Quand le virtuel devient réel

Nouvelle vie, nouveau départ. Pour éviter de ruminer, pour voir du monde, pour bouger, pour vivre et exister, ...bref pour plein de choses que je ne sais pas trop finalement, je m’étais inscrit sur un site organisant des sorties en tout genre, culturel, sportif, loisirs, détente… De temps à autres, une grande soirée est prévue pour faire connaissance avec les nouveaux inscrits et bien sur avec les anciens prêts à les accueillir… Depuis mon inscription à cette sortie, je voyais le nombre d’inscrits possibles sans cesse augmenter jusqu’à arriver à 320 personnes… De quoi hésiter fortement, moi dont la timidité naturelle me fait fuir la foule. Mais bon, ayant eu la chance et le privilège de faire la connaissance d’une charmante amie, nouvellement inscrite, et, l’union faisant la force, nous voilà donc motivés pour être intronisés. Nous partîmes deux et par un prompt renfort nous arrivâmes 300 au bar… Enfin, nous y voilà…

Bon, pour prendre le taureau par les cornes comme dirait quelqu’un que j’aime bien, nous voilà à faire la queue pour être étiquetés, labellisés, lien entre pseudo et prénom réel. Enfin des visages, des corps, des personnes sous des pseudos vus, connus, lus… Joyeux catalogue poétique, du pseudo simple et concis au pseudo poétique ou alambiqué dont même l’auteur n’en maîtrise plus le sens… Cacophonie des noms, défilés de visages qui nous semblent connus, me voilà donc à la première grande soirée depuis mon inscription.

Premier émoi : une copine de randonnée… Salutation, discussion, gêne de me voir là, de ne pas savoir si on peut en parler ou pas… Bien sur, je l’ai rassuré. Mon retour à la vie me donne des ailes, la clarification des situations me libère et m’aide désormais à avancer. Oui, je suis là, oui je suis seul, oui je vis !

Un autre visage reconnu, une secrétaire de chez nous. Discussion très sympathique, présentation d’une autre secrétaire dont effectivement le visage m’était familier… Me voilà donc dans la grande famille des esseulés toulousains… Rapprochement des verres, prise de connaissance de nos voisines de table, agrandissement du cercle, nous voilà moins seuls…

Pourtant je replonge dans mon jeu favori. Mon cerveau se déconnecte, je deviens transparent, je voyage de table en table, de visage en visage, je scrute, je cherche, je recherche, je devine, je soupçonne des vies, des destins, je relativise sur le mien, et, pour la première fois depuis longtemps, je suis bien. Une voix trop forte, une tenue, une attitude, toutes ces petites choses qui font aimer ou rejeter une inconnue… Hasards de la vie, vous êtes les plus forts ; Sur nous à chaque fois, vous laissez vos empreintes. Je regarde aussi le ballet des requins, nageant dans leurs eaux troubles, tournoyant autour de leurs futures proies…

« tiens ! Salut ! c’est moi Machin ! Euh, c’est quoi ton pseudo ? Ah je croyais que c’était Unautre ! Excuse-moi, tu as un sosie sur le site ! » Pas mal comme introduction. Ah là là… Que fais-je là ? Ronde des dragueurs, ballets des chasseurs, ma présence à cette table entouré de fille déroute et intrigue…

Les anciens censés nous parrainer m’ont oublié. Tant mieux pour moi. Pas pour ma compagne d'infortune. Entraînée par un faux parrain, retrouvant un vrai, présentée à tous les inscrits, la voici connue en terre inconnue. La voilà de retour, emmenant avec elle une amie virtuelle me cherchant à l’opposé de la terrasse. Merci ! Présentation, discussion lancée, je quitte mes pensées pour faire connaissance. Que de goûts communs ! Trop sympa ! A croire que cela n’était pas possible ? Et pourtant. Je ne suis pas seul à aimer tel ou tel chanteur, tel ou tel texte. Je ne suis pas seul à aimer telle ou telle soirée. Au fil des mots, la confiance, l’envie de connaître et de partager. Au fil des mots, des pas de plus vers la vie.

Bientôt nous voilà au terme de la soirée. Peu à peu la foule disparaît. Le temps pour nous de partir, le temps pour nous de rentrer. Jouant à cache-cache avec nos voitures, retour dans la nuit vers nos domiciles, retour à la vie virtuelle et prière cathodique au dieu du net…
Retour à la virtualité…

Promis, je reviendrai à une de ces soirées.
Promis, je reviendrai défier ma peur de l’inconnu, goûter au plaisir de connaître l’inconnue…

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