Noël est parti...

Noël est parti et avec lui les sanglots longs des vies au long de nos automnes. Noël a beau être en hiver, combat irrégulier d’une religion voulant annihiler les festivités païennes du solstice d’hiver, il n’est en pas moins que la célébration du début, la naissance, la fin des longues nuits et le retour triomphant du jour qui point, point à point quand bien même nous ne sommes pas à Pointe-à-Pitre. Pitre nous sommes, parfois, pire sans thé, parfois aussi, comme quoi, la vie n’est ni immuable, ni un long fleuve tranquille. Je n’ai pas l’habitude des fleuves tranquilles… Mon enfance bercée par les flots de la Garonne, terrible et sauvageonne, elle nait rivière et oublie qu’elle devient fleuve, ses accents de rocailles, ses rapides et ses tumultes ne sont que les fruits de ses racines arrachées aux Pyrénées. Pensez donc, un fleuve qui descend tout droit ou presque de la montagne, plus près de la mer méditerranée que de l’océan atlantique mais qui se prend à bifurquer pour aller noyer les plaines du bassin aquitain avant d’épouser la Dordogne pour fusionner en Gironde. 

Ne faut-il pas avoir un sacré caillou pour cela comme on dit par chez nous ?


Noël, c’est un peu et surtout la fête de l’enfance, là encore, le prolongement de la naissance… De Noël que retient-on ? Des rues illuminées, des sapins décorés, des cadeaux par milliers… Heureux hommes. Noël au fond, c’est une fête où il vaut mieux être Homme que dinde, simple réflexion. Il y a dans l’air un parfum d’abandon, une couleur indéfinissable changeant le bleu des cartes en un rouge vif. Chaque ville y va de son ‘marché de Noël’, marchands du temple venant vendre pacotilles et autres productions d’un vaste sud-est asiatique. Comme nous sommes en France, les chalets les plus prisés sont ceux qui commercent vin chaud et autres boustifailles. Il y a aussi des cadeaux sur l’instant, des présents au présent de ceux qui mettent du rouge sur les joues des grands. Sommes-nous des grands ? Quelques pas dans la grande ville, ma ville celle qui malgré son ampleur a su garder taille humaine, celle qui réchauffe les jours tristes des accents de ses briques colorant jusqu’aux galets qui les soutiennent, Toulouse. Le charme des vieilles rues sinueuses et étroites, les boutiques à peine plus grandes où s’empresse de s’entasser une foule de gens pressés et je ne le suis pas. Voir, sentir, entendre, les accents mais aussi les langues, cosmopolite assemblée qui furète et cherche l’idée. Un plateau, un tablier, des verres, des rubans, un chapeau, un foulard, … « un grand rien dans une boite vide » disait souvent mon père, bon, ça c’était avant, du temps où les enfants comprenaient cet humour là…

Noël est parti. Enfin non, il revient mais plus tard, beaucoup plus tard… vous ne me croyez pas ? Regardez bien autour de vous : toutes ces décorations, toutes ces lumières… enfin, quand même, si ce n’est pas pour Noël, c’est pour quoi alors ?

Allez, souriez, vous n’êtes pas filmés, enfin, je ne crois pas… Passez de belles fêtes et à l’année prochaine !





Le temps est un allié....

Le temps passe et n’emporte rien si ce n’est que quelques souvenirs sans intérêt, aucune raison de s’arrêter là-dessus. Les visages ne sont plus de ce monde, les voix ne résonnent plus dans nos rires mais elles restent à jamais graver dans nos cœurs et par elles, les visages s’illuminent, ceux d’hier comme ceux de leurs survivants. Il y a toujours des moments de convivialité où la place vide n’est pas tout à fait vide, il y a toujours des endroits où l’envers du décor frissonne des pas faits en d’autres temps, ces pas faits imparfaits qui ne se conjuguent à présent qu’au passé…. Il y a bien sûr le vide et ses extrapolations, on se plait à rire, à s’accrocher à cet espoir de croire qu’on a bien fait et que cette idée de faire aurait trouver écho dans le désir de faire de l’être cher disparu. On s’accroche, on se raccroche, on s’associe à l’après, on vit des procurations de vie qui ne sont plus. Il n’y a pas plus de secret que de règle, il y a la vie, nos vis, vos vies, les leurs, et si notre monde ne voit que ce qui est dans la même fréquence que lui, cela ne veut pas dire qu’un autre monde luit lui aussi. Tout juste parfois quelques photos prises dévoilent ces orbes, ces halos ronds venant ponctuer l’image comme pour un clin d’œil venu d’au-delà de notre réel, parfois un visage sort, parfois la flamme du feu dresse le poing, sommes-nous si loin que cela les uns des autres ?


On ne cherche pas, on avance au hasard et parfois les rencontres fusent, il suffirait presque d’être soi, détaché de son monde, enclin à cueillir ces rosées de vies, sommes-nous donc infinis ? La période est délicate, trouble et pas facile, les pas succèdent aux vides, les dates sonnent le tocsin de tous ces départs et le soleil ne brille que sur notre froid, parfois nos effrois. Ils sont si nombreux, ceux qui ne sont plus là, pourtant, à travers nous, par nous et en nous, ils sont là, bien présents, bien vivant si l’on peut dire. Difficile parfois de trouver la quiétude, de retrouver l’allant pour reprendre la route, mais au fond, a-t-on seulement le choix ? Le temps passe et file, il tricote dans un sens tandis que la vie détricote nos vies, les mois s’accumulent et l’on compte les années de toutes ces séparations : « vivants ou morts, où êtes-vous, j’ai froid de vous ! »


Le temps fige et blesse les heures meurtries, il apaise la gerçure de l’âme en sonnant les coups des abandons d’automne. Les feuilles se parent de leurs dorures avant de choir au sol de nouvelles vies, l’ici gît n’est qu’une auberge où s’en viennent pourrir les pages vertes d’un vieux calendrier pour en nourrir les espoirs de nouvelles tendres feuilles. Il n’y a pas d’oraison funeste mais des oraisons qui fuient et furent. Ainsi s’en va le printemps passé dans l’hiver qui nait, il tonne et sonne l’automne des feux follets, il prie et pleure à grands coups de feuilles qui crissent sous nos pieds. Nous ne voyons de tout cela que les couleurs, belles couleurs de notre temps, mais au fond, ce temps-ci n’est qu’un entretemps d’autres temps, il nous montre que le passé est passé, le futur encore bien futur et notre présent reste le seul présent de nos vies alors vivons et cueillons les cadeaux de ces moments, parce que nous sommes ici, parce que nous sommes présents, parce que nous sommes vivants. Nous aussi. Comment ne pas croire en demain alors qu’il suffit d’un peu de pluie pour redresser les feuilles flétries par ces jours sans eaux ? Comment ne pas vivre aujourd’hui lorsque le ciel est bleu pur et la pierre intemporelle du vieux cloître si belle et dorée ? Comment ne pas s’amuser de voir l’herbe verte se refléter son vert dans les arcs tendus des plafonds gothiques comme une peinture de moisissure ? Comment ne pas goûter aux charmes désertés des vieilles villes lorsque ce temps nous est venu, offert comme par magie, comme un moment pour revoir et relativiser la chance que nous avons, d’être ici et maintenant ? Que file le temps, nous ne sommes que grains de poussière dans ses doigts écartés, il nous effleure sans nous toucher, il nous compte sans nous décompter, il nous voit sans nous voir, nous seuls voyons ou du moins croyons voir le temps filer, je ne suis pas sûr qu’il faille pourtant en faire une certitude…

 

  

On peut aimer la pluie

Il pleut, il pleure
Certes, il pleut peu
Et il ne pleure que peu
Au fond, il fait ce qu’il peut
Et si parfois on peut peu
Parfois il se peut peu
En attendant, il pleut.

Le visage mouillé aux vents
Sans savoir qui des larmes
Ou de l’ondée est le parent
Il marche au hasard
Il erre hagard
Sable de mélodrame.

Ses larmes cessent,
Celles de pluies aussi
Devant l’océan infini
Les humeurs paressent

Et il en est ainsi

Des cieux comme des hommes.

Aussi, si ton cœur est gris
Ne le crois jamais aigri
Offres-lui l’océan infini
Pour qu’il t’offre la vie
Et tu verras combien
Le soleil et la pluie
Sont tous deux des amis
Dont il faut tirer partie
Sans jamais prendre partie
Le jour ne vit pas sans la nuit
Le soleil ne vit pas sans la pluie
Les larmes sont la vie
Qu’on soit triste ou qu’on rit
En bleu, comme en gris
Tu vois, on peut aimer la pluie!

(dj)








Pensées...

Puisque ce jour leur est dédié,
Puisque nos chemins se sont séparés,
Puisque les larmes meurent asséchées,
Puisque par mes pensées vous vivez
(dj)

La liste est longue, le coeur est gros, mais je suis fier et heureux de vous avoir connus, tous, toutes, chaque  pas fut un chemin de pris, un chemin de vie, chaque arrêt demeure une leçon, une envie, être digne, toujours. Rien n’est jamais facile, c’est vrai, il n’est que de rares moments où le souvenir n’aille chercher dans son grand coffre plein de désordre la mélodie d’une voix, l’odeur d’un parfum, un rapide conseil, une présence rassurante. Des objets anodins, une plante au jardin, un bout de papier griffonné, une carte postale, un mot sur un livre, une encre à jamais indélébile.


Je vous ai tant aimés sans savoir vous le dire et pire, sans parfois oser le dire. Ça parait couillon, mais ce petit mot d’amour est tellement mal employé ou pis, parfois il est dit avec tellement de sentiments que lorsqu’il vole en éclat il en tue sa descendance. Je ne sais pas si l’on apprend à aimer, je sais juste qu’aimer se meurt des amours solitaires, lorsque son alter ego s’enfuit en riant aux éclats. Au fond, c’est aussi le jour des amours défuntes, ces larmes d’amer qui vous rogne les sangs et pour peu que vous ayez croisé quelques graines de folies, vous n’avez plus que des trous parmi vos déchirures. Hécatombe des sentiments, ils tombent et tombent au tombeau des vivants, ils creusent un peu plus votre abime et vos larmes tout comme vos sourires ne pourront jamais rien y changer. « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage » clamait le poète, au fond, nos vies sont des bouts de voyage sur lesquels nous glissons ; parfois nous restons à quoi, parfois nous larguons les amarres, jamais les amers, ni l’amertume car l’amer tue tout comme la mer tue pourrait-on dire par négligence ?



Il fait gris sur mon port et de gros nuages lourds s’en viennent colorer de noir les cieux pas très clairs. Les ombres sont  de mises, elles peuplent mes pensées tout comme elles envahissent la passerelle, seule couleur au tableau, ce vert si changeant des vagues sans colère d’un vieil océan complice qui sans malice s’en vient d’un jet d’écume arroser mes chaussures, histoire peut-être d’y noyer une larme tombée, une larme du souvenir, celui des êtres qui trop tôt sont partis, mais au fond, arrive-t-il un jour que l’on parte trop tard ?


Au fil de mes routes

Au fil de mes routes,
Aux hasards de mes pas,
Souvent par les petites routes,
Roulant parfois au pas,
C’est la France vraie que je traverse,
Celle qui vit loin des autoroutes
Celle qu’on laisse sur le bord de la route
Lorsqu’on oublie les chemins de traverse.

A l’heure où les politiques
Ces messieurs très pratiques
Qui à grands coups de ciseaux
S’en viennent tracer vos coteaux,
Il suffirait pourtant de prendre le temps
De lire les paysages, d’aller de l’avant
Pour comprendre où s’arrête une région
Un pays, un lieu de vie, une légion

Trop complexe, trop humain sans doute
Pas assez mondain, sans doute

Peut-être faudra-t-il un jour ôter l’humain
Pour mieux en redéfinir l’écrin

Encore faudrait-il oublier l’histoire,
Laisser le château des ducs de Bretagne
Dans une autre région que Bretagne
L’Histoire se dilue dans les eaux de la Loire…

Plus bas, l’Aquitaine reste sur ses pas
Midi-Pyrénées en oublie ses montagnes
Méditerranéennes comme les océanes
Quant au Languedoc-Roussillon, calme plat.

En quoi donc nos anciens avaient-ils tort ?
Lorsque d’un dialecte ils traçaient les contours
Des terroirs regroupés selon la langue d’or
Que la gouaille et le troc n’imposaient pas les tours ?

Une pierre, un couleur, une pente de toit
Une architecture telle une signature
C’est pourtant là le plus simple ma foi
Tout autant qu’une même culture

Mais non, la France d’en bas se dessine par le haut
Ministres et députés en tracent les pointillés
Que des sénateurs suivront ou pas de leurs ciseaux
A leur train, bien sûr, faut quand même pas pousser…
 
 
  

  

Nuit noire

La nuit est noire, immobile et silencieuse, seul le tic-tac d’un réveil s’en vient la tirer de son sommeil. Au fond, la nuit dort-elle ? Je ne sais pas, mais moi je ne dors pas sans pour autant qu’elle ne soit blanche cette nuit-là. Le sommeil est venu d’un coup puis d’un coup il est reparti. Trop de choses, trop de fantômes, trop d’activités, trop, c’est trop. Tic-tac. Agaçant. Se lever, boire un verre ? Non. Sortir prendre l’air ? Non plus. Un bloc, un crayon, des mots qui tombent à l’unisson, au moins, ces mots-là ne tombent pas de sommeil… Je me fous de l’heure qui passe, elle peut bien secouer ses secondes à coup de tic et de tac, mes yeux commandent et mes yeux n’ont pas sommeil. Ils n’ont pas envie de lire, pas plus que de regarder les photos où les dessins, encore moins les tracés et les reliefs sur la carte, non, mes yeux n’ont pas sommeil pas plus qu’ils n’ont envie d’autres choses.

J’écris.
Assis nu dans mon lit, je prends la pose, je pense à autre chose, je trace des mots à la hâte, comme toujours, des mots que je range dans des phrases toutes simples parce que c’est quand même plus joli, des mots qui s’empilent et glissent sur le papier. Bizarrement, c’est un papier couché, voilà sûrement pourquoi j’ai besoin de m’allonger… sourire. J’ai soif, je tends la main vers la bouteille, elle sonne creux, vide et désemparée, elle tombe et résonne sur le plancher, sa façon d’abdiquer. Moi je n’abdiquerai pas, personne ne me fera abdiquer, ni la vie, ni la mort, ni le sommeil, ni l’insomnie, ni la faim, ni la soif, ah…la soif ! Buvons ! Buvons à la santé de ceux qui dorment, buvons à la joie, au bonheur, aux parfums de bonheurs et il est déjà de bonne heure… Faut vraiment que je me lève pour aller chercher une bouteille, fait trop soif par ici. Quand on a soif, on ne rêve pas de cocktail, ni de verre compliqué, juste d’une bouteille à téter au goulot, l’instinct primal, le besoin primaire, l’instant hors du temps, la soif donne soif bien plus que la faim donne faim. Si je pouvais avoir sommeil. Le carrelage est froid, j’ai dû trouer mes pantoufles, à moins que je ne les ai pas mises, c’est bizarre, il me semblait bien qu’il y avait un interrupteur ici, il a dû partir se coucher. Ah, le placard, l’étagère des bouteilles à moitié vide et donc à moitié pleine, ma main caresse l’obscurité à la recherche d’un dernier coup à boire… Fait soif ! Enfin, te voilà….

Je bois.
Debout contre le plan de travail, je bois à grosses gorgées ce liquide frais et bienfaisant. Qu’il est bon de boire et d’oublier la soif dans l’acte. Je bois pour oublier, pochtronne attitude, je sais. Cela dit, se saouler à l’eau de source, c’est long et ça fait plutôt pisser, seul point commun avec les pochtrons peuplant les entrées odorantes des parkings publics. Je bois et j’oublie mais je n’oublie pas que je n’ai pas sommeil, malgré le jour qui nait, malgré le jour qui luit, lui, devant moi qui ne suis pas reluisant. Je retourne à ma couche avec ma divine bouteille, j’ai soif jusque dans mon lit et mes nuits restent agitées, je n’aime plus les nuits, je n’aime plus mes rêves qui sans trêves m’amène sur des rivages sans peur, sans couleur où mes fantômes me tendent la main et m’appellent, moi qui reste sourd à leurs appels, oui, mais jusqu’à quand ?

Je fuis.

Allongé dans la nuit je fuis mes fantômes et mon sommeil qui me fuit et me nuit. Merde. Faudrait quand même pas exagérer, il est tard et mon corps réclame sa dose, il n’a plus vingt ans et craque sous les manques répétés de sa drogue préférée : dormir ne peut nuire, bien au contraire, c’est là le premier docteur, même mon réveil le sait, lui qui dort à coup de tic-tac, avant de bruyamment s’exprimer. Ma plume glisse et s’envole emportant de derniers mots, c’était surement des mots d’adieux, tant pis… allons voir si la rose, non…six roses. Buvons.  Avant d’aller dormir. Ou pas.


Pierre après pierre

Pierre après pierre, les murs se dressent, toujours plus hauts, toujours plus épais, toujours plus solides, l’enfermement, l’isolement plutôt que le banc dans la rue, plutôt que le simple « bonjour » même à l’inconnu, qu’il ait les yeux clairs ou la peau foncée, qu’il ait les cheveux aux vents ou bien qu’elle porte le voile. On se ferme, on s’enferme, et comme l’enferment isole et rend fou, on cri, on insulte, on se fixe des têtes de turcs, des totems vers qui diriger nos colères, mais au fond, d’où partent-elles ces colères ? Où naissent-elles si ce n’est au fond de soi ?

Non, le mal n’est pas l’autre ; Non nos peurs ne sont pas bonnes conseillères. Où irons-nous en suivant nos peurs si ce n’est au fond d’un asile, prostré, hébété de ne plus maitriser ce qui n’est que tout simplement la vie ? Education, culture, tout est source d’une fausse vision du monde. On fuit l’être seul car la stabilité n’est que le couple, on ne parle plus à l’inconnu parce qu’il est inconnu, on se bâtît des règles et des paradigmes dans lesquels on place alors notre foi et notre espérance. Cruelle désillusion. On ne se construit qu’au travers de nos différences, la culture nait de tout ce que l’autre peut nous apporter et que nous n’avons pas. Restons isolé et nous resterons ignares, nous croirons savoir et nous ne saurons point, et nous ne serons point.

Dans notre grand malheur, nous avons une chance, celle d’avoir le choix. Rester ainsi ou bien s’ouvrir et ouvrir aux autres. Il y a maintes occasions, une marche, une association, allez vers les autres, allez vers l’inconnu, donner un bonjour, des sourires, cueillir des paroles, des idées, des propos, de la lumière sur nos propres aveuglements. Pas facile. Rien n’est facile, souvenez-vous de vos premiers coups de pédales, de vos premiers mots, de vos premiers émois, de toutes vos premières fois. Gardez la foi dans vos mots, dans vos choix, dans votre capacité à faire, à être et à savoir écouter. Prenez plaisir à vous offrir cette mise en danger, parce que de ce danger naitra votre force future, vos progrès, vos envies et votre soif d’aller plus loin, encore plus loin, toujours plus loin…. La force sera avec vous ! Soyez et vous serez. Croyez et vous serez. Combien de fois ne nous ne sommes pas donner confiance, combien de fois avons-nous regretté de ne pas avoir tenté ? La vie n’est pas radine, elle vous offre toujours d’autres chances, parfois sous d’autres formes, ne soyez donc pas radins, osez et tentez, partez avec comme seule règle : ne pas demander c’est avoir un « non » comme réponse, ne pas tenter, c’est choisir l’échec. La vie n’aime pas les échecs, cent fois sur le métier elle vous remettra à l’ouvrage, sans même que vous vous en aperceviez, et si une vie ne suffit pas, elle vous redistribuera d’autres vies jusqu’à ce que vous réussissiez à franchir cette modeste étape.


Pas facile à entendre, pas facile à comprendre, mais au fond, il suffit d’en accepter l’idée, et pire, de foncer, de tenter, de se ramasser, de se relever, oui, la vie est dans le nombre de fois où l’on se relève et non dans le nombre de fois où l’on tombe. Oubliez vos chutes, grandissez de vos succès, apprenez de vos leçons personnelles et souriez à la vie, au monde, aux autres. Nul n’est moins ou plus, tous sont plus ou moins des êtres sur le chemin de leur vie, de leurs vies aussi, parfois et souvent. Donnez-vous du temps, sachez respirer, apprenez à méditer, à vous relier aux énergies de la terre et des cieux, priez, suppliez, parlez, vous ne serez jamais seul, tout un monde veille sur vous, malgré vous, et contrairement à nos croyances culturelles, ces veilleurs ne sont pas sournois mais protecteurs, ils viennent colorer vos rêves pour vous laisser un message, ils placent sur votre route une drôle de coïncidence, il dessine dans les nuages, il vous envoie des flashs, des images, mais vous êtes seul à décider de voir et d’entendre, de choisir de voir ou d’entendre, et plus que tout, vous en êtes capables alors foncez, mais foncez vraiment et pleinement… 


Lettre à mes survivants

Parce qu’on ne sait jamais, parce que rien n’est jamais éternel, parce que voilà, parce que voici, quelques mots insensés en paroles sensées, pour qu’un jour vous sachiez qui il fut lorsque celui qui fut s’appellera tout simplement « feu….. » et puis aussi, parce qu’il n’y a pas de raison que je gardasse pour moi toutes ces questions existentielles et pourtant essentielles qu’il convainc que vous sûtes et non « sachiasses » comme d’autres étrons malpolis eurent vomi. Notre langue n’est pas plus en danger que n’importe quel autre dialecte dont on ne se délecte point à pratiquer et le vocabulaire et la grammaire, à défaut de grand-mère sans doute. Alors oui, l’accent si doux, si fort, si généreux qui caractérise chacune de nos régions, géographique s’entend et non géopolitique, bien sûr, oui, cet accent, chantant pour ma part, enchanteur et enchanté de le possédé, cet accent se meurt et disparait, dans la platitude des écrans plats qui peuplent nos veillées ; Dans l’écrasement idéologique, maltraités qu’ils sont tous ces jolis accents régionaux par cet accent de banlieue et son vocabulaire simplifié et  pourtant si coloré. Je n’en ai cure et s’il n’en restait qu’un, je serais celui-ci, car depuis aussi loin que je m’en souvienne, c’est cet accent qui a pris ma voix, mes mots pour en colorer si besoin est, l’expression. En fait, ce n’est pas un accent de naissance, c’est plutôt un accent venu avec la parole, voilà, ne confondons pas. Avant, comment dire, je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est que je devais brailler, fort et dur, rocailleux et coléreux, comme souffle l’autan sur nos plaines et collines lauragaise, comme gronde la Garonne lorsqu’elle s’est faite engrosser pas les grosses pluies ou bien les fontes des neiges pyrénéennes, bref, de toutes ces manières dont le maitre troubadour Claude Nougaro a su si bien mettre en chanson. Et maintenant que vous avez régler la tonalité dans l’oreille, souffrez quelques étonnements purement personnels en guise de lecture et souvenez-vous de ce diable d’auteur, plutôt de mi auteur, ce qui est déjà bien loin du mètre, lorsque le temps fut venu d’aller souffler la chandelle de ces peuples infidèles qu’on appelle les vivants. Croyez-moi, là, il y aurait à dire… à écrire aussi, mais bon, la force me manque et le temps, voyons, que pourrais-je encore dire sur ce diable de temps….
    

Autant le temps ne dure qu’un temps,
Au temps pour moi, il reste le temps

Si les bacilles font vaciller
Les valises font-elles baliser ?

L’eau fraiche peut-elle être chaude ?
Oui, tout dépend du robinet

Si le niveau des mers monte,
Les montagnes vont-elles descendre ?

Mais là, il s’agit bien d’une grande connerie :
Prenez un verre mettez-y des glaçons,
Frais et non fondus de préférence, c’est pas con
Rajoutez de l’eau, froide ou chaude,
Selon le temps dont vous disposez
Remplissez à ras bord et observer
Par vous-même vous jugerez
Si la glace fondue a fait déborder le verre ou non

Le niveau zéro de l’altitude est pris à Marseille.
Ok, mais à marée basse ou à marée haute ?

Comment peut-on mesurer la hauteur des montagnes
Si les vagues font tout le temps bouger l’altimètre ?
En tout cas, je sais pourquoi sur certaines randonnées
Je suis plus fatigué que sur d’autres….

D’ailleurs, on peut être plus et n’être plus
Ça, au moins, c’est dit, un truc de moins à dire…

Ecrire une lettre ne devient compliqué
Que lorsqu’il y a plusieurs lettres à écrire.
Encore faut-il savoir quoi dire…

L’aberration de notre système fiscal
Fait que je ne pourrais payer mes derniers impôts
C’est pas banal.

Le dernier livre que j’ai lu n’est peut-être pas le dernier
Enfin, faudrait qu’il attende un peu pour s’honorer de ce titre
Encore qu’un livre ne manque pas de titre en principe

Lorsqu’on souhaite un anniversaire,
Souhaite-t-on la victoire d’être arrivé jusque-là ?
Ou bien le courage pour l’an suivant qui vient ?

En clair, souhaite-t-on d’avoir accompli 50 ans
Ou bien du courage pour démarrer les 51 ans ?

Si à l’aube, le soleil se lève
Et qu’au crépuscule, il se couche
Peut-on dire que l’aube de nos jours n’est que le crépuscule de nos nuits ?
Ou bien que le crépuscule de nos jours n’est que l’aube de nos nuits ?

Et si on peut le dire,

Comment peut-on en vouloir à ceux qui confondent
Ces deux termes pourtant pas ternes (les termes).
  
Non mais vraiment, parfois, je me pose de ces questions……

Post Scriptum : De grâce, ne dites plus « tu nous enterras tous », parce que franchement, ça ne rime à rien, allez donc chercher une rime en « tous » les enfantouss…. Non, vraiment, j’ai beaucoup trop enterré d’êtres chers et proches ces derniers temps pour réclamer dûment d’échapper à cette terrible sentence… Personne ne se substitue  à personne, pas même à la mort, et si beaucoup n’aiment pas en parler, cela n’ôte en rien ses pouvoirs alors basta, ça suffit, garder vos bonnes grâces pour les vivants et vos belles phrases à doses homéopathiques de réconfort pour vos bonnes consciences. Je n’ai cure que de vous entendre faussement peiné ou autrement intéressé pour des places en première loge, je ne suis ni vendeur, ni demandeur, juste un garnement, un « drole » comme on dit ici…. Oui, voilà, souvenez-vous : un drôle !






Octobre et ses promesses colorées

Octobre et ses promesses colorées, c’est une pause que se prend l’été avant de partir aux sports d’hivers, c’est l’occasion de traverser mille coins de nature qu’on croyait connaitre mais dont les paysages prennent un tout autre relief uniquement par la magie des couleurs surprenantes. Pour peu qu’une larme de brume s’en vienne estomper les contours, nous voici dans un tout autre monde. Il faut se lever de bon matin pour cueillir cette sensation unique, cette déchirante séparation de la terre et du ciel au matin naissant, les nuages s’étirent, s’accrochent, ils veulent rester à terre et jouer encore à cache à cache sous les feuilles cramoisies, mais le soleil est le maitre devant qui personne ne résiste, il dicte sa loi et tous obéissent. Sous les ardents rayons, les cieux rejoignent les cieux, peu à peu les mordorés des végétaux percent au grand jour.


Le voyageur immobile resserre son manteau, les frimas sont durs pour les cops encore endormis, et devant ce paysage à couper le souffle, l’arrêt prolongé a vite fait de vous glacer les sangs. Plus bas il y a l’océan, ses rouleaux et ses plaintes, par-delà les maisons les vignes parées de rouge, de brun, de doré, de vert aussi, la résistance est partout. Le bonheur est partout. Simplement. Très simplement. Pourquoi donc l’Homme passe-t-il tant de temps et d’énergies à se compliquer la vie ? De là nait l’agressivité, la peur et le chaos. Il y a tant de belles choses à voir, tant de bons temps à s’octroyer pour se laisser aller à la quiétude et à la douce contemplation, une profonde méditation devant une nature aux mille apparats. Encore faut-il voir, encore faut-il avoir envie de voir. S’accorder le temps de voir pour s’accorder sur le tempo naturel de mère nature, notre diapason régulateur. Etre en accord, comment ne pas être d’accord ?


Le soleil est pale, caché par les brumes, un disque blafard qui s’élève peu à peu. Les cris des oiseaux remplacent la sonnerie d’un réveil, peu à peu la société s’éveille, les bruits des voitures, les bruits de la ville, les bruits de la vie manifestent leur impatience à occuper l’espace, tout l’espace. Non. L’océan rugit en opposition, le désert de la plage offre son calme pour quelques pas, bien avant que les premiers joggeurs puis les surfeurs ne viennent. Le surf, la religion d’ici comme de partout où il y a cette unité d’océan et de nature, lecture des éléments, patiente écoute, ressource et méditation, vivre au tempo des vagues, au rythme des jours, encore une fois s’accorder sur le diapason de mère nature. L’apaisement ne vient-il pas de cette mise à l’écart du monde trop agité ?


Quelques pas sur le sable humide de la trop longue nuit, c’est là le drame d’octobre, des jours courts et intenses et des nuits longues et fraiches. Peu à peu la montagne apparait, petites routes parsemées de maisons pimpantes, haies touffues des bordures de champs, rangs de vignes colorées, pâtures et fougères commençant à roussir au sommet, comment ne pas aimer cet endroit ? Ici, ailleurs, chacun peut trouver son havre de paix et de tranquillité, son espace de ressource, apprendre à s’y connecter, tout simplement ou tout simplement ne rien faire et s’y sentir bien… Parce que peut-être bien que ce n’est pas l’endroit qui compte, ni l’envers, peut-être bien que ce qui compter le plus c’est de s’accorder du temps à soi, rien qu’à soi, s’isoler et plonger dans sa bulle pour recharger ses énergies, et si pour cela il est un coin qui vous convient mieux, n’hésitez pas mais la force est de pouvoir le faire en tout lieu, cueillir le meilleur de chaque endroit, de chaque instant, c’est juste l’essentiel.



Le jour est bien levé, la chaleur se fait plus présente, il fait bon, il est bien, parce que ce matin fut tout autre et tellement pareil, parce que respirer et poser sa respiration est un simple exercice aux bienfaits multiples, parce que c’est lundi, un lundi d’octobre, quelque part sur la terre, dans un instant unique comme il en existe tant. Heureusement.     

         

Survivre

Survie. C’est la première impression. L’après, ce vide sidéral et sidérant, ce moment où les coups résonnent de leurs douleurs. Effacement. C’est nécessaire d’abord pour digérer, pour accepter, pour se préparer à renaitre, parce que la vie continue, toujours. Ce sont aussi des moments d’incompréhension, de solitude parfois non désirée dans laquelle résonnent les silences des faux amis, cruelles désillusions encore, tellement authentique pourtant, tellement bienfaisante au fond puisque ces silences permettent et permettront d’en faire grandir bien d’autres. A jamais. Il n’y a pas le décompte, lent et martelant, frappant ses coups en dix périodes, ce moment difficile où le boxeur sonné à terre entend sans pouvoir se relever, non, pas de décompte, c’est ni mieux, ni pire. Les coups tombent, la tête est lourde, on guette le moment où l’on va se relever. Enfin. On se relève toujours, même après plusieurs K.O. "Putain, que j’ai la tête lourde…."


Rien. Le vide partout, l’absence d’envie, la nuit noire toute éclairée de blanc, le repos qui ne trouve pas sa place dans ces heures grises, l’accumulation des combats perdus par chacun des êtres partis récemment fait froid dans le dos tout autant qu’elle présente l’album de famille comme la salle des trophée de ces putains de crabes aux pinces multiples. Sacrée famille qui mord à qui mieux-mieux, chaque membre a sa technique, sa méthode, son style, ses mots : leucémie, lymphome, mésothéliome, métastase, tumeur et à la fin, tu meurs. Pire, les victoires ne sabrent pas que le champagne, rarement, trop rarement. Le ruban rose finit par attacher le bouquet de roses d’un blanc linceul. Amère destinée. C’est quoi d’ailleurs ce mot « destinée » ? Il n’y a pas de destin, il n’y a que le dessin que le pinceau de notre vie fait. Au fond, ce vide appelle un autre vide, le sien, un appel au don, le don de soi, se jeter à corps perdu dans l’abime, à trop saigner, le corps exsangue ne répond plus, il n’en peut plus, lui non plus.


Même les passions s’affadissent, elles passent sans grâce, elles s’entassent dans les poussières des souvenirs, on en devient automate, on fonctionne à minima. L’écriture autrefois prolixe cherche aujourd’hui ses mots, et encore, faut-il que la plume soit de sortie et le papier bien couché. Il fait sombre. Comment voir la lumière lorsque le vent éteint un à un les phares d’une vie ?  La vie nous apprend à nous battre pour gagner, elle ne nous apprend jamais à perdre. Bien sûr on peut tricher, afficher des sourires, sourires de façade, mais au fond, dans quel but ? Tromper et se tromper, croire en ce que l’on ne croit plus. "Inutile, je n’ai jamais su faire et n’ai aucune envie d’apprendre. Aucune envie du reste."



Que faire ? Rien, peut-être bien, sûrement même. S’asseoir et laisser choir. Un à un les comptes se ferment, réels comme virtuels, simple déconnexion. Il faut du temps, un certain temps, laisser le temps au temps, la seule certitude étant que les coups du passé ne protège pas des coups du futur, et parfois même, le futur est un futur proche. Cela n’est ni triste, ni démoralisant, cela est un fait, point. Cessons d’analyser le factuel selon nos propres visions, il n’est ni une prévision, ni un art divinatoire. Les faits sont les faits, les statistiques ne sont que des calculs d’évènements passés, non pas une vision de l’avenir. Se déconnecter n’est pas s’enfermer, bien au contraire. Se mettre en retrait n’est pas fermer la porte, d’ailleurs, elle est de tout temps restée ouverte. La vie nécessite ses pauses, l’hiver aide au sommeil et dans le même temps à préparer le réveil du printemps. Il y aura un printemps, c’est sûr, et peut être qu’il n’attendra pas un vingt et un mars pour naitre. Et Peut-être aussi que d’autres faits surviendront, bons ou moins bons, on ne le sait pas à l’avance, mais au fond, n’est-ce pas cette magie qui fait la vie et qui fait qu’on aime la vie ?       

Après les cris

Après les cris, le silence, la stupeur, puis à nouveau les cris, différents, autrement, qui nous ment ? Pourquoi ? Non, ce n’est pas possible. Les pleurs résonnent dans le silence de ces réponses qui ne viendront jamais. Ok, tu es parti, tu as quitté les souffrances pour trouver l’apaisement. De là où tu es, je ne sais pas si tu vois le bon dieu mais dis-lui bien de ma part de se laver les oreilles ou de mieux écouter : lorsque nos prières lui ont demandé de calmer tes souffrance, ce n’est pas à cette issue-là que nous pensions… rigole bien mon grand, tu ne perds rien pour attendre, en attendant, nous, ici, on reste figé, frappé de ce qui nous arrive.


« ça c’est fait » dois-tu te dire, ne me le fais pas, tu nous l’a si souvent dit…. Putain, ça commence à faire du monde là-haut quand même !

 La vie, tu vois, c’est un parcours de montagne, tu nais dans la plaine puis progressivement tu parcours les forêts, tu t’élèves et tu gravis les pentes, la forêt s’éclaircie, les bois se clairseme et tu finis le chemin tout seul vers le sommet, à peine quelques arbres de-ci, de-là… Ces arbres, ce sont les êtres qui peuplent nos vies, oserais-je dire des amis ? Ce mot devient difficile à utiliser, la faute à trop de non-sens sur trop de réseaux non-sociaux sans doute et puis au fond, « ami », ça ne veut rien dire. De toute façon chaque mot a le sens qu’on lui donne. Nous n’étions pas « amis » juste nous étions « nous » je sais, cela n’éclaircie en rien le sens ni le lien, mais on s’en fout, nous, on sait ce que ça veut dire. Alors, ok, te voilà parti faire un tour… Et euh… tu reviens quand ? On se revoit quand ? Te marre pas s’il te plait, je n’avais pas fini de te montrer tout un tas de truc, de bricolage, d’idées, d’endroits, de randonnées, de photos, tiens, justement, sais-tu qu’à Martel il y a un dépôt de train vachement intéressant, avec même une vapeur en état de marche ? Oui, je sais, tu vas me dire son petit nom dans la grande nomenclature des matériels vapeurs SNCF, et puis ça va encore fuser dans la vanne à deux balles et au vingt-huitième degré, n’empêche que là, je ne t’entends plus… Et puis j’ai des tas de trucs à apprendre de toi, parce que justement, des trucs, toi, tu en connais plein. Rassures-toi, je suis toujours aussi nul pour reconnaitre un avion envol si nul que même au sol ben c’est pareil, cela dit, je progresse, je fais la différence entre un Beluga et un ATR, c’est un bon début, non ?


Bon, je ne vais pas te raconter nos vies, tu les connais aussi bien que moi, je ne vais même pas calculer depuis combien de temps on se connait, ce n’est pas le nombre de bougie qui fait le goût du gâteau, enfin, sauf si tu y laisses trop couler la cire dessus… Triste sire je suis. Je ne vais pas non plus raconter tous les irracontables, d’abord, ça ne se fait pas, en plus, personne ne le croira, d’ailleurs, même moi, j’y crois pas, alors, à quoi bon ? Et sinon, toi, ça va ? Bien installé ? Tu vas prendre ton bigo et me dire « Salut Didier, ça va ? » puis me raconter tout ça… Oui je sais, je te chambre, mais merde, ça fait vraiment chier ta blague, même si quelque part, je ne t’en veux pas, ras le bol des souffrances, ras le bol des errances entre deux traitements, non, c’est pas à toi que j’en veux, c’est plutôt à cette sacro-sainte règle qui veut que ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier, une règle à la con qui fait que j’ai plus qu’à attendre bien sagement au fond de la queue, et ça, c’est pas la meilleure. Alors oui mon gars, je pourrais te charger, t’abreuver des « t’aurais pu… » Mais non, ça sert à rien, c’est comme ça, moi tu vois mon grand, ce qui me rassure, c’est que tu as fini de souffrir ici-bas, même si la plus grande de tes souffrances a dû être de laisser tes êtres chers sur le pas de la porte mais de là où tu es, de là où tu seras, tu veilleras sur tout ton petit monde, et de là où ils sont, de là où nous sommes, ce sont tes sourires, tes fines blagues, ta sympathie, ton courage, ta disponibilité, ta gentillesse, ta faconde, ton humanité, tes connaissances que nous retiendrons, que nous évoquerons, que nous partagerons, parce que c’est bien là la seule et unique façon de penser à toi, de se souvenir de toi et de vivre après toi. Pour réussir tout cela, parce que nous avons tous un chemin à faire, toi comme nous, nous comme toi, on va faire un deal : Tu prends soin de toi, nous, nous allons prendre soin de nous mais promis, dès qu’on se retrouve, on reparlera de tout cela….



Adieu mon grand, avec tendresse.        

Comment croire?

Comment croire en la vie lorsqu’elle vous prend vos êtres chers ?
Comment croire en la vie lorsqu’elle joue et que l’on perd ?
Comment croire en la vie lorsque les combats se font plus durs ?
Comment croire ?

Rien n’est éternel, tout est temporel, soit.
Mais lorsque le temporel  semble si court
C’est la vie qui s’enfuit, c’est la vie qui court
C’est la vie qui se fuit dans un ruban de soie.

Un ruban de soi.

Le temps file, il ne passe pas
Le temps dresse, maladresse
Il oublie parfois de ralentir, ou pas
Le temps court, on se presse
Trop tard.

Leçon.

On peut pleurer, on peut regretter
On peut râler, on peut hurler
Mais le temps est sourd à nos sentiments
Mais le temps est sourd à nos plaintes
Il passe hautain
Il file, lointain

Le con.

On a beau dire qu’il est un temps pour chaque chose,
On a beau faire comme s’il était éternel,
Le temps gagne toujours à la fin.
Il fane les roses des jours les moins moroses
Il brise les rêves dans leurs étincelles
Il décide et d’un poing final grave le mot « fin »

Abscons.

Comment croire en la vie lorsqu’elle vous ôte le temps ?
Comment croire en la vie lorsqu’elle part sans retour ?
Comment croire en la vie lorsqu’elle vous ment tout le temps?
Comment croire en la vie lorsqu’elle vous joue des tours ?

Peut-être bien en l’aimant vraiment
Peut-être bien en l’aimant tout le temps
Parce qu’au fond, il n’y a pas de temps à perdre
Parce qu’au bout du compte, on ne sait jamais…

Oui. Jamais.

C’est aussi cela la vie,
Un immense espoir
Un espoir de vie,
à prendre en pleine poire
Un espoir à vivre,

Parce qu’au fond,
L’important
Dans le temps,
C’est l’instant

Ni avant, ni après,
Juste pendant,
Juste l’instant,
Juste ce temps

Vivre.

Comment ne pas croire en la vie lorsqu’elle vous secoue ?
Comment ne pas croire en la vie lorsqu’elle vous montre
Que le ciel peut-être bleu comme noir, mais qu’il reste ciel
Que le temps qui file n’agite que les aiguilles de la montre
Que nous ne sommes que des fous à se tordre le cou
Oubliant trop souvent où sont nos essentiels

Pauvres cons.

A tire d’ailes, vivons.

Silence.

Un ange passe.

Ainsi soit aile.
Volons.







silence à l'écrit, cris sourd

Le silence scriptural est venu rejoindre l’aphonie volontaire, comme un ras le bol de cette société qui ne s’exprime plus que par la violence et la multiplication des actes assassins. Il fut un temps où mes maitres, messieurs Brassens, Brel et surtout Ferré, trouvaient des mots à mettre sur ces actes violents, des poèmes sans fin pour dénoncer la cruauté de l’abject, des illustrations démonstratives de cette évolution des mœurs qui se voudrait plutôt régression. Aujourd’hui la plume serait fiel et les chiens d’alors des toutous bien caniches. Aujourd’hui mon encre sent le aigre jusqu’à donner l’envie de gerber plutôt que d’écrire, il n’y a plus rien à décrire, comment croire encore aux contes défaits ? La mise à mort est plus souvent de mise que de miser sur le rouge ou le noir, n’en déplaise à Stendhal. Oui, on tue, à la kalachnikov comme à l’arme blanche, à la main comme au volant, on écrase tout parasite qui ne vit pas comme soi, on se délecte à broyer celui ou celle qui résiste, celui ou celle qui n’offre pas une clope, un billet, on tire pour un regard à peine de travers, au fond le respect de l’autre s’enfuit tout autant que le respect de soi.


Les mots ne sentent que la rose, de ces roses à tombeaux qui vous hérissent le poil et vous dérangent les narines, une odeur nauséabonde de sang et d’orphelin, de drames et de hontes. Putain, qui sommes-nous donc, pire que des chiens, pire que des loups, des faucheurs employés de la faucheuse, des abrutis ne maitrisant plus la subtile intelligence dont parait-il l’espèce fut dotée. Marre de lire ces lignes, marre de voir ces images, marre de vivre ce monde et ce mode, cette nouvelle mode. Le code de l’honneur n’est qu’un index bien dressé face aux trous du cul formant cette décadence et ayant choisi le raccourci du combat plutôt que du dialogue. Drogués d’un pouvoir bien plus de possessions que monétaire au fond, un pouvoir où il n’y a pas overdose mais manque permanent, on tue pour avoir sa came, ce manque de ce qu’on n’a pas, oubliant que le manque principal reste le manque d’intelligence, d’humanité et de vivre. Mort, assassinat, violence, vol, accident, démence, comment pourrait-on associer ces termes avec « humain » ? Ras le bol. J’éteins.


Que chaque lecteur puise en son âme et conscience dans les boues de l’information la pitance qui lui sied, pour ma part le niveau de saturation est atteint jusqu’aux vomissures des lèvres, je ferme donc le robinet et vous laisse à ces charmantes proses. Je vais laisser décanter et peut-être un jour reprendre la plume et son encre violette pour qui sait, écrire encore, des pleins, des déliés, des sourires, des rires, des délires, d’autres formes d’enchantement, ne vous en déplaise… Mieux vaut en sortir vivant.  

    

Secret de lune

Le soleil se lève à l’est
Mais il se couche à l’ouest

Comment voulez-vous comprendre
Comment voulez-vous apprendre
Avec un pareil zigoto ?

Se lever d’un côté
Et se coucher de l’autre,
Pourquoi pas, mais quand même
Un jour ou l’autre,
Il faut bien rentrer
A pied ?

Apprendre ne sert à rien
Comprendre sert à tout
A moins d’être un perroquet
Ou bien un dictaphone
Non, à rien du tout !

Après tout,
Apprendre le trajet du soleil lorsqu’il se voit
Sans comprendre comment il revient
Serait croire que chaque jour un soleil nait
Que chaque soir un soleil meurt

Oui, mais la lune ?

Ah la lune, mon cher Pierrot….

Chaque soir elle se lève,
Puis elle charge sur son dos
Le soleil de sa journée fatigué
Et elle l’emporte à son dodo

Mais comme elle fatigue
De porter son fardeau,
Nuit après nuit, maligne
Elle le décale sur son dos

C’est ainsi que chaque soir,
La lune passe plus ou moins caché

Et lorsque trop fatiguée
Elle prend le soleil dans ses bras
Nous, nous la voyons pleine

Il est temps d’y offrir nos draps
Alors, pour nous en remercier,
Sans rien dire, elle les blanchira

Secret de lune