Gagner ou perdre notre vie ?

Pourtant pas en panne d’inspiration, du moins pas encore, voici que je rebondis sur un message reçu. Gagner ou perdre notre vie ? Notre travail nous occupe de plus en plus, ce qui, selon la formule consacrée, consiste à gagner notre vie, mais au final, à voir le temps que nous y passons, nous avons le sentiment d’y perdre notre vie. Notre lieu de travail représente l’endroit ou nous passons la majeure partie de notre existence, d’ou l’importance de s’y sentir bien et de faire un métier qui nous passionne, ce qui, hélas, n’est pas toujours le cas. Quand nous rajoutons au temps de travail, les temps de transports pour s’y rendre, on mesure alors combien de temps en moins nous passons avec nos proches. En résumé, pour gagner sa vie, on la perd !

Nos dernières évolutions sont allées dans le bon sens. Réduction du temps de travail, jours de RTT, voilà bien des moments de vie gagnés. Enfin, pour qui est salarié en contrat horaire, car autrement, les 35 heures se résument à continuer de bosser 50 à 60 heures par semaine. Aujourd’hui, pour compenser le pouvoir d’achat, il est proposé de faciliter la réalisation d’heures supplémentaires. Gagner plus d’argent mais pour moins de vie en dehors de l’entreprise… Toujours le même constat amer.
Sommes-nous donc résigné à vivre une vie de travail et de stress associé ?
Comment peut-on arriver à tout concilier ?
Travail , famille, vie ?
Personnages désorientés de nos vies urbaines et laborieuses, comment trouver le temps de respirer, de jouer, aimer, vivre tout simplement ?

La technologie a su aider l’homme, le suppléer dans les taches difficiles et pénibles. Elle est train de le dévorer. A courir après le temps, nous avons inventé le stress. Stress. Ce mot là n’existait pas dans le langage de nos grands-parents. Aucun dialecte, aucun patois n’a de terme équivalent. Et pourtant, les durées hebdomadaires, les travaux des champs étaient bien plus pénibles. Est-ce un signe de notre déclin ?

Lorsque la médecine voit dans la longévité des crétois le résultat de leur alimentation, elle oublie simplement que sur cette île, le stress n’existe pas. Pour qui est allé, a parcouru l’intérieur, pas la côte Nord regroupant les hôtels à touristes, pour qui à goûter au charme de la ruralité et des habitants du sud-ouest de l’île, l’évidence est frappante. Certes l’alimentation est pauvre, les légumes sont légions, mais le stress et la pollution ne sont pas au programme. Il est bien là le symbole. Travailler quand il faut pour ce qu’il faut, vivre de ce qu’on a et non pas pour ce qu’on n’a pas. C’est aussi la base de la philosophie d’Epicure… Bien mal interprété, là encore, par notre vision occidentale.

Hier, je regardais ushuïa, la quiétude des populations du Mékong, le rythme tranquille de leurs vies sur le fleuve nourricier. Quel contraste saisissant avec notre monde rapide et stressé, notre agressivité. Je sais qu’il est difficile d’inverser la tendance, mais au moins, sachons de temps en temps lever le pied, profiter de nos proches, de nos familles, de nos amis. Goûter aux joies simples et tranquilles du domicile ou de la nature proche. Sachons nous ressourcer. Ne laissons pas la machine nous dévorer, et surtout, sachons que nous avons autour du monde à aimer.

Plus qu’une réussite professionnelle et matérielle, la réussite sociale et familiale doit être l’objectif majeur de nos vies. Ne gâchons pas nos jeunes années. Il sera bien tard d’en faire l’amer constat lorsque la vie active nous aura rejetés.

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