Le
silence a du bon, il repose… En fait, il repose les questions. Les
bonnes ? Y-a-t-il vraiment de mauvaises questions ? Je ne le pense
pas, il n’y a que des questions mal formulées, ou bien posées trop tôt, avant
l’heure c’est plus l’heure, après l’heure c’est plus l’heure, à défaut d’être à
l’heure au moins évitons les heurts sans oublier que la bonne heure fait le
bonheur des uns et le malheur des autres, là aussi c’est bien connu ! Au
fond, le silence repose sur des évidences cela semble évident.
Plus
de bruit que le bruit de sa vie, plus de heurt, que ses propres heurts, plus
d’espace, beaucoup plus d’espace, une autre vision du temps, une autre
appropriation des choses, il n’y a pas d’échappatoire, pas de distraction,
juste soi face au silence, face à soi. Une mise à plat pour une mise au point, ça
met à plat, mais au moins on met un point sur les coups de poings reçus, sur
les coups de poings donnés, et ces points-là ne sont pas des points de
suspensions mettant en suspens l’ombre d’une vie mais des points finaux mis au
bout des lignes mal effacés des épisodes erratiques d’une vie riche en erreur.
On apprend toujours de ses erreurs, encore faut-il le vouloir, encore faut-il
vouloir apprendre, comprendre, relire une dernière fois et clore ce qui n’est
plus d’actualité. Et non, les douleurs du présent ne sont pas les douleurs
d’hier, ce sont des douleurs de mauvaise cicatrisation actuelle des blessures
d’hier, là est la nuance. Plutôt rouge sang la couleur de la nuance si vous
voyez ce que je veux dire. Chercher à soigner et à guérir ses plaies dans la
lumière de la lame qui les a infligées, reviendrait à soigner le serpent plutôt
que sa morsure. On meurt de la morsure et non pas du serpent, tuer le serpent
ne sert à rien, même pas à calmer sa colère de s’être fait mordre. Entre
refuser de coupables vengeances et tendre l’autre joue, il y a un axe, droit,
droit devant soi, oui, c’est ça, marcher droit devant soi, ne pas se retourner,
ne pas chercher à reprendre ses sentiers d’autrefois une autre fois, lever la
tête, poser son regard sur l’horizon et marcher, droit devant. Le chemin est le
but et les buts d’hier ne sont plus les buts de demain.
Il
faut le vouloir, rien n’est facile, l’être humain n’est pas un solitaire, il
porte dans ses gênes la meute de ses congénères, qu’il le veuille ou non. Il
est part de la meute et la meute est la part qui le complète, qu’il le veuille
ou non. S’isoler, faire silence, c’est s’accorder du temps à soi, pour soi mais
aussi pour la meute, on ne peut donner le meilleur de soi qu’en étant soi
complétement. Encore une fois tout peut paraitre facile à lire, à dire, à
écrire, mais il faut un apprentissage pour y parvenir. Long ou court, tout
dépendra des envies, de la vitesse d’acquisition, des leçons et des lumières
qu’elles vous auront apportées. Ah les lumières…. Il y en aurait à écrire sur
ces fameuses lumières, ces ampoules comme dans les dessins animés qui s’en
viennent naitre au-dessus de votre tête et s’illuminer en vous arrachant un
« Eureka ! » du fond de vos tripes….Mais parfois les ampoules
restent éteintes, parfois elles sont minuscules et bien pâles mais la moindre
de ces lucioles doit être pour vous la lumière du phare vous guidant au-delà de
votre nuit. Ne jamais chercher le plus, le plus grand, le mieux, le plus fort,
le phare plus puissant, la vague plus grosse à surfer, non, il se peut qu’elle
ne vienne pas, il se peut que ce phare ne soit qu’un hélicoptère ou un avion
vous entrainant dans une mauvaise direction. Prenez l’instant, ayez confiance
dans cette toute petite lumière qui en demande qu’à grandir en vous.
Mettez-vous en marche et en mouvement, c’est ici et maintenant le départ,
n’attendez pas, n’attendez plus. Croyez. Soyez. Marchez.
Il
n’est pas plus facile d’affronter son silence que d’en sortir, car une fois
accepté et une fois installé dans son confort, une fois que petit à petit vous
découvrez l’immensité de votre propre monde, les pensées, les questions
foisonneront et l’envie d’en savoir plus, d’en vouloir plus deviendra une
maitresse exigeante qui entretiendra une passion dévorante si vous n’oubliez
pas que vous seul êtes votre propre guide. Vos pas sont vos pas, vous ne suivez
personne, vous bâtissez votre monde, mais ce monde n’est pas une tour d’ivoire
ni un bunker de béton échoué sur une plage océane. Vous êtes un parmi les
autres, un de la meute, dans la meute, pour la meute et par la meute vous
vivez. Prenez conscience de cela, il n’y a pas plus grand danger que
l’individualisme que de se croire seul et de se croire permis de tout faire. La
liberté s’arrête toujours là où commence celle des autres. Il n’y a pas de
barbelés sur ces chemins là pour vous le rappeler, il n’y a pas de meilleur
rappel que ceux de sa conscience. Soyons-en conscients.
Le
silence a du bon, à condition de s’en servir et d’en sortir. Nul ne doit rester
silencieux, juste savoir prendre le temps de l’être de temps en temps….