Retour au monde, le vrai, retour à la communication, la vraie. Fin de vie pour un pseudo, la grande famille des amis du net vient de perdre un membre éminent, sans faire-part, sans alerte autre qu’un pseudo en noir dans une colonne de correspondances.
Ainsi va la vie, ma vie. Ainsi va le monde, notre monde. Trop de temps inutile sur des accès de communication à géométrie variable, trop de fausses discussions, il fut temps de couper. Exit. Allons voir dehors si j’y suis…. D’ailleurs, j’y suis, souvent, très souvent, la nature, les reliefs, la botanique, la marche, le partage, tout cela s’enchaine dans des courses pyrénéennes ou autres, le plaisir de retrouver mes chères corbières, d’aller gravir le bel Alaric, de pousser jusqu’à tutoyer les derniers névés de quelques sommets pyrénéens, d’aller fouler ce sable si ocré si rougeâtre que l’œil le décèle en quelques photographies, partout l’essence de la vie se révèle, par la marche, par la découverte, par les retrouvailles, parce que je suis bien dans ces immensités de liberté, loin des oppressions quotidienne, du cadre du bureau ou des tensions malhabiles ou bien futiles ou bien calculées mais toujours inutiles. Dès lors que l’Homme aura appris à apaiser ses tensions, il connaitra le bonheur d’être et d’être heureux. Innocence des premiers jours, des premiers émoi et no sens perturbés, juste des sens libres de sentir, de gouter et de profiter de la vie, entière, pleine, ouverte, offerte. Exit les liens, faux, par leurs faux sens, par leurs sens uniques, aimer nécessite d’être aimer, de se laisser aimer, et non aimer que l’autre soit là, parce qu’on en a besoin, parce qu’il faut qu’il soit là, disponible, serein, apaisant, un véritable doudou des temps modernes, un arbre à pleurs pour venir y accrocher ses larmes.
Basta cosi ! La force se révèle dans le droit d’être faible et d’être épaulé, conseillé, apaisé, sans quoi s’épuise et se détruit la relation. Nous ne sommes pas des poches de perfusions qui distille goute à goutte la vie jusqu’à s’en retrouver vidées, bonnes pour la poubelle. J’aime. J’aime et je partage, je ne nourris pas, le repas n’est bon que s’il est partagé, si chaque convive y partage l’eau, le pain et le vin, concept de cène et non de scène, concept scénique et non cynique. N’y a-t-il pas plus de bonheur, plus de consistance à échanger autour d’une table, devant un verre, une tasse, un salade, un repas, plutôt qu’en longs développés-couchés sur la dalle de verre ? Que m’apporte le virtuel ? être un parmi les uns, mais depuis Attila, là où les huns passent, rien ne repousse, de quoi repousser ce monde sans limite et cesser de se limiter à des plages de temps pour n’être que ce que nous ne sommes pas. Soyons. Soyons nous-mêmes, soyons vivants, libres, communiquant et non communs niqués. Partageons, échangeons, oublions le monde passifs des internautes actifs, soyons. De notre époque, nous possédons les plus grands moyens de communication qu’ils soient, mais il manque certainement le mode d’emploi, et surtout, il manque la connaissance : un message émis n’est pas un message lu, un mot écrit n’est pas compris dans le sens dans lequel nous l’avons écrit, dès lors, les quiproquos s’échangent et se combattent, à réduire les sens utilisés on en perd le sens de la conversation. Voir l’autre en lui parlant, c’est offrir les vibrations, les intonations de la voix, c’est s’offrir la perception des émotions dans l’expression de son visage, dans l’attitude de son corps. Nous possédons bien sept sens, nous en perdons cinq par les voies électroniques, seuls subsistent l’ouïe de la cloche qui appelle à lire le message, la vision d’un texte dénué de toute graphologie, froid de la rigueur de ces lettres, exempt de toute enveloppe d’émotion.
Adieu monde trop lisse, trop faux de faussaire voulant trop bien paraitre, adieu monde aux sens bafoués. Bye-bye amis en sens interdit. Bienvenu aux amis, vrais, entiers, sincères, sans besoin de mentir parce qu’on n’est jamais que comme on est, ni bon, ni mauvais, surtout pas parfait. Bienvenu aux amis de mes amis, parce que les liens se propagent et se construisent ainsi. Connivence, respect, apprentissage, lecture, discussion. Nature et naturel. Innocence. Celle du début, celles des débuts. Retrouver la joie des premières fois, la candeur, la flamme. L’énergie est mobile, elle s’enrichit ou s’appauvrit selon les transferts, mais elle est précieuse, à nous d’apprendre à la gérer. Mobile, j’ai le temps d’être immobile, marchant n’est pas fuyant, au contraire, une soif d’apprendre, de découvrir, de s’enrichir par ces choses gratuites et offertes : une biche à l’orée du bois, un isard gravissant un couloir encore enneigé, un lézard vert se gorgeant de soleil sous la fragile cloche d’une ancolie, l’enivrant parfum des genets flamboyant jaune de maturité sur les dernières pentes ariégeoise avant l’Andorre, les murs noirs mais non sombres des monuments de la capitale auvergnate, tout est prétexte, leçon, envie, en vie.
Ma secrétaire buccale et électronique, pas d’images fallacieuses, note et stocke les messages, tout comme autrefois la poste et ses multiples intervenants entassait le courrier, le dirigeait avant de le distribuer, ce temps d’avant, où une lettre mettait 48 heures pour délivrer son contenu, et ce temps où l’on patientait 48 heures de plus au minimum pour découvrir la réponse. Patience, un message reçu n’est pas un message lu, encore moins répondu. Et puis, pourquoi rester dans ce monde d’incompréhension qu’est le virtuel ? Soyons. Essayez, quel en est le risque ? Celui de devoir être soi ? D’apprendre à parler sans mentir ? Apprendre à se découvrir pour que l’autre vous découvre tel que vous êtes ? Oubliez vos photos anciennes, vos vies rêvées. Vivez vos rêves plutôt que rêver votre vie. Débrancher le cable, le wifi, le faux, profitez du soleil, de la nature, du monde. Des amis, des rencontres, d’être. Etre, pas avoir. A voir ? Non, c’est tout vu.