Symétrie

Pourquoi nos modèles, nos constructions sont toujours ou du moins, souvent, conçues sur des symétries ? Depuis longtemps déjà, la maison, le château, le parc, les jardins sont dessinés de façon symétrique. Perspective agréable à l’œil ? Je ne suis pas de cet avis, et même bien au contraire. Depuis trop longtemps abreuvé, éduqué de cette symétrie froide et géométrique, j’aime la rupture à cette tradition. Une toiture répartie suivant une découpe un tiers, deux tiers à pour moi un autre cachet qu’avec un rapport moitié-moitié. J’adore les maisons anciennes, celle, ou des marches ponctuent le cheminement d’une pièce vers l’autre, des menuiseries anciennes, se retrouvant au ras du sol et non, pile à un mètre du plancher, une grande fenêtre pour la salle de bain, trahissant l’utilisation récente de cette pièce, des poutres irrégulières, des murs pas toujours droits, tout cela me rassure et me fascine. Ces maisons-là ont une âme, montrent leur passé, les rides de leur vécu.

Bien sur, je vis dans une maison de l’ère technologique : dessinée par un bureau d’étude ne connaissant plus que la règle et l’équerre, ses éléments d’abord fabriqués en usine dans un format simplifié de deux mètres cinquante par deux mètres cinquante ont été acheminés puis emboîtés un à l’autre, tantôt un module porte, tantôt un module fenêtre, tantôt un module mur. Ainsi ma maison sans âme naquit. Charpente d’allumette, tuiles rouges, crépi blond, la voici en tout point ressemblante à ses voisines. Uniformité de l’habitat, conformité industrielle, paradoxe de nos vies : nous aimons une chose et choisissons son contraire. Je retrouve mon anti conformisme dans la répartition des pentes du toit de mon garage, dans mes petits endroits, mini dépendances sises ici ou là sur le terrain, tout plein de petits coins, de repères, de rangement ou son contraire…

Je conçois que parfois l’équilibre nécessite la symétrie : un avion a deux ailes identiques et même encore plus dans les parties moins visibles, nos voitures répartissent au mieux leur masse, mais cela reste fonctionnel. Alors quand la créativité cessera de symétriser ? Bien sûr, la symétrie est un confort pour les spectateur, mais là est bien le cercle vicieux. Est-ce le spectateur qui réclame la symétrie ou la symétrie qui a formé et donc déformé le spectateur ? Ouvrons nos yeux d’enfant, ouvrons nos neurones, ne nous reposons pas toujours sur un passé, un enseignement que nous croyons figé dans le marbre. Apprenons à développer la création, notre création, pas celle des diktats des modes et autres tendances. Soyons nous, bien plus que d’être nos aïeux. Soyons nous et laissons parler notre création sans en puiser les sources dans nos enseignements, car là est la vraie création.

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