Monsieur Noël Lepère,
Cela fait bien longtemps
que je ne vous aie écrit, je crois même que dans ma dernière missive, je vous
tutoyais, irrévérence de l’enfance qui ne se soucie pas de l’âge ni des
conventions, j’espère que cela ne vous aura point choqué, pas plus du moins que
d’avoir de par le monde autant d’imposteurs qui se permettent de se faire tirer
le portrait en votre nom, qui plus est avec de jeunes enfants sur les genoux. J’en
connu un même qui n’hésitait pas à
prendre aussi la maman sur les genoux, surtout lorsqu’elle était fort
charmante, mais je m’égare, passons.
Pourquoi ce silence de ma
part ? Peut-être bien parce que nos échanges épistolaires n’étaient que
fort peu fréquent, et qu’à part une fois, vous profitâtes de mon jeune âge pour
me troubler d’une réponse arguant le fait que mon envoi comportait trop de choses
à commander pour vos pauvres moyens. A cela, je vous demande, monsieur Lepère,
à quoi servirait de croire au père Noël ? Sûrement que fâché par le fait
que je renchérisse pas à cela, vous délaissâtes peu à peu mes demandes et j’avoue
qu’en retour, juste, il me semble, je tournais les talons vers d’autres
attraits, et, si vous tenez quantité de sosie, plus en nombre chaque année, j’avoue
avoir connu quelques mères noël fort accommodante et possédant bien plus de répondant….
Que voulez-vous ? On
fait tous des erreurs, et certaines n’en étaient pas…
Maintenant que ces
précisions utiles à renouer le contact sont dites, je vous expose l’objet de ma
lettre. A l’approche des fêtes de la nativité, je tenais à jouer une dernière
fois le jeu, celui de vous écrire pour vous commander mes cadeaux. Ne prétextait
pas votre manque de moyens, désormais, nous avons de très gros avions pouvant
apporter bien des choses en une seule fois. Nous possédons aussi des merveilles
de technologies, où l’on glisse dans le panier les objets de notre choix, bon,
je passe sur l’histoire de la carte, de ses codes parce que cela énerve ma
banquière sans que je sache pourquoi, mais pourquoi ne vous équipez-vous pas de
la sorte ? On cliquerait pour mettre les cadeaux dans la hotte et zou !
Un coup d’ailes et c’est livré ! Avouez que vos rennes aspirent à une
retraite méritée, et que la technologie ça a du bon !
Donc, voilà, je me lance :
Mon cher Noël, pour cette
année, où j’ai été très sage, très très sage même, ça commence même à durer
cette sagesse, bref, tous les voyants étant au vert, là, c’est une image, je
parle des voyants lumineux, en somme toutes les conditions sont réunies pour que
ma commande soit honorée, ce qui n’est pas de bol, vu que cette année, ben je
ne veux rien. Oui, vous avez bien lu, RIEN. Un gros rien dans une boite vide,
et puis même, gardez la boite, j’ai déjà pas mal de cartons à vider. Pourquoi
ce rien ? Parce que j’ai déjà tout eu. Ma vie, mes vies furent riches,
sans se limiter à la valeur numéraire de la richesse, d’ailleurs je crois même
que la limite ne fut pas atteinte, ou du moins, ce fut bien imité. J’ai connu
les joies, les peurs, l’amour, la haine, l’amitié, les privilèges, les
passions, l’absence, le vide, le soleil, la nuit, le noir, la fin, le début, la
deuxième chance, les autres chances sans qu’elles n’en soient forcément, la
colère, la rancœur, la folie, la lumière, les leçons, la compréhension, la
satisfaction, l’appréhension, les premières fois, les premiers pas, les autres
fois, les autrefois, l’autre foi, la paix, la sérénité, mes étagères sont
pleines quand bien même elles sont vidées, les accumulations dorment mieux en
cartons. A quoi bon encore les encombrer ? Non, la paix, la lumière, l’apaisement
valent mieux que mille trésors, aussi, s’il vous plait monsieur Lepère Noël,
oubliez mon soulier, ni grand, ni petit, juste la bonne taille, occupez-vous un
peu plus de ceux pour qui la lumière vacille, pour qui l’amitié, l’amour ne
sont que faux amis, donnez-leur la santé, la clarté, la conscience, car si nous
voulons qu’un jour notre monde brille comme un soleil, c’est des milliers et
des milliers de petites flammes qu’il vous faudra allumer, non pas s’attarder
sur une qui désormais trouve sa lumière.
Je voulais aussi vous
informer d’une possible erreur dans votre adresse : Lepère Noël au ciel, c’est
bien, mais j’ai ouïe dire qu’il y aurait un autre Lepère qui serait au ciel. Probablement
que vous ne recevez pas tout votre courrier, j’espère que celui-ci vous
parviendra, plutôt qu’à l’autre, je ne voudrais pas qu’il ne pense que de trop
à moi au point que je lui manquasse et qu’il se dépêchât de me faire enquérir.
Comme on dit par chez nous, le ciel peut attendre.
Comme du fait de votre
grand âge, je n’hésite pas à vous crier un grand MERCI de m’avoir lu. Bonne
continuation et en vertu des usages consacrés (d’autres diraient, sacrément
cons….) Joyeux Noël !
1 commentaire:
Jolie lettre même si tous tes écrits les sont .....
Je te reconnais bien là si je peux me permettre imaginer te connaître
Ta belle amie
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