Encore quelques jours...

Encore quelques jours, encore quelques heures et revoilà le temps de l’enfance, ses odeurs de résine et de cire, ses douceurs de parfums chocolats et pâtissiers, ses sourires et ses peurs de n’avoir pas les cadeaux demandés. Souvenirs d’enfance encore plus titillés par cette période magique et tragique de Noël. Magique, car elle réunit les familles et provoque au moins le questionnement de ce que peut être la famille, de ce qu’elle est devenue au fil du temps. Tragique, parce que c’est la mort d’innombrables dindes et autres espèces animales, végétales, légumes, fruits et autres sapins, polluante aussi par les paquets cadeaux, les papiers déchirés, les cartons encombrants, les bouteilles vidées, non, quand même, soyons sérieux, je ne tombe pas dans la paranoïa verte des écolos en manque de vitrine, mais la débauche cumulée sur cette courte période mérite au moins le sourire avant la prise de conscience. Tragique, parce que chacun n’est pas identique devant l’équation sacrée de l’offre et de la demande, tragique parce que certains resteront isolés, pas par choix, ou plutôt, pas par le leur.

Au fil des ans, Noël est devenu moins enthousiasment. Selon la belle sinusoïde qui animait mes cours de physiques ou encore traçait les biorythmes de ces temps ou cela était à la mode, il y a eu le pic de l’enthousiasme au cours des années d’enfance, dans cette belle insouciance qui ferme nos yeux aux réalités du temps et ouvre le cœur à l’émerveillement, puis le début d’une lente agonie ou plutôt, l’inversion des tendances, le cœur se serre et se ferme, le regard se pose sur le monde, et les joies s’estompent. Puis il y a les enfants qui viennent nous succéder, et pour eux on se remet à rêver, à jouer les faiseurs de rêves, à se tromper soi-même aux couleurs des guirlandes scintillantes jusqu’à ce qu’à leur tour, les enfants grandissent, la magie disparait dans des billets glissés au fond d’une enveloppe, les cadeaux deviennent monétaires et cherchent une valeur que l’affectif y perd. Noël. Hier la neige était espérée, aujourd’hui la voila maudite. Pas d’états d’âme, juste un retour de larmes, les yeux s’embuent lorsqu’on songe à hier, qu’ils soient des hier de joies et d’insouciance ou des hier de frissons dans le dos. Le temps glisse, 2010 se meurt à petit feu, celui des flambées, celui des frimas, celui des mémoires, celui des jours passés et des leçons apprises. Sommes-nous devenus des enfants trop gâtés pour avoir aussi mal à jouir des joies de l’instant ? Sommes-nous si avides de plaisirs qu’à peine assouvis on se désintéresse ? Amère destinée qui nous ballote dans les flots de nos vies, mais la barre nous appartient, alors prenons-la et tenons bon fasse aux aléas, et même si la répétition des étapes du calendrier s’enchaine, sachons réaliser qu’elles pourraient ne pas se répéter, et le mot fin s’inscrire sans qu’on ne puisse plus le lire ni le dire. Vivre n’est pas attendre de mourir, vivre c’est gouter aux joies que distille en secret chaque minutes égrenées, dans le bonheur d’apprendre, dans la richesse de partager, dans le plaisir d’échanger, sans se mesurer au temps qui passe, juste apprendre à manœuvrer notre barque, savoir se donner à ce qu’on fait, préférer offrir du concret que quelques billets, imaginer ce qui plaira plutôt que d’attendre la lettre au Père Noël. Que n’avons-nous écrit, découpé dans ces catalogues qui remplissaient les boites aux lettres, que n’avons-nous rêver devant tel ou tel jouet, et bien, rêvons maintenant devant ce qui saura faire plaisir, offrons-nous car c’est là le plus beau des cadeaux, une parcelle de soi à bien plus de valeur qu’un carrée de soie, ce don de soi c’est un lien tissé autour des liens déjà tissés, non pas un point de croix, plutôt un point noué, celui qui solidifie et enrichit, ce petit plus qui fait qu’on a su se creuser la tête pour trouver cela.

Encore quelques heures et des rues vides, non, pas celles des boutiques ni des marchands du temple, non, celles de nos quartiers, aux poubelles encore vides, sorte de diète avant l’orgie de papier. Les passants qui battent le pavé de ma cité pressent le pas sans se regarder, le regard vide quand il n’est pas rivé à ces morceaux de technologie qui établissent des liens de communications en coupant les principaux, ceux du réel. « de quelle couleur la cravate ? », « qu’est ce que tu veux ? » « qu’est ce que tu m’as dit ? » ….mais comment faisait-on avant ? Je me souviens de mes jeunes années, les vieux bus au rouge fané en rose délavé, l’accès par l’arrière, le ticket acheté au contrôleur, de ce temps ou le chauffeur ne faisait que conduire, de ce temps ou la politesse fleurait bon le bonjour, l’au-revoir, le merci et les s’il vous plait, des ces pas sur des trottoirs immenses que je dévale aujourd’hui en roller, de ma main serrée dans celle de ma mère, des ces magasins immenses ou le 4e étage recelait les mêmes trésors que ce brave vieux à barbe blanche venait déposer au pied du sapin entre mon couché et mon réveil pourtant tôt ces jours-là. La ville. Telle était le voyage sublime, on allait en ville, et c’était tout un programme. Il faut dire qu’alors, les grandes surfaces n’étaient pas légions, mais elles prenaient le temps de nous régaler, nous autres, mouflets d’une autre époque, qui salivions contre le plexiglas entourant le grand tracé de train électrique ou de circuit 24. Le paradis des enfants, et le moment magiques des soldes de début janvier, celles qui tombaient à point pour transformer nos étrennes de nouvelles ans, nos fonds d’argent de poche et autres souris en des coffrets de trains à prix dégriffés. Puerta del Sol, Capitole, Cévenol, Corail, ….coffrets d’un temps où Jouef nous attirait de ces trains magiques et autrement plus savoureux que TGV ou ICE. Je me souviens de ces rails posés sur le sol, ces fils électriques et ces déraillements, puis, tout redémonter et ranger jusqu’à la prochaine pause, nos jeux étaient visuels sans être virtuels, on rêvait de voyage, on jouait des rôles, chef de gage, chef de trains, telle voie, tel aiguillage, tel chemin…. Il n’y a pas de nostalgie, juste une retour sur cet arrière, une réalité au cœur des réalités qui peuplèrent ma vie. Voilà, il fait gris et il pleut, les lumières du quartier inondent mes nuits d’un Las Vegas de pacotille, les compteurs électriques rougissent de superflu, l’indigence est partout, l’individu se montrent, se dresse sur ses ergots électriques, le coq est notre fidèle emblème. Un signe ostentatoire adressé au voisinage et qui semble remplacer le « bonjour, comment allez-vous ? Joyeux Noël ! » d’ailleurs, si cela vous échappe, quelle incrédulité dans le regard de l’autre…. Où va donc ce monde ? Même le clergé se met à faire des campagnes de publicité pour inciter les gens à venir à la messe de minuit. Pourtant, à trop servir la même soupe, il n’est pas anormal de finir par dégouter les plus fidèles. Le temps est au spectacle, au renouveau, la peur de la routine conduit à fuir se qui nous semble routinier, encore une fois, on cherche autre chose parce qu’on ne sait plus voir ce que l’on a et qu’on ne prend plus la peine d’y cueillir l’essence du bonheur qui s’y cache pas tant que cela.

Pause, respiration et diète d’avant fêtes, la course aux cadeaux est quasi bouclée, mais que serait cette période sans cela ? Un lettre au Père Noël, un cahier neuf, un stylo bleu, bleu comme le ciel qui est toujours bleu, ce ne sont pas quelques nuages qui vont nous faire dire le contraire, bleu comme l’horizon, les pensées, bleu comme le blues n’est pas, bleu, c’est bleu et c’est la couleur première, ne dit-on pas bleu roi ?

Hiver

Hiver, premier jour. Même si le froid est déjà là, même si la neige vient troubler la quiétude de nos vies urbaines trop assistées, c’est aujourd’hui que l’hiver est. Une fin d’année en pente douce, la lassitude et les fatigues des contrecoups vécus, telle est le bilan d’un jour qui entame la décade du compte à rebours. Le poids des ans ? Peut-être, mais ça serait trop facile, et surtout, bien malhabile de croire que les choses sont plus lassantes parce qu’il y a du temps de passé, des anniversaires égrenés, des bougies ajoutées, des souffles devenus courts. Non, par-dessus tout il y a le manque de sport, la bascule entre une période très occupée de l’année de ce côté-là, des randonnées, du rollers, des footings, des courses, des marches, de l’activité, une année passionnante et vivante, riches en découvertes de lieux, de gens, de soi, une année de transition, et la pause venue, il est difficile de se sentir au repos contraint.

Un point sur la vie ? Ma vie ? Bigre, voilà qui pourrait paraitre saugrenue…. Que dire, une discussion, une rencontre, une alchimie, des connexions, des similitudes, des envies, similaires, identiques, et surtout, une personne vraie, sincère, avec des peurs et des envies, avec une soif de vie, avec la mer pour dernier terrain vague (zut ! ça c’est déjà pris !). humour et dérision, toujours et pour la première fois, partagé, jusque dans mes 28e degré. Distance géographique mais pour la première fois, je la trouve salutaire, car je n’ai pas envie de bousculer les choses, juste vivre, et vivre des moments à moi, comme à nous, vivre sans étouffer, vivre mes amitiés, mes relations et mon amour, vivre mon amour pour moi aussi, parce que de toutes mes cicatrices j’ai appris que la seule personne qui me soigne et sait s’occuper de moi, c’est moi. Etrange ? Pas tant que cela. Quand on tombe dans le grand bain de la vie, on coule et on s’accroche à sa bouée, on l’étrangle, on la serre, on la perce et elle coule et nous avec. Alors, on cherche une autre bouée, et on recommence jusqu’à comprendre deux choses : la première, c’est qu’à trop étreindre, on étouffe l’autre et les deux coulent, ce n’est pas la vie. La seconde, c’est qu’à force de couler, on boit la tasse, et on comprend qu’on ferait mieux d’apprendre à nager sans bouée. Voilà. J’ai appris, je nage seul, mais je ne rejette pas la bouée, simplement aujourd’hui, ou je nage avec, ou je nage seul, ou elle nage seule mais nous jouons ensemble, et même, je pourrais dire, nous jouissons ensemble sur les flots de la vie. Voilà ce que j’ai compris de ce monde, de notre monde. Bien sûr, il y a des bouées déjà crevées, ou encore des bouées qui s’accrochent à soi comme un noyé au gilet de sauvetage, bien sûr, parfois on coule d’être coulé par l’autre, rien n’est facile, rien n’est simple, tout est la vie. Complexe, mais sans complexité que serait la vie ? Peut-on vivre sans complexité ? C’est de complexes dont on doit se débarrasser pas de complexité. La difficulté est la sève de la persévérance et source de progrès. Bien sûr, on préfère nager dans une mer d’huile par grand beau que de nager en eaux troubles au milieu des requins, mais de quelle expérience se souvient-on le plus ? Comment apprend-t-on le mieux la leçon ? Vivre à deux n’existe pas, c’est vivre à trois qui existe, un être plus un être et un couple. La preuve par trois, qu’on soit hétéro ou non, la formule est la même, vivre sa relation n’est pas l’étouffer, ni en être étouffé. Tout parait si simple lorsqu’on trouve le sens de la vie, tout comme dans un labyrinthe, les premiers pas se heurtent au mur, le désarroi, la saturation des impasses et enfin, la libération et la joie de trouver la porte de sortie, et ce, quelques soient les beautés des impasses. Le vécu, c’est tout ce petit tas de choses qu’on accumule au fil du temps, il n’y a pas deux tas mais un seul. Les bonnes choses deviennent moins bonnes ou pires, les mauvaises deviennent meilleures lorsqu’on en a saisi le sens. Encore une leçon de la vie : il n’y a pas de noir et de blanc, de yin et de yang, il n’y a qu’un tout. La bonne chère devient mauvais cholestérol, l’échec devient une marche pour le meilleur, la rupture ouvre la porte à une nouvelle étape, la nuit fait naitre le jour, ainsi va le monde. Quelques jours, quelques heures et le monde bascule dans une nouvelle année. Je trie et classe celle-ci, elle fut riche en enseignement, j’ai beaucoup appris et j’ai la prétention (pour une fois) d’y avoir grandi. J’ai peut-être moins d’amis, ou plutôt, j’ai une meilleure vision de qui sont mes réels amis, je cerne mieux mon monde, j’ai compris et appris combien peu de choses ne méritent de l’importance, tout n’est que futile, et nous ne sommes que des nombres. La vague se jette sur le sable pour effacer les pas des promeneurs, ces pas-là, ce sont nos pas dans le monde, cette vague-là, c’est la vie. Tout n’est qu’instant et n’a de raison que dans l’instantané, on ne résout pas aujourd’hui les problèmes du passé, on en a une vision différente, plus éloignée, plus détachée. Hier appartient au passé. Aujourd’hui je vis et demain verra le jour. Sincèrement, que peut-on rêver de mieux ?

Amicalement

Retour à l’hôpital, parcours mécanique où les pas nous mènent quasi machinalement, dédale de trottoirs, traversées trop connues, ascenseur qu’on retrouve comme si c’était hier, bouton vers le 7e, non, pas le septième ciel, juste l’étage avant, celui de ceux qui espèrent, celui de ceux qui pleurent, celui de la foi en la plus grande des religion : la vie. Tenue adéquate et les pieds déguisés en bleu, voilà qu’on pénètre dans le couloir de la vie, c’est ce qu’on en espère pour ceux qui patientent dans leurs cellules, pièces vitrées, bocal de verre ou le patient patiente, s’impatiente, et mène le combat pour la vie. En cas d’urgence, briser la vitre peut-on lire parfois, là, bien au contraire, il y a urgence et la vitre est protectrice, certes, elle empêche de se parler comme il faut, sans ces téléphones filaires d’un autre âge, dans un couloir partagé entre visiteurs de ces quatre patients, où les conversations se mélangent, se frôlent, s’entrechoquent, ne peuvent se chuchoter sous peine de ne pas traverser la paroi, mais la vitre permet de voir, tout comme quand enfants on nous disait « tu touches avec les yeux et tu regardes avec les mains » Mais c’est vrai qu’on peut toucher avec les yeux, tout comme on peut être touché par le regard, et le plus dur est aussi cela, l’écart entre maladie et impression. Le regard pétille, le teint est bronzé, la mine bonne mais c’est à l’intérieur que la maladie ronge, tout en vous laissant bon teint. Alors, on rit parce qu’on a pleuré, alors on plaisante parce qu’on est en vie, alors on rêve de ces lendemains qui nous foutront enfin la paix. Alors on a bien envie de le déchirer ce calendrier, parce qu’une période de fête n’est pas festive lorsque la table n’est pas pleine, parce que penser aux réveillons, aux anniversaires, aux joies d’une année de merde qui s’éteint lorsqu’on tutoies les combats, les vies qui s’éteignent, la chaleur des personnels soignants, ça fait relativiser toute l’arrogance de ce monde d’enfants trop gâtés que nous sommes.

Pourquoi faut-il attendre de tutoyer le bout de la vie pour en mesurer le sens ? Les sourires ne sont pas feints, le ciel au-dessus du toit, les draps bien pâles et les liens bien serrés, juste l’envie de partager, le vol d’un oiseau, le décollage de deux mirages, vivre libre, même enfermé et isolé, c’est vivre ses émotions, comprendre que tout est superflu, que rien n’est essentiel, que les plus grandes prisons sont celles qu’on se bâtit nous-mêmes. On repousse le moment de voir les gens qu’on aime, on repousse le moment de leur parler, même au téléphone, on s’interdit d’appeler, de voir les amis d’hier parce qu’on a changé de vie, parce que le conjoint est là, parce que….. Parce qu’on est trop con, parce qu’on préfère pleurer devant une caisse de bois, une dalle de pierre, et se disant « si j’avais su » sans se rendre compte qu’on sait pertinemment les choses, que notre seules œillères sont posées sur nos yeux par notre volonté, ou plutôt, notre absence de volonté. OUI, ça coute de bouger, mais merde, que vaut-il mieux ? Un instant de vie ou un bouquet de chrysanthème à une date inscrite sur un calendrier, juste pour faire comme le troupeau, aller fleurir la tombe des êtres chers de quelques euros, engraisser les fleuristes, obéir au système et se rappeler les escapades, les plaisanteries, les discussions, les instants de vie….. Et oui, on pense à la vie lorsqu’elle risque de fuir le corps de nos amis, quand elle n’a pas déjà fuit. Je me fous du temps, je me fous des périodes, je me fous des soi-disant convenances, je vis et j’agis, chaque instant partagé est un instant vécu, une parcelle de vie, une leçon. Je sature de ces faussetés, faux discours, messages croisés, synonymes de manque d’envie. Trahi-t-on si on appelle quelqu’un d’une vie passée ? Non, on se trahi soi en n’appelant pas, on trahi la personne de ne pas l’appeler. Il n’y a pas de demi mesure en amitié, il y a un lien, visible et non invisible, mais ce mot-là se pare de trop de faux sentiments de nos jours.

Couloir ouvert sur le monde et le ballet des avions, la vitre est partout, le téléphone à l’oreille, on rit, on plaisante, on parle sérieusement, on n’ose pas faire des projets d’avenirs par cette connerie de superstition profondément distillée dans nos racines à couche de religions et d’éducations, mais ils pointent le bout de leur nez, parce que la vie reprend ses droits, toujours, parce que les parfums de garrigues titillent nos narines, parce qu’une journée de détente, de marche et surtout de convivialité autour d’un repas tiré du sac, autour des plaisanteries et de notre belle amitié, il n’y a rien de meilleur ni de plus vrai. Alors, oui, c’est une étape, un contre temps, alors oui, c’est dur à accepter, alors oui, on vient, et on est là tout comme on sera toujours présent, parce que c’est ainsi, parce qu’on en a partagé des joies et des peines, parce que la coupe de l’amitié n’est jamais pleine, parce qu’on sait, tout simplement, ce qu’amicalement veut dire et que surtout, on ne le galvaude pas. Amicalement, voilà, c’est dit, mais ça, a-ton besoin de le dire ?

Allez, le combat est en cours, le couloir de la vie ne peut-être sinistre, on vient, on rit, on se sent en vie, entre amis, on s’allie.

A toi…. Je ne dirai pas mon vieil ami, car l’amitié n’a pas d’âge, et on se fout de savoir depuis quand on est ami, moi, ce que je sais, c’est que c’est pour très longtemps, la balle est dans ton camp….

Bientot

Derniers longueurs d’une année quasi moribonde, et si les premiers blanchiments sont venus ponctués un calendrier encore automnal, voilà que le temps semble s’accélérer et le décompte final approcher. Sommes-nous à l’heure des bilans ? Peut-être, mais à vrai dire, il n’est pas besoin de date précise pour se poser et dresser le bilan, son bilan. Des choses passées naissent le miel et le fiel, des choses présentes, l’amer et le fier, des choses accomplies, d’autres non, des résolutions non résolues, des attentes sans attentes, des paris impossibles, des défis contre le plus grand adversaire qu’il nous soit donné de connaitre : nous-mêmes. Le voici donc venu ce temps des irrévérences, à quelques jours du changement d’année, c’est avec le sourire de l’ange que je revois défiler les étapes de l’année, comme le goulot étroit du sablier voit passer chacun des grains de sable qui s’en viennent décompter le temps. Comprenne qui pourra, l’heure est-elle au gout thé ou bien encore le thé divin ? Encore des étapes, encore des rencontres, encore des grains de sable ou de folie, le temps a passé et mes souvenirs de 2010 semblent usés et vieillots, d’ailleurs je peine à me remémorer certaines étapes du long chemin, tant cette année fut mienne, riche et constructive, lent éveil à la vie, de lectures en relaxation, de sophrologies en prise de conscience, la mue s’est opérée. Qu’importe janvier quand c’est décembre qui sonne, à quoi sert de mesurer hier lorsqu’aujourd’hui est offert ? J’ai longtemps cru comprendre ce qu’au fond je n’avais pas compris, j’ai longtemps su que je ne savais pas, j’ai longtemps cru en des idoles bizarres, mais la vie a tellement d’aspect qu’on lui doit le respect. Chaque brique, chaque pierre est un élément du mur, la forme bizarre d’un bloc devient la forme qui soutient la construction, les défaites d’hier deviennent les victoires d’aujourd’hui. Amère destinée qui distille ses leçons dans un rythme frénétique qu’on aimerait voir disparaitre ou du moins se poser. Et puis un jour, tout s’illumine, simplement parce qu’on ne regardait pas la vie en face, droit dans les yeux, simplement parce qu’on se prend à aimer jouir du spectacle offert, parce que tout devient riche, parce qu’on réalise qu’aimer la vie est un luxe qu’on s’est trop souvent refusé.

2010. Année en zéro, année de renaissance, de nouveau départ, année ou l’homme a su s’apprivoiser lui-même, se donner le temps d’apprendre, car on ne retient jamais tout, se donner le

temps d’observer, celui d’acquérir ce qui reste la base de la vie : la joie de vivre et de s’offrir le monde, parce que nous sommes avant tout mondiaux plus que terrien, parce qu’ailleurs est bien mieux qu’ici, toujours, c’est là l’esprit de l’homme, chercher ailleurs sans mesurer qu’on trouve près de soi les bonheurs les plus beaux. A l’heure du bilan, que peut-on retenir ? D’abord, et si le bilan reste affaire personnelle, je retiendrai les liens plus forts que jamais de l’amitié, ces joyaux véritables qui brillent sans source de lumière autre que celle du cœur, véritables phares qui dirigent nos routes lorsque nous sommes trop aveuglés par tant de raison qu’essayer de les écrire, de les décrire serait illusoire et sans fin. Elle a passé si vite cette année, elle fut si riche que j’ai l’impression de regarder dans mon rétroviseur plusieurs années, hier parait si loin, et aujourd’hui si riche qu’il a bien fallu du temps pour générer tout cela, non ? Saint Nicolas. Une partie de l’Europe, celle du Nord, fête ce jour comme un Noël, plus au Sud, il faudra patienter un mois encore pour que les rois mages apportent les cadeaux, voilà bien notre richesse, ces cultures différentes mais surtout pas incompatibles, cela serait passer à côté de la vie que se bâtir étanche à ce qui est différent. Il faut savoir préserver notre patrimoine culturel sans se fermer aux cultures voisines. On apprend à tout âge et cela est bon ! Ouvrons nos yeux aux merveilles des autres, lisons le ciel surtout si ce n’est pas le notre, ne cherchons pas à toujours comparer, soyons des éternels enfants, petits êtres qui savent s’émerveiller parce qu’ils n’ont pas encore appris à avoir peur de l’autre. Aux traumatismes d’une année encore bien difficile, aux tragiques rebondissements qu’elle sait nous distribuer, je n’ai que la foi dans la vie à opposer, le plaisir de vivre et de savourer chaque instant d’un monde sans calcul, sans chercher à peser le pour et le contre, sans trop hésiter, juste avec l’envie de déployer les ailes, non pas celles de l’ange mais celles du papillon, un sentiment de liberté, une soif de vie, une envie entière, celle de mesurer chaque jour, non par attente qu’il soit différent du jour précédent, non, juste mesurer combien il fait bon vivre sur la terre des hommes, tout simplement. On a beau être martien, on sait reconnaitre les bienfaits de chaque instant, voir combien le bonheur existe, comprendre la fragilité de l’équilibre, se donner de grandes bouffées d’air et relativiser les étapes, non par leurs contenus mais par ce qu’elles nous enseignent.

Que pourrais-je dire d’autre sinon qu’aimer est un bonheur, être aimé tout autant, et que tout cela est aussi riche amicalement que le partage et la construction d’un amour fort. Différent ne veut pas dire opposé, jamais, n’oublions pas cela. A très bientôt !

Premières neiges

Et voilà la neige, le froid et le pire de tous, le verglas, celui qui sonne le glas de l’automne, celui qui dévie les trajectoires nous aide à quitter la route. Comme un coup de poignard dans la douceur d’un automne moribond, d’un coup sans prévenir voilà que dame neige est venue repeindre de blanc des toitures et des paysages à peine argentés. Paysages bouleversés, reçus par les moyens modernes de communication, puisque les pas de randonneurs nous ont conduit vers d’autres cieux plus clément, des terres roussillonnaises ou le soleil à l’aise, tentait de briser la glace de ses dards peu brulant. Mission accomplie pour la dernière randonnée d’une saison on ne peut plus complète, du pur régal distillé à cent pour cent, allant de nos terres locales, aux confins du Gard, du niveau de la mer au-delà des 3000, de terroir tarnais en falaises de granit rose aux accents bretons. Bien des paysages, bien des décors, et si j’en trouve le temps, c’est en image que cela se contera, car images il y eut, et images il y aura, bien sûr. La saison se termine, place au désert puisque la reprise par d’autres ont décalé la reprise des activités raquettes en une mi janvier dont la lointaine apparition n’a d’écho que l’impatience d’en découdre au vu du manteau blanc encore vierge des traces des hommes. Répit et repos sont dans le même bateau, sans savoir qui doit se mettre à l’eau, il faut quand même du courage pour s’en aller tâter l’onde par ces premiers frimas.

Pauses et non poses, je n’aime pas la pose, artificielle attitude qui donne un rigidité aux émotions et donne à voir une fausse impression, respiration plutôt au cœur d’un calendrier pas mal chargé, instants de bonheurs différents à vivre toujours intensément, il faudra bien cueillir les derniers fruits, aller glaner le plaqueminier, broyer les dernières feuilles, arracher une végétation qui me semble désormais étouffer la maison, donner de l’air comme il convient de se donner de l’air, resserrer les mobiliers d’été dans des resserres à trouver, avancer le bois pour les futures flambées, dresser le plan des travaux divers et d’hiver à mener, s’occuper de vaincre cette inoccupation, victoire latente de l’attente non programmée. Travaux d’intérieur aussi, pour les jours de pluie et de gris, pour les jours de nuit, ces soirs sans espoirs où le temps se perds en siestes mal gérées à la chaleur de flambées flamboyantes, l’espace d’aller mieux gérer l’espace de la pièce dévolue au loisir de toujours, cette chambre obscure aux murs de bois, aux plafond et au sol de bois, espace qui ne laisser pas pourtant de bois mais que les traverses bien alignées vont bientôt traverser pour former les futures lignes où se dégourdiront les roues miniatures des machines patiemment stockées au fil des années dans la conquête de l’espace en plusieurs dimensions, les bruits comme les volutes de fumées se superposant au voies pas toujours rectilignes.

Derniers jours de novembre, le ciel bas et gris ne gâche rien, il encline à trouver l’excuse de fuir l’extérieur pour l’intérieur, sans que cela se traduise par l’inactivité, de toute façon, même si la panne d’énergie arrive, il suffira de combler le vide des lectures à effectuer par le plein des livres en attente de lecture, comme toujours dans la vie, le bon vieux principe des vases communicants fonctionne à merveille, sans compter sur les visites amicales, les discussions amenées pour être menées, comme serions-nous oisifs devant tant de choses à faire encore ? Et puis, il y a les pages à tourner. Celle de la rando se referme, le matériel est à regarder de près, nettoyage, rangement, des choses à jeter, d’autres à monter au grenier, d’autres à réparer maintenant que le temps de la pause est venue. Comment sera demain, puisqu’hier n’est plus ? Quelle importance ? vivre n’est pas survivre ni se placer en attente de vivre, vivre c’est respirer, profiter de la magie de ce qui vient, apprendre par le vécu des choses vécues comme des choses non vécues, on ne peut être sans avoir été, l’été est mort depuis longtemps déjà, son successeur défaille et achève par des sanglots de des pleurs froids son ère qui ne fut ni longue ni brève, juste un temps, le temps d’avoir le temps. Et si le temps m’en laisse le temps, je reprendrais la plume pour encore noircir de bonheur les pages encore blanches qui sont encore horizon.

De lettres en chiffres, les compteurs se sont-ils affolés ? plus de 40000 lectures de quelques 450 textes, la magie des chiffres ronds éclaire de ses zéros pointés la teneur de compteurs sans saveur, juste une trace du temps qui passe, de celui qui est passé, des étapes qui firent que le chemin fut, des traces de pas dans la neige d’une vie désormais fondue, et même si l’amer fut de mise parfois, il est désormais de bon ton de trouver le ton de la rigolade pour sonner les trompettes sans aucune renommée, juste l’éveil nécessaire et le temps qu’il a fallu pour terrasser les démons, prendre conscience qu’être vivant se mérite et se vit, classer des pages inamicales, voir briller des vraies amitiés, découvrir la richesse des autres, et se prendre à sourire de tout ce temps passé. Il n’y a pas de nostalgie, hier fut beau comme demain le sera, aujourd’hui me ravit, et je jouis de mon monde dans bien de ses trésors, peut-on croire qu’il faille attendre des lendemains qui chantent si déjà on ne vibre aux sons de leurs introductions ?

Prélude

Il n’est pas une journée sans que le soleil ne brille plus fort, parce que chaque pas appelle un autre pas, parce chaque chute appelle à se relever, parce tomber n’est jamais qu’une occasion de se relever, parce que la vie insuffle un peu plus la vie à chacun de nos faux pas. Les combats sont permanents et si nombreux qu’on pourrait les croire perpétuels, mais, cette vision serait rétrograde, empêchant par là-même de voir les victoires qui en sont issues, oubliant de nous abreuver d’espoir et de positif pour nous noyer dans le pessimisme qui sait si bien être de mise lorsque les épreuves succèdent aux épreuves. Il y a des hauts, il y a des bas, il y a des bas qui font débats, il est des hauts qui disparaissent dans les bas, il est aussi des bas et des talons hauts mais le débat n’est pas là. Pas pour l’heure, quoique. Quoique quoi ? De quoi rester coi devant pareil débat, si encore il y eu à débattre, en tout cas, il n’est l’heure de s’ébattre quel qu’en soit l’endroit….ou l’envers d’ailleurs ! Prendre la vie à l’envers, c’est la prendre à revers, et Anvers mérite qu’on s’y perde, à quoi bon perdre son temps dans des travers, tel un monte-en-l’air explorant les bas-fonds de la cité, qui sait si Brel eut chanté Anvers plutôt qu’Amsterdam, la vie eut été différente, la sienne, celle des anversois ou bien celles des amstellodamois ? D’ailleurs, cela me rappelle les blagues d’enfance : Savez-vous comment on appelle une femelle hamster ? et bien, une hamster-dame bien sûr ! Les méandres des synapses restent inconnues et surprenantes, le ciel bas d’ici entraine la plume vers le soleil et la mer du Nord répond comme un paradoxe, les grands ports du Benelux ou bien la culture, vous savez-bien, ce qui reste quand on a tout oublier, les films de De-Funès ou les textes du grand Brel, extrêmes qu’on pourrait opposer mais qu’on gagne à réunir pour mieux s’enrichir des choses à la fois simples, belles et poétiques, ne pas se cantonner à un style mais apprendre de tous, tel a toujours été mon credo, on gagne par la multiplicité. Eclectisme de base, pourquoi ne se cantonner qu’à un seul sujet lorsqu’on n’a qu’une vie ?

Il pleut, le ciel est bas, il fait froid et la neige n’est pas loin. Chouette, enfin de la nouveauté, que serait la vie sans ces pauses hors du beau temps, sans ces frimas de l’automne qui joue à l’hiver, sans ces longs manteaux qui cachent ces jolis corps qu’on aimait à voir en été, mais qu’on aime se voir dévoilés même voilés d’étoffes plus épaisses ? Il y a dans chaque instant une composante belle et source de bonheur. Est-ce parce que nos yeux, notre mental furent dressés à ne pas la voir, à s’auto flageller des choses mauvaises comme une punition reçue, que nous mettons toujours la priorité au négatif ? Dans le temps pas si ancien d’avant la photo numérique, c’est à partir d’un négatif qu’on faisait naitre les plus belles photographies. Alors, pourquoi oublier, pourquoi refuser, pourquoi rester enfermer dans des règles apprises et subies que nous subissons chaque jour, au lieu de chercher à briser l’armure qui trop serrée empêche le cœur de battre et de s’émouvoir ? Préfère-t-on passer à côté de notre vie plutôt que de la vivre ? Pourquoi croire qu’il faille des substances illicites ou alcoolisées pour se laisser aller à voir le bon côté des choses ? Quel garde fou nous bloque du mauvais côté de la barrière ? Nous sommes tous aptes aux rires comme aux pleurs, à la tendresse comme à la paresse, soyons aptes jusqu’au bout, soyons aptes et debout, soyons prêt à assumer nos vies plutôt que de les subir. Ne cherchons pas l’excuse de contraintes qui ne sont que limites de notre fonctionnement, de notre volonté, on peut très bien vivre plus ouverts aux joies sans en appauvrir les autres. Ce qui appauvrit le plus c’est de ne pas donner. Du temps, un sourire, de la joie, un mot, un regard, une présence vrais parce que présence et active. Personne ne peut regretter d’avoir tenté, chaque essai est un pas vers la victoire, une leçon de vie nouvelle, un enrichissement personnel. Il est certes facile de s’asseoir et d’attendre, mais à regarder passer les trains, comment savoir quel est le bon si on ne monte pas dedans ?

Les dernières étapes ne furent pas toujours évidentes, et on nécessité pas mal de remise en question, mais je jouis aujourd’hui d’un bien être qui fait que je me demande comment j’ai pu vivre dans mes carcans d’hier. Je ne suis pas une exception, ni un modèle, ni rien d’autre que moi, je suis moi et j’apprends chaque jour davantage à grandir et à profiter de mon monde, de ma vie dans des limites que je n’avais jamais soupçonné. Je ne sais comment expliquer qu’un jour, un matin, un déclic se fit, mais ce que je sais, c’est que de ce déclic sont nées les plus belles images, les plus belles couleurs, les plus grandes joies, que de ce monde fait de consommable nous ne sommes qu’une infime particule appelée à disparaitre, mais qu’avant de disparaitre, je veux avoir vécu. On croit souvent qu’on a peur de la mort, mais en fait, l’humain à peur de vivre. Surtout et avant tout. Vaincre c’est peur, c’est s’exposer à vivre mieux, vivre pleinement, et se découvrir heureux. Quel risque immense, non ?

Et si tout cela n'était que le prélude à la vie?

Combats

Voilà que l’ombre des nuages vient encore planer sur les jours bleus. Terrible annonce, résultats d’un contrôle devenu pourtant de routine, la maladie est revenue. Malgré la greffe, malgré les étapes franchies une à une, malgré l’état de forme apparent, elle est là, tapie, sournoise, dévorant de son mieux ce corps remis à neuf par succession de soins, un long parcours, démarré un 17 février 2009, chimio, rayons, soins, repos, greffe un 27 aout 2009, puis la lente remontée, les instants partagés, les premières marches, petites randonnées dans ces coins tant aimés, ces instants d’amitiés où l’amitié est bien plus qu’amicale, et le retour dans le monde professionnel, il y a si peu, en septembre. Mais voilà, il suffit d’n ne sait quoi et tout replonge, et tout recommence, comme dans un mauvais rêve, la chimio, l’hôpital, nouvelle greffe, nouvelles étapes, nouveaux combats. Mais nous vaincrons, quoi qu’il en soit.

Pas un jour sans que le crabe ne ronge un pan de nos amitiés, nos collègues, nos familles. Quel terrible fléau ou plutôt, quels terribles fléaux. Ras le bol d’entendre un nouveau combat à mener, ras le bol de ces sournoises attaques parmi mes proches, et les proches de mes proches. Ras le bol de voir que des petits bouts ne sont pas non plus épargnés, ras le bol de notre impuissance devant tout cela. Mais à travers ces lignes amères mais non résignées, je tiens à adresser le plus grand merci, la plus grande sympathie à toutes ces blouses blanches ou vertes, à ce corps dit médical qui s’occupent de ces corps mal en point, de ces âmes en peine qui cherchent le souffle de leur victoire dans les sourires de ce personnel dévoué. On apprend aussi par cela, on relativise, pour peu qu’on veut bien oublier l’armure qui serre notre cœur, pour peu que la cuirasse tombe, et qu’on veuille bien comprendre que notre nombril n’est rien si le cœur derrière ne bat plus.

Soyons humain bordel !

Qu’attend-t-on ?

Des larmes de tristesses ? Des regrets ? De s’en vouloir parce qu’hier nous n’avions pas le temps ?

Putain, c’est quoi ce monde ? On préfère pleurer que de rire ? On préfère différer plutôt qu’agir ? C’est donc ça la vie ?

Qui dirige notre vie sinon nous-mêmes ?

Qui peut préférer espérer plutôt que vivre ?

Je n’ai pas la force d’écrire plus, je ne suis qu’un être inhumain qui a différé bien des choses dans sa vie, mais ce que je sais, c’est que je sature de ces ignominies, et que je souhaite à chacun de réussir son combat, de nous retrouver bien vite pour passer de vrais moments de vraie vie.

Profitez donc de votre bonne santé et ouvrez vos yeux au monde, sans attendre.

D.

Encore combien de temps

Encore combien de temps faudra-t-il avant que les hommes prennent conscience de leur bonheur ? Encore combien de temps faudra-t-il avant que les hommes prennent conscience que leur bonheur passe par eux-mêmes, et non comme étant un dû de la part des autres ?

Encore combien de combat faudra-t-il pour éveiller les sens ? Pourquoi est-on solidaire un jour, opposé le lendemain ? Pourquoi est-on ami un jour, amant un soir, ennemi après ? Quelle est l’utilité de la haine sinon une ancre dans le passé ? Nous n’avons qu’une vie, détachons les liens d’hier car ils nous empêchent d’avancer, ils sont autant de lests qui empêchent de décoller vers l’avenir, notre avenir. On ne rejoue jamais la vie, on ne recolle jamais la vie. La vie, c’est comme ses méduses qui s’échouent on ne sait pourquoi sur les plages de ce bel océan, quelque chose de tendre, mou, gélatineux qui vous prend dans ses tentacules, vous pique jusqu’au sang puis une fois que c’est fini, se désagrège sur le sable ocre par une belle journée d’été automnal. A chaque fois on se relève différent, on se gratte, on pleure les morsures passées, on jure de ne plus s’y faire prendre et on plonge à nouveau dans les eaux troubles de nos vies sans vouloir y voir clair, juste l’envie de s’enivrer encore et encore. Dans toute cette faune il y a les proies et les prédateurs, parfois deux prédateurs s’unissent, se dévorent et combattent jusqu’à épuisement de l’un d’eux ? Parfois ce sont deux proies qui tentent de panser leurs plaies, croyant que l’union fait la force mais la force contre quoi ? Alors, il y a la proie et le prédateur, la prédation et la pitance, l’union improbable de l’Elfe et de l’ogre, la dialectique des combats, la passions des compromis, l’acte de bravoure, honnis soit qui mal y pense !

Un jour, un sourire, un matin, un délire, un soir, une émotion, chaque minute de nos vies est ponctuée d’émotion. Serions-nous nous-mêmes si nous n’étions pas émotion ? Peut-on vivre insensible ? doit-on mourir sans avoir connu l’émotion intense ? Que sera demain et quand sera demain ? Hier fut si doux qu’aujourd’hui est une feu qui renait des braises, mais cette flambée de joie peut-elle être annonciatrice de grands feux de joies à coup sûr ? Pas si sûr ! D’ailleurs, serions plus heureux de connaitre l’avenir par avance ? On connait tous notre avenir, mais après coup, et c’est mieux ainsi. Cesserait-on d’aimer parce que les annonces de lendemains différents sont là ? Pourquoi ne pas s’asseoir au chaud chez soi en attendant des jours meilleurs annoncés ? Depuis combien de temps le monde tourne-t-il ainsi ? Que serons-nous demain si nous ne sommes pas déjà nous aujourd’hui ? Cessons de geindre, de rêver, le monde des contes de fées est naïf mais non réaliste, ouvrons les yeux, le monde des adultes demande d’être adulte, la tête sur les épaules, les pieds sur terre, on avance que si on veut avancer, la clé n’est utile que si l’envie d’ouvrir la porte est là. De tous les animaux l’homme est celui qui a le moins évolué, trop sûr de lui, il a même régressé. La faute à qui ? Mais à nous même, grands dieux ! Alors, regardons-nous bien en face et cessons de voir l’idéal pour se nourrir de réalité, sachons apprécier les défauts des autres et surtout, reconnaitre les nôtres, ce sont les échecs répétés qui font progresser, pas la chance, ni la naïveté de croire en soi sans se soucier d’être en paix avec soi-même.

Les dernières journées furent belles, chaudes et rassurantes, mais le nombre de feuilles a terre ne peut annoncer que l’automne, il est bien trop inhabituel. La tempête a soufflée mais avant elle la sécheresse a fragilisé les systèmes biologiques, et nous ne voyons, come d’habitude, que les conséquences sans comprendre les maux les ayant générés. En bonne médecine occidentale, on va donc soigner les conséquences et sortir les balais à feuilles. Les orientaux préféreront traiter la cause première du mal, qui, même si elle ne ramassera pas les feuilles déjà à terre, permettra à l’arbre de parsemer nos plates bandes de ses ornements colorées pendant encore de longues années. Qui a le plus raison ? Celui qui ramasse les feuilles un jour et tronçonnera demain ? Ou celui qui ramassera les feuilles après avoir pu jouir du repos ombragé durant de longues années ? Le proverbe chinois dit : « quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». Soyons fous, perdons notre temps à regarder la lune et soigner les causes premières du mal présent, le temps passé à cela n’est pas perdu mais au contraire, il sera fructifié en des années de bonheurs. Mieux vaut-il un bonheur fugace aujourd’hui ? A chacun ses envies, celui qui pense, panse des plaies plus profondes que celui qui agit vite. Notre monde se meurt de superficiel, il faut apprendre à donner du temps au temps, nous le cueillerons au centuple, dès nos lendemains.

Vivants

Et l’homme apprend chaque jour qu’il veut apprendre, et la vie lui donne en chaque instant l’occasion de se prouver d’être vivant, de se prouver qu’être vivant n’est pas une souffrance mais source de joie, à condition de le vouloir et de bien vouloir poser son regard par delà l’horizon. Ne jamais perdre de vue que tout n’est que temporaire sur cette planète, le bon comme le moins bon, le dur comme le moins dur, rien n’est jamais acquis, rien n’est jamais perdu, il faut garder sa raison et savoir entretenir le bon, ne pas sombrer dans le moins bon, comprendre que chaque épreuve, chaque échec est une marche qui nous élève vers une vie meilleure. On peut être roi un jour, puis tout perdre le lendemain. On peut se retrouver tout en bas, et donner l’impulsion nécessaire à sa vie pour retrouver la surface, l’air pur, l’oxygène qui manque tant dans ces bas-fonds. On se souvient bien plus des mauvaises passes que des bonnes, on cultive ainsi le goût de l’échec, et à force de regarder le fossé on y plonge tout droit. Tout comme dans n’importe quel sport de glisse, ou conduite sur route verglacée, c’est notre regard qui nous dirige et nous donne la trajectoire. Regardons vers le haut, vers le meilleur et le meilleur viendra, ne pas se laisser aller à la facilité du désespoir, mais choisir d’être moteur de sa vie. A titre personnel, je pourrais en dire des trahisons, des coup de poignards, sentimentaux, amicaux, professionnels, mais chacun de ceux-ci ne m’ont donné que l’occasion de rebondir et de grandir. Tout comme la devise de certains cadrans solaires, je pourrai dire : « toutes blessent, mai seule la dernière tue ».

Bien sur, les blessures font mal et font souffrir, mais si l’on veut bien apprendre à les analyser, si l’on veut bien chercher à comprendre, on y trouve la force de digérer, d’avancer et de construire sa propre vie. Comment peut-on comprendre qu’on ne peut pas gagner au loto deux fois de suite et en même temps, croire qu’un échec subit sera suivi d’un nouvel échec ? Il n’y a pas de loi des séries, il n’y a que rapprochement de l’esprit entre événements auxquels on trouve une similitude. C’est notre déformation humaine ou animale, qui veut tout classer, grouper, étiqueter, cette volonté d’ordre qui donne les œillères et nous empêche de voir le monde tel qu’il est, parce qu’on préfère imaginer les choses plutôt que de les vivre. A trop vouloir plaire, on fuit sa réalité, on s’enferme tout seul dans des rôles, dans une vie qui n’est pas notre, dans un tour d’ivoire qui devient prison, et l’on meurt en désespérant que les choses auxquelles on a fermé la porte arrivent enfin jusqu’à nous. On ne peut pas gagner au loto sans jouer, on ne peut pas vivre sa vie sans être soi. On ne va pas vers l’autres parce qu’on ne se sent pas assez bien pour lui, on bafoue l’amitié, l’amour, l’humain, chaque fois, on rajoute une brique à son mur d’isolement. Que serait le monde sans le verbe ? Que serait l’échange sans l’opposition ? Que serait le toi sans le moi ? Que serait la vie sans la vie ? bien sur, c’est facile à écrire, bien sur c’est facile à lire, et bien sur ça parait si compliqué à mettre en œuvre, mais bon sang, qu’avez-vous donc à perdre ? Votre crédibilité ? Faire croire donne des ailes mais fait tomber de plus haut ! Cessons les « si j’avais su », construisons nos vies au lieu de les rêver, soyons moteur et acteur de nous-mêmes, ne laissons pas un soi-disant hasard bien faire les choses. J’en ai assez de ce monde de faux, faux-semblants, faux-frères, fausses amitiés, faux amours, autant de faux qui fauchent nos vies au lieu de les faire grandir. Qu’importe hier ,c’est d’aujourd’hui qu’il s’agit, de demain qu’il faudra apprendre à vivre et à aimer, mais au final, c’est si bon, si rassurant et si facile….

Les contes de fées ne prennent leur sens qu’à la fin de l’histoire, on peut effectivement choisir de vivre sa vie, de la rêver ou bien encore de se résigner. Entre le blanc neutre, le noir dérangeant, et les couleurs de l’arc en ciel, je préfère de loin vivre dans un monde coloré, retrouver ma poignée d’amis tellement vrais plutôt que la multitude de sourires tant carnassiers. Rien n’est facile, mais entre deux difficultés, je choisi celle où je suis moi. Exit les paillettes, le clinquant de pacotille, la vie n’a pas besoin de fard pour être belle, un sourire suffit à éclairer la journée, un échange, un partage, un verre offert, un texte écouté, une musique qui habille les mots sans les travestir. Le chemin vers soi et peut-être le plus long, mais il ouvre la voie à tellement d’autres, tous plus forts les uns que les autres, tous propices à mettre en lumière sa vie, il ne faut pas avoir peur de prendre un coup de soleil si l’on veut vivre, il faut au contraire s’inquiéter de l’ombre et pire que tout, des fausses lueurs, des faux phares qui ne sont qu’amer à la dérive, écueils prêt à déchirer les coques de navigateurs trop confiant et bien peu réaliste, mais une nouvelle fois, c’est dans l’échec qu’on apprend, plus durablement que dans le succès trop facile. Non, nous ne sommes pas à part, nous avons juste perdu le sens des choses, de certaines valeurs, de notre propre confiance. Tôt ou tard, la surprise est de taille, ne cessons pas de croire en demain, cela serait une condamnation par contumace, un croix sur une vie, une dérive vers notre abime, un refus de vivre.

Levons-nous et vivons, c’est bon d’être vivant, ne l’oublions jamais, ce n’est hélas pas une bonheur illimité.

Cris écrits

Cris et cris, écrits et cris, ainsi va la vie. Tout d’abord, pour revenir et clore définitivement une parenthèse, ce n’est pas parce que j’ai changé de vie que je tourne la page, mais bel et bien parce que je tourne la page que je change de vie. Chaque chapitre, chaque page a sa saveur, l’odeur d’amendes amères ramène à quelques poignées de souvenirs qui s’en iront à la brocante des inutiles. Le sens unique, le manque de respect, l’outrecuidance du jeu des pseudos sentiments auront sonné le glas d’amitiés peu franches. Ainsi meurt la vie, le roi est mort, vive le roi ! Un cri comme un autre, serons-nous royaliste aux prochaines élections, je n’en sais rien et n’en ai cure, ce n’est pas à courte portée qu’il faut posé le regard, mais regarder au contraire bien loin la ligne d’horizon, et si la rue crie, et si la clameur monte, ce n’est pas l’opposition qui ferait différemment, nous sommes à la fin d’un système que nos yeux de râleurs et de grévistes invétérés refusent de voir, et surtout, nous empêchent d’avancer, de faire contre proposition, d’opposer l’idée plutôt que la force, la démagogie plutôt que le blocage. Combien d’entre nous comptent leur budget, sou après sou, prennent des mesures radicales, échelonnent les paiements, étalent les dettes pour boucler le mois ? que serait-il si au lieu de cela, de prendre des mesures budgétaires concrètes, réalistes, en adéquation avec les moyens et les dépenses, ils se mettaient à bloquer leur système, à manifester, à casser, à se répandre ? Les comptes seraient-ils plus justes ? Les poches rempliraient-elles mieux ? Non, j’en suis sur.

Soyons clair : Je ne défends pas les choix actuels, et je ne fais partie d’aucun parti. J’essaie de comprendre la souffrance des gens, pourquoi ces choix plutôt que d’autres, et j’avoue surtout en avoir marre de donner pareille image à nos voisins étrangers, d’un pays de grévistes, de défilés permanent, de blocages ou plutôt de prises en otage. Ce matin, l’accès à l’aéroport était bloqué. C’est marrant n’est-ce pas ? Et la pauvre famille qui prend un avion pour le deuil d’un proche ? Et la personne qui ne peut atteindre son lieu de rendez-vous et rate ainsi une consultation médicale ? Est-ce que vous croyez que ça gêne le gouvernement ? ça les empêche d’aller vaquer à leurs occupations, fussent-elles laborieuses, sportives ou autres ? Mais il y en a ras le bol de faire chier son monde parce que ceci ou cela ! Et les étudiants, les lycéens, les collégiens qui suivent, moutons innocent aptes à sécher les cours plutôt que de plancher sur un système qu’il est temps de reprendre et de disséquer pour en huiler les rouages et permettre à la machine de mieux tourner ? Sécher les cours avant les vacances, brûler des poubelles, blesser grièvement une des leurs, détruire un collège, mais où va ce pays ? Il y a quelques années, le Canada traversait pareille crise, mais où en est-il aujourd’hui ? Après des mesures radicales, une volonté d’avancer, une acceptation de serrer la ceinture, le pays a retrouvé une dynamique des plus intéressantes. Bien sûr il y a eu de la casse, bien sûr il y a eu des leurs, des grincements de dents, mais encore une fois, comment faisons-nous lorsque le mois est trop juste ? On serre la ceinture, on diffère les achats, les dépenses, on entame les réserves, si ce n’est les conserves sur l’étagère ou le congélateur, ce sont les réserves de graisses, ne souriez même pas, cela arrive à plus qu’on ne croit, il n’est pas que des nantis sur cette terre, bordel, ouvrez les yeux ! Qu’avons-nous fait ? Nous sommes passés de 39H à 35H de boulot hebdomadaire, parfois 32H, sans perte de salaire, et….sans manifestation, non ? Dans un sens ça passe mieux que dans l’autre, il suffit de savoir caresser dans le sens du poil, c’est cela, non ? Aujourd’hui, on rallonge, non pas le temps hebdomadaire, mais le temps d’une vie au travail, de quelques années alors que notre alimentation, la réduction de la pénibilité au travail, les progrès de la médecine ont fait que notre durée de vie a bien plus augmenté, parce que notre système ne marche plus, où plutôt, ne marchera plus. Les chiffres actuels sont bons, mais demain ils seront caducs, la faute à un actif pour 1,1 retraité, pyramide des âges, prolongement de la vie, augmentation de la production. Gouverner, c’est prévoir, diviser pour régner, voilà les maitres mots d’un ballet politique où ce ne sont pas les noms ni les individus qui priment mais la mécanique bien rodée qui fonctionnait déjà du temps d’avant la république, la lecture de la biographie de Louis XVI le démontre, le bon roi fut guillotiné pour rien, nos monarques sont interchangeables tous les cinq ans, mais la misère progresse quand même et la richesse double à chaque fois. Quand aura-t-on conscience de notre rôle, de notre devoir de proposer plutôt que rejeter, de discuter plutôt que de se taire, de faire front avec courage plutôt que de faire front dans l’anonymat de la foule, pour casser, détruire, enliser, bloquer et se tirer une balle dans le pied déjà bien meurtri ?

Je suffoque de voir ce pays disparaitre, de ne pas comprendre comment personne ne voit les manœuvres électorales, l’étau se refermer sur nous, de perdre toute considération de nos voisins, et si cet été un troupeau de 23 chèvres a pourri le maillot frappé du coq étoilé des gloires de 1998, aujourd’hui des troupeaux de moutons vont piétiner leurs propres prairies, défigurent nos valeurs, nos fondements, et si les cris des manifestations n’ont lieu au final que d’asseoir une quelconque représentation syndicale mise à mal par les lois de 2008, ce n’est pas aujourd’hui qu’il fallait conspuer, mais se battre en ce temps-là. Un cri pas écrit, dans un pays qui se meurt, étouffé de trop de bonnes chères, mis à mal par des régimes auquel la plupart ne comprenne ni tenant ni aboutissant, juste qu’il faut aller brailler parce qu’un roi, parce qu’un président….. La république, la res publica de son étymologie, la chose publique de sa traduction….. Au fait, peut-on bloquer les autres et aller faire tranquillement son plein ou bien dois-je changer ma pancarte ? Non ça va, je suffoque, je crie, mais je vais bien…. Il parait qu’il y a pire ailleurs ? On doit donc se réjouir du malheur des autres, oublier que regarder vers le haut c’est vouloir évoluer, chacun son combat, chacun ses drames, chacun ses larmes, chacun ses armes, la mienne est au poignet.

Dernier volet du triptyque

Dernier volet du triptyque, le temps des conclusions. Le chemin fut long, et peuplé d’embouteillages, de belles et bonnes choses, de moins bonnes, de non-dits aussi, vous savez, ces silences qui tuent bien plus que les mots. Un mot, c’est con, c’est banal, on y colle un sens et l’autre en perçoit un autre, simplement par ce même mot peut évoquer telle ou telle chose, selon le parcours qui nous a initié au vocabulaire concerné, selon le temps, selon l’humeur, selon le ton, la tonalité, l’intonation, la rapidité d’exécution, selon le contexte, bref, c’est selon…. Mais dans un dialogue, si un mot trouble vient troubler le sens, alors on peut rebondir dessus, arrêter l’autre, demander explication et faire en sorte que les ambigüités se lèvent. On peut aussi laisser filer le mot parce qu’on a compris le sens, celui qu’on a bien voulu comprendre, et s’enfermer dans un mutisme qui n’a de bon que de gagner au « celui qui parle le premier a perdu ». Oh, vous pouvez sourire, et c’est tant mieux, le bon mot est là pour cela, mais revenons au contexte, un silence, à la place d’une demande d’éclaircissement, c’est une rupture du dialogue, un fin de non recevoir, une déconnexion, et un abandon, mais un abandon non-dit, on saute du train en marche, ou se fout de l’autre, et on fuit. Combien de fois cela est-il vécu ? A contrario, combien un dialogue se trouve enrichit, éclaircit par le fait qu’une incompréhension est tracée, un éclaircissement demandé, et de ce fait, l’orateur peut ainsi moduler son vocabulaire pour rester dans une zone de compréhension mutuelle ? On peut s’amuser des mots, jouer des sons, mais jamais des gens, jamais laisser des fausses compréhensions mettre en danger ce qui est, ces liens simples, amitiés ou amour, qui paraissent si banals et si dérisoires en vertu des grands catalogues accessibles sur le net où on croit qu’il suffit de cliquer pour passer à autre chose, à quelqu’un d’autre. L’être humain n’est pas objet, le considérer comme tel c’est se considérer bien mal aussi. Ma passion des mots m’a appris bien des choses, j’ai fait bien des découvertes, mais les plus belles sont dus aux incompréhensions générés et dénoncées, car elles m’ont appris que si les mots ont un pouvoir, ils ont des sens cachés, des sens interdits, des sens connus et des sens inconnus. Apprendre l’autre, c’est apprendre à parler tout comme apprendre le parlé de l’autre.

Tout au long de mes pauses manuscrites, j’ai peu parlé de moi, non pour cacher, il n’y a rien à cacher, par pudeur plutôt, par saturation aussi de se raconter, parce que bien des choses n’étaient pas digérées, prêtes à être expulsées, parce que pour se raconter il faut une ambiance, une confiance dans l’autre et une confiance en soi. Certains se raconte facilement, d’autres ont besoin de temps, moi, j’ai besoin d’écoute, de confiance et de temps, parce que marre des courtes relations, parce qu’assez des fausses amitiés. On a pu me le reprocher, soit, je l’admets et le reçois comme tel. Mais il est plus facile de reprocher que de chercher à comprendre, à rassurer, à apprivoiser. Il est loin ce temps où le temps sentait bon, où on savait prendre le temps, apprendre à se connaitre, bâtir un ilot de confiance ou chacun venait déposer ses confidences. Le monde moderne est en mode rapide, on vit vite, on choisit vite, on mange vite, on consomme vite, et on jette vite. Comme j’ai pu l’écrire souvent, j’ai toujours foi en la vie et en demain, j’ai toujours eu confiance en la vie, sauf une fois, ma foi s’est éteinte, et l’envie de quitter ma vie est venue. Début d’une nouvelle ère, début de mise en texte, début au lieu de fin, l’image est jolie, la vie reprend toujours le dessus. Je vis, et j’avance, j’arrive au point de non retour, celui du décollage, celui où l’on quitte la piste, on perd toute notion avec le sol, on change d’adresse pour un ailleurs en tout plein de dimensions. Alors voilà, bientôt se termine l’histoire, bientôt l’ailleurs, le changement d’adresse, clôture et soldes de tout compte, je plongerai dans votre oubli, tout en naviguant vers d’autres cieux. L’envie est profonde. Il y a eu pas mal d’attaque ces derniers jours, pas mal de choses dures. Un boulot qui disparait, dans une non reconnaissance totale, une mise à l’écart par simple non acceptance des repreneurs, me voilà paria au bureau. Bon, ce n’est qu’une case dans le méandre des organigrammes, mon nom disparait d’un côté, il sera ailleurs bientôt, le 1er novembre. Tiens, mais c’est férié au fait ? Me serais-je fait arnaquer ? lol, non, c’est ainsi que marche la mécanique bien huilée de nos sociétés. Un coup de torchon sur une très belle histoire, sans explications, des amitiés qui s’étiolent et oublient qu’elles supportaient mal elles-mêmes l’oubli, un besoin d’air nouveau, frais, pur, sur un horizon neuf, dans un monde nouveau. Je sais qu’on ne construit pas sur du sable, je pars chercher la roche, dure, solide, celle sur laquelle je bâtirai ma vie. Il n’y a rien a regretter, juste remercier tout ce joli monde qui fut acteur tour à tour des presque 45 ans d’une vie de cabosses et de rires. Remercier, parce que par chacun j’ai appris, parce que par chacun j’ai compris, parce que tout fut beau, si ce n’est sur l’instant, ce fut dans les leçons tirées. J’ai appris sur l’humain bien plus qu’en des années de psychologies, des exemples concrets, du vécu. L’humain est un diamant aux multiples facettes, toutes ne sont pas lisses, et les plus brillantes ne sont pas toujours celles que l’on croit.

Voilà, trois textes, non pas un testament, je n’ai rien à léguer, le bruit du vent et des vagues ne m’appartient pas, et tout comme les mots, chaque oreille sait ou non percevoir ce que le vent raconte, ce que la vague crie, nous possédons tous des sens, nous les développons chacun différemment, c’est aussi cela la richesse de l’humain. Je me suis souvent senti martien, mais au fond, c’est parce que sur cette terre je n’ai pas trouvé beaucoup d’humains véritables, du moins, pas dans la dimension que j’attendais. Le temps approche de tirer ma révérence, de vous saluer bien bas, vous souhaiter bonne route et tout plein de bonheur. Ici s’achève le parcours, mon parcours. Lisez, oubliez, vivez, et surtout, prenez soins de vous. Je vous embrasse. D.

Au fil des tours et des détours

Au fil des tours et des détours, l’ombre s’est faite lumière, le soleil perce à travers la brume et les paysages blancs et fades reprennent vie dans les couleurs d’un jour naissant. Combien de temps ai-je marché ? Depuis combien de temps suis-je sur la route ? Il y a si longtemps que je suis parti, il y a tellement de temps égrené depuis le premier grain de sable du grand sablier, que je ne me souviens de rien. Ou presque. Les premiers jours, on cherche son rythme, par peur de ne pas y arriver, on accélère le pas, on double les marches, on lance toute ses forces dans une bataille qui au fond est perdue d’avance, mais la victoire n’est pas celle qu’on croit, non, les plus batailles qu’on remportent sont celles qu’on mène contre soi. Que de chemin parcouru depuis tout ce temps, mais encore faut-il le voir ce chemin, et pas qu’au travers des fatigues corporelles, encore faut-il savoir regarder de temps en temps, dans notre petit rétroviseur pour mesurer le chemin accompli, une pause de quelques instants, pour réaliser l’avancée, pour intégrer la connaissance, pour se rendre compte de combien on a grandi. La route peut paraitre longue, ou courte, c’est selon, elle peut paraitre claire ou obscure, cela n’a rien à voir avec les peintres néerlandais, elle peut avoir été droite ou pleine de méandres, elle peut ne pas avoir marqué notre esprit ou au contraire, nous avoir façonné par les coups reçus, comme le métal rougit par les flammes sur l’enclume qui sait rester de marbre, c’est ce parcours atypique, propre à chacun, qui nous mène au bout et au but de notre vie. Bien sûr, il arrive souvent que nous ne savons pas où aller, que nous ne savons pas où nous allons, nous tâtonnons, nous marchons, nous avançons, même si parfois nous avons l’impression de le faire à reculons. Mais tout cela, c’est la vie. Dans ses modèles d’espoirs et de désespoirs, dans ses rires et dans ses larmes, dans ses joies et dans ses drames, dans ses tourments et dans ses victoires, nous vivons, nous aimons, nous pleurons, nous rions, et le temps ne passe pas, il avance en parallèle de nous. Le parcours est initiatique, plein d’enseignements, le piège étant qu’à trop apprendre sur les autres, parfois même sur des généalogies de rois aux noms en forme de numéro, nous oublions d’apprendre à nous connaitre, à nous apprivoiser en quelque sorte, à savoir qui nous sommes, ce que nous voulons, ce que nous sommes vraiment.

A marcher sans se connaitre, l’effort n’est pas maitrisé, on se retrouve dans le rouge à cracher nos poumons, à sentir durcir nos muscles, à croire que le cœur va exploser, à se mordre les lèvres d’avoir présumé de ses forces. Pourtant, tutoyer les limites aide à les repousser. Pourtant, c’est en tombant qu’on apprend à ne plus tomber, c’est ne corrigeant ses erreurs qu’on acquiert l’expérience et qu’on trouve enfin sa voie. Il n’y a pas de course sur le chemin de la vie, pas de records à battre, certains ont des parcours plus rapides que d’autres, en sont-ils plus heureux ? La sagesse populaire dit que c’est à la fin du marché qu’on compte les œufs, comment dès lors pouvoir se comparer à d’autres sans être arrivé au terme d’une vie ? Ce qui est blanc un jour ne l’est plus le lendemain, ou plutôt, peut ne plus l’être, car il est tout de même des cas où la stabilité existe, heureusement. La marche est à son pas, le regard voit loin, la respiration est maitrisée, et le chemin se fait, jusqu’à ces rayons de lumières, jusqu’à ce que les brumes retrouvent le passé pour mieux l’engloutir. Sortie de tunnel, au revoir pour ne pas dire adieu aux épisodes d’un passé désormais dépassé, malgré la lassitude de la route, les visions d’espoir en demain illuminent la vie. Ce n’est pas tant ce que nous avons fait qui importe, mais bel et bien ce que nous en avons fait. Le passé a posé des pierres, des jalons qui ont construit notre aujourd’hui, tout comme aujourd’hui nous bâtissons demain. Le temps n’est pas une ennemi, il est un allié. On ne court pas après le temps, on le prends, rien n’est plus précieux que de savoir prendre son temps, respirer, être pour mieux être. L’oppression des jours gris a fui, le bleu du ciel se révèle enfin. Même les épreuves les plus dures ne peuvent venir assombrir une vision enjouée de lala vie. Le verre est à moitié plein, il ne reste qu’à compléter le niveau, mesurer tous les ingrédients déjà versés avant d’y unir ceux de même lignée qui ne dénatureront pas le tout mais feront du breuvage un élixir. Longtemps, il fut à moitié vide, longtemps, la peur du vide est venue empêcher l’envie de mieux le remplir, c’est désormais chose du passé, l’espoir est toujours chevillé au corps, la vie ne vacille plus qu’entre deux états de bon et de très bon, les coups bas sont trop bas pour atteindre, le regard est droit, limpide, fixé sur l’horizon, que peut-on observer de mieux que la vie qui déroule son pas lent et assurée, laissant de côté les trottoirs de la médiocrité pour ne battre que le haut du pavé.

Ce n’est pas le chemin parcouru qui compte, mais bel et bien la façon dont on la parcouru. Vivre sa vie est aussi apprendre et se souvenir des leçons distillées tout au long du chemin, il n’y a pas de règles, si ce n’est d’être en accord avec soi-même, et juger hier avec les yeux d’aujourd’hui est complètement imbécile, tout comme comparer deux époques sans références communes, ou encore les prix des choses aujourd’hui par rapport aux prix d’hier sans utiliser des francs constants. Sans référence commune, il n’y a pas comparaison possible, c’est ainsi, et c’est ainsi que navigue bien des manipulateurs. Jouer sur les cordes sensibles, appuyer sur le pathos, se faire victime, s’aligner sur les goût de l’autre, tricher et donc mentir, tout n’est qu’un piège qui tôt ou tard se révèle et se referme sur le poseur. La seule alternative, c’est d’être soi, d’être franc, d’être vrai, rien ne sert de fausser la séduction, la chute n’en serait que plus mortelle. Question de choix ? Question de respect, respect de soi avant tout, respect des autres aussi, et si on le monde s’essayait à la vérité ?

Flash-back

Quelques mots, un retour sur une vie, une sorte de flash-back, un regard neuf posé sur des années vieillies, un regard porté loin, tout au bot de la vie, ce seul bout qu’on connait, le début. J’ai déjà écrit sur mes jeunes années, mais le regard d’aujourd’hui est différent, plus mur, plus serein, plus détaché des choses de ce bas monde. La mémoire est liée aux images noir et blanc de l’album photo qui rassemble péniblement les souvenirs d’enfance, car issu d’un temps où l’on ne mitraillait pas à tout va, surtout dans les milieux modestes dont je suis issu et fier de l’être. Une photo pas du tout en sépia, avec le majestueux cirque de Gavarnie derrière, ce sont durant ces années de mes premiers pas, que j’ai respiré l’air des montagnes entre Cauterets et Gavarnie, aux faveurs des cures paternelles, aux faveurs des balades familiales. Est-ce de là que sont nées ces envies de gravir et la Brèche de Roland et le Vignemale ? Je ne sais dire, mais ce sont bien les deux seuls sommets qui m’attirent et nous verrons plus tard qu’ils sont désormais vaincus. Ces coins des Pyrénées, ces sapins fiers et droits, cette eau jaillissante de partout, ces montées, ce furent mes premières limites de petit homme, ou plutôt, de petit d’homme. Mes parents n’étaient pas randonneurs, le gène a grandi tout seul, plus tard, lorsque nous avons connu la joie d’avoir une maison secondaire dans le piémont d’Ariège, dans un temps révolu ou les enfants pouvaient courir sans crainte des voitures et d’autres pédophiles, triste époque que la notre, jeunesse actuelle, je ne vous envie pas surtout lorsque je repense à toutes mes courses en solitaires au travers des collines et des hameaux. Entre les deux, il y eu l’océan, violent, fougueux, majestueux, logés en caravane, expédition à travers le Gers pour atteindre les landes, et le camping qui aujourd’hui encore me sert de base pour mes virées régénératrices. Années d’apprentissage, des copains au gré des années de vacances, les baignades dans le Boudigau où aujourd’hui je n’oserai trempé l’orteil, le vélo, toujours, les joies de l’insouciance de l’enfance. Puis la rupture, on quitte la maison, ma maison de naissance, pour une villa bien loin de là. Déraciné, hors de chez moi, loin des copains, me voila parmi ces gens que je ne connais pas, dans cette classe qui se connait très bien depuis la maternelle et qui, dureté de l’enfance, rejette plutôt qu’intègre. Voilà qui forge le caractère, peut-être pas de la meilleure manière qui soit, mais c’est ainsi que j’ai grandi, traversé tout cela, des souvenirs doux, agréables, d’autres un peu plus abstraits, puis le temps du lycée, le monde des presqu’adultes, ceux qui voudraient mais qui ne sont pas, ceux qui osent juste quand c’est facile. Le temps du boulot, des boulots d’été aussi, un mois de nettoyage, gros nettoyage dans une grosse entreprise, puis des semaines entières à vivre et à encadrer des enfants, entre jeux et malices, leçons et travaux, un plaisir toujours.

Et puis vint la vie qu’on appelle active, comme si avant on ne foutait rien, juste que là, on commence à cotiser de partout et pour tout, alors, on devient actif surtout pour les taxeurs. Et puis le logement, époque bénie et révolue ou l’achat même risqué était possible, et grâce à la bienveillance de mes parents j’ai pu mettre un toit sur ma tête. Et puis le temps des fleurs, celui des flirts, celui des pleurs, celui des doutes, celui des heures vides, et puis, au bout d’un montagne, au cours d’une rando, il y a la petite voix qui parle et qui dit : « tiens, tiens, et si c’était elle ? » Et puis les choses se sont mis en place, dans une ronde entre deux bout de terres, deux vies, deux adresses, des compromis, des parcours communs, vie trépidante qui un jour s’arrête parce que la ronde est finie, parce qu’il faut quitter la piste, parce que la magie est éteinte. Et s’en vint la colère, mauvaise conseillère, et s’en vint les doutes, d’avoir fait une erreur, et s’en vint l’aigreur de s’être trompé de vie, et s’en vint l’envie de quitter la vie. Fin de l’acte. Rappel. La lumière brille et il fait jour, le monde vacille mais je suis en vie, je rencontre un monde, certes virtuel, mais on y écrit des textes, on en discute, on y échange, une sorte de forum populaire et bon enfant, où des destins se croisent et se lient. Discussions appuyées avec plusieurs personnes, de celles qui encore aujourd’hui font parties de mes amitiés les plus anciennes, exception de celles du cercle de mes études, et une, qui sans pouvoir le prévoir, puisque non libre, puisque très loin. Mais voilà, allez comprendre comment Cupidon joue de la flèche, cette personne là est soudain devenue très chère, indispensable au point que tout bascule, une fin d’un côté, un début de l’autre, une installation commune et enfin, le sentiment de vivre la vie tant espérée. Hélas, les dieux sont parfois farceurs, la folie reine, et les éclats pas toujours en chocolat. Erreur et horreur, combat et violence, et la vie bascule, et le monde disparait sous les jambes flageolantes. Retour à la case départ, pseudo relation de quelques semaines qui encore s’enivre d’une triste folie, puis le printemps éclaire à nouveau la vie, une vie commune, avec des enfants, un plaisir, des joies, le temps de réaliser que la formule n’est pas la bonne, la relation existe mais pas pour cela, des liens restent tissés, très forts et très complices, mais basta.

S’ensuivirent des bouts d’histoires, juste des introductions, des faussetés, des erreurs, jusqu’à rencontrer le plus que parfait, l’harmonie complète, la joie entière, la vie où tout glisse parce que c’était toi, parce que c’était moi…. Patatras, le manège s’arrête, pourquoi ? Question sans réponse, trop fait trop peur, ou bien….. Peu importe, retour à tout à l’heure, une adresse, un toit, un célibat, une envie de vivre avec en même temps un ras le bol de la vivre ainsi cette chienne de vie. Je rajoute le boulot, qui soudain s’arrête, de quoi repartir sur autres choses. 2010, année de changement, nouvelle adresse, nouvelle auto, nouveau boulot, je vais clore aussi bien des chapitres, bien des relations trop superficielle de ma vie, je n’attends plus rien, je vis, je respire, j’ai assez donné de mon temps, de mon énergie pour vaincre des combats qui n’étaient pas les miens, pour qu’enfin je m’accorde et mon temps, et mes envies, pour qu’enfin je partage avec qui saura partager, sans y être dévoré. Alors bye bye ancienne vie, trop de faux, trop de tricheries, trop de mensonges, bonjour à ma nouvelle vie, et c’est ainsi que je serais.

Premières pluies

Premières pluies d’automne sur une nature assoiffée, les arbres se débarrassent de leurs feuilles asséchées pour ne pas mourir par manque d’eau, étrangeté de la vie végétale qui s’ampute pour survivre, et l’homme dans tout son aveuglement crois voir par les feuilles au sol, le signe d’un automne arrivé. Il en est de même pour tant de signe, aveuglé par nos propres œillères, par notre vision des choses, on ne voit pas celui qui souffre, cette main faiblement tendue vers un appel au secours si faible que le brouhaha d’un monde agité empêche d’entendre. L’homme crie, mais la folie de la vie ne peut faire entendre les mots si simples donnant l’alerte. Mais pourquoi donc a-t-on cessé de voir ? Mais pourquoi donc a-t-on cessé d’entendre ? Mais pourquoi donc a-t-on cessé d’être humain ? Au nom de quel principe, au nom de quel assouvissement, au nom de quel espoir l’individu s’enferme dans son individualisme, renforce son rôle de consommateur, prend, jette, chasse, dévore et se repait avant de repartir vers de nouvelles conquêtes, oubliant le plaisir de bâtir à deux, de construire une vie à partir de deux, de lutter ensemble, d’avancer unis ? Notre société a transformé l’Homme en un consommateur individualiste, se développant dans l’égoïsme qui lui fait massacrer les siens pour exister, les relations ne sont plus qu’à but utilitaire, je te prends pour ce que tu m’apportes, mais si tu as besoin, oublie-moi. Tellement vrai, tellement usant, les liens sont tissés dans des fils si fragiles qu’on ne peut les éprouver sous peine de rupture. Et quand bien même ? Quel est l’avantage de garder un lien aussi fragile ? A quoi bon donner si un jour dépourvu, personne ne sait donner ne serait qu’un peu de chaleur ? L’hiver n’est pas encore là que déjà nos vies s’emmitouflent et se ferment dans leurs cocons, se croiser, parler, se rencontrer devient difficile, encore plus lorsque la discussion a été remplacée par une vision personnelle de la relation, croire plutôt qu’entendre, imaginer plutôt que confirmer, tout est repli sur soi, au détriment de l’autre. L’égoïsme est le cancer du monde moderne, et au vu de sa fulgurante progression, nous voila proche de l’incurabilité. Pourtant, la guérison est possible, l’éradication envisageable, à condition que chacun œuvre, car même si les temps changent, et même si nous ne pouvons qu’être meilleurs que les générations précédentes sous peine d’accidenter gravement notre égo, l’union fait toujours la force, la conscience de chacun doit œuvrer et déjouer les pièges trop facilement tissés. Comme l’arbre qui perd ses feuilles pour survivre, nous devrons perdre notre égoïsme pour vivre, penser qu’il faut équilibrer les pensées, débattre et engager la discussion, oublier de présumer ce qui n’est pas, s’appuyer sur ce qui est pour ne point se leurrer ni leurrer les autres.

Au-delà des mots, les maux ne sont pas les seuls qui doivent attirer et générer l’attention. La vie, dans toutes ses facettes, mérite bien des mises en lumière, bien des éclairages, bien des attentions pour briller encore mieux, toujours plus. Comment vaincre s’il n’y a pas la mise en place d’une stratégie de victoire ? La discussion encore une fois est au cœur non pas du problème mais de sa résolution. Sans échange, que serait la vie ? Une monotonie sans nom, un jour sans saveur, difficile à imaginer. Et pourtant, combien s’imaginent pourvoir imaginer leur vie sans imaginer un seul instant que leur conjoint puisse penser autrement ? Combien se nourrissent de fantasme sans penser un seul instant que du rêve à la réalité il puisse y avoir un fossé ? L’échange, la discussion vraie, permet de se retrouver ou pas, sur des positions communes, de sortir de la zone trop importante des non-dits, de se donner les moyens entiers, sincères et réels de vivre pleinement le présent, dans une même unité de pensée, une communauté de pensées devrais-je dire plutôt, car ce n’est pas la pensée unique qui est recherchée mais bel et bien l’atteinte d’une vision commune, résultat de débats, d’écoute, d’entente, de discussions, c’est là la base de tout ensemble, groupe, couple, binôme ou autres associations, sans mettre en commun les idées, sans les peser, les discuter, les opposer, comment trouver le fil conducteur, comment trouver le point commun qui unit et rassemble ? Nous sombrons dans une facilité qui nous fait fuir le dialogue, de crainte de conflit, mais sans conflit, quelle vie aurait-on ? Il ne faut pas confondre conflit et violence, on peut discuter dans le calme, on peut sortir d’un conflit sans violence, mais en aucun cas on ne doit fuir l’occasion de s’enrichir des idées des autres, fussent-elles opposées aux nôtres, en aucun cas on ne doit refuser de débattre de ses idées, il n’y a point de salut dans la fuite, bien au contraire. Soyons nous-mêmes, acceptons d’exposer et de s’exposer, brisons nos routines, oublions qui nous étions pour être qui nous sommes, poursuivons la longue évolution de l’être humain et ne cessons jamais de comprendre que la liberté des uns s’arrêtent où commence celles des autres, que notre monde est un monde partagé et donc, de partages, dépenser son énergie à critiquer ce qui est fait ne permet pas d’avancer, par contre, participer, donner de son exemple, prendre partie, débattre, se bouger donnera l’allant qui manque à montre monde moderne. Alors ? Victimes ou coupables ? La question est-elle là, ou plutôt dans notre implication à faire bouger les choses ? Rester sur le quai n’aide pas à avancer, prendre le train à marche, participer à la prise de conscience, aider à relancer la machine, combattre la violence, la notre, celles de nos enfants, de nos parents, de nos proches, c’est réussir petit à petit, par essaimage, à calmer le jeu puéril et destructeur qui anéantit toutes les couches de notre société, depuis la cour d’école jusqu’aux cours des cité, gangrène de violence ou des gangs en graines profitent de notre complaisance pour détruire et au final, se détruire. A chaque abris bus détruit, c’est un jeune qui se détruit. Sans limite, sans référence, comment peut-on exister, comprendre et avancer ? A chacun d’entre nous d’agir, il ne sert à rie nde rire si c’est pour pleurer demain….