Petit déjeuner printanier


C’est le printemps,
Ce matin je me suis offert un bonheur,
J’ai pris mon petit déjeuner dehors
Au soleil de ma terrasse,
J’ai regardé le jardin au soleil printanier
Des jacinthes toute de rose dressées
Des tulipes à peine écloses
Quelques dernières fleurs sur le prunus
Au travers des feuilles rouges d’impatience
Les narcisses éclairent de blanc fier les bordures
Tandis que les jonquilles éclatent de jaune
Soulignées du bleu presque froid des muscaris
Les oiseaux gazouillent et chantent
Le vent semble être parti  se reposer
Les bourdons noirs dansent autour des pollens
Il ne manquerait plus qu’un papillon.
Le soleil sur ma peau m’offre ses premières chaleurs
Le chat lui, a préféré rester devant la cheminée
Tout est calme, pas un bruit autre que la nature
La douce odeur du pain grillé, un beurre à peine salé,
Les fumerolles du café, c’est un dimanche de mars
C’est un printemps et une belle journée
C’est la vie qui renaît
C’est l’envie qui est
C’est si simple le bonheur






Ecouter le silence


Ecouter le silence, c’est entendre les bruits de la vie, se réveiller et prendre conscience de la maison qui vit. Le feu qui crépite, le tic-tac de l’horloge, les craquements de la charpente au sortir de la nuit sous les premiers rayons du soleil. Peu à peu, il écoute, il entend, il s’installe dans ce monde auquel jusque-là il n’avait pas prêté attention. Peu à peu il chemine avec moins d’hésitations dans ces lieux pas encore tout à fait familier. La pièce est petite et encore trop meublée, elle vit dans ces instants de transitions où deux vies s’entrechoquent, celle de la possession limite collectionneuse à en friser la correctionnelle et celle plus dénudée, plus simple et tellement plus essentielle. A quoi servent les piles d’assiettes aux décors variés si l’on oublie de les sortir de leur cercueil de bois sentant la cire pour les aérer ? L’essentiel est dans la vie, l’usage, non dans la possession. Quelques verres pour les amis de passages, les amis de naufrage, les coups perdus et les soifs d’écouter, quelques ustensiles pour une cuisine simple et utilisant les produits du coin, quelques chaises mais pas trop, un table pas trop grande, un coin pour se détendre et lire en écoutant la musique des bruits d’ici. Un fond musical pour parfois se plonger dans des rêveries dont les brumes ne tiennent en rien des fumées toxiques, un abri, un refuge, des murs de pierres, austères pour qui ne sait lire dans leurs rides les vies passées, des bout de rochers égratignés par des éclats de rire et des travaux d’antan. Un cocon, essentiel.

Il fait grincer la fenêtre et repousse le vieux volet au bleu éclatant qu’un valet tout rouillé mais fidèle au poste s’acharne à retenir sous les coups de vents et parfois les vagues de pluies, de celles à faire fuir les touristes qui ont du mal à comprendre qu’elles ne durent jamais très longtemps, ici le temps change au gré des marées et selon ses propres envies, le ciel a toujours la bougeotte, il se pare de bleu et le mélange sans cesse de gris. C’est peut-être pour cela que les volets sont souvent bleu éclatant, c’est peut-être pour cela que les pierres paraissent austères, c’est grâce à cela que le monde passe avec bruit et repart aux jours raccourcis. Le temps est clair, le ciel est gris, l’air puissant et iodé, la fumée retombe et le chat peine à s’aventurer au dehors. Il referme la fenêtre sans rideau, découvre la pièce baigner d’un peu plus de lumière et s’en va faire couler son café. Un coup de tisonnier, la flamme se redresse et envoi un gerbe d’étincelle aussitôt aspirée par la cheminée, le feu s’exprime, s’étire et se contorsionne comme au saut de son lit. La vie s’installe, les oiseaux pépient, une voiture passe, des bouts de conversations s’accrochent aux murs, bientôt rugira la corne du vieux roulier qui emporte les iliens vers là-bas et d’autres bruits. A chacun son rythme de vie et d’envies. Pour l’heure, cela sera petit-déjeuner et lecture avant d’aller se dégourdir les jambes sur des chemins improbables en un parcours non encore décidés, l’avantage d’ici est de pouvoir marcher à l’envie, un bout de route, un chemin, un sentier, un vieux lavoir, une falaise, un bout de mer, une colère d’océan, un bosquet, quelques perdreaux, des faisans, des parcages, quelques vaches et moutons, une auto qui passe et salue, un ciel gris qui ne l’est plus, une simple vie qui retrouve un essentiel. Son essentiel.