Le temps, Mais encore !

Le temps passe et glisse comme un poisson
Mais le temps c’est de l’argent, poisson d’argent !

Le temps glisse et file comme l’éclair
Mais le temps s’envole, que peut-on faire ?

Le temps se meurt puis revit chaque seconde
Mais le temps, ce vieil habitué, abonde

Le temps passe et disparait silencieux, parfait
Mais le temps pardonne nos doux émois, c’est ainsi fait

Le temps compte et se compte, course contre la montre
Mais le temps tombe et rythme nos vies, je n’ai rien contre

Le temps nous poursuit, de notre début à notre tombe
Mais le temps dessine à chaque faux pas une cicatrice profonde

Le temps, qu’est ce qu’on a à tourner autour du temps ?
Mais le temps, ce n’est pas de l’or, le temps c’est de l’argent

Le temps passe et file, glisse et meurtri, agit et nous fait réagir
Mais le temps, n’est ni ennemi ni allié, il avance sans coup férir

Le temps, le temps, toujours le temps ! A-t-on toujours le temps ?
Mais le temps, est un poison de fiel et de miel, un met du présent

Le temps se conjugue à tous les temps, immuable et jamais pareil
Mais le temps qui passe n’est pas le temps qu’il fait, pluie ou soleil

Le temps…. De prendre la plume au hasard d’une nuit encore blanche
Mais le temps de cueillir aux lambeaux de lune les vers solitaires qui s’épanchent

Le temps de mettre en noir sur le blanc de l’écran ces quelques mots
Mais le temps passe et glisse, le sommeil fuit la nuit sans bercer les maux

Le temps, tic tac de la vieille horloge du salon, graine de temps résonnant dans la nuit
Mais ces graines s’envolent et s’en vont germer quelque part, cherchant où la lumière luit

Le temps de mettre cela par écrit, voilà déjà que l’aube pointe son rayon pale
Mais le temps a glissé, les mots se sont couchés sur le papier dans une triste fable

Le temps c’est de l’argent ? Peu importe ce qu’on en fait, le temps n’est rien
Mais le temps n’est qu’imbécile s’il tombe à côté de la partition comme un vaurien

Le temps glisse et passe, mais ce n’est pas nos vies.
Nos vies sont ces petits rubans de toiles
Que le temps poursuit pour y voler les étoiles
Pour y souffler de vilains nuages d’ennui

Alors, sachons accrocher les étoiles
Qui manquent à nos vies à présent
Sans attendre de trouver le temps
Car un jour, le temps mets les voiles

Et ça, c’est pas des conneries !

un coeur qui bat

Un cœur qui bat, calme, régulier, lentement, pulsations régulières faisant danser les aiguilles de la machine et leur faire tracer des courbes régulières, répétitives à l’accès, ballet étonnant donnant un graphique précis et parallèle traduisant les fonctionnements de ce qui constitue la fonction vitale de la machine humaine. Un pic, une descente, pratiquement sans oscillation, un plat avant de regrimper, au même niveau, dans le même tempo, d’attaquer la même descente à la courbe si lisse, si homogène, et de recommencer, encore et encore, poursuivant sans fatigue les montées et les descentes, les plats, véritable métronome qui aspire et injecte le sang dans l’organisme. Un cœur régulier, un rythme constant, précision quasi astronomique, mais au fond, sommes-nous autre chose que de la poussière d’étoile ?

Et puis, un jour, un instant, l’aiguille traçant sans relâche une courbe au tracé aussi immuable qu’une danse aux pas trop bien appris improvise et s’en va parcourir en une envolée soudaine des millimètres de papier qui sans cela seraient restés vierges, les marquant à l’encre noire dans un pic jaillissant comme un point d’exclamation dans un discours monotone. Réveil du cœur au sortir d’un long sommeil ou erreur de parcours ? Pic anodin, sans ressenti jusqu’au moment où l’homme de l’art, peut-on parler d’homme de l’art lorsque les tableaux produits le sont par la machine, jusqu’au moment disais-je où l’explication de cette imperfection au cœur d’un tracé peut-être trop parfait prend un vocabulaire digne d’antiques versions d’une époque où le latin n’avait que peu de secret pour mes neurones, tandis que pour l’heure, les mots reçus deviennent des coups d’aiguilles encaissés dans un émoi ressenti, une angoisse qui enserre et contraint et finalement inquiète. Dès lors, c’est tout un univers de ressenti qui s’efface, de perceptions nouvelles, l’esprit se focalise sur les mots, cherche les maux derrière les mots, s’interroge et s’inquiète, réalise soudain que derrière cela il peut y avoir le mot fin. Etrange sensation que ce passage de l’insouciance vers le souci, ce transfert inconcevable de l’immortalité vers la mortalité perçue, l’angoissante question de jour sans lendemain. Qu’avons-nous vécu ? Que n’avons-nous pas vécu ? Le temps est passé bien vite, même si certaines heures furent longues, le moment est-il donc venu de laisser la place, de se retirer sur la point des pieds, de laisser la main et d’abandonner tout contrôle à d’autres ?

Plusieurs nuits d’affilé, bien avant l’examen, le jour final fut vécu dans les songes, sans aucun affolement, sans aucunes peurs, juste la surprise d’entendre e réveil et de sortir d’un drôle de torpeur, si je puis m’exprimer ainsi. Pas de craintes ressenties alors, mais un sentiment bizarre d’enterrer un bout de sa vie, de renaitre au réveil dans une autre vie, comme un juste passage, sentiment troublant de classer et d’enfermer une vie, de clore sans appel un tome sans espoir de relecture. Nouvelle naissance et non une renaissance, l’enveloppe est presque la même, un plus affinée, un plus rainurée, elle a même trouvé une nouvelle souplesse, de nouvelles envies aussi. Dans cette phase-là, euphorique, enrichissante de bien-être, l’annonce d’un déraillement de l’horloge interne tranche avec la plénitude, le choc est plus violent car non attendu, la réaction brutale, comme un signal d’urgence tiré, comme un rêve arrêté en plein déroulement, sans le laisser vivre jusqu’à son dénouement. Un nœud sur une corde lisse, un arbre en travers de la route, une impasse trop étroite pour y faire demi-tour, un stress au cœur de la détente. Attente. L’attente latente. L’attente pendant que le grand sablier poursuit son décompte, grain de sable utile au comptage d’un côté, grain de sable venant perturber la mécanique de l’autre, les examens supplémentaires comme dates butées, les suppositions en tout genre comme autant de suppositoires lancés dans le trou noir des angoisses, dans une vie qui ressemble à un merdier sans nom, une tâche non accompli, une copie inachevée que voici le moment venu de rendre. Impuissance. Il est des choses sur lesquelles nous n’avons pas d’action possible, des choses qui restent dans l’ombre jusqu’à leur mise en lumière soudaine et qui parfois ne donnent pas l’occasion d’être prévenues ou déjouées. « On n’est bien peu de chose… » dit la chanson, une de mes chansons préférées, plusieurs fois évoquées, c’est ainsi et on compose avec, la difficulté réside dans la réalisation que le terme est peut-être atteint. Encore combien de temps ? Est-ce ici ? Est-ce maintenant ? Des regrets ? Non, les regrets ne servent à rien à part…à regretter. On ne rejoue pas des choses passées et entérinées, on vit avec ou sans, on met en place d’autres choses. Eternel parcours du combattant, on déjoue les embuches de la vie, on avance au travers d’un dédale de cases blanches ou noires, sans maitriser l’éclairage du parcours. Le mot fin peut surgir à tout moment, il hante parfois nos rêves, il transforme le noir de la nuit en nuit blanche, il transforme la lumière des jours en jours noirs, puissance divine ou satanique, puissance tout court de ces trois lettres alignées, ce F de feu, ce I d’inique, de N de naturel, même si cela nous paraît surnaturel, injuste, anormal, mais, comme toute chose a une fin, comme la vie est une maladie mortelle que nous attrapons tous à la naissance, comme la nuit termine le jour, la seule réalité est de souffrir de ne point connaître le planning à l’avance. Encore que…. En attendant la suite, quelle qu’elle soit, profitons encore plus de ces beaux jours, et là, vu le ciel, je ne parle pas de météo….

ça y est !

Ça y est, c’est fait, me voilà producteur ! Après bien des étapes plus ou moins successives, après avoir patiemment relancer les différents intervenants ce qui m’a rappelé, si tant est que je l’eusse oublié, combien notre merveilleux pays était le roi en matière de bureaucratie, d’administration et autres labyrinthes où, même à l’époque du haut débit et des interconnections de nos puissants ordinateurs, il advienne encore qu’il faille qu’une malheureuse croix soit rigoureusement cochée sans quoi un modeste papier se transforme en magnifique grain de sable et s’en vienne bloquer toute une procédure. Soit ! Là où le bat blesse, c’est que le cas s’est présenté dans une entreprise privée issue d’une célèbre entreprise publique connue autrefois pour la rapidité de ses services….. En ces temps de privatisation du courrier, voilà qui peut amener à réfléchir avant d’agir, si tant est que la réflexion puisse être amenée, mais bon, nous nous éloignons du sujet, l’heure est à la production et profitons de ces jours de grand beau temps qui clôture septembre pour produire. Petit rappel du calendrier. C’est par le printemps naissant au mois au mars que vint l’idée et sa concrétisation d’utiliser ces dalles sombres pour transformer de paisibles mais cuisants rayons solaires en électrons plus ou moins libre, afin de les dresser et de les revendre à un distributeur national. Mars donc, et ça repart dit-on, disons plutôt que la commande est partie, non pas au Père Noël, le vieil homme ne prenant plus mes commandes depuis bien longtemps, et d’ailleurs, en mars il prend ses quartiers de printemps dans le sud de la Laponie pour s’en aller bronzer loin des rênes, des reines et de l’arêne des services après-ventes débordés de réclamations et de réparations. Commande partie, planning établi, installation prévue en octobre pour mise en route en décembre. Bigre ! Serait-ce le soleil d’hiver qui va venir divertir mes panneaux tout neufs ?

Dans un grand élan écologique national, peut-être même par le jeu de subsides versés pour aider à la mise en œuvre, toujours est-il que le pays s’équipe à grand coup d’installateurs et que du coup, les sociétés mettant les bouchées doubles, mon toit se para de noir par les beaux et très chauds jours de juillet. Allez donc un peu demander aux poseurs la douce température des tuiles de terres cuites lorsqu’il s’agit de les empoigner à pleines mains pour les ôter de leur toit, et y poser de jolis panneaux tout noirs…. Bon, ok, je sens les sarcasmes relatifs à leur maitrise parfaite de l’échelle (eux !). 15 juillet, le toit est noir, l’onduleur installé, le câblage en place. Super ! Il fait beau, il fait chaud, l’électricien va venir c’est sûr, pour placer les compteurs, les relier au réseau électrique via deux fusibles qui deviendront ô combien célèbres par la suite. Juillet, Août, les vacances, pour chacun y compris pour le secrétariat de l’électricien, voire même pour le patron plutôt patron qu’électricien….. A force d’insister, de jouer au chat et à la souris à coup de téléphone fixe et portable, voilà qu’enfin deux nobles électriciens de métier (ceux-là !) arrivèrent et posèrent les fameux compteurs, le câblage qui va avec, et, après avoir fait déplacer le spécialiste, seul maitre à bord pour enclencher la production, nous informèrent qu’ils n’étaient pas autoriser à poser les malheureux fusibles permettant d’injecter la production sur le réseau. Ceci, froidement dit par une chaude journée d’août, le 10 exactement. Après plusieurs coup de fil, il apparut que le dossier auprès des autorités compétentes dans le branche ment était incomplet, pas tant que cela en fait puisque la facture fût acquittée avant même l’installation…. Nouveau combat, à coup de numéros surtaxés dont notre pays est friand désormais, jusqu’à ce qu’une voix inconnue découvre que tout était bien en ordre et que la pose des fusibles puisse s’effectuer, moyennant rendez-vous dans des agendas surpeuplés.

Enfin, rendez-vous fut pris le 24 septembre, les fusibles posés, la mise en route effectuée et je devins producteur….. Bon, ok, encore quelques réclamations pour la pose d’un boitier de contrôle, effectuée hier après là-aussi de nombreux échanges, mais on peut dire désormais que le sujet est bouclé, l’installation opérationnelle, il n’y a plus qu’à aligner les jours de grands beaux pour abreuver d’électrons les fils disgracieux du voisinage. Entre temps, le toit s’est paré de nouvelles tuiles, j’ai appris l’équilibre sur échelle à mes dépens, ce qui d’ailleurs m’a permis de réviser le théorème de la relativité ainsi que de la gravité d’ailleurs et je sais désormais combien peu de choses sont graves en ce bas monde…. Vivons, respirons, profitons donc de la vie, respectons la planète, et jouissons de notre bien-être. Peut-on rêver meilleure qualité de vie que celle que nous nous octroyons ? Nous avons nos vies entre nos mains, sachons-le et agissons….