Vacances, enfin !

Ça y est, nous y voilà enfin dans ces vacances tant attendues… Méhari toute bâchée à cause de ce temps trop incertain ou plutôt trop certain : grisaille, pluie, vent… De toute façon, chargée à bloc, vélo et bagages empilés à l’arrière, mieux vaut rouler bâché. Auto d’une autre époque dans une époque trop pressée. Les petites routes du Gers se prêtent à merveille à la flânerie, seuls les gros poids lourds, complètement incongrus sur ces routes étroites et sinueuses, roulant à des vitesses parfaitement anormales en regard du profil du terrain, secouent notre voiture à chaque croisement. A trop connaître la route, à reconnaître chaque détail du paysage, le trajet paraît moins long, même si la vitesse n’est pas la même, même si l’attente de ces congés n’est pas la même, même si les espérances ne sont pas les mêmes. Et puis partir avec mon petit bonhomme de douze ans, c’est à la fois joies et inquiétudes, questions à foison entre celles que je me pose et celles qu’il me pose. La pluie, le temps gris, des fausses éclaircies, puis enfin l’autoroute, derniers kilomètres de bitume avant l’arrivée au camping. Classiques bouchons au péage, circulation dense et difficile rappelant que malgré le temps nous sommes encore en été. Enfin, notre arrivée, le déchargement des bagages, rangement rapide, premier repas, merci mamie !

Et voilà le temps des vacances, le temps d’une insouciance pas tellement grande, chacun ses marques, vélo et copains pour l’un, rangement et installation pour l’autre, premières courses dans un supermarché bondé de vacanciers désertant la pluie et d’autochtones en mal de rentrée… Des questions, des interrogations sur la suite de la journée, cette visite inattendue et attendue, cette première prise de contact hors de nos bases, dans cette ambiance douce et sucrée de l’été, chaleur et odeur de monoï, enfin, ça c’est pour l’image, car là, ce sera plutôt grisaille, parapluie et odeur de menthe… Stress des courses, stress à évacuer des dernières épreuves subites mais surtout beaucoup d’espoir dans cette rencontre, l’impression de te connaître déjà depuis très longtemps, depuis toujours, l’impression de te retrouver après quelques jours, quelques semaines, quelques mois de séparation, mais en aucun cas, l’impression et le stress du premier rendez-vous.

Que cette espèce humaine est donc bien arriérée ! Refusant le dialogue, refusant de voir ce que les carcans de la religion, de l’éducation ont obstrué et démoli. On ne recolle jamais un vase cassé sans y laisser de profondes fêlures qui lâcheront à la moindre brise. Il n’y a aucune moralité à vivre étouffé par l’autre, par les autres, il n’y a aucune moralité à refuser le bonheur. A quoi bon rester dans des modèles de vies du 18 ou du 19e siècle ? Epouse fidèle dédiant sa vie au foyer, aux tâches ménagères, n’ayant aucun pouvoir, pas même celui de voter, encore moins celui d’éduquer les enfants... Ce temps-là est heureusement révolu et j’espère vivement que l’humanité non contente de comprendre cela, saura évoluer pour composer avec ses multiples facettes, prendre le meilleur de l’homme et de la femme, de mars et de vénus, cesser d’opposer pour alors composer, construire, et surtout dialoguer, car le dialogue seul permet de grandir à plusieurs et déjà à deux. Il n’y a pas d’être supérieur, il n’y a pas de rôle plus fort. L’unité, l’unicité du couple dans la famille voilà la base. Nous avons tous grandi dans des limites, et ces limites au contraire de nous contraindre nous ont appris à évoluer dans cet espace clos à mesurer son contour, limites rassurantes, parfois contraignantes c’est vrai, mais elles nous ont aidés à juger, à jauger, à tracer notre propre espace. J’ai du mal à voir ces derniers temps trop d’enfants perdus dans un espace trop grand pour eux, à ne pouvoir parfois toucher cette limite rassurante, rebondir contre elle, tenter de la percer, de la contourner, se forgeant ainsi une vie, du moins, un début de vie.

A trop vivre pour l’autre, à trop se sacrifier pour l’autre, ou est notre vie, qu’avons-nous fait de notre vie lorsque l’autre disparaît ? Se retrouver en pleine lumière, en plein soleil lorsque l’arbre est tombé, c’est risquer de se brûler à une vie qu’on découvre à peine. Avancer à deux au soleil, affronter à deux les étapes de notre vie, c’est se construire l’un et l’autre en même temps que construire la vie commune. Discuter, dialoguer, exister, participer, et surtout apprendre à entendre, à écouter, à vouloir comprendre l’autre. A chaque étape de notre vie, début ou fin de l’histoire, accrocs, amour, complicité, bonheurs, malheurs, seul le dialogue peut permettre d’évoluer, de comprendre, de gérer cela et donc d’avancer. La vie est suffisamment cruelle pour lui laisser faire les dégâts sans aller y rajouter ceux de notre incompétence à dialoguer.

Essayez, vous verrez. Bien sur, ce n’est pas facile de démarrer, de tenter ce challenge, mais, au fil de la vie, au fil des échanges, on en vient à regretter ces absences de dialogues de notre passé.

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