Net pas net


Il y a en tout un homme un cochon qui sommeille, et si l’homme est un démon, la femme préfère l’homme qui l’habite. Serait-ce du lard ou du cochon ? De l’art ou du brouillon ? Qu’importe, l’expression, de la même façon que monsieur Jourdain, le célèbre bourgeois gentilhomme de non moins célèbre Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, faisait de la prose sans en avoir l’air, chacun est à même de faire de l’art  sans en avoir l’air ; Doit-on considérer pour autant que l’art est un sujet terre à terre ? Que serions-nous, pauvres poussières qui errent des vies entières, tels de pauvres hères sur cette planète terre sans l’air, l’eau, le feu et la terre ?

L’essentiel, comme je l’ai acquis de la bouche d’un de nos grands dirigeants récemment, est de faire son travail sérieusement sans se prendre trop au sérieux. Voilà qui sied à la vision qu’il me semble correcte de porter aux choses, qu’elles fussent détentes ou bien laborieuses, qu’elles soient dilettantes ou studieuses, les accomplir sérieusement sans se prendre au sérieux, me parait la voie la plus accomplie pour profiter pleinement, non pas que du but ultime de la randonnée, mais aussi de jouir profondément de la totalité du parcours. Faire de l’art pour faire de l’art, est-ce une fin en soi ? Peut-on s’accomplir en cela ? Finalité financière, encore qu’il faille vendre ses créations, Boulimie expressive qui vomit une à une ses graines à l’envie, muse féconde qui jette à la volée sa semence aux oiseaux, artiste de bout de chaine, catégorie interprète, je prends ce qu’on m’écrit, j’apprends, je déclame, je chante, je lis, je jette. Hasard des nouvelles, lectures à l’écran, un jeune artiste de neuf ans qui peint toiles après toiles, dans une technique telle qu’on le rapproche du grand Monet, et dont les toiles s’arrachent de par le monde en des sommes indécentes, voilà qui interpelle et laisse songeur, eut égard aux grands artistes de notre patrimoine qui crevèrent la dalle, non pas de l’écran LCD, mais celle de la fin, celle de la misère, leurs toiles parfois offertes contre un bouchée de pain, un verre de mauvais vin, se sont vendues bien après leur mort à des prix qui ne cessent de grimper. Comme quoi, tout va plus vite de nos jours, sitôt peint, sitôt vendu, à contrario d’un sitôt peint, sitôt pain. Alors, géni ? Intox ? Opération commerciale ? Singe savant ? C’est cela notre époque merveilleuse, on singe sur une chanson tout en prenant soin de se filmer, un petit chargement sur le web et quelques clics plus tard, amplifiés par les réseaux sociaux, le bouche à oreille, clic après clic, la popularité nait et sa compensation financière arrive, conséquence loyale et légale du star-système. Les droits d’auteurs ? Euh, voir petits caractères tout en bas, mais rassurez-vous les organismes veillent et la manne financière afflue aussi vers là. Singe savant ou savant singes ?

C’est que la toile a bien changé, non plus seulement blanche tendue sur son cadre de bois, mais désormais plate et froide tendue sur des milliers de connexions, que dis-je des milliers, des milliards de connexions, on publie ici, c’est lu à l’autre bout du monde, vaste réseau qui relie les hommes, permet de pouvoir dire bonjour à son voisin de palier sans sortir de son cocon, voilà qui pallie à la non-communication de voisinage. Gare aux effets de bord, on publie ici, c’est repris ailleurs, pire, c’est transformé, enjolivé, déformé, les récents événements de Toulouse suivis sur le net minute par minute ont montré la querelle verbale des journalistes qui à qui mieux-mieux ont nourris de sensationnel de plus en plus proche de l’inexact et de l’inexistant, les informations vite lues et vite digérées par le monde. Etre le premier, vouloir être le premier fait parfois naitre des sentiments peu louables, sorte de dopage par l’invention d’une information commençant à flétrir. De plus en plus, il faut être apte à lire, à prendre le sens des mots, avoir le recul nécessaire pour savoir poser la souris, sortir du cercle vicieux de ces informations viciées, laisser place à son libre-arbitre. Et c’est pareil sur bon nombre de forum, et même sur la grande encyclopédie enrichie par tous, le dernier qui parle a raison, même lorsqu’il publie à tort. Toujours garder la tête froide et l’esprit critique, sortir de ces logiques inverse au mikado, qui incite à publier et à surenchérir, là n’est pas l’information, là n’est pas la discussion, là n’est pas la vérité. Alors, du lard ou du cochon ? Après tout, cochon qui s’en dédit, non ? En retournant à nos moutons, le descendant de ce brave monsieur Jourdain pourrait aujourd’hui dire : « il est de bon ton de faire sur le net de l’information sans en avoir l’air ».

Il est surtout un bouton qui y fait place nette : Off.      

Oublier


Un mois qui s’achève, un mois d’un drôle de tempérament, alternant les phases de feux avec celles de fraicheur, des grandes chaleurs diurnes à en griller le paysage tout en rafraichissant nos nuits au point d’écourter les soirées sur la terrasse ou de se couvrir en partant le matin, comme seul l’automne le fait savoir ici. Certes, il est des régions océanes ou bien montagnardes où cette alternance sied, mais cette année, la plaine toulousaine est au même régime. Etonnant aussi de voir qu’à quelques encablures, disons plutôt à quelques tours de roues d’un joyeux cabriolet, les tournesols sont bien verts et bien fiers de leurs couleurs éclatantes le long des routes vallonnées, sans le secours des puissants arrosages, ce qui témoignent d’une hydrologie propre à chaque courbe du relief. Ailleurs, ce sont les vastes étendues rasées de leurs blés dorés et bien murs qui éclairent de jaunes paille les paysages de coteaux. Dodeline la route, doré ici, verte là, soleil et ombre, ligne droite puis courbes plus serrées, descentes rapides pour franches remontées, quel beau pays que ces coins entre Haute-Garonne et Gers, paysages multiples en peu de kilomètre, terrain de jeu pour bolide aussi tranquille qu’un bon vieux bicylindres donnant de la voix à l’envie des voies, prenant ses aises entre gite, tangage et roulis, le tout à la sauce qui fit la réputation de cette espèce à part dans l’automobile.

Rouler, respirer, savourer, se remplir les yeux, profiter d’être, cueillir la joie et le bonheur, sans être une bonne sœur, dieu nous garde, de conduire une deux chevaux sans cascades comme dans les films de Louis de Funès ou bien encore dans un James Bond en Grèce. Conduire ou être conduit ? Je ne saurai dire, lorsque je prends le volant, il est vrai que c’est plus la voiture qui roule et décide, c’est elle qui suggère son envie de vrombir, ou bien de traverser sur un pas de deux, cylindres bien sur, ces villages éteints par trop de chaleur, seules quelques mamies viennent occuper le devant de la scène, fauteuil pliant sur le trottoir pour discuter avec les voisines et voir le monde qui passe. C’est elle qui choisit sa trajectoire, loin des bolides actuels rivés au sol par des suspensions ultra performantes et des pneus larges, là, tout est à l’inverse, ça colle à la route mais sur une surface réduite, ça se couche, ça tangue, ça vit, telle un coureur sur son vélo, un motard sur sa moto, un cavalier sur son pur sang, on voit, on anticipe le virage, on le prend, on le vit. Une auto plaisir, et même, une auto à plaisirs, ils sont multiples, ils sont variés, ils sont uniques, ils sont sains, parce que basiques, parce que simples, parce que premiers. Premiers, primaires, rien n’est prétention, rien n’est dédaigneux, juste qu’il est bon de revivre ces moments simples, de réapprendre à avoir le temps, à prendre son temps, à jouir en cinq sens de la vie, et s’il fallait une note un brin négative dans ces mots, elle serait pour les quelques usagers des mêmes routes qui ont oublié d’où ils venaient, d’où l’automobile vient, ils ont oubliés qu’automobiles anciennes ne signifient pas forcément lenteur, ni gêne, pas plus qu’elles ne signifient démarrage en trombe et freinage surpuissant. De la même manière qu’à bord de nos frigos à roulettes, on oublie que de trop que les paysages ont une odeur en plus de leurs couleurs, qu’il fait chaud en juillet et non pas dix-neuf degrés d’air mécanique et électronique, qu’un virage n’est pas qu’une faible rotation d’un minuscule volant, qu’un freinage peut se faire en quelques mètres.

Oublier, c’est facile et pourtant, ne jamais oublier d’où l’on vient, c’est mesurer son parcours, c’est apprendre à s’aimer, c’est toucher du bout des doigts la fragilité des choses, le pourquoi des événements, c’est aussi respirer à plein poumons l’air neuf de notre évolution, c’est bouffer à n’en plus pouvoir les joies simples d’un parcours effectué, c’est se nourrir d’envies pour le futur qui nous cueille dès à présent et nous entraine vers demain dans cette folle envie d’être, qui est et qui est en devenir, c’est cette envie toute simple de devenir tout en sachant qui on est. L’oubli est une chose fragile et détonante, aux pouvoirs magiques, une poudre aussi délicate que la poudre à canon, car à tout moment, elle peut vous sauter au visage et vous bruler le corps. Il y a des choses qu’on oublie et d’autres  qu’on n’oublie pas. Il y a des choses à oublier et d’autres à ne pas oublier. Là est le travail de l’humain, savoir doser, savoir apprendre, savoir retenir. Nos vies sont ainsi faites. J’ai oublié quelques part mon cahier dont le dos listait les tables de multiplication, pourtant je n’ai pas oublié leur contenu, et si je ferme les yeux, je sens poindre l’odeur un peu humide de ce vieux cahier, je revois sa couleur rouge délavé, presque rose, j’y revois presque danser les mots qui même en leçons de calculs, pas encore mathématique mais assez systématique, me faisait écrire du français, avec des mots bien entiers, des phrases bien faites, des titres en bleu soulignés d’un trait rouge, des dates allant même jusqu’à citer à comparaitre le jour de la semaine. Je n’ai pas oublié que les chiffres se retrouvaient dans les lettres, il n’y a pas de frontières, voyez, la vie est quand même bien faite….       

Soyez neuf


Neuf secondes, c’est court et c’est long à la fois, c’est le temps qui suspend son envol, c’est le temps de la surprise, bonne ou mauvaise, le temps de non réaction, le temps d’incrédulité.

Neuf minutes, c’est toujours court tout en étant plus long, la phase d’atterrissage, la réalisation que la surprise, bonne est mauvaise se range désormais au rang des choses établies sur lesquelles on ne peut revenir, voilà, c’est fait, c’est ainsi, c’est arrivé.

Neuf heures, ça peut paraitre court, ça peut paraitre très long, c’est la phase d’euphorie ou bien d’abattement, la fusion de ce magma d’idées se mélangeant aux souvenirs, une sorte de film qui se construit à l’envers, qui cherche ses séquences dans les bouts de pellicules jetées au paniers des neurones endormis.

Neuf jours, court, long, allez savoir. Il y a dans ces neufs jours, une forme d’obnubilation, une synthèse des événements, une réflexion, une appropriation, une phase d’intégration, une phase d’acceptation. Ce travail là est difficile mais nécessaire, qu’il soit travail de deuil ou bien acceptation de cette nouvelle vie qui démarre par le cours des événements. 

Neuf mois, difficile de trouver cela court, ça peut paraitre long, mais au fond, tout dépend du pourquoi, du comment, de l’échelle du temps. C’est une phase de construction, de renaissance, voire même d’évolution conduisant à la naissance. Oh bien sûr, dans le chapelet des jours qui composent ces neuf mois, il y a des rayons de soleil et des jours de très froid, parce que la vie ne nait que par la complétude des choses et des possibles, rien n’est jamais bancal.

Neuf ans, un cap, long, court, un cap au long cours. A l’échelle de nos vies, c’est une belle phase, dont on ne peut sortir que riche. Un cycle d’évolution, de prise en compte, de perceptions, de leçons, de découvertes et au bout du compte, de découverte de soi, d’apprentissage de soi, de ses possibles, de ses possibilités, des réalités, des impossibilités, d’un vécu qui ne vit que par l’énergie qu’on y met, des attentes inutiles, des abandons futiles, des incompréhensions, jusqu’à ce qu’un jour la lumière pointe à l’horizon, celle de la conscience et de la prise de conscience. 

Neuf siècles, là déjà, c’est du long, tout en étant court c’est vrai, à l’échelle de l’univers, de la terre, de la vie autre réduite à son corps physique. C’est aussi un cycle, et même si l’Homme se réduit trop souvent aux formules magiques, aux grands bouleversements que sont les alignements de zéros comme s’ils étaient porteur d’une quelconque perfection, que ce soit l’an mille ou bien deux mille par exemple, célébrés dans la peur, l’insouciance, la défiance, c’est pourtant un cran avant que le cycle se régénère et se poursuit dans son cent neuf, dans son neuf cent, dans son sang tout neuf. L’évolution d’un corps astral qui renait sous d’autres formes.

Neuf millénaires ? Cela va vous paraitre long si j’ouvre ici le sujet, pourtant, cela reste court. Je pourrais commencer en écrivant par exemple : « il y a neuf mille ans de cela, cette vaste étendue de sable désertique que nous nommons aujourd’hui Sahara, était une vaste plaine fertile. Sur les bords d’un fleuve majestueux que nous nommons aujourd’hui le Nil, c’est l’histoire d’un peuple qui commence, ce peuple que nous appellerons plus tard les égyptiens, et avec eux les bases les plus aboutis de toute notre science, qu’elle soit mathématique, astronomique, astrologique, géographique, médicale, philosophique voire même religieuse. … » Serait-ce là le début de notre humanité dans sa forme actuelle ? 

On aura beau dire, quel que soit le vecteur du temps que l’on mesure, c’est court et c’est long, suivant l’action et l’inaction, parce que le temps est ainsi fait qu’il se joue à géométrie variable selon les épisodes de la vie dans lequel on le compose. En fait, c’est ça, le temps est invariable mais c’est nous qui le percevons différemment, selon nos attentes, selon nos envies, selon notre évolution, notre positionnement dans la vie. L’enfant qui guette impatiemment le soir magique du vingt quatre décembre mesure-t-il le temps de la même façon que l’adulte qui en a perdu la saveur magique ? En fait, le temps est lié à la magie du moment, à la magie de nos vies, mais il est une condition : oublier de voir la magie comme une chose négative, oublier les procès en sorcellerie, en quelque sorte, retrouver son regard d’enfant sur les choses, ce petit être tout neuf, qui ne peut porter qu’un regard neuf sur la vie. C’est cela la magie : soyez neuf.   

L'effet papillon


Effet papillon, un mégot jeté, des hectares en fumée, et surtout, des vies détruites. Non, je ne m’attarderais pas sur la cause, je ne vais pas mégoter, cela aurait pu être aussi bien une escarbille de barbecue comme l’a vécu le massif de la Clape il y a quelques années, ou bien encore un feu d’artifice, un tesson de bouteille quand ce n’est pas une bouteille entière oubliée en chemin qui fait loupe sous le soleil estival, bref, tant de raison qu’il ne sert à rien de focaliser sur l’acte fumeur ou fumiste, mais plutôt, sur le panier qui regroupe la totalité des causes potentielles : la négligence humaine pour ne pas parler d’inconscience. Combien de fois en randonnées, en simples balades, en promenades même urbaines on trouve des traces de passages de nos contemporains ? Papier, autres déchets, futurs émetteurs d’étincelles prêtes à mettre le feu aux poudres, là, c’est l’hiver très sec qui a mis la nature en poudre, réduit la végétation aux fagots d’allumage, ajouté un facteur risque dans une époque qui ne demande déjà pas tant. Je ne fais pas le procès des actes commis, délibérément ou non, juste chagriné de trouver encore et toujours des traces non naturelles dans des coins de natures, des restes humains qui ne sont pas venus tout seul. Zut à la fin, une bouteille vide pèse moins lourd que la bouteille pleine qui fut du voyage aller, et puis, quand l’être humain comprendra-t-il enfin qu’il n’est jamais qu’un être parmi les êtres ? Qu’il se pollue lui-même en se servant de la nature comme d’une vaste décharge à ciel ouvert ? Quand la prise de conscience viendra-t-elle ?

En attendant, il est interdit de randonner dans les allées sombres des pinèdes du bassin méditerranéen, dans la Clape, autour de l’abbaye de Fontfroide, et je frémis à la lecture des informations dénonçant ici et là des incendies, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Espagne, Haute-Garonne, Gers, notre région brule en silence, et dans ce feu, ce sont des vies qui disparaissent, des générations de labeurs qui partent en fumée, la lente évolution des espèces réduite en cendres.  Ce n’est pas l’interdit qui m’interdit, c’est de voir ainsi la terre brunir, même si je sais que le végétal reprendra ses droits, aidé ou non par l’homme, puis l’animal reviendra, ceux qui auront fuit, ceux qui viendront coloniser ces espaces nouveaux, mais il faudra du temps pour que s’éclaire à nouveau de vert les coins noirs du deuil des ces derniers actes. Puisse ce spectacle désolant servir d’éveil, nous sommes tous responsables, nous sommes tous locataires d’une terre qui ne nous appartient pas, elle appartient aux générations futures, que voulons-nous leur léguer ? Un geste banal, anodin, un oubli, un abandon, un jet, c’est un pan de géographie qui disparait. Volontairement ou non, une fois le processus enclenché, il est tard pour comprendre l’imbécilité du geste, le risque provoqué, mais pas trop tard pour corriger les suivants. Des coupes feux, des échappatoires, des axes de secours, le traitement des conséquences apportera son trousseau de solutions, on voit toujours mieux après. Après ? C’est aujourd’hui, c’est demain, c’était hier, qui sommes-nous si nous n’entendons pas ces messages de la terre qui se blesse de nos coups répétés ? Les pluies manquent et furent rares. Les réserves basses, les nappes phréatiques démolies par des forages trop profonds, par des gros chantiers  trop impactant pour l’environnement. Se privera-t-on d’eau au robinet chez soi ? De son bain ? De sa douche ? De laver sa voiture ? Les ressources naturelles ne sont pas éternelles surtout si nous jouons aux apprentis sorciers, de trouer, de creuser, de forer, de détourner, à trop jouer les pirates, nous serons un jour en voie d’être éjecter. Il est temps d’agir. De comprendre. D’entendre. D’être. Etre tout simplement, être humain, terrien, respectueux de sa planète.

Courage, non, conscience. Par là passe nos vies futures et les vies de nos futurs.

La photographie comme passion


La photographie comme passion, dans la limite de ce qu’est une passion…parmi tant d’autres, c’est-à-dire, non dévorante, non preneuse de tout son temps, non aveuglante, non obsessionnelle, parce que de mon point de vue, la vie est unique, très certainement comptée, bien que nous ne connaissions le compte qu’à la fin et qu’il nous est donc impossible d’en établir un décompte ; Là est mon credo, je crois en la vie, simple et unique, riches en partages, en échanges, en multitude d’actions, de loisirs, d’activités, de gouts, de variétés, et que s’il m’est permis de vivre en passionné, ce ne peut être d’une seule passion. Pourquoi ? Comment ? Est-ce la raison ou bien la conséquence de mon côté touche à tout ? Est-ce aussi la faculté de capturer et de stocker bon nombres de souvenances, je ne sais pas, toujours est-il que j’aime la photographie parmi l’éventail de choses que j’aime, qui me passionnent, que je fais, et qui du reste croisent forcement le chemin de la photographie. Mais avant tout, soyons à l’aise, si j’aime la photographie, je ne prétends pas être photographe, tout juste utilisateur de ces merveilles de technologies qui nous permettent de capter des instants et dans ces instants, des tranches de vies des tronches aussi, parfois. J’ai la chance d’être né dans une époque où la technologie avait suffisamment évoluée pour ne pas avoir à transporter ces kilos de matériels, de devoir faire prendre la pose durant de longues minutes d’impression, bref, d’être autonome, dans l’instant, dans le geste, dans l’action.

Certes, mes premiers pas photographiques avaient pour matière des pellicules photos montées sur de grand rouleaux qu’il fallait amorcer sur un cylindre métallique, puis s’assurer que le chiffre de la future photographie soit bien aligné avec le repère du boitier et enfin, cadrer, et appuyer dans un déclic mécanique et définitif, résultats aux prochains développements avec les surprises, bonnes ou mauvaises, avec le creusement des neurones pour se rappeler où et quand cette image noir et blanc avait été prises, bref, toute notre vie du siècle dernier, lorsque nous avions encore le temps d’avoir le temps. Vint ensuite la magie d’un tout petit rectangle aux pellicules en cartouche, « pocket instamatic 110 » qu’il s’appelait, avait flash en cube, et même, excusez du peu, pied de flash pour flasher de plus haut. Boitier recouvert de simili cuir marron, on faisait tout de même de belle chose en ce temps-là ; Il fut remplacé par une version plus moderne, boitier plastique noir à flash incorporé, qui fut je l’avoue mon grand compagnon de colonies, version ado puis moniteur comme on disait alors, et ce petit bijou de technologie pour l’époque n’avait pas son pareil pour prendre sur le vif ces enfants en jeux, ces délires colorées de nos grands défis pédagogiques. Je me rappelle les retours de colonies, la semaine d’angoisse entre le dépôt de la dizaine de pellicules vingt-quatre poses couleur, iso cent, deux cent ou quatre cent et la restitution épaisse parfois pales suite aux bains fatigués des laboratoires submergés par les retours de vacances de ces rectangles dix quinze qui dorment surement toujours dans des albums et des boites à chaussures. J’ai connu ensuite la joie de l’autofocus à zoom incorporé de quatre-vingt-dix, et la technique de placement du focus pour la mise au point, un seul point, une seule mesure et résultat là aussi après développement de ces pellicules en rouleaux façon pro,  vingt-quatre trente-six, jouissant par contre de trente-six poses, n’allez pas mal comprendre.

Et puis un beau jour, le passage au numérique, un premier boitier, étanche et anti choc, il fallait bien ça pour mes sorties sportives, riches de trois millions et demi de pixels, chose que je n’ai jamais vérifié, et carte mémoire et surtout, affichage façon timbre-poste avant de mieux voir sur l’écran. Là encore, subtilité des mesures de focus, mais régal et mitraillage gratuit, séquence émotion pour les laboratoires toulousains que j’ai déserté financièrement, séquence plaisir d’engranger des images qui ne dorment plus en album ni boite à chaussures, mais au chaud sur un disque dur, parfois même sur dvd lorsque les sauvegardes ou les copies sont effectuées. Puis vint s’y ajouter, les deux sont complémentaires et n’ont pas le même niveau de fragilité ni même possibilités, un superbe bridge de douze millions de pixels, avec un zoom de dix-huit fois, et surtout, multi faisceaux de focus, ce qui engendre les choix et donc les hésitations, parfois les crises lorsque le sujet est mobile. Je pense alors aux photographes animaliers, mais comment font-ils ? Doit-on se déguiser pour disparaitre dans le décor ? Désolé, je n’ai pas de tenue de bourdon ni même de papillon ; Dois-je m’habiller en homme grenouille pour prendre en photo ces bruyantes habitantes de mon bassin ? Alors, je peste parfois, je mitraille toujours, je découvre après que la lavande est plus nette que le papillon, et quelque fois, je découvre avec plaisir une très belle photo, du moins, une que je considère comme telle, et même telle quelle, sans retouche, sans jeux de couleurs ni même filtrations numériques, parce que c’est ainsi que je vis, simple, naturel, réel. Clic-clac, l’oiseau est sorti, la photo est prise….


Un homme, une femme


Une fleur, deux fleurs, trois fleurs, un champ de fleur, c’est la nature qui reprend des couleurs, c’est le promeneur qui reprend vigueur, c’est la vie qui survit à la chimie, ou, plus simplement, c’est l’arrêt d’une trop grande utilisation de pesticides, engrais et autre anti-machins diaboliquement chimiques qui font que la nature reprend ses droits et étale ses coquelicots jusqu’au plus près des zones cultivées, et c’est tant mieux ! Cela faisait quelques années que ces fleurs de nos souvenirs, coquelicots, œillets, grandes marguerites, peuplaient le champ de nos mémoires plutôt que les champs alentour. Un pas, deux pas, trois pas, une balade, c’est du bonheur en couleur pour les yeux en goguette, de la joie plein les mirettes pour que s’irrigue d’énergies nos corps abrutis par la ville, les bouchons, la répétition des jours et des heures dans les jours, ce rythme laborieux qui use lentement mais surement nos corps d’êtres. Etres humains, bien sûr, mais êtres avant tout, de même rang que les autres êtres vivants, quel qu’en soit le règne, végétal, animal, nous sommes tous des habitants de notre terre, y compris les martiens, mais là, j’ai des doutes, enfin, passons. Enfin, quand même, c’est vrai que parfois on se sent à part, c’est vrai que parfois on ne comprend pas nos contemporains, c’est vrai que dans ces moments là la question fuse « mais pourquoi ? Suis-je réellement différent ? »   Et la réponse trop facile coule de source « je suis un extra terrestre, je dois être un martien » et on se met à rêver, à s’idéaliser, à refermer sa soucoupe pour voyager dans sa propre galaxie, en oubliant de simplement se dire, qu’être différent ne rend pas les autres différents ni soi-même différent des autres, juste qu’il y a une plage de chose commune aussi étendue que le passage à gué vers le Mont Saint Michel à marée haute. C’est aussi le meilleur moyen de faire fausse route, de refuser de voir ce qui ne marche pas dans la communication, tout simplement, de se remettre en question. Soi. Soit.

Etre soi, parce qu’être humain, parce que gens de la terre, parce qu’être vivant, parce que la fuite n’est jamais la réponse, parce que parmi les combats à mener, le principal mais aussi le plus dur est celui qu’il faut mener contre soi-même mais surtout, pour soi-même. Pourquoi est-ce un dur combat ? Parce qu’il nécessite de remettre en question une personne qu’on n’ose pas affronter : soi-même. Parce qu’il nécessite de savoir entendre et de tenir compte des critiques, des remarques, des choses qui font mal quand bien même c’est pour notre bien ; C’est là le raccourci de l’humanité, vouloir le bien, son bien et mieux, sans avoir mal, alors vous pensez, un mal pour un bien, celle-là, on n’est pas enclin naturellement à l’entendre ni à se l’appliquer. Et pourtant. Combien de fois avons-nous vécu ces maux qui nous ont fait du bien ? Combien de pas de travers nous ont enseigné le bon chemin ? Combien de rupture ont fait naitre la vraie relation ? Sortir de sa zone de confort, ouvrir son capot et plonger dans ses entrailles, trier le bon grain de l’ivraie, se donner le temps d’être bien, d’être mieux, même si cela fait mal. Ne comptez pas sur moi pour donner la méthode, il n’y en pas qu’une j’en suis persuadé. Ne me demandez pas non plus de vous expliquer comment faire, nous sommes tous dans notre propre cuirasse, fermée à double tour d’une serrure unique dont chacun de nous avons la clé, notre clé. La clé de l’un ne convient pas nécessairement à l’autre, pire, elle pourrait bloquer la serrure à tout jamais. Un serrurier de l’âme ? Oui, cela existe, mais là encore, le professionnel pour l’un n’est pas celui qu’il convient à un autre. Psychologue, psychiatre, psychanalyste, groupes de discussions, écriture, peinture, sports, ami, repos, voyages, retraite, spirituel, surnaturel, retour aux sources, abandon, séparation, nouvelle vie…. Il doit y avoir autant de raison, d’outil, d’aide que de combinatoire ADN-culture-ethnie-lieu de vie-température corporelle-maturité-humeur….. Que j’aime cela, loin d’être des machines, des robots, chacun de nous porte en lui sa flamme, son étincelle, sa raison de vivre et cela est la source de la richesse de nos échanges, de nos partages, même quand on s’appelle machin, machine on est un être humain, pais quelque chose de froid, d’identique, de reproduit à la chaine dans une même réplication d’un grand tout. Nos réplications sont sismiques, elles tremblent, s’agitent, donnent le vertige, provoquent des remous, sculptent nos paysages, mais elles sont uniques dès leur naissance. Alors quoi ! Oui, je suis humain et oui j’aime l’Humain avec un grand H comme Homme, dans ce sens si spécifique que dresse la calligraphie, L’Homme, somme d’hommes et de femmes, de femmes et d’hommes, l’Homme, l’humain, l’espèce. Nous.

Un homme, une femme, deux êtres, un champ de possible, une vie d’infini, une infinité d’affinités, une terre de promesses, il suffirait que l’Homme le comprenne, l’apprenne et ose.             

Cabri au lait


Non mais, c’est quoi qu’il se passe là ? C’est quoi ce soleil et ce ciel bleu à l’affiche depuis déjà plusieurs jours ? Mais c’est qu’il ferait chaud en plus ! Du coup même les autos se déshabillent, voici venu le temps de sortir les cabriolets et de rouler cheveux aux vents, enfin, pour ceux qui en ont, euh…je parle de cabriolet bien sûr, non mais, on est passé à un cheveu du pas correct là… Question de mode ? De quoi la coupe courte ou le coupé cabriolet ? Disons qu’à l’origine l’automobile était plutôt déshabillée, peut-être parce que la confiance dans le produit est arrivée bien plus tard, et qu’il valait mieux être capable de sauter en marche, imaginez donc, un moteur à explosion, si ça venait à exploser ! Question de réchauffement climatique ? Non plus, puisqu’à l’époque de nos aïeux on semble nous laisser penser qu’il faisait bien plus froid ce qui n’empêchait pas l’automobile de l’époque de se parait de toit de toile, voire même de carrosserie entoilée, jusque dans des temps pas si lointains au fond, j’en veux pour preuve cette belle invention que je connais tout de même un peu qu’est la 2cv ; Née avant guerre, commercialisée après, après des années de sommeil, de cache et de destruction des nombreuses préséries ou plutôt, première série, vu le nombre, elle fut construite sans évolution majeure d’un point de vue carrosserie jusqu’à sa fin de fabrication à l’aube des années quatre vingt dix. Bref l’automobile est née sans toit, et j’avoue que c’est quelque chose de plaisant. En matière de cabriolet, cela fait quelques temps déjà que j’expérimente ce genre de sensation, en fait, peut-être même avant mes premiers pas, certes, mon automobile n’acceptait de se déplacer que par la force des mollets, pieds au sol ou bien à fond sur les pédales, puis vint l’âge et l’expérience, celle de la conduite électrique. Forme épurée, rondouillarde muni d’un manche à balai dans son arrière-train qui n’était pas encore antenne de cibiste de la première heure mais plutôt guide d’un frotteur s’en venant cueillir la fée électrique scotchée à un grillage à poule servant de plafond. Que de rires et de chocs sur ces auto-tampons !

Il a fallu attendre, patienter, des années de toits durs, des générations de véhicules, pour qu’enfin je puisse retrouver mes sensations de jeunesse, enfin, à l’exception des auto-tamponneuses, merci. La première fut en plastique, pardon, en acrylonitrile butadiène styrène, plus connu et on se demande pourquoi sous le vocable d’abs surtout dans ces temps pas si lointain où bloquer les roues au freinage n’était pas forcement vécu comme une hérésie ou un drame. Une sorte de jouet, taille adulte, enfin, pas trop adulte, pas trop encombrant comme adulte, d’un style épuré, genre caisse à savon de nos jeunes années, celles où prenant une bonne caisse en bois, on y fixait quatre roues avant de s’en aller dévaler les pentes des plus grands circuits. Bon, les grands circuits, c’était dans la tête, les grandes pentes n’étaient pas non plus énormes et tant mieux, parce que dans le design épuré de l’objet, les freins avaient été oubliés. Bref, ce jouet-ci, ça reste du carré, du nervuré pour faire plus rigide et solide, de l’abs teinté dans la masse, à l’abri des rayures et des petits chocs, en quelque sorte de l’auto de baroudeur prête à vous amener au bout des pistes, sous réserve de ne pas vouloir faire la course, et d’accepter ce charme bucolique d’un autre temps où la vitesse était dépassée, le plaisir vibratoire et olfactif. Comme en ce temps-là, les normes n’étaient pas énormes, le camping à la mode, voilà un réseau de tube de toile de tente, tendu dessus un drap de coton avant de devenir du drap de caoutchouc et le cabriolet devenait camionnette, une sorte de camping-car avant l’heure. Avantage, ce joli bricolage se démonte et se remonte à l’envie et aux envies de moduler ainsi son carrosse, une clé de quatorze pour tout outillage, c’est quand même le pied. Quelques accessoires en dur pour passer l’hiver, mais c’est bien là en été qu’il fait bon rouler tout déshabillé, je parle bien sur pour la monture. Quel bonheur, de naviguer ainsi, naviguer, oui, ça tangue un peu parfois mais ça rajoute aux plaisirs en trois dimensions, et même en cinq sens, parce que l’ouïe se retrouve chatouillée par le bicylindre rugissant, le toucher alterne le plastique du volant avec celui de la boule de vitesse, la vue cherche sa ligne d’horizon sous la barre du haut de pare brise, le goût, bon là, c’est plutôt celui des jeunes années qui revient, mais l’odorat, quel pied ! D’abord ce doux mélange de plastique chauffé auquel se mêle les effluves d’essence ou d’huile selon les régimes et surtout les changements de régime, ça, c’est la base, la rythmique du morceau. La symphonie commence par le jeu des solistes de dame nature, ici l’odeur prenante d’un champ de colza, là, les foins coupés, puis c’est un feu d’herbes qui domine, avant de retrouver les effluves d’une ferme, ou l’odeur d’un sous-bois. Le vent qui joue sur la peau, les cheveux, qui fait résonner la carrosserie légère, voilà, c’est ça le charme du cabriolet. Et puis, la climatisation en phase avec les éléments, on sent mieux les différences suivant les tunnels, les montées, les passages à l’ombre et même les rampes d’arrosages débordant sur la route sont très bien ressenties. Bon, oui, il y a quelques inconvénients, du style de cette prise directe des rayons solaires sur les parties dénudées de votre anatomie, qui plus est en vue plongeante, et comme vous roulez agréablement ventés, vous ne ressentez rien de cette cuisante expérience jusqu’à l’arrivée à destination. J’allais dire le seul point noir sauf que celui-ci est rouge plutôt.

Bref, une vraie bête à plaisir cette voiture-là, et même un gros jouet, d’ailleurs, là, il fait beau, il fait chaud, je file faire une virée sur les petites routes de campagnes autour…. Je vous amène ?       

Expressions libres


Notre belle langue possède bien des expressions, sans compter que se mêlant aux dialectes locaux, aux expressions familières qui n’ont pas pour prétention d’être argotiques, le dictionnaire du langage parlé diffère quelques peu du dictionnaire académique, mais au fond, n’est ce pas cela une langue vivante ? Je ne dis pas que l’académie se meurt, de toute façon, ils sont immortels, et je ne voudrais pas provoquer leurs courroux, ils sont déjà vert. Vert, frais et moulus, non, de grâce, de laissons pas les mots entrer au grand dictionnaire pour apprendre à s’en servir, car si le langage vit, c’est un peuple qui vit avec lui.

J’ai toujours aimé les expressions, dès lors qu’elles colorent, qu’elles imagent nos propos et de là, développe notre imagination, du genre « cela fait des lustres » par exemple. Bon, quand je parle de lustres, je dois avouer que cela n’éclaire pas beaucoup le sujet, ce qui au fond, est un comble. Ah mais oui, un comble, c’est un espace à combler, non ? A moins que cela ne soit une forme de suprématie dans l’idiotie, ce qui serait, au fond, un comble. Mais les combles ne sont pas toujours aménageables, autrement dit, difficile à combler. Ah ça, c’est clair que cela ne manque pas de sujets à combler, de jolies sujets même, mais bon, la vie est ainsi faite, et le monde plein de vide ou vide de plein. En tout cas, « cela fait des lustres » illustre bien ces illustres expressions que depuis des lustres, des générations d’écoliers qui lustrent les bancs des écoles s’évertuent en mettre en lumière, certains, certes, plus que d’autres, car au fond, tous ne sont pas des lumières. Je ne sais pas si cela éclaire le sujet, mais à part changer l’ampoule du lustre, je ne vois rien d’autre à rajouter, preuve somme toute, que je suis peu éclairé. Un sujet pour commencer, j’oserai dire un sujet en éclaireur, qui du coup se trouve à éclaircir, c’est quand même ballot, pas très balèze, un peu blafard, incitant à se faire porter pâle, quoique pâle soit tout de même un début de lumière.

Par chez nous, sur ces terres d’Occitanie d’avant l’Occitanie de complaisance, on mesure souvent les choses « a bisto de naz » ce qui pourrait se traduire en bon français, s’il fallait encore faire une distinction et décider de ce qui est bon ou non pour le français, donc, le mode traduction dirait « à vue de nez ». Bizarre tout de même, car à part Cyrano de Bergerac, je n’ai pas connaissance d’aïeux doté d’un pareil instrument de mesure, le sens olfactif n’ayant que peu à voir avec la vision. Cela dit, c’est quand même diablement efficace pour prendre la mesure des choses, comme quoi nos anciens, ben ils en avaient tout de même des choses dans le ciboulot, si boulot il y a à voir, à moins qu’il n’y ait à avoir du boulot pour décortiquer tout cela. Mais bon, comme dit un copain forestier, « le bouleau à son charme, même s’il est un peu plié, il mérite d’être, chêne vais pas dire le contraire » oui, il n’est pas d’ici, et ses intonations sont parfois étranges, mais c’est aussi cela qui fait la beauté de notre langue, le parlé, l’usage, les mots, les accents. C’est peut-être tiré par les cheveux, je le reconnais, certains crierait « chauve qui peut », ce qui est bien loin de « chauve qui veut », question de nature, mais autant chercher une aiguille dans une botte de foin, encore que là, c’est question de méthode. Avec un bon aimant et si cela ne suffit pas, avec l’aide d’un briquet, (solution expérimentale à ne pas reproduire), mais au fond, le jeu en vaut-il la chandelle ? Mieux vaut peut-être prendre la poudre d’escampette, et là, je retombe sur mes pas, puisque l’escampette semble être un dériver de notre bon vieux verbe occitan « s’escamper » qui se traduirait par « s’enfuir ».

Et il y en a de ces jolis voyages pour les neurones, de ces visites immobiles à l’imaginaire afin de bien imaginer combien la phrase est belle, réelle, partir dans l’action, se voir en quelque sorte mimer le discours, comprendre par l’analogie, sans mauvaise perception ni lapsus. Allez, un peu d’attention, ces expressions voyagent à travers vos phrases de tout les jours, écoutez-les, captez-les mais surtout ne les capturez pas, laissez-les courir vers d’autres horizons, d’autres personnes, d’autres discours, d’autres lumières, elles aiment cela, pensez donc, elles font cela depuis des lustres…..    

Jardin en vert


Et voilà, la première courgette de mon jardin,
Vient de finir, non pas toute seule, en gratin,
Des saveurs de l’enfance, c’est peut-être bête,
Je le nommais hier, « riz au lait aux courgettes »

Ma deuxième courgette, elle, finit en omelette.
Gourmande mais non bien sur, pas toute seule,
Se joignit à la fête, quelques brins de ciboulette
Pour le goût, pour les saveurs, ça a de la gueule

Ma troisième courgette, est encore sur pied
Elle grandit, elle grossit, vraiment elle s’y plait
Dans mon jardinet. Des tomates aussi sur pied
Vertes encore, vite le rouge, s’il vous plait

Que sera la prochaine accommodation ?
Peut-être en cube et hop, congélation
En soupe cet hiver, je boirai la chaleur
Qui en cet été fait pousser mes primeurs

Voilà, c’était juste quelques vers
Pour sourire de ces légumes verts
Jaune, rouge, orange potiron
Juste quelques mots de saisons 

Deux mondes


Il y a deux mondes, le monde de la montagne, le monde de l’océan, deux mondes différents, deux mondes de passions, deux terrains de jeux et de découvertes, de leçons de choses comme nous disions autrefois, du temps d’avant les sciences, de leçons de vie, mais cela, c’est partout, pour peu qu’on veuille bien voir, entendre et apprendre.

Il y a un endroit où la montagne rejoint l’océan, où l’océan vient jouer avec la montagne, où la résultante de ces deux forces devient quelque chose de très puissant, de très fort, un peu comme si tout devenait démesuré, peut-être tout simplement parce qu’on ne le mesure pas. L’océan ne sait pas comment se jeter à l’eau, tantôt pente douce qui vient timidement risquer de glisser un bout de roche dans l’eau claire, tantôt falaises abruptes qui s’offrent aux coups de ces vagues puissantes qui s’y explosent contre dans des gerbes d’écumes aux parfums iodés. Cet endroit, c’est ma terre d’adoption, une source d’énergie, un écrin renfermant mille trésors, encore les voir, apprendre à les voir. Certes, un trésor pour l’un n’est pas un trésor pour l’autre, et si l’un attend d’y trouver des biens précieux en espèces sonnantes et trébuchantes, il n’aura ni plus raison, ni plus tort que l’autre qui y cherchera ce bien précieux, ce bien-être, cette ressource, non chiffrable, non quantifiable mais tellement enrichissante. A chacun sa mesure, il n’est nullement besoin de fonctionner à l’identique, le plaisir se cueille selon la formule propre à chacun.
Ces montagnes, belles et fières, jouant avec les nuages, déroutant les vents et servant de frontière, combien sommes-nous en s’y abreuver de plaisirs pourtant si différents ? Il y a le berger qui mène encore ses troupeaux, sans savoir si au fond, ce n’est pas son troupeau qui le mène ; Il y a ces hommes et ces femmes de la terre qui y dressent des clôtures comme une partition où les portées en files parallèles de fils parallèles ne portent pas de croches, ni simples, ni doubles ni même triples, où les blanches ne contrent pas les noires mais où pourtant poussent à l’unisson, ici ce diamant rouge qui viendra réchauffer les plats après avoir coloré les façades de l’automne, ce subtil piment d’Espelette, et là ces vignes qui produiront ce nectar quasi violet, riches en tanins et en caractères, ce vin d’Irouleguy ; Il y a encore ces randonneurs, et là encore dans des plaisirs différents, celui qui gravit plus qui ne monte, l’œil sur la montre tout autant que l’altimètre, fier d’enchainer les sommets dans un laps de temps raccourci, ou bien celui qui « se passege » comme on dit ici, c'est-à-dire, qu’il se promène, parce que les yeux ne sont pas assez grands ni assez rapides pour tout embrasser, tout capter, tout voir, parce que chaque pas qui l’élève est un pas de plus vers un point de vue différent, parce que l’appareil photo converti au numérique n’arrive plus à combler ces cartes mémoires sans fond, pensez donc, hier vingt-quatre ou trente-six poses, aujourd’hui les giga s’empilent et les photos avec ; il y a encore ces randonneurs à vélo, vélo de routes ou bien vtt, parfois motos et plus souvent quads, ruban de poussières sur les pistes asséchées, ou bien zombis de boues lors des sorties d’après pluies ; Il y a au-dessus ces petits points accrochés à une grande voile, parapentiste ivre de bonheur de tutoyer le ciel tout comme les vautours et voir de là-haut tout ce monde de terrien, bergers, agriculteurs, randonneurs, cyclistes, motards, et même ces irréductibles pottocks. Comment pourrait-on dire qu’un plaisir est meilleur que l’autre ? Comment pourrait-on vouloir réunir et unir en un seul mode de fonctionnement ces états si différents et au fond, si complémentaires ?

Et si je regarde vers l’océan en contrebas, que vais-je y voir, si ce n’est pêcheurs, en bateau ou sur la plage, plongeurs, en profondeurs ou bien juste sous la vague, surfeurs, sur les rouleaux déchainés ou bien à la terrasse des cafés sur leur portable, baigneurs, jouant entre sacs et ressacs ou bien défiant les courants, vacanciers, dorant sur le sable ou bien lisant sur un banc, peut-être même écrivant, peut-être même dessinant ou peignant, après tout, cela arrive parfois…. A chacun son endroit, à chacun ses plaisirs, c’est cette diversité qui nous enrichit, et c’est cette proximité de terrains d’expressions si différents qui fait aussi de cet endroit un lieu fort agréable pour y séjourner, disons, toute l’année… 

L’essentiel est de comprendre que personne ne détient la bonne formule, mais plutôt, que nous sommes tous porteurs d’une partie du code magique, parfois même de plusieurs morceaux par la pratique, par l’ouverture à d’autres domaines, par la conscience que la diversité est le vrai trésor de nos vies….  

Fleurs et papillons


petite dédicace....

les amitiés sont des papillons qui volent de fleur en fleur, ce n'est pas parce que vous recevez l'amitié de quelqu'un que vous êtes la plus belle des fleurs, juste parce qu'ici et aujourd'hui, vous êtes cette fleur dont le papillon a besoin pour y puiser les énergies de la vie... Parfois à double sens, parfois en mode profit, mais n'oubliez jamais que cela n'ôte en rien la beauté de votre fleur....

Merci aux belles fleurs et aux jolis papillons qui sont en mon jardin secret. 
Merci aux papillons partis vers d'autres cieux, réels ou imagés; Puisse votre vol être beau et peuplé de jolies fleurs, ce fut des plaisirs de vous rencontrer, c'est un plaisir de lire aujourd'hui les enseignements du temps.

Merci aux jolies fleurs que j'ai visitées, dans mes vols désordonnés ou bien mes vols réguliers, ce sont vos énergies qui ont construit tous ces bouts de moi qui forment un tout. Et s'il arrive qu'on puisse oublier les fleurs, jamais on ne n'oublie les parfums, les rires, les larmes, ce nectar de la vie, ni son empreinte sur le présent et le futur à présent.

D.

J'ai quitté mon chemin


J’ai quitté le chemin pour les prés, mais au fond, y-avait-il un autre chemin ? Chacun cherche sa voie, parfois en silence, parfois dans les cris, parfois sans voix, parfois dans l’écrit… allez comprendre. Les mots ne sont que des prétextes, ils viennent, s’alignent, s’associent et forment des phrases, parfois plus, et les jours de grande formes, les voilà qui se mettent à porter des idées. Parfois même, les mots apaisent les maux, après tout, à chacun ses remèdes. Alors, oui, j’ai quitté le chemin pour les prés, j’ai coupé tout droit par les prés, enfin, à peu près, mais après tout, tout cela n’est que prétexte à jouer de l’accent, ce fameux accent, parfois chantant, parfois rocailleux, ou simplement cette virgule suspendue en l’air qui ne badine pas avec l’à-peu-près, puisqu’en une simple inclinaison, nous voilà près du pré ou bien…qui sait ? Badinerie donc. Il en faut, tout comme il fallut des faux pour faucher les prés, dans ces temps anciens ou le brassier ne portait pas brassière, sauf pour lui faire franchir le seuil de l’humble chaumière sous réserve que le toit fut en chaume d’avant la mise en chômage des chaumiers au profit de la tuile, avouez tout de même que là est la tuile. Alors, oui, fauchons ces joncs, ces chaumes qui seront le toit de nos futures chaumières, puisque l’heure est à l’écologie jusque dans le logis, et puisque qu’il n’est point de raison d’aller chez Fauchon pour cela. Un peu tiré par les cheveux ? Je vous l’accorde, mais après tout, pourquoi pas, cela ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe, fut-elle de chez Fauchon….  Nous voilà parti dans la répartie, ah ! Ces diables de mots qui se mettent à jongler et jouer, voilà bien de vrais bons jeux de mots et non de Meaux, restons sudiste diantre !

Il est parfois bon de prendre récréation, de quitter le chemin habituel pour disgresser par les vertes prairies, et même si désormais la fauche est mécanique, ce n’est point un plaisir volé que de parcourir ainsi le monde… Mon monde. Ces champs odorants où se mêlent les odeurs des souvenirs, souvenances olfactives des foins mûrs exhalant à la nuit tombée des parfums suaves et pénétrant qu’aucun nez digne d’un grand maitre parfumeur ne saurait reproduire. La nature est une reine, qui règne en toute puissance et nous offre chaque jour des trésors pour peu qu’on sache les voir. Y voir, voilà bien l’ivoire de nos jours, simple, éclatant. Au fond, que sommes-nous si ce n’est que particule insignifiante de ce vaste monde, et même de cet immense univers. Je me souviens des belles soirées d’été, lorsque la nuit était bien installées, que les grillons trouvent dans l’air tant d’humidité que leurs ailes ne frottent plus qu’en silence, je me souviens avoir fait souvent quelques pas au-delà de la vieille ferme  qui nous servait de repère, pour m’en aller m’asseoir dans le pré au-dessus, le cœur battant la chamade de tous ces bruits inconnus, ces craquements de branches perdant son desséchement, peut-être même un animal en excursion alimentaire, lapin, mulot, blaireau, renard ou bien dahu quoique pour ce dernier je ne suis pas très sûr. Là, assis dans l’herbe odorante, loin des lumières des hameaux répartis on ne sait pourquoi le long de la voie, je me trouvais dans une obscurité qui peu à peu devenait familière et semblait s’éclaircir, peu à peu je devenais nyctalope, ce qui n’est pas un terme grossier je vous assure. Là, je levais ma tête vers le ciel, cette voute noire décorée de milliers de diamants, et là, mes yeux se perdaient à chercher les leçons paternelles, la grande ourse, la petite ourse, l’étoile du berger qui pourtant dormait au village avec ses moutons et ses vaches, enfin, c’est là un raccourci car je pense bien qu’il avait sa pièce à lui, quand bien même elle servait de chambre et de séjour, de cuisine et de salle de bain pour les jours de fête tandis que les bêtes dormaient dans les étables juste à côté. Les ourses, c’est vraies qu’en ce temps, nos belles montagnes Pyrénées en abritaient encore, bon, des brunes surtout, histoire d’aller bien avec nos ours bruns, mais voilà, le brun du pelage sur le brun des couches d’humus en sous-bois, ça ne le fait pas, ou plutôt, si, ça fait ton sur ton, et moi, pauvre de moi, j’ai fait tintin de ce ton sur ton, je n’ai jamais vu l’ours, ni l’ourse….

Mes yeux dans les étoiles, et non, je n’étais ni à Amsterdam, ni maitre Brel pour m’y moucher dedans, moi, je m’y perdais, je chavirais, je me sentais tout petit, très petit, infime particule de vie perdue sur terre, bon, d’accord, un peu plus grosse que le lombric qui jouait à l’explorateur à travers les touffes de plantain, c’est certain, mais là, j’étais bien. C’est un étrange voyage, sidérant et sidéral, parfois même ponctuée d’une fusée, à moins qu’il ne s’agît d’une étoile filante, parfois aussi l’espace que l’on nomme champ de vision était traversé par ces animaux étranges qu’on appelle chauve-souris malgré leur pelage. Sourire, un chauve sourit. Voilà, le voyage s’achève, la tête emplie de songes, saoul d’avoir gouté trop d’étoiles, il était temps de regagner le nid de pierre, sans majuscule, restons petit. C’est bizarre, mais le chemin du retour était plutôt à la course, peut-être à cause du dahu, mais comme je courrais vite, il ne m’a jamais rattrapé et donc je ne l’ai pas vu. Il faut dire aussi, que la lumière faible mais présente de la cuisine éclairée agissait comme un phare qui aspire les bateaux vers le port, mais ça, c’est un autre voyage….

Et vous, il y a combien de temps que vous n’avez pas quitté votre chemin ? Combien de temps que vous n’avez pas vu les étoiles ?           

Le petit chemin


Il est des chemins bien étranges parfois, d’abord larges et bien pavés, voilà qu’ils se mettent à serpenter dans la montagne tout en rétrécissant au fur et à mesurer de la montée, comme s’ils s’époumonaient à gravir la pente. D’ailleurs, histoire de bien masquer leurs gênes, les abords se font plus touffu, la végétation se ligue pour les enserrer, leur offrir de l’ombre, les aider à ainsi arriver au but. C’est qu’elle est prévenante mère nature, elle se mettrait en quatre pour que ses petits puissent grandir confortablement, et dans le cas de nos montagnes, ce n’est pas se mettre en quatre mais s’y mettre comme quatre qu’il conviendrait de dire tant la végétation recouvre peu à peu l’habitat et les zones délaissés par l’homme. Au fil des périodes industrielles, au fil des mouvements de ces populations cherchant à se nourrir pour vivre, c’est une maison qui s’est fermé, puis des hameaux, et autour, des jardins en jachère, des jachères en bois, des bois en forêt et la montagne se pare de cette chevelure verte, rousse ou bien marron au gré des saisons. Les murets des jardins en terrasse, mise à plat de bouts de relief pour en faciliter le travail de la terre, empilage de pierre sèche donnant un visuel aux paysages qui permet de les identifier tout comme une empreinte digitale est identifiable par les lignes de son paysage, ces murets sans entretien s’affaissent, perdent leurs pierres par endroit, une à une, dent après dent, pour faire apparaitre une gencive de terre au bourrelet arrondi. Puis la mousse s’en vient verdir la roche, et les fougères se développent dans cette humidité, les orties regagnent l’espace tout comme les ronces, autrefois chassées, autrefois bannies. Le gris devient vert, de peur ? De colère ? Non, de végétation, un peu comme un suc gastrique venant digérer ces bouts d’humanités, ces traces humaines et dire « ici, c’est moi, la nature, qui commande et dessine mes paysages ». Les oiseaux apportent leurs graines, perdues de la becquée ou bien par d’autres déjections plus naturelles, puis les écureuils s’en viennent y cacher leurs provisions, noisettes, châtaignes ou bien noix, qui par la force de la nature profitant de pareil semis, deviennent pousses, arbrisseaux, arbres puis bois, bois puis forêts. Les maisons, les granges sans entretien, sans utilisation, sans hommes, dépérissent. La neige fait glisser les tuiles qui ne seront pas remises, ni calées par des fougères sèches. Le bois des charpentes ainsi dénudé se gorge d’eau, pourri, et fini par céder, et dans un fracas que personne n’entend, le toit tombe sur les ruines d’une vie. Après le toit, vient le tour des planchers, et les murs sans protection résistent comme ils peuvent à ces assauts du temps, jusqu’à à une sorte de minimum vital, fondations ou bien murs, ou bien morceaux de murs dans lesquels poussent les arbres des anciennes réserves animales.

Ce petit chemin montant gaillardement vers le hameau, et qui disparait sous les couverts d’une luxuriante végétation, c’est celui que j’ai pris. Quelques pas d’une allée presque carrossable, quelques pierres arrachées au sol par les eaux de pluies, quelques talus effondrés et puis au fur et à mesure de la montée, un chemin qui rétrécit, qui devient à peine piste et bientôt sentier jusqu’à ce que plus rien. Un champ avec un vague plat dans le relief qui conduit à des ruines. Un mur sombre, la découpe d’une fenêtre dont les bois sont partis depuis longtemps, des arbres à travers, des arbres devant, des bouts de tuiles, des vieilles casseroles, marmites, un vieux fourneaux, c’est là les vestiges rouillées et rongés d’un désespoir de rouille qui indique qu’hier ici, des hommes et des femmes vivaient. Mais comment vivaient-ils ainsi reculés au milieu des bois ? Tout simplement parce qu’avent les bois n’était pas, les arbres sont jeunes, les pierres droites qui encerclaient le jardin sont couchées pour certaines, et l’endroit si désolant aujourd’hui devait être plaisant hier, ou plutôt, avant-hier. Je fais le tour de la propriété et non du propriétaire, selon les autorisations que le propriétaire actuel, mère nature, me donne, c'est-à-dire, pas grand-chose. Je marche là où le terrain est dégagé, la terre trop tassée par les pas anciens, les passages des charrettes, du bétail, ne donne pas assez de souplesse pour qu’y germe autre chose que des herbes pas si folles. L’odeur est typique, entre humidité et  bois moisis, odeur de sous-bois et de mousse, odeur acre des herbes rudérales. L’esprit voyage, dans le temps, les volets sont ouverts, les rideaux aux fenêtres, l’odeur du feu de bois et de la soupe fumante, les rires des enfants courant à travers le pré, les sonnailles des bêtes qui s’en reviennent de la pâture, j’y suis, j’en hume le sens et le bon sens de ces années où certes les tâches étaient dures, mais ô combien la simplicité du quotidien laissait place entière aux vraies relations, aux relations vraies. Une sorte de bon sens paysan dont les hommes aujourd’hui ont perdu le goût, le bon goût des choses simples. Rires, parler, dormir, travailler, faire la juste chose au bon moment, vivre avec son temps, prendre le temps, s’accorder le temps, celui que je m’accorde sur le pas de cette porte, sur les pas qui ont usé cette pierre de pas de porte, celui d’écrire ces quelques mots en songeant aux générations qui ont vécus ici,  celles qui ont engendré celles qui nous ont engendré, celles dont on a perdu la filiation du bon sens.            

échanges


Lire, écrire, voir, parler, échanger… Communiquer, rencontrer, croiser, se croiser, rencontrer, se rencontrer, dormir, se réveiller, rencontrer, aller, marcher, pédaler, faire du roller, courir, vivre… C’est quoi la vie ? C’est quoi nos vies ? C’est quoi un échange ? C’est quand même bizarre ce terme, on échange quelques propos, mais lorsque dans la cour de récréation tu échangeais trois ou quatre billes contre un boulard, au bout du compte, la poche était plus lourde du poids du boulard tout en étant allégée du poids des billes perdues, tandis que dans l’échange de propos, certes tu les mets sur la table, mais tu ne les perds pas pour autant. Etonnant, non ?  Dois-je retourner jouer aux billes pour comprendre ? Mais alors, on joue sans parler, parce que si l’on vient à échanger des propos, je vais être encore plus perdu….  Bigre ! Cela dit, il n’est pas toujours aisé d’échanger des mots, encore moins des propos, parce qu’au fond, pour bien échanger, il faut avoir commerce de même valeur, un boulard valant trois ou quatre billes, enfin, selon le taux de conversion en vigueur à l’époque, une époque qu’on pourrait dire révolue, d’abord parce que je ne suis plus du tout sûr de toucher ma bille à ces jeux là, ensuite parce que mes camarades de cour de récréation ont bien vieilli pour se rabaisser à de telles pratiques. Quoi moi ? Moi ? Mais ça va bien, et comme l’a si bien écrit mon maitre Georges Brassens, je balance entre deux âge, entre jeune con et vieux con, con toujours parce qu’on est toujours le con de quelqu’un c’est clair, c’est con mais c’est comme ça.

Alors, échanger, c’est bien, mais c’est donc à géométrie variable. On peut discuter, on peut parler de la pluie, du beau temps, de la reproduction des phoques en Alaska, de la profondeur de l’alésage du dernier moteur Ferrari, si l’on veut du répondant, il faut bien de solides connections entre poteaux de même hauteur, sans quoi, forcement, les fils trainent à terre et c’est le court-circuit assuré, une mise à la masse qui finit en étincelles, met le feu aux poudres et fait prendre la poudre d’escampette à l’un ou l’autre des intervenants, parfois même les deux et très souvent dans des sens opposés. Voilà donc que se profile un postulat de départ : on ne peut échanger qu’avec personne de même niveau, en parlant de propos, ce qui est ici fort à propos, je dirais même qu’il faudrait que les deux interlocuteurs parlent le même langage, ça aide forcément, et puis même faudrait-ils qu’ils parlent, qu’ils écoutent, qu’ils s’intéressent, qu’ils soient intéressés à l’idée d’échanger et à échanger. Je reconnais que tout cela mis bout à bout complique la chose, mais avouez tout de même que parler à tort et à travers ou bien parler à des moulins n’est d’aucun intérêt, à moins d’aimer s’écouter parler, mais là l’échange est réduit à la portion congrue et, sans perturbation mentale, il devient dur de s’en raconter une qu’on ne connaissait pas…

Au final, il est quand même rare de pouvoir échanger, sur des thèmes variés, dans une vraie profondeur de dialogue, d’apprendre tout en participant activement aux débats, de s’enrichir parce que la lumière reçue n’est pas la lumière émise, parce que le message reçu est plus que celui émis, loin d’un effet miroir, juste retour des choses, je te donne tout comme tu m’as donné, loin de l’égoïsme primaire qui contamine de plus en plus notre société. Nous ne pouvons exister de par nous-mêmes sans s’en épuiser et sans disparaitre de par notre propre faute, dans une forme de suicide. La vie, passe par le partage et l’échange, par le groupe, le duo, l’union, qu’elle soit temporaire et temporelle, qu’elle soit de courte ou de longue durée, donner et prendre, offrir et recevoir. Ce qui est rare, est cher, cher ne veut pas dire qu’on l’achète à vil prix, mais plutôt que de là nait notre enrichissement. Une source de mots et d’idées, qui écoute, parle, complète et propose sans opposer, sans combat, juste débattre et être. C’est aussi cela la vie.       

Action!


Chaque jour qui passe marque le temps de son empreinte
Chaque jour qui fuit emporte avec lui les craintes
Les feintes, les peurs, les aigreurs, mais aussi
Les joies, les bonheurs, les richesses, et oui !

Chaque heure qui tombe est un coup de plus
Qui sonne la fin d’un décompte, qu’il nous ait plu ou déplu
Elle berce de son silence la naissance de l’heure qui vient
Et ouvre la porte à de nouveaux lendemains

Chaque minute qui trotte autour du cadran
Est une course contre la montre, enivrant
Un tour d’horloge sans contre temps
Qui file trop vite, un tour et puis vlan !

Chaque seconde qui décoche son tic ou son tac
Est un grain de sable glissant dans le verre
Un métronome sec et régulier à l’attaque
De ce tas de temps où l’on file à travers

Seconde, minutes, heures et puis jours
Le même rythme, la même danse, toujours
Celle du temps qui passe, du temps qui court
Celle qui vient accélérer sans contre temps notre parcours

Et quand les jours font des semaines
Et quand les semaines font des mois
Et quand les mois en année se comptent
Et que les années deviennent émois

Alors qu’importe le sablier, qu’importe la pendule
Alors qu’importe l’aurore, qu’importe le crépuscule
Bien au-delà du temps, c’est de la vie qu’il s’agit
Savoir vivre nécessite savoir vivre et savoir être, oui

Oublions toutes contraintes, toutes projections,
C’est en vivant vivant que le soi devient soi, action !



Les citadelles


Qui sont-elles, ces fières citadelles qui se détachent des crêtes dans le ciel brulant ?
Qui sont-elles ces fières citadelles qui se détachent du ciel dans le soir tombant ?
Qui sont-elles ces fières citadelles qui attachent la terre au ciel dans le soleil couchant ?
Elles sont énigmes tout autant que certitudes,
Elles sont la mort d’un passé douloureux tout autant que la naissance des plus belles histoires,
Elles sont encore debout, certaines plus que d’autres, certaines plus récentes que d’autres….

Elles défient le temps comme elles ont relevées d’autres défis, de ces défis perdus qui les mirent à terre avant que de leurs pierres on ne dresse  d’autres murs, d’autres bâtis, maison simples ou bien tour de garnison, poste frontière ou bien seigneurial abri, la matière première reste la pierre, celle tirée du lit des rivière, celle arrachée à la montagne, durs labeurs, durs transports, aussi l’homme a cherché sa réutilisation, prenant aux ruines pour bâtir le neuf ou bien rénover l’ancien, une forme de dons d’organes avant l’heure, on prend ce qui vit encore dans la mort pour en nourrir le vivant. Quel bel ouvrage pour de beaux ouvrages ! Pourtant, si ces pierres pouvaient parler, que nous diraient-elles ? Nous conteraient-elles ces joyeuses noces au cœur des murailles ? Ces nuits d’été sur ces fières montagnes où l’ombre fraiche des hauts murs était recherchée et fort prisée ? Nous parleraient-elles de ces cris inhumains, poussés par des êtres inhumains, vinrent assoiffer la montagne dans un brasier assassin ? Mais qui étaient-ils ces maudits ? Mais que maudissaient-ils ? Une pensée différente, une religion différente, sinon leurs propres peurs ? Face à la peur, il est plusieurs issues, la fuite, l’affrontement, le courage ou bien l’aveuglement. Au cri de « tuez les tous et Dieu reconnaitra les siens », le massacre était lancé, comme si la doctrine en oubliait ses propres bases, comme un renoncement à la divine théorie de « Dieu, créateur du monde et de ses créatures ». La colère trouble toujours la vue, tout comme la cupidité et surtout la peur de perdre sa dominante position. Que de sang versé dans l’histoire, que de sang séché par le feu soit disant purificateur des buchers. Au nom d’un dieu, on nom d’une religion, à l’ordre d’un homme plus en droit que l’autre, au cri du plus fort, ce plus fort qui révèle sa faiblesse. Que c’est-il passé en ces murs, et quand ? Les pierres sont vieilles, les murs assemblés un peu moins, le lent travail des archéologues, des chercheurs et des historiens s’enlise au fur et à mesure que les théories sortent de terre. Un village fortifié, peut-être, cathare ? Qu’es aco ou comme on dirait en langue d’oïl mais qu’est ce que c’est ? Combien étaient-ils ? Un ? Dix ? Cent ? Mille ? Plus encore ? C’est qui ces bonshommes ? C’est quoi leur truc ? Une religion ? Une secte ? Une philosophie ? Qu’est ce qu’ils veulent ? Mais c’est vrai qu’ils habitaient en haut des montagnes, dans des sortes de temples solaires déguisés en châteaux dont la lumière brillait de l’un à l’autre,  sur une ligne imaginaire tout comme le sont les frontières, allant de la mer aux Pyrénées et encadrant Carcassonne, la belle et fière cité ?

Je ne suis pas docteur es-histoire, et comme l’aurait dit mes aïeux pas un « especialiste » dans ces termes patois qui cherchaient leurs sens dans la langue française, faisant naitre peut-être les miens de jongleurs de mots, la rencontre impromptue entre espèce et spécialiste, avouez tout de même que parfois, les spécialiste en quelque chose sont une espèce à part des spécialiste en rien que nous sommes…. Non, j’aime mon pays dons son sens ancien et local, ce pays qui est une région mais pas de ces régions que les technocrates et autres énarques s’en viennent vous découper et vous vendre, non, de cette région qui forme un pays, avec ses bourgs, ses hameaux, ses foires et ses marchés, son commerce d’échanges convenus, et même si le patois d’ici n’est pas le patois espagnol de l’autre côté de ce sommet, c’est bel et bien une même langue lorsqu’il s’agit de s’entendre pour commercer. De cette région que j’aime, j’ai parcouru les campagnes, surpris parfois de trouver une stèle discoïdale dans l’enceinte d’un cimetière quasi familial, eut égard au nombre de ces occupants, anciens membres de mon arbre génialement généalogique,   arbre de vie en quelque sorte dont les branches portent à la mémoire des vivants les noms et les souvenirs de ceux qui ne sont plus. Alors, cette tombe, ce disque de pierre en guise de croix, qu’est ce que c’est ? Une tombe cathare dites-vous ? Ah bon ? Dans l’âge des découvertes, voilà ma foi d’historien de communale ébranlée par cette surprenante nouvelle : les cathares ne peuplaient pas que les montagnes dans ces châteaux ruinés, et visiblement, ils ne mourraient pas tous sur le bucher. Bigre ! Alors j’ai grandit, j’ai lu, j’ai parcouru des terres moins familières sans être pour autant inhospitalières, des coins d’Aude comme des coins d’Ariège, et oui, le cathare n’est pas qu’un pur produit audois, n’en déplaisent aux commerciaux en mal de vendre une région, un département alors que ces contours historiques voire même géopolitiques comme on pourrait le dire en voulant parler bien, ces contours donc se contorsionneraient bien différemment si on les écoutait plutôt que de les imposer. Château après château, avec un faible et de nombreuse visite au plus proche de mon camp de base de l’époque, Montségur, le plus célèbre, porteur de tragédie et porteur d’espoirs. J’y ai vu naitre les premières pierres tirées du sol, de la végétation pour que lentement se dessine l’ancien village, j’en ai lu des histoires, des légendes, vérités enjolivées ou bien vraies vérités, le saurons-nous un jour ? Le pays d’ici fourmille de choses étonnantes, de chasses aux trésors et de trésors en châsses. Rennes-le-Château et sont curé enrichit, trésor monétaire ou bien trésor monnayable ? Renens-les-bains et son fauteuil du diable, Arles sur Tech et son tombeau magique, le Bugarach désormais seul lieu du monde à échapper à la fin du monde programmée le 21 décembre 2012 jusqu’à la dernière révision du calendrier maya désormais actualisé jusqu’en 3500 et plus si affinités, il est des lieux magnétiques et magiques. Mais dans quel sens des termes ? A ceux qui connaissent ma pratique humorale du double sens, la porte est ouverte….

Alors, ces fières citadelles, qui sont-elles ?  Et bien, je dirai simplement, qu’elles sont à voir sur place…..    

Soleil (2- le retour)


Quel astre luit sans strass et sans paillette même au cœur des nuits les plus sombres ? Ne nous y trompons pas, la lune n’est qu’un miroir qui renvoie sa clarté, sa lumière et si le Roi Louis XIV le choisit pour emblème ce n’est pas par hasard, mais plutôt pour user de sa position dominante sur les jours et les nuits.

Il est la sève de notre moral, et même si d’aucuns se plaisent à dire qu’il brille parfois par son absence, ce n’est que mauvais procès, car comme j’aime à le dire, le soleil brille toujours par-dessus les nuages.

Il réchauffe, il éclaire, il cuit, première lumière pour la vie, première pierre dans la grande réaction qui de la vie fabrique la vie, qu’elle soit photosynthèse pour les plantes, ou bien encore la chaleur qu’il manquait au bouillon de culture pour qu’explose les bactéries et se construisent la vie.

Ce principe a beau être vieux de quelques millions d’années, il ne tarit pas de succès. Au jardin, de l’eau, du soleil et poussent les plantes. Partout, les herbes dites folles ne sont pas si folles pour s’en aller pousser aux rayons solaires. Et même ces diables de champignons, s’en iront choisir les coins de bois où la poche d’humidité sera réchauffée par l’astre maitre pour éclore et s’élever, point de trop, sinon, quel plaisir à la cueillette ?

Plus près de nous, quelques petites expériences à mener de votre propre main, avec bien sûr toutes les protections nécessaires, éloignez les grands enfants que vous êtes du texte, point trop, sinon les doubles focales n’y suffiront plus. Prenez un verre au fond épais, posez le sur votre peau dénudé, le bras par exemple, et éloignez progressivement le verre pour sentir la chaleur vous taquiner, vous piquer jusque dans votre propre chair, et puis même vous cuire. Amusant, non ?   Bon, stop, arrêtez ! ça sent le brulé. Expérience rapide, mais puisque vous en avez le temps, prenons la version longue. Aux premiers rayons du soleil estival, mettez vous à l’aise, et occupez-vous l’esprit avec je ne sais quel bricolage, lecture, meeting aérien ou bien sieste par inadvertance sous la douce chaleur d’un été brûlant. Tiens ? C’est rouge là, non ? Une expérience cuisante…. Alors que vont décider nos technocrates ? Débrancher le soleil trop nocif ? Vous enduire de crème dotée de parabène et autres poisons à la mode ? Il est vrai que nos grand-mères ne s’exposaient pas, et qu’après tout, la meilleure des protections reste la non exposition.

Alors c’est quoi ce truc ? ça chauffe, ça éclaire, ça cuit, ça fait du bien, ça relaxe, ça apaise, ça dresse les énergies,…. Et ce n’est même pas remboursé par la sécu ! Les anciens en avaient fait leur dieu, il faut bien reconnaitre qu’il est le plus beau, le plus fort et que même les planètes lui tournent autour. Les premières civilisations ont grandit en apprenant à le domestiquer, pour réchauffer et éclairer leur intérieur, pour s’orienter, pour aligner les jours, les saisons, construire les premiers calendriers, pour cultiver, pour travailler, pour sécher et cuire. Puis nous avons gagné en confort et par cela, nous avons vécu contre nature, parce que les moyens, parce que les technologies, parce que d’autres soleils sont venus éclairer nos vies, même si plus couteux, même si plus chimiques, même si plus artificiels. Aujourd’hui que la société s’interroge sur son devoir de sauver la planète, du moins de réapprendre à y vivre, avec plutôt que contre, nos toits se noircissent de panneaux solaires, de chauffe-eau solaire, jusque dans des installations pas toujours judicieuses. Un retour à la nature par la technologie en somme. Amusant et énergisant. Allez, zou, je vais prendre le soleil…. Promis, je le rapporte !