La concordance des temps

Nous y voilà donc à ce dernier jour de l’année, cette saint Sylvestre dont les trompettes d’Eole sonnent à plein poumons les feuilles mortes d’un hiver pas encore froid. Impression de déjà vu, amoncèlement de dates, oublis du calepin, hier la table était pleine, la cuisine parée pour régaler combien de convives repêchés des oubliettes, parce qu’un soir de fête on ne peut laisser quelqu’un seul, parce que le partage, l’échange sont nos plus belles joies dans l’existence, parce qu’enfin l’égoïsme qui envahit les êtres deviendra dévastateur pour les temps à venir si nous n’inversons pas la tendance, si nous ne prenons pas garde à ne communiquer qu’avec un clavier, un écran, un bout d’électronique. Hier est hier, mais ces hier d’avant la technologie étaient riches de réalité, de convivialité, de joies réelles. Hier est passé, et avec lui les simples plaisirs de se retrouver, à moins de s’en aller profiter de l’autre, évolution moderne des mentalités, je t’appelle si tu m’apportes quelque chose, je me rappelle à toi parce que j’ai besoin de toi. Exit les sorties skis, bonne humeur garantie et cours gratuits, un qui sait apprend à d’autres qui ne savent pas, et puis, pourquoi changer la donne, puisqu’il y a un véhicule équipé, un chauffeur cumulant les risques de la fatigue, on prend, on cueille et puis, le jour où l’on vole de ses propres ailes, adieu… « tiens, j’ai été au ski, super neige ! » C’est beau l’amitié. Il y a aussi ces tables, ces barbecues, ces repas arrosés pris dans l’ambiance chaude de nos belles soirées d’été, ou près de l’âtre parce qu’il fait frais en automne, on s’invite, sur une adresse, on vient parce qu’il faut qu’on parle à quelqu’un, et on se souvient de l’oreille attentive, de cette épaule prête à accueillir, relation à sens unique, facile de prendre, plus dur de donner.

Peut-être que de l’extérieur, l’image perçue est celle de quelqu’un de fort ? ça serait trop fort, et surtout cela reviendrait à oublier la fragilité de l’être, oublier que les sentiments ne naissent pas d’un bloc d’ acier, oublier que chaque être est un composé multicouche, dure à l’image mais parfois tendre, trop tendre de l’intérieur. Peut-être aussi que pris par le temps on file et on se défile, ou profite et on oublie d’avoir le temps, de prendre le temps, jusqu’au jour des funérailles où là, on se rappelle combien on a vécu, combien on aurait pu vivre. C’est marrant les « on aurait pu », ça rajoute du bien pensant dans un passé d’oubli, ça évite surtout de se remettre en question parce qu’il est dans la nature humaine d’avoir peur de l’inconnu et parce que le plus grand inconnu qui soit pour soi c’est soi. Alors courrons, oublions, profitons, fêtons en de belles agapes cet an qui se meurt, prenons ces belles résolutions toutes brillantes d’idées, d’orgueil, faisons les briller à la table alcoolisée et noyons-les avant qu’elles ne viennent modifier le cours de nos existences.

Oublions le passé, il est mort. La formule est agréable à l’oreille : le passé est passé. Soit. Mais ce passé-là, ce sont tout de même les fondations de notre présent, et à travers lui, de notre futur. Sui nous n’avions pas appris hier, nous serions encore des ignares, attention à la concordance des temps.

Vivons le présent. Dans notre monde, sans regrets qui ne sont que liens inachevés vers le passé, sans attentes qui ne sont que des liens inconditionnels vers un futur qui ne sera peut-être jamais écrit, parce que la vie, c’est un flash dans l’ère de l’humanité, ça vient dans les douleurs d’un accouchement, après les plaisirs d’un accouplement, ça s’étiole à la lumière de soleils pas toujours brillant, et ça peut s’éteindre dans la lumière des phares d’un chauffard alcoolisé un soir de fête, un soir de trop, ou bien encore, ça se meurt sous les feux de la rampe, celles d’un bloc opératoire, celles d’une salle de soins intensifs.

Désolé de casser l’ambiance mais voir c’est savoir, savoir c’est exister en tant qu’être, connaitre les limites d’un jeu que de trop jouent à l’excès. Alors, oui, l’année se termine, celle-ci comme les autres, ce soir pas comme les autres, dans les cris, les rires, les pleurs, la fête, les fleurs, les douleurs, notre monde sera ce soir peuplé de multiples facettes, profitez de la votre, vivez à l’excès, sans excès, et puis n’oubliez pas vos calepins, vos rires, vos pleurs, tout ces petits bouts d’existences qui ont fait ce que vous êtes vous, aujourd’hui.

Passez de belles fêtes, ici comme ailleurs, un jour se meurt, un autre se lèvera, année zéro ou 2012, nouvel an occidental mais non asiatique, à chacun le sien, à chacun ses préférences, mais surtout, portez-vous bien !

Conte de Noël

Il est de tradition, les soir de Noël ou plutôt, de la nativité, de raconter un conte, ces fameux contes de Noël justement, qui n’ont rien à voir avec les comptes de Noël que nos amis commerçants feront plus tard, dans toute la tendresse des chiffres froids et austères, mais qui donneront le baromètre de la consommation dans une période où le consommateur oubliera la sinistrose pour habiller de clinquant et de paraitre une fête religieuse d’une religion de plus en plus boudée. Ainsi vont les paradoxes, tout comme les humains, ils ne sont plus à une variante près. Donc, imaginons que nous sommes le 24 décembre, le soir, devant la cheminée où la buche de Noël éclaire la table de ses flammes crépitantes, et réchauffent les cœurs bien avant l’heure des cadeaux.
Il était une fois… oui je sais, c’est déjà fort usité mais après tout, n’est ce pas par là que la magie d’un conte ou d’une histoire s’en vient ? Il était une fois donc, une forme humaine, par un soir de vingt et unième siècle. Oui, je sais, rien de précis, mais de toute façon, là est-elle l’importance ? Homme, femme, enfant, allez donc savoir, il fait brouillard ce soir et mes yeux commencent à me trahir, quant au siècle, c’est là celui de la communication dans ses plus grandes formes, écran plat de cent cinquante centimètres trônant fièrement dans le salon, consoles connectées sur le réseau mondial du web, portable dernier cri possédant tellement de fonctions qu’en en oublierait presque qu’ils sont aussi des téléphones, tout un chacun est relié au monde entier dans une virtualité sans faille. Dès lors, les océans se trouvent bien plus propres, on ne jette plus de bouteille à la mer, un message roulé dedans, on envoie des SMS, Short Message System de leur nom de famille complet, vers des bouées, des numéros, des êtres, des formes humaines, enfant, femme, ou homme. Il était une fois, un soir de vingt et unième siècle donc, une forme humaine, jetant sa bouteille à la mer, non, suis-je bête ou vieux-jeu, non, envoyant de gentils messages courts vers des connaissances qu’on nommait en ces temps-là « ami », par sympathie beaucoup, par besoin de lien peut-être aussi pas mal, et puis aussi, parce que les iles désertes ne sont pas toutes entourées d’eau, parce qu’il est des soirs dans l’année où le soleil se couche fort tôt après s’être déjà levé très tard, fatigué sûrement puisqu’il ne réussissait pas à réchauffer la terre et la troupe entière de ses aïeux comme le chantait le barde Cabrel. Il est des soirs très longs, faisant suite à des jours très courts, très froids, des soirs dits de fête mais la fête n’y est pas. Alors les messages un à un s’égrène, alors les appels un vers un s’envole, alors il est des messages comme des oiseaux, certains sont migrateurs, ils s’en vont et ne reviennent jamais. C’est marrant ces messages, c’est tout petit, ça arrive avec ou sans bruit, c’est lu ou non, compris ou pas, ça dérange bien sur, tout le temps mais c’est tellement pratique, ça permet d’échanger sans se mouiller même et surtout les jours de pluie. Ça permet de croire aussi, en des liens, en des amitiés, en des relations, au fond, c’est assez trompeur. Et cette forme humaine peut à peu se déshumanisa, parce qu’autrefois, ce qui faisait l’humain s’appelait le cœur, avoir du cœur, et même, n’ayons pas peur des mots, avoir bon cœur. Mais à force d’avoir bon cœur, à force de donner son cœur, à force de puiser dedans, le cœur s’épuise, il se dessèche, tombe en miette et la vie s’en va, tout comme la batterie d’un téléphone portable affiche crânement le pourcentage de vie qu’elle a, sachant que l’imbécile accroché à ses reflets ne tardera jamais à l’alimenter, mais ce qui nourrit le cœur de l’homme, c’est bien plus compliqué qu’une simple prise dont on se sert sans se soucier qu’elle soit nucléaire. Sans recharge point de salut, sans lien point de vécu, et la flamme vacille et la flamme s’éteint, la forme humaine y perd sa chaleur, les cœurs de pierres ou les pierres reçues, autant de froideur qui congèle la vie. Alors la lumière s’éteint, le téléphone se meurt et l’homme disparait dans son propre linceul. Le feu de la buche bientôt le ranimera, à moins que ce ne soit les flammes de l’enfer sur terre, celles qui permettent au corps de finir en poussière. Délivrance, les poussières voleront au vent, ci ou ailleurs, qu’importe l’endroit, mais de préférence, que ce soit l’océan, il est vide de bouteilles et d’appels au secours, il est plein de vie et riche en énergie.
Bien sûr, tout ceci n’est qu’une fable, rien de toute cela n’est vrai, il n’est pas sur terre des âmes esseulées, des personnes solitaires dont on solliciterait des moments d’existence lorsque la notre est vide, non, tout cela ne peut exister, pas plus qu’il ne peut y avoir d’envie de disparaitre un soir de fête, une magie de Noel, impossible ! Impossible ? N’est-ce-pas ?
Profitez, ce n’est pas tous les jours fêtes, ni moment de retrouvailles, ni victuailles en abondance ni richesses déployées, profitez de vos proches, les choses passent tellement vite de nos jours….

Authentique

Et oui que ça file le temps, pas le temps de mettre en texte tant de chose et tant d’autres, pas le temps de prendre le temps de mettre en mots des maux, ni d’écrire tant de choses décriées, mais au fond, le temps n’est pas seulement du sable qui glisse dans un tunnel de verre pour décompter le temps, le temps n’est ni plus ni moins que ce qu’on en fait. Alors faisons. L’année tire à sa fin, une de plus, mais une année dure et pénible qui s’achève ne peut éclairer que d’espoir en celle qui va naitre, tout comme les jours ne sont que des suites aux nuits, à moins que les jours ne soient que des fuites aux nuits ? allez savoir… Mystère et boule de gomme, même si le correcteur d’orthographe et quelques touches poétiques aux noms poétiques de « del » ou encore « suppr » n’ont conduit la gomme au chômage, triste vie et triste fin, comment feront les générations actuelles pour s’amuser de l’odeur acre que pouvaient dégager ces bouts de gommes jetés sur le poêle à bois et charbon qui chauffait les préfabriqués venus rajouter des salles de classe à un collège construit trop petit au vu de l’expansion de la population de la banlieue oust de la grande ville où je naquis ? Euh… C’était quoi la question déjà ? Ah oui ! Les touches plastiques d’un clavier synthétique brûlent-elles en dégageant d’acres odeurs sur le plancher chauffant des modernes établissements ? C’est qu’on a vécu en danger nous autres madame, nous sommes des survivants de ces années sans normes, salles de classes vétustes, professeurs tirant les cheveux ou les oreilles, juste avant que les parents ne prennent la relève si par malheur nous le racontions à la maison, des années de transports en voiture incapable d’avoir deux étoiles aux crash-tests, assis sans ceinture, roulant sans airbags protecteurs, parfois à 6 ou 7, parfois même assis dans le coffre. Et puis, l’eau était encore de l’eau, dès la source, on partait dans les prés, les bois, et on goutait ce plaisir de fraicheur qui vous illuminait de l’intérieur, ces sources, porteuses de rêves de grandes marées et de jolis bateaux, un clou, un ficelle, deux planches et voilà le plus beaux des paquebots traversant le ruisseau dont le flot grossi de quelques pierres devenait océan majestueux, cette eau abondante, ressource inépuisable coulant de source dont la magie de l’enfance oubliait de voir l’entretien régulier qu’exerçait les paysans tout au long de l’année, curant le lit, nettoyant les berges, redressant les pierres plates qui la canalisait, parce que c’était la seule providence pour l’homme et pour le bétail, dans un temps bien avant l’eau courante au robinet.
Nostalgie ? Je n’aime pas ce mot qui sonne en négatif alors qu’il égaye une réalité moderne des rires du passé. C’est aussi un souvenir du temps où le bon sens avait tout son sens, le bon sens vrai, celui de la terre, celui des gens de rien, celui de ceux qui n’ont rien à gaspiller. Alors oui, les accents peuvent devenir tristes, et l’on peut regretter, ou pas, tout simplement parce qu’après tout, ces ruisseaux sont devenus secs à cause du réchauffement climatique, parce que si les bois ont pris la clé des champs ce n’est que parce l’agriculture n’est pas rentable, et puis, les vieux autrefois n’y comprenaient rien, ce n’est pas comme ça que l’on gagne sa vie, tout le monde c’est ça…. Pagnol dans Jean de Florette cultivait lauthentique cette plante rare qui ne poussent plus dans les livres, sinon dans les livres d’histoires, ces histoires qu’on raconte aux grands, parce que les grands, ce ne sont pas les robots ni les lasers qui les font rêver, mais plutôt ces rappels de vécu qui s’en viennent tirer du fond de leurs grands yeux délavés des larmes dont l’enfance n’avait su épuiser le ruisseau. Voilà, c’est cela qui est authentique : qui que l’on soit, il est intéressant de s’asseoir un instant et de se rappeler d’où l’on vient, de se souvenir du temps passé en le replaçant dans son temps et non en essayant de comparer dans l’actuel. Nous avons tous des vécus, aux accents de rires malgré les morsures de la vie, paradoxe de notre monde, on ne rit plus alors qu’on baigne dans l’opulence et le superflu, tandis qu’on riait dans des temps ou les jours les plus durs du mois étaient les trente derniers.
Alors rions et savourons nos richesses, les vraies, celles du cœur, celles des amitiés, celles des bonheurs qu’on ne sait plus cueillir. Apprenons à nouveau à cueillir les fleurs de nos vies, faisons-en des bouquets et surtout, partageons-les, parce qu’un bonheur, c’est comme une goutte d’eau, si on l’isole, si on l’enferme, elle s’évapore, tandis que tout un tas de petites gouttes d’eau ruisselant d’une pierre ça forme un ruisseau qui irrigue la terre, apporte sa fraicheur, la joie des sonnailles de ses clapotis et fait naitre les cris et les rires des enfants courant le long des berges à la poursuite de leurs bateaux jolis. Oui, c’est cela la vie, le partage, l’enrichissement par l’association de chaque bonheur personnel, tout ce qui fait que nous sommes. Authentique.

Trésors d'automne

Quel temps exceptionnel en cette presque fin d’automne, des températures qui ne veulent pas se les geler, du ciel bleu et un temps sec à faire pleurer ceux qui aiment leur terre, tant elle est sèche et craquelée. Debout de bonne heure et de bonne humeur, non ce n’est pas pour le ski, non ce n’est pas pour les raquettes, non ce n’est pas pour la randonnée, non, c’est pour une virée à la cueillette des trésors d’automne. Qu’il est bon de revenir dans ces coins aimés, ces bois dont autrefois je connaissais chaque repère, un arbre en travers, un ruisseau ici, la limite des fougères là, l’herbe fine juste avant le ressaut, cette belle montée et puis, ce bloc de rocher juste après le vieux houx qui n’en finit pas de chatouiller le ciel de ses feuilles presque sans épines, parce qu’il est malin le houx, plus il grandit, plus ses feuilles, hors de portée des prédateurs ne portent plus d’épines, ces mêmes épines qui me font l’appeler le « ouille », ben quoi, moi je ne suis pas grand ! Ces bois, je les connaissais sur le bout de mes doigts, de pied, bien sûr, car en toute saison, je les traversais, à pied, en vtt, promenade, balade, cueillette, quel bonheur de parcourir et de découvrir chaque fois les miracles de la nature et les dégradations de l’homme. Exit les hêtres, les châtaigniers, les charmes et les rares chênes, place aux forets de sapins, droits, imbéciles, réguliers, bloquant la lumière et empêchant les autres plantes de pousser dessous. Plus rapide, plus facile à suivre, à entretenir. Cela dit, cela a quand même un avantage, les sapins font peur aux chasseurs de champignon, mais les champignons sont issus du mycélium lui-même issu d’un terroir ancien et donc de feuillus, voilà donc comment on trouve des cèpes dit de Bordeaux sous des pins…. Mais chut !

Plaisir, d’être et d’hêtre, marcher, gravir, parcourir, humer, sentir, écouter, et parfois cueillir, car ces bois sont avares en bons produits, encore que sur le nombre de champignons qu’il y pousse, nous en ramassons fort peu du fait de nos méconnaissances. Tout d’abord, le sol, souple, parfois jonché de bois morts, parfois recouvert de ces ronces traitresses qui dès que vous avez le regard lointain s’en viennent enserrer votre pied pour mieux vous faire humer l’humus le nez dedans. Elles sont fines et très dures à rompre, parce qu’elles poussent difficilement, âprement, parce qu’elles doivent résister aux herbivores d’ici, chevreuils, biches et cerfs, d’ailleurs j’ai vu le crane de l’un d’eux, tout blanchi de désespoir, si jamais il venait à vous le réclamer, dites lui bien qu’il est après le troisième chêne en montant sur la droite, juste à côté d’un joli cèpe qui d’ailleurs n’y est plus….. Erreur de parcours ? Non, parcours tout court, on s’est croisé, il m’a plu, d’un coup de couteau assuré il fut arraché à son sol natal pour s’en aller combler un joli panier d’osier tapissé de fougères fraiches. Oui, commençons par là, d’abord les premiers pas, quelques hésitations, quelques bolets bais ici ou là, ces bolets qui font peur parce qu’ils bleuissent au contact du doigt mais qui sont pourtant d’excellent comestibles, et puis enfin quelques pieds de fougères bien droites, bien vertes, de quoi construire un nid douillet aux futurs oisillons perdus en chemin forestier; Voilà qui permet d’y déposer ces trésors d’automne, bolets bai et cèpes vrais, point de girolles ni de pieds de mouton, les russules nous ne les ramassons pas, ni même les jolis rouges à points blanc, amanite tue mouche appelées régulièrement champignon de belle mère. Je n’ai pas de belle mère mais lorsque j’en ai eu une elle était adorable et méritait plus les cèpes que ces poisons jolis…. Ah ces légendes tenaces qui font des belles-mètres des acariâtres et des gendres leurs ennemis !

C’est bizarre comme on rencontre un champignon. On est dans un bois, on choisit d’aller à gauche plutôt qu’à droite, bon, ok, normal je suis gaucher, on contourne cet arbre plutôt que celui-là, par-dessus plutôt que par-dessous, et vlam, voilà que se présente à nous ce chapeau sombre trouant les aiguilles de pins, brillant, sombre, ne demandant qu’à visiter le contenu de ce panier si accueillant, aux odeurs si prenante de ces fougères endémiques. Odeurs, parfums, bruits, sons, quel plaisir ! Le grelot d’un chien de chasse égaré ou non, ce bruit si familier parce que tant entendu, le toc toc régulier d’un pic dont on ne sait s’il est noir ou vert, mais dont on se doute qu’il chercher son déjeuner, les cris perçants de musaraignes en quête de pitance ou simplement causant sur cet automne trop doux et trop sec pesant sur l’avenir de ces peuples des forêts. La vision n’est pas en reste, herbe verte, fine et sombre, fougère mordorée ou bien encore verte par touffe serrées, feuilles craquantes car déshydratées, russules violettes ou bien lactaires beiges, cèpes sombre ou bien bolets bais, c’est tous les sens qui sont en éveil dans une symphonie d’après l’été. Quelques heures de répit aussi et surtout, quelques plaisirs aussi de cueillette et d’offrir en retour sur la ville à des amis ne pouvant profiter de ces bienfaits naturels, bien meilleurs qu’en sachet de tisane. A méditer. Non ?

Fin

Etrange paradoxe que la vie, contraste permanent entre rires et larmes, et même si on peut rire aux larmes ou bien encore pleurer de rire, ces deux expressions restent l’apanage de deux sentiments bien opposés. Deux extrêmes qui sont comme des alertes de limites à ne pas dépasser. Deux bords d’un monde qui reste celui de la vie. Et la mort dans tout cela ? Inquiétude de l’homme qui veut savoir, connaitre ce qui fait toute sa mortalité sans vraiment vouloir y plonger de peur de ne pas en revenir, de peur que cela ne soit que pire que sa vie. Que de contes, de légendes, d’expériences contées pour donner des belles couleurs à cet au-delà. Ces rêves vécus m’ont donné tant de tendresse, de force et d’énergies que le retour à la vie fut vécu à chaque fois comme un cauchemar. Vivre. Mourir. Dualité de deux états, au-delà des émotions, la polarité absolue, être ou ne plus être, là sont les questions de l’homme. Mais après tout, c’est quoi la vie ? Si l’on pose la question à chaque individu, vivant de préférence, je suis persuadé que vous obtiendrez autant de réponses différentes. C’est qu’elle en a des facettes cette chienne de vie ! Elle brille, elle est mate, elle absorbe les rayons de lumières ou elle est d’une noirceur à faire briller les nuits les plus profondes, mais après tout, c’est tout cela la vie. Et la mort ? Ah, la mort, il faudrait interroger les morts pour savoir, mais les morts peuvent-ils parler ? Veulent-ils parler ? Ont-ils signé un pacte de non délation au grand berger ? Et puis, vivent-ils tous la même mort ? La mort à la couleur des nations, celles des légendes, des religions, des endoctrinements qui depuis la nuit des temps lavent les cerveaux humains. Elle est céleste, légère et vaporeuse, blanche, éclatante et brumeuse chez nous, peuple judéo-chrétien. Pourtant, lorsque je la vis par deux fois, elle était couleur, prairie, détente, paisible, sourires, familles et amis, de ces personnes vivantes ou décédées qui peuplent ma vie depuis le jour d’avant que mes parents naissent. Etrange d’être accueilli par ceux qui ne vous ont pas connu de votre vivant, du moins dans notre rationalité de vivant, puisque les vivants de l’au-delà vivent nos vies de leurs vies de chers disparus. Tout aussi étrange est l’absence de peur, l’attirance et le bonheur de les voir en train de discuter avec leur enfant, de partager les sourires et les jeux de ces petits enfants et arrières petits enfants qu’ils n’ont connu que de trop loin. Joies et bonheur d’être mort. Amère tristesse que de revenir à la vie.

Faut-il pour autant disparaitre pour cueillir cette rosée de vie éternelle ? Dites-moi, lorsque la télévision vous montre le linge blanc éclatant si bien plié et repassé, vous précipitez-vous chez le commerçant du coin, ah non il a fermé, je voulais dire vous précipitez-vous à la grande surface du coin pour acheter ce flacon de lessive miracle qui lave, fait briller et repasse vos draps froissés de trop de nuits sans étreintes ? Alors ? Non ? Et vous voudriez me voir tester le contenu d’un flacon de doux élixir du pays des songes pour m’en aller vérifier les dire de mes rêves dorés ? Mais si je fais cela, comment je fais moi pour vous le raconter ? Seriez-vous devenu médium, spirite ou autre grand communicateur qui m’irritent pour venir me tirer quelques renseignements qu’il me sera défendu de vous donner ? Et nous en sortirions fâchés….à mort ! Un comble, non ? Alors j’écris, de mon vivant, non pas ce qu’il faut qu’il advienne de mon corps lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord comme le chantait mon maitre Georges, cela est inscrit depuis longtemps dans la blancheur candide d’un feuillet, à l’encre noire couleur de cendres, celles qui seront lorsque je ne serais plus. Les cendres, c’est léger, ça vole au vent, elles iront rejoindre l’onde iodée de ces vagues qui me bercent et me régénèrent encore. Un peu comme si je me noyais. Une fin, comme un début, on nait dans l’eau, je partirai dans l’onde. Mais s’il vous plait, ne soyez pas trop pressé, j’ai encore quelques heures, quelques jours, quelques mois, quelques temps ou pas, à vivre cette vie avant de m’en aller vivre ma mort. Et puis zut ! Je n’ai pas prévu de carton d’invitation pas plus que de cartons d’évitation de là à prévoir la lévitation, voyons que diable, un peu de raison.

Raison ? Diantre, quel drôle de mot ! Chacun y sonne le sens qu’il y veut, sans avoir ni toutefois raison, ni même tort, n’en déplaisent aux esprits retors, la raison du plus fort est toujours la meilleure disait Jean de la Fontaine. Etait-ce là une expression de ce que sera un jour d’après la République et ses gouvernements majoritaires ? On touche là à la raison d’Etat. A-t-on raison ? Peu m’importe si j’ai raison ou tort, ce qui sonne juste à mon oreille sonnera faux à d’autres, ce n’est pas pour cela qu’ils ont tort, ni même raison d’ailleurs. D’ailleurs, ailleurs, qu’en est-il ? Jongleur de mots, toujours, à raison ou à tort, c’est ainsi, les mots toujours cacheront les maux, jusqu’au dernier, ce mot si court, si bien agencé, élégant de ces droites et de ces courbes, ce mot fin que certains sont pressés de me voir attribuer, ce mot fin que d’autres ne veulent pas lire. Ce mot fin qui n’est pas moi, car après tout, je ne suis pas fin tout de même !

Qu'on se le dise!

Quelques mots écrits à chaud, parce que tout cela me gonfle au plus haut point. Au risque de déplaire à certaines, tout ceci n’est que virtuel., mais :

Derrière ces mots, il y a un être vivant, pas encore mort.

Derrière ces mots, il y a un homme, avec ses qualités, ses défauts, ses envies, ses attentes.

Derrière ces mots, il y a des rires, des larmes, des larmes de rires et d’autres qui n’en sont pas.

Derrière ces mots, il y a la saturation d’un monde devenu virtuel.

Derrière ces mots, il y a la saturation d’un « je clique donc je choisis pour toi »

Derrière ces mots, il y a la saturation d’un « je t’ai choisi donc tu m’as forcement choisie ».

Derrière ces mots, il y a un être vivant, qui certes à choisir d’en finir, mais qui mesure et son parcours, et est à même de faire son bilan, sans besoin des imaginaires des autres.

Et MERDE !

Aimer l’écriture n’est pas être écrivain.

Aimer lire les écrits n’est pas aimer l’homme ; entre les deux, il y a le miroir aux alouettes du virtuel, rêver sur des mots n’est pas prendre conscience d’une réalité, d’un vécu, d’un vivant.

Les écrits sont une chose, la vie une autre, et la vie mérite le respect, sous toutes ses formes, y compris celle de l’auteur de ces quelques lignes.

J’existe réellement, je vis, et préfère les discussions réelles aux fantasmes générés par la lecture.

Et comme disait le brave garde-champêtre en roulant du tambour : « qu’on se le dise ».

Osons!

Après le calme revenu, dans cette forme d’apaisement qui permet le relâchement de l’esprit, la fameuse pause d’intégration nécessaire pour mieux repartir, c’est comme un instant volé au temps, une pause hors du temps, comme si prenant de la hauteur sur les choses on les regarde évoluer, voyant mieux les tenants et les aboutissants de tout ce qui nous parait anodin lorsque nous sommes pris dans le tourbillon. Bizarre comme impression, la dépression après la pression, pas de quoi en être déprimé, non, plutôt amusé, même s’il n’y a rien de drôle dans tout cela. Quoique ? Et si la clé était de ne voir que le bon côté des choses ? La fortuite mise en place des événements, le trouble des coïncidences, ces formes de rappels d’information importante à retenir. Retenir. Oublier. Equilibre entre deux, on avance et on apprend par l’expérience, le chemin est parfois sinueux, du moins le parait-il mais au fond, qui connait par avance ce pour quoi il était destiné ? Evolution, parcours de l’homme, ainsi va la vie, des alternances sombres, claires, très claires où tout s’éclaire, c’est ce qui en fait le charme et évite l’ennui. L’ennui c’est quoi ? On en a chacun sa définition, certains s’ennuient en public, en relation, d’autres tout seul, d’autres le partagent de façon sympathiques quand ce n’est pas encore par jeu qu’ils vous ennuient. Le temps est un sacré farceur, il court lorsqu’on ne le surveille plus, il s’arrête des heures et des heures lorsqu’on y prête attention. Qu’importe, au bout du compte, c’est lui qui nous tue, histoire de se venger d’avoir passé du temps à le tuer. Une pause pour souffler, oui, mais souffler n’est pas jouer….

Un temps pour chaque chose, chaque chose en son temps, vivre et profiter, remplir sa vie n’est pas accumuler, il n’y a de relation que dans les vraies relations, celles des échanges et du partage, celles qui nous font grandir, celles qui nous apportent des connaissances, ce puits de science sans fond et jamais asséché qui sans cesse nous abreuve de savoir sans savoir les savoirs sus, sorte de savoir en sus, des savoirs tout neufs, tout brillants, qui rendent les gens parfois si brillant. Certes, tout ce qui brille n’est pas or, et le clinquant n’est pas de mise sauf pour se muer en miroir aux alouettes et tromper son monde. Goûter en chaque instant au plaisir de l’instant, bon, ok, je reconnais que parfois certaines situations ne sont pas du genre à faciliter le plaisir, mais si ce n’est sur l’instant, ce sera pour l’après et cela s’appelle l’expérience. Les échecs font grandir, à condition de les digérer, de les comprendre et…de les admettre. Accepter ce qui est, plutôt que « Pourquoi ? » se demander « Comment ? » c’est un début de mise en route vers demain. Demain est toujours un jour nouveau, une lumière nouvelle vers ce qui n’est pas aujourd’hui, parce que demain une même situation sera vécue avec l’expérience de la situation déjà vécue dans notre temps passé. Il est très facile de juger hier avec l’expertise du regard d’aujourd’hui, mais il est plus difficile de se rappeler combien hier nous étions ignare. Sortir du cadre, prendre du recul, observer de haut, c’est se donner les moyens de voir la poutre dans son œil plutôt que la paille dans l’œil du voisin, fut-il la voisine. Rien n’est jamais acquis, rien n’est jamais dû, juste que nous partageons tous un même globe terrestre, nous sommes tous de passage ici, locataires, jamais propriétaires, nous ne possédons rien, même pas le bon sens, juste un sens, notre sens, notre vision au champ plus ou moins élargi, ou devrais-je dire « notre aveuglement » ? Parce qu’au fond, ce qui empêche d’avancer, c’est bel et bien le refus de voir, tout simplement parce que ce qui n’est pas dans notre façon de voir nous dérange, parce qu’on essaie de penser l’autre comme on pense nous, oubliant que de toute chose, c’est la différence qui instruit et enrichit. Tout ce qui nous est étranger fait peur, simplement parce qu’il faut sortir de sa zone de confort pour aller à sa rencontre. Mieux vaut rejeter, repousser, refuser d’apprendre ce que nous ne connaissons pas. Mais que serait notre monde si nous n’avions pas eu des êtres capables de briser leurs cercles vertueux, d’aller chercher une autre route pour les indes, ou bien encore faire voler un cerf-volant un soir d’orage, ou bien encore, brûler des poils de barbes pour en cueillir la lueur. Plus près de nous, cette voiture chère à mon cœur, qui sait si bien étaler en toute discrétion ses trésors d’ingéniosité, j’ai nommé la 2CV ! Pour qui connait de près cette voiture, rien n’est pur hasard, mais au contraire, études et réflexions, conception génératrice d’économies, un même écrou pour plusieurs usage, un même boulon repris tout au long du véhicule, deux dimensions de clés pour pratiquement tout faire, un réglage des phares depuis l’intérieur pour la première fois en France, et tant et tant de solutions testées avant d’être validées ou rejetées. Voilà aussi un bon exemple, si les ingénieurs n’étaient pas sortis de leur confort, nous roulerions encore tous en hippomobiles….

Pas facile de s’adapter, mais c’est quand même mieux que de vouloir adapter l’autre à soi… Osons !

Le blanc, c'est tendance

A toute vie, il est un avant, un pendant et un après ; On se rappelle plus de l’après, peut-être parce que ce moment-là est celui où on a enfin le temps de voir ses amis alors qu’eux n’ont pas le temps de nous voir. Le pendant passe vite, très vite, trop vite, surtout vu de la fin. L’avant lui n’’est pas intéressant puisque c’était avant, ou alors, c’est parce que le pendant vacille qu’on se met à regretter l’avant, tout en bénéficiant du confort du pendant. Drôle de temps, non que cette valse à trois temps. Avant, pendant et après. Toujours. Pourquoi regretter ce qui n’est plus ? C’est ancrer ses amarres à une vielle bite pourrie et rouillée sur un quai désert dont on n’a rien à espérer ; C’est refuser de voir le jour nouveau poindre à l’horizon, ce soleil qui va s’amplifier et éclairer tous nos projets, juste parce que nous vivons, ici et maintenant. Sommes-nous donc si sincère que nous n’ayons d’autres accroches dans la vie que ce qui n’est plus ? La vie est une longue transformation, inexorable, à laquelle nous ne pouvons rien si ce n’est, de vivre avec toute la passion, l’énergie qu’on peut y consacrer, chaque instant, chaque épisode, chaque étape, sans regret, sans vouloir rejouer ce qui n’est plus. C’est pareil pour tous.

Je suis noir, de cheveux, je précise, non pas brun mais noir, c’est ainsi que je naquis, après je dois reconnaitre, un épisode blond dont traînent quelques photos noir et blanc, et oui, je suis de l’ancien temps, celui des années bonheurs sans être les années couleurs, celui de l’autre siècle, ce prodigieux siècle des découvertes et de la science. Mais voilà, la vie, cette traitresse à plus d’une pelote à son arc, ma noirceur la titillant, ne voilà-t-il pas qu’elle me greffe par instant des blancs parmi mes noirs attributs. J’ai dit blanc et pas blond ! notez au passage combien quant on parle de blondeur, cela est doux, presque câlin, très attirant dans l’esprit et le son, tandis que noirceur sonne négatif, néfaste et à fuir. N’essayez pas de me rassurer en me disant que les temps grises sont attirante, Renaud a déjà œuvré dans une chanson en disant «Le jour où t'hérites des ch'veux d'tes parents, T'as du mal à croire qu'à partir d'maint'nant, Les filles vont craquer sur tes tempes argent, Surtout si elles craquaient pas avant » c’est clair ! Tout comme il est bien vu cet héritage là en y regardant bien. Chauve qui peut !

Alors oui, la mutation profonde rejaillit en surface sous la forme de ces crins blanc, durs, poussant droit comme si l’envie de jaillir hors de moi les faisaient se dresser prêt à combattre, sus à l’ennemi, mais du calme, on ne touche pas à mes cheveux, à part mes coiffeuses adorées que je salue bien bas ici et maintenant. Alors que faire ? Regarder en arrière ? Je fus blond, pas longtemps, noir, très longtemps, je parle ici à l’échelle de ma vie terrestre et jusqu’à peu de temps puisque je ne connais pas la durée totale du mandat, me voilà balançant entre deux âges comme dirait mon maitre Brassens, dans une étape de transition ou le blanc envahit le noir et en étant sûr que comme aux échecs, les blancs jouent et gagnent ! Patience, je n’ai pas encore écrit mon dernier mot, et je ne suis pas encore blanc, après tout, nous sommes tous des hommes de couleurs différentes, non ?

Philosophie matinale, presque de comptoir, mais plutôt attablé à mon clavier le café (noir, lui) fumant tandis que je fulmine à trouver les mots, non pas par angoisse de la page blanche, plutôt parce que tout arrive ne même temps et que je n’ai que dix doigts dont certains ne caressent que trop peu les touches. Ecrire est un acte, anodin, certes, mais si défoulant et si plaisant pour moi, il est vrai que je n suis pas né du temps des hiéroglyphes et de la gravure sur pierre du Nil, je jouis (oui) de la facilité des moyens mis à disposition, la facilité de la technologie permet de répartir l’angoisse dans d’autres périmètres. Voilà, quelques mots de plus au grand recueil de l’inutile, quelques poils blanc sur un corps déjà vieux, sans angoisse de l’âge ni de regret du temps d’avant, j’ai vécu dans le choix heureux de n’être pas resté blond. Je taquine, j’aime bien les blondes, légèrement amères, bières allemandes par exemples, même si ma préférence va aux bières blanches. Et puis, il suffit d’écouter et de savourer les sketchs de Gad Elmaleh pour apprécier de ne pas être « le blond ».

Bon, pendant ce temps, mon pendant de vie défile et je me dois d’activer ma zone de temps libre au vu des nombreuses choses à accomplir. Certes, je ne suis pas Hercule, je n’ai pas douze travaux à faire, bien plus et bien plus utiles cela dit sont les miens, le temps des tâches ménagères est là ! D’ailleurs, parmi les tâches, quelques unes sont de faire disparaitre les tâches, avouez que c’est étrange, non ? Cela dit, ce qui est fait, n’est plus à faire, alors, faisons et surtout, évitons de marcher dedans ! Je parlais bien sur du lavage des sols, histoire tout de même que ce soit plus blanc…. Vous voyez, on y revient ! Je me disais aussi, le blanc, c’est tendance !




Suis-je?

Qu’importe le temps, pourvu qu’il fasse beau, qu’importe l’endroit si c’est l’océan, qu’importe avec qui, parce que c’est devenu très facile de ne pas penser à l’autre…. D’abord c’est qui l’autre ? Ce sourire du matin ? Commercial ou non, intéressé ou non, intéressant ou non, il en faut plus pour être malheureux, non ? Alors ? Soyons heureux ! Il fait soleil, chouette ! Vive la nature, l’air pur, la chaleur sur le visage qui contraste avec l’air déjà vif. Il pleut, chouette ! (oui, je sais, c’est plus dur) L’eau c’est la vie, la soif de la nature enfin étanchée, le plaisir de marcher dans les flaques, le parapluie luttant aux vents, la parka trop courte qui fait ruisseler l’eau céleste sur les jambes froides, mais aussi, les joies des promenades désertes, de quoi profiter seul des tous ces bienfaits naturels….

Bon, cela vous plait ? Et bien désolé, d’abord parce qu’il ne pleut pas à l’océan, encore du très beau temps aujourd’hui à manger dehors et profiter des joies de la feuille de chêne rabougrie tombant du ciel jusque dans l’assiette, et quand je parle feuille de chêne, je ne vous parle pas salade, mais bel et bien de l’arbre, altier et noble jusque dans ses terminaisons foliaires, d’ailleurs, je ne vous raconte pas de salade, oui j’ai mangé dehors ce midi auprès de mon cher océan ! Et puis, désolé mais marcher seul n’est pas non plus de tout repos, c’est même un manque avéré, je reconnais. D’abord, à qui parler ? Parler seul ? Voilà qui me fait irrémédiablement passé pour fou, or, la folie appartient à mon passé, non à mn présent, le gros avantage d’être seul, surement. Et puis, parler seul implique aussi de se poser des questions auxquelles on n’a pas de réponse, ce qui conduit inéluctablement au monologue. Diantre ! Un monologue tournant au monologue, voire même au soliloque, mot barbare qui évoque, magie des sons et de la dialectique, le sot-l’y-laisse, adorable morceau de chair si proche de la fin…. Humeur badine et enjouée, c’est ainsi que l’iode agit sur mes neurones fatigués. C’est ainsi que je respire le plaisir, le bonheur d’être sur ces terres de sables, sous ces pins qui tels des pinceaux immenses, caressent et déchirent la toile grise et blafarde des matins pour éclairer d’un azur de feu le ciel de nos jours. C’est au son des vagues roulantes et éclaboussantes, que les pensées s’ordonnent en un joyeux tohu-bohu, un fourmillement qui vient bercer l’âme et exalter les énergies. Telle est la vie. Et puis, zut, je m’en fous, je vis, je marche, je profite, je suis, mais sans suivre personne, juste mon chemin. Tel est notre credo, suivre notre route pour être, je suis, donc je suis. Une évidence, non ?

Bon, oubliez d’appeler le samu ou la psychiatrie, je suis fou, oui, mais pas que moi, non ? J’aime la vie, après avoir voulu son contraire, après avoir mesuré l’incongruité du geste, il est toujours réducteur de focaliser sur une facette de l’immense diamant qu’est notre vie. Nous sommes riche, nous possédons la plus belle des pierres précieuses, celle qui brille, celle qui attire, celle que nous devons convoiter nous ! Pas facile, mais c’est ainsi, voilà votre mission, si vous l’acceptez (ou pas) ce texte s’autodétruira à la fin de ce blog….ou pas ! Voilà la vie ! Tout est dans le ou pas… D’où la superbe vie du Marsupilami et ses houpa, houpa…… ou pas ! Mais quoi ? Sérieusement, ne peut-on rire ? Ou, ne peut-on rire sérieusement ? Vite, Mr Jourdain venait à mon secours, n’en déplaise à Jean-Baptiste Poquelin que l’on nomma Molière bien avant que l’on ne décernât des Molières à tire-larigot, cela sans d’autres facteurs, fussent-ils d’orgues….car étymologiquement parlant, le larigot n’a rien d’argotique mais bel et bien parenté avec l’orgue, produit par des facteurs, et tout mathématicien qui se respecte sait que la mise en facteur est la forme d’un produit….non ? Allez ! Une dose d’acide pour faciliter la compréhension, oubliez l’extase de l’extasy, usez plutôt de l’acide acétylsalicylique, en poudre ou en cachet, à bulles ou sans bulles, chacun ses gouts, et si cela n’aide pas à la compréhension, au moins le mal de tète sera éradiqué. Il n’y a rien à comprendre, juste être soi. Parler ou pas, écrire ou pas, vivre ou …vivre. Seul ou non, je connais des couples de gens bien plus seuls que moi, non que cela rassure, ni fait peur, juste que « seul » ne veut rien dire. Des mots, comme on colle des mots sur des maux. On aime bien coller des mots sur des choses, des étiquettes qui annihile l’esprit, l’aide à se poser sur ce qu’on veut voir et non pas sur ce qui est…. On aime se rassurer par ce qui n’est pas forcement ce qui est vraiment. Compliqué ? Non. A méditer. Soyons fous !

La vie, la mort, la vie

Saturation, ras le bol, incompréhension, plus que des mots, des maux véritables qui conduisent à commettre des folies, des gestes pouvant devenir irréparables, un long chemin d'agonie ou de quête de l'agonie, du genre d'un long parcours autoroutier de nuit aux travers des éléments déchainés, ruban de bitume loin d'être de tout repos lorsqu'il épouse les contours de nos belles montagnes, lorsque l'épaisseur des ténèbres limite la vision dont le besoin s'amplifie exponentiellement à la vitesse, cela après une journée démarrée de très bonne heure pour faire face aux objectifs multiples et pluriels, ceux de la vie professionnelle bien sûr mais aussi ceux de la vie personnelle. Une coupure espérée quasi rêvée depuis si longtemps, augmentée des coupures non eues par d'autres incompréhensions, d'autres ratés, situation semblant s'acharner depuis le mois de juillet, mise en exergue par la fatigue, ce grand coup de très mou, non biologique mais bel et bien psychologique, libération et intégration de ce qui est, la vie ayant conduit bien souvent à aller au-delà sans prendre le temps de ces pauses d’intégration pourtant nécessaire, pour digérer, pour récupérer, pour avancer, sereinement, entièrement. Étrange parcours, étrange détour, loi des séries ou simple exacerbation qui mène à lier ce qui n'est pas vraiment lié, qui focalise l'esprit sur une toute petite partie de la vie au point d'en faire par mauvaise approximation la vie. Qu'il est facile d'exprimer cela avec recul, qu'il est compliqué de se poser lorsque les œillères sont posées, lorsque l'aveuglement de la déraison est ancré.


Retour à la route, retour à domicile, deux heures du matin, fatigué, usé, vexé, que l'orgueil un mauvais allié lorsqu'il prend le commandement ! Voiture garée, non vidée, le noir de la nuit n'est encore que trop clair au vu des idées. C'est ainsi qu'après un parcours hagard dans des murs trop connus, malgré les sollicitations des chats sentant bien, sixième sens félin oblige, la noirceur du mental, je suis parti me coucher, avec pour m'endormir à jamais un double cocktail d'alcool et de médicaments. Il y eut d'abord la peur, celle de n'être plus, celle de quitter lâchement cette vie, il y a eut ensuite cette résolution, cette confiance dans l'acte, dans le choix, et cet endormissement, profond, lourd, irrémédiable. C'est ainsi que je suis mort, un jeudi matin, à l'heure où le jour ne blanchit pas encore la campagne. Mort, après avoir griffonné mes dernières volontés, mort dans mon lit, emporté dans mon sommeil, douce mort que beaucoup espère. Passage à l'acte. Je n'ai pas vu de chorales d'anges, ni de belle lumière blanche, ni même de flammes de l'enfer, non, rien de tout cela. Je me suis juste réveillé dans une autre vie, la vie après la vie, la vie après la mort, dans une enveloppe charnelle familière, mais peut-être bien parce qu'au fond notre regard regarde notre âme lorsque nous sommes devant le miroir. Quelle heure était-il ? Difficile à dire, la nuit était là, l'esprit relâché et relaxé, moment de quiétude et de paisible, instant hors du temps, hors norme, difficile d'évoquer la naissance, alors imaginez la renaissance. Le décor est familier, les couleurs, les odeurs, ce cocon protecteur est celui qui me convient. C'est ici et là que je m’éveille à la vie.


Un échec ? Non, une chance, une seconde chance, celle de mesurer par dessus tout l'importance de la vie, le rôle majeur qu'on se doit d'y jouer et non pas d'être jouet et subir. Faut-il aller toucher le fond de la piscine pour savoir qu'il y a assez d'eau pour nager ? L'avancée ne peut naitre de l’incompréhension, l'écoute, la discussion, la prise en compte des avis, l'expression des siens, sans haine, sans colère, reste un clé majeure. Le pardon ne sert à rien s'il est sans cesse nécessaire parce qu'on reste dans la non compréhension, par qu'on rejette avec véhémence et aveuglement colérique le discours des autres. L'isolement au monde, la méditation, la communion avec la nature me sont nécessaire, sur ces terres océanes où les énergies me sont instillées, dans chaque fait et geste, détente, repos, marche, promenade, courses, footing, rollers ou bien randonnées, je ne pourrais expliquer avec précision les bienfaits tellement indispensables que nécessaires, c'est une sorte de perfusion vitale, une alimentation dont je ressens les bienfaits jusque dans la chaleur de mes mains. C'est une évidence, je ne pourrais me passer de venir puiser ici les énergies disparues ailleurs. Même un simple footing devient un moment hors du temps, loin d'être une monotonie, et même sa durée se prolonge dans une aisance et une envie sans commune mesure avec les tours de lacs habituels. Qu'il est bon de se balader dans ses bords du monde désertés des cohortes de touristes estivaux, de retrouver la tranquillité qui permet d'observer la courses des lapins aux travers des emplacements ou bien comme hier, la promenade paisible de deux perdrix, donnant le loisir de les observer, de les photographier, de comprendre que nous ne sommes qu’éléments de cette mère nature, ni supérieurs, ni inférieurs, juste nous, juste retour aux choses, juste compréhension du devoir d'être juste, subtil équilibre entre le pour et le contre, entre ce que nous devons faire et ce que nous devrions faire, entre des réactions et des actions, temporisation et compréhension, intégrer et digérer pour retrouver son intégralité d'être, son intégrité d'être, être pour être prêt, la vie n'est pas une course, il n'y a pas de faux départ, juste des épisodes qui sont autant de marche pour s'élever et grandir. Il n'y a rien à attendre, juste vivre le moment présent, l'avenir est à venir, le passé est passé, penser au passé, imaginer l'avenir c'est ne pas s'occuper du présent. Comme un chatte ayant trois chatons, nommons les « passé », « present », « futur ». Elle joue avec eux, et puis son attention se porte sur « passé » et « futur » parce qu'ils sont différents, plus présent dans le jeu, plus peut-être aussi maitrisable ; « présent » s'en aperçoit immanquablement et s'éloigne inexorablement jusqu'à disparaître, parce que le présent reste quelque chose de volatil, qui mérite toute l'attention pour grandir en futur à venir sans sombrer dans l'oubli d'un passé. Soyons vivants, aujourd'hui. La mort peut attendre.

Autres temps

Dans un monde où tout se passe très vite, où tout va de plus en plus vite, voilà notre été qui lui arrive en retard au point de s’en venir griller les plates bandes de l’automne. Bon, comme rien n’est jamais parfait (qui a dit moi ?) les jours eux, ont décidé de prendre leurs quartiers d’hiver, ce qui est bien dommage, par ce grand beau temps on gouterait bien volontiers à de longues soirées de lumière. L’été de la saint Martin dit-on mais en fait, la saint Martin se célèbre le 11 novembre, je veux bien qu’on aille vite, mais quand même, attendez donc un peu et profitez du bel automne. Certes, nos réserves d’eau sont au plus bas, les longues nuits n’apportent pas assez de rosée pour reverdir les pelouses mais il est bon qu’il nous reste encore une chose non maitrisée par des technocrates ou autres politiques prêts à décider de qui est bon ou non pour l’humanité. Il fait beau, même chaud, tout en ayant de fortes amplitudes thermiques entre jours et nuits, mais que cette saison est belle. Non pas une arrière-saison qui prendrait une connotation péjorative, non, une belle saison, aux reflets bien dorés, aux endroits dépeuplés quoique cette année il soit spectaculaire de voir le tourisme encore en activité sur le littoral, sans compter les nombreux actifs venant encore se ressourcer aux vents iodés. Il fait beau, il fait bon, alors profitons !

Qu’importe que le jour soit court, il suffit de reprendre le bon sens de nos aïeux, ces vies d’avant les heures fixées par la nation et validées par l’Europe, ces vies aux rythmes de la lumière de notre astre. Levé au jour naissant, rentré au jour baissant, la nature nous appelle, bon, entre deux coups de feu hélas pour le footing dans la forêt, mais là aussi, par la faute de l’homme, le gibier pullule comment veux-tu qu’on recule ? Trop de sangliers, trop de chevreuils, et puis désormais trop d’adversaires dans nos montagnes pour ces pauvres moutons. Désormais, en plus des ours, des loups et des chiens errants, voilà que les corbeaux attaquent, mais où va-t-on ! du jamais vu, c’est vrai, mais il est vrai aussi qu’autrefois, dans ce fameux temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, pas plus que les moins de quarante, septante ou nonante voire plus, autrefois donc, du temps où les vrais ours parlant le pyrénéen couramment et sans accent autre que celui de la vallée originelle vivaient en nombre, de ce même temps, puisqu’il y a accord des temps, de ce temps-là disais-je, où les loups peuplaient les montagnes, et d’autres bêtes férocement féroces comme le lynx et même le dahu d’ailleurs, encore que le dahu, peu en avance la preuve donc j’emploierais plutôt un conditionnel même si je suis un inconditionnel de la vérité vraie, mais on s’écarte alors revenons à nos moutons. Imaginez donc la chose, dans un espace plus restreint, non, ne souriez-pas, nos montagnes (belles mais là n’est pas la question) n’ont pas grandit depuis ce temps, non, sauf à superposer la couche des déchets des urbains randonneurs soumis à l’excédent de poids et contraint de laisser les boites vides qu’ils montèrent pleines, le poids, tel est l’ennemi du randonneur, mais bon, revenons à nos moutons. Donc nos montagnes sont les mêmes, mais l’espace en ces temps-là était plus restreint. Comment se fait-ce ? Oh, pas de propos en dessous de la ceinture, juste qu’en ce temps d’avant tout ce tralala qui nous détraque la planète, le grand architecte pour décorer ces superbes rochers, goutant fort peu au sucre glace et à la chantilly, inventa la neige et la glace pour qu’au loin on puisse voir briller les montagnes, reflet d’argent dans l’horizon, c’est aussi pour cela qu’il mit la neige et la glace par-dessus sur les sommets et non point dans les vallées, n’en déplaisent aux stations de basse altitude. A toute fin utile, je préciserai dès lors que le mouton même emmitouflé de laine n’aime pas la neige ni la glace, quel que soit le parfum, lors de la grande distribution des rôle, ce rôle-là fut dévolu au mouflon. Un rhume ou une erreur dans le texte ? En tout cas, le mouflon est supérieur au mouton, du moins dans l’altitude, c’est un fait, qui sans rabaisser le mouton le cantonne à vivre en dessous, mais comme on aime bien les moutons, on a brisé la glace et rendu l’alpage aux ovins, enfin, là où l’herbe pousse, quant au mouflon c’est une autre paire de manches. Mais revenons aux temps anciens, les prairies moins vastes pour les nombreux moutons, les bois et les forêts pas aussi développées, les ours, les loups et les autres en pagaille, voilà qui peuplait bien plus la montagne. Comme le vide appelle le vide, et le plein appelle le plein, en ce temps-là on ajoutât aussi quelques bergers, non pas landais, les échasses ne sont pas pratiques en montagne, croyez-moi, mais plutôt des bergers du cru, parlant l’ours comme le loup, sachant reconnaitre un bélier d’une brebis (si, si) et apte à vivre dans une cahute pas encore refuge de montagne, avec comme frigo l’eau fraiche du ruisseau pas encore asséché ni pollué, avec comme distraction les soins, les traites, les tontes, les agnelages et même la fabrication de fromages, non, rangez votre smartphone ce ne sont pas des applications à télécharger mais de ce qu’on appelle la vie vraie. Bon, si malgré tout cela, il lui restait du temps, il pouvait jouer à saute-mouton mais pas d’allusions, juste réminiscence (non parfumée, comprendra qui pourra) des années scolaires. Pas d’emmerde de couverture réseau ou hertzienne, de toute façon de cabane en cabane les messages circulaient et la liaison avec la plaine se faisait aussi bien plus simplement. Et puis, comme il restait de la place on y mit aussi des chiens. Bref, tout ce petit monde cohabitait tranquillement, on mangeait gaiement de l’ours, du loup, du dahu, de l’agneau et du fromage, quoique le dahu je n’en sois pas sur. Les corbeaux, peu répandu et peureux ne s’approchaient pas de ces êtres vivants, la montagne recelait toujours des cadavres de choix.

Mais qu’est ce qui a donc changé ? Moins d’ours, en plus étrangers, moins de loups, étrangers en visite, plus de corbeaux, plus de moutons…. L’équation en est difficile. Ah si ! Et si on relâchait du berger ? Slovène, pour parler aux ours, nos bergers travaillent aujourd’hui à la ville pour joindre les deux bouts, italien pour parler aux loups, des chiens pour les accompagner et puis des trucs à télécharger parce que le ruisseau est mort ou asphyxié, le fromage interdit par Bruxelles qui préfère ses choux, et le saute mouton mal interprété. Et bien, il suffirait presque d’essayer, non ?

Corrida

La lente agonie du taureau, c'est à cela que je compare la vie. Des passes, bonnes et mauvaises, des coups reçus, des courses inutiles où l'on fonce et où l'on s'enfonce un peu plus dans le noir, des banderilles amèrement colorées plantées dans votre dos pour faire gicler un peu plus le sang de vos énergies, le regard qui devient vitreux, et soudain le coup fatal, vers lequel on plonge car au fond, il est bienvenu. Stop aux souffrances, assez d'errances, trop de mauvaises couleurs dans un drame en faux actes qu'on appelle la vie. Basta cosi. C’est si facile de choisir la sortie, les quatre fers en l’air, après tout, en ignorant s’il y a ou non une vie après la vie, on s’affranchit d’une dimension tragique pour ne visualiser que le positif de l’expérience, fut-il dans la fin, futile, d’un parcours inutile. Noir. Noir majuscule. Noir taureau.

Facile, dangereux et inutile. Imaginez un peu qu’il y ait une vie après la vie, et que cette vie nouvelle soit pire que la vie actuelle, sorte de spirale affligeante et descendante, mais discours provocateur, certes, pour éveiller la conscience que rien n’est pire que de ne pas clore un épisode par la vie, que de ne pas jouir de la leçon apprise, comprendre que les abattements ne sont pas des abatages, et surtout, que la vie est le bien le plus précieux qu’il nous soit donner. Partir ? Oui, mais pas comme ça, juste quitter la pièce en éteignant la lumière, s’en aller respirer et vivre ailleurs dans d’autres sphères, d’autres volumes, d’autres proses peut-être même, comment se priver des mots ? Un rapide coup d’œil vers le compteur anonyme, le cap des cinq cents est passé, le cas des cinq sens fut évoqué, et même plus, au vu des pages déchirées, des mots envolés, c’est tout de même marrant une vie. Il y a ces bougies qu’on allume, il y a ces diamants qui brillent au fond des yeux, il ya ces cœurs qui se serrent à presque éclater quant ils ne se brisent pas sous les flots des sanglots. Il y a hier, ou plutôt, il y a eu hier, il y aura demain, c’est certain, il y a surtout aujourd’hui, ce présent du présent. Tout est clair, calme, posé, les cartons sont fermés, les poubelles à vider, la paix retrouvé. C’est quoi une vie ? question sans réponse ou plutôt, question à multiples réponses, une par individu, le cachet de la poste faisant foi, le gros lot de la tombola fera de vous l’unique gagnant de cette pause introspective, c’est quoi votre vie ? Dans quel but ? Pourquoi ? comment ?

Pour moi, la vie c’est comme cet enfant qui essaie de prendre toutes ces billes dans ses petites mains, trop petites pour tant de trésors, alors il serre, mais des billes s’échappent et tombent, alors il les joint mais difficile d’y loger les billes au creux de ce nid, alors il explose et retente, prend son pull comme un panier qui, poignée après poignée devient trop lourd, la laine glisse d’entre les petits doigts crispés et dans un vacarme plein de rebondissements, les billes tombent et roulent vers d’autres horizons, dispersion des trésors convoités, les larmes qui roulent sur les joues sont aussi nombreuses que ces bouts de lumière qui jonchent le sol, qui l’occuperont jusqu’à derrière les meubles pour ne réapparaitre qu’aux jours des grands nettoyages ou de déménagement. J’ai perdu mes billes, ou plutôt, les billes, trop pressé, trop envieux, elles sont parties dans leurs directions et je suis tombé ici bas, puis, le jour du grand nettoyage, j’ai retrouvé de ces éclats de verre, des ces trésors perdus et avec les souvenirs se sont clos des pages, des blessures pas si enfouies que cela. Nostalgie ? Peut-être, mais pas négative, ni génératrice d’envie de retrouver ces passés, non, au contraire, content de retrouver ces poteaux de départ qui aident à mesurer le chemin parcouru, troublé par ces rappels et par le grand coup de balai. On ne peut avancer en s’accrochant aux branches de la forêt des souvenirs. A moins d’être archéologue ou historien, on n’avance pas par le passé, mais par la façon dont on l’a digéré. Evolution. J’ai souri à ces billes cachées puis les ai enfoui à jamais dans la poche non pas des souvenirs mais celles des trésors de l’enfance, quelques vieux lego, des petites autos cabossées, des billes, un vieux boulard en terre tout craquelé et porteur de cicatrices des nombreux coups reçus, comme il y a quelque part aussi, des cahiers, des carnets qui sommeillent de mots en vers enfantins, de poèmes dont les maitres littéraires n’ont rien à craindre, des dessins aussi naïfs que peuvent l’être ces formes d’hiéroglyphes dont les parents furent si fiers. On vit, on prend, on entasse, et on meurt de trop de ces désordres accumulés. C’est fini. La gomme reste magique, les éboueurs de fabuleux complices, les agendas s’animent de zébrures de tippex ou bien encore d’effacement électronique, le passé recule et s’enfuit à pas de loup, à l’heure pâle d’un jour pas encore tout à fait naissant, le ménage du printemps d’une vie n’est qu’un précieux moment de bonheur.

Les banderilles sont tombées, emportées par la chute de ceux qui les ont posées, le sang faible a finit par sécher et boucher les blessures, l’énergie bien trop faible pour ne pas s’auto protéger à lentement prospérer avant de gravir les échelons de la maximalité, le regard n’est plus baigné de larmes, n’est plus aveuglé de haine, inutile, toujours, non, le regard est fier, droit et intense, au point de dresser la tête pour mieux voir et voir plus loin, les passes sont de mieux en mieux assurées, les coups s’évitent, la porte va bientôt s’ouvrir vers les prairies ondoyantes sous un ciel d’azur. La lente agonie n’en fut pas une, le genou à terre n’est pas preuve d’allégeance mais de répit, l’échine fut courbée mais jamais rompue, trop tard même, elle est aujourd’hui fièrement dressée. Vade retro empêcheurs de tourner en rond, pantins de fausses lumières, personnages trop brillant pour être honnête, restez dans l’arène, vous n’en êtes pour autant pas roi.

Le peuple chat

Parmi nos animaux dits domestiques, s’il en est un qui évolue dans un statut à part, c’est bien le chat. Un sorte d’esclave affranchi de l’homme, libéré des chaines de la domestication il choisit plutôt que subit, car malgré tout, c’est bien lui qui commande. Question rythme de vie, quitte à se vouloir libre autant vivre à l’envers du logeur, cela dit, avec raison, puisque la nuit, tous les chats sont gris, même les gris d’ailleurs.

J’ai longtemps pris cette liberté féline pour une forme de désinvolture, mais au fil du temps, au fil des vies communes avec ces indépendants, j’ai appris à connaitre et à aimer les chats. Rien n’est simple lorsqu’on a été longtemps formaté par les relations hommes-chiens, il est bien peu de dire combien chien et chat sont différents. Si l’un est l’ombre de l’homme, l’autre en est davantage la lumière, non pas comparable au soleil, mais plutôt semblable à cette petite flamme qui brille à l’intérieur de tout un chacun dans une lueur parfois brillante et pleine d’énergies, parfois vacillante et fragile à souffrir d’une moindre brise. Belle leçon pour qui sait prendre le temps de voir, d’entendre, de guetter et de chercher à comprendre les mimiques, les miaulements, les feulements, les caresses du bout de la tête, de ces boules de poils qui n’habitent pas chez nous, c’est plutôt nous qui habitons au cœur de leurs territoires. La relation n’est pas comme on entend que de trop, qu’alimentaire, le chat est resté sauvage jusqu’au tréfonds de ses instincts, chasseur, cueilleur, chapardeur, profiteur, son territoire est vaste, l’ensemble des maisons qui le peuplent est sien, quel mal y a-t-il à troquer une caresse et un miaulement faussement plaintif contre un reste de nos repas, un peu de lait ou bien simplement une caresse, il suffit de le savoir, de replacer cela dans un contexte territorial pour comprendre le pourquoi du comment, et s’apercevoir qu’au final, c’est bien nous qui appartenons à notre chat.

On dit souvent que l’homme choisit un chien mais que le chat choisit son maitre. Je dirais même que le chat choisit, point, c'est-à-dire, qu’il choisit aussi et surtout d’être caressé ainsi que la durée des caresses, qu’il choisit ses horaires de repas, sa boisson et son bar préféré, il choisit même de vous faire plaisir en vous offrant ses plus belles proies, oiseaux, souris ou lézards, un sourire de fierté aux babines cadrant bien mal avec votre mine dégoutée. Voilà, vous êtes dégoutés, il est de gouttière, simple contexte à remettre dans le contexte. Il vit la nuit, vous le jour : serait-ce là une raison suffisante de lui en vouloir ? Dans notre espèce humaine dite évoluée, on a du mal à s’adapter à la vie de couple lorsque les deux protagonistes sont antagonistes dans leurs horaires de vies et de labeurs. Faible adaptation provoquant le fort taux de célibat dans les rangs des infirmières, des pompiers et des croque-morts, encore que dans ce dernier cas, je doute d’une étude particulièrement fiable sur le sujet précis. Oui, votre chat vit la nuit, et parfois, mais pas toujours, il vous le fait savoir. Doit-on lui en vouloir ? Après tout, cette mocheté de vase offerte par tante Irène finit au meilleur endroit qui lui sied, j’ai nommé la poubelle, après tout, ladite poubelle est au final bien mieux à sa place sous l’évier aux portes fermement accrochées, et puis, ces plantes vertes qui s’étiolaient depuis de trop longues années, ne sont-elles pas plus heureuses aujourd’hui à être broyées pour le compost ? Oui, on peut le dire sans se tromper, le chat est l’ami du ménage, sans jeu de mots (quoique). Rangement, dépoussiérage des dessous de meubles et même des dessus de meubles, rien n’échappe à la vigilance de cet animal intrépide qui saura calculer en deux bons, bien plus performants que les bons du trésor, comment on peut atteindre l’inatteignable, toutes griffes dehors, slalomant entre les pots et autres décors digne d’une œuvre temporelle à destin de devenir œuvre posthume, puis, l’exploit accompli, car c’en est un, ils se campent bien droit sur leur séant, vous regardent fixement et pissent en rient sur ces femmes infidèles euh non ! Je m’emporte là, nous ne sommes pas à Amsterdam, ce n’est là que de l’herbe à chat ! Non, ils s’assoient, les pattes avant bien droites, vous fixent et vous disent d’un sourire narquois : « tu as vu comment j’ai nettoyé l’araignée que tu as au plafond ? (toute ressemblance avec des personnes ayant « des araignées au plafond », même morte, ou bien encore avec des chats, même morts, ou bien encore avec d’autres armoires et bien d’autres griffes ne seraient que fortuites et pures coïncidences dont l’auteur décline la responsabilité, histoire de bien retomber sur ses pattes) »

Oui, c’est aussi cela un chat. Et deux chats ? Alors-là, la multiplication ne suffirait pas à décliner les bienfaits, ménages et rangements compris, avouez tout de même que jouer à « chat perché » tout seul relève du ridicule, mais à eux, que de rigolades, de démarrages à laisser sans voix les frêles statues, à redonner goûts aux puzzles, même et surtout si c’est une porcelaine ancienne et familiale, à imaginer dormir de concert lorsque vous êtes éveillés et bien sûr, courir aux doux sons des grelots de tous ces superbes jouets (merci messieurs les fabricants) lorsque votre sommeil se fait plus léger, et puis, d’un bond sauter sur la couette pour s’en aller sauter et mordre ces orteils à peine voilés, non, je vous assure, à deux, c’est mieux ! Que du bonheur ! Ne vous y trompez pas, si le ton (et non le thon, c’est un toxique pour les félins, d’ailleurs, avez-vous déjà vu un tigre manger du thon ?), si le ton disais-je, est badin, d’humeur joyeuse ce n’est qu’effet félin, ce n’est qu’à l’usage qu’on mesure si l’on est félin pour l’autre n’est-ce-pas ? De toute façon, avoir des chats pitres ne peut engendrer la mélancolie, et les chats pitres, lorsqu’on aime écrire, on connait…. Allez, je file, à vos croquettes et n’oubliez pas la sieste, sans quoi vous allez être d’humeur massacrante au réveil de demain…. Chat-lu !

Sortie

Sortie. Sortie de crise et pas sortie de route, sortie d’un tunnel où la vie nous plonge parfois, mais la lumière est là. Une période spéciale, que d’aucuns nommeraient « difficile », une sorte de raccourci qualificatif qui ne colle pas vraiment à ce qui est. C’est aussi cela l’étrangeté de nos discours, employer des mots, des adjectifs qui sonnent bien, qui percutent bien, mais qui ne correspondent à la réalité des choses. Bien sûr, dans notre époque qui oublie que de trop le réel, c’est monnaie courante et perçu sans trouble, belles années de tricheries, on ne se nomme que par pseudo, on s’invente des vies, des envies, on court vert le plus beau, le plus brillant en oubliant que les plus belles beautés demeurent cachées. Ainsi va le vingt et unième siècle, pas d’association d’idée trop rapide qui dirait qu’il court à sa perte car même si notre monde est devenu très informatique jusque dans les moindres de nos téléphones ou bien encore machine à laver, tous ces appareils disposent d’un bouton « marche-arrêt », non ?

Alors, le choix fut fait, en cette belle année d’appuyer sur certains boutons, et même pire, d’en ôter les fusibles. Pire ? Non, facile à faire, facile à vivre, enfin, après quelques temps dans le noir, comme quoi, on ne devient pas nyctalope du jour au lendemain, mais cela dit, nyctalope de jour ne sert à rien, qu’on se le dise. Pas facile de se réveiller, parce qu’il s’agit bien d’un réveil en fait, pas plus qu’il est facile de se retrouver soudain sans miroir, toutes ces images renvoyées qui font ou plutôt qui faisaient que l’on marche à l’envers, juste parce qu’on lève le bras gauche pour coller à l’image reçue qui lève son bras droit. A trop observer l’image on en oublie l’original. Voilà pour l’image, quant au son, là, il est vrai aussi qu’on s’habitue et qu’on s’entraine à être pour être appelé, qu’on se focalise sur l’aide qu’on apporte aux autres, solliciteurs existentiels, en oubliant de s’aider soi-même. On se transforme en « sos détresse amitié j’écoute » sans comprendre que même si cela est utile, ce n’est pas non plus un emploi à plein temps ni une fin en soi. Alors on court, on répond, on existe, oui, c’est si bon d’exister, mais en fait, non, on n’existe pas, on est un personnage et non soi, et ce personnage devient si captivant qu’il en étouffe l’être vrai, comme le lierre étouffe l’arbre, ce n’est que la couche superficielle qui devient visible en oubliant le cœur. Passe que les solliciteurs ne soient ou pas à sens unique, simples appels à l’aide et non appels pour l’échange, être soi ne passe par les autres, encore une fois, on a tous un bouton « marche-arrêt ».

Bien sûr, on a le choix de suivre ces sons et ces images, tout comme on a le choix d’aimer. Aimer, quel joli verbe, quel bon mot, mais aimer nécessite d’être aimé et mieux encore, d’être aimé pour soi, non pas pour ce qu’on représente. A vivre sous le masque, c’est le personnage qui est aimé, non l’acteur, mais encore, pour redevenir l’acteur de nos vies, il faut s’aimer soi, profondément, passionnément, au-delà des faux pas, au-delà des abimes, au-delà des couleurs de la vie, fussent-elles sombres et pires encore. Las, de guerre lasse, le combat commence et non finit. Place au tunnel, au retrait, à l’introspection, à la mise en garde de la petite lumière qui éclaire avec peine cet amas de chair et d’os qui compose le véhicule de cette vie-ci. Tombe des masques, au cimetière des faux espoirs, la carapace s’enterre et la lente chrysalide s’opère. Nettoyage intérieur, nettoyage extérieur, classement des choses, effacement des liens, on ne revit pas le passé, il n’y a pas de deuxième chance, l’esprit humain est puissant et sans bouton de remise à zéro. Pause n’est pas le mot, ou alors pause active, même si le mode est solitaire, il est quand même lecture, un peu écriture, ça vous le savez, il est aussi plongée et remontée, détente et arrêt, chantiers et perspectives, nettoyage et rangement. Tout cela est très simple en mettre en prose comme ça, quelques mots à l’encre noire sur le papier blanc. C’est pourtant un long chemin, sinueux, dérangeant, perturbant, angoissant même parfois, au point de secouer la vie comme ce magma en ébullition qui fait rompre la croute trop fragile de l’écorce terrestre pour jaillir en un puissant volcan, et cette étape-là, est brûlante d’énergie, elle éclaire la fin du parcours, tout en laissant tout de même une pointe de nostalgie, celle de savoir, de comprendre, que c’est là le dernier cursus, la dernière des évolutions, la clôture des derniers karmas après tant et tant de chemins parcourus, de destins vécus, d’échecs accomplis. Un sentiment bizarre aussi, celui de savoir et de voir ce qui n’est pas encore vu par le nombre, de ne pouvoir parler sous peine de rester incompris, tout en ayant la force et la facilité d’exprimer et d’illustrer ce qui est, ce qui sera.

Je ne connais pas le ressenti du papillon aux travers des stades de son développement, mais bigre que ça fait mal de traverser ce couloir, cette porte entre deux mondes. Je sais aujourd’hui bien plus qu’hier, je sais aussi pourquoi le parcours s’arrête ici, et ce qui sera, non pour moi, qu’est ce que le moi d’ailleurs ? Moi, je, il. Trois regards sur une même entité, pourquoi vouloir dire que celui-ci est plus vrai ou plus sincère que celui-là ? Pourquoi ne pas au contraire regarder par ces trois regards pour mieux voir qui on est et où on va ? Encore faut-il avoir envie d’aller…. Et comme vous me connaissez par les mots, vous comprendrez aisément qu’il y a double sens là-dedans. Non ?

Puisque le temps



Puisque le temps en son cours est venu s’immiscer dans le lent décompte initialement prévu en quatre actes sans entracte, je profite de l’entracte imposé pour glisser ici même quelques anodines pensées. Oh, ce n’est là qu’un entracte, point un demi tour, juste une pause dans l’écriture d’une conclusion, et même à vrai dire, juste qu’au final la conclusion n'est peut être pas courte quand bien même elle est éphémère. Dans la tragédie des hommes, ce ne sont pas les plus grandes qui sont les plus tristes, rien n’est simple dans nos vies. Une chance, si je puis dire, il serait triste en effet que les choses se bâtissent sur des règles somme toute très cartésiennes, logique implacable sans part de liberté. On peut dire que les grandes douleurs sont muettes, mais à l’écrire, c’est autre chose, à part peut-être pour les muets ? Peut-être bien aussi pour les malentendants ? sorte de doux euphémisme qui condamne les sourds à l’inexistence, ou peut-être une façon habile de se voiler la face et refuser de voir ce qui est vraiment ? diantre, que de « peut-être » dans tout cela ! Quant à se voiler la face, je vois déjà se brandir les poings rageurs des bien pensants pour qui le voile n’est que prétexte fallacieux à mieux se dévoiler dans une opposition aux règles forcément indiscutables. Une autre forme de douleur, une autre forme de couleur dans un monde trop uniforme au point de faire gerber l’originalité dans le caniveau des mauvaises pensées. Qu’est ce qu’une mauvaise pensée ? C’est penser ce que je ne pense pas conclurait la très haute autorité, alors zou ! Le doigt sur la couture du pantalon, on applique les bon vieux principes judéo-chrétiens, et surtout, on ne s’écarte pas du rang, qu’on se le dise !

Uniforme. Basique. Directif. Contraintes. Contours délimités, périmètre fermé à triple rangée de barbelés, vous pouvez penser, imaginer, créer mais à l’intérieur du cadre, dans le sens et dans le tempo bien défini, mais est-ce là la créativité ? Ne voyez pas d’images  sépias ni de couleurs kaki, ces contraintes-là, ces murs-là, ce sont nous-mêmes qui nous les érigeons, fières victimes de nos éducations, moutons de Panurge suivant en bellement la voir tracée par nos aïeux, qu’ils soient ou non de notre sang. Tiens d’ailleurs, pourquoi kaki ? Pourquoi appelle-t-on « kaki » ce vert hideux alors que le fruit du plaqueminier se pare d’un bel orange qui égaie les cieux d’automne ? Oups ! Me voilà sortit du cadre de ma prose, sans que je n’y prenne garde…. Des envies de liberté ? Non, une vie libre, d’homme libre, une vie à briser des chaines entravant les karmas successifs depuis déjà bien des rotations entre vies et après vies. Ainsi vont les cycles du temps, les résolutions de ces parcours initiatiques chargés d’épreuves, chaque pas est un pas plus loin dans la légende personnelle, rien n’est jamais anodin, les messages arrivent de partout mais peu arrivent à être lus. Je  reste pourtant persuadé qu’un jour viendra où les  yeux s’ouvriront sur les réalités du monde, un jour viendra où l’étroitesse d’esprit brisera les carcans serrés par nos éducations, un jour viendra où chacun comprendra qu’il a la clé, sa clé, de sa propre vie, le choix de ses limites, le choix de sa vie.

Utopiste ? Oui, si cela vous plait de le penser ainsi, non pour vous plaire, je n’en ai cure, je ne fonctionne pas aux flatteries, car ainsi que nous l’a écrit Jean de la Fontaine et que nous l’ont fait apprendre et réciter nos adorables maitresses, « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Maitresses ? Oui, dans le sens de nos jeunes années, bien avant qu’on inventât les professeurs des écoles, dans ce temps pas si ancien où l’instruction civique jouait de morale, où l’on savait la politesse, dans des classes décorées de ces cartes colorées, géographies ou bien chaine alimentaire, le visuel était peut-être vieillot mais ô combien enrichisseur de connaissances.

Optimiste ? Oui, si cela vous plait de voir le verre à moitié plein plutôt que de voir le verre à moitié vide, à vrai dire, ce sont les deux moitiés qui servent à la dégustation : le nez cueille les aromes dans la moitié vide pour aller titiller les papilles olfactives, comme quoi, le vide à du bon, et même je dirais que le vide est plein de bon sens ; la moitié pleine contient le nectar, celui qu’on boit doucement, qu’on fait rouler en bouche avant de le recracher, comme quoi cette moitié-là n’est pas de celles qui restent, juste un éphémère passage avant de filer à l’égout. Pour ma part, je m’alimente des deux, le  vide plein de sens et la matière à déguster sans jamais la recracher que par des voies plus naturelles que celles précitées. Encore une étrangeté de nos vies : on empêche nos enfants de cracher, on conseille de cracher le produit dégusté…. Tout comme on apprend le nouveau né à bien roter pour mieux l’interdire plus tard. Paradoxe. Comme quoi l’homme se cherche toujours et se cherchera toujours tout au long de ses vies.

Libre ? Oui, quel que soit le prix de la liberté, elle est la seule qui permette de grandir, de s’épanouir et de parcourir un maximum de sa vie. Libre ne veut pas dire opposé à tout, ni même hors norme, d’ailleurs, c’est quoi une norme, c’est quoi la normalité ? Libre ne veut pas dire non plus solitaire, ni asocial, ni forcément célibataire, erreur trop primaire et trop fréquente, les raccourcis ont la vie dure, sauf du temps de la révolution et des méthodes du brave docteur Guillotin, époque révolue où les raccourcis perdaient leurs têtes tombées au panier. Otez les œillères, regardez autour de vous, soyez enfant, apprenez à vous émerveiller, du temps qu’il fait plutôt que de celui qu’il a fait, du geste anodin plutôt que des gestes passés. Le passé est passé, certes, mais il est vous, ce que vous êtes n’est que façonnage lent et méthodique de leçons reçues, de coups pris, de parcours passés. Ce qui est géant, c’est de savoir qu’aujourd’hui est, que tout peut être géant si l’on prend le temps de voir les choses en grand, en prenant le temps. Ce qui est énorme, c’est de savoir qu’aujourd’hui enfantera demain et que demain sera plus grand encore, parce que poussé sur les cendres d’aujourd’hui, et surtout, parce que nous le voulons ainsi. Pourrait-il en être autrement ?        

Merci



Les chemins de la vie sont toujours peuplées d’étonnantes rencontres, de ces partages et de ces échanges qui vous marquent à jamais. Il y a longtemps déjà ou pas, selon les critères que chacun donne au temps, même si tout un chacun manque de temps, bref, dans ces années lumières où le peuple de France soulevait la coupe dorée, je démarrais une vie qui allait prendre le virage et la montée qui sied à la randonnée. Oui, randonneur, et non rang d’honneur, oui, je quittais mes pas de solitude et mes explorations solitaires pour goûter aux joies de marcher en groupe à la rencontre de ces nobles paysages, savamment relevé de ces pique-niques organisés dans les lois d’une logistique implacable, de l’apéro au dessert tout était fier. Ces chemins-là, pas à pas m’ont conduit vers ce qui reste aujourd’hui la plus belle partie de ma vie, de ces épisodes qui vous font mener la vie sur un pas de deux, un rythme étoilé aux accents associés, un départ… A la découverte d’un monde, de lieux, de personnages, à la découverte aussi de soi à travers tous les pas parcourus. C’est ainsi que j’ai découvert ce coin de terre accroché à la vie, ce coin inconnu mainte fois traversé par la trop fière autoroute qui le défigure. Ce coin de terre, c’est aussi un grand morceau de cœur, de ce qui est un vrai cœur, noble et puissant, de ces portes qui restent toujours ouvertes, de ces bras qui vous accueillent sans jamais vous repousser, un écrin extérieur pouvant sembler austère, une maison pleine de recoins, de coins, de souvenirs, de rires, de chants, de pleurs aussi, que serait la vie sans l’eau fut-elle des larmes? 

Cet écrin-là, c’était le territoire des grands-parents, deux immenses personnages bourrés de gentillesses, de plaisirs à partager, d’éducation à vous donner sans aucune fâcherie, l’avantage dans notre midi c’est que les éclats de voix ne sont pas colère, enfin, pas toujours. Hélas, trop vite la maison a perdu sa reine, son âme, la sournoise maladie a vaincu trop vite, trop facilement, mais au moins, la souffrance a perdu ; Maigre consolation. C’est après ce moment-là que nous avons pris nos quartiers d’été d’abord, pour apporter notre soutien à cette moitié sans moitié, puis nos quartiers d’automne, aux rythmes des vendanges, des balades ventées, et ceux d’hiver aux grillades de braises, aux flambées de platane, puis les quartiers de printemps, ceux de la sève qui monte, ceux des oliviers fraichement plantés, et le cycle immuable du temps ramena l’été. Les années succédèrent aux années, à chaque fois, le plaisir d’être là était un plaisir plus grand que le précédent.  De cet homme à la voix gravé à jamais dans mes neurones, des ces bons mots qui nous faisaient toujours sourire, comme « quand il pleut on s’en dégoutte » ou bien « la boue de Moux tâche », et surtout, de ses leçons d’homme de terre, de région, ces sentiers dans le noble Alaric, de ces noms si poétiques que les trop sérieux géographes de la noble institut géographique national n’ont pu qu’omettre de glisser sur les cartes, j’ai appris à aimer. Le lieu, les pas, les courses, reconnaitre les odeurs, deviner les rondeurs, jouer à explorer la combe du premier lièvre, celle des perdrix, mais aussi la bonne chère, les bonnes pièces de boucherie ou bien encore les gibiers gouteux des collines d’ici. Est-ce parce que mon grand-père s’en est trop tôt allé que j’ai adopté ce bonhomme si plein de gentillesse ? Difficile à dire, j’ai appris durant de très belles années, et j’ai connu ce qu’est le sens de l’accueil, la porte ouverte aux amis, ces week-end ou le luxe sentait bon l’onglet perlant sur la braise de cep de vieilles vignes, j’ai vécu ce qu’est le vrai chemin des écoliers, quand les images du tour de France à la télé par de chaudes après-midis d’été font naitre une folle idée de  s’en aller rejoindre l’océan en empruntant le chemin le plus court qui passe par tous nos col mythiques pyrénéens. Un MONSIEUR. Oui. Son baptême se fit par la voix d’un petit homme de 6 ans, venu là en ayant pris soin d’apporter des voitures pour jouer avec lui, cet homme s’appelait Pierre, il était déjà papy alors il devint à jamais papy Pierrot, dans cette voix cristalline qui l’appelait sans cesse, pour jouer, pour rire, pour lui montrer toutes ces joies qui émerveillent les enfants et dont on ne sait pas pourquoi elles désertent les adultes. Si mes racines lauragaises et audoises, si mon sang issu de la terre bouillonne aujourd’hui c’est parce que cet homme-là m’a appris les leçons de choses qu’on n’apprend jamais aussi bien qu’en école buissonnière. Si je parcours encore souvent ces montagnes, ces vignes, si j’aime à les faire découvrir, à les partager c’est à cet homme-là que je le dois. Si je sais aujourd’hui ce qu’est le travail du vin, ce qu’est la taille, ce que sont les oliviers, ce que sont surtout les joies, les rires, la passion, la famille, c’est à cet homme-là que je le dois. La vie d’adulte passe et défait des liens par inadvertance, par défi peut-être, par aveuglement surtout, mais même lorsque l’album se referme il reste des voix, des sons, des couleurs, des odeurs et par-dessus tout, des leçons. Pour tout cela, merci papy Pierrot.

A sa famille, celle du sang, celle du cœur, celle des boules, celles de la jeunesse, celle du labeur, à tous ceux qui ressentent le vide de l’orphelin, mes pensées et mes condoléances vous accompagnent. Ce jour, j’ai perdu un grand-père que la vie m’avait offert. Je ne le vole pas, je pleure en silence en repassant mes leçons aux lumières des souvenirs, c’est par là-même que nos défunts habillent toujours nos vies. Je sais aussi que de là-haut il veille sur les trésors de sa vie. 

Merci monsieur d’avoir illuminé ma vie et fait découvrir votre pays. 

Merci du fond des pleurs.   

3



Compte et décompte, conte sans fin ou bien conte sans faim, les histoires sont toutes belles dès lors qu’on sait les comprendre, dès lors qu’on sait prendre le temps de mesurer le sens de l’histoire, comprendre le pourquoi des choses, la raison de ce pas, fut-il de travers, son rôle et son but dans la progression sur ce qui n’est au fond que notre chemin, notre légende vivante.

Trois, comme trois, deux, un partez !

Trois comme le début d’un nouveau départ, non pas comme Troie, ville légendaire ni même son célèbre cheval de Troie, cheval de bois, ancêtre moderne de nos manèges anciens, ni même sa version plus actuelle hélas de notre monde informatique.

Trois, comme l’état premier de la stabilité, même si nos mobiliers ont délaissé cette stabilité pour une distribution plus carré des rôles, les lois de la mécanique savent combien la triangulation assure la solidité de l’édifice. Mais alors, me direz-vous, cela veut-il dire qu’un couple n’est solide que dès qu’il est trois ? Raccourci vite pris pour une situation qui ne serait que trompeuse, non, le couple n’est solide que par la règle de trois, deux êtres et un couple, relation à trois certes mais à deux pour remplir les trois rôles, sans faillir dans la distribution, sans omettre un au détriment de l’autre.

Trois. Encore.

Trois, comme trois ans. Déjà ou enfin, qu’importe la qualification des adjectifs, surtout lorsqu’il s’agit d’adverbe, ce n’est jamais la durée du temps qui passe qui en fait la teneur, il est des avancées plus spectaculaires que d’autres, d’autres moins, ainsi va le temps, pourtant, on s’échine encore à le mesurer, et pire, de le graduer pour mieux s’y référer.

Trois, comme trois mois. Un délai, un parcours, une plage, non pas de sable fin et blanc, pas plus que grossier et ocre, non ce sable là coule en sablier et égrène inexorablement la lente agonie du temps que l’on veut bien mesurer, un piège de notre mortalité.

Trois, comme trois jours. Un long week-end en quelque sorte, peuplé de choses, toutes plus fragiles les unes que les autres, juste des choses. Curieux comme une chose peut être importante pour quelques uns et sans importance pour quelques autres voire même bien plus, mais ce sont là ces bien plus qui nous perdent, la loi sans doute dite de la majorité.

Trois, comme trois heures. C’est court, c’est long, selon que l’on compte, que l’on attende, que l’on espère, que l’on courre, que l’on gagne ou bien encore que l’on perde. Peut-être là, la démonstration que ce n’est pas le temps qui compte mais bel et bien ce qu’on ne fait, et que là est la mesure, si temps est qu’il soit mesurable. Cachet d’aspirine fourni en bas de cette plage.

Trois, comme trois minutes. Un chrono lent ou rapide selon la performance mesurée. C’est court trois minutes, sauf peut-être lorsqu’on les passe sans respirer. Ce n’est donc pas le temps qui compte, mais plutôt la respiration. Comme quoi, il faut prendre le temps de respirer. Oui, mais combien de temps ?

Trois, comme trois seconde. Vous attendez la suite ? Attendez donc trois seconde, elle vient. Tout comme toutes ces pauses, téléphoniques, de parloir, de caisse, de comptoir, on vous propose d’attendre trois seconde, parfois l’inflation grimpe en minute, mais là, allez lire plus haut, juste au dessus…..

Trois, comme…. Et puis zut ! Trois, parce que trois, parce que moi, parce que je, parce qu’il, trois visions d’une même entité, trois façons d’aborder les situations, de decorréler les choses, d’oublier le temps et d’apparaitre ainsi au cours de la disparition.

Trois, comme Trois, Deux, Un…. Prêt pour le départ….