Les mots sont des parties de phrases. Sortir un mot du contexte, de sa phrase enveloppe, c’est l’exposé nu, aux quatre vents qui en fait sont bien plus nombreux que quatre, les laisser s’envoler dans les brumes de la mauvaise compréhension. Un mot parti de la phrase c’est un mot orphelin. Un mot, partie de la phrase, c’est du sens apporté, des indications supplémentaires, un aiguillage dans la compréhension… Le poids des mots, le rôle des mots, le choix des mots par l’auteur, le sens donné par le lecteur, toute cette magie qui repose sur cet amas de lettres plus ou moins ordonnées, tout a son importance. Mais et amis sont de même composition, certes, le sens n’est pas le même. Un mot arrive, tout neuf, où très vieux, sorti dont on ne sait quel dictionnaire, peut-être même d’un grimoire tant les lettres semblent usées, et les esprits en éveils en saisissent des sens différents, selon la culture, selon le cadre de référence. Une clé, même à usage unique, prend un sens différent selon que l’on soit serrurier, musicien ou bien en corps mécanicien. Certaines sont à double sens, elles ouvrent ou ferment des portes, elles vissent ou dévissent les écrous et des boulons, d’autres encore dorment en première ligne de partitions à la lecture semblant compliquée pour qui n’est pas familier du solfège…. Et encore, des clés, il y en tout plein, que ce soit des clés de codages, des clés de bras ou de jambes au judo…. Imaginez un peu quand comme moi vous êtes éclectiques : lorsque le son du mot vient frapper au pavillon de l’oreille, voilà que les neurones s’agitent (oui, oui, j’ai bien dit les neurones, cesser de sourire !) pour chercher dans les vieux fonds des cellules grises le sens qui convient en fonction du vécu, des connaissances (tiens, double sens….), de l’émotion, de l’environnement, et du mental. Sans compter la touche personnelle, jongleur de mots, grand pratiquant du double sens récurrent, des degrés supérieurs de l’université du rire, et voilà qu’explose en la voute crânienne des images, des sens associés aux sons perçus, et le film démarre, et la vie s’ensoleille de ses rires cérébraux, avec, tout de même, en fonction de contrôle qui permet de saisir en mode accélérer, le bon sens, du moins j’espère, du mot entendu, lorsque l’actualité du moment exige de mettre en action la rapidité et l’acuité nécessaire à la prise de bonnes décisions.
Voilà en d’autres termes que j’ai parlé compte et mots. Des chiffres et des lettres ? Emission culturelle non par le contenu, encore que certains mots sont tirés des tranches de certaines pages peu usitées du dictionnaire, non, émission culturelle car elle fait partie de ma culture, de mon histoire, et quelle fait remonter les souvenirs embués de mes jeunes années. La culture dit-on, est ce qui reste lorsqu’on a tout oublié. Aujourd’hui, je peux dire que je n’ai rien oublié, mais est-ce pour autant que je n’ai pas de culture ? Encore des mots, encore des sens, encore des mots dans tous les sens et sans dessus-dessous, encore du délire d’auteur et non de hauteur, encore des jongleries en prose, des bouts de choses, des phrases alignées, des bouts de pensées…. Tout ça ne tient qu’à un fil, et comme chacun sait, en avril, ne te découvre pas d’un fil ! Justement, nous y voilà en cette fin d’avril, de quoi raccrocher le fil et poursuivre la mise à nu, la mise en avant, l’évolution, permanente, pas toujours lente, pas toujours rapide, des rythmes collant à la vie, des pauses, des prises de conscience, des éveils et des réveils, des joies, toujours, si ce n’est au cours des leçons prises, c’est dans leur digestion, car, évoluer c’est s’accorder cette satisfaction-là de mesurer le chemin parcouru, de s’arrêter quelques instants sur le bord de la route et regarder dans le rétroviseur, les longueurs parcourues. S’arrêter ? Oui, mais pas trop longtemps, car à ce jeu-là, on n’est jamais arrivé, et sans cesse il nous faut évoluer…