calme du matin apaise mes tourments, la plume glisse sur la feuille, je n'ai pas envie de m'énerver, je laisse à hier ces combats futiles, je préfère ma vie d'aujourd'hui, à un détail près.....


Respiration, méditation, observation, l'énergie est bonne à prendre, la gomme fonctionne, pour avancer il faut savoir lâcher du lest, les lests de nos vies pas lestes, non pour atteindre une vie céleste, mais pour profiter au maximum d'une vie quotidienne, non pas à l'est, mais toujours cap à l'ouest ! Certains disent qu'ils sont à l'ouest lorsqu'ils ne savent plus où ils en sont, moi, c'est à l'ouest que j'équilibre mes forces, que j'apaise mes tensions, que je prends la mesure et la pulsation de ce monde, que je recharge ma pile. Un matin blême au bord du monde, mais déjà le ciel déchire la couverture des nuages, mais déjà le bleu éclaire la matinée, le décor change, les couleurs prennent d'autres couleurs, ici, l'émerveillement est permanent. Vivre, respirer, être, tout devient si facile. Oublier, classer, déchirer, changer de page, ne pas relire, ne pas recopier, mais écrire, créer, déposer sur le papier blanc les mots en bleu, non pas les bleus de l'âme, mais le bleu de l'encre, cette encre qui sait si bien poser l'ancre ici, inspiration dans la respiration offerte...

Trésor de vie

Le temps hors du temps est une mesure bien malhabile mais si palpable dans ses bénéfices. Savoir s'affranchir du temps donne une saveur si particulière à l'existence, vivre hors repère, sans heures, sans jours, seule la nuit vient modeler le rythme de ces périodes mal définies ou plutôt, plus du tout définies, un éclaircie dans la torpeur des jours sans heures, paradoxe de la nuit se changeant en lumière d'un phare pour montrer où va le jour. Il y a bien longtemps que l'homme s'est construit d'autres repères que cette litanie des heures solaires pour ponctuer son existence. Le métro, boulot, dodo est devenu le symbole de l'homme moderne, vivre pour travailler, travailler pour vivre et pourtant tout le monde s'affole à l'annonce d'une durée légale du travail étendue, alors que justement, on devrait glorifier cette merveilleuse idée de travailler plus, discours pourtant électoral à succès majoritaire. Il est vrai que les idoles d'hier ne sont plus idoles aujourd'hui, il est vrai que vivre est quelque part mourir, il est vrai que ce qui fut hier n'est pas forcement aujourd'hui, encore moins demain..... Le moment des vacances est là pour briser la routine, du moins, si on prend la peine de sortir des organisations les plus en vue dans le mode des loisirs. Quel est l'intérêt d'un club, si ce n'est de ne pas déroger au sacro-saint rythme du levé, petit-déjeuner, animations et repas à plages fixes, cadencement nécessaire pour ne pas perdre le joug du labeur? Partir libre, à l'aventure ou non, accepter de déjeuner tard ou de vivre plus tard que la nuit, redécouvrir la sieste, les heures de plages ou les promenades en vélo ou en rollers, manger à pas d'heure et même, poser la montre, poser le temps, lui laisser les vacances dont il a besoin pour se donner la plage maximale aux nôtres, c'est vivre pleinement sa vie de vacancier, d'homme libre, redécouvrir un rythme biologique là où nous ne connaissions qu'un rythme chronologique. Est-ce si dur de sortir de sa zone de confort, de se risquer à d'autres expériences, d'accepter de voir poindre le jour en effectuant les premiers pas d'une lente ascension, de se donner le temps de voir l'astre se coucher par-delà les flots tumultueux de ce bel océan?


Et si c'était trop simple de se donner le temps de vivre? Et si nous oublions pour quelques temps nos dieux modernes, argents, temps, paraître? Et si tout devenait plus simple, simplement parce qu'on décidait de les rendre plus simples, pire, si on prenait le temps de mesurer combien les choses sont simples dès lors qu'on leur laisse le temps? Combien d'appareils modernes ont des fonctions dont on a oublié l'existence? Un bouton marche-arrêt, c'est facile à manœuvrer, sur un téléphone, sur un ordinateur, sur une existence aussi. Partons marcher vers l'aventure, dans cette nature odorante et sauvage, entre arbousiers et pins élancés, entre chemin de sables et bruyères éclatantes, oubliant la montre, éteignons le portable, oublions le monde, cessons d'espérer un appel qui ne vient pas, un message qui ne sera pas, cessons de croire qu'il est important d'être joint, marchons le pas léger bien moins que le cœur, il est si bon de voir combien le cerveau s'apaise dès lors que les potentielles perturbations ont disparu dans le simple basculement d'un interrupteur. Moment propice à se retrouver, qu'on soit seul ou en couple, moment important par dessus tout, se sentir être en oubliant l'avoir, se sentir naitre et le voir. On a chacun ses endroits, ses pauses, tout cela est bien nécessaire pour poursuivre le long développement de soi, accordons-y le temps nécessaire, ne boudons pas notre plaisir, et même si ce plaisir est égoïste, il est surtout un plaisir nécessaire, de ces plaisirs dont naissent la vie, un instant d'amour d'où nait la vie, une conception formulée une progression désirée, comment pourrait-on se satisfaire de n'être toujours qu'au même point du chemin? Apprendre, comprendre, sentir, ressentir, les sens en éveil, les sens se réveillent, le monde dessine des contours si différents dés qu'on les observe de près. Il n'y a pas de mauvais chemins, il n'y a que des expériences, il n'y a pas de fausses routes, il n'y a que des points d'inflexion, des zones de compréhension, pour apprendre encore et encore, pour comprendre et se se donner la chance d'aller plus loin, de ne pas reproduire ce qui fut déjà fait, cela ne se limite pas aux erreurs, d'ailleurs, il n'y a pas d'erreur, il n'y a que des étapes, qui furent les bonnes à l'instant T, qui aujourd'hui, vu de plus loin sur le chemin paraissent des étapes inutiles, mais, sans ces marches là, serions-nous si haut sur notre escalier? Reproduire cela, c'est marcher à l'envers, redescendre vers là d'où on vient, refuser la progression. Il faut au contraire lever la tête, se redresser, souffler sur le palier offert, avant de reprendre l'ascension. Il y a plus appréhension à effectuer la suite du parcours, à aller vers l'inconnu que de repartir vers des choses connues, mais réciter les leçons apprises n'est pas apprendre, et à vrai dire, seule l'appréhension maintient en éveil, nous donne la chance d'être aux aguets, de profiter pleinement de chaque seconde de cette nouvelle existence par le simple fait qu'elle est nouvelle, non attendue et riche d'enseignement. ON apprend à tout âge, alors, ne refusons pas ce trésor......

Et ce n'est que le début....

Quelques jours au bord de la terre, quelques jours comme une pause avant les congés d'été pour communier avec la nature d'ici, dans une période déjà peuplée des premiers vacanciers, cette fois, ça y est, la saison est lancée même si le pays semble encore hésiter et balbutier dans la mise en route de la haute saison. Des jours chauds, à profiter de cette douce torpeur, partagé entre piscine et océan, des jours couverts à profiter pour sortir vélo, roller, courir ou marcher, des heures de sieste à profiter pour lire ou écrire, bref, des heures qui forment des jours, des jours qui sont la vie, changement de rythmes, changement d'envies, la vie appelle la vie et les envies la nourrissent. Une pause encore dans ces lieux si agréables et si régénérateurs, petit break dans un cours de vie et ses pressions, moments hors du temps propres à se retrouver, à se rencontrer tout comme à revoir des personnes appréciées, enfin, dans la grande confusion des calendriers, celle née de la richesse de nos vies palpitantes, celle née de notre impuissance à vouloir faire correspondre les dates, de notre désintéressement à s'intéresser aux autres pour ce qu'ils sont et non pour ce qui nous apportent. C'est ainsi, et c'est ainsi que se défont les relations de sables, tout comme la vague emporte le château patiemment construit, laisser dans le vague d'un improbable date entraine la destruction, efface de la page de nos vies ces amitiés qui ne furent tout comptent fait qu'intéressées. L'heure est estivale, pourtant elle se situe entre nettoyage de printemps et résolutions de rentrées. C'est donc ainsi que les chemins se séparent, prenant des directions différentes, oubliant hier pour ne pas s'en aller vers demain, sans s'attarder sur ce qui n'est qu'une vie, une vie comme une autre, avec ses forces comme ses errements, avec ses recherches comme ses réconforts. Malheureusement il est bien plus facile de cueillir le réconfort que de bien vouloir l'apporter, il est plus facile de trouver du temps pour être consolée que pour devenir consolatrice, il est plus facile d'être égoïste qu'humain. Bon vent, bonne route, en souhaitant à ces êtres-là de ne trouver que des bons vents pour voler haut et loin. Le monde est plein de ces personnages qui préfèrent cueillir que de semer, la patience devient une qualité rare, l'humanité disparaît dans le culte de l'individu, mieux vaut être loup qu'agneau, et désormais les loup garous n'attendent plus minuit pour laisser leurs griffes sortir. On apprend donc à tout âge, on efface, on oublie, enfin, on classe en espérant qu'un jour vienne l'oubli.


La nature ne sait pas tricher, belle ou rebelle, elle reste fidèle, les chemins d'hier sont ceux d'aujourd'hui, même si la végétation a grandi, même si hélas! L'être humain ne sait toujours pas ramasser ses déchets, même si les tempêtes successives détruisent progressivement l'éco système, c'est plaisir et ressourcement de chaque instant, c'est le bonheur de pouvoir observer, respirer, retrouver un certain équilibre en attendant qu'un jour le chemin croise le chemin d'autres équilibrées, que les envies ne soient pas utopies ni égoïstes, en attendant de pouvoir partager ces instants si nécessaires à l'apaisement. La vie n'est faite que de courses, tout est combat, recherches de temps, de profits, courses solitaires pour coller au mieux à un idéal qui n'idéalise en rien la vie. Vivre pour plaire n'est pas faire ce qui nous plait mais construire patiemment la statue parfaite qui sera admirée par les autres, cette espèce d'armure dans laquelle nous enfermons notre personnalité. On ne peut pas plaire à tout le monde, tout comme on ne peut pas déplaire à tout le monde. On n'existe pas par les autres, on existe par soi et pour soi. Le chemin est peut être plus complexe, plus long, mais il est notre chemin, au final plus sûr car non peuplé de miroirs aux alouettes ni de fausses amitiés. Exit tout ces strass, l'amitié est un diamant, pur et dur, le seul capable d'écailler et de briser les nuages sombres de la vie et non ces pales imitations à la matière trop tendre qui s'émoussent à la moindre difficulté. Le plus dur n'est pas d'effacer, ni de tenter d'oublier, le plus dur est de mesurer, s'apercevoir, de le détecter dès le départ. Construire ses amitiés est un défi de plus dans la vie, je le mesure un peu plus aujourd'hui. Un point de plus dans la balance des saturations qui vient peser notre vie, et si le bon n'existe que par le mal, alors je suis heureux d'être à l'aube de tant de beaux jours, juste histoire de rééquilibrer ma vie. Pour le moment, place à la vie, place la mesure, petite foulée dans les pins, retour par la plage dans ses coins les plus sauvages, merci d'avoir su préserver tout ces territoires des folies immobilières, il ne sert à rien de partir à l'autre bout du monde pour découvrir des endroits sauvages, il ne sert à rien de chercher son bonheur loin, il est parfois tout près, encore faut-il bien vouloir le voir, le cueillir, l'entretenir, le cultiver. Tout comme nos plantes d'intérieurs, il en est qui poussent et deviennent majestueuses, d'autres qui s'étiolent et dépérissent, d'autres qui ne restent que bonsaïs. Nous avons tous nos propres outils, nous avons tous nos choix, nos envies, nous en faisons trop souvent des armes plutôt que d'en faire des aides à sécher et éviter les larmes. A chacun sa vie, sa route et son chemin, à chacun ses envies, restons simplement humains.....

L'étoile et le caillou

Marcher sous la lune, c'est marcher sous les étoiles en écrasant les graviers. Les étoiles, c'est jolie, ça brille, certaines plus que d'autres, et si tu demandes autour, les autres ne voient pas la même brillance, le même éclat, sur la même étoile que toi, mais toi, tu ne vois plus que cette étoile à trop la fixer. Au matin, l'étoile s'éteint et disparait....La reverras-tu demain? Pas facile de chercher une étoile parmi tant d'autres, peut-être aussi qu'elle ne brille plus du même éclat. Le gravier, lui, il est dur, ils est douloureux lorsque nos semelles sont trop fines, il est peuplé de petits cailloux, plus ou moins pointus, plus ou moins gênant, et on a beau les écraser, il faut du temps et du temps pour que les cailloux les plus pointus s'enfoncent dans le sol et non plus dans nos chairs, pour en arrondir les angles et enfin marcher à l'aise sur les chemins de la vie. On marche et on avance, ainsi, sur les chemins de la vie. De qui se souvient-on? Des cailloux pointus qui nous ont blessé? Des étoiles plus brillantes? Du chemin parcouru? Se souvient-on des choses?

On peut-être tour à tour étoile ou caillou, on peut un jour blesser et l'autre luire, d'ailleurs, même les cailloux luisent et deviennent brillant, qu'ils soient secs ou noyés de pluie, d'ailleurs même les étoiles les plus brillantes finissent par saouler devant cette immensité inaccessible, ce puits sans fond qui aspire le regard, vous donne mal à la tête à ne plus savoir à quel saint se vouer, orthographe ou son, peu importe, la multitude noie, l'immensité égare, et on reste planté, les pieds sur le gravier, le regard accroché aux étoiles, jusqu'à ce que, hagard, on s'en détache, et on vient poser les yeux sur le gravier, sans pouvoir poser les pieds sur les étoiles, sans pouvoir décrocher la lune, mais d'ailleurs, pourquoi la décrocherait-on? Geste égoïste qui priverait les autres, geste imbécile qui voudrait s'approprier ce qui n'est pas à soi.

Mais si les étoiles brillent, mais si les cailloux luisent, ce n'est que parce qu'ils renvoient la lumière du soleil. Le soleil, c'est l'amour qu'on met pour les voir, la brillance, c'est la concentration d'amour qu'on pose sur une étoile, sur un caillou, peu importe dès lors les autres autour, c'est celle-là, c'est celui-là, un point c'est tout. Le soleil, c'est toi, c'est lui, c'est elle, c'est eux, c'est nous, c'est vous, c'est chacun, pas la peine de chercher plus loin, il suffit d'accepter ces choses-là telles qu'elles sont, il suffit de bien vouloir accepter, partager, le dire aussi et surtout. Il n'y a pas de honte à aimer une étoile ni même un caillou, la honte serait de ne pas aimer du tout, de ne pas dire les choses, si simples, si belle, si cruelle quand elle ne sont pas dites. Alors on marche sous la lune, on écrase les cailloux, on oublie les étoiles, on avance, oui, mais seul et sans but, on oublie surtout que la plus belle lumière qu'il soit n'a de source que dans notre coeur....