Quel que soit le jour, l’endroit, le
moment, il y a toujours interaction d’évènements, forcément perturbations, deux
êtres ne peuvent interagir de façon identique en permanence. Chacun a son
rythme, son mode, son monde et dans notre monde de super communicants du très
rapide et du presque immédiat, on a oublié combien ces choses-là étaient très
importantes. Une lettre qui arrive, un message reçu, c’est une communication
déposée sur l’étagère du bon vouloir, un mot en attente, qui sera vu, peut-être
lu, parfois compris plus tard. C’est aussi une forme de respect, une moindre
intrusion, on dépose et on laisse le choix à l’autre de lire lorsqu’il aura le
temps ou le désir de prendre le temps. Trop de communications aujourd’hui sont
quelque part égoïstes, elles sont injonctions, elles intiment l’ordre de
communiquer, parce qu’un canal a décidé, parce qu’un acteur veut, en oubliant
l’autre, en imposant ses envies. Serait-ce une accélération du temps ?
Serait-ce notre manque de temps en perpétuelle expansion ? Serait-ce tout
simplement nos moyens technologiques qui nous poussent en cela ?
Week-end ensoleillé, de longues
journées, le moment idéal pour se déconnecter, pour débrancher tous ces liens,
pour bouger, dormir, farnienter, bricoler, mettre un disque, prendre un
bouquin, bref, se retrouver soi loin des mails, des sms, des messages sur
répondeur… Mais comment qu’ils faisaient donc nos parents, nos aïeux, et toutes
ces générations d’avant la super technologie d’un monde qui connecte les Hommes
par-delà le monde ? Marcher pieds nus dans l’herbe fraichement coupée,
diner au clair de lune dans le calme d’une nuit d’été, s’allonger à même le sol
et laisser son regard s’enivrer de mille et une étoiles, écouter les sons de la
nature, les craquements des arbres, les bruissements du vent léger, les
déplacements des animaux nocturnes, découvrir l’éclatante lumière des vers
luisants, se sentir faire corps avec ce monde qui nous entoure, être un être
naturel au cœur du naturel, dans le silence des Hommes et la tranquillité de
l’esprit, avez-vous donc essayé ? Ce n’est pas un moment d’abandon, bien
au contraire, c’est un instant de retrouvailles, celles avec soi, celles avec
notre planète et tout son système autour. Bien sûr, cela n’empêche pas les
terribles tragédies, les folies meurtrières ni même l’angoisse communiquée mais
au moins, dans cet instant-là, le canal est fermé parce que connecté ailleurs
et autrement. C’est aussi et simplement une forme simple de méditation, une
petite retraite à moindre frais, il n’est nul besoin de murs, de matériel,
juste prendre du temps pour soi, se poser pour mieux s’enraciner dans notre
terre et planter notre tête dans les cieux. Connecter nos énergies à celles du
cosmos et de la terre, ne plus être pour mieux être, il n’y a rien de compliqué
en cela, un simple moment à s’accorder, à accepter de s’isoler pour en faire
l’expérience. Comprendre c’est apprendre, respecter c’est aimer, nous sommes
tous différents et c’est par ces différences que nous nous grandissons les uns
les autres, pourquoi s’en priver ?