Dans une société qui galope, seule la dernière image est
imprimée. Nous sommes tous bernés par nos nouveaux modes de communications,
oubliant que pour une image montrée, des tas d’autres s’en vont rejoindre les
abimes des rushes, rejoindre les fonds de poubelles, oubliettes modernes de
notre siècle de grands communicants. Un film, c’est une succession de scène,
jouées de façon décousues, rejouées, travaillées jusqu’à la perfection avant
d’être patiemment nettoyées, découpées, assemblées, recomposées tout cela avant
d’être montré au public béat d’une telle perfection. Combien de jours de
tournage pour un peu moins de deux heures de film ? Combien de faux
décors, de faux semblant pour cet instant criant de vérité ? C’est la même
chose pour un reportage télé, on interroge un grand nombre, on n’en retient
qu’un ou deux, on coupe les phrases, on change en voix-off les questions,
voilà, c’est simple, ça fonctionne et les gens en redemande de cette
information-vérité. Un canular téléphonique ou filmé, c’est la même chose…
Combien de fois la blague est-elle tombée à l’eau avant de réussir ?
N’a-t-il pas fallu finir par financer un intermittent pour accomplir la
réussite de l’opération ? Que retient le spectateur ? Un rire, la
bonne blague ! C’est si bien
ficelé…
La télé réalité fait ses choux gras, à coup de morceaux
choisis, à coup de coupes dans le « pas bon », à coup de finance dans
le « joue-moi le comme ça » et si cela a su fonctionner durant des
années, il semble que les gens soient lassés d’être sans cesse ainsi bernés.
Tant mieux. Place à la remise en question, place à l’esprit critique, se poser
la question, essayer de comprendre, chercher plus loin que le trop parfait,
trop lisse qu’on veut bien nous montrer. Une émission montre la difficulté dans
un couple, dans une famille, conflits exacerbés histoire de faire « plus
vrai », mais oubliez l’image, ne tombez pas dans le piège, imaginez
maintenant la même scène, avec tout le personnel qui filme, qui prend le son,
qui maquille, qui coache, qui instruit les dialogues…. Ciel, ce n’est plus le
même film qui passe… Assistez à
l’enregistrement d’une émission, vous verrez, c’est instructif ; Le
chauffeur de salle est là qui vous demande d’applaudir sur ordre, d’abord, il vous
aura placé, en fonction de votre physique, de la couleur de vos habits, et si
vous portez une jupe courte ou un profond décolleté, vous serez immanquablement
dans le champ de la caméra…. Si, si…. Alors, on enregistre aujourd’hui les
rires, puis demain on montera les sketches et ensuite on fera les jeux avec un
autre public, choisi, sélectionné. Mensonge ? Manipulation ?
oh ! Comment vous y allez ! Non, tout simplement de la télé réalité,
de la réalité virtuelle, et au final, le gage d’une bonne émission pour la
majorité des gens donc des parts de marché. Auriez-vous perdu le sens des
affaires ?
Lorsque les capitaux sont croisés, ou plutôt, lorsque les
plateformes de visualisation sont segmentées selon les publics à l’intérieur
d’un grand groupe d’investisseur, disons par exemple la une pour les plus de
cinquante ans, la six pour les trente-quarante, lorsque la mode est à la
cuisine, on peut placer un masterchef d’un côté et un top chef de l’autre sans
se faire de l’ombre mais surtout, en remplissant ses deux poches. La musique se
vend moins, par lassitude sans doute, pas de soucis, quelques tentacules plus
loin sur la TNT et voilà une nouvelle staracademy ou bien popstar ou encore
nouvellestar s’en viennent visiter les méandres des chaines émergeantes. Les
affaires sont les affaires, les gros sous attirent les gros sous, regarder bien
ma main droite c’est par la gauche que je volatilise le foulard que vous croyez
avoir disparu… Alors ? Alors, soyons nous, critique et non lobotomisé,
attentif aux messages, cherchant le sens réel, apprenons à lire et à chercher
notre meilleur moyen de se renseigner, soyons nous mais surtout, soyons le
vraiment… Réellement…. Sans télé…