Allegro non troppo


Qu’il faisait drôle en ce matin de mai,
C’était l’automne tu t’en doutes
Les chrysanthèmes fleurissaient au bord des routes
Ce n’est tout de même pas ma faute mais
Mouloudji avait déjà raflé tous les coquelicots

Il neigeait des rayons de soleil
Sous la pluie fine d’avril
Ce n’est tout de même pas pareil
Qu’une averse de grésil
Disons au-revoir à Mexico

C’est étrange comment parfois
Les idées viennent et les souvenirs aussi
A croire qu’à la forge d’Eloi
Le vieux cheval sans fer s’aigrit
Il n’y a pas de quoi dire bravo

Il est aussi des histoires d’alouettes
Elles n’ont ni queue, ni tête
A quoi bon chercher un sens à la vie ?
Ça serait refuser de vivre ici
Mieux vaut sans cesse partir de zéro

Le zéro est un point dans l’infini,
Tout autour de lui, il y a la vie
La prendre dans le même sens serait l’ennui
Vis-la dans tous les sens et jouis
Qu’importe le mode, allegro ma non troppo

Une pause dans l'été


Une pause dans l’été, une pluie fine et irrégulière qui tombe enfin. Un jour de gris qui pleure, un jour offert dans la fournaise, une pause dans l’été. Une pause, de ces pauses où l’on enfile la parka, où l’on s’en va marcher, respirer la nature humide, voir les magnifiques dégradés de gris que la céleste affiche par couches de nuages, tandis que l’océan se décline en camaïeux de  verts et de gris, ponctués de blanche écume. Les vents eux aussi jouent une partition très inégale, tantôt respiration, tantôt coup de sang, tantôt colère, c’est toute la puissance de la nature qui nous est ainsi offerte. Marcher, flâner, goûter, savourer, que voilà une pause constructive, bien plus qu’à attendre, à se morfondre en regardant tomber ces gouttes de vies d’un ciel gris. Attendre, rien n’est plus mauvais que l’attente, car elle abreuve de désirs, d’utopies, de fantasmes un temps bien peu mis à profit. Nous ne devons jamais attendre, à part peut-être les trains, bien que les trains soient à l’heure, eux….

Une pause dans l’été, c’est une pause dans la vie et même, bien plus qu’une pause, c’est une respiration, une plage offerte dans un emploi du temps qui n’en demandait déjà pas tant. Une réservation vers un ailleurs temporel qu’on n’avait omis de se prévoir dans des vies trop instruites, trop construites, trop formatées. Je n’aime pas cette approche de tout régenter, de tout calculer, de tout mettre ne place quitte à le faire au chausse-pied pour faire entrer dans une journée de vingt-quatre heures des tas de choses indispensables, devenues obligatoires. Stop ! Pause, c’est l’heure où le temps presse de prendre le temps, l’heure où la pluie chasse les rayons du soleil, l’heure où la plage est déserte sauf de quelques surfeurs trop heureux de ces vagues roulantes et déferlantes. C’est le temps d’ouvrir son nez, l’humidité de l’air renforce la distillation des essences végétales, agrémentées de cette odeur de sable mouillé, riche en sel et en iode, oui, c’est un sacré cocktail que ces jours de premières pluies.

Mais le temps d’écrire, le temps de se poser, c’est déjà la marée et ses envies de changer d’habits, exit le gris, place au bleu ciel, à la chaleur d’un soleil vexé de ne pas avoir pu toucher terre, qui brûle déjà et fait s’échapper des fumerolles des terres ainsi réchauffées. Magiques instants, un vrai jeu de lumière, un obscur clair et un clair-obscur digne des grands maitres peintres. Tout change tout le temps, tout est ainsi répété sans cesse : « ne perdez pas votre temps à calculer le temps, vivez pleinement votre présent, il est sans cesse changeant ». Le vent poursuit ses sonates, il joue désormais avec les ombres et les lumières, seul l’océan maintient son gros dos et ses vagues colères. Les parapluies se sont repliés, les capuches sont mises bas, les rires reviennent sous les cheveux mouillés, c’est bon de prendre le soleil, c’est bon de vivre, tout simplement. Là-bas, sur cette côte d’Espagne à peine suggérée, ce sont de gros moutons gris qui gonflent et viendront dans une course océane visiter certainement nos plages d’ici la fin du jour. C’est assez idiot au fond de raisonner en frontière humaine, décisions politiques prises autour de traités, mariages royaux pour dessins de cartographes, la nature, elle, passe outre.

Une pause dans l’été, c’est une pause décidée par la nature, au détriment des choix de l’Homme, comme toujours. Sommes-nous donc sans conscience pour comprendre que le ciel est été lorsque la nature le décide et non parce que nous sommes ici et maintenant ? 

Une pause dans l’été, c’est aussi l’occasion de mettre ne lumière de mots, ces paysages en multi dimensions que j’aime et que j’affectionne. C’est encore une occasion de dire « désolé d’être resté dedans la dernière fois, pardon ne m’être mal écouté, merci de me donner la chance de vivre cela, je t’aime mon coin d’océan et par-dessus tout, notre mère nature ».

Spirituelles pensées


Parce qu’il est difficile d’apprendre à se connaitre, parce que guider les pensées nécessitent des tuteurs, les religions sont nées, d’abord personnelles, les premiers hommes ont cru en leurs chances, les personnifiant en dieux, ont fui les malchances, les édictant en superstitions, et ceci subit la même évolution que l’homme, se structurant parce que la population croit et, si la population croit autant qu’elle croit en même temps, autour d’un même schéma directeur. De là sont nés les codes, ces recueils de traditions orales, ces mises en écritures de pratiques, de croyances, avec comme dans tout travail d’écriture digne de ce nom, un tri des idées, une mise en forme et une codification de tout cela. Bientôt, la multitude des dieux des hommes affectés à chaque tâche, chaque étape, chaque moment de la vie rendit compliqué les retranscriptions dans ces temps de copies et de recopies. L’usage du dieu unique s’imposa et hélas, avec lui sa représentation terrestre comme guide spirituel, guide des peuples, grand chef suprême. De ce tournant, le code divin devint code structurant pour la vie sous la coupe du pouvoir humain, puisqu’il avait aussi pouvoir de décision, de sélection des écritures, de censure. Déjà.

Sans remonter aux égyptiens et en restant plus proche de nous, de notre ère chrétienne, quelles sont les origines du catholicisme ? Trois personnages majeurs, encore qu’un ait commencé dès son jeune âge dans son rôle, j’ai nommé le père, le fils et le saint-esprit. Ainsi soit-il. Pourtant, le fils, ne pouvait être chrétien puisque la religion chrétienne est apparue après sa mort et après diffusion de la bonne parole, puis, dès sa montée en puissance, après codification et éradication de divers témoignages pour n’en garder que quatre. Un schisme de la religion juive est ainsi né, un voile sur des vérités, des témoignages oubliés, et des écrits qui refont surface au vingtième siècle, écrits rapprochés des fameux témoignages perdus, quand bien même la datation s’en avère difficile. Alors, que croire ? Serait-ce là les brouillons préparatoires au Dan Vinci Code ? Serait-ce là des manuscrits oubliés dans les archives d’une très grande bibliothèque ? L’histoire est pleine de ces mystères, leurs révélations, leurs traductions, leurs mises au goût du jour demeurent délicates.

Le personnage principal reste un hébreu, nommé seigneur dans la bible lorsque Philippe dans ses écrits le nommerait enseigneur, terme plus propice à d’autres théories historiques qui en ferait un être cultivé et instruit selon les principes esséniens, formé aux soins comme à d’autres disciplines, instructeur et donc…enseigneur. Ce personnage-là de qui Philippe dit « L’enseigneur n’aurait pas dit mon père qui est dans les cieux s’il n’avait pas été engendré d’un autre paternité que celle qui lui vient de son père de la terre. Rendons à Joseph ce qui est à Joseph…. Plus tard, il écrit « ils étaient trois qui marchaient toujours avec l’enseigneur, Marie, sa mère, la sœur de sa Mère et Myriam de Magdala qui est connue comme sa compagne car Myriam est pour lui une sœur, une mère et une épouse » Ainsi les douze apôtres n’étaient pas douze mais partie d’un groupe de disciples, hommes et femmes, suivant l’enseigneur dans son parcours, bénéficiant de son enseignement, et se formant ainsi à une future aptitude à enseigner à leur tour ce que nous aimons appeler la bonne parole…. Ainsi Myriam de Magdala est devenue Marie Madeleine dans notre chrétienté, tout en omettant d’étendre le nombre des disciples au-delà des douze apôtres, tout en omettant de citer plus de quatre témoignages. La volonté des pouvoirs politiques des époques qui ont suivies ont permis ces escamotages, de même que la déification de l’homme afin de concentrer les fois en un même point, l’entité dieu étant bien trop abstraite pour le commun des mortels.

Chacun est libre de croire ou non, qu’il s’agisse d’omettre de passer sous une échelle ou bien de croire en la vie éternelle, d’ailleurs qui pourrait témoigner de l’éternité de la vie ou bien de la non éternité de la vie ? Comme toute question, il faudrait se mettre d’accord sur le contexte et resituer les choses dans un cadre commun, et là, les divergences d’opinions seront multiples, selon les éducations, selon les religions, selon les philosophies. Où se situe la vie ? Dans quel corps ? Bigre, quelle question ! Le corps physique est-il le seul corps ou bien est-il un moyen de transport ? Loin des clichés de sciences fictions où des lézards ou bien des robots viennent prendre le costume d’un corps humain pour mieux nous duper, on peut imaginer qu’il est un corps, composé de chair, d’os et de sang, un corps physique, qui sert d’habit et de véhicule à un corps plus spirituel, une âme, appelez-le comme vous voudrez, le vocabulaire est parfois un bocal qui enferme la pensée et bloque l’idée. Un corps dans un corps, et par-dessus ces deux corps, un corps énergétique qui s’alimente des ondes, lumières, chaleurs, rayonnement, que cela viennent de la terre ou du cosmos, de la mère ou bien du père. Le père qui est au cieux…. La mère qui est la matière, notre terre d’où nous puisons énergies et nourritures. Si je développe, entre le père et la mère se situe nous, le fils, dans ses trois corps, énergétique, physique et spirituel. Qu’est donc la vie ? La vie terrestre démarre à la naissance, lors que la prise de notre corps physique, jusqu’à son abandon, que l’on nomme la mort. Pourtant, le corps spirituel vit et vivra, traversant d’autres étapes, retournant en d’autres habits de chairs et de sang tant qu’il n’aura pas accompli son parcours. Dans l’arbre de vie, la sève poursuit son évolution des racines vers les feuilles, de la terre vers le ciel, l’Homme se situant au milieu du tronc. Qu’importe les autres séjours sous d’autres habits, ils seront sous l’écorce, dans le tronc toujours, on ne retourne pas aux racines, on se doit de progresser et d’accomplir sa transformation, tout comme la chenille doit devenir papillon. Et lorsque le parcours est achevé, lorsque que toutes les cases sont pleines et les travaux accomplis, c’est vers les branches puis les feuilles que le parcours s’en va, plus besoin de véhicule terrestre, plus besoin de corps physique. Le père, le fils, la mère, l’esprit. L’esprit est un guide, qui ne peut nous guider que si nous avons bien les pieds sur terre, que si nous habitons bien notre corps, si nous ouvrons notre foi en nous-mêmes, c’est-à-dire, si nous nous accordons la confiance. Avoir confiance en soi, c’est s’autoriser à grandir, c’est s’offrir le plus beau des cadeaux qu’il soit.

Au-delà de tout cela, nos religions sont basées sur ces principes simples et naturels, même si parfois elles omettent le rôle de la mère, selon de vieux principes patriarcaux. A chacun de faire son propre choix, de trouver son propre vocabulaire qui lui permette de focaliser sa pensée, sans oublier que le personnage principal reste le fils, c’est-à-dire nous. Chacun est libre de penser, d’avoir ou non besoin d’un dieu ou de plusieurs, de prendre un modèle ou non, mais surtout, ne vous oubliez pas, soyez et soyez vous, toujours.


Sans oublier aussi qu’on avance, un pas après l’autre…

Une autre vie


Depuis que j’ai pris conscience, à force de messages répétés, vous savez, ces messages anodins, qui l’un après l’autre vient vous dire une chose que vous ignorez, enfin, que vous semblez ignorer parce que au fond, ce message-là s’en va dormir au fond d’un tiroir cérébral, jusqu’à ce que le même message revienne par un autre canal, pour s’en aller finalement dans le même tiroir, et puis même qu’un jour, le tiroir est plein, il déborde et on se retrouve avec un message au sol, on le ramasse , on le lit, on l’intègre, et puis du coup, on mesure combien de fois on a rempli le tiroir sans prêter attention au contenu. Bref, ces messages répétés sont juste le fait d’un modèle éducatif bien construit qui rabâche les leçons afin que vous les intégriez. Mais revenons au sujet, ce débord de messages m’a fait déborder du sujet et oublier le fil conducteur. C’est donc en mauvais élève que je suis, après maintes et maintes phrases reçues, que j’ai compris que mes mains avaient du talent, enfin, comment dire, je ne sais, parce que depuis, je cherche les termes et les termes bons pour cela.

Un don ? Oui, mais nous avons tous un don, voire même plusieurs. Je parlerai plus d’une capacité, comparable à ces personnages qui ont l’oreille parfaite, celle qui sait reconnaitre la moindre note jusque dans ses demi-tons, ceux qui ont un nez capable de ressentir plus que de sentir la moindre essence florale, bref, ceux qui savent utiliser un de leurs sens jusqu’au plus profond de sa dimension, voilà, cette capacité concerne ce qu’on pourrait prendre  comme une sixième sens, celui des énergies. Loin de maitriser cela comme un maitre parfumeur dans son art, mais apte et ouvert à apprendre. Et là, le vocabulaire se complique : Magnétiseur ? Non, il n’est pas que question de magnétisme ; Guérisseur ? Surtout pas, il ne s’agit pas de baguette magique, de miracle, non, juste de savoir équilibrer les énergies, les canaliser, les redistribuer, les aider à aller là où il faut qu’elles aillent, pour que le « récepteur » (je préfère ce vocable à « malade » ou « patient » ) puisse reprendre ses propres circulations équilibrées et donc guérir, donc, se guérir. Les indiens parlaient d’hommes-médecines parce qu’en plus des énergies ils savaient les plantes, les préparations, les cristaux, les pierres, bref tout une pharmacopée naturelle qu’il convient de maitriser. Chaman, rebouteux, mage, sage, canal, cristal, sorcier….. Et puis zut, c’est quoi un nom ? Une décision d’appliquer tel ou tel terme, de coller une étiquette ? Ras le bol, en tout cas, ni magnétiseur, ni guérisseur, quant à être sage, là, il faudra des lunes….

Depuis cet éveil de ma conscience, je lis, le vis, je reçois, je pratique. Et le chemin est long, parfois peuplé d’évidences, de choses connues parce que peut-être depuis très longtemps au fond de moi, elles sont enchantées de revoir la lumière du jour, des choses plus bouleversantes, plus étranges, mais surtout, un calme, une sérénité qui fait que ma vie n’est plus ma vie, c’est-à-dire que ma vie passé n’est plus, enfin, pas si simple, les passés se composent au fur et à mesure de nos allers retours charnels, pour compléter le puzzle, accomplir des karmas par imposition de la bonne pièce au bon endroit dans le moment qui nous est offert. Ce que je veux dire, c’est que depuis très peu de temps, un an ou un peu plus d’un an, ma vie n’est plus celle que j’ai quittée, et c’est une délivrance et un apaisement. Quel que soit le terme, le nom, le titre, le rôle, il est agréable d’en comprendre l’utilité, de la mesurer aux apaisements, aux mieux allers, à ces aides apportées en des combats étrangers. Plus encore, apprendre, comprendre, lire, découvrir, mettre des mots, des noms sur des mots passés, des noms du passé, c’est assez vivifiant. Oui, merci la vie pour cela.

D’ailleurs, à cette étape, je peux dire : « Désolé, pardon, merci, je t’aime »

Désolé d’avoir omis d’entendre ces messages, dès le premier.

Pardon d’avoir retardé cette éclosion

Merci de m’avoir ouvert le chemin

Je t’aime la vie, le monde, les êtres dans leurs diversités, les leçons offertes, les expériences, les envies de grandir.

Oui, désolé, pardon, merci, je t’aime…. 

Merci à la sagesse Hawaïenne d’Ho’oponopono 

Mode vrai


Septembre, c’est l’heure où la côte se vide, malgré les ardeurs de l’astre solaire, lézardeurs en partance laisse place pas toujours nette à d’autres errances.

Septembre, c’est l’heure des vendanges, ces grains de soleil gorgés de plaisirs qui ne demandent qu’à exploser pour enfin libérer leurs jus, futurs nectars.

Septembre, c’est l’heure où bruissent les colliers, où frémit l’écolier, où tant de monde reprend le collier.

Septembre, c’est l’heure où la prose sort de sa pause, l’heure où l’inspire part en expire, l’heure des mots qui glissent et s’alignent, surfeurs d’encre sur un vague papier.

Septembre, c’est l’heure où je me lève, tout en gardant mes rêves, de beau, de bon et de bien, parce qu’il est venu ce temps, celui des errances, celui des partances, celui des aux-revoir qui ne demande qu’à revoir ces instants de plaisir, ces moments de vérités.

Il est encore août, mais août est sans doutes, un mois sans doute parmi mes douze préférés, d’ailleurs, pourrait-on imaginer une année sans août ? Ni même février quand bien même ce dernier en soit le plus court ? chaque mois à sa place, chaque mois sonne de son propre timbre, chaque moi apporte son lot de joies, de bonheurs, de rires et de chants, même les plus gris, le gris n’étant jamais que du noir et du blanc, comme quoi, un peu de blanc finit bien par noyer le noir, un petit blanc bien frais contre les heures sombres, de quoi rire et laisser les pensées partir en goguette vers les guinguettes de nos grands-parents. Un temps d’avant les modérations, d’avant les hautes études qui décidèrent que le vin n’était plus un aliment, n’en déplaise à Pasteur, un temps qui fit faner les guinguettes, avant de les fermer, ou pire, de les transformer en restaurants de luxe où pour venir prendre du bon temps il convient auparavant de se déguiser en pingouin, tenue de soirée exigée en journée, veuillez passer derrière le paravent.

De toutes les maladies que le siècle dernier ait guéri, il y eut préférence pour le populaire. Non pas que je considère le populaire comme une maladie, non, bien au contraire, sans quoi je ne serais plus de ce monde, mais peut-être s’agit-il d’un dommage collatéral ? Toujours est-il que le populaire d’hier n’est plus aujourd’hui, qu’il s’agisse des guinguettes tout comme des quartiers populaires situés au cœur de nos grandes villes, bien plus utiles rasés, nettoyés et reconstruit de neuf, réhabilitation par le standing et le tout neuf. Exit de nos villes le populaire, quartiers, mode de vies, habitat, bals et même les vacances d’hier, joyeux équipées de tentes et de caravanes laissent place à des appartements avec vue sur la mer, campings transformés en villages de mobil homes et autres chalets, l’heure est au confort, pire, à rendre indispensable le confort au point de ne plus pouvoir supporter la moindre panne d’électricité ou d’eau.

A trop modeler le contenant, on en déformerait le contenu, si nous n’y prenions garde, car le con tenu dans ses démarches et approches mercantiles reste tout de même nous, non ? Alors, le con tenant le con tenu, ça reste une histoire de cons, avouez que c’est quand même con de laisser derrière soi tout ce qui fit les joies simples des instants d’hier. Une vie déshabillée du paraitre par trop mis à la mode de nos jours, laisse place à l’être et donc aux êtres d’être, tout simplement. L’essence de la vie, c’est la partie la plus pure, le cœur du cœur, la substantique moelle, celle sans qui nous ne serions pas nous même, celle à laquelle nous devrions consacrer bien plus de notre vie, bien plus d’attentions, voire toute notre attention. Alors, place au vrai, au pur, au non guindé, profitons des plaisirs simples de nos vies, soyons-nous. Toujours.

Entre ciel et nature


Tandis que la France bouillonne sous les poussées mercuriques à faire pâlir d’envie les vocalises du regretté Freddy, Mercury, bien sûr, méfiez-vous des imitations, n’est pas Queen qui veut, on ne plaisante pas avec ces choses-là, non pas que je considère les queens comme des choses, non, cela serait crime de lèse-majesté, et à vrai dire, à lèse-majesté je préfère encore Lège-Cap-Ferret, c’est vous dire. Non, ici en terres gasconnes, entre Euskadi et Landes sud de chez sud, le climat s’est dit qu’il pourrait bien être lui aussi en vacances, histoire de se reposer le thermomètre et de se contenter d’un petit vingt-quatre degrés, genre de performance du strict minimum qu’il convient pour se qualifier d’être en été. L’eau est à peine moins froide, avec de beaux rouleaux d’écumes et ces fameux courants de baïnes à faire peur aux touristes qui imaginent là un nouveau genre d’eau de mer capable d’engloutir un baigneur, et dont on s’évertue à rappeler que « baïne » vient du gascon et désigne tout simplement un banc de sable. Cela n’enlève en rien à la dangerosité de la chose, juste pour expliquer qu’en certaines conditions de marées, du genre grosse marée haute sur le retour qui se dégonfle puissamment, le banc de sable fait avec la plage une sorte d’entonnoir qui presse l’eau de sortir, et comme l’eau est déjà fort furieuse de devoir quitter la plage, elle accélère son débit et provoque un courant rapide, le fameux courant de baïne quoi. Comme la nature est bien faite et que depuis ce brave Lavoisier tout le monde sait que rien ne se perd, tout se transforme, cette eau rageuse qui part en courant de la plage, s’en va faire un tour au large avant de revenir un peu plus loin rejoindre la grève, du genre de l’enfant que vous punissez et qui contourne votre regard pour rejoindre l’endroit interdit.

Qu’est-ce-à-dire ? Que si un tel courant vous prend, et bien prenez le, vous irez sans effort visiter la plage suivante. Si vous luttez contre le courant, vous vous y épuisez et l’épuisement provoque le malaise, le malaise la noyade, votre corps sera rejeté sur la susnommée plage de toute façon, alors, autant la voir de votre vivant, non ? Pourtant, il est contre nature de se laisser porter par les éléments, l’Homme, cet être supérieur, doit commander tout et tout le temps, mais voilà, on ne désobéit pas à ses parents. Notre mère nature, décide, et décidera toujours pour nous, quand bien elle devra un jour nous expulser en réponse à notre mauvais comportement. Notre père, céleste et bienveillant n’a pas pour mission d’accomplir les missions à notre place, mais bel et bien de nous aider à canaliser nos énergies pour y parvenir, seul ou bien en communauté, mais d’une façon humaine et responsable. C’est là une approche très essénienne des choses, il fut un temps où les hommes de ces temps-là savaient se placer entre leurs parents, entre le ciel et la terre, un temps de communion avec les éléments. Notre place, notre rôle est là. Savoir se situer, savoir capter les énergies du sol comme celles du ciel, du cosmos. Etre. Ces exemples de courants océaniques montrent combien nous ne sommes que fétus de paille au gré des colères naturelles, nous ne sommes que fœtus d’un monde que nous massacrons chaque jour un peu plus. Il n’est pas besoin d’avoir une tronçonneuse à la main, il suffit de regarder les sols sous nos pas : mégots, papiers, j’en passe et pas des meilleurs, le plastique, le latex ne se décompose pas aussi vite que le corps de l’homme qui les a jetés. Chaque geste, infime, négligeable, multiplié par la quantité non négligeable des auteurs potentiels du même geste engendre la pollution, l’asphyxie de notre planète.

Il fait bon en cette fin d’après-midi, Eole est de sortie, du coup le VTT aussi. Cela faisait un bail qu’il n’était pas allé se dégourdir les roues dans les sable de la forêt. Ah oui, le sable, ou plutôt, les sables… D’abord compact, compacté par les eaux, par les roues, par le temps, puis couvert d’un tapis plus ou moins épais d’aiguilles odorantes, sol brun-roux qui craque sous les roues avant de laisser place à ces pièges de sable mou où les roues glissent, où l’effort pour avancer se complique en rejoignant l’effort pour rester debout tout en restant assis, parce que lever son cul de la selle, c’est enlever du poids sur la roue motrice, et comme ces images de passagers assis sur les ailes d’une 2CV pour lui garder l’adhérence sur une route enneigée, le poids du corps sur la selle garanti de pouvoir avancer sur le sable, pour peu que vous aillez choisi le bon développement, ni trop puissant, ni trop enclin à devoir mouliner, voilà qui rajoute au plaisir. Ce même plaisir de voir cette faune des bois, oiseaux perdus dans leurs recherches alimentaires mon cher Watson, les geais d’un pas léger sur la piste, une palombe sur le bord, tandis que les ajoncs s’en viennent griffer les coudes d’un cycliste cherchant le sable dur trop en bordure de la piste. Virage, descentes, voilà le bord d’océan caché par la dune et bientôt, la piste en ciment dites des allemands, parce que construite durant la seconde guerre mondiale pour desservir les lignées de blockhaus protégeant la côte d’éventuels débarquements. Pourtant, quand j’y pense, ces blockhaus, cette piste sont fait d’un béton bien solide encore de nos jours, parce qu’abreuver de sueur, de salive, de sang de nos compatriotes employés à bon marché pour ces dérives militaires, alors, en cette fin de parcours, c’est à ces gens que je pense, à ces travaux colossaux qui perdurent encore de nos jours. Allez, zou, dernière longueur, derniers pièges de sables, ces serpents gris qui en sortent à peine, racines blindées par le temps et les éléments, barres rigides sur lesquelles viennent taper les roues pour peu qu’on n’ait pris la peine d’alléger le guidon. Sable mou, vieil arbre qui n’en finit plus de se décomposer, nous approchons du bout, retour au camp, retour vers la douche, les yeux et la tête pleine de ces belles images cueillies à même la nature… 

Voyages


C’est à l’heure où le feu descend sur terre, où la canicule s’en vient troubler le rythme des jours et des nuits qu’on se souvient des bonnes règles de nos anciens, ceux qui savaient vivre sans climatisation, juste dans leur temps et leur époque, dans le respect du climat, frimas ou canicules. Aérer lorsqu’il fait encore frais, fermer les volets, se reposer à l’ombre, réduire ses activités, boire de l’eau, que de bases saines, si simples qu’elles tombent dans l’oubli jusqu’à ce que nos automatismes gouffres de carbone soient défaillant pour fonctionner dans du hors norme qui n’est hors norme que par le désir de technocrates.

Il est pourtant des lieux magiques, rafraichissants, l’ombre des pins sous le vent jouant à travers leurs aiguilles, la proximité d’une cascade, d’un lac, d’un cours d’eau ou bien de l’océan, il suffit de prendre le temps d’y aller cueillir la fraicheur, d’y aller respirer ces ondes de vies, et pour ceux qui ne peuvent y accéder,  ces belles images, une bassine d’eau pour les pieds, un brumisateur, un linge humide et l’ombre bienfaisante même si à terme le feu brûle jusqu’au plus profond des pièces. La nature est reine et décide, de l’eau comme du feu, de l’air comme de la terre, les quatre éléments sont indissociables. Demain, lorsque la pluie viendra quelques jours durant, combien se souviendront qu’aujourd’hui le feu brûle ? D’ailleurs, qui se souvient des hectares dévastés par les flammes ?  Qui se souvient des mains apportant la chaleur qui détruit et assomme le mal lorsqu’il fait bon retrouver l’aisance et la mobilité de son corps ? Etrange communion entre la nature et ces mains qui soulagent, ce sont les mêmes énergies qui les parcourent, ce sont les mêmes sources oubliées de notre régénérescence. Qui sommes-nous donc pour avoir le luxe d’oublier d’où l’on vient ?

Rien n’est jamais anodin, ni l’ombre, ni l’air frais, ni le feu qui soulage, qui réchauffe, qui dore la peau, ni le manque, ni l’excès, tout est fait pour mesurer combien nous sommes fragiles, combien nous devons rester humble devant le monde, devant la nature ; combien nous devons être attentif, apprendre à lire dans les plis du rocher l’histoire de la terre, comprendre pourquoi cet arbre jonche désormais la pelouse de feuille, comprendre que rouler dans une boite fermée comme on roulerait à bord de son frigidaire, si cela rafraichit le voyage, cela ne doit pas pour autant faire perdre de vue le voyage. Mais au fond, c’est quoi un voyage ? Aller d’un point A vers un point B ? Atteindre un point B au plus vite ? Quitter rapidement ce fameux point A ? S’offrir de voir, d’apprendre, de découvrir tout ce qui sépare A de B, de mesurer ces changements de paysages, de caractéristiques liées aux habitats, aux végétaux, aux vallonnements, c’est une façon de communier avec notre terre, de voir que rien n’est jamais identique, c’est vivre son voyage au plus près de son évolution. D’ailleurs, qu’importe le but, qu’importe le voyage, qu’il soit à pied, à cheval ou ne voiture, qu’il soit en rollers, en quad ou bien à vélo, s’ouvrir aux paysages autour, c’est s’enrichir de mille et une images, des milliers de graines qui germeront dans l’esprit et feront naitre d’autres voyages et d’autres envies de voyages. Allez, il est temps de poser le papier et le crayon et de poursuivre l’ombre douce et fraiche du sentier sablonneux.


Tenez-vous à l’ombre et ouvrez l’œil…..


Dansez rêves étranges

Dans ces rêves étranges que l’on fait parfois, éveillé ou pas, réveillé ou pas, dans cet état d’inconscience à la fois si conscient, si réel, où l’expression est libre, imagée, filmée dans des scénarii à faire pâlir d’envie les plus grands réalisateurs, il est bon d’être, de se découvrir tel qu’au fond nous sommes car si l’inconscient habite au plus profond de nous, c’est bien de l’intérieur qu’il nous voit, c’est là que nous sommes, vraiment. Beaucoup trop de gens s’attarde à l’extérieur de la personne mais au fond, que voit-il ? Une façade, lisse, froide, ou bien maquillée, une cuirasse, une image, construite selon des codes, des modes, des retenues. Dans une société qui court après le temps, c’est là que s’arrête la prise de connaissance, là que s’établit le jugement. Dans une société de consommation, c’est là que s’établit la consommation, ou pas.  Etrange monde que le notre, ou plutôt, étrange monde que nous avons fait, celui du vite, celui du consommable, celui du superficiel.

Dans ces rêves étranges, le temps n’est pas le même, le temps n’est plus le même, d’ailleurs, les gens ne sont plus les mêmes non plus, ils s’intéressent aux choses, aux gens, aux mots, ils franchissent la barrière de corail qui nous sert d’armure et s’en viennent visiter le lagon de notre paix intérieure. Dans ces rêves-là, on ne consomme pas, on construit une relation, normal puisqu’on accorde du temps à la vraie personne, plutôt que de s’arrêter à l’apparence. Ah ! Ce vieux débat entre être et paraître…. Les rêves ont du bon d’apporter cette fraicheur et ce rappel de ce qui fait réellement l’existence, bien que cela ne soit plus trop hélas la réalité de nos existences. A trop subir de pollution, l’atoll se protège et dresse jour après jour sa barrière de corail, ce mur épais qui offre en premier son exposition aux regards trop pressés pour en faire le tour. Difficile quadrature du cercle, omettre de se protéger c’est s’exposer aux risques de pollutions corrosives, c’est s’offrir aux blessures dans une chair qui ne se reconstruit plus tout à fait comme par le passé. Trop se protéger, c’est prendre le risque de n’être pas vu, de n’être pas perçu tel qu’on est, sauf si l’on est percé à jour par ces trop rares êtres qui ont le temps, qui ont les clés, qui savent aussi que derrière la porte il y a le jardin du vrai, que la barrière de corail possède toujours une passe qu’il faut franchir pour profiter des eaux pures du lagon.

Dansez rêves étranges car vous apportez à la fois gaieté et sérieux, parce que les messages sont contenus dans nos rêves même si nous ne nous en rappelons pas toujours, parce que nous ne sommes pas éduqués pour oser prendre conscience de notre inconscient. L’éducation, ce n’est pas une grande et belle dame qui donne des clés, mais plutôt une série de personnages qui viennent vous en voler, les substituant par d’autres, mais les clés reçues ouvrent des fenêtres sur la cour tandis que les clés perdues ouvraient des portes vers le monde. Comment ne pas voir qu’un enfant, non encore modelé par ces phalanges éducatives, moralistes, restrictives, sait encore s’exprimer en toute candeur, ose dire, ose poser des questions, ose rire et s’émerveiller de toute la vie qu’il y a dans chaque seconde de vie ? Comment ne pas retrouver cette même candeur dans des peuples reculés d’Amazonie, qui ont échappé à la circoncision de nos éducations ? Mais qui a dit que cela était définitif ? Qui a dit qu’il n’y avait pas de retour possible ? Partons à la conquête des clés manquantes, tel le dédale des épreuves d’un fort Boyard géant, pas après pas, nuit après nuit, rêve après rêve, méditation après méditation, ouvrons grand notre écoute à notre voix intérieure, à notre inconscient, réapprenons à nous connaitre, faisons la paix avec nous-mêmes, soyons.

Dansez rêves étranges, car vous ne m’êtes plus étrangers, les messages délivrés sont personnels et bien en phase avec le temps. Peu importe que le chemin soit long ou bien court, chaque pas qui l’anime est un pas qui construit, qui avance, qui enrichit. Parce que le monde est plein de trésors, plein de leçons, plein d’espérance. Parce qu’il suffit parfois d’ôter ses lunettes noires pour le voir dans ses vraies couleurs. Parce que les lunettes noires ne nous protègent pas que du regard des autres, elles nous empêchent de voir la réalité des choses, elles nous privent aussi de l’envie de faire le mur…         

Six cents


C’est marrant la magie que prennent les nombres dès qu’ils alignent des zéros, pourtant, le zéro, c’est rien, c’est nul, alors quoi, des zéros alignés, qu’y a-t-il de remarquable ? D’abord, s’ils sont alignés, c’est qu’ils sont fatigués, c’est bien connu, les zéros sont fatigués. Ensuite, qu’est ce que ça veut bien dire, juste là, à ce moment précis, et ici, d’avoir un compte dit rond parce que deux malheureux zéros sont positionnés côte à côté ? Six cent textes, non, six cent pages, publiées ici, disons même, encore publiées ici, parce que des pages sont parties, après avoir vécu, après avoir été lues, après avoir su, parce que c’est comme ça qu’est la vie, donc au final, six cent, ça ne veut rien dire. Si sans prétention, six cents pages d’image ou de mots, plus souvent de mots, si s’en doute, ces mots sont venus noircir des états de l’âme quelque fois, si s’en prendre plein le blog c’est pas de l’amour des mots, alors que dire, si ce n’est que le temps passe en apporte son lot de jongles, ces rires et ces larmes, ces billets d’humeurs, ces blagues, ces sourires, ces délires, bref, tout cela ce sont des mots.

Si sans maux il n’y aurait pas d’évolution, pas de correction, pas de progression, si sans textes, il n’y aura pas de blog, il n’y aurait pas de cahier, il n’y aurait pas de plaisir à écrire, à partager, à échanger, et quoi qu’en pense les bien pensants, les gens bien comme il faut, cet outil récréatif qu’est le blog m’a donné de belles pages d’amitiés, plus que d’inimités, des challenges, des défis, des échanges, des discussions par d’autres biais aussi, des belles réalités aussi, et ça, c’est quand même le plus chouette.

Six cent pages, au fil du temps, c’est un tome en plusieurs tomes d’une vie en plusieurs vies. Un lendemain qui marquait la fin non pas d’une aventure, non, mais d’une vie, belle, et hélas accomplie dans cette formule, des hésitations de premiers pas à faire dans un monde d’équilibriste ou le funambule a perdu son balancier, un réseau social d’un temps moins plus ouvert et moins tordu dont reste de belles amitiés et une très belle leçon. Un clap de fin sonné par deux fois, ne dit-on pas jamais deux sans trois ? Toute chose a une fin, un jour la lumière s’éteindra, l’obscurité s’étendra et n’étant pas nyctalope, mes mots derniers écrits se révéleront mes derniers écrits, c’est là la loi de l’évolution qui pousse la porte et pousse vers la porte. Mais qu’importe, ces deux claps de fins m’ont valu de belles expériences de vie, et même si les sorties sont parfois longues, autant profiter de ces longues sorties. Sait-on jamais si le ver est dans la pomme ou si la pomme habille le ver, ce qui est sûr c’est que tant qu’on est vert, il faut essayer d’en faire des vers et construire autour les belles images qui aideront à lever son verre sans attendre l’hiver. Démo, des mots, des sons qui sont autant de rythme et de percussions, qui font sonner dans mon oreille certains phrasés, certains accents de mes maitres poètes, du panthéon des gloires éternelles de la chanson française même avec des accents belges ou bien québécois, voire même occitans, disons alors de la chanson francophone. Et si certains sont déjà hélas d’illustres poussières à l’abri du temps, d’autres jeunes et moins jeunes lustrent les marches sans copie, sans imitation, juste en trouvant leurs voies et leurs voix, en nous comptant des ballades et des jolies histoires le temps de quelques vers, le temps de quelques strophes, le temps d’un refrain. C’est désormais une certitude, écrire plus que lire, dresse l’oreille à capter la métaphore au plus fort d’un texte, et avec l’image le son des mots qui s’entrechoquent et s’apaisent, se répondent et se complètent, viennent sans coup férir, ponctuer la rime et le texte fleurir.

Un joli passe-temps, un compte feuillette, une habitude sans habitude, parfois quelques mots, parfois un blanc ponctué de photos, parfois aux abris, parfois aux écrits, parfois, des pages se complètent et volent vers le blog, à tire d’ailes. D’hier à aujourd’hui, des petits bouts, des émois, des morceaux de vies, des envies, des plis, missives anonymes non par l’auteur mais par le destinataire, retour vers l’expéditeur, le seul qui soit un peu timbré sans doute. D’aujourd’hui à demain ? Je n’en sais rien, je n’ai pas calculé d’itinéraire, s’il fait beau ça sera à l’envie, s’il fait moins beau, ça sera à l’envie aussi, peut-être la même, peut-être pas, peut-être plus, peut-être…. C’est si beau les « peut-être », ça vous colore les phrases d’envies qui dansent et surtout, ça laisse la place au lecteur d’y poser son imagination, une forme de partage, et, dès lors qu’il y a partage, il y a enrichissement, c’est un peu comme le jardinier qui met une graine en terre et s’associe au temps qu’il fera, à la nature du sol pour qu’ensemble ils fassent prospérer le semis. Il faut de la pluie, il faut du soleil, il faut des rires, il faut des pleurs, il faut de la chaleur pour que grandisse une vie.  

Juste s'asseoir


De sable et de nature, de soleil et de vent, de ciel bleu et d’eau bonne pour la baignade, que pourrait-on demander, rêver de mieux en cette époque de l’année ? Oh on pourrait aussi rêver d’escapade là-haut, tout en haut des montagnes, voir les marmottes plonger dans leur trous, s’en aller toucher une neige qui se croit éternelle, gravir encore plus haut pour toucher les sommets du pieds et voir combien le ciel est bleu. Ou bien tout simplement ne rien faire, plus exactement faire ce que le reste de l’année nous ne pouvons pas faire, sortir ce transat pour le repeindre, ou bien jeter la couverture à terre et se mettre à bouquiner au ras de l’herbe à l’ombre fraiche des noisetiers… C’est bon les vacances, être en vacance, se mettre aux abonnés absents, n’exister que pour soi, pour ses proches aussi mais dans ce subtil équilibre qui veut que soudain on pense à soi. Faire tout ce dont on n’a pas le temps le reste de l’année, ou bien ne rien faire, juste parce qu’on l’a décidé. Lire, écrire, peindre, rêvasser, dormir, siester, visiter, bricoler, ranger, voir ses amis, voir si on n’a pas le temps de mieux s’organiser le reste du temps….
 
L’odeur du sable, l’odeur de l’iode, la chaleur du soleil sur la peau. L’odeur des prairies, l’odeur des rochers, la chaleur d’un corps qui se gonfle d’effort et gravit les marches, celle du soleil qui cuit la peau moins distante. L’odeur de l’oubli, l’odeur des vacances, celles du pain qui croustille, les éclats de rires, les éclats de beau, les éclats de bon, les joies profondes, les pauses hors du temps. Que serions-nous sans ces instants ? Que ce rappelle-t-on de nos dernières vacances ? Les odeurs, les décors sont loin et pourtant. C’est cela la vie, des moments fugaces, intenses, des moments plaisirs et un cerveau qui est dressé pour partir au combat, ranger dans une case ces instants de bons et affronter la vie comme une lutte, à la vie, à la mort. L’être humain aime bien les défis. Il se fixe des résolutions au gré du calendrier. Résolutions du nouvel an, résolutions de vacances, résolutions de rentrée, résolution et révolution, un tout complet sur soi-même pour reprendre ses travers et ses habitudes, ses us et ses coutumes. « Dois-je ranger ma pelle et mon seau ? Vais-je lire un livre de plus que l’an passé ? Cette année, c’est décidé, ça serait poisson à tous les repas, enfin, peut-être pas au petit déjeuner. »

Et voilà le rythme des semaines qui démarrent le samedi, celui des bouchons, ceux des routes, ceux des péages avant ceux du rosé bien frais à consommer avec modération bien sûr. A trop faire la course, on en oublie que comme le disait Enzo Ferrari, pour être premier, il faut premièrement arriver, en d’autre termes, pour profiter du résultat, des congés, des vacances, il faut s’assurer de bien y arriver, de bien s’y poser. Il y a tant de piège, les routes, les amis de passage, la famille, les fausses routes, les faux amis, les fausses familles. L’endroit, le faux endroit ? Il n’y a pas de faux endroit, il n’y a pas de mauvais endroit, juste d’y être au mauvais moment, sans percevoir le comment du pourquoi, sans y être vraiment. Oui, on peut donner et donner énormément, simplement, il faut aussi penser à recharger, à se donner du temps à soi, et quoi de mieux que cette période de vacances pour s’accorder une pause sans contrainte, pour souffler, pour s’ouvrir à autre chose que les choses établies, instaurées, subies ?  Encore quelques heures, l’herbe est si agréable, encore quelques instants, je n’avais pas vu qu’il y avait autant de papillons, et puis, les oiseaux s’approchent, les chats jouent à la bagarre, comment pourrait-on déserter ces spectacles de vie, comment pourrait-on refuser de s’abreuver de vies à la vie ? Pourtant, toutes ces scènes-ci sont maintes et maintes fois jouées et rejouées, chaque jour, plusieurs fois par jour, mais nous ne les voyons pas, parce que nous n’avons pas le temps de les voir, parce que nous ne prenons pas le temps de les voir. Constat.

Et si le temps devenait un allié, et si dans nos vie, nous prenions une pause, quelques minutes, quelques heures, un jour, plusieurs jours dans la semaine, seul, à plusieurs, juste s’asseoir et regarder la vie, juste s’asseoir et écouter le monde, juste s’asseoir et voir tout ce monde ? C’est là la plus grande des méditations, celle qui se fait les yeux grand ouvert, les oreilles grande ouvertes, le cœur ouvert, grand ouvert, prêt à s’irriguer du sang de la vie. Et si l’été, mode vacance, permettait juste d’essayer ?    

Enigmatique


Bien des choses restent étranges et de ce fait, interdites de notre propre fait, de notre propre interdiction, parce que notre culture, nos cultures devrais-je dire selon que l’on se place au tronc ou bien à la ramure du grand arbre qu’est la vie, génération après génération, le tronc se ramenant à nos civilisations judéo-chrétiennes, bien campé sur des racines judaïques, hébraïques, égyptiennes, païennes, tant d’histoires, tant de certitudes, tant de traditions, qui font grossir le tronc et irradie aujourd’hui la frondaison de chacune de nos vie. De ces années de traditions, de ces décennies de philosophies, de ces siècles de principes éducatifs basés sur un volonté de gouvernance, une prise de supériorité basée sur la mise en infériorité des peuples, le maitre mot fut la peur. Faire peur, faire naitre la peur, faire rêver ce quelque chose d’irréel, d’illusoire et faire peur sur la réalité, sur le palpable. Lentement, patiemment, nos années, nos générations ont forgé ces faux guides, ces œillères qui décident pour nous de ce qui est bon, de ce qui n’est pas bon, de ce qui est mal même. Le bon et le mal, principe dualiste, basique, efficace. De cela, nous sommes nés, amputés dans notre champ de vision, dans notre perception, dans notre raisonnement, ce qui nous est inconnu fait peur, ce qui n’est pas dans la colonne « normal » n’est pas normal, est donc étrange, étranger à notre monde donc dangereux.

Dès lors, comment peut-on comprendre, apprendre, communiquer sur toutes ces choses hors-cadre ? Comment vivre à cent pour cent lorsqu’on se ferme les portes du cent pour cent ? Et comment ne pas se sentir étranger lorsqu’on a brisé ces limites, lorsqu’on a éveillé sa conscience à ses possibilités réelles, à la réalité du monde ? Réalité qui est irréalité pour d’autres, voilà qui devient hébreux, voire ténébreux. Les peuples issus d’autres branches que notre « famille », ces peuples qui ont poursuivi leur évolution sans les carcans dictatoriaux ne portent pas ces mêmes rejets, ces mêmes limites, simplement parce que leurs visions n’est pas occultées aujourd’hui encore de ce que l’être humain maitrise dans la totalité de ses sens, peut-être bien parce qu’ils utilisent encore leurs six ou sept sens quand nous, occidentaux hautement évolués n’en utilisons plus que cinq, mise en pratique de la théorie de l’évolution, dans un caractère non attendu : la régression. Les quelques spécimens ayant non évolué dans cette évolution se retrouveraient donc avec des sens en plus, ou plutôt, avec la quasi intégralité de leurs sens, voire même, la capacité de s’en servir. Chamans, rebouteux, guérisseurs, sorciers de cette tradition moyenâgeuse qui dresse procès en sorcellerie à qui donc ose soigner sans être de rang pour le faire, le rang se devant être d’être du clergé ou bien du pouvoir absolu, puisque le Roi n’était Roi que de droit divin et qu’à ce titre, il avait pouvoir de guérir des écrouelles. Etrange, non ? Le Dauphin ne le pouvait pas, mais devenu Roi il le pouvait…. Initiation ? Décès du titulaire ? Voilà qui nourrit la tradition et les peurs ancestrales que les pouvoirs ne se transmettre que par la mort et la filiation. Formules magiques ? Grimoire ? Prières ? Ciel, on touche là au religieux, sujet délicat et hautement réprimé. A chacun son jugé et ses préjugés. Le tiers état appréciera d’avoir été tenu à l’écart, non des pouvoirs, mais de leurs pratiques, et, ce qui ne se pratique pas ou plus, disparaît de sa belle mort. 

Ces ensembles de peurs se rassemblent aussi dans le grand voile des superstitions, mais alors, comment peut-on expliquer que par exemple le vendredi treize soit jour de malheur pour les uns, sur la base des templiers peut-être et du jour de leur exécution, ou bien encore ce même vendredi treize soit jour de chance à faire rougir les comptes de la française des jeux ? Diantre, nous ne sommes pas égaux devant les superstitions ? Supercherie ? Transposition ou bien interprétation ?  Ces sujets mettent vite mal à l’aise, le poids sans doute de nos traditions et de nos éducations. Doit-on éradiquer les chats noirs tout comme les anciens égyptiens massacraient les enfants roux ? Que sont devenus les sorciers dans notre quotidien ? Des savants fous dans leur laboratoire, des chercheurs en perpétuelles ébullitions, des êtres étranges et à part parce qu’incompris, des Harry-Potter ou bien des anonymes, qui d’un geste, d’une parole, d’une écoute, de quelques mots savent vous aider à traverser cette rue d’incompréhension, cette mauvaise passe, une sorte de bouée magique qui apparait et disparait le temps que la vague soit passée ? Et si chacun avait un bout de clé, un maillon d’adn, un morceau de la grand énigme, à la fois la serrure et la clé, mais pas la bonne, juste devoir rencontrer la somme de personnes qui délivreront le bon message, le bon code qui mis bout à bout pourra déverrouiller le loquet et libérer la conscience, sa propre conscience ? Et si le hasard n’existait pas tant que cela ?     

T'as raisin, pied de vigne!


Hasard des balades dans ces coins d’Aude que j’affectionne, dans cette vaste composition subtilement travaillée de minéral et de végétal, le sentier du jour longe des vignes aux ceps solides, témoignage de longues d’années de croissance, permettant aussi aux connaisseurs de dater l’âge de la plantation. Sous la frondaison d’un vert éclatant, murissent tranquillement les grains accrochés aux rafles, formant de belles grappes gorgées de soleil, de sucres et d’envies qui délivreront bientôt ce nectar, véritable sang du pays, désormais objet de toutes les attentions. Fini les années de piquettes, il faut dire aussi que la donne était différente, il fallait produire à tour de bras et de vignes du vin de table pour le pays. Exit ce temps-là, désormais, ce sont des appellations d’origine contrôlée, des choix imposés de plantation, telle ou telle variété de vigne, dans tel pourcentage, et un suivi méthodologique qui détermine les opérations rythmant la viticulture. Après le temps de la récolte, le temps du pressage viendra le temps de la maturation des jus avant que les maitres œnologues déterminent l’assemblage précis, sorte de dosage scientifique où la syrah ne doit pas déborder sur le carignan pas plus que le grenache ne doit l’emporter. Du travail de spécialiste qui donne l’accent du terroir à chaque bouteille, qui signe du maitre du cru la production issue.

Mais aujourd’hui, c’est la plante qui attire mon regard. C’est beau un pied de vigne, à la fois torturé et dressé, maitrisé par les tailles, rabougri par la pauvreté du sol, loin d’être un tronc lisse, c’est au contraire un corps puissant aux muscles saillant, les veines et le plissé de son écorce donnant le relief qui sied au produit. Mais plus étrange, c’est de les voir tous, alignés en rang d’oignon si j’osais cette inappropriée expression, dressés contre leurs lignes de vies où s’étales les sarments et les feuilles, chacun bombant son torse comme pour répondre à l’inspection. En regardant de plus près, ces rejetons de la même année de plantation, on s’aperçoit des différences spectaculaires qu’il existe dans la nature ; Celui-ci a poussé plus que celui-là, du moins ce cep-ci est plus gros, plus imposant que son voisin de rangée. Le départ des branches est aussi différent, il est rare de trouver au final, plusieurs fois le même pied. C’est cela la vie, deux être qui démarrent ensemble leur vie commune, s’accrochant à leurs lignes de vies, cherchant à faire leur place au soleil, à s’épanouir et faire pousser ses fruits, deux être identiques ou du moins proche, suffisamment proche pour ainsi s’associer, deux êtres que la vie fait grandir différemment. Au fil des temps, l’un empiète sur l’autre, le prive de lumière, l’appauvrit et l’étouffe jusqu’à l’épuisement. C’est parfois cela la vie. Et parfois l’aide extérieure est nécessaire, celle du viticulteur qui viendra par la taille corriger es pousses ou bien arracher le pied agonisant.

Mais pour nous les Hommes ? Ne sommes-nous pas de la même espèce, à parfois disparaitre sous la coupe d’associés trop influents ? A s’étioler dans sa vie, dans son groupe, dans sa communauté, dans son couple parce que l’autre est devenu dominant, imposant, parce que les fils de nos vies ne sont plus les fils de nos envies, parce qu’atteindre notre ciel nous parait épuisant et que les mains tendues deviennent des mains qui poussent sur notre tête pour l’empêcher de s’élever ? C’est à cela que me fait songer ces pieds de vignes, prisonnier de la même gangue, contraint à disparaitre par épuisement personnel ou bien par choix du viticulteur. Nous sommes des êtres vivants tout aussi bien que ces êtres vivants-là, mais nous avons une chance inouïe, c’est d’être potentiellement acteur de notre vie, même lorsque nous n’usons pas de ce potentiel. C’est à nous et à nous seul qu’il convient de nous exprimer, de décider de s’arracher de là, de briser ces clôtures, d’échapper à cette petite mort en exil, un exil parmi le nombre, parmi la collectivité, parmi le couple. Partir, se détacher, s’exiler, affronter la peur, notre peur du vide, du néant, de l’inconnu, mais aussi et surtout, se donner l’occasion de vivre, de passer la tête hors de l’eau, d’happer cette bouffée d’air neuf et non vicié, de goûter à la vie, notre vie, pas celle imposée par tant d’autres choses. Vivre ou s’étioler, grandir ou mourir, respirer ou s’étouffer, un choix, des choix, un chemin, son chemin. Il n’y a rien de facile, jamais, surtout pas le premier pas, imaginez un peu combien il peut être dur de se déraciner de son pot quotidien, mais imaginez aussi combien il est peu agréable de voir sa vie s’étioler.

Quelques pas au soleil des Corbières, quelques pas le long des vignes, quelques pas qui résonnent dans la tête comme des similitudes d’avec le monde des humains, mais après tout, nous sommes tous des êtres vivants, non ? Alors vivons, tout simplement. 
         

Bas les masques


Je ne sais si les muses sont en vacances ou si au contraire elles manquent de clients à inspirer, toujours est-il que parfois les idées fusent, tout comme un champ dont le semis aurait été trop serré, la récolte est épaisse, la boulimie d’écriture génère ses proses sans pauses ni poses. Le travail d’écriture, même s’il est un jeu, nécessite de la matière pour s’exprimer, tout comme le sculpteur part de son bout de matière, glaise, marbre, pierre, pour en tirer l’œuvre qui dedans y dormait, écrire n’est faisable que lorsqu’il y a de quoi écrire, à moins d’être un moine copieur, ancêtre de nos photocopieuses et autres imprimeries, recopiant à l’infini la copie des précieux écrits, il est vrai que les trente-cinq heures n’étaient pas encore nées ni les loisirs autres en odeur de sainteté. Point de copie, juste une mise en ligne de choses tordues poussant dans la tête, juste une exercice récréatif, exutoire peut-être, libérateur sûrement en tout cas, très amusant. Et si les muses se lâchent ainsi, c’est aussi qu’il n’y a personne sur le périphérique en cette époque, les bouchons et les gêneurs étant aux abonnés absents. Les grands flux migratoires de l’histoire de la vie se retrouvent dans une situation similaire à il y a quelques années, période faste et agréable, qui, si elle a vu l’invention de l’écriture sur blog n’en est pas moins qu’une continuité dans une vie de gratteur de papier. Simple constat qu’il est aisé de mesurer et d’en jouir, l’autosatisfaction ne faisant de mal à personne. Honni soit qui mal y pense, avait pour devise l’ordre de la jarretière, voilà qui devrait élever les ébats. Ah oui, l’humour est là, bien sûr, sans quoi la vie serait d’une tristesse à en pleurer, n’est-il pas ?

Que les muses s’amusent à dicteur leurs courriers vers les quelques survivant qui œuvrent encore dans cet été cuisant, soit, mais alors, qu’elles le dictent bien. C’est vrai quoi ! Passons encore sur les métaphores et les décors naturels à un point qu’ils en paraissent surnaturels, mais tout de même, peut-on passer plus longtemps sous silence l’importance de la clé de onze dans le démontage et le montage de la deux chevaux ou bien encore la composition étonnante d’un mètre carré de plage océane après le passage de hordes de vacanciers ? Ah oui, il y a matière, mais il y a aussi matière et matière, certains jours on préfère le marbre, noble, et si riche de ses veines et des ses grains mais si dur à travailler, d’autres jours, on préférera l’argile réclamant du doigté et de la douceur dans la maitrise du couteau sous peine de détruire ce qui dormait dans ce bloc mou. Il y a des évidences comme des envies dansent, il y a surtout l’envie, les mots, les mots, toujours les mots, bruts ou lisses, précis ou noyés de sens, sens dessus-dessous, sens états d’âmes,  sensibles, sentiments et sensations, sempiternel jeu d’écriture qui ne rapporte rien, mais qui enrichit de prose les pages fussent-elles virtuelles. Il fait chaud, il fait ombre, il fait bon écrire et laisser jongler les mots dans leurs farandoles de phrases, parce que la vie danse, parce que la vie chante, parce que la vie rit, parce que la vie est surtout ce qu’on a de plus beau, de plus précieux, de plus authentique.

Il n’a pas toujours été facile d’écrire, parce que parfois les muses s’amusent ailleurs, parce que parfois nos vies leurs font peur, parce qu’au fond, la muse n’existe que lorsqu’elle a écoute, il faut savoir prêter l’oreille, vouloir être sur la bonne longueur d’ondes et non au ras des pâquerettes, ou pire, au trente sixième dessous. Trente sixième de sous ? Bigre, ça ne fait pas beaucoup, alors, ça ne vaut pas le coup de s’y étendre, d’y descendre, non, préférons-y le soleil, la tête haute, le regard droit vers ces horizons qui happeront nos pas comme le phare appelle les bateaux vers le bon port au soir venu. Debout ! Marchons, que le sang impur s’en aille rejoindre le sillon, c’est vivant et disponible que nous avancerons, c’est au grand jour et sans attrait que nous irons, l’être est bien plus fort et bien plus puissant que le paraitre, il y a trop de masque, trop d’erreur, soyons nous, soyons. Bas les masques, profitons de la vie, elle est belle et sourit en réponse à ceux qui lui sourient.

Saint Amour


Le calendrier du jour marque la fête de Saint Amour, voilà bien un mot mal compris, mal utilisé, mal employé, ou bien employé mal à propos. Aimer est un joli verbe de la langue française, de ces verbes fourre-tout qui servent aussi bien pour les gens que pour les choses, et, l’académie ne reculant devant aucun sacrifice, l’abstrait y a autant droit que le concret, le virtuel que le réel. On aime un film, un arbre, une rue, un poteau, un ami, un chien, un chat, sa belle-mère, oui, là je sais c’est plus rare, encore que, l’histoire fait son chemin en dépassant de loin la réalité, un peu comme les blondes d’ailleurs, mais là, je me comprends. En somme, on aime, et ça, c’est beau c’est magique, c’est formidable, ça fiche la banane, d’ailleurs on peut aussi aimer les bananes, ça file la pêche, oui je sais on aime aussi les pêches, ça donne la patate, et oui, on aime aussi les patates, et puis qui dit patate dit frites et on aime quand ça donne la frite, non ?

C’est bien joli tout ça, mais comment qu’on fait pour s’y retrouver entre aimer sa viande bien cuite, sa chérie, ou son chéri, il en faut pour tout le monde, mais ne confondez pas, s’il vous plait, sinon danger et puis, pas plus d’un ou d’une à la fois, sinon il y a excès et l’exécrable excès tue, donc on n’aime pas, non ? Alors, c’est bien joli les verbes fourre-tout messieurs les académiciens, mais comment que ça peut marcher votre affaire ? Les anglais eux, bon, juste comme ça parce que faut quand même pas tout prendre en exemple, ils ont du « like » et du « love » c’est beau, c’est bien et ça marche. Nous on « aime » ou on « aime », rapide, efficace, enfin, efficacité digne d’un jouer de foot de l’équipe de France, c'est-à-dire ….. Rien quoi. J’aime pas.  Tranquille au chaud nos immortels, les mots croisés en une demi page par jour, et là, « aimer » a du tomber un jour de sieste… Et dire qu’au dessus, il y a le grand patron, j’ai nommé le Saint Amour, celui que pilepoil, on lui fait sa fête aujourd’hui.

Alors, monsieur le patron, vous le saint des saint, parce que je suis désolé, mais sans amour, les autres peuvent aller se rhabiller, enfin, là, c’est une image, parce que si je peux imaginer un sein dénudé, je ne vois pas un saint dénudé, donc vous, monsieur le saint, dites-nous un peu comment on fait pour s’y retrouver dans vos variantes d’aimer. Aimer est court, si sensible aussi que si d’aimer on ôte le « i », il en devient amer, chose désagréable, amour fielleux, l’amertume tue l’amour, c’est clair, l’amer tue. Aimer est puissant, c’est aussi une source d’énergie, du genre de ce vieil arrosoir qui fuit, qui vous mouille autant les pieds qu’il n’arrose la fleur. Comme les gens s’y perdent et on toujours peur de trop aimer, ils ont choisi d’aimer leur amour, leur chéri, leur conjoint, un autre conjoint d’un autre, un autre pas d’un autre, c’est selon, en tout cas, ils aiment d’un amour qu’on pourrait qualifier euh…d’amour quoi. Mais du coup, ce raccourci-là les prive d’aimer leurs proches, leurs amis, leurs bons amis, leurs meilleurs amis, leur meilleur ami d’un amour qu’on pourrait qualifier d’amour aussi, mais quand même pas pareil, puisque amical et non amoureux. Tiens, voilà qu’une nuance s’en vient nuancer la chose sans qu’on y prenne garde. C’est cela que j’aime bien dans la langue française, elle est toute en nuance, et malheureusement, dans notre époque trop pressée de gens trop pressés qui vont à leur essentiel, le sens nuancé est pris de court par le sens qu’on veut bien donner, le sens qu’on s’approprie qui n’est pas pour autant le sens approprié parfois, et ce, quel que soit le mode de communication, oral, écrit, télégraphié, esseméssé, oui, ne cherchez pas dans le dictionnaire, je viens de l’inventer et il va falloir des lustres avant qu’un de ces personnages vert et immortel n’en ajoute le sens dans le grand livre.

Et c’est donc tout en nuance que je souhaite une bonne fête à tous les gens que j’aime sans oublier ceux que j’aime moins mais pour aimer moins, il faut aimer quand même, n’est-ce-pas, et même à ceux que je n’aime pas mais qui eux m’aiment et qui m’écrivent chaque année pour me souhaiter la bonne année fiscale par exemple. Un grand sourire, beaucoup d’humour et d’amour, parce que l’amour sans humour serait une chose triste, du « a » au « hu » il n’y a qu’un pas, et non, je ne parle pas d’onomatopées, le langage de l’amour est si riche, si grand, si puissant qu’il est sans cesse à renouveler, à écrire et surtout, à inventer !   

Les promesses du soir


Les promesses du soir sont les caresses de l’aube. Encore faut-il, de manière correctement orthographiée, habiter dans l’Aube, sinon, va falloir se lever de bonne heure…. Sourire grivois, pensées légères, tout comme il arrive parfois, lorsqu’à la fraicheur des murs on sent la chaleur poindre à travers les raies de lumières, et si la chouette hulotte hulule sous la lune, gageons que ces douces nuits d’été plutôt torrides apportent plus qu’elles n’emportent les jolies promesses, douces caresses en pensées. Qu’il fasse chaud en été, cela semble être normal, qu’il fasse très chaud, cela reste aussi quelque chose de naturel sous nos cieux, à croire qu’avec le temps, nous avons omis que l’été est une saison chaude, au sens premier du terme. Peut-être même qu’à force d’à coup, de saccades et d’allers-retours, à force d’avoir souffler le chaud et le froid, nos corps éprouvés n’apprécient que modérément ces comportements immodérés, oubliant dans la froideur combien ces journées et ces nuits peuvent être autrement brûlantes…

Diable, que ferions-nous donc si nous n’avions pas quelques fraicheurs pour souffler ? Il est drôle d’évoquer ainsi le malin en parlant de chaleur, l’image populaire et nos bases culturelles sans doute n’y sont pas étrangères, mais au fond, qu’en sait-on ? Qui peut en témoigner ? Je me souviens qu’il y a peu, février est ses morsures de froid se révéla un enfer, et à lire le mercure couramment sur le grand thermomètre, il a fait plutôt frisquet, comme quoi, l’enfer n’est pas forcement tout feu tout flamme. Cela dit, le feu a brûlé tout l’hiver, et février fut un grand consommateur de bois, j’y ai fait de grosses flambées, ce qui ne fait pas pour autant de moi un flambeur, mais associe bien à ce froid d’enfer des flammes plutôt bienfaitrice. Ne me faites pas dire que l’enfer soit un lieu de bienséance, vous risqueriez de m’attirer les foudres divines, ce qui me désolerait, d’abord parce que je n’aime pas la foudre, ensuite parce que cela noircirait l’image de bonté divine, rien à voir avec le « bon, t’es divine ! », mais quand même, si dieu se met en colère et se met à faire des actions de punitions, doit-il aller rôtir dans les flammes d’un enfer dont on ne sait s’il est froid ou chaud ? Bien étrange tout cela, pour ne pas dire mystique, et je reconnais qu’il y aurait matière à dire sur miss tique et ses compères, je n’apprécie guère leurs mordantes attaques lors de randonnées herbeuses, pas plus que sur mes chats cela dit. Du diable aux tiques, voilà qui sonne gothique, et établirait un lien entre ces créatures, prenons garde aux lectures qui pourraient être soumises à interprétations, le trésor est bel et bien caché tout comme l’indique ce suppôt de Satan, qui supporte le bénitier en grimaçant un tic dans l’église gothique peut-être pas très catholique de la noble cité de Rennes-le-château. Voilà qui jette un pavé dans la mare, faisant fi des grenouilles, de bénitiers bien sûr, de la mare, il ne pourrait en être autrement, et ce déplacement d’air dans la mare par le pavé volant et retombant nous ferait certes marrer mais vous pourriez bien en avoir marre.

Je ne sais plus où je voulais en venir, juste que nous sommes en été, qu’il fait très chaud et me voilà projeté à Rennes-le-château, non pas Rennes-les-bains, ni même Rennes, Ille-et-Vilaine, comme quoi, sous une même appellation on peut se tromper de reine, et je passerai donc sur nos augustes rois qui aimait à se faire appeler Louis, quand bien même ils se prénommaient Charles, Henri ou Philippe. Mais quelle histoire et quelle Histoire, je crois qu’il est temps pour moi de reboucher l’encrier, de m’en aller remettre la plume sur l’oie et surtout, d’aller me mettre à l’ombre, ce sacré soleil me dicte des choses plutôt étranges, à vrai dire, sans queues ni têtes, comme quoi, les promesses du soir ne sont pas toutes caresses de l’aube, mais sujet à caution pour peu qu’on tente de prendre position. Quant à définir la position, là, il est une voie qu’on ne saurait défendre, un discours plus personnel et moins entendu, un sujet à débat, des débats à ébattre, joyeusement, gaiement, vive l’été !     

L'oiseau, l'homme, l'océan


Dans l’air léger du matin, l’oiseau décrivait de grands cercles au-dessus de la plage, s’amusant tel un enfant sur un toboggan, à grimper pour mieux glisser sur les courants d’air chaud épousant les dunes. C’était de ces matins si bons, si agréables, où le temps et les lieux vous semblent offerts, parce que le monde dort encore, parce que l’air est encore frais, rendant plaisant la balade, renforçant l’idée que le monde est à ceux qui se lèvent tôt, où…se couchent tard….. Tôt, tard, quelle différence dans ce temps de vacance, ceux qui se lèvent tôt croisent ceux qui se couchent tard, comme quoi on peut se coucher tôt sans qu’il soit trop tard. Qu’il est bon de marcher ainsi, la vieille piste de béton, vestige de la seconde guerre mondiale, desserte des blockhaus du célèbre mur de l’atlantique, joue à cache-cache avec le sable, pour finir par disparaitre et laisser la place à un sentier timide qui hésite à pénétrer la végétation avant d’obliquer furieusement à travers les arbousiers et les pins. Le profil est loin d’être plat, c’est aussi cela qui en fait le charme, des montées douces ou plus raides, des virages, des intersections de sentiers, des virages, un vrai labyrinthe lorsqu’on découvre l’endroit, pourtant, les repères naturels sont là, l’océan sur la droite, l’ancienne voie ferrée sur la gauche, tiens, voilà la ligne électrique, puis, de parcours fait en parcours fait, ce sont les arbres singuliers qui dessinent des repères au pluriel. Cet arbre tordu, celui-ci déraciné, ce pin parti sur deux fourches après sûrement un coup de foudre avec le ciel, tout est unique, mais invisible pour l’œil qui ne voit que la globalité.

Promenade solitaire, méditation en mouvement, il n’est nul besoin d’immobilisme pour que germent et explosent les idées, et c’est tant mieux tant il est bon de marcher, de respirer, de presque communier avec la nature. Encore quelques pas puis ça sera la descente, oh, pas la descente aux enfers, non, la descente vers la vieille piste pour se retrouver non pas au pied du mur mais au pied des dunes. Les dunes ont-elles un pied ou plusieurs ? En tout cas, elles cheminent et redessinent les paysages au gré de leur sablier, quelques végétaux essaient de les freiner, quelques repères humains aussi, et même les solides constructions militaires furent vaincues par mère nature et certaines sont encore hésitantes dans leur nouvelle position ou l’horizontale flirte avec la verticale, sorte de chaos de béton. On le sent, on l’entend battre non pas le pavé mais le sable mouillé de ses rouleaux d’écume, on le veut, on l’espère, plus que quelques pas, un tas de sable à gravir mais à vol d’oiseau, c’est presque à portée de main. L’oiseau ? Il joue encore des alizées, seul au monde, juste intrigué par cette bestiole sortant du bois, cet humain solitaire qui lui aussi s’amuse à gravir et descendre les dunes dans ce jour encore frais et désert. L’oiseau, l’homme, l’océan. Triptyque d’un matin, sourires aux éléments, à la vie.

Il est ainsi des rencontres improbables, des rendez-vous non provoqués, et ce sont toujours les meilleurs rendez-vous. Pourquoi ? Parce que sans attente, parce que rien n’est calculé, rien n’est décidé, rien n’est provoqué, peut-être juste des pas de deux, cherchés, désirés, entre l’homme et l’océan, entre l’oiseau et les courants, mais la magie de l’instant  fait que chacun arrive au même moment, comme les différents instruments d’un orchestre jouant la même note au moment précis, c’est cela la vie. Hasard des lieux, hasard des êtres, hasard du moment. Essayer de répéter cela, c’est prendre le risque d’être déçu, parce qu’alors, on sera dans l’attente et que l’attente nourrit le fantasme, que le fantasme trouble la vue et empêche aux sens de percevoir la totalité de la gamme en les restreignant à se focaliser sur l’objet de nos attentes. Attente c’est désirer et le désir rend sourd. Est-on assez riche pour se priver de nos sens en formatant sa vie, en calculant tout, en oubliant de voir, de sentir et de ressentir ? La magie du moment est belle parce qu’unique, parce que non attendue, elle provoque la surprise, et éveille en cela nos joies d’enfants enfouies à coup d’éducation pour devenir un adulte. C’est bien d’être adulte, à condition de ne pas avoir tué l’enfant qui est en nous, le premier, celui sans qui nous ne serions. Ce n’est pas une substitution de vie, ni une vie de substitution, c’est un cumul de vies qui forme notre vie, de la première gorgée d’air à la respiration de cet instant, du liquide amniotique bougeant dans le ventre de la mère, à l’océan qui gonfle et dégonfle à coup de rouleaux dans cette mère nature. L’oiseau c’est le lien vers le ciel, apprendre à lever les yeux. L’air frais du matin, c’est la respiration et la prise de conscience que nous respirons. Tout est là, ici et maintenant, pour que s’exprime nos sens et notre vie, ne gâchons pas cet instant, vivons-le, pleinement.