Les proverbes

Jadis nos anciens rythmaient leurs vies, à coup de proverbe,
Jolies métaphores, quatrains ou rimes de poètes en herbe,
Moyens mnémotechniques de se souvenir du temps qu’il fait
Dans une époque pas encore informatique, voilà, c’est parfait

En ces temps-là, de traditions orales, vocales et non écrites
L’usage voulait que les anciens enseignent les néophytes
Pour les aider à retenir de leurs vies froissées les leçons,
Ils composèrent des phrases légères sans air de violons,

De ces temps bénis et religieux, chaque jour avait son saint
Chaque saint avait son jour, son rôle de l’aube au tocsin
Et si certains étaient vénérés, d’autres étaient redoutés
Au point d’en craindre le céleste courroux sans douter

Que dire de ces saints de glace ?
Si ce n’est d’en craindre l’audace !
Souffler le froid au lieu du chaud
Et les récoltes repartent à zéro

A l’heure d’écrire ces quelques mots,
Le regard triste perdu dans le pas beau
De ces jours de juin moches, tristes et gris
On s’inquiète du temps qu’il fera après le temps qu’il fit

De ce bail qui sépare Médard de Barnabé
En découlera le temps jusqu’en juillet
Par la faute de ces rimes efficaces et usées

dans nos têtes et nos cœurs, à jamais ancrées

A cette science quasi imbattable et souveraine de tout
Il convient d’opposer quelques bémols surtout
Depuis son origine grégorienne, notre cher calendrier
A évolué, et évolue encore, sortant parfois le poudrier

De saints en odeur de sainteté, pavoisent et sortent
Des saints en perte de vitesse, au fil des ans partent
D’autres glissent et changent leur fête de quelques jours
Faisant fi des proverbes dédiés et autres calembours

Dès lors, la science de nos pères et de nos grands-pères s’égarent
Les proverbes raisonnent de noms d’anciennes stars sans gares
Comment en déduire le temps qu’il fera, sans ces repères écrits ?
Comment ancrer dans notre époque, les souvenirs ainsi transcrits ?

Qui se souvient de la ronde des saints de glace ?
Mamert, Pancrace, Servais, et même Boniface
Dans l’actuel calendrier ont laissé leur place
Seuls quelques anciens y trouvent encore la place

Qui sait que de huit jours a glissé la Sainte Luce ?
Dès lors, ce n’est plus la longueur d’un saut de puce
Comment comprendre le bon sens de nos aïeux ?
Si nous ne trouvons plus les mêmes jours pieux

De tout cela, j’en retiendrais bien une chose,
Restant valable, hélas, quelle que soit la cause
C’est ainsi que parfois les poèmes se meurent

De ne trouver l’écho dans nos vies sans fleurs

Grr!

Revoilà les bons vieux paradoxes français, ces vieux maux qui rongent notre pays et entretiennent les haines et les rancoeurs entre professions. Depuis la royauté, le mot d’ordre n’a pas change, c’est toujours diviser pour régner. Le contexte économique actuel, la crise pétrolière grandissante, l’affolement général des prix, tout conduit à précipiter le monde dans des comportements désordonnés et à retomber dans le bon vieil égoïsme toujours latent.

Les prix du pétrole s’envolent, mais pourquoi ? Simple question d’offres et de demandes. Les pays producteurs ferment le robinet, histoire de voir grimper les cours, les spéculateurs en mal de sensation spéculent à outrance sur le cours du baril, et voilà l’économie qui s’affole… Notons au passage, que ces braves pays producteurs, s’enrichissent toujours plus en vendant plus cher moins de barils, ce qui revient à dire qu’ils gagnent sur les deux tableaux : Ils gardent leurs stockes et encaissent encore plus de dollars… D’ailleurs, l’argument reste le même depuis plus de 30 ans : les réserves s’épuisent. Soit. Mais n’oublions pas que des gisements trop coûteux à exploiter en 70 sont devenus aujourd’hui, grâce aux progrès des techniques et au prix du baril, parfaitement rentables… Dès lors, que faire ?

C’est là que se met en place la grande division : Les marins pécheurs, bénéficiant déjà d’un cours avantageux du carburant, organisent des barrages, des opérations qui au lieu de gêner les principaux responsables ou même nos dirigeants, perturbent la population, ce qui les rend moins populaires, et créer là une première division dans l’unité du peuple.
Au passage, une personne se servant de son véhicule à titre professionnel, ne bénéficie pas d’un prix identique sur ce qui alimente son outil de travail…

Revoilà nos amis routiers… Bien. Dans un premier temps, silence radio. Puis des petites actions, de plus en plus fortes, des opérations escargots, des blocages, et là, des actions plus fortes prévues pour le 16 juin… Et devinez… Toujours les mêmes qui sont perturbés ! Sans compter que ce jour-là, est, comme par hasard, le début des épreuves du Baccalauréat… Par contre, encore une fois, responsables et dirigeants, ne seront pas impactés… Encore une manœuvre qui créera un peu plus la division entre le peuple et les routiers.

L’égoïsme. Disons que nous pourrions le représenter sous la forme de bidons et autres jerricans bien pleins, stockés dans des lieux pas toujours prévus à cet effet, autant de bombes à retardement, autant de pompes vidées, en cas que, au cas où, par des populations pas forcément tributaires de leurs véhicules pour se rendre à leur travail, pour peu que cette population là soit encore active…

Simples exemples tirés d’une actualité passée et hélas trop récente… à côté de cela, il y a des jeunes et des moins jeunes, qui bossent, qui essaient de s’en sortir, croulant sous les factures quotidiennes, dépendant de leurs véhicules pour se rendre à leur boulot, à cause d’être nés trop tard pour ne plus avoir les moyens d’habiter à côté de leur lieu de travail, à cause d’être nés trop tard pour bosser à une époque ou les salaires ne surviennent plus aux dépenses, à cause d’être nés trop tard pour pouvoir acquérir un logement à un prix décent. C’est cette population là qui déjà ne s’en sort pas, c’est cette population là qui se débat dans les dettes comme dans les bouchons des routes trop saturées le matin, qui est encore perturbés par ces mouvements de grogne, bien compréhensible. Mais est-ce bien la bonne cible ? Je ne le crois pas.

Pendant ce temps nos dirigeants voyagent, décident, s’enrichissent. Les grandes sociétés pétrolières s’engraissent à ne plus pouvoir compter leurs bénéfices, sans être inquiétés, sans être perturbés. N’oublions jamais que sur chaque litre de carburant, il y a plus de 80% de taxes, une TVA à 19,60% alors que c’est bel et bien un produit périssable, donc taxable à 5,5%… N’oublions pas que derrière chaque baril acheté, il y a des pays qui s’enrichisse sans s’appauvrir de leurs richesses naturelles. Au lieu de nous extasier lorsque ces pays nous achètent des armes ou des avions, songeons simplement que chaque fois que nous faisons le plein, nous payons leurs armes et leurs avions…

Encore un grain de colère : hier, la décision est tombée : pas de super périphériques sur l’agglomération toulousaine… Bravo. Encore une décision prise par des gens qui ne sont pas bloqués tous les matins et tous les soirs sur les routes actuelles, saturées par le simple fait de l’extension des banlieues. Il est facile de parler transport en communs sans regarder le sujet de près. Qu’existe t’il ? Des trains ? Oui, pour les gens desservis, voisins de gares. Beaucoup de lignes déclarées non rentables ont disparu. Des bus ? Oui. Ils utilisent les mêmes routes, les mêmes voies et restent englués dans le trafic, du moins hors centre ville où là, des couloirs spécifiques leurs sont réservés. En refusant ce nouveau périphérique, nous pointons un peu plus le non-aménagement du territoire. Les gens habitent de plus en plus loin des villes pour arriver à s’installer dans les limites de leur budget. Les constructions explosent, se multiplient, les routes ne suivent pas. Le travail reste bloqué sur les villes, les lycées aussi. Dès lors, comment s’étonner de voir les routes d’accès bloquées tous les matins et tous les soirs, et quasi désertes en journée ?

Quelles solutions ?

Déplacer les lieux de travail en périphérie plutôt que de déplacer les gens. Sûrement trop évident… Et pourtant… La qualité de vie y gagnerait, les communes pourraient récupérer là un peu de finances pour mieux se structurer, moins de trajet, c’est moins de pollutions et plus de pouvoir d’achat.

Développer le travail à domicile. Les moyens informatiques le permettent de plus ne plus facilement. Là aussi, la qualité de vie et le pouvoir d’achat y gagneraient fortement.

Décaler les horaires de travail ? Mauvaise piste, car là, c’est l’harmonie familiale qui y perdrait, sans compter que cela nécessite une gestion de production adaptée.

Développer les ramassages scolaires et professionnels en revenant à des heures fixes de travail. Des horaires fixes plutôt que des horaires aménagés, source de gestion accrue des productions. Des ramassages permettant de diminuer les flux routiers quotidiens, apportant une réduction du stress dans les embouteillages, pour les bénéficiaires, pais aussi pour ceux qui devront toujours prendre leurs voitures.

Des pistes parmi tant d’autres. Des règles de bon sens, qui nécessitent surtout, un effort collectif et uni, qui nécessite d’éviter de tomber dans le piège du nombrilisme destructeur qui nous anime aujourd’hui