Les amis d'un an


Les amis d’un an, ce sont ces personnages, à la fois tout neufs et tout vieux, qui peuplent vos vies. Ils apparaissent puis disparaissent, mettent un an à vous visiter, à vous reconnaitre, simple hasard du calendrier, parce que l’année se termine, parce que ça se fête, parce que c’est l’occasion de se retrouver, de se revoir et de fêter cela ensemble. Il n’y a aucune méchanceté, aucune malice, juste que le temps glisse entre eux et vous, juste qu’en cette période plus grise, plus triste, on a pris le goût à ces rythmes, à ces fêtes qui viennent éclairer le calendrier de vies trop monotones. Il le savait bien, et tranquillement, il attendait ces coups de fils qui allaient poindre, ces messages pleins d’empathies et de sympathies pour prendre de vos nouvelles et proposer de fêter dignement cette fin d’année, parce qu’il en était de ce groupe, parce qu’on comptait sur lui pour faire rire, pour amuser et s’amuser, pour donner une autre dimension encore à la fête.

Passé le plaisir premier de ces idées, c’est la réalité de ces liens, celles des amis d’un an, la place qu’ils occupent dans nos vies, un lien indéfectible mais tellement détendu qu’il en est presqu’à terre au fond. Fêter la fin de l’année, ça oui, c’étaient des tas et des tas  de souvenirs qui remontaient à sa mémoire. Des premiers réveillons entre copains, en formule repas maison, puis traiteur avant d’aller goûter aux joies des réveillons organisés dans ces petites villes qui avaient su garder dimensions humaines. Puis vint l’an deux mille, ses mythes, ses tarifs plus élevés, et puis l’euro et sa formule magique : on garde la somme, on change l’unité de devise, retour à domicile, chez l’un un an, un an chez l’autre, à tour de rôle vite effectué car non partagé, puis la vie, les étapes de la vie, d’autres choix, comme parfois même celui de ne rien faire, ou bien encore d’organiser au dernier moment un repas à prix serrés pour accueillir l’espace d’une soirée les amis ou familles qui ne peuvent fêter cela autrement. Il avait même choisi une fois de vivre ce moment dans l’isolement et le recueillement, méditation hors du temps derrière d’épaisses murailles, une prison solide dont on choisit la serrure.

Qu’est ce que sera les futures étapes, cela, il n’en sait rien, juste un détachement vis-à-vis de tout cela, et à vrai dire, un endroit intemporel entre lectures et écritures, entre repos et méditations, entre balades et découvertes, à contre rythme, à contre temps, vivre ainsi sans les passages obligés qui tentent de rythmer les couloirs du temps. Pour l’heure, vivre, profiter de chaque instant, respirer, s’installer pour être mieux et développer son mieux être, une recette à la fois si simple et si compliquée, peut-être bien parce que la nature humaine est de se compliquer les choses si simples. Si ces liens s’étirent jusqu’au point de disparaitre, c’est parce que les vies ne sont pas parallèles, parce qu’à se connaitre si bien, on se connait trop bien et comme en toute chose, le « trop » est toujours de trop. Peut-être aussi le besoin de faire une pause, de briser le cercle vertueux de la vie, changer d’air, changer d’ère, changer d’aire, partir là où on est étranger pour mieux renaitre, pour mieux revenir, parce que le manque de repère est peut-être aussi un bon moyen de retrouver plus facilement ses repères. Et puis viendra le temps d’autres moments, d’autres visites, de se retrouver entre amis, sans un cadre festif imposé parce que les plus belles fêtes sont les plus imprévues, parce qu’il n’y a pas  besoin d’une date pour rire, se retrouver et discuter. C’est cela aussi la chaleur du cœur et de l’amitié vraie.

Le monde défile dans son calendrier, ses modes, ses us et coutumes ; Pour chacune, on suit, on prend, on regarde, on jette, sans règle, parce que nous sommes nous, qu’il n’y a pas de règle imposée qui dicterait d’aller voir la mer l’été et la montagne l’hiver, lui, il aimait profiter des plages océanes tout au long de l’année, tout comme de ses coins de montagnes au fil des saisons, ni loi, ni toit, ni droit, ni foi, rien n’est imposé, tout est libre d’accès, soyons libres, soyons humains, soyons nous.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Eh oui pourquoi fêter un changement d année . Hier ne changera pas demain '.une année après l autre .