Une foi, du feu

On voit souvent trouble lorsqu’on regarde de trop près, cela parait évident lorsqu’on lit le journal mais il est étonnant de n’y point penser lorsqu’il s’agit de soi et de sa vie. Le personnage central  ne peut voir sa vie dans son ensemble s’il n’est pas en mesure de prendre du recul sur lui-même et de voir sa vie dans son ensemble. Cela parait banal à dire, pourtant, c’est toujours dans les situations les plus émotionnelles qu’on ne voit plus que ce qu’on veut bien voir. Que les émotions soient grandes et belles et nous oublions tout se gravite autour qui compose pourtant la galaxie de notre vie. Que les émotions soient tristes et amères et nous ne voyons plus que ce point noir au beau milieu de notre visage, oubliant ainsi de voir ces beaux yeux, ce joli sourire, ce visage si doux. Et bien sûr, ce point noir, on va se mettre à focaliser dessus, à ne plus voir que lui et à vouloir le détruire, entrainant dans la destruction tout un ensemble de chair et d’os qui ne sont qu’hôte temporaire de cet intrus de passage…

Une larme et tout s’arrête. Un stop et plus d’envie d’aller de l’avant. Notre cerveau reptilien, siège de nos émotions se met à décider pour nous et prend nos commande…. Non ! Ce n’est pas lui qui commande, c’est à l’humain d’humaniser sa vie, de se prendre tel qu’il est, qu’elles que soient les épreuves de sa vie, c’est à l’Homme de se voir dans son ensemble, de prendre son recul pour mesurer et comprendre combien la fatalité de l’instant ne pollue que l’instant et non toute la vie. Ce n’est ni facile, ni difficile, c’est au fond terriblement humain ce combat entre « reptilien » et « humain ». Savoir que son cerveau « reptilien » évolue plus dans les sensations que dans les réalités permet de mieux comprendre ses réactions et d’apprendre à les juguler. Combien d’exemples avons-nous autour de nous, peut-être même dans notre propre vie ? Une rupture, c’est horrible, terrible, même lorsqu’on la décide et que l’on a le courage de la déclencher, mais combien de fois après la rupture une nouvelle histoire plus belle est-elle née ? Après la pluie le soleil dit le dicton, mais notre vie n’est-elle pas soumise à des caprices similaires de notre météo ? Bien sûr, entre chaque phase il est souhaitable de s’accorder un temps, celui de la digestion, celui de la réflexion, celui de la compréhension, car tout étape de notre vie est une leçon en puissance, et si certains aiment à brûler les étapes, à sauter d’une branche à l’autre, parfois même à saisir une nouvelle branche sans avoir complétement lâcher la précédente, par peur de la solitude, par peur de l’abandon, par peur de ne pas être, les leçons reviennent et reviendront sans cesse, il faut les apprendre, les maitriser pour évoluer à un autre niveau, nous grandissons sans cesse, de notre naissance à notre mort terrestre, mais surtout, c’est notre vie qui nous élève, nous grandit et il n’est nulle mort qui solutionne et permet de retrouver le repos éternel, non, vouloir en finir, c’est s’effacer d’ici pour recommencer plus tard et ailleurs peut-être même en partant de plus bas les exercices que l’on refuse d’achever aujourd’hui. Flippant ? Non, rassurant, toute évolution se fait au prix de transformation, toute transformation se fait par la compréhension et la victoire sur ce que nous prenons comme un obstacle.  Alors ? C’est quand même mieux de prendre son temps ici pour relire l’énoncé du problème et en trouver la solution, c’est somme toute plus rapide et tellement plus enrichissant. Une larme et tout redémarre….


Celui qui ne vainc pas ne perd pas, il apprend ses erreurs, ses fautes, ses oublis, il construit sa victoire future. Inéluctablement. Avoir la foi, c’est d’abord croire en soi, en sa réussite face aux épreuves, et s’il est besoin d’une figure extérieure, qu’elle soit déesse, ange, pierre ou autre talisman, alors prenez-la. Et s’il faut un lieu, une église, un temple, un coin de nature pour vous y aider, allez-y et entrez-y, mettez toutes vis chances de votre côté pour prier et méditer, pour vous poser et regarder votre intérieur, c’est du temps pour vous, à vous, rien qu’à vous. C’est à travers cela que vous trouverez la foi en vous et petit à petit, vous pourrez vous retrouver sans lieu, sans aide extérieure, parce que la flamme qui brille en vous, vous aurez pris le temps et les énergies nécessaires à en faire un vrai feu de joie. C’est ce feu qui brûle déjà en vous, même si pour l’heure, vos yeux ne sont embués que par sa fumée.

Chaque pas est unique

Chaque pas est unique, il passe, marque le sable de son empreinte puis s’efface devant le pas suivant, le pas disparait, il n’était que de passage, c’était un pas sage. J’aime le sable pour sa texture, sa souplesse, sa tendresse, sa sculpture, il garde la trace du pas sage de passage, il se creuse, il l’épouse, il s’affiche, il s’en fiche, il la garde, lové au creux de lui jusque ce qu’une vague divague et s’en vienne effacer la trace de cet amour construit dans le sable. Bien sûr, de tout ça, le pas s’en fout, parti ailleurs, un passant fou, foulant le sable, traçant sa route à petit pas, emportant avec lui ses pas, accrochant quelques grains de sables, disparaissant à l’horizon, oubliant déjà qu’ici ses pas sont passés, un passant sans passé, un passant, ses pas séparés d’à peine une enjambée, ses pas creusés dans le sable humide, ses pas effacés par la vague humide, ses pas comblés par le sable mouillé, ses pas se suivent sans vraiment se ressembler, sans jamais se rassembler, chaque pas est unique, chaque pas passe et s’efface, ici tu marches sans traces, ici tout s’efface et moi j’aime cette plage.

C’est rien un pas, c’est tout un pas, c’est rien du tout, c’est un pas, pas si simple, pourtant un pas c’est simple, et même si parfois un pas c’est composé, tout dépend la musique, tout dépend le tempo, tout dépend l’envie de se laisser prendre, de se laisser chavirer, de se laisser entrainer par les flots des sons et des émotions, aujourd’hui la plage est vide, la page est vide, le sable mouillé et le ciel d’été. Moi le sable je l’aime, parce qu’il sait être gris et heureux, parce qu’il sait être ocre un soleil couchant, parce qu’il sait se dorer au soleil sans brûler, enfin, pas tout à fait, mais c’est juste parce que mes pieds sont trop blancs et trop urbanisés. Après tout, je n’avais qu’à rester chez moi et trainer mes pas dans mon quartier plutôt que de prendre mes quartiers ici et de venir trainer mes guêtres par ici, après tout je n’avais qu’à garder mes tongs plutôt que de vouloir impunément caresser le sable chaud du bout de mes pas.

Pourtant j’aime ça, ce sable doux, ce sable chaud, ce sable qui sent bon l’océan, l’iode et les fleurs d’écume, j’aime le sentir épouser mes pas, lui coller aux basques, s’accrocher comme pour retenir chacun de mes pas, mais mes pas sont têtus, ils n’en font qu’à leur tête, et s’ils aiment être caressés entre les orteils par ce sable si fin, ils n’aiment pas être entravés, encore moins s’enliser, à vrai dire ils ne tiennent pas en place, autant dire qu’ils ne tiennent pas en plage. Mes pieds aiment leurs pas, de vrais gamins, ils partent en courses insensées, ils courent, virent, se posent et rêvent de s’envoler, ils sont heureux de ne pas battre le pavé mais d’enfoncer le sable d’une marque familière, de dessiner une empreinte qu’efface déjà la vague qui suit, et après chaque pas, se pointe une nouvelle vague, un combat régulièrement perdu mais c’est peut-être ça au fond la nouvelle vague.

Mais mes pas m’enfoncent un peu plus vers l’inconnu, cette plage est immense et il n’y a personne, à trop regarder le sable et les vagues, je ne reconnais plus ces vagues tas de sables qu’on appelle des dunes, je suis perdu au milieu d’une immensité, sans cité, sans bruit, juste celui régulier de l’océan, je marche sans savoir si mes pas me suivent ou si c’est moi qui suit mes pas. Suis-je mes pas ? Mes pas sont à moi c’est sûr pourtant ici ils s’échappent, ils partent droit devant eux je crois avoir compris leur jeu : l’un d’eux se projette crânement en avant, mais l’autre ne veut pas être en reste alors il le passe, le dépasse et s’enfonce un peu plus loin et comme des fous furieux, ils poursuivent et relancent cette danse sans transe, oubliant toute notion, n’écoutant que leur propre rythme, ils font la course mais comme ils sont malins, ils effacent aussi toute trace derrière eux, et si je ne veux pas me perdre ben je suis bien obligé de les suivre, même si mes pas sont moi, je les suis et leurs suis très reconnaissant.


Car au fond ils m’entrainent et à vrai dire, ils me font marcher, mais comme je ne suis pas fou, j’essaie de les guider sur la grève, refusant qu’ils m’entrainent vers le fond de l’océan, marcher je veux bien mais nager je ne sais pas, j’aurais tout aussi bien pu rester les doigts de pieds en éventails, après tout, mes pieds ne sont pas palmés. Chaque pas est unique, il avance puis disparait, il dessine puis efface, il s’efface à dessein… Uniquement.

Un ciel était

Au ciel de ma brume,
Il pleure, il pleure,
Au ciel de ma brume,
Il pleure encore

Il pleure des vagues et des vagues,
Il pleure, des vagues divaguent,
Il pleure des vagues de pluies,
Il pleure des vagues d’ennui

On ne sait plus pourquoi il pleure
Mais il pleure

Il pleure pour toi
Il pleure pour moi
Il pleure toujours
Et ces vagues s’en vont
Porter ailleurs l’amour

Il pleure, il pleure,
Il pleure tant et si bien
Il pleure tant
Il pleure tant et si bien,
Que nous ne sommes plus rien

Il pleure, il pleure tant et si bien,
Que nous ne serons plus rien

Plus rien du tout
Mais après tout,
Qui étions-nous ?

Il pleure, il pleure encore
Le ciel est chargé de gris
Il pleure, il pleure encore
Le ciel fonce son gris

Je n’aurais pas imaginé
De telles couleurs en été

Je n’aurais jamais songé
Dire au revoir, à jamais

Il pleure, il pleure las
Et nous, nous étions là
Il pleure, il pleure toujours
Et nous, nous sommes au bout

Il pleure, il pleure de joie
Il pleure, il pleure d’effroi

Il pleure, il pleure et j’ai froid
Etre seul, triste mais être soi

Il pleure, il pleure et j’ai froid
Il pleure, il pleure d’effroi
Et nous pleurons solitaires

Le ciel d’été s’assombrit
Le ciel d’été nous pâlit
Le ciel d’été nous efface
Ici s’arrête nos traces

Notre ciel était.



Respect

L’être humain et ses semblables, voilà qui représente un vaste sujet tant nous sommes tous semblables et tellement différents à la fois, par nos cultures, par nos vies, par nos parcours, aussi il est bien difficile voire impossible de comprendre qui est l’autre, de mesurer ce que vit l’autre. Les psychologues, les psychiatres, les psychanalystes ont chacun ou presque leurs méthodes, leurs faisceaux de présomptions, leurs interprétations de chacun de ses faisceaux selon des courants différents, des concepts, des théories, bref, l’humain ne se résume pas à un diagnostic établi en trois questions. Si cela reste difficile pour des professionnels, comment cela pourrait-il être si simple pour un particulier ?

Le piège de l’être humain est de n’avoir pour référence que surtout lui-même. Il se connait, il vit bien, il est heureux, donc les autres, pour vivre bien, pour être heureux doivent se comporter comme lui, c’est évident. Cela marche tant et tant de fois : je branche mon ampoule entre un plus et un moins et elle s’allume…. Mais voilà, l’humain n’est pas une ampoule, pas un objet, par un être binaire qui ne vit qu’en état de « zéro » ou de « un »… Les conséquences d’une éducation de masse, d’un lissage des personnalités, d’une croyance du moule unique ou bien une culture du « premier », toujours est-il qu’il est bien difficile pour bon nombre de savoir prendre le recul nécessaire et surtout, de ne pas s’approprier la vie de l’autre, de ne pas se croire professeur lorsque les leçons n’ont pour but que de réduire l’autre en son double. Non, nous n’avons pas le même vécu, la même personnalité, les mêmes visions des choses simples et complexes à la fois que chacun peut nommer « bonheurs ».

Combien de fois a-t-on entendu « tu ne peux pas être heureux ainsi » alors que la pensée vraie serait plutôt « dans ta situation, moi je ne serais pas heureux ». Simple inversion des sujets, on ne peut penser à la place de l’autre, on peut éventuellement s’imaginer soi dans la même situation et en imaginer sa propre sensation, mais elle n’a pas lieu d’être énoncée puisque qu’elle nous est personnelle, qu’elle est le fruit de notre imagination et surtout, parce qu’elle n’apporte rien à l’autre. Parler pour ne rien dire, dicter sa loi n’aident pas. Le plus grand des conseils est l’écoute. Silencieuse. Interrogative en questions ouvertes, parce que chacun, aux travers de ses propres réponses trouvera ses clés personnelles. Sans compter que notre langue est pleine de mots à double sens, à contre sens, ainsi dire « Je ne partage pas ton bonheur » devient fortement ambigüe, comme de toute façon tout ce qui se rapporte aux jugements. Chaque être est libre, libre de ses choix, libre de sa vie, libre de sa route, de son parcours. L’amour, l’amitié ne sont pas des liens étranglant, étouffant, ce sont des liens de constructions, pour épauler, pour aider à grandir, tout comme ces raphias utilisés en culture qui guide la branche dans une direction mais s’efface devant la puissance de l’arbre à grandir autrement.


Ce n’est pas parce qu’on partage une même route durant quelques temps que l’on atteindra le même but au même moment. Si les voies des cieux sont impénétrables, celles de la vie le sont d’autant plus et ne peuvent être vues qu’en les parcourant, non pas d’une voie parallèle. C’est un sentiment louable que de s’inquiéter et de vouloir guider l’autre, c’est plus difficile d’admettre que les trajectoires soient différentes et les parcours forcément influés. En même temps, un guide n’est pas celui qui impose le nombre de pas plus que l’endroit où poser impérativement ses pieds, non, le guide définit le point d’arrivée, le point de départ et les principales caractéristiques du parcours, puis il s’efface tout en restant disponible à toute sollicitation. Le chemin ne se fait qu’en chemin et en cheminant, seul et à son rythme, nous ne sommes pas tous marathoniens ou sprinters, marcheurs ou coureurs, nous sommes tous un, unique, un être semblable mais différent, dans son être comme dans son parcours. Chacun a sa vision, son mode, sa vitesse d’exécution. Tous mérite le succès et le respect, notre respect.

Gratin de courgettes

Quelques ingrédients :

Des courgettes, muries à point sur pieds
Du riz sec
Du lait
De la poudre de piment d’Espelette
Du sel
Du fromage râpé

Quelques étapes :

Peler et couper les courgettes en tranches peu épaisse, environ un demi-centimètre.

Dans un plat à gratin, répandre un peu de fromage râpé au fond puis arranger dessus les tranches de courgette.

Lorsque la couche est garnie, épandre dessus du riz sec et de la poudre de piment d’Espelette. On peut préférer le poivre ou la muscade ou des herbes, à chacun ses envies et humeurs.

Parsemer de fromage râpé et recommencer par une nouvelle couche de courgette, puis de riz en terminant par des courgettes bien arrangées, un peu de fromage râpé pour terminer.

Arroser de lait en veillant à remplir jusqu’au ras de la dernière couche.

Enfourner, thermostat 6, de une à deux heures, cela permet de bien faire fondre la chair des courgettes et bien faire gonfler le riz. Surveiller la consistance, si besoin rajouter du lait.

A déguster, froid ou chaud !


Tarte à la tomate

Quelques ingrédients :

Des tomates bien mûres, je préfère celles de la variété « roma » muries à point sur pied dans mon jardin….
Du fromage râpé
De l’huile d’olive
De la moutarde
Du sucre
Du sel
De la poudre de piment d’Espelette
Des herbes (origan, thym, autres…)
Une pâte feuilletée

Quelques étapes :

Dérouler la pâte, la mettre en forme dans un moule à tarte, la piquer que plusieurs coups de fourchette puis mettre le tout au four, feu doux, tranquille, en surveillant son gonflement, prêt à le réprimander de quelques coups de fourchettes bien placées….

Dans un bol, monter un peu de moutarde avec de l’huile d’olive jusqu’à atteindre la consistance d’un crémeuse. Y incorporer les herbes et la poudre de piment d’Espelette.

La pâte ayant pris une belle couleur dorée sans trop gonfler au chaud, sortir le plat du four, de préférence avec des gants, non pas pour les empreintes mais pour la chaleur….

Verser dessus la crème en la répartissant bien, puis recouvrir de fromage râpé.

Tailler les tomates en tranches fines et les disposer sur le fromage râpé, en les faisant se recouvrir.

Saupoudrer d’un peu de sucre, quelques herbes, un filet d’huile d’olive puis enfourner et cuire trente minutes à feu doux. Avec le matériel dont je dispose, on va dire thermostat 6, chaleur tournante, trente à quarante minutes, la coloration des bords de la pâte et du dessus de la quiche dicte le temps.

Laisser refroidir et même mieux, mettre au frigo et ne déguster que bien froid avec une salade de mâche et de roquette, c’est excellent….et ça mérite la patience…

N’oubliez pas de nettoyer les ustensiles et de tout ranger, les joies de la cuisine passent par-là aussi!


Rions, vivons

Les êtres humains ont la chance de disposer d’un éventail d’émotions, pourtant, nos cultures se construisent de plus en plus sur l’individualisme et le masquage, on ne doit pas montrer, on ne doit pas subir, on se doit d’être en quelque sorte le sommet de la pyramide. Est-ce pour cela que trop d’individus semblent se situer un piédestal, sûrement tellement haut que cela les oblige à parler fort ? Il est vrai que le volume de la voix traduit le volume qu’on souhaite prendre quitte à écraser et déranger les autres… Sans dire que le mal s’aggrave, après tout, ce n’est pas un mal puisque c’est un apprentissage culturel dès le plus jeune âge, la culture de l’enfant-roi étant passé par là sans doute, il est de plus en plus fréquent de rencontrer ces spécimens maitre du monde et de tous les espaces, ceux-là même qui vous obligent à quitter le trottoir juste parce qu’il est bien plus important pour eux de marcher en troupeau côte à côte, ou bien encore d’être sur une piste cyclable qui doit leur avoir été réservée, laissant libre court aux zigzagages quand ce n’est pas le vélo jeté en travers du sol pour répondre à l’inévitable smartphone dernier cri dont le micro doit être bouché puisqu’il s’agit de bien crier dedans…. Si vous cherchez le calme, l’espoir de croiser quelques individus de la faune locale, il est conseillé de fuir cette saison et d’attendre l’automne, l’hiver, ces périodes où il fait si bon marcher, pédaler, courir sans crainte de voir surgir un molosse  non muselé et complétement détaché au détour d’un sous-bois, au risque d’en avoir la peur de votre vie…. Que voulez-vous, où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir…..

Un peu ras-le-bol tout ceci, les envies de calme, de tranquillité, de désertitude s’intensifient un peu plus chaque jour, l’appel du large, l’appel de la montagne, l’appel du désert résonne et sonne sans cesse dans ces jours sans silence, des jours sans éclats si ce n’est des éclats de voix sans cesse criant et dérangeant. Bien sûr, le tableau n’est jamais tout noir, il y a de joyeux éclairs de couleurs, des amis rencontrés ici, des connaissances du bout de France croisées ici, des sympathies se nouant autour de passions communes et un accent qui permet de lier les mots en apportant son soleil et ses sourires. Au fond, ce monde qui crie, qui hurle, qui parodie sa supériorité plutôt qu’il ne la vit vraiment, c’est un monde qui souffre, un monde sans repère qui a grandi depuis de nombreuses années dans des éducations sans limite, repères essentiels pour se situer pourtant. Comment peut-on mesurer une dimension sans prendre un repère de départ et une unité de mesure ? A-t-on été tellement pressé d’être meilleur que nos prédécesseurs pour avoir ainsi oublier le « b a ba » de la vie ? A-t-on oublié l’humilité, le respect des autres, la seule expression « la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres » a-t-elle encore un sens ? L’Homme est-il devenu un animal ultra dominateur qui ne vit plus que pour écraser et dominer ses contemporains ? Etrange sensation. Non pas une perdition, ni une peur, non, l’observation est bien plus sociologique et donc distanciée. Prendre du recul semble être la clé pour réapprendre à rire, des autres, bien sûr, c’est toujours plus facile. De soi aussi et surtout, c’est moins facile peut-être, mais tellement plus gratifiant. Prendre du recul sur soi, apprendre à rire de soi, c’est redonner beaucoup de sens à sa vie, à ses vies, quelles qu’elles aient été, sont et seront.


La vision d’un instant n’est jamais qu’un tout petit bout de l’instant vu par un prisme souvent bien déformant, focalisant sur un point, oubliant tant d’autre, comment peut-on condamner l’instant juste pour un élément ? Comment peut-on avoir envie de passer à côté de l’instant, vrai, entier, riche, intense, juste parce qu’un microélément est venu là sur la photo que l’on en fait ? Acceptons l’ensemble, vivons pleinement et surtout, rions !

Pleurs

Un jour gris, comme un coup d’arrêt dans cet été si chaud et si ensoleillé. Un jour gris, non pas de ces jours qui tardent à se lever puis se déchirent sous l’influence de la marée, non, ce jour-ci au contraire, s’appesantissait, il prenait des tonalités de gris sombre et le vent soufflait un air froid inhabituel depuis si longtemps. C’était un peu l’automne qui prenait ses quartiers en été, c’était un peu comme la rentrée qui prenait des dernières vacances. Un jour gris, un jour triste, un jour appelant à la mélancolie. Depuis combien de temps déjà était-il là ? Il n’avait pas vu passer le temps, d’ailleurs, le temps avait-il un intérêt à être compté ici ? Il était arrivé fatigué, las, fourbu, un peu désorienté, un peu démantibulé, il avait posé les sacs, déballé quelques affaires, pris son temps à prendre ses quartiers, et pour la première fois depuis si longtemps, ce n’avait pas été l’impatience de ses retrouvailles d’avec tous ces coins familiers et tellement bons en ressourcement. Non, cette année était autre, une année difficile, une année douloureuse et pénible à bien des égards. Les premiers pas n’étaient pas de grands voyageurs, ils allaient de la table à l’évier, de l’évier au transat, du transat au canapé, du canapé au lit, les actions s’appelaient repos, lecture, cuisine, vaisselle, repas… Bien sûr quelques courses, bien sûr le moins possible, selon un mode désorienté. La faim de sport, véritable boulimie au sortir d’une disette forcée de plus de trois mois le tenaillait au corps, mais voilà, les énergies n’étaient pas en place, le vide sidérant d’occupation de l’espace. Même sans photo, la présence est partout. Un décor, deux bibelots, trois mots sur une première page de carnet, quatre conserves aux étiquettes si reconnaissable, cinq sens à jamais orphelins. Et puis la solitude. Entière et si palpable. D’habitude il y avait ses moments partagés, cette complicité unique qui perdurait depuis tant et tant d’année, mais voilà, les années passent, les enfants grandissent et s’en vont voler de leurs propres ailes, même si de temps en temps ils pleurent eux aussi de ces distances prises sans en avoir vraiment pris la décision, au fond, on est rassuré par nos liens, encore plus lorsqu’ils sont tissés serrés.

Cette année est terrible, l’absence pèse chaque jour différemment, au pays des hommes, il est bon de se montrer fort, d’apporter soutien et courage à l’autre qui vacille ou se cherche, pourtant, derrière tous nos masques nous ne sommes que des êtres fragiles perdus et lorsque nos mots se rencontrent, ils ne peuvent plus travestir nos maux, chacun souffre et croit être capable de soutien, juste parce que dans ce soutien il oublie sa propre souffrance. Et comme pour bien faire, les volontés de l’éducation nationale ont détricoté le cursus tranquillement tissé, changement de parcours, changement de ville, changement de département, un autre isolement se construit, d’autres séparations, d’autres bouleversements et beaucoup d’affections en morceaux. C’est bizarre la vie, on croit fuir un quotidien en partant en vacances, en déconnectant comme on dit si bien, puis un jour de gris arrive et vous renvoie tout à la gueule, tout cela d’un coup, opération gueule de bois. Le spleen de la rentrée en pleine vacances, le spleen de l’automne en plein été, un jour gris sur une plage pourtant bondée, il est vrai que beaucoup de vacanciers n’ont pas la chance d’un emploi du temps non minuté, la semaine est réservée, il faut la consommer coûte que coûte. L’océan est en colère, il crache ses rouleaux qui mordent un peu plus le sable et malgré les panneaux d’avertissement, quelques imprudents s’amusent à défier les courants. Il s’est assis sans réelle volonté, il regarde ce spectacle désolant et un brin inquiétant, il songe avec un brin d’envie à cette vague puissante qui roule d’une couleur ocre trahissant son chargement de sable et de gravier, il s’abandonne à l’idée d’en être la proie, de plonger sans remonter, d’être happé pour ne plus réapparaitre, ici, dans ce berceau de vies et d’énergies, rejoindre l’onde et ne plus devoir chercher le sens aux sens, ici, dans ces lieux où tant de fois il est venu recharger ses accus, ici, dans cette année si difficile.


Mais il n’en peut plus de ce spectacle, il est en colère contre ces hommes qui ne comprendront jamais, pourquoi on met des pancartes, pourquoi ces vagues d’apparences innocentes peuvent être de terribles complices aux courants de fond tueurs, pourquoi ces courants de fond associés aux bancs de sables forment ces dramatiques courants de baïnes surtout aux marées descendantes qui emportent et noient ceux qui luttent contre eux. Il n’en peut plus de ces insouciances bravant les recommandations, il n’en peut plus d’avoir perdu sa propre insouciance alors il part, coupe par la forêt, devenue si claire et si lumineuse depuis les coupes du printemps, les senteurs s’y sont même étiolées, décidément, cette année pèse dans beaucoup de sens. Il marche, quasi automate, dans un monde sans le sens, il regagne son antre, s’enferme et pleure pour la première fois depuis…. Il est parfois trop de poids à porter dont on mesure l’effort qu’une fois essoufflé, il est le vide d’une vie qu’on a laissé nous vider, il est le manque qui lui ne vous manquerait pas pour rien au monde…

De la mort, de la vie, du vivant, de l'esprit

C’est assez drôle au fond cette manie des humains de chercher à savoir ce qu’est la mort dans son après vie par tous les moyens possibles, des expériences de mort imminente aux questionnements sans fin mais tellement fin qu’ils finissent par conduire les pseudos témoins à répondre dans le sens attendu du grand tunnel et de sa lumière blanche au bout… d’autant plus étrange en fait qu’il faudrait mieux chercher à comprendre la vie tant qu’on en a plutôt que de vouloir connaitre la mort sans y aller. C’est un naturel humain sans doute de chercher ce qu’il y a derrière, derrière la porte, derrière le mur, derrière la montagne, derrière la vie sans peser ce qu’il laisse derrière lui. Non pas qu’il faille laisser une trace dans le grand continus de l’espace-temps, non, plutôt qu’il serait bon d’éviter de laisser certaines traces de son passage, mais cela, c’est une autre histoire.

Peut-on parler de la mort ? Doit-on parler de la mort ? Certains esprits s’offusqueront de la question, pensant sans doute que parler de la mort fait mourir, et il faut bien reconnaitre qu’ils ont raison, malheureusement, nous sommes tous mortels dès lors que nous sommes vivants : la vie est une maladie mortelle qui s’attrape à la naissance, n’est-il pas ? Etant donné la continuité du thème dans ce qu’il va suivre, autant que ceux se sentant mal à l’aise dès à présent cesse de lire ici pour ne pas aggraver leur mal ou pire, pour éviter d’en guérir, l’être humain vit dans une bulle invisible, que l’on pourrait appeler « zone de confort » dans laquelle il se complait tellement qu’il ne souhaite pour rien au monde en sortir quand bien même cela serait pour être mieux, encore mieux. Fascinantes personnes que ces êtres humains-ci, il n’en est pas deux semblable, pour peu qu’on veuille bien ne pas les observer par le petit bout de la lorgnette, pour peu qu’on veuille bien apprendre qui ils sont vraiment. Là. Dernière station avant l’enfer, ou le paradis sinon le purgatoire, bref, toutes ces notions bien étranges et étrangères du monde des vivants. Merci, au revoir et à bientôt sur d’autres lignes.

Les portes se referment, la vie continue, fidèle, elle se battra jusqu’à son terme pour échapper à la mort, c’est ce que nous pourrions appeler l’instinct de survie. Ce terme, d’ailleurs, nous l’appelons fort explicitement l’agonie, qui, selon son origine latine « agonia » se traduit par « combat ». Amusant, non ? Comment ? Pourquoi ne pas en rire ? Ce n’est pas bien ? Cela heurte nos vieilles sensibilités inculquées par nos traditions et éducations judéo-chrétiennes ? Mais, mis à part si quelques leçons de catéchismes furent oubliées, il semble bien que la chrétienté soit construite sur la vie après la mort, sur la résurrection et sur un paradis qui se veut bien plus beau que la vie, non ? Allons, sortons donc de nos zones de confort, cessons de vivre comme des vivants, ôtons nos œillères et osons voir sur trois cent soixante degrés notre vie, notre personne dans cette vie, notre monde jusque dans ses mondes invisibles. Partons d’un constat simple, il y a la vie, elle s’arrête un jour, qu’on le veuille ou non, puis il y a la mort, puis ….c’est une autre histoire. La vie, il y a tant et tant de chose à en dire, à en faire, tant et tant d’occasion de se réjouir plutôt que de s’appesantir, tant et tant d’histoires, de cultures, de vécus différents qu’il ne peut y avoir un seul mode d’emploi, non, il y a un mode d’emploi, par personne et comme chaque personne est une grande personne, elle se doit d’écrire son mode d’emploi et de s’atteler à accomplir sa vie. Ce mode d’emploi, on peut aussi l’appeler destin, destinée, par facilité sans doute, beaucoup pense qu’il est écrit d’avance, en négligeant les efforts quotidiens effectués pour l’écrire. La mort, pour en parler, rien ne vaut le témoignage de ceux qui l’ont vécue, c’est certain, mais un témoignage libre, non soumis aux questions, forme plus moderne de ces temps moyenâgeux où l’on appelait cela « la question », les termes changent, les tortures restent…

La mort. C’est froid, c’est sinistre, c’est horrible selon nos cultures et éducations. Pourquoi donc alors tant et tant de personnes souhaitent en finir en se jetant dans une situation pire que leur vécu ? La mort serait délivrance ? Trop facile et de même nature que de s’en aller brouter l’herbe du pré voisin sous prétexte qu’elle est plus verte, l’humain est un éternel insatisfait, il s’emploie à ne jamais approfondir une situation en plongeant rapidement dans une autre aux eaux plus bleues, plus chaudes et tellement plus sexy. Non, la mort n’est pas plus sexy que la vie, elle est la mort, un passage obligé entre deux états, une vie de vivant, de chair et d’os, un mariage de raison entre ce que l’on pourrait appeler l’esprit ou l’âme et ce que nous appelons un corps, l’enveloppe charnelle de l’être humain. Mariage de raison car on ne nait pas par hasard dans telle ou telle famille, dans telle ou telle situation, dans telle ou telle époque, dans tel ou tel lieu. C’est un long parcours, initiatique et constructif qui pourrait ressembler à notre système éducatif : crèche puis maternelle puis primaire puis secondaire, puis d’autres ramifications selon une somme de paramètres plus ou moins maitrisables. La différence entre la Vie (la majuscule étant pour bien différencier la Vie de ses composantes « vies ») et notre système éducatif est que les périodes de vie ne sont pas nécessairement de même longueur, par contre, si l’on rate une vie, tout comme à l’école, on redouble, chaque niveau doit être vécu, compris, gravi et validé. Dans certaines cultures, cela s’appelle le karma. La mort est donc cette étape de transition entre deux vies, là où cela pourrait se compliquer, c’est que, tout comme dans notre système éducatif, parfois, on change d’école, si certaines vies sont terrestres, d’autres ne le sont pas ou plus ou pas que…. Disons pour essayer de faire simple, qu’il y a des vies purement visibles et d’autres qui le sont moins ou différemment,  disons que certaines personnes peuvent les voir et communiquer avec, d’autres moins, jamais pas du tout, on a chacun nos petites voies dites intérieures qui ne le sont pas tout à fait, on a chacun nos intuitions, nos messages d’ailleurs, on a chacun nos vibrations, qu’on les appelle « ange-gardien », « esprit », « guide », comment ne pas mesurer cette part d’invisible vivant autour de nous ? Bien sûr, toutes ces formes ne sont pas visibles telles des « Joséphine ange gardien » ou bien encore « Samantha, ma sorcière bien aimée » mais il n’empêche qu’il existe des formes de communication, de soulagement, de soins voire de guérison échappant à toute la rationalité de notre espèce humaine, ou plutôt, se situant en dehors des limites que nous nous sommes fixées, ces braves limites bases de notre zone de confort et devenant limite de nos certitude. Chacun véhicule en lui sa propre histoire, qu’il le sache ou non, qu’il l’admette ou non. Des leçons apprises dans les classes inférieures, les vies antérieures, certains s’en souviennent, parfois des éclairs arrivent, mais il n’y a pas de hasard dans sa forme la plus hasardeuse. Les exercices, les leçons viennent et reviendront tant que nous n’aurons pas la clé pour leur ouvrir la porte, et si cela est nécessaire, cela prendra la vie entière, parfois plusieurs vies, il n’est nul cancre laissé pour compte sur le bord de la vie, chacun se doit d’apprendre, de comprendre et de grandir, telle est notre Destinée. Lorsque le parcours terrestre est accompli, la grande université de la Vie nous conduit dans son amphithéâtre supérieur, un espace de vies invisibles au commun des mortels, mais invisible ne doit pas signifier incompréhensible, ni secret. Les leçons y sont différentes, on y apprend l’aide, l’aide vers les autres, le soutien, le conseil, la bienveillance, on y apprend à guider, à éclairer, à encourager, parce que tout comme dans notre monde visible, rien ne se bâtit jamais sans amour, l’amour inconditionnel, l’amour dans sa forme la plus pure, la plus intense et la plus vraie, l’amour absolu, celui qui n’attend pas de retour, celui qui ne calcule rien, celui qui irradie ce qui le reçoive sans jamais appauvrir ce qui le donne, tel un phare puissant éclairant les flots et guidant sans faiblir les embarcations à la dérive perdues sur les tumultes de la vie, une lumière guidée, un guide de lumière.

Parfois la communication est si difficile entre ces espaces de vies que les guides de lumière ont besoin de relais, des miroirs invisibles cachés dans des êtres à peine visible. Par eux arrivent les mots, les énergies et les soins, les soutiens et les soulagements quand bien même l’esprit humain refuse d’entendre les petites voix, refusent de voir les messages inscrits sur leurs chemins. Etranges êtres au pays des humains peuplé d’étranges manières : on bloque devant ce qu’on ne comprend pas, on réfute ce qui échappe au rationnel, pire, on conspue, on détruit, on brûle et on casse ces miroirs, il n’est pas bon de communiquer au-delà des zones de confort. Cela n’est hélas pas nouveau, à lire l’Histoire du monde, tout au long sont parsemées ces actes destructeurs, chasse aux sorcières, fermeture d’un sixième sens, attitude résolument étanche envers ce qui échappe non pas au bon sens mais au sens humain. Pourtant on croit ou on espère en des vies extra-terrestres, pourtant on reste subjugué devant les miracles accomplis par un prophète, devant les miracles s’accomplissant dans des lieux désignés comme « saints ». Pourtant, enfin, en dernier recours, lorsque la médecine a usé de ses pouvoirs chimiques, lorsque la peur de la mort se fait étouffante, on essaie, on s’en remet à ces mondes parallèles, ces médecines parallèles, ces croyances pourtant si décriées et si bannies… On s’appuie sur ce qu’on a haï. Heureusement, l’amour absolu n’a cure de ces griffures, il aime par-dessus tout, il donne et donnera son amour pour soulager, pour apaiser, pour aider à combattre, sans s’attarder sur le passé. Aimer est plus fort que tout, cela est bien connu des humains…


La mort. Etape étonnante dans cette suite de vies. La mort est semblable à ces vacances entre deux années scolaires, il y fait bon, il y fait chaud, au cœur surtout. Peut-être bien parce qu’elle est l’étape après les souffrances, l’esprit (ou l’âme) lorsqu’il était autrefois chevillé au corps a vécu les tourments, les peurs, les désarrois, les maux et soudain, tout s’arrête, le voilà libéré, allégé de ce poids mort, l’esprit s’envole et contemple une dernière fois ce costume de chair qui fut sien. Il parcourt la demeure, il voit parfois les êtres qui furent sa famille d’accueil lors de cette vie terrestre. Puis tout va très vite, sans vraiment réaliser si c’est un tunnel sombre ou lumineux, un tourbillon dans l’eau ou dans les airs, il est rapidement aspiré, extrait d’un contexte qui n’est plus sien, cela est nécessaire et à vrai dire respecté, même si ce n’est pas facile, les vivants autour qui ne sont nullement des survivants doivent comprendre que la mort est la séparation du corps et de l’esprit et qu’elles que soient leurs cultures, ils doivent travailler selon leurs rites, à quitter ce corps physique tout en laissant s’éloigner l’esprit, ne pas le retenir par des plaintes, des pleurs, des appels incessants, bien au contraire, demander à leurs dieux, à leurs saints, à leurs prophètes de bien accueillir et prendre en charge l’esprit du défunt, de l’aider et de le guider avec bienveillance dans les étapes futures qui l’attendent dans ses futures vies. L’esprit s’en trouvera ainsi libéré et aura moins d’appréhension dans ses premiers pas, tout comme l’enfant que l’on encourage à accomplir ses premiers pas. Les séparations ne sont jamais vraiment joyeuses, ni faciles, le corps reste présent pour aider au travail de deuil, l’esprit lui se doit de poursuivre avec la bienveillance des ceux qui l’ont connu sur terre, avec la bienveillance de ceux qui l’accompagne dans les autres plans. Quel est son parcours ? après la phase d’extraction, cette aspiration rapide et indolore, il se retrouve dans un plan de conscience particulièrement agréable, il n’est pas seul, il est entouré de plein de visages connus, amis, famille, personnages vivants ou bien décédés, tous bienveillant et souriant, comme à une grande fête, une grande communion, même les amis des amis sont là et sont connus, même les parents des parents sont là et ils sont connus. L’ambiance est exceptionnelle, agréable et détendue, on converse, on se salue, on s’embrasse tous sont baignés dans l’amour. Comment penser aux vivants que l’on a quittés lorsque leurs doubles sont ici, présents, avec soi ? La suite ? Il ne peut y avoir de témoignages, parce que cette fête d’accueil est le seuil entre les deux vies, ceux qui en sont revenus ne peuvent se souvenir que de cela, par contre, en revenir donne une toute autre dimension à la vie, une perception bien nouvelle et bien différente de nos mondes, un vrai bouleversement. Lorsque ce vécu survient par deux fois, très rapprochée, il semble que le message soit clair et à graver indélébilement en soi. L’amour absolu tel qu’il est le moteur sur les autres plans de vies, mérite amplement de reconquérir le monde terrestre pour le bien et le mieux-être de l’espèce.

Quiche de vacances

Quelques ingrédients :

Des œufs de poules de ferme, avec un jaune bien orange,
Un yaourt à la grecque, ben oui, c’est les vacances
Du lait, demi écrémé cela suffit
Du thym, frais c’est bien, sec ça marche aussi, ce sont les vacances !
De la poudre de piment d’Espelette, oui, ça, j’en mets toujours dans les œufs
Du sel
Des cubes de jambon blanc
Du fromage rapé
De l’huile d’olive
Une pâte feuilleté toute prête, ben oui, ce sont les vacances…

Quelques étapes :

Dérouler la pâte, la mettre en forme dans un moule à tarte, la piquer que plusieurs coups de fourchette puis mettre le tout au four, feu doux, tranquille, en surveillant son gonflement, prêt à le réprimander de quelques coups de fourchettes bien placées….
Dans un saladier, casser les œufs (trois ou quatre, selon leur grosseur) en mettant les coquilles à part, puis les battre fermement avec deux fourchettes en incorporant le sel (une pincée), le piment d’Espelette en poudre (trois bonnes pincées), le thym puis le yaourt à la grecque sans son pot. Le mélange devient homogène, en profiter pour l’allonger de lait, environ cinquante centilitre, selon la taille du moule dont on dispose. Voilà qui prend forme, c’est le moment d’y incorporer les dés de jambon puis le fromage râpé et une cuillère à soupe d’huile d’olive.

La pâte ayant pris une belle couleur dorée sans trop gonfler au chaud, sortir le plat du four, de préférence avec des gants, non pas pour les empreintes mais pour la chaleur….

Verser dessus la préparation, avec une fourchette bien répartir les dés de jambons en combattant leur farouche envie de rester agglutiner, puis enfourner et cuire trente minutes à feu doux. Avec le matériel dont je dispose, on va dire thermostat 6, chaleur tournante, trente à quarante minutes, la coloration des bords de la pâte et du dessus de la quiche dicte le temps.

Laisser refroidir et même mieux, mettre au frigo et ne déguster que bien froid avec une salade de mâche et de roquette, c’est excellent….et ça mérite la patience…

N’oubliez pas de nettoyer les ustensiles et de tout ranger, les joies de la cuisine passent par-là aussi!


Assiette tête de lard


Quelques ingrédients :

Des tranches fines de lard ou poitrine
De la mâche
Du fromage de brebis
Du fromage de roquefort
Du piment d’Espelette
De la fleur de sel de Gruissan
De l’huile d’olive
Du jus de citron
Du vinaigre balsamique
Du vinaigre de vin

Quelques étapes :

Faire griller les tranches fines de poitrine sur la plancha chaude en les tournant souvent pour bien les faire suer et leur faire transpirer les graisses. Lorsqu’elles ont pris une belle coloration, déglacer le tout au vinaigre de vin puis les retirer du feu et les réserver.

Dans un bol, mélanger l’huile d’olive, le jus de citron, le vinaigre balsamique, le piment d’Espelette et éventuellement quelques herbes et un fond de moutarde pour constituer une vinaigrette à votre goût.

Dans une assiette, répartir les tranches croquantes de poitrines, la salade de mâche, y ajouter des cubes de fromages de brebis et des dés de roquefort, éventuellement quelques croutons de pain, puis arroser le tout de votre vinaigrette et enfin d’un peu de fleur de sel de Gruissan.

Y’a plus qu’à déguster !


Limites

L’été étend sa douce torpeur, le sable brille et brûles les pieds, l’océan se calme et se détends en vaguelette, comment résister ? Plus que des vacances, c’est le contre-pied parfait aux mois précédents, le farniente imposé, du moins, le changement de rythme et l’essence même d’une vie plus naturelle. La nature est partout, l’eau, le sable, la brise, la forêt, les Pyrénées en arrière-plan, comment ne pas se sentir mieux, dès lors qu’on oublie sa montre, dès lors que l’esprit peut se poser et se reposer ? Chassé-croisé estival, les uns s’en vont, les autres arrivent, des vagues de touristes répondant aux vagues de l’océan, combien de pas, combien de destins, combien d’histoires passent par ici ?


L’été, c’est aussi l’occasion de se remettre en mouvement, de reprendre le sport, tranquille, détendu, pédaler, faire du roller, marcher, courir, randonner, lire, écrire, nager, flâner, mille et une activités, dans un calendrier aux pages envolées, oubliés les jours, les heures, chaque matin s’éveille sous un jour neuf il n’y a pas meilleure façon de faire le vide et, comme tout reste toujours équilibré, le vide appelle le plein, le plein de bonnes choses, le plein air, le plein d’énergies, bien sûr ! Il n’y a pas de recette miracle, chacun est à même de trouver sa recette, sa façon, son mode de fonctionnement, sans que cela soit critiquable. Il y a ceux qui préféreront une planification bien établi par avance de toutes les activités à effectuer et il y en a d’autres qui préfèrent laisser le libre cours au temps, à l’envie, aux inspirations. A chacun de vivre ses vacances comme bon lui semble. Parfois, il faut bien l’admettre, la météo compose le programme, à moins d’aimer pédaler sous la pluie, de courir en pleine canicule, les caprices du temps dictent le temps à passer tout autant que les activités fussent-elles celles de repos.


Pour l’heure, l’océan s’énerve, le sable chaud, le monde pas vraiment là, comment ne pas en profiter ? L’écume des vagues pointent sur le jour si chaud comme une frise blanche gorgée de  saveurs, un appel au plongeon, un saut dans les vagues, puis se hisser sur la planche et glisser sur l’eau, devenir un jouet pris dans les forces de l’océan, savourer le bonheur, s’enivrer de plaisirs jusqu’à oublier qu’on ne maitrise pas grand-chose, mais l’océan est là, bienveillant, il balaie l’ivresse d’un rouleau qui claque, il nous coule d’un coup, nous prend dans le sac et nous secoue dans le ressac. Un vrai régal, ces rappels à l’ordre nous permette de ne pas oublier, ici, comme ailleurs, nous ne sommes rien. On peut jouer, dépasser ses limites, mais il y a toujours des limites à ne pas dépasser. Avertissement sans frais, on se fait rouler mais au moins on repart avec le message, libre bien entendu à chacun de l’entendre ou pas. Il y a toujours du travail sur la planche, la maitrise passe par le travail, et l’océan se joue des leçons, il roule, gronde ou s’éteint, on le croit calme et endormi mais ce sont des courants de fond, la dérive est sans cesse là pour nous apprendre à corriger le tir. Repousser ses limites mais aussi les connaitre, le corps se tétanise il est temps de revenir sur la plage en jouant des flux, en combattant les reflux, en acceptant les dérives, l’essentiel est de poser enfin pied à terre, du moins sur le sable. Le soleil sèche vite la peau, plongeant le corps dans une torpeur de bien-être, il ne manquerait plus que les massages pour s’abandonner tout à fait. Qu’il est bon de profiter ainsi de son temps, oubliant le temps, croisant les heures sans heurts, vivant aux contacts des éléments, loin de tout, loin sans être loin, magie de la pause, bénéfice de la vie.



Pas facile d’écrire, les pages volent vite comme pour dire « lâche-nous, oublie-nous »…. Le stylo malgré son encre ne peut les retenir alors soit, pause… Tout ce petit monde plongent dans le sac, l’heure est à la détente en vrac, il fait si beau aujourd’hui….         

Ainsi soit-il

Il est toujours difficile de partir, jamais vraiment facile de tourner la page, pourtant le chemin passe souvent par ces péages de la vie, et si parfois il fait du bien de clore le chapitre, d’autres fois il n’est pas facile de quitter ces dernières lignes. On a beau peser les positifs et les négatifs, on a beau chercher à démonter les évènements, on ne cherche jamais comme logique que sa propre logique oubliant la base essentielle de notre monde : nous sommes tous différents.


Ainsi un chapitre se clôt. Sans facilité, la couverture est lourde et le poids des dernières pages fort pesant mais il le faut, un mal pour un bien selon la formule con et sacrée, à moment donné il devient nécessaire et vital de savoir accepter le mot « fin » en bas de la page et les yeux pleins d’émotions, avoir le courage de refermer le livre et de le ranger dans l’armoire de la vie. C’est sournois une émotion, ça vient vous titiller jusqu’au cœur de la nuit, ça peut briller en grand éclat de rire ou bien s’immiscer en perle de larme, se servant pour cela d’un parfum, d’une odeur, d’un bouquet de couleurs, d’un lieu, d’un paysage, d’un nom, de tout un tas de chevaux de Troie défilant tel un manège de chevaux de bois dans nos vies où le hasard n’est jamais là par hasard. Hasard ? Vous avez dit hasard ? Tiens comme c’est …bizarre. Non, rien de bizarre, juste la vie, belle, grande, riche, étoilée, toute pleine d’émotions à composer. La vie, c’est le clavier d’un piano, ce n’est pas parce qu’on bredouille un semblant de mélodie sur quelques touches que les autres n’existent pas, que les autres ne sont pas là, offertes, prêtes à jouer les plus belles notes, les plus belles partitions selon votre rythme, selon votre pression, selon votre bon vouloir. La vie se vit selon votre bon vouloir, pas celui des autres. Bien sûr on peut jouer à quatre mains, parfois plus même mais le jeu en devient compliqué, tout comme il se resserre lorsqu’on joue à nouveau seul, le cœur serré et les bras déformés par ce repli forcé. On ne joue bien que détendu, ouvert et offert, prêt à accueillir les charmes d’une vie. Pour l’heure, la seule envie est de refermer le couvercle, d’enfermer les touches bien alignées, bien ordonnées en blanches et en noires dans leur écrin de bois, refermer le cercueil et de ces notes ne plus voir que le bois trop brillant, trop laqué, trop lisse, trop froid.


Qu’elle est haute cette étagère et qu’il est lourd ce livre, peut-être qu’il contient trop de page, trop d’émotion, peut-être bien parce qu’il y a plein d’investissement personnel, trop peut-être… Ceux qui ne s’investissent pas dans l’histoire doivent avoir des livres plus légers, des pamphlets, des livrets, des récitations à peine apprise et dont les rimes exquises sentent bon le parfum léger des roses de printemps, ces parfums si envoutant, si charmant dont on tombe sous le charme le temps qu’ils puissent enfin se volatiliser dans l’air, peut-être même un autre air, parfums volages, adieu ! Drôle de mot que « adieu »… Adieu, à dieu, est-ce parce qu’on remet à dieu ce dont on ne veut plus ou bien parce que la prochaine fois qu’on se verra sera lorsque nous serons tous remis à dieu ? Encore faut-il le souhaiter, si l’on se quitte dans cette vie-ci pleine de ses vicissitudes, ce n’est certainement pas pour se revoir dans l’autre vie-là, cet au-delà qui du coup ferait qu’un adieu ne serait qu’un au revoir… Non, à quoi bon ? Il est vrai qu’il est des livres dont on prend plaisir à revenir tourner les pages, mais il en est d’autres dont on n’a peut-être pas compris le sens si ce n’est l’utilité dans l’évolution, des pages mal écrites, mal engagées, maléfiques, amères et acides, des pages et d’autres pages. Fini. Terminé. Défait. Oublié. Non, on n’oublie jamais rien, chaque chose a un sens, même si parfois il faut décaper la couche de crasse qui l’empêche de faire briller tout son sens au plein soleil. Tôt ou tard les masques tombent, tôt ou tard les choses s’éclaircissent et apparaissent sous leur vrai sens mais il n’est pas besoin d’en reprendre la lecture, les leçons ne sont utiles que dans leurs mises en pratique, même si cela n’arrive que plus tard, bien plus tard.



Ménage de rentrée, de printemps en été dans l’automne d’une vie, le livre, fameux livre, lourds, épais, riche de ses personnages trouve enfin sa place sur la dernière étagère de la grande armoire. Il ne reste plus beaucoup de place, à peine de quoi glisser quelques feuilles à écrire, quelques mots en dernier, quelques syllabes si l’abcès cicatrise enfin, quelques expressions prises souvent pour dernières volontés, mais au fond, c’est quoi la volonté ? Ne plus lire, ne plus écrire, ne plus … L’armoire et ses secrets. Un autre tome, un autre livre, d’autres couvertures, une grande boite, descendre, des cendres, avoir si chaud pour devenir si froid, sans effroi. Juste une clôture loin des cultures qui séparent si bien la vie de la mort sans savoir vraiment ce qu’est la vie, en ayant peur de la mort, en oubliant toujours d’être vivant. Ainsi soit-il. 

Réseau asocial

Une des grandes nouveautés de notre monde de communication, c’est la multitude de réseaux. Ces réseaux sociaux tant à la mode sont riches de mille et une fonctionnalité permettant les échanges, les partages, les liens, l’existence, peut-être au détriment d’une vraie communication ? Les réseaux sociaux seraient-ils asociaux ?


Autrefois, bien avant l’ère du numérique et de la circulation binaire, il existait des cercles, des confréries, forme ancestrale de nos réseaux sociaux informatisés. Les échanges se faisaient à vive voix, on pouvait aimer ou non ce qui était rendu public, on choisissait même du niveau de diffusion des messages et déjà, les amis des amis pouvaient avoir accès à quelques indiscrétions, certes, toujours de vive voix, certes, facilement modifiable et déformable, mais la circulation de l’information, était assurée à la vitesse près. On pouvait y montrer les photos de son choix, faire écouter une musique, parler de ce qui faisait envie, tout cela face aux gens, pas forcément à un mur. Cela était très bien mais avait aussi un grand inconvénient, il fallait être sis dans la même pièce. A notre époque de grands déplacements et de fortes mobilités, la construction de réseau virtuel permet d’échapper à la notion de distance, on peut partager des données d’un bout à l’autre de la planète avec des tas de gens, mais au fond, communiquons-nous mieux pour autant ? Ce qui fonctionne pour deux personnes éloignées fonctionne aussi pour deux personnes relativement proches, et c’est tant mieux. Par contre, l’utilisation systématique de ce lien social donne un caractère asocial à la chose, pourquoi se borner à un seul sens lorsqu’on dispose de tous les siens ? A se lire lorsque bon nous semble, à répondre lorsque bon nous semble, où est le pratique de la conversation ? On peut se donner rendez-vous puis faire le poireau à attendre sans fin pour cause de manque de connexion dans la réalité. Au fond, ce n’est pas tellement les outils qui sont mauvais, jute peut-être que nous les utilisons mal. L’accumulation de moyens ne doit pas faire disparaitre un moyen plus qu’un autre, le pianiste commence-t-il par ôter les touches des notes dont il ne va pas se servir avant de jouer son morceau ?


Il existe des tas d’outils, cela ne veut pas dire que nous devons les posséder tous, ou plutôt, que chacun d’entre eux se doit de nous posséder, une nuance importante. Cela ne veut pas dire non plus que nous devons les utiliser pour tout, voire même les utiliser tout court. Certains s’en passent aisément, d’autres en sont accro, doit-on blâmer un plus qu’un autre ?  Et puis, pourquoi ? Comment ? A quel titre ? Nous sommes très riche, nous avons à disposition mille et un moyen de communiquer, mille et un moyen de nous éclairer, mais jamais il n’est dit que nous devons posséder mille et un système d’éclairage pour soi. Je suis là, tu n’y es pas, mais tu es là sans que j’y sois… Pourquoi ? Non, pourquoi pas ! Chacun est libre d’en être ou non, d’en user ou non, d’y passer du temps ou non, chacun est maitre de sa vie. Tant que la vie le décide cela dit. C’est comme un bouquin sur une étagère, accessible, offert à la lecture, chacun est libre de lire ou non, et chacun en fera sa propre lecture, y trouvera son propre compte, il suffit juste de comprendre que son avis n’est pas le seul avis, et mieux, qu’il n’y a pas de suprématie dans les avis, avis à la population !



Pour résumer, nous pourrions dire que les réseaux ne sont sociaux ou asociaux que par les membres qui les utilisent et surtout, de par la façon dont ils les utilisent. Chacun est libre, et tous les hommes naissent libres et égaux, non ?      

Silence

Le jour où tout s’arrête, il y a le silence. Tout d’abord bienfaisant, nous vivons trop dans des mondes de brouhahas pour en avoir oublié la mélodie du silence. Il y a la joie, le plaisir de pouvoir enfin écouter, tranquillement, de pouvoir lire, écrire, parler, mais à qui, crier, mais pourquoi, tu ne t’entends pas ? Parce qu’au bout d’un moment, le silence, c’est assourdissant, surtout lorsqu’on est habitué aux bruits, même s’ils sont pénibles ces bruits d’être bruyants, lorsqu’ils cessent, c’est con, mais ils manquent. C’est pénible l’état de manque surtout lorsqu’il y a des tas de manques… On tourne en rond, on vérifie mille fois son répondeur, on guette le moindre bruit que le silence pourrait faire, mais non, rien. Rien parmi les riens, c’est vide, désert, et le désert déshérite. Vide, néant, anéanti, le silence anéantit. Etat de choc. Action-réaction. Une claque puis l’autre. Le silence et le choc. Fin du premier acte.

Car il y a un autre acte, toujours, on ne meurt pas de silence, non, on écoute le message, on l’entend, on le prend, on essaie de le comprendre même s’il peut surprendre. Il surprend toujours. Le silence est beau, il est libre, il envahit tout, vos téléphones, vos boites mails, vos adresses, virtuelles comme réelles, il visite tout, il ratisse tout, il bloque tout. Fini les bruits, le silence est d’or même lorsqu’il ne dort pas. Résistance. Non, il ne sert à rien de résister, il n’y a pas de combat, il y a une nouvelle donne, des bruits ne sont plus, un silence est là mais pas tout à fait, il ne peut tout réduire au silence, on entend bientôt une mouche voler, signe qu’il en en prit un coup le silence. A moins que ce ne soit nos oreilles, qui cessant d’être sevrés de trop de bruits familiers se mettent à écouter d’autres bruits autrefois étouffés, la majorité laissant place à des minorités, mais ces bruits mineurs donnent le la en sonnant le glas du silence étouffant. Avez-vous jamais écouté une mouche voler ? Quoi ? Qu’entends-je ? Qu’ouïs-je ? Seraient-ce des oiseaux ? Ici ? Je n’y avais jamais prêté attention…. Il est là le grand mystère, on ne prête que peu d’importance aux minorités, tellement nous sommes noyés dans des brouhahas autrement plus majeurs…Jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent. Fin du second acte.


Car il y a encore un acte, il ne suffit pas d’entendre le silence du silence, encore faut-il vraiment percevoir les bruits naissant, les bruits mineurs montant en gamme, et se dire que, tous comptes faits, ce silence fait vraiment du bien. Certes il surprend, trop habitué que nous sommes à ne point l’entendre, puis il choque, on se demande quel fil on a donc débranché, mais il révèle ô combien d’existences jusque-là noyé dans les bruits faussement trop forts. Ceux qui parlent forts n’ont pas toujours raisons, ils cherchent le volume qui manque à leur étoffe, ils cherchent à prendre la place quitte à étouffer les autres. De l’air ! Enfin de l’air, merci le silence d’avoir fait disparaitre ces mauvais sons, de t’être installé le temps que les oreilles se reposent et se nettoient, puis d’être parti vers d’autres cieux laissant enfin place à tout plein d’autres jolis bruits. Ils dureront un temps, un certain temps, mais désormais, grâce à toi nous savons que rien n’est éternel et qu’il est bon de rester aux aguets, l’oreille tendue, parce qu’un bruit tout comme un silence, ça vit, ça meurt sans qu’on y prête vraiment attention. Fin de l’acte.



Car il y a d’autres actes, qui feront ou pas du bruit, des bruits, qui pèseront peut-être aussi par leur silence, désormais c’est une cause entendu. Il n’y a rien à regretter, les manques ressentis ne sont que de notre propre fait, les absences des uns et des autres ne font que révéler la fragilité des liens que nous avons tissé, quelques soient les vies, réelles et virtuelles, le monde est en perpétuelle évolution, il ne sert à rien de vouloir quitter le manège avant l’arrêt complet, pas plus qu’il ne sert de regarder s’éloigner le quai de la gare. Merci aux silences, merci aux bruits, merci surtout à nos oreilles, à notre écoute car sans notre écoute, comment pourrait-on se rendre compte de la futilité ou non des bruits ?