Au grand galop....


Dans une société qui galope, seule la dernière image est imprimée. Nous sommes tous bernés par nos nouveaux modes de communications, oubliant que pour une image montrée, des tas d’autres s’en vont rejoindre les abimes des rushes, rejoindre les fonds de poubelles, oubliettes modernes de notre siècle de grands communicants. Un film, c’est une succession de scène, jouées de façon décousues, rejouées, travaillées jusqu’à la perfection avant d’être patiemment nettoyées, découpées, assemblées, recomposées tout cela avant d’être montré au public béat d’une telle perfection. Combien de jours de tournage pour un peu moins de deux heures de film ? Combien de faux décors, de faux semblant pour cet instant criant de vérité ? C’est la même chose pour un reportage télé, on interroge un grand nombre, on n’en retient qu’un ou deux, on coupe les phrases, on change en voix-off les questions, voilà, c’est simple, ça fonctionne et les gens en redemande de cette information-vérité. Un canular téléphonique ou filmé, c’est la même chose… Combien de fois la blague est-elle tombée à l’eau avant de réussir ? N’a-t-il pas fallu finir par financer un intermittent pour accomplir la réussite de l’opération ? Que retient le spectateur ? Un rire, la bonne blague !  C’est si bien ficelé…

La télé réalité fait ses choux gras, à coup de morceaux choisis, à coup de coupes dans le « pas bon », à coup de finance dans le « joue-moi le comme ça » et si cela a su fonctionner durant des années, il semble que les gens soient lassés d’être sans cesse ainsi bernés. Tant mieux. Place à la remise en question, place à l’esprit critique, se poser la question, essayer de comprendre, chercher plus loin que le trop parfait, trop lisse qu’on veut bien nous montrer. Une émission montre la difficulté dans un couple, dans une famille, conflits exacerbés histoire de faire « plus vrai », mais oubliez l’image, ne tombez pas dans le piège, imaginez maintenant la même scène, avec tout le personnel qui filme, qui prend le son, qui maquille, qui coache, qui instruit les dialogues…. Ciel, ce n’est plus le même film qui passe…  Assistez à l’enregistrement d’une émission, vous verrez, c’est instructif ; Le chauffeur de salle est là qui vous demande d’applaudir sur ordre, d’abord, il vous aura placé, en fonction de votre physique, de la couleur de vos habits, et si vous portez une jupe courte ou un profond décolleté, vous serez immanquablement dans le champ de la caméra…. Si, si…. Alors, on enregistre aujourd’hui les rires, puis demain on montera les sketches et ensuite on fera les jeux avec un autre public, choisi, sélectionné. Mensonge ? Manipulation ? oh ! Comment vous y allez ! Non, tout simplement de la télé réalité, de la réalité virtuelle, et au final, le gage d’une bonne émission pour la majorité des gens donc des parts de marché. Auriez-vous perdu le sens des affaires ?

Lorsque les capitaux sont croisés, ou plutôt, lorsque les plateformes de visualisation sont segmentées selon les publics à l’intérieur d’un grand groupe d’investisseur, disons par exemple la une pour les plus de cinquante ans, la six pour les trente-quarante, lorsque la mode est à la cuisine, on peut placer un masterchef d’un côté et un top chef de l’autre sans se faire de l’ombre mais surtout, en remplissant ses deux poches. La musique se vend moins, par lassitude sans doute, pas de soucis, quelques tentacules plus loin sur la TNT et voilà une nouvelle staracademy ou bien popstar ou encore nouvellestar s’en viennent visiter les méandres des chaines émergeantes. Les affaires sont les affaires, les gros sous attirent les gros sous, regarder bien ma main droite c’est par la gauche que je volatilise le foulard que vous croyez avoir disparu… Alors ? Alors, soyons nous, critique et non lobotomisé, attentif aux messages, cherchant le sens réel, apprenons à lire et à chercher notre meilleur moyen de se renseigner, soyons nous mais surtout, soyons le vraiment… Réellement….  Sans télé…

Préambule ou crépuscule?


Préambule en bulletin, un pape qui s’en va buller plutôt que de faire des bulles, pas de quoi déambuler sans déambulateur, le temps est venu d’immobiliser la papamobile, un petit tour d’hélicoptère et puis s’en va, il fut un temps ou les ascensions du jeudi se faisait sans pareils artifices. Ainsi va le monde moderne, les hommes restent des hommes quels que soient leurs habits et leurs, comment vous dites ? Vocation ? Allons donc, les vocations sont désormais temporaires, vouées à la seule volonté de celui qui les choisit, et si les voies du seigneur restent impénétrables, à qui donc demander congé ou bien prendre sa vacance ?  Il est vrai que la chair est faible, bien plus que l’esprit, et si l’âme est pure, son enveloppe charnelle longuement pétrie se ramollit et fatigue, au point de nécessiter des repos pas toujours compensateurs, des absences jusqu’en des fonctions qui jusque là n’étaient pas soumises à défaillance de présence. Après tout, il est des jours sans pain, des jours sans viande, de quelles provenances carnées qu’elles soient, des jours sans docteur, sans dentiste, sans médicament, des jours sans travail et même des jours sans curé, il suffit d’y songer, de se le rappeler, et de fonctionner avec les jours qui sont jours en omettant les jours de fermetures, mais quelle idée de mourir pendant les vacances….  Dieu décida de se reposer le septième jour et de là ordonna que chacun se reposa le septième jour, moi je veux bien, mais expliquez-moi, pourquoi la messe le dimanche ? Et puis, c’est comment qu’on compte et qu’on décompte pour en arriver à ce septième jour ? Et si la règle voulu que ce soit le septième jour après la naissance ? Après tout, Dieu lui-même s’est reposé le septième jour de la création du monde…. Et oh ! Quand même, pas si con ma règle ! Tu bosses six jours, puis tu te reposes…. Bon, voyons, je suis né un samedi, donc je me repose … ben le samedi ! Voilà pourquoi je n’écris point le samedi ! Comme quoi, il y a toujours une explication….

Il n’empêche, que notre saint père émérite, remet sa démission en plein Saint Pierre de Rome, le jour de la saint Romain, ça, si ce n’est pas pertinent, c’est tout de même un joli pied de nez offert en souvenir des martyres chrétiens pourchassés et massacrés par le peuple romain, enfin, je trouve… Cela dit, le pape prend de la hauteur, il survole les débats du haut de son hélicoptère immaculé et immatriculé, quelques jours de repos le temps de repeindre sa future chambre d’où il priera pour le bien de ce monde. Et comme le dirait monsieur Notedelauteur, ne cherchez pas de trop un double sens qui n’en serait peut-être pas un non sens. Ce sera donc dans les derniers jours de l’hiver, que tous ces nobles cardinaux vont se blottir bien au chaud après avoir calfeutré dûment les portes, sans peur des risques d’intoxication au monoxyde de carbone, comme quoi, les règles ne s’appliquent pas à tout le monde, bref, ces cardinaux vont faire le point, chose attendue puisqu’il est connu de parler de points cardinaux, et si le froid est trop vif, ils allumeront le vieux poêle qui, immanquablement, se mettra à fumer, plus ou moins foncé, question d’humidité dans le combustible. Si la fumée blanche, c’est qu’un pape est né, vieux, certes, mais il est né le divin successeur, si la fumée est noire, c’est qu’il fait trop froid pour sortir et qu’il faut départager l’impartageable, et satisfaire à la loi du trône qui ne tolère qu’une paire de fesse par siège, fusse le saint siège. A la question sous-entendue et souvent entendue, la couleur de la fumée du poêle pontifical n’est pas à liée à la couleur de peau du pape élu, ce n’est pas parce qu’elle a toujours fumé blanc pour élire un pape blanc que la règle évolue aussi facilement. Il faudrait pour cela ouvrir un concile alors que l’on n’a même pas fermé le conclave.

Certes, Dan Brown a réveillé ou révélé au monde ébahi les désormais célèbres illuminati, mais quand même, laissons faire les choses selon les rites établis, qui sait, peut-être bien que Jésus lui-même organisa un conclave avec ses fidèles lieutenant afin de décider qui jouerait le rôle de judas, et l’humour étant-là, c’est aux rires qu’on déclama que Judas serait le judas ? Tant pis si par les siècles et mauvaise compréhension ce rôle essentiel en fut mal perçu et qu’au contraire, on n’en vit qu’un personnage démoniaque, cela reste un comble et un non sens, car au fond, pour que la volonté divine s’accomplisse, ne fallait-il pas un déclencheur, un qui soit présent et qui livre le meneur aux soldats ? Démon ou dieu ? Ange ou démon ? C’est du pareil au même, l’un ne brille pas sans l’autre, l’équilibre, c’est de marcher entre deux mondes qui au fond, n’en sont pas forcément non liés. Et si Judas n’eut pas été judas, qui parlerait de Saint Pierre, de Rome et du pape de nos jours ?    

Parcours nocturne


Les nuits de l’hiver, si elles sont les plus fraiches de l’année sont aussi et surtout les plus brillantes, lorsque les nuages ont pris leurs quartiers d’hiver sous d’autres cieux, lorsque les brumes maritimes s’en vont vers d’autres rivages, ce n’est plus une plage sauvage et déserte mais une plage aux étoiles, illuminée de mille éclats. La lune pleine et ronde éclaire avec cette douce lueur les hoyas, les pins et les dunes, d’un halo presque fantomatique donnant une vision fantastique de ces paysages si connus. Les étoiles explosent le regard qui ne sait où se poser, constellations, voie lactée, souvenirs d’enfances, souvenirs d’errances, la carte du ciel devient une carte aux souvenirs. L’océan ne s’est pas éteint, tout juste un peu plus calme, roulement de vagues en roulement sonores, écumes essayant d’engloutir les pales reflets des étoiles ayant tout donné aux cieux. Seul sous la lune, blotti dans un épais manteau, l’écharpe bien serrée autour du cou mais les cheveux toujours aux vents, il profite de ce désert de gens, de cette foule de sensation. Nature. Naturel. « Chassez le naturel il revient au galop » souriante image, il imagine, sortis du fond de ce décor, des chevaux au galop jouant à piétiner l’improbable frontière entre terre et océan. Les cavaliers de la nuit, spectacle équestre du plus bel effet mais non, tout le monde dort, tout le monde se calfeutre, certains rêvent sans doutes et peut-être que d’autres veillent avec ou sans doute, la plage est déserte, offerte, un de ces moments magiques où le temps est en pause.

Se perdre dans les étoiles à en avoir le vertige, perdre tout repère, n’être plus qu’un regard qui erre, qui chercher, qui espère raccrocher à ces alignements brillants des noms autrefois sus. Se sentir tout petit, minuscule grain de sable posé sur le sable, mordu par le froid, perdu par la nuit, chahuté par les étoiles, qu’elles soient ourses ou chariot, petites ou grandes, Orion ou voie lactée, de temps en temps perturbé par cette étoile mobile, mauvais leurre qui n’est qu’un avion. Un avion qui passe, des passagers qui voyagent, regardent peut-être au hublot sans rien voir, encore moins le voir, lui, si petit dans l’immensité. Autant de destins qui se croisent sans se rencontrer, c’est aussi cela la vie. Comment ne pas être troublé par toutes ces notions, comment ne pas en être ragaillardi ? Le grain de sable petit prend ses énergies aux sommets comme au ras de l’eau, des étoiles comme de la terre, nettoyage de l’âme, puissance de l’esprit. Bien sûr, il aurait pu les voir ces fichues étoiles de sa terrasse ou bien depuis le port, mais il y a trop de lumières artificielles, pas assez de recul, pas assez de profondeur, pas assez d’isolement, pas assez d’abandon sans doute…. Tout comme une méditation, le besoin de voyager libre est inscrit dans chacun des fils envoyés par les étoiles. Rêverie, flânerie, songe, pensées à la pelle qui se bouscule et sonnent mollement dans cet espace vide avant de s’enfuir et de se perdre dans la nuit. S’il n’y avait le froid, le sommeil prendrait vite le pas. Engourdi, raide et exténué de cette agitation immobile, il se relève et jette un dernier regard à l’océan sauvage, rebelle, joueur. Quelques pas en titubant, quelques foulées dans le sable trop mou de la dune trop abrupte, le voilà en chemin. Un chemin aux multiples chemins, par la route, par la forêt, par la plaine, par le sentier, la vie n’est faite que de choix, les pas succèdent aux pas. De sable mou en sable dur, un peu de goudron, puis non, une piste, la forêt, des arbres dont les branches déchirent l’ambiance lunaire, des bruits multiples, crissement sous les pieds, écorces qui se déforment sous le froid, habitants noctambules quittant avec effroi la piste si pratique par peur de croiser un humain. Marche étrange, nécessitant de maintenir les sens en alerte, d’apprendre à ouvrir les yeux pour mieux discerner les reliefs du terrain, les racines en travers, le sable mou en ornière, et tant d’autres pièges.

Retour à l’abri. Trop de lumière, trop de chaleur, il faut du temps pour se réhabituer. Un peu fatigué, un peu groggy, beaucoup enivré par tant d’émotions, tant de sensations, tant de leçons et d’apprentissages, c’est si riche la vie si intense, surtout dès que l’on sort des sentiers battus….          

Page blanche


Page blanche, page vide, page sans mot
Silence par écrit, des mots partis trop tôt
Blanc, vide, livide, sans cris, sans écrits
Emotions sans sons, une vie sans vie

Qui était-elle ? Qui était-il ?
Présent, absent, tout se mélange
Ici, ailleurs, rien ne change
Intéressant comme futile

Page grise, page pleine, pleine de maux
Le silence comme un cri, parti trop tôt
Un blanc, un vide, livide, des pleurs, un cri
Emotions qui sont, une vie qui n’est plus une vie

Mais qui était-il ? Mais qui était-elle ?
Je l’ai connu ? Quand ? Comment ?
Peut-être avant, avant le temps
Au fond la vie n’est qu’une chose mortelle

Page noire, page triste, page nécessaire
Silence dans l’écrit, des mots comme suaire
Noir, blanc, livide, semblant, pleurs, vies
Orphelines à jamais, c’est le cycle de la vie

Elle, il, lui… Silence, absence.
Pensées, fleurs, présence
Confidences en silence
Invisible présence

Page en couleur, explosions des mots
Silence dans le bruit, inaudible tantôt
Des couleurs et des fleurs, la vie
Vivre est pour les vivants
Vivre, et pour les vivants…

Amour.

Acide


Acide comme la pluie, comme la vie, acide parce que c’est ainsi. Comment peut-on avoir confiance dans l’espèce humaine quand ces représentants, les uns après les autres, ne savent être présents que lorsqu’ils en ont besoin ? Comment peut-on croire en l’humain, lorsqu’il oublie le sens du mot « humanité » ? Mais c’est quoi ce monde d’égoïste ? Des preneurs d’otages qui vous prennent en otage dans votre propre vie, avec comme rançon ce que vous pouvez leur apporter, puis basta, zéro, plus rien, mode je décroche, je passe aux abonnés absents…. Alors ok, soyez absent, mais réalisez bien que cette absence n’est qu’une absence de votre vie, un manque de présence dans ce temps présent qu’il vous est donné de vivre. Entre la vie et la mort, vous choisissez la mort, le noir, le froid, celui de votre cœur, celui de votre âme, parce que le sombre des êtres que vous laissez de côté se transmet plus malicieusement que les rayons de soleil et les douces énergies que vous savez cueillir au besoin. Les êtres que vous oubliez, que vous négligez vivent leur vie, sans incidence, peut-être amer de ces silences trop forts, mais au fond, cela les aide à grandir, à reconsidérer l’importance de la relation, à prendre eux aussi de la distance envers vous, non pas pour l’aide, cela ne se choisit pas, mais pour le simple relationnel.

Acide comme une brulure, un mal étrange qui ronge et détruit, isole et ferait gamberger si ne plus être était source de peur. Que décidons-nous ? Que pouvons-nous ? Rien, c’est bien là, la magie de la vie. N’est pas le plus isolé celui que l’on croit le plus isolé. Mieux vaut être seul au milieu du vide que d’avoir perdu ses notions d’humain et se croyant bien entouré. Le monde est plein de fausses connections, de mauvais contacts, de parasites et de faux-semblant. Cela n’est pas une raison de fonctionner avec et dans ce moule-là. C’est quoi le plus utile, avoir des tas d’amis, de contacts ou bien avoir juste un tout petit nombre de personnes qui sont présentes tout au long de votre vie, que votre vie rit, que votre vie pleure, que votre vie soigne, que votre vie apaise, que votre vie saigne, que votre vie sombre, que votre vie se perd…. La course au temps, le manque de temps, le trop de temps, le « j’aurai le temps », le « pas le temps », les peurs, toujours imbéciles, les élucubrations, les fausses croyances, … il y en aurait des choses à trouver, à écrire au chapitre des fausses excuses, parce que tout ça ne sont que fausses excuses et mauvaises excuses.

Acide comme du bon, parce que parfois la colère est bonne, parce que les émotions se doivent d’être vécues pleinement, parce qu’une salade sans vinaigrette serait fade, à condition d’en respecter les dosages, ni trop acide, ni trop amer, ni trop doux, ni trop gras….comme la vie ! Alors oui, ça fait mal et ça fait chier, tous ces numéros sans sons, sans voix, sans présence, mais tant mieux qu’ils aient d’autres occupations, d’autres présences, je leur en souhaite le meilleur, les plus grandes chaleurs et les plus belles intensités. L’acidité se calmera, il y a des pansements pour cela, la vie reprend toujours ses droits, et si d’aventures le répertoire trop vieux laisse choir par mégarde quelques numéros ce ne sera que pure coïncidence et disons, une forme de détachement ? Au fond, la vie est si attachante, si multiple, si variée que d’autres moments, d’autres choix, d’autres temps viendront la composer, du moins, tant qu’il en reste le temps… Nos vies sont comme les arbres traversant les saisons, les feuilles tombent à l’automne d’un soir, de nouvelles naitront au printemps suivant, juste qu’entre-temps l’hiver gèle et débarrasse des parasites, il panse les plaies, il favorise le repos pour mieux repartir le moment venu. Et le moment viendra…

Acide, oui, mais pas amer. Un détail ?


Bien sûr


Bien sûr il y eut la colère,
Ce sentiment d’être trahi,
Cette peur d’être solitaire,
Partir sans fin vers ton oubli

Bien sûr il y eut le désarroi,
Comment peut-on comprendre ?
Il y a de quoi en perdre la foi
Et des larmes à revendre

Bien sûr il y a l’entourage
Tricot aux mailles relâchées
Mais les mots de courage
Ne remplacent pas tout à fait

Bien sûr il y a l’absence
Ce vide froid immense et gris
Ce temps glissant en vacance
Sur l’absence d’une vie

Bien sûr il y a l’abandon
Ce coup au cœur sournois
Il vient et frappe cupidon
Brise la flèche d’un mort bois

Bien sûr il y a les larmes
Il n’y a pas d’âge pour être orphelin
Il n’y a pas d’âge pour être sage
Tout cela n’est que chagrin

Bien sûr il y a la vie
Dans ceux qui restent et qui survivent
Dans ceux qui pleurent et qui espèrent
Vivre malgré toi n’est pas un oubli

Bien sûr il y aura des rires
Bien sûr il y aura du vide
Bien sûr il y aura des pleurs
Bien sûr il y aura des fleurs

Bien sûr nous serons proches
De tous ceux qui sont ici-bas
En entendant ces tristes cloches
Et ton départ vers l’au-delà

Bien sûr le temps semble s’arrêter
Mais il file à grande vitesse
Sans qu’on ait pu le stopper
Sur le temps d’avant tristesse

Bien sûr tu dois bien rire
De nous voir tous pleurer
De voir notre inutile ire
De ton départ avec regrets

Bien sûr tu nous observe
Nous sommes tous orphelins
D’une épouse, d’une mère, d’une grand-mère
D’un temps au fond pas si loin

Bien sûr tu nous conseilles
Et tu rattrapes nos erreurs
De ces leçons restées en veille
Des choses non dites par pudeur

Bien sûr tu dois bien rire
Lorsque la casserole accroche
Ou qu’on oublie la poêle à frire
Piètres apprentis en devenir

Bien sûr tu dois mieux respirer
Sans cette vie qui t’a étouffée
L’âme sans le corps s’est étirée
Et sur nous s’en vient souffler

Bien sûr, je pourrais encore écrire
Des tas de choses qui me viennent
Des tas de choses et de sourire
Mais ces choses-là sont aussi tiennes

Bien sûr il y a toujours la place
Celle d’être ici et là
Celle d’être en bonne place
Celle d’être avec foi

Bien sûr je te pardonne
Enfin, pas tout à fait
La fin qui trop tôt sonne
Ne peut être acceptée

Bien sûr il est trop tôt
Bien sûr il est trop tard
Bien sûr partie si tôt
Bien sûr compris si tard

Bien sûr … mais pas si sûr
Au fond, de quoi peut-on être sûr ?



La communication zéro ou bien la zéro communication


La communication zéro ou la zéro communication, c’est bien ainsi qu’elle devrait s’appeler, celle-là même qui a nos suffrages dans notre vingt-et-unième siècle, mais c’est quoi cette forme de communication sans communication ? C’est celle qui ose prendre le pas sur les sens, celle qui se passe des sens, celle qui finit par perdre l’essence même de ce qui fait de l’Homme une espèce soit disant évoluée. La communication écrite a de tout temps existée, quand bien même l’écrit s’est transformé dans les âges, le code s’est perdu durant de longues années mais elle existait, de manière très picturale parfois. Au fil des codes, au fil des langues, au fils des mots choisis, les mots écrits n’ont pas toujours eu le même sens à la lecture, parce que nos langues sont vivantes, parce que nos cultures sont différentes, parce que notre niveau de compréhension est différent d’un individu à l’autre. Difficile exercice que de communiquer par l’écrit, et cela même si l’on prend la peine de faire des phrases simples, chaque mot de vocabulaire est une commode pleine de tiroirs dont chaque tiroir renferme un sens, ce sens étant lui-même exprimable en  mots, nous voyons par là-même tout le non sens d’une transmission de sens par ce biais. Un texte devient mille interprétations, les explications de textes deviennent une forêt d’explications, quelle complication.

Ramenons ce texte à l’expression technologique actuelle la plus courte, j’ai nommé le SMS, Short Message System, ou bien encore texto selon les vocabulaires différents des différents opérateurs. Quelques mots, quelques lettres, quelques signes et basta, un message part d’un numéro à un autre, parfois plusieurs autres, le sens donné à ce petit message se perd dans les lignes électroniques et finit par ne peut-être pas arrivé tel qu’il aurait dû l’être. Ajoutons à cela, que l’être humain dispose de cinq voire même six sens, d’un arc-en-ciel d’émotions qui peuvent aussi interférer et troubler la perception du message reçu. Si en plus, le message utilise des doubles sens, là, arriver à communiquer par ce biais devient la quintessence de la chance absolue. Mais alors que faire me direz-vous ? Et bien, je dirais, réserver ce système de communication à des choses simples et courtes, privilégiez d’autres formes de communications plus riche en sens… La voix porte des vibrations, des émotions, tout cela en plus du message délivré, et cela aide déjà à faire la différence entre plaisanterie ou sérieux, à sentir le ressenti et donc à mieux communiquer. Y ajouter l’image, c’est voir sur le visage de son interlocuteur l’évolution de ses expressions et donc corriger le tir lorsque le message se voulant amical ou rieur est perçu comme agression ou bien encore moqueur. Mais alors, pourquoi ne pas passer en réel ? Le réel, c’est le contact par excellence, la perception de tous les sens, le toucher qui devient touchant, le dialogue vrai, plus posé parce que possible, les émotions vraiment partagées pouvant enfin s’exprimer en larmes comme en rires, voire même en larmes de rires, et puis, consoler, cajoler, sont soudain exprimable pleinement… Voilà le vrai dialogue, voilà la seule vraie communication…

Alors que faire ? Bannir les messages électroniques trop courts ? Non, cela serait extrémiste, il convient juste d’y poser l’usage qu’il y convient. Message court = Discussion courte, voire même mieux, simple communication de message. Par contre, s’efforcer de vivre en réel, de communiquer en vrai, oser s’appeler, oser se voir, s’asseoir, marcher mais causer et causer vraiment, ça parait imbécile, mais dans nos sociétés trop enclines à n’e communiquer qu’électroniquement, c’est un énorme pas en arrière qui s’avère être un vrai pas en avant redonnant ainsi toute humanité à la communication.

Un doute ? Et bien, essayez…..

Un ange gardien


Un ange gardien. Il est là, invisible et silencieux, à l’écoute de votre appel, de vos prières, de vos désirs, ou presque. Il ne parle pas, enfin, il ne peut pas communiquer avec vous, non pas sa volonté mais par l’absence de la vôtre. Parce que lui vous entend, parce que lui vous parle, mais dans un autre plan, dans d’autres fréquences et vous, vous n’entendez pas, alors, l’ange gardien se sert de mille subterfuges, il s’en vient visiter vos rêves jusque dans vos rêves les plus éveillés, il communique par tout un tas de choses passant pour de simples coïncidences à vos yeux et vos pensées de terriens, une chanson qui passe juste à la radio, une image, un nuage, un chien qui aboie, une plume blanche comme perdue de l’aile d’un ange qui s’en vient voleter et se poser devant vous. Les anges gardiens sont là, partout et toujours près de vous. Question de vocabulaire, d’éducation, de culture, qu’on les nomme anges, guides, lumières, protecteurs, gardiens, ou autres, ils s’en moquent, l’important c’est que vous leur parliez et que vous les appelez à venir vous parler. Parfois, ces anges gardiens sont vivants, ou plutôt, ils viennent sur terre dans un passage, relever un défi, vaincre un de leurs démons, clore un karma, et parfois, tout en étant sur terre, ils restent anges gardiens, protecteurs, guides spirituels ou guides de lumières, soigneurs des bobos de l’âme comme ceux du corps. Ce n’est jamais le plus facile car on ne peut aider quelqu’un qui ne le souhaite, il faut savoir vivre en sommeil, attendre un appel, et ce n’est pas le plus facile. Soigner les bobos de ces corps si facile à réparer, passe encore, par contre, les âmes des terriens sont fermées à double tour et refusent de voir la lumière. Il faut beaucoup d’amour pour les guider vers ce qui n’est d’abord qu’une pâle lueur, il ne faut jamais les éblouir au risque de les perdre quasi à jamais. L’amour est l’arme la plus puissante des anges gardiens, autrefois, c’était aussi l’arme la plus puissante sur toute la planète, mais la cupidité, le désir, la supériorité ont enfermé l’amour dans une cage dans laquelle il ne peut se déployer et d’où il ne peut pas rayonner.

De tout temps, en tout coin de la terre, ces anges gardiens à apparence humaine ont été chamans, hommes-médecines, docteurs, marabouts, sorciers, druides, guérisseurs, rebouteux, ou autres, parfois imités par des charlatans, souvent enviés, jamais égalés, et pour cause, leurs pouvoirs sont divins, leurs savoirs immenses, leurs champs d’action sans limite. L’amour qu’ils portent aux êtres est un amour inconditionnel, un sentiment bien plus grand que ce que les hommes ont pu et peuvent vivre dans ce qu’ils nomment « amour ». Pourquoi ce ressort s’est-il cassé ? Comment les chemins se sont-ils séparés ? Tout cela est une longue histoire, remontant très très loin, le plus important est de savoir qu’aujourd’hui, ces chemins se sont rapprochés, qu’ils se rapprocheront encore et encore, mais que tant que l’amour ne sera pas revenu dans les relations humaines, les fréquences resteront trop basses pour tutoyer les anges, discuter avec eux et vivre en pleine harmonie. En attendant ce jour, soyons plus attentifs aux signes que nous recevons, osons aimer, osons appeler et parler avec nos guides, posons-leurs nos questions et ouvrons notre esprit aux réponses données tout au long de nos chemins. Il n’y a jamais de coïncidence, ni de rêves étranges, parfois les messages sont répétés parce que nous sommes devenus trop sourd à tout cela. Un message qui insiste, c’est un message important, à entendre, à comprendre, à intégrer. Tout comme il est des anges gardiens sur terre, prêts à aider les autres, et qui parfois insistent et insistent dans des messages, dans des discours parce que les humains restent sourds à ce qui ne vient pas d’eux. Il ne sert à rien de lire les livres de toutes les bibliothèques du monde, d’assister à tous les cours de toutes les facultés du monde, si l’esprit n’est pas ouvert et surtout si l’envie de comprendre et d’intégrer les leçons n’est pas là. Il n’y a là rien de grave à l’échelle de l’éternité. Il y a en toute vie, des choix, des décisions, un libre-arbitre. Tout cela est personnel, rationnel, indépendant des choses du temps. En attendant, il y a toujours près de vous un ou plusieurs anges qui veillent et guident vos journées soit au cours de vos nuits, soit par petites touches savamment déployées tout au long de vos journées…

J'ai aimé


J’ai aimé la vie, j’ai aimé les jours, les nuits des fois
J’ai aimé dormir, me reposer, ne rien faire parfois
J’ai aimé courir, marcher, rouler, skier, pédaler par foi
J’ai aimé rire, pleurer, chanter, parler, se taire quelque fois

J’ai aimé avoir, puis être, pas trop se faire avoir, non
J’ai aimé apprendre, découvrir ; Se tromper, non
J’ai aimé reconnaitre, savourer, sans excès, non
J’ai aimé tout ce que la vie m’a donné, c’est bon

J’ai aimé, oui, j’ai vraiment aimé, j’ai souvent aimé
J’ai aimé, et si parfois je me suis trompé, j’ai aimé
J’ai aimé, mais au fond, peut-on vivre sans aimer ?
Je ne crois pas, de toute façon, je n’aurai pas aimé.

J’ai aimé, avec force, avec conviction, avec passion
J’ai aimé, entièrement, intégralement, avec dévotion
J’ai aimé, sans jouer, sans tricher, jusqu’à l’abnégation
J’ai aimé sans peur, sans retenue, sans pudeur, sans frisson

J’ai aimé. Oui, j’ai aimé. Et alors ?

J’ai aimé jusqu’après la fin, jusqu’au plus profond des larmes
J’ai aimé parfois en descendant avant la fin, un vrai drame
J’ai aimé avant, pendant, après, sans combat, sans arme
J’ai aimé, hier, avant-hier et quelques jours en parme

J’ai aimé, et si l’amour se meurt, on n’en meurt pas, on en pleure
J’ai aimé, et si l’amour s’enfuit, ce n'est qu'une pluie sur les fleurs
J’ai aimé, et si l’amour aime, alors oui, j’aime l’amour et ses lueurs,
J’ai aimé et si l’amour se donne, l’amour aussi donne des sueurs

J’ai aimé, oui, j’ai aimé, tout simplement
J’ai aimé, comme j’aime être vivant
J’ai aimé et je vis mon présent
J’ai aimé et je suis vivant.







Ad Vitam Aeternam


A peine sorti de la fin du monde programmée par les mayas, nous voici plongés à nouveau dans le début de notre fin cette fois ci programmée par Nostradamus, il est vrai qu’on l’avait un peu oublié, tout cela orchestré par un pape jouant la carte de la démission alors que son employeur ne se voudrait que céleste… bigre, quel coup de tonnerre dans le petit monde cathodique, pour un peu, ça passerait pour pas très catholique tout cela, mais au fond, quoi de surprenant ? Cet homme bien qu’élu pape n’en est pas moins homme, grand théologien devant tous et auteurs de merveilleux livres dont le dernier annonçait que Jésus ne serait pas né en zéro, sans jeu de mot, n’allait pas dire que Jésus n’est pas né en héros non plus… Avait-il donc déjà pris ses distances d’avec le saint siège sur lequel il était pourtant assis ? Allez savoir, toujours est-il qu’il est plus ou moins surprenant d’aller à l’encontre des théories qu’on est sensé défendre au plus niveau qu’il soit. En fait, s’en est même terriblement humain, très vingt-et-unième siècle, et qui pourrait faire des remontrances au pape lui-même, il est même hors d’atteinte des bulles papales, c’est pour dire ! Ce côté humain, au cœur de la religion est très nouveau et la rapprocherait presque du peuple, ne les voilà-t-ils pas qu’ils nous prennent la retraite à quatre-vingt-cinq ans, des congés et même des grandes vacances, ça, l’expérience personnelle nous l’as hélas appris. Hélas parce que ce fut dans d’amères circonstances, hélas parce que les remplaçants ne furent pas dignes de foi, si j’ose dire, et quand une période unique et non déplaçable de la vie, il n’est pas agréable de subir. Alors, oui, un pape qui s’en va parce que plus en état d’exercer ou bien plus en accord avec les dogmes qu’il est sensé délivrer moi je trouve cela génial. Sans compter que du très haut de sa fonction, il ait accès à la célèbre bibliothèque du Vatican, celle-là même qui renferme des trésors aux parfums de souffre sûrement, d’autres écritures, d’autres thèses et antithèses et qu’en bon théologien il ait pu en découvrir les étagères les plus recluses, ça, j’avoue que la tentation existe bel et bien même chez l’humble lecteur que je suis. 

Mais Nostradamus dans tout cela ? D’ailleurs, il n’est pas le seul, d’autres théories, d’autres prophètes, qui annonçant un pape noir, qui annonçant un dernier pape, qui annonçant la fin du monde pour le règne du prochain pape de rang, bref, la littérature est nombreuse et peuplée de ces promesses dont on ne sait encore si elles seront sans lendemain ou pas. Doit-on imaginer un pape jeune ? Doit-on espérer un pape brésilien pour donner le coup d’envoi de la prochaine coupe du monde de deux mille quatorze au Brésil ? Vu les plaisanteries nombreuses et douteuses sur les brésiliens du bois de Boulogne, je ne franchirai pas le pas d’un pape gay, s’il est déjà enjoué, ça sera pas mal. D’ailleurs, a-t-on besoin d’un pape ? Le Vatican, oui, mais nous, par nos temps de crise qui ne sont pas des temps de crise de foi, avouez tout de même, qu’un pape même mobile ce n’est pas très pop… Il est loin le temps des pouvoirs tripartites, entre le Roi, le Clergé et la Noblesse. On a décapité le Roi et mis en place une république qui élit son Roi tous les cinq ans, sans forcement que cela soit mieux, mais au moins, ça change ! On a enfermé le clergé dans des dogmes vieillots, un folklore qui n’attire plus personne et des béatifications à tour de bras sans qu’on sache pourquoi. Enfin, on a tué la noblesse, la divisant en très riches partis non pas à Varennes, mais à Genève, Bruxelles ou Moscou, l’autre partie croulant sous les taxes au point de finir dans la vindicte populaire sans l’enrichir pour autant. Sommes-nous plus heureux les autres jours autours du quatorze juillet ? Y’a même plus de tour de France, c’est à coup de piquouzes qu’ils grimpent nos montagnes le sourire aux lèvres, à grand coup de million et de plage horaires réduites aux heures de télévisions. Non. Tout fout le camp voyez-vous, même le pape, alors, monsieur le pape, bon vent et profitez de vos heures dédiées à la retraite dans son sens le plus religieux pour mesurer combien des premiers personnages vivant le schisme juif se reconnaitrait dans ces dorures trop brillantes et ce monde trop superficiel.

Qu’importe le pape à venir, puisse-t-il occuper le devant de la scène des infos sans oublier la cène et ce qu’on en raconte… Qu'importe les prédictions et surtout....leurs interprétations !

Des herbes et des bruits


Le vent souffle par rafale sur cette lande perdue au milieu de nulle part, vaste étendue au relief sans relief, moutonnement à peine dévoilé par les ajoncs et autres graminées, de temps en temps une zone de tourbière venant gober le pied de l’imprudent qui ne sait pas où il est ni où il met les pieds. Un vrai no man’s land, mais quelle idée de s’en venir en balade jusqu’ici ? Une balade irlandaise, entre le ciel et l’eau, un ciel lourd, gris et chargé de couches de nuages aujourd’hui, une lande surplombant la falaise que les vagues bruyantes viennent battre avec fracas. On ne distinguait plus la petite route, ni le parking sommaire bordé de barrières où il avait laissé sa voiture, plus rien d’autres que des herbes et des bruits, le vent, les vagues, les oiseaux combattant contre les courants ascendant, les couleurs en vaste dégradé de gris, de bruns, de verts, l’atmosphère pourrait paraitre lugubre pour qui ne sait apprécier ces lieux. Des pas dans un endroit perdu, quoi de mieux pour chasser des idées et s’aérer l’esprit, n’est-il pas ? Qui était-il ? Que faisait-il ? Pourquoi était-il là ? Qu’importe, l’important est qu’il soit. Promeneur solitaire dans une lande solitaire, personnage de l’ombre au milieu des ombres, c’était l’occasion régulière de croiser la faune, de faire quelques photos comme par défi aux vols lourds des oiseaux défiant eux-mêmes les lois de l’apesanteur, c’était toujours l’occasion de marcher et de prendre l’air, d’humer l’océan, les odeurs si particulières des tourbières, d’être seul face à l’immensité de la nature. Ces promenades variaient selon plusieurs circuits, sentes à peine dessinées à travers les touffes d’herbes, elles l’amenaient jusqu’en bord de falaise avant de gravir ce dôme, unique relief des lieux à la ronde, puis de retourner au point de départ, où il retrouverait sa voiture. Quelques kilomètres plus tard, il rejoindrait ce petit village et son minuscule café. Là, il s’installerait tranquille à une des petites tables pour savourer ce thé unique, si puissamment parfumé dont il ne se résignait pas à baptiser de lait, parcourant la presse locale en écoutant les rires et les cris des joueurs de fléchettes et des habitués, plutôt enclin à la bière rousse si caractéristique d’ici, quand ce n’était pas un de ces alcools puissants. Comment ne pas se sentir dépaysé en plongeant ici, au cœur d’un pays, d’une nation, d’une population ?

Les clichés le faisaient sourire désormais, il est si facile de tout unifier sous une fausse couleur locale, d’imaginer que tout est ressemblant, parce que c’est loin, parce que c’est inconnu, alors on colle vite une seule étiquette sur tous les gens du cru. Et non, les hommes et les femmes n’étaient pas tous roux, et non les pulls même irlandais n’étaient pas tricotés selon le même modèle et oui, il était bien accueilli, lui, le « frenchie » à l’accent imparfait et au vocabulaire limité, ce drôle de personnage dont on ne comprenait pas ses promenades solitaires dans la lande sauvage, pas plus que le thé le plus puissant sans son nuage de lait…. Depuis combien de temps était-il ici ? Aucune idée, les jours et les nuits passent en silence sans qu’on puisse les compter. Le temps d’ici n’est pas le temps de là, et si depuis le début de son voyage, il avait navigué de village en village, de chambre d’hôtes en chambres d’hôtel, c’est vrai qu’il s’était posé ici, plusieurs jours, plusieurs nuits, parce qu’ainsi sont les choses et parce qu’ainsi il en avait eu l’envie. C’est là la magie du voyage, un circuit sans circuit, une envie qui génère des envies, être là, ici et aujourd’hui, loger chez l’habitant, goûter aux charmes d’une famille dont peu à peu il découvrait la chaleur, marcher au-dessus de l’eau, non pas au ras des flots mais du haut des falaises, comment n’avait-il pas été ici autrefois ? Cela lui paraissait si limpide, tellement évident, il marchait sur ses propres traces, celles d’une vie d’avant la vie, oui, ici, fut chez lui, cela ne pouvait être autrement. L’heure passait, sereine, tranquille, les couverts glissaient sur les tables, bientôt une odeur savoureuse d’agneaux aux herbes viendrait lui caresser le nez. Encore et toujours, des herbes et des bruits, mais cette fois, c’était au milieu d’une joyeuse troupe d’inconnus aux visages si familiers depuis qu’il venait ici terminer sa journée. Un bloc de papier, un crayon qui tantôt griffonne quelques mots, tantôt se lance le défit d’esquisser les visages, le décor, peinant à retranscrire l’atmosphère des lieux. Parfois il succombait aux charmes de ces voluptés parfumées pour déguster une belle assiette accompagnée de sa pinte rousse. Alors la table devient partage, un autre vient s’asseoir et la discussion se fait, bon enfant, parce qu’ici, c’est ainsi, on est soi plutôt que de s’imaginer quelqu’un d’autre. Ces soirs-là, les mots dits enveloppent le soir et y glissent la nuit, la dernière bière n’est pas vraiment la dernière bière, mais cette diable de musique est une drôle de fée, qui fait perdre la tête et oublier le temps, à moins que cela ne soit l’inverse, mais au fond, comment ne pas préférer vivre  et savourer lorsque la vie est simple et belle comme ici ?            

La douceur de la lumière


Tandis que le ciel pleure encore et encore, les jours osent s’aventurer chaque jour un peu plus loin, une lumière toujours plus longue, qui ne peut que faire du bien sur nos vies, tant la lumière est une chose essentielle à nos vies. Pourtant, beaucoup trop de choses encore restent dans l’ombre, quand ce ne sont pas des individus qui disparaissent, privés de nos lumières. Par choix. Oui, toujours, la vie n’est faite que de choix ; Par envie, peut-être ; Par oubli, certainement, car la lumière est si bonne, si douce, si bienfaisante qu’on s’y complet en oubliant de regarder les zones d’ombres, on focalise sur sa vie en oubliant qu’apporter un peu d’attention, un peu de lumière à ces êtres de l’ombre serait une pure qualité humaine, une manifestation de la grandeur de l’âme, une preuve s’il en fallait de ce qu’est l’amour. Car l’amour n’est pas la résultante d’une association de couple, non, l’amour c’est un éclat de lumière offert à tous ceux vers qui notre regard se porte. Un geste, un moment, une parole, une offrande, une discussion, une écoute, une considération, autant de choses banales qui deviennent transcendantes lorsqu’on y met du cœur, du corps, de l’envie, autant de geste d’amour. Rien de surhumain, rien que de l’humanité.

Bien sûr, on vit à cent à l’heure, bien sûr on court après le temps, bien sûr on a toujours le temps. Bien sûr. Terriblement humain du vingt-et-unième siècle cela. Tout comme tous nos moyens de communications qui ne sont que prisons délivrant certes des messages mais enfermant les êtres dans des vases clos de vrais moments, de rencontres et de sentiments. Et puis un jour le téléphone sonne, et la voix à l’autre bout est bizarre, parfois inconnue, mais elle vous délivre un message trop grave concernant une personne bien connue de vous. Dès lors, il n’est plus question de temps, plus question de lumière, plus question de rien, tout bascule, tout devient terriblement nul, à commencer par soi, par sa vie, par ses courses, par ses excuses de vies. Regretter ne sert à rien, on ne rejoue pas le passé. Pleurer n’est qu’une expression personnelle d’un trop plein de sentiments entassés sans avoir pris le temps de les délivrer tant qu’il était temps. Désormais, le monde est différent, et le rejet effectué doit progressivement disparaitre pour réintégrer le cours des choses. Et bientôt, d’autres courses, d’autres atermoiements, des phases de lumières, des zones d’ombres, des rires et des pleurs, des communications et d’autres prisons, on pourrait presque dire « tout ça pour rien ». Mais non, parce qu’à travers ces épreuves, la vie a délivré un message, là est la leçon, à nous de l’entendre, à nous d’apprendre, à nous de comprendre, ou…non ; Libre arbitre. Accepter ou refuser. Tenir compte ou non, vivre et voir, reprendre son rythme, ou bien réviser les leçons, comprendre les messages, sortir de son ombre et chercher sa lumière. Un choix. Quel qu’il soit, ce choix ne bouleversera pas le passé, il perturbe le présent et dessinera l’avenir, parce que le temps n’est qu’une succession de passés, de présents et d’avenirs, indissociables, liés, enchainés. Et l’amour là-dedans ? L’amour, c’est le moteur de la vie, l’énergie qu’on met dans toute chose, qu’elle soit laborieuse, joyeuse, banale, basique, inédite ou bien répétitive. Mettre son cœur à l’ouvrage, son énergie dans le combat, c’est s’engager pleinement dans sa vie, être authentique dans sa relation, dans ses relations aussi minimes soient-elles. Pour cela, la première des choses, c’est de s’aimer, d’apprendre à s’aimer, car là est la première des clés. Les doutes, les peurs, le manque de confiance en soi sont autant d’énergies négatives qui forment un bouclier repoussant les ondes positives dont vous pourriez bénéficier. Il n’y a aucun maléfice, aucune magie noire, non, ce bouclier-là est personnel, chacun le construit et s’y enferme dedans. C’est doux, c’est confortable, jusqu’à un certain point, parce que ne pas se faire confiance c’est refuser d’aimer la plus belle personne que l’on peut rencontrer : soi. Le pire, c’est que cela ne coûte rien, si ce n’est de le vouloir, et qu’au pire cela ne change rien à votre vie, par contre, le risque est maximal de se sentir mieux…. A méditer et mieux, à tenter !

Puissent les énergies nouvelles du serpent d’eau vous amener sur ces chemins de vérités, et puisse la lumière doucement éclairer les zones d’ombres de vos vies, parce que rien n’est jamais aussi doux, aussi plaisant que la douceur de la lumière….

Lumière d'amour


Il était une fois, dans un très vieux village perdu dans la montagne, un homme vivant seul. Certes, il n’habitait pas une maison isolée, d’autres autours formaient le village, mais il restait seul. De temps en temps quelques visites, un peu de famille, quelques artisans pour de menus travaux, quelques personnes en quête de guérison car il avait parait-il ce don, dont on ne sait rien au fond, s’il est magique, magnétique, et, c’est bien connu, ce qu’on ne connait pas fait peur, donc on fuit les dons sauf, bien entendu, lorsqu’on en a besoin. C’est ainsi depuis la nuit des temps, enfin, pas tout à fait, plutôt depuis que les traditions judéo-chrétiennes ont pris les rênes de notre société, faisant en quelque sorte, la chasse aux sorcières et aux sorciers pour mieux attribuer les pouvoirs aux célestes. Quoiqu’il en soit, cet homme-là, sorcier ou pas, restait seul. Pourquoi, comment, nul ne pouvait le dire, peut-être aussi par peur de la mort, car il avait connu la mort, et dans son entourage proche, dans ses cercles intimes, c’était des pertes rapprochées qui venaient ébranler sa foi dans la vie, même s’il savait que ce n’était qu’un passage vers une autre forme de vie, l’abandon d’une enveloppe terrestre pour une évolution dans d’autres plans, mais de cela, bien sûr, personne n’est assez à l’aise pour en discuter, pour vouloir l’entendre, encore moins pour le comprendre. Alors l’homme se mura dans une vie dédiée à la vie, dédiée aux vies, aux blessures, aux passages, un trait d’union entre deux mondes, celui d’en bas et celui d’en haut, un peu comme là où il vivait, en haut de la montagne. Les gens de la plaine s’essoufflent à venir, mais quand ils veulent bien fournir l’effort nécessaire pour élever leur corps et leur âme, c’est avec béatitude qu’ils découvrent les beautés du monde d’en haut, sans savoir les capter tout à fait, sans pouvoir se défaire des liens matériels et futiles de la vie dans la plaine.

Cette plaine il l’avait quittée, d’abord par envie de respirer, puis, apprenant à lire les joies et les bonheurs dans les plantes, apprenant à reconnaitre les trésors disséminés à travers ceux qu’en bas on nomme l’ivraie, il s’aperçut qu’il passait de plus en plus de temps en haut, rechargeant par là-même ses énergies, les amenuisant dès qu’il regagnait la vie d’en bas. La vie n’est faite que de choix, on ne peut être ici et là, on ne peut toujours attendre d’être mieux, d’avoir le déclic, ou pire qu’on vienne vous appeler, non, à moment donné, il faut prendre en main sa destinée, diriger sa vie, être, tout simplement. C’est bizarre une vie qui se ferme, une vie qui s’efface, mais au final, qui est-elle cette vie ? Rencontres superficielles, discussions à distances même lorsqu’on est tout près, langage codé, une vie trépidante pour un surplace assuré. Basta. Terminé les travaux sans passions, effacés les prénoms dont les visages ne sont plus que vague souvenir, oublié le pseudo confort matériel du dernier équipement à la merveilleuse technologie, rien n’est vraiment plaisir, le plaisir n’était plus que dans le désir d’avoir avant de s’évanouir lorsque le rêve devenait réalité. Une vie à crédit, un mauvais crédit puisqu’il n’était au fond que débit. Là-haut, sur ces terres grasses et fleuries, dans ce coin de nature où le ciel est si pur que les étoiles brillent d’une lumière jamais vue, où l’eau chante et joue de rocher en rocher, le village se mourrait. Pour une bouchée de pain, la maison fut acquise, de quelques travaux elle fut remise en état et devint non pas le palais mais le havre nécessaire à profiter de ce que les humains appellent encore la vie. Ce soir, seul devant la cheminée, il repensait à ces derniers mois passés, à cette distance toujours plus grande entre des gens pourtant si proche, si enclins à envoyer mille messages sans avoir l’envie ou le courage d’affronter un moment de vérité, un instant de paix, le plaisir d’échanger, librement et hors du temps. De cela, son cœur ne se serait plus, parce qu’il avait compris que cela ne servait à rien si ce n’est à lui faire mal, non, les choses sont ainsi, les liens très volubiles et toujours enclins à se détacher comme des lacets neufs qui sans cesse se dénouent au risque de vous faire tomber, vous qui ne les avez pas dénouer. En êtes-vous coupable ? Non. En êtes-vous victime ? Oui. Pour éviter cela, vous prenez votre destin à main, vous faites vos choix, un double nœud à vos lacets, un adieu à ces liens volubiles, parce qu’on n’attache pas les gens, c’est à eux de s’attacher. La mélancolie de l’instant se transforme en une douce chaleur, de penser à ce petit monde, ce sont des messages de tendresses qui s’envolent vers eux, des lumières d’amour, des prières pour qu’ils puissent un jour ouvrir les yeux de leur âme et trouver eux aussi, leur petite maison dans la montagne…

Il n’y a pas de solution dans la colère, ni dans la haine, il n’y a que de la lumière dans l’amour, et cette lumière est source de guérison pour tout un chacun…  

Tournée d'adieux


Qu’est-ce qu’une tournée d’adieux, si ce n’est des aux-revoir à répétition, des aux-revoir bien orchestrés ? Ce soir, le clown rentre en piste, pour une des dernières fois, une tournée d’adieux, ce sont des adieux à épisodes, succession d’adieux…

Ce soir, le clown s’en va, pourquoi ? Pour où ? Comment ?
S’en va-t-il parce que son nez rouge lui pèse trop ?
Parce que ce nez rouge est trop mûr ?
Parce que ce nez rouge vire au noir ? 

Non. Il n’y a pas de clown noir, il y a des augustes, il y a des clowns blancs, mais non, pas de nez noir chez les augustes.

S’en va-t-il par lassitude des peintures de guerre ? Non plus.

Il s’en va parce que…. Pour comprendre cela faudrait-il encore comprendre les clowns. C’est quoi un clown ? Personnage restant dans l’anonymat, caché derrière un masque de peinture, un grand sourire peint sur le visage, des sourcils hilarants, un nez rouge, des cheveux dans tous les sens, un habit de lumière, des chaussures pour faire des grands pas, mais au fond, qui est-il vraiment ? Il fait rire, mais ces rires s’arrêtent à son apparence, mais ces rires ne vont pas chercher plus loin, jusqu’à la profondeur de la souffrance, mais ces rires ne sont communicatifs que dans un sens, le clown est là pour faire rire sans que personne ne sache qui il est vraiment. Un peu comme un intermittent du spectacle de la vie, qu’on appelle pour rire, pour se rassurer, il est si ridicule, si ballot dans son apparence, puis on l’oublie, il disparait dans le décor, un courant d’air…. Alors oui, le clown s’en va, le clown dit adieu, le clown tire un trait, il part, et avant de partir, il rentre, une dernière fois, sur la piste, la gorge serrée, la gorge nouée comme tout à l’heure dans sa roulotte, lorsque d’une main plus très assurée il a dessiné d’un geste mécanique le contour de son sourire, le contour de son nez rouge, la courbe de ses sourcils. Dans une démarche moins chaloupée que d’ordinaire, ses grandes chaussures ont heurté le bord de la piste, déclenchant l’hilarité ; Il a déroulé son spectacle avec les mêmes effets tant usités depuis tant de temps. S’il avait été un comique, un comique sonore, s’eut été des jeux de mots, s’eut été des expressions sorties de son dictionnaire personnel aux pages élimées, qui font sourire, sans savoir si les sourires sont de complaisance, de compassion ou sincères.

Voilà, de tout cela, le clown en a marre, le clown en a assez, de tout cela le clown n’en veut plus. Et ce soir, le clown tire un trait. Oh, bien sûr, il y aura plusieurs traits, plusieurs dates, plusieurs salles, plusieurs villes, plusieurs cirques, plusieurs spectacles, mais, le clown s’en va.

Chapeau bas l’artiste, et si tu quittes cette toile, jaune et bleu, bleu et rouge, jaune et rouge, ces odeurs de ménageries, de fauve, cette pise de sciure et de sable, puisse le grand cirque de la vie avec sa voute étoilée t’accueillir, puisse tu t’exprimer vraiment, puisses-tu partager, puisses-tu échanger, et surtout recevoir, le juste retour, une vraie communication, puisse ton âme longtemps vivre et être heureuse sans se cacher sous le masque des peintures, sans ces chaussures trop grandes, parce que la vie s’avance à petit pas, parce qu’on fait toujours, un pas après l’autre…

Et oui, ce soir, le clown s’en va. Adieu l’artiste.