Pour comprendre les choses, il faut les connaitre. Sans
savoir, il est très facile de faire un choix de compréhension qui est personnel
mais surtout, qui risque fort de tomber à côté de ce qu’on appelle la vérité,
même si cette dernière est devenue une espèce en voie de disparition. Pour
comprendre, il faut s’intéresser, non pas à ce qui nous intéresse, mais à la
totalité du lot, c’est si facile d’être attiré par ce qui brille, par ce que
l’on croit voir briller, tout est bien subjectif et relatif dans notre monde. Derrière
l’apparente façade calme et tranquille, un rien détaché de beaucoup de courses
du monde qui ne sont pas pour autant mondaines, sans qu’il en soit mondain,
derrière ce côté placide et nounours, attitude attentive et en attente d’on ne
sait trop quoi, mais il arrive aussi parfois que les nounours sortent les
griffes, grognent et abois, comme en toute chose, il y a des peluches et des
drôle d’animaux bien vivants qui ne sont pas drôle pour autant. Mais qui est-il
vraiment ?
L’eau a coulé sous les ponts comme on dit si bien, de l’eau
de rivière, froide, gaie, chantante, de l’eau de fleuve, boueuse et
tumultueuse, tranquille et presque trop à l’aise dans son grand lit sec, de
l’eau de ruisseau, insouciante, tonique et nerveuse, de l’eau de larmes, il en
faut aussi. D’un parcours sans embuche, la vie a construit le chemin. Sans
embuche, ça ne veut pas dire facile, ni trop facile, ça veut dire sans embûche
quoi, des parcours en ligne, se succédant aux autres, sans être rose, ni noir,
juste un anodin parcours d’un anonyme au cœur de la foule. Ils sont beaucoup
dans ce cas-là. Des chemins où l’on flâne, sans prendre conscience du temps qui
passe, ni réaliser combien il passe vite. Des étapes, saines, belles, en bande
de copains, c’est si facile quand on est le clown et qu’on sait faire rire.
Façade, belle et lisse derrière laquelle personne ne vient voir, sauf un jour,
deux jours, quelques jours, des jours, des semaines, des mois des années qui
construisent une histoire, une belle histoire, une très belle histoire comme on
en lit plein, du style : « ils se marièrent et vécurent heureux
et eurent beaucoup d’enfants » sauf que cette histoire-ci, si joliment
écrite à quatre mains, si joliment construite connut beaucoup de kilomètres,
beaucoup de découvertes, beaucoup d’amitiés, de familles, de joyeux moment mais
resta stérile et finit par en mourir, avant de ressusciter en belle amitié,
enfin….un temps. Les aléas de la vie, certes, retour à l’existence, loup
solitaire, hors de la meute, chaque loup ayant construit son foyer en ayant
cure d’hier et des rires d’hier, encore plus du clown. Les choses, normales ou
non, sont ainsi, elles avancent et nous avançons avec elles, non pas malgré
elles. Ecriture. Mots en bloc, mots en page écran, mots en ligne, comme un
hameçon qui pêche au hasard des flots d’un virtuel dont il ne savait alors que
tous les poissons ne sont pas rouges, et erreur fatale, non, dieu merci, la
pêche fut miraculeuse, le poisson fort joli, de quoi arrêter la pêche pour
d’autres plaisirs. L’histoire était belle, riche en kilomètre, amusants, riche
en projets, enfant, mariage, revoilà les contes de fées. Mais les contes ont
aussi leurs sorcières et leurs dragons, le miroir du net n’était pas si net,
retour de larmes et coup de folie venant briser la vitre d’une relation
in-vitro. Les vitres qui se brisent génèrent des éclats, les éclats génèrent
des blessures, et si certaines en surface arrivent tôt ou tard à cicatriser, il
en est des plus profondes qui demandent du temps, disons, une éternité. Quiconque
n’a pas vécu ce genre de combat contre le dragon ne peut comprendre pleinement
combien le monde des bisounours est un endroit charmant, combien la vie est une
denrée rare, loin d’être fade et insipide, dont il faut savoir guérir. Plongée.
Si les eaux se troublent à l’impact, le courant et le temps les éclaircissent,
et si l’air est rare en profondeur, c’est tout simplement qu’il faut en
remonter et mettre sa tête hors de l’eau avant de respirer. Un temps pour tout,
un pas après l’autre disait le sage. Une vie après l’autre.
Il fait très beau aujourd’hui, et même si les blessures
savent se rappeler à son bon souvenir, le retour à la vie, à l’air libre lui
sied. Plus de meute, mais ça, c’était le cas depuis longtemps, plus d’émeute,
ça serait plutôt fuyons les combats inutiles, un nouveau réseau, de nouvelles
amitiés, et un temps de reconstruction, dans un âge de sagesse, les deuils
savent apporter la lumière, qu’ils soient ceux des amitiés, ceux des amours,
ceux des paternités, ceux des relations. Savoir c’est comprendre, il n’y a rien
à espérer, ni à attendre, il y a à vivre et à profiter de la vie, sans excès,
sans folie, la folie peut être meurtrière, elle l’a tué un beau soir de
juillet, il y a quelques années. Depuis, son fantôme erre, pauvre hère perdu parmi les vivants. Depuis,
il est vivant parmi les fantômes des hères qui errent en se croyant bien
vivants. Il y a longtemps que la mode n’est plus aux draps blancs.