Matin blanc

Matin blanc, première gelée, l’automne donne le ton à l’hiver pas encore né que son berceau est prêt…. Pare-brise à gratter, col de veste à relever, écharpe à nouer, les premiers signes cliniques sont bien présent. Les toits ont blanchi, les herbes folles de rester dehors par pareil temps sont complètement givrées et craquent sous les pas. Ce n’est pas encore l’immaculé de la neige, mais déjà cette pâleur donne aux paysages une douce lueur au jour naissant. Des tons pastel aussi loin que porte le regard, exception faite bien sûr des éclairages surpuissants de la ville. Les panaches de fumées s’élèvent droits dans le ciel sans vent, les moteurs des véhicules en chauffe le temps de redonner au vitrage un peu de visibilité crachent leur flot de vapeur dans ce froid sec. J’aime cette impression de mise à plat des choses, de ralenti, cette vision différente dictée par la nature. Le ciel flamboie dans son aube, signe hélas de tourments climatiques à venir, mais pour l’heure, c’est une douce lumière qui accompagne le défilé des paysages sur le bord de mes routes. Pourquoi ce bien être au contact des premiers frimas ? Parce que je suis enfant de l’hiver ? Pas seulement, et même quel en serait le lien ? De toutes les saisons je ne sais la quelle choisir. Toutes sont belles, toutes possèdent leurs atouts et leurs inconvénients. Chacune apporte son lot de plaisir, à condition bien sûr de savoir les cueillir, d’avoir envie de les vivre, d’y goûter pleinement. C’est sûrement cet éclat matinal différent, sa primauté dans l’année, peut-être aussi le fait qu’on y espère détecter le signe d’un retour au juste équilibre dans le cycle des saisons, retrouver un hiver froid et blanc, préparé par un automne en terminaison glaciale, afin de reposer et nettoyer la terre, les plantes, pour que le printemps se réveille éclatant, jouant de ses couleurs, des ses odeurs jusqu’aux chaleurs de l’été. Peut-être aussi, parce que ce froid sec, éveille les joies des belles flambées, des soupes chaudes, des plaisirs intérieurs, peut-être aussi parce que c’est ainsi, tout simplement !

De tout temps il y a ses supporters et ses détracteurs. Le froid comme le chaud, le sec comme l’humide, éternelle insatisfaction de l’espèce humaine, mode de fonctionnement naturel où il est bon de ne pas aimer, plutôt que d’aimer. Sont-ce là les suites du croquage de pomme par la belle Eve, notre mère à tous ? Ne rigolez pas, c’est biblique ! Nous sommes tous enfants d’Eve et D’Adam, et même que la génération suivante ne comporta que deux fils, enfin, jusqu’à ce qu’un tua l’autre. Notre patrimoine génétique, est donc issu d’une femme née de la côte d’un homme, et de deux garçons…. Chercher l’erreur ! Mais bon, là n’est pas le propos, je m’éloigne du sujet, je quitte le froid pour des sujets plus brûlant. D’ailleurs, en parlant de froid, il ne faut pas exagérer, la température flirte juste avec le zéro, et on a beau être sudiste, on a connu pire en matière de froid…. Attendre fin novembre pour goûter à la morsure du froid par une nuit sans lune est tout de même signe d’une année de douceur, même si les extrêmes n’ont pas atteint de valeurs record, les cieux furent tout de même bien cléments en ce 2008 qui brûle ses derniers feux. L’an dernier, quelques souvenirs océaniques me permettent de dater les premières gelées et même les épaisses gelées autour du 10 novembre, souvenirs d’un retour glacial à bord de ma fidèle monture de plastique en clôture de saison. L’art de la critique, presque toujours négative devient une seconde nature chez nos contemporains, c’est ainsi, cela m’est égal, je respire aussi bien l’hiver que l’été, et je reste ébahi devant les lumières offertes par la nature. J’aime donc ces matins blancs, et il y a bien longtemps que cela ne m’affecte plus, il fait le temps qu’il fait, et nous n’y pouvons rien, en dépit des discours de grands scientifiques moralisateurs. Cela n’a rien à voir avec une inconscience éco citoyenne, ce qui de plus serait très loin d’être le cas, mais une vérité.

Nous avons beau parler de la pluie et du beau temps, personne ne maîtrise le climat, et c’est tant mieux. De toute façon, il fait toujours beau, alors, à quoi bon râler contre la pluie, le froid, le vent ? Vivons notre temps à plein temps, en prenant le temps de profiter et de savourer le temps qu’il fait tel qu’il est. Quels que soient les nuages, présents ou brillants par leurs absences, il fait toujours soleil, il suffit de le savoir pour le voir. D’ailleurs, depuis ce matin pâle et blanc, le jour s’est levé et bien levé, le soleil brille, et le gel est parti se fondre dans le paysage. Ronde des saisons, des plantes vont disparaître, victimes de ce coup de froid, d’autres vont se renforcer, comme nous, changer de manteau pour traverser celle qu’on appelle improprement, la mauvaise saison. Il n’y a pas de mauvaise saison, il n’y a que saison, comme il n’y a pas de mauvaises gens, de mauvaises voitures, de mauvaises chaussures, rien n’est mauvais, tout à sa place, son rôle, son but. Rien ne sert de rejeter les choses simplement parce qu’on les trouve mauvaises, il faut comprendre, apprendre, voir toujours le bon côté des choses, s’en servir pour avancer, ne pas perdre de temps à focaliser sur le mal passé, les regrets ne sont que des marches arrières, au mieux des freins à main serrés qui bloquent notre évolution. Lâchons ce lest, libérons la machine, regardons toujours côté soleil. La pluie alimente la vie, le gel met les choses à plat du moins visuellement, puis il s’efface devant le soleil, apportant l’azote nourricier aux racines enfouis. Le cycle du jour alimente le cycle de la vie, éternel recommencement, étape nécessaire à l’évolution de la plante. Ce qui fut mauvais pour elle, l’aide à se fortifier pour mieux se régénérer. Bel exemple de la nature, non ? « Ce qui ne tue pas, rend plus fort » c’est bien connu, alors, pourquoi voir autrement ? Pourquoi regretter ce mal nécessaire à la vie ? Pourquoi critiquer ce temps froid et sec ? Relevons le col, nouons l’écharpe et avançons, il fait si beau dans la vie !

Des roses sans orties

Hier soir, pause musicale dans la semaine avec le concert de Francis Cabrel au Zénith de Toulouse. La circulation locale plutôt saturée, c’est pourtant assez tôt que nous avons pu nous y rendre, et profiter de la grande fraîcheur du soir pour patienter longuement dans l’attente de l’ouverture des portes. Je ne sais pour quelle raison il faut attendre ainsi pour pénétrer à l’intérieur du Zénith, car après tout, si les personnels de sécurité laissaient entrer les gens au fur et à mesure de leurs arrivées, cela fluidifierait les transits et éviterait les courses dans les escaliers à la recherche de la meilleure place. Attente patiente et fraîche donc, avant d’accéder enfin au saint des saints, cette belle salle du Zénith tant attendue, tant réclamée sur notre ville, pour notre belle agglomération, et même pour notre belle région. Le choix des places, c’est à la fois une bonne chose mais aussi une valse hésitation entre un côté plutôt qu’un autre, entre plus bas et pas très haut, mais bon, à force de chercher le graal, nous trouvons d’excellentes places face à la scène. Période d’attente encore mais au chaude cette fois, sentant les pieds qui dégèlent, les fourmillements repartir des doigts, observant les mouvements de la foule, les visages inconnues ou presque, le décor plutôt sobre, mais bon, c’est usuel chez Cabrel. Entre les décors assez poussés et élaborés de Renaud et ceux plutôt dépouillés de Cabrel, avec comme dénominateur commun durant de longues années la même bande de musiciens, presque tous issus de la région, de Cahors à Montauban, de Tournefeuille à Verdun sur Garonne, c’est un peu le retour à la maison qui s’opérait. Puis, Renaud a changé de voie et de voix, d’une période sombre, il est revenu, sous d’autres couleurs, entouré d’autres musiciens, mais par contre toujours fidèle aux décors travaillés. Ces deux artistes n’étant pas des mercenaires de la chanson, c’est entre 5 et 7 ans qu’il nous faut attendre pour à l’occasion d’un nouvel album, les voir en concert. Renaud, ce fut en 2007, Cabrel, hier soir…..

Les deux ont vieilli, l’un mieux que l’autre, en l’occurrence Francis CABREL. Une maturité qui lui fait désormais jouer de sa timidité naturelle, une plénitude établie, loin du star système, il est toujours resté fidèle à ses racines, ses amis, ses musiciens, même si hier, certains emblématiques comme Jean-Louis Roques ou Denis Lable n’étaient pas là, c’est en effectif réduit, 5 musiciens autour de lui, que Monsieur Cabrel a déroulé son show, tout comme il aurait fait dans une salle plus intimiste qui lui sied mieux, c’est certain, d’ailleurs hier soir, cela faisait bizarre de voir la fosse disposant de chaises…. Le public a vieilli, peut-être, du moins les autres, mais c’est toujours un régal ! Pour chauffer la salle, un groupe, plutôt un duo, le duo Grimm, venu d’Agen, avec des mélodies rappelant le Jacques Higelin de la grande époque puis un peu plus rythmées encore, ce qui au final nous a offert une superbe première partie fort agréable. Enfin, le voilà, arrivant dans la pénombre de la scène, presque timidement, sous les applaudissements du public venu presque voir un cousin, un ami, un copain, un gars du coin dont on oublie le succès national, et c’est parti pour 2H20 de spectacle, de chansons, tendrement soulignées de jeux de lumières, de projection de décor et de phrases extraites des chansons. Peut-être un peu moins communicatif qu’au précédent concert, mais il n’a jamais trop parlé au public, les chansons s’égrènent, surprennent l’oreille attentive du fan que je suis, car plusieurs d’entre-elles ont été réorchestrées pour l’occasion ce qui leurs apportent une autre lumière. Des textes assez travaillés, je dirais même de plus en plus au fil des années, des regrets aussi de ne plus entendre d’anciennes chansons, des reprises de Brassens que j’adore, comme cette belle version si bien appropriée des passantes, mais tout de même, vu la quantité écrite et offerte au fil des années, il fallait bien faire un choix. Festival de guitare, quasiment à chaque morceau l’instrument change, allant même jusqu’à la mandoline, ajoutant des notes d’humours aux notes envolées dans cette salle à l’acoustique parfaitement réglée.

Comme toujours, il y a eu le faux départ, les morceaux joués tout seul, les musiciens partis dans la coulisse, et le rappel, plutôt mollasson du public, pour enchaîner des rythmes un peu plus rock et terminer dans la communion du public sur le premier succès, « je l’aime à mourir » à la mandoline. Départ, au ralenti, mais vrai départ de l’artiste. Lumière sur la salle pleine, et retour sur terre, direction les autos sagement parquées, le toit gelées par les premiers frimas d’un hiver automnal, les bouchons de la sortie, à peine évités par quelques raccourcis connus d’enfance, et voilà, comme s’achève une soirée…. Parenthèse musicale dans le rythme effréné de la semaine, concert rare d’un artiste rare et discret, que je tenais à saluer, chaque album me ravit, chaque texte finement ciselé, et comme si enfin la maturité apportait l’assurance, des rythmes et des orientations musicales jouant sur un large éventail. Des chansons plaisirs, c’est ce que je dégage des albums, de plus en plus aboutis, des chansons d’amour comme il nous l’a dit et expliqué hier soir, comme il nous l’a montré, essayant de communiquer cet amour de l’humanité, de la vie.
Pour tout cela, pour vos albums, pour vos textes, vos chansons, votre façon de vivre, de savoir rester ancré dans ce terroir qui permet si bien de garder les pieds sur terre, même losqu'on tutoie les sommets, pour cette gentillesse et cette modestie pas si fausse, pour cette élégante timidité, la richesse de vos concerts, des rares que je regarde en DVD, je voulais vous dire merci Monsieur Francis Cabrel.
Chapeau bas l’artiste!
Hier soir, nous avons cueilli vos roses sans même apercevoir la moindre ortie.

Détours et contours de la langue

Paradoxe de notre langue, enfin, si tant est que nous parlions la même langue, tant parfois il est dur de se comprendre, paradoxe donc, histoire de rajouter un peu de complication dans la communication, pas mal de nos expressions fleurent bon le non-sens…. Du genre, par exemple, des manques qui pèsent, ou bien, pleurer de rire, ou encore une santé de fer, mettre du plomb dans la cervelle, un remonte-pente…. Notre vocabulaire est bien riche de ces expressions, certes imagées, mais tout de même jouant de l’image de deux sens opposés. Quelle belle chose que la langue française et combien j’envie nos cousins plus ou moins éloignés qui ont su la préserver bien plus que nous des modes anglo-saxonnes, des raccourcis et autres barbarismes. En disant cela, c’est bien évidemment des pensées qui voguent au-delà de l’océan, filant droit vers la belle province de Québec qui s’imposent. Pourtant, nos voisins suisses ou belges, n’ont pas attendu pour la respecter bien mieux que nous. Ils savent compter sur nos racines latines, passent de soixante à septante, d’octante à nonante dans une logique bien plus logique que nos comptes pas très ronds de compteurs ne sachant plus compter…. Soixante et dix…. Comme si nous continuions de poser l’addition à des fins perpétuelles ! Quatre vingt….. Voilà une multiplication qui vient au secours de l’écolier….. Quatre vingt dix….. Toute la panoplie arithmétique, multiplication et addition dans la même comptabilité….. Dès l’enfance, nos esprits sont torturés, les chiffres à peine digérés que voilà les nombres emmêlés. Passons aux jours, la règle est simple, à chaque jour sa planète ou son satellite, n’en déplaise à lundi, avec une terminaison en di, reste latin du jour latin, sauf que voilà dimanche qui prend les choses à contre-pied, inverse l’ordre et place le jour en premier, en faisant le jour du seigneur….. Bon, ça c’est donc l’exception qui confirme la règle, passons maintenant aux mois ! Mélange de logique, soit à la gloire de dieux du passé, des dieux passés ou même trépassés, le comble pour des immortels, puis des significations agricoles, avant de retrouver une logique numéraire à peine décalée de deux mois, septembre inaugure la série et voit son chiffre sept arriver en 9e position.

Pourtant, la couleur des expressions, les images plus ou moins fanées transposées dans nos discours, nos écrits, les formes vieillottes mais pas encore désuètes de la prose, font la richesse du propos, et, pour quelques spécimens dans mon genre, des pistes de jeu, jeux de mots ou jongleries, joie de l’écriture et comme disait le regretté maître Capello « calembours, joie de Calais » Joli calembour qui m’a permis de mémoriser le nom des habitants de cette belle ville de Calais, après avoir enfin compris que ce n’étaient pas tous des bourgeois, esprit corrodé pas trop d’écoute de cet autre maître qu’est pour moi Jacques Brel. En dépit des études dites scientifiques, j’ai toujours gardé un fort penchant littéraire, et même si mon latin court depuis bien longtemps derrière mon grec ancien, je suis resté accroc aux bons mots comme aux bons textes. Ajouter à cela un penchant historique, et voilà d’ou vient ce déséquilibre ! Esprit technique et logique, cherchant à comprendre le mécanisme des rouages de toute chose, bon, d’accord, sans le démonter, ça, c’était dans mes jeunes années, voire même mes très jeunes années, au cœur d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, où je disséquais les jouets, de préférence ceux de ma sœur, enfin d’en capter la scientifique moelle….. Aujourd’hui, après quelques années de lycée, ou de patients professeurs nous ont enseigné cette logique implacable, captant du mouvement l’essentiel, apprenant à en déduire l’organisation, la rotation, l’implication dans le mouvement résultant, aujourd’hui donc, me voilà à pénétrer au cœur des objets sans les démonter, sauf quelques fois, mais bon, c’était juste comme ça, pour vérifier…. Que voulez-vous, on reste scientifique, technique et pratique ! Histoire de compléter la partition, l’écrit, les écrits et donc la lecture, le passé et donc l’histoire, animent les moments de répits de l’histoire présente. Autre facette de l’homme, moments de pause hors de l’atelier, quoiqu’on parle d’atelier d’écriture, non ?

Je me vois bien, attablé à l’établi, un mot un peu revêche coincé dans les mors de l’étau, ne bougeant plus, faisant le mort ainsi serré, un mot que d’une main habile je lime les contours des lettres, afin de rentrer sans casse, le mot précis dans la bonne phrase….. Des copeaux générés naîtront d’autres mots, plus ou moins ajustés, plus ou moins long, et même si aujourd’hui certains cherchent encore le mot le plus long, je peux dire que le compte est bon. A imaginer pareil fignolage, on pourrait supposer que chaque texte est longuement ciselé, pourtant, c’est bien tout le contraire, chaque texte se doit de jaillir d’un seul jet de matière, plus ou moins creuse, coulant encore visqueuse dans le creuset du papier. Et après, On me demande parfois ou je vais me creuser ainsi la tête ! C’est ainsi, c’est selon, c’est surtout sans prétention, au jeu de l’écriture chacun ses règles, chacun ses envies, ses résultats, l’essentiel est comme dans la vie, d’être en phase avec ses envies.

Petit cadeau, un bestiaire ainsi cueilli sur les pages du net, ce n’est pas de moi, je ne suis pas si bêtes !

Que vous soyez fier comme un coq, fort comme un boeuf, têtu comme une mule, malin comme un singe, chaud lapin ou fine mouche, vous êtes tous, un jour ou l’autre, devenus chèvre pour une caille aux yeux de biche. Vous arrivez frais comme un gardon à votre premier rendez-vous et là, pas un chat ! Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous pose réellement un lapin. Le type qui vous a obtenu ce rencard, avec lequel vous êtes copain comme cochon, vous l’a certifié : « Cette poule a du chien, Une vraie panthère ». C’est sûr, vous serez un crapaud mort d’amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien. Vous êtes prêt à gueuler comme un putois, mais non, elle arrive. Bon, dix minutes de retard, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris est en fait plate comme une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine. Vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous noyez le poisson. Vous avez le bourdon, envie de verser des larmes de crocodile. Vous finissez par vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre. Vous avez beau être doux comme un agneau, faut pas vous prendre pour un pigeon !

Choix de vies ou vie de choix

Nous revoilà dans la saison des pluies…. Ce week-end le ciel bas et gris a du peser sous beaucoup de moral, et nombreux ont été ce qui sont restés derrière les carreaux à attendre de voir tomber la pluie, puis, à regarder tomber la pluie en maudissant ce sale temps…. C’est oublier, ou refuser de voir, qu’au-dessus des nuages il fait soleil, que quelque part, pas très loin de soi, il fait si beau. C’est vrai qu’il est plus rapide de voir le côté négatif des choses, de maugréer contre cela, au point de presque culpabiliser, mais il est aussi facile de regarder les choses du côté soleil, du côté positif, de voir sur rapidement la météo, s’apercevoir qu’à moins de deux heures de route il fait beau et d’aller s’aérer au grand air plutôt que de se morfondre dans un espace confiné à attendre que le beau temps daigne venir nous voir. C’est ce que nous avons fait ce week-end, nous avons fuit la grisaille toulousaine pour s’en aller humer l’air du large, au soleil d’une belle petite randonnée fort sympathique. Marcher ainsi, en bonne compagnie, entourés des amis proches, intimes, dans un cadre enchanteur, bien protégé des erreurs humaines, au milieu des eaux, entre étangs et mer, le ciel bleu illuminant la frondaison des pins, le vent pas vraiment léger faisant sonner les pignes comme des crécelles. Et oui, l’endroit peut-être fort venté, mais pas toujours en dépit de la mauvaise réputation que d’aucun lui accorde, d’ailleurs, c’était la première fois que je rencontrais pareil vent sur cette randonnée effectuée déjà quelques fois. Peu importe, de toute façon, nous sommes venus pour prendre l’air, et là question air, Eole a du s’y mettre de bonne heure pour souffler ainsi. Mais rien n’arrête les marcheurs, la bonne humeur éclairant les visages, la voiture garée, nous voilà partis en goguette, le temps de franchir l’écluse, empruntant les allées et les sentiers tracés au cœur de l’île, gravissant le relief, jouissant de splendides vues sur les alentours éclairés par le dieu solaire tandis que les arrières plans terrestres disparaissaient sous des chapes de nuages allant du gris clair au gris très foncé. Nous avions bien fait de quitter la plaine intérieure du pays pour venir profiter ainsi de cette échappée. Qu’il est bon de discuter entres amis proches, de disserter sur nos vies et leurs vicissitudes, de profiter tout bonnement de ce temps pris sur le temps, de vivre tout simplement…


Quel que soit l’angle sous lequel on regarde les choses, il n’y a chaque question que deux réponses, oui ou non, le peut-être n’étant qu’une manière différée de choisir entre le oui et le non. Lorsqu’on se retrouve sur le grand plongeoir de la vie, il n’y a que deux possibilités : Sauter, avec ou sans élan, ou bien redescendre l’échelle pour regagner le vestiaire. Sauter procure l’ivresse du saut, le risque de prendre du plaisir durant l’envol et la pénétration dans l’onde, le risque aussi de prendre une gamelle, c’est vrai, mais chaque échec nous faisant avancer, c’est là aussi l’occasion de redresser la situation, de travailler sa course, son saut, sa technique, sa méthode, bref, travailler sur soi pour réussir et atteindre le plaisir. Redescendre l’échelle, par peur des risques, c’est avant tout prendre celui de ne pas réussir, de ne jamais savoir, qui ne tente rien n’à rien. On ne vit pas avec le passé, pas plus que dans le futur, on vit au présent, en profitant de chaque instant, en écrivant chaque ligne au présent, on avance dans le temps présent, sans comparer entre hier et aujourd’hui, en se donnant à fond dans cette actualité, sans calculer car nos propres références sont nos histoires passées. Vivre, accepter le risque d’être heureux, d’être bien et non fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Rien d’idéaliste dans tout cela, simplement du bon sens, quelque chose de finalement très réaliste. Vivre en étant soi, pour soi et pour l’autre, c’est si bon de se sentir enfin soi. Alors, franchir ou non chaque étape, c’est répondre oui ou non, ni plus, ni moins. Oui c’est avancer à l’étape suivante, non, c’est prendre une autre voie, c’est surtout avancer, par un chemin différent, avec d’autres acteurs, mais avancer avant tout. Enlevons toute image négative du non, ne calculons pas l’impact sur les autres, mais assumons pleinement nos choix. Dire non, c’est dire oui à autre chose. Choisir un peut-être, c’est tourner en rond sur la case, sans savoir par où prendre le chemin de notre vie. Tourner en rond n’apporte rien d’autres que ses souffrances personnelles trop intériorisées, devenant enkystées et paralysante pour la vie. Notre chemin de vie est ainsi dessiné : Chaque case se poursuit en deux cases distinctes, celles du oui, celle du non, les parcours diffèrent, se rejoindront qui sait peut-être plus loin, seront plus ou moins parallèles c’est selon les successions de oui et de non, mais dans ce vaste jeu de l’oie, la règle première est d’avancer, alors, avançons, en sachant qu’au-dessus du gris, il y a du bleu, du soleil, et ne pas oublier que c’est ce soleil là qui doit attirer nos vies, aspiration vers le haut plutôt que descente infernale, trajectoire ascendante, cap vers aujourd’hui, la vie est là qui nous tend les bras, sans savoir pour combien de temps encore, alors, profitons-en, laissons-nous emportés par ce tourbillon, progressons, oublions hier pour vivre pleinement maintenant, une voie ou une autre, mais choisissons!



Ce week-end fut très beau, il suffisait juste d’aller chercher le soleil, comme chaque jour du reste, et ça n’est pas plus dur de que rester à geindre contre le temps qu’il fait là où on est. Se plaindre et se complaindre est tellement ancré dans la nature humaine, qu’on en oublie l’essentiel : le bonheur est entre nos mains, sachons le voir, le cueillir, le dorloter, le chérir, l’apprécier et l’entretenir. Et si vous en doutez, essayez juste un peu pour voir, comme dans chaque étape de nos vies, il n’y a que le premier pas qui coûte….

Sur un nuage

Petite pause assis sur un banc de nuage à regarder tourner la terre, tourner les gens, tourner les horloges, regarder vivre les autres, fourmis travailleuses ou cigales chanteuses, observer, mon jeu favori, voir l’agitation de ce monde de plus en plus fou. Assis sur un banc de nuage ? Oui, ça m’arrive, au cours de mes envolés, ces longues escapades à survoler mes coins préférés, ma région ou plus loin…. Sentiment de liberté, visualisation tridimensionnelle observé de haut, jouant avec les hauteurs comme on joue avec le zoom d’un appareil, je plane, je plonge, j’accélère en piqué pour mieux ralentir dans le vol plané…. J’aime ces pauses hors du temps, ces instants où l’esprit divague, les pensées s’endorment, le rythme ralentit, le vol reprend ses droits, une folie douce…. N’allez surtout pas le répéter, c’est vous qui passeriez pour fou, moi, je m’en fous, je vole et m’éloigne à tire d’ailes, peu de risque d’être rattrapé, à part par les plombs des chasseurs, mais j’ai l’œil et le bon ! Un regard d’aigle, scrutant l’horizon, à la recherche de sa proie, innocente victime qui passe par-là, oh ! Non point pour des buts non avouables, avouez tout de même que ce n’est pas une chose à avouer, et je me dévoue à vous le dire, sans soucis, j’observe la mal nommée victime, simple élément déclencheur d’un esprit fertile ne demandant qu’à se mettre en route. Imaginer les situations, les vies, les destins d’anonymes croisés, traduire les gestes, les regards échangés, voilà le jeu plaisant que j’aime, dans l’intimité de ma cervelle de moineau, sans prolongement extérieur, les idées bien au chaud.

L’observation des autres d’un endroit stratégique, regarder le monde envahir le monde, l’affolement général pour des raisons à chacun personnelles, paradoxe du mouvement, tous dans la mouvance, dans un même sens mais pour des motifs différents. Vu d’en haut, on focalise sur des similitudes qui ne sont pas, la conséquence des longues années passées à chercher à tout étiqueter, trier, regrouper dans un même ensemble, sans se poser de question quant à la vraie nature de chaque élément du grand ensemble, finalement constitué pour des raisons de simplification personnelle. L’être humain existe en tant que soi, et non au nom d’une communauté, quels que soient les critères de détermination de cette communauté, et c’est bel et bien à cet être humain là qu’il faut s’intéresser, sans le prisme communautaire, sans les à priori inculqués ou encore les mauvais ressentis. S’intéresser à la nature de la personne, apprendre à lire à cœur ouvert, au-delà des carapaces dont nous nous parons tous, au-delà de notre propre vision somme toutes assez aveugle des choses vraies, lire, sentir, ressentir, parler, discuter, donner plus que prendre, tel est le challenge. Exercice périlleux et difficile peut-être, mais pourquoi ? Peut-être tout simplement parce que nous manquons de pratique, d’entraînement à le faire, déformé par une société trop occupée à courir qu’elle ne sait même plus pourquoi elle court….

Stoppons de temps en temps la machine, posons-nous un peu et profitons-en pour se poser les bonnes questions, sur nous, sur nos vies, sur les autres, le regard sur les autres, le regard des autres, le sens de nos vies. Pause longue, peut-être bien, mais pause utile dans un monde tourbillonnant, ouvrir des portes, sortir de carcans dans lesquels on étouffe tant, s’en forcement s’en apercevoir. La vie peut-être un piège, parfois doré mais un piège tout de même. Mais la vie est sous notre contrôle, jamais écrite à l’avance, jamais vécue à l’avance, elle se déroule selon nos impulsions, selon la direction que nous lui donnons, éclairée des couleurs que nous choisissons d’utiliser, rien ne sert de regretter les côtés sombres de nos vies, c’est à nous et à nous seuls d’en modifier la lumière. Essayons simplement d’aborder les choses en ce sens, piquons-nous à ce jeu, et nous verrons bien l’influence sur le cours de nos vies. Je n’ai pas foi en l’avenir comme en quelque chose d’écrit, mais j’ai foi en l’avenir comme en quelque chose dont je maîtrise le cours, dont je suis le seul maître, et non la victime expiant ses erreurs et ses fautes d’anciennes vies. Oser le changement, c’est aller vers l’avant, prendre le risque non pas d’un échec, mais d’une nouvelle chance de grandir, de mûrir, de renforcer son expérience. On ne vit pas dans le passé, pas plus que dans le futur, on vit au présent, dans le présent, et quelque part, cela dirige note futur. Il ne faut pas focaliser sur demain, mais sur aujourd’hui, profiter de chaque instant, cueillir la quintessence de chaque instant, profiter de chaque minute, chaque heure, non pas comme si c’était la dernière, car cela traduirait une image de fin, une sorte d’explosion de profit dans le seul but de vivre intensément sa fin, non, profiter du moment car c’est le moment, se poser les questions et donner les réponses dans l’instant, laisser parler son cœur, laisser fonctionner sa vie, parce qu’il est temps d’ouvrir en grand les portes pour qu’enfin pénètre la lumière qui éclairera à jamais nos corps célestes. Philosophie de vie et non désespoir, loin d’une fuite en avant, c’est un départ à chaque instant, un nouveau départ, une nouvelle vie, une nouvelle étape dans la vie, le passé est fini, terminé, rangé, l’avenir bien loin, bien futur, le présent est un présent du présent, profitons-en !

Belle journée à vous, en plus il fait super beau !

Coup de soleil

Ces jours-ci, le soleil brille par son absence, enfin, c’est ce qu’on dit parce que sans soleil, il ferait nuit, non ? Disons plutôt que le soleil est caché derrière une belle couche de nuage, pas encore pleureurs, se contentant de menacer, colère enfantine à se rouler par terre pour obtenir ce qu’ils désirent. Mais que désire le ciel, si ce n’est la quiétude des hommes ? Nos ancêtres devant tant d’insistances célestes, eurent l’idée d’instituer des sacrifices afin de calmer les dieux des cieux. Bonne ou mauvaise idée ? Cela dépendait du côté duquel on se situait, mais j’ai bien peur que ce fut autant de sacrifices inutiles, ôtant la vie de jeunes vierges pour un ciel qui n’en avait cure….. Les archives des journaux de l’époque ayant disparues, nous ne pouvons en lire l’efficacité du procédé, n’en déplaise aux oracles au désespoir de leur vieillesse ennemie, réclamant ces actes de barbarie pour éviter les foudres d’un ciel soudain devenu sombre. Autres temps, autres mœurs, depuis nous sommes équipés de paratonnerre, de satellites, d’antenne, de gps, de prévisions météorologiques, ce qui a sûrement contribué à l’extinction des jeunes vierges ou du moins à des sacrifices fort différents les concernant…. Elles offrent depuis leur corps à la puissance des rayons solaires, parfois même aux rayons violets de soleils artificiels, le doré de la peau étant devenu au fil des siècles, symbole de bonne santé, outil de séduction, nouvelle religion dans notre nouvelle époque. Le soleil retrouve donc sa place de dieu. Vénéré de tout temps, utilisé, craint, il est le symbole du pouvoir, de par la puissance de son feu.

Fonction première, éclairer et chauffer le monde, faire fondre la glace qui enveloppait notre planète, faire jaillir la vie en chauffant ce fameux bouillon de culture d’où nous sommes issus. Des égyptiens à Louis XIV, il fut symbole de puissance, dieu rayonnant allié du pouvoir qui d’un seul coup se sentait pousser des ailes, volant au-delà des hommes, devenant l’équivalent des dieux, privilège réservé à l’élite, Icare y a laissé ses plumes d’avoir côtoyer de trop près cet astre fort reluisant…. Le soleil. Son absence nous perturbe, sa cuisante présence nous brûle, nous restons éternels insatisfaits de nos conditions de pauvres terriens, alors même que notre planète tourne autour de cet astre, s’en servant pour décompter notre temps ici bas, rythmant nos jours, dénombrant nos années. Acteur immobile, référence dans l’univers, il attire et irradie, il réchauffe nos vies, influe nos climats, nos constructions, l’énergie de nos corps comme celle de nos maisons. Et puis, c’est bien connu, chacun cherche sa place au soleil, non ? Se mettre en lumière, sentir la chaleur sur sa peau, jouer les lézards, c’est si bon, si intense qu’on se laisse parfois prendre au jeu pour finir par rôtir et se retrouver écarlate, victime d’un coup de soleil. Bon, cela dit, c’est un coup d’éclat comme un autre, et il n’y a pas de quoi rougir…enfin, si ! C’est même un souvenir cuisant qui permet de bien se souvenir du soleil même au cœur de la nuit. Du rouge qui donne une nuit blanche, de quoi vivre une nuit haute en couleur.

Chacun cherche son soleil, cet être dont l’absence nous perturbe et la présence nous éclaire, nous brûle d’un feu plus ou moins ardent, ce doux soleil qui sait à lui seul illuminer nos vies jusque dans les jours de gris, allumer nos nuits jusqu’à les rendre blanches et passionnées. Quelle autre image aurait-on pu prendre ? Il n’y a pas meilleur symbole flamboyant, brillant et brûlant, éclairant aussi intensément et d’une telle influence sur la vie. Ce n’est pas pour rien que les grands de ce monde ou du moins, ceux voulant être assimilés à la grandeur de l’astre, s’associe son image ; De Gaston Phoebus au roi soleil, de Râ le dieu solaire égyptien au temple solaire, l’histoire est peuplée de cette association, avec plus ou moins de bonheur, mais toujours à la quête de profiter de l’image de puissance et même, de puissance absolue. Au-delà des mots, au-delà des images, au-delà des symboles, le soleil reste notre icône, notre élément nécessaire à la vie. Un élément ? Tiens donc, nous n’aurions pas quatre mais cinq éléments ? A moins que le soleil ne soit l’élément fédérateur des quatre éléments de base ? Dans ce cas, cela pourrait aider à mieux comprendre la symbolique du Lauburu dans sa représentation discoïdale, les quatre éléments tracés sur le cercle solaire, résumant tout ce qui est nécessaire à la vie, la terre, l’eau, l’air, le feu le tout…sous le soleil !

Retour à la vie, la terre boit l’eau du ciel, l’air souffle les dernières feuilles, le feu brûle dans la cheminée, et le soleil brille par son absence…enfin, il brille sous son voilage de nuages pas si légers que cela…. En résumé, dans ces jours qui pourraient passer pour être tristes et gris, nous avons tout ce qui est nécessaire à la vie, et c’est bien cela qu’il faut en retenir. Alors, hauts les cœurs, profitons de la vie, profitons du soleil, de la météo....
Aujourd’hui il fait très beau !

Au clair de la lune....

Hier soir, pleine lune, mais voilée tout de même ce qui fait que les loups-garous n’ont pas été de sortie. Comme quoi, il en faut peu, quelque fois pour que les destins des uns et des autres tiennent finalement à bien peu de chose…. Un voile de vapeur atmosphérique, une lune qui ne se dévoile pas, influence non influente, et soirée calme. La lune, ce satellite qui colle aux basques de la Terre, ce qui confirme bien la puissance et l’influence du peuple basque sur les choses célestes, la lune donc, reste toujours attirée par notre planète en dépit des mauvais traitements que nous lui infligeons. Dans sa ronde fascinante elle joue à cache à cache, se dévoile peu à peu, passant part toutes les phases que nous pouvons qualifier de lunaires, du blanc au noir par morceaux successifs, pleine ou vide, mais, comme nous avons peur du vide, nous préférons le terme de noire, voire même de nouvelle. Qualificatif étrange pour ce bloc de poussières agglomérées qui ne change jamais.

J’aime à observer cette boule éclairant nos belles nuits dégagées, surtout dans sa phase pleine, lorsque loin des lumières des villes, on arrive à en distinguer le relief. L’idéal pour moi, c’est d’être sur une petite plage déserte en bordure d’océan, un bout de sable entre dune et rouleaux rugissants, spectacle particulier en son et lumière, mettant en exergue la relation attractive entre marées et lune. Ou bien encore, les nuits d’hiver en montagne, sur la blanche étendue de neige, cette lumière lunaire diffusant son éclairage d’un seul coup puissant au point de pouvoir effectuer la marche, ou la recherche des balises lors de nos épreuves de recyclage pour la randonnée. Fascinante lune, à la fois proche et lointaine, personnage central de bien de contes et d’histoires, de légendes plus ou moins belles, servant tour à tour à effrayer les enfants ou à démystifier la nuit, dans un éventail de personnage allant de Pierrot et Colombine aux célèbres loups-garous….

La lune a attiré les hommes, d’abord par les écrits, poétiques ou de science fiction avant que les techniques n’envisagent enfin de s’en approcher, peut-être même de s’y être posé, sans polémique aucune, et n’ayant pas vérifié les sources de par moi-même…. Actor’s studio ou réalité, ce petit pas pour l’homme, pas de géant pour l’humanité n’a été guère suivi d’autres enjambés… Les territoires de notre planète étant déjà tous pourvus de propriétaires plus ou moins ambigus et déclarés, il fut normal d’aller poser son drapeau en d’autres contrées furent-elles extra planétaire… Libre à chacun d’y aller vérifier. Quoi qu’il en soit, on a beau être dans la lune, on ne voit rien de cette fabuleuse épopée de mondiale renommée. Des effets plus ou moins désirables, la lune en a légion. Bénéfiques ou maléfiques, c’est selon, jouant de son attraction sur les éléments liquides, elle commanderait la sève des végétaux, comme celles des masses océaniques, pilotant ainsi les marées tout comme la pousse des végétaux, la destruction des souches des arbres abattus, ou encore la montée en graine des salades du jardin familial. Quelle que soit notre alimentation alcoolique, notre corps étant composé de près 80% d’eau, c’est donc tout naturellement que nous sommes attirés et soumis aux lois lunaires. De la pousse des ongles ou des cheveux, aux états de fatigues, de la sortie des griffes et des poils hirsutes de nos fameux loups-garous, aux comportements qualifiés de lunatique, c’est donc de l’extérieur que les ficelles sont tirées…. Alors, croyance populaire, ou réalité expérimentée ?

Hier était soir de pleine lune, et en dépit d’un voile nuageux, le froid relatif de cette mi-novembre ou presque, eu égard aux matheux, a réduit les fréquentations habituelles des rues et ruelles de la ville. L’œil aux aguets, point de loups-garous arpentant le trottoir à la recherche de victimes imprudentes…. De deux choses l’une (j’aurais pus écrire lune !) Donc, disais-je, de deux choses l’une, soit la lune doit être pleine et limpide pour faire sortir le loup du bois, soit de loup point y a. Certes, nous avons appris récemment que des loups remontaient dans les alpes, et j’ai eu le privilège d’observer une trace animale pouvant fort être une empreinte de loup dans un chemin de l’Alaric, ce qui laisserait supposer que les loups italiens se diviseraient pour envahir le Mercantour pour les uns, les Pyrénées pour les autres, se jouant des autoroutes, des habitats resserrés, utilisant tranquillement les replis de maquis et de pinède de la Clape, des Corbières et de l’Alaric pour s’en aller s’installer en Pyrénées orientales…. Le loup revient… Tout seul, naturellement, point besoin de lâchers slovènes comme son collègue ursidé, et fait étrange, ce n’est point en meute mais en couple, qu’ils sont venus ainsi coloniser et fonder leur famille sur cette nouvelle terre. Des loups italiens, certes, ce ne sont pas des loups-garous, Garou n’est pas italien mais Canadien… Facile mais je ne pouvais la manquer, n’en déplaise à Lorie…. Alors, que faire ? Se réjouir de ce retour naturel ? S’inquiéter de l’arrivée de ces nouveaux prédateurs ? Les enfants vont-ils avoir peur du grand méchant loup ?


De toute façon, l’homme est un loup pour l’homme, c’est bien connu. Ça doit être dans ce cas précis qu’on parle de loup-garou, comme on aurait pu dire gare au loup ! Principe de précaution, restons tranquille les soirs de pleine lune, et si nous sortons, longeons les murs, le loup veille…. Je ne veux pas crier « au loup ! » Certes, mais même sur ma plage déserte, à regarder la lune, je songe tout à coup à ces vieux loups de mers…. Espèces marines en voie de disparition quand d’autres sont en voie d’apparition…. De quoi hurler sous la lune, en voyant surgir les griffes, le poil soudain hirsute sous l’effet du vent marin, d’un seul coup, j’ai les crocs ! Une vraie faim de loup ! D’ailleurs je termine là pour aller manger, un texte sur la lune, ou plutôt sous la lune, un texte de plus, con comme la lune…. Je rends la plume à l’ami Pierrot, je regagne mes pénates, ou ma tanière c’est selon, demain soir sera différent, la lune sera moins pleine, l’attraction différente….

De l'air !

Le dernier des quatre, et pas le moindre, l’air. Le seul à être invisible, inodore, discret mais sachant être tout de même vif ou piquant, sachant se charger de senteurs marines ou fleuries, ne supportant pas d’être enfermé au risque de devenir vicié, l’air est un être pur et sain. Elément incontrôlable à l’état naturel, il arrive toutefois à être conditionné par l’homme, qui le climatise, le comprime, le réfrigère ou le réchauffe à des fins personnelles, le tout…d’un air serein ! L’air, essentiel à la vie, à notre vie, nous avons grand besoin d’air. Des quatre éléments, c’est bien celui dont l’absence nous ôte le plus rapidement toute vie. C’est aussi un compagnon de jeu, que ce soit en faisant danser les cerfs-volants ou bien encore dans ces refrains, cet air qui nous trotte dans la tête, au point de parfois être tête en l’air. D’où vient-il ? On ne sait pas, certains parlent de l’air des montagnes, d’autres de l’air de la mer ou bien encore de l’air de la campagne. Produit de luxe encore non taxé, produit pollué par nos activités, avec lequel on joue : On le respire, on l’expire, on en remplit des ballons, on le charge de vapeur ou d’impuretés puis on s’évertue à le filtrer, le nettoyer, le purifier….

Malgré sa relative transparence, beaucoup s’en serve, sans en avoir l’air, pour, sans en avoir l’air, se donner l’air, prendre un air de supériorité au point de finir par nous pomper l’air… Que voulez-vous, dans notre monde, il y a deux sortes de gens, ceux qui brassent l’air et ceux qui nous le pompent. Voilà bien une idée de mouvement perpétuel : installons côte à côté et l’un et l’autre et nous pourrons placer entre les deux un moulin à vent munit d’une génératrice…. La première station électrique bio ! Une idée en l’air ? Hum, qui sait, l’air de rien, ce sont ce genre d’idée qui font progresser la science, pas besoin de s’envoyer en l’air pour avoir du bon sens, et le bon sens, pour l’air, c’est affaire de courant…. Courant d’air ? Vous voyez que cette idée de station électrique fonctionne ! On pourrait même parler de centrale électrique, puis qu’elle serait située entre les brasseurs et les pompeurs…. Nous revoilà en pleine période des shadoks ! J’aurais pu même dire, par un mauvais jeu de mots, en pleine ère…. Mais j’ai trop de respect pour le plein air, j’y puise mes ressources, je vis au grand air, et je navigue au hasard, profitant de l’air du temps… Une bouffée d’air frais dans la vie, des activités qui permettent de s’enivrer de cet air pur et vivifiant, cet air qui pénètre la moindre cellule de nos poumons, savante oxydation oxygénante redonnant vie aux cellules endormies, nettoyant de fond en comble notre sang pour s’en trouver ragaillardi.

L’air a aussi ses métiers, meunier, pilote, musicien, chanteur et même hôtesse…. Oui, je sais, celle-là était facile, mais bon, un peu de douceur dans ce monde de brutes, et puis un peu de charme tout de même, l’air de rien, ça égaye un peu le texte et fait s’évader le subconscient. Bon, ok, vous voilà égrillards, vous pensées s’envolent, normal s’agissant de l’air, en d’innommables parties de jambes en l’air, autres moyens de transport ou bien encore, autres transports…. Pas besoin d’avoir les fesses à l’air pour cela, l’imagination vagabonde bien plus que le conscient, et j’imagine déjà votre air à lire ces lignes qui ne sont que paroles en l’air…. Récréation nécessaire dans un monde en asphyxie, de temps en temps, prenons l’air, évadons-nous, jouons les filles de l’air, partons et envolons-nous. Pour qui n’a jamais volé, effectuons le baptême de l’air. Comme l’oiseau, laissons-nous planer, imaginer l’air s’engouffrer dans nos vêtements, glisser entre nos doigts, en en totale apesanteur, sentons les écoulements d’air nous envelopper. Voler, faire corps avec l’air, être en suspension dans l’air et regarder le monde tourner sans nous…. Une bulle dans la course du temps, le temps de voir s’envoler les soucis, se calmer les tensions, lorsqu’il y a de l’orage dans l’air. Ne pas redescendre trop tôt, sous peine de tout ficher en l’air…. Vol nécessaire lorsqu’on manque d’air, imaginer un instant les situations vues d’en haut, le temps de se ressaisir, de se donner de l’air en quelque sorte, avant de retrouver le sol, la terre, ou l’eau, suivant l’endroit et le temps, de retourner au feu de l’action, l’air détendu, les pieds sur terre, pour que découle les solutions comme de source….

Rondes des éléments de la vie, interprétation libre comme l’air, en quatre actes de cette pièce sans cesse jouée qui récite et anime nos vies. Histoire d’eau, de feu, sur terre ou en l’air, rien n’est dissociable, tout est lié dans un subtil équilibre qui rythme le cycle de la vie. Un thème comme un autre, pour écrire et redire des choses sans importances, des choses anodines, des morceaux de vie ramenés à leur forme élémentaire. Quadrature du cercle, opposition mathématique entre le lisse du cercle, symbole du mouvement, et la dureté du carré, ces quatre chemins reliant les quatre éléments, comme si chacun n’était qu’à deux autres relié. Le carré s’inscrit-il dans le cercle, ou le cercle s’inscrit-il dans le carré ? Vision personnelle des arrangements célestes et planétaires, à chacun sa vision, si encore il n’y a qu’une seule solution, traduisant là une certaine raideur, une forme d’immobilisme auquel je ne souscris pas, j’aime trop à imaginer que la vie n’est pas rigide et fermée, déjà écrite par avance, mais plutôt que nous sommes chacun en train d’écrire notre propre destin, pas de le lire et d’avancer sur des pas prédessinés….

Allez, je file, de l’air !

Terre ! Terre !

« Terre ! Terre ! » C’est en ces cris que les marins perdus aux milieux des flots apprenaient l’approche de la côte salvatrice de la voix puissante du matelot de vigie, cette terre enfin proche et au moins significative de repos, de retour au plancher des vaches, et ce, même sous des contrées qui ne connaissent pas les bovidés… La terre, cet élément de la Terre, cette planète dite bleue puisque plus de 70% de la surface est composée d’océan, cette terre sur laquelle nous vivons, pour laquelle nous combattons, cette terre mère nourricière et cultivée, support de notre humanité, cette terre qui par ses petits bouts nous fait propriétaire, défenseur de notre pré carré jusqu’à l’affrontement meurtrier. Support de vie, terroir de semis, les racines des arbres et des plantes y puisent l’énergie, l’homme aussi, dans des puits pétroliers, dans des mines charbonnières ou de bien d’autres matières que cachent et recèlent cette fragile écorce. Terre la planète, terre le sol, qui de ces deux fait de nous des terriens ? L’homme a quitté les océans pour s’adapter à la vie terrestre, au fil de notre longue évolution. D’amphibiens nous voilà devenus des terriens, apprenant à ramper, puis à marcher sur cette terre hostile et accueillante, mélange des genres pour nouveaux colonisateurs. Et depuis ce temps là, la colonisation n’a fait que se répandre, la conquête du monde s’est poursuivie, au péril des vies, l’homme s’attribuant des titres de propriétés qu’il n’a pas, car, n’étant sur terre que de passage, ces bouts de sols appartiennent avant tout aux civilisations futures.

Terre, mélange de matières et élément de vie, terre, terrain de jeux pour d’intrépides humains, terre, écorce rabougrie aux reliefs chaotiques, tu es à la fois terre d’exil ou d’accueil, terre d’envol, terre d’espoir, terre sainte ou terre promise, et même si parfois nous avons l’esprit terre à terre, la tête dans les nuages, nos rêves s’installent dans nos vies que si nous avons les pieds sur terre, et non sous terre, car alors, il est trop tard…. Que n’a-t-on pas fait de cette terre, crue ou cuite, labourée ou construite, végétale ou grasse, rouge ou sienne, que n’a-t-on pas fait pour elle, combats sans fins pour des frontières qui ne sont que des tracés humains déclencheurs de joutes sanguinaires quasi sans fin… Au nom d’un peuple, d’une religion, au nom de dieux, d’idéologie, les hommes ont toujours su trouver raison valable pour combattre, repousser leurs limites sans mettre pied à terre. Que reste-t-il de la terre de nos ancêtres ? Que laisserons-nous aux futures générations ? Animal de passage sur cette planète, l’homme est avant tout son plus grand prédateur. Naïf, il l’a croit en danger alors que c’est lui-même qui se met en danger. La Terre, renaîtra toujours, sous d’autres formes, sous d’autres températures, elle s’auto régulera, redevenant un nouveau berceau pour une nouvelle espèce animale. Eternel recommencement dont nous ne serons pas les témoins, enfouis dans nos propres décombres, disparus six pieds sous terre…. Vision pessimiste d’un monde en déclin ? Non, ça serait mal me connaître, vision certes point idyllique, mais vision d’alerte, pour éveiller nos consciences, redresser la barre tant qu’il en est temps, et, il en est encore temps. Raisonnons nos prédations, notre agriculture, laissons la terre souffler, alternons les jachères, les prairies, les labours, entretenons nos forêts les plus proches comme les plus éloignées, replantons nos terres brûlées et laissons-la s’abreuver des autres éléments, l’eau, l’air, le feu solaire pour qu’y renaisse la vie.

C’est ce combat qu’il nous faut mener, sans mettre genou à terre mais plutôt ventre à terre, regagnons notre planète, dans ses moindres contours, jusqu’au moindre lopin de terre, la moindre parcelle, source de vie, source d’envie de retour à la terre pour beaucoup, comme l’envie de retrouver le métronome régulier du rythme des saisons, des jours et des nuits, des cycles lunaires, et des migrations. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, jamais trop tard pour s’y mettre, prendre conscience que nos richesses d’aujourd’hui sont celles de nos enfants et petits enfants. Propos humanistes de doux rêveur ? Non, propos d’homme attaché à sa terre, jusqu’à son bord, océanique ou méditerranéen, dans tous ses reliefs parcourus, en long, en large et en travers, vécus de l’intérieur, et même des grandes profondeurs, la Terre est vivante, elle gronde, elle vibre, elle ronfle et s’ébroue, animal blessé par tant de maltraitance, le temps est venu de la choyer, de l’écouter, de la comprendre. On peut être tête en l’air, ou bien encore dans la lune, c’est pourtant ici bas que nous vivons, que nous respirons. Et si l’air vous pique la gorge et les yeux, ce n’est que notre propre résultat, pas celui de nos forêts. J’ai foi en l’humain et en sa capacité à réagir sans attendre le déclin. Chacun, à notre place, nous avons un rôle à jouer. Remuons ciel et terre pour cela, unissons-nous et voyons au-delà des propositions commerciales pour gagner notre avenir sur terre.

L’équipage à bien gouverné, le bateau est ancré, les chaloupes à la mer pour regagner la terre ferme. Point de phare ici, la côte est nouvelle, peuplée d’indigènes observant le ballet des rames jouant des flots d’écumes. Bientôt, la jonction des mondes sera effectuée, bientôt les trésors de la terre échangés. La communication par le troc, les échanges par l’échange, difficile d’imaginer cela dans nos esprits internetisés du 21e siècle… Encore un dernier coup de rame et ça y est, nous mettons pied à terre !

Au feu!

Et bien voilà, la semaine se termine dans un rythme infernal. Il y a le feu partout ! Affolement général, chacun cherchant à jouer les pompiers de service dans son coin, et pour éteindre l’incendie dans sa partie, attise les flammes de l’autre. Rajouter là-dessus des personnes extérieures aux process qui viennent mettre de l’huile sur le feu, et sans noircir le tableau, ça devient panique à bord. Bon, il n’y a pas de fumée sans feu, si nous en sommes là aussi, c’est bien les suites logiques de notre désorganisation. Enfin, c’est ainsi que sont les choses, il ne faut pas tout mettre au feu non plus, et rester vigilant car nous ne sommes pas à l’abri d’un retour de flamme. De toute façon, rien ne sert de paniquer, et il ne faut pas crier « au feu ! » Avant d’avoir cerner le problème, nous sommes si souvent confrontés à des retournements de situation que travailler en avance occasionne le plus souvent du retard…. Bien sûr, toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existées ne serait que pure coïncidence. Les noms de lieux, les noms de personnes, les jurons et autres expressions imagées ne sortent que de la folle imagination de l’auteur, et ne sauraient être prix au sérieux. N’empêche que….

Sortons un peu de ce petit délire, pour revenir au sujet. Le feu. Objet de bien de convoitise, qui a modifié la vie et l’évolution de l’Homme dès sa découverte, raison de guerre, arme de guerre, le feu reste encore un élément bien incontrôlable surtout lorsqu’il fait alliance aux vents ; Là, lorsque les éléments sont contre nous, cela devient difficile à maîtriser ! L’alliance avec un autre élément, la terre, n’est que géographique : qui ne connaît pas la terre de feu, certes point célèbre pour ses plages pourtant magnifiques ? Le seul élément qui lui résiste, c’est l’eau. Ces deux-là ne s’aiment pas trop…. Le feu tape sur les nerfs de l’eau, la mettant en ébullition, tandis que l’eau noie la flamme qui part en fumée, chargée de vapeur … d’eau ! Que voulez-vous, dans toutes les familles il y a des tiraillements et même parmi les meilleurs éléments, alors, dans ceux-ci, point d’exception ! Cela dit, même dans les plus amis, il peut y avoir des tiraillements. Que le vent se mette en colère, la faible flamme dépérira au lieu de s’en trouver grandie. Si la terre recouvre le feu, il meut étouffer. Equilibre fragile, ou chacun trouve sa place dans la limite de la place des autres, Eau, feu, air, terre, ce sont là les quatre éléments qui réalisent la quadrature du cercle de notre vie. Chacun règne dans l’ombre de l’autre, chacun impacte les autres, l’eau, l’air et la terre arrête le feu, l’air, la terre et le feu, modifie le cours de l’eau, la terre, le feu et l’eau transforme l’air, le feu, l’eau et l’air modèle la terre. Ronde mesurée justement représentée dans le Lauburu, cette croix qualifiée de basque mais dont les origines sont bien plus lointaines….

Le feu, symbole de puissance et de force, voire même d’impétuosité lorsqu’on l’associe au tempérament par exemple, encore que certains soient tout feu tout flamme, et au final, ne fassent pas long feu ! Bon, voilà que pris dans le feu de l’action, je repars en délire, mais bon, la fin de semaine aidant, le week-end enfin proche, l’esprit fatigué se défoule en triturant les mots, les rôtissant aux flammes de l’enfer, bien que ce soit bien connu, l’enfer, c’est les autres ! Allez courage, plus que quelques heures à attendre avant de s’en aller goûter aux joies de ce temps libre fort mérité, et je n’en mettrai pas ma main au feu, tout sera bon pour en profiter. Allégresse de la vie, chaleur qui bout dans mes veines, la flamme bien animée au corps chevillée, voilà tout ce qu’il faut pour vivre pleinement, tranquille sur son chemin, sans mettre le feu aux poudres, dérouler le ruban des joies et des rires, fort bien entamé. Bientôt le coup de feu final, la libération, le moment d’aller regagner le foyer, et, sans jouer avec le feu, nous irons ranimer la braise dans la cheminée, pour une belle flambée nocturne. La vie est une bien belle chose, sachons la vivre pleinement, vivre chaque heure comme si c’était la dernière, garder cette flamme qui danse en nos yeux, avant qu’on ne parle de nous en disant feu monsieur….

D’ailleurs, une fois le feu éteint, dit-on feu le feu ? Hum, bonne question, mais si parfois on croit éteindre la flamme, il arrive que sous la cendre le feu couve, et qu’il suffit de souffler sur la braise pour que reprenne de nouvelles flammes qui réchaufferont les cœurs et les corps. Belle allégorie au feu dans sa vision positive, mais, pour avoir vu récemment les dégâts causés par les flammes dans des coins aimés par leur luxuriante végétation, la danse des arbrisseaux au gré des vents, c’est bien triste spectacle que de voir ces terres devenues lunaire, dépouillées de toute verdure, peuplées de squelettes noirs et encore odorants, de cette fragrance acre et raclant la gorge, déjà nouée par l’affreuseté du spectacle offert. Désolante désolation que ces paysages autrefois au champ de vue limité par la frondaison des pins, par l’épaisseur des genévriers, se retrouver nus, ouvert sur des limites nouvelles aux regards, ainsi offerts aux érosions des saisons. La nature reprendra ses droits, la cendre aura apportée la potasse nécessaire aux nouvelles plantes, petit à petit le vert gagnera son combat sur le noir. Mais en attendant, il est triste de voir le résultat de flammes déposées volontairement là par l’imbécillité des hommes. La nature sait équilibrer ses éléments, l’homme réussit toujours à rompre ce fragile équilibre. Pour encore combien de temps ? Ne sommes-nous pas entrain de brûler la chandelle par les deux bouts ? Allez, réveillons-nous, et redressons-nous, tant qu’il en est temps, sinon, nous ne ferons pas long feu sur terre…

Histoire d'eau

Il fait si beau que le ciel transpire à grosses gouttes ! Cela faisait si longtemps que nous n’avions pas connu ces épisodes pluvieux, qu’ils nous semblent d’un seul coup interminables et tristes. Bien au contraire ! L’eau c’est la vie, comme on dit justement, puisque chaque molécule d’eau accueille la vie sous ses formes les plus infimes, bactéries gentilles ou méchantes, porteuses ou non de maladies. Toutes les maladies naissent et arrivent par l’eau, sauf peut-être la cirrhose, ou alors, c’est plus long…. De l’eau, naît la maladie la plus longue, qui se révèle mortelle : la vie. Je ne dis pas que vivre est mortel, non, ça, c’est affaire de chacun et si certains préfèrent s’ennuyer et rendre mortelle leur vie, cela les regarde, mais à la base, la vie est bel et bien une maladie mortelle qui s’attrape à la naissance, avec un temps d’incubation et de développement propre à chaque individu. L’eau, source de vie, l’eau nécessité absolue, futur objet de toutes les convoitises, lorsque l’homme aura finit par épuiser les gisements de ce précieux liquide.

L’eau, c’est aussi l’élément de base, celui qui lie les autres molécules, et qui en décide de la consistance par sa seule proportionnalité. Malgré les recherches des plus éminents scientifiques du globe, nous n’avons pas encore réussi à obtenir de l’eau en poudre. Tout se dilue dans l’eau, mais dans quoi diluerait-on l’eau en poudre ? On traque sa présence ou les indices de sa présence jusqu’aux confins de l’univers, bien plus que d’autres éléments, d’autres matériaux. Cet élément fluide, se glisse et s’écoule partout, on arrête le feu, mais on regarde passer l’eau. Suivant son débit, on la craint, ou on la souhaite, elle tombe du ciel, descend des montagnes, modèle les paysages en des formes variées, par ses forces variées. Falaises rongées, méandres creusés, canyons profonds, ou encore célèbres bénitiers, tout est griffe de l’eau, bien plus signataire des beautés de ce monde que l’homme qui le parasite. On a coutume de dire que la planète est en danger, c’est faux ! C’est la présence de l’homme sur la planète qui est en sursis. Comme il fut pour les précédents occupants, nos ancêtres dinosaures, notre espèce disparaîtra par sa faute ou bien par un rebond salutaire de la terre, laissant sa place à un autre successeur, qu’il soit rat, mouche, ou autres amibes. A chacun son cycle de vie. De l’eau naît la vie, on peut même dire que la vie naît de l’eau de là…. Il y a donc bien une vie dans l’au-delà ? Il faut croire ! Croire à une vie au-delà…. Décidément, la pluie mène à tout ! Que voulez-vous, on ne se refait pas et je ne peux m’empêcher de jongler avec les mots, même cette eau du ciel n’arrive pas à noyer mon moral ! Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, je n’en ai cure, je vis, je ris, je souris à la vie, dans ses moindres gouttes d’eau, fussent-elles de pluie ou bien de sueur, l’essentiel est bien là, non pas dans la sueur, ne me faite pas suer, non, dans la vie, car la vie est un bien joli trésor, car la vie est uniquement ce qu’on en fait. Vivre chaque jour comme s’il était le dernier, songer que le passé est passé, que le futur est bien futur, et que le présent est un présent bien présent dont il nous faut savoir jouir. Vivre et laisser mourir, bon, ok, ça fait très 007 mais bon, c’est de saison… En parlant cinéma, le dernier est pas mal, beaucoup plus dans la lignée de Casino royale, que des précédents opus, épuré des nombreux gadgets des seventies, comme une sorte de retour aux sources…. Vous voyez, on y revient ! Tout coule de source, les faits, les choses comme l’eau….

Enfant, je me régalais à boire cette eau fraîche et pure qui jaillissait en petit volcan des profondeurs de la terre, ou bien qui gouttait lentement entre les mousses au vert profond. Cette eau était pure, rafraîchissement cueilli au creux de la main lors d’une course à travers bois. Je me souviens que parfois, lorsque nous arrivions le samedi à la maison familiale, nous partions, mon grand-père, mon père et moi, rectifier le parcours de ces ruisseaux capricieux, enlever les branches et les pierres qui en déviaient le cours, assurant ainsi la seule alimentation en eau du hameau ou nous habitions. Les années ont passé, l’eau est arrivée au robinet, l’entretien des ruisseaux c’est espacé et aujourd’hui, je cherche sur mes parcours les sources de mon enfance, celles-là qui chantent encore dans ma mémoire, celles-là même qui sautaient de cailloux en cailloux, irrigant les pierres moussues, abreuvant les oiseaux, les biches ou les nobles cerfs, celles-là même qui représentaient des fleuves dans mon imaginaire de petit garçon, lorsque j’y jetais des bouts de bois, bateaux à la chaotique navigation, emportés sur les tourbillons de l’onde. Aujourd’hui, les traces de leurs passages ont disparu, tout au plus, quelques pierres arrondies par l’érosion liquide pourraient témoigner qu’au fond du talweg était un ruisseau. Aujourd’hui l’eau, même là-haut dans mes bois, n’est plus potable, et quand je pars en randonnée, c’est de l’eau enfermée en bouteille, de l’eau de la ville que j’emporte avec moi…. Drôle de vie, drôle d’époque.

C’est ainsi, simple constat, pas même amer, il est des choses du passé qui n’ont plus cours au présent, et nous sommes présents, acteurs du présent, préparateurs du futur, notre vie est ici et aujourd’hui, et elle est, elle reste et elle devient ce que nous en faisons. La source est en nous, et c’est à nous d’en dicter le cours. Chassons les pierres, ôtons les branches, creusons le sillon qui deviendra son lit, ou bien laissons la s’écouler comme bon lui semblera. A chacun sa méthode, à chacun ses envies, c’est selon. Le ciel est bas et gris, tant pis pour lui, c’est ainsi qu’il le veut, soit ! Moi je vis en bleu et or, qu’importe le temps, soleil ou pluie, chaleur ou froid, pour moi il fait toujours beau, et ça, ce n’est pas du pipeau. Et si vous n’aimez pas la pluie, songez un peu à la vie qu’elle transporte. Regardez un peu la nature, l’herbe déjà, en verdit de plaisir.

Actualité oblige

Actualité oblige, et comment échapper à cette actualité, l’élection du nouveau président des Etats-Unis, l’élection d’un premier président de couleurs dans cette première puissance mondiale. En dehors des clichés que ne manqueront pas d’évoquer tel ou tel journaliste, c’est aussi la victoire d’un président jeune face à un plus ancien, un élan vers un grand espoir, national et mondial, espoir mis dans la jeunesse, le dynamisme d’un homme, bien au-delà de sa couleur de peau. Une nouvelle fois, la jeunesse de ce pays, a su innover et sortir d’un conservatisme dans lequel bien des états dits modernes continue de s’engluer, par peur d’un trop brusque changement. Pour autant, doit-on attendre Obama comme le messie ? Ben sûr que non, la gestion d’un pays, la gestion des affaires du pays se manœuvre aussi facilement que la barre du Titanic devant l’iceberg. Les espoirs placés dans le vote d’un président, sont l’expression d’un rêve d’amélioration et de changement. La réalité par la suite est quelque peu différente. Il suffit de regarder quelques mois en arrière, dans notre tout petit pays, les hourras, les bravos, aux lendemains d’une élection ayant fait naître le rêve d’un grand redressement. C’est oublier que parfois, pour redresser le métal, il faut le frapper, le tordre à l’inverse, et que c’est après plusieurs coups, plusieurs chauffes qu’on arrive à donner une forme un peu plus droite à la matière.

Combien d’espoirs sont nés hier dans chaque bulletin de vote ? Et même, qu’y avait-il derrière chaque bulletin de vote ? Un vote pour un changement, une grosse bulle d’air dans un pays se dépêtrant dans ses difficultés capitalistiques et iraquiennes ? Un refus de prolonger un parti au pouvoir ? Un refus de voir un vieux bonhomme affublé d’une sulfureuse colistière prendre les rennes du pays ? C’est quoi une élection ? Un vainqueur ou un vaincu ? Ceux qui me connaissent, connaissent mes sentiments à l’égard de cette puissance mondiale, cupide et arrogante, habile à écraser le monde, à diriger l’économie planétaire et interplanétaire, j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici. Néanmoins, au-delà de ma perception états-unienne, je me réjouis de ce vote, non par sa couleur politique, je suis très mal placé pour la juger en bien ou en moins bien, mais par l’image de modernité qu’elle affiche, le signal fort qu’elle adresse au monde, et parce que derrière, il y a l’espoir d’un peuple gouverné, mais aussi de peuples du reste du monde, espérant là le dialogue, la justice et la paix.

L’espoir fait vivre, c’est ce qu’on dit, mais l’espoir fédère aussi, et ce resserrement peut-être salutaire au commerce mondial, à l’économie, à la fraternité des enfants du monde. L’Amérique a fait rêver, du temps des conquêtes, de la ruée vers l’or comme des premiers pas sur la lune. Le spatial fut terrain de jeu réservé des supers puissances URSS et USA. Timidement les Européens ont essayé de s’immiscer sans trop marcher sur ses plates-bandes gardées. Aujourd’hui, les Chinois y volent, bientôt les Indiens, dans toute la fraîcheur et l'audace qui sied aux peuples qui n’ont rien à perdre. Aujourd’hui, la technologie galope et se développe dans ses pays maladroitement qualifiés d’émergeants. Qu’avons-nous fait, nous autres, gens en avance sur tout cela, que nous soyons d’un côté ou de l’autre de l’atlantique ? Nous avons dormi sur nos lauriers, nous nous sommes contentés de maîtriser une technique sans chercher à l’améliorer, à voir au-delà, comme si le plus dur étant fait, il suffisait de sortir de temps en temps de l’atmosphère pour recueillir un peu de lueur de nos anciennes gloires. Nous autres, vieux continent, avons toujours œuvré pour ne point troubler la quiétude ou ombrer l’auréole de ce puissant voisin. Chinois, Indiens, Japonais, Russes, et d’autres encore, avides de technologie, de savoir-faire, apprennent patiemment, rêvent en silence de nos exploits, non pas pour les approcher ou les égaler, mais pour les dépasser. Beaucoup rigolent de cela, mais il faudra attendre pas si longtemps avant que l’aviation mondiale ne découvre de nouveaux constructeurs, de nouveaux avions, non pas exotiques, non pas pâles copies des productions américaines ou européennes (les meilleures !) mais bel et bien des produits innovants, conçus sans le frein qui désormais nous anime. Il y a presque 40 ans, naissait Airbus, sous les ricanements des constructeurs d’alors, essentiellement américains…. Depuis, certains de ces ricaneurs ont disparu, d’autres ont fusionné pour qu’aujourd’hui le gâteau se partage en deux parts plus ou moins égales suivant les années, entre Airbus et Boeing. Mais, pour combien de temps encore, si nous ne nous mettons pas dans la peau de challengers, plutôt que de notables établis ?

Remake moderne de la fable du lièvre et de la tortue, le monde englué dans ses carcans économiques et conservateurs, rigolent des tortues certes travailleuses mais forcément dénués de notre intelligence créatrice. Gare au réveil, il risque d’être douloureux. L’élection de cette nuit, est peut-être positive en cela, elle devrait apporter un peu de fraîcheur, un peu de dynamisme, et secouer nos machines endormies. L’avenir le dira, si on laisse le temps à l’homme de mettre en place sa politique, intérieure et internationale. Par les temps qui courent c’est une chose à ne pas négliger, en espérant que de mauvais esprits chagrins n’aillent tenter de stopper ce symbole.