Océan et moi, océan, émoi

Plus l’été avance, du moins si je peux appeler cela un été, plus l’été avance, disais-je, plus je me rapproche de mes congés, nos congés. Appréhension, première période longue à se retrouver face à soi, à la fois pressé d’y être tant les événements de ces derniers mois m’ont secoués, et à la fois peu enclin à partir, tant cela me paraît difficile. Et pourtant, que de choses à faire, à réfléchir, à cogiter, à évaluer, voire même à stabiliser. Besoin de reprendre pied dans cette réalité ni triste, ni gaie. Autre chose, vivre autre chose. Se ressourcer, me ressourcer au bord de l’océan. Affronter mes peurs, mes erreurs, tenter d’évoluer, de grandir, savoir ou j’en suis d’abord, savoir ou je veux aller par la suite, en espérant que cette suite ne sera pas un court chemin. Libéré, aimé, je le sais. Je pars sans rancune, sans rage, sans regret même, tant notre situation est saine, rassurante même, parce que je t’aime et que je sais que tu es là. Même si la façon d’aimer est différente, si le poids de ces mots est désormais plus léger mais, que veux-tu, la langue française est comme cela.

Océan. Flux et reflux. Comme les vagues nos vies viennent et repartent. Comme les vagues nos vies ont des creux et des hauts. Tumultueuses ou sans reliefs, riches d’écume ou calmes, nos vies et les vagues sont similaires. Est-ce pour cela que j’aime à contempler ce travail incessant ? Gagner sur le sable, repartir et revenir, travail de sape, effaçant les traces sur la plage… Traces de vies, de pas, traces humaines ou animales, cailloux ou coquillages roulés par les flots, usés d’avoir trop roulés… Impression similaire de ma vie. Tantôt au creux de la vague, tantôt porté par la vague, j’ai roulé ma bosse, et las, je me sens usé.

Océan et moi, Océan, émoi. Le bruit des vagues, l’odeur iodée, la plage désertée ou s’arrêtent mes pas, le soleil orange sur une mer déjà noire, ce sont ces images là que je garde lorsque je suis loin. Ce sont ces images que j’aime à voir, pas à revoir tant chaque instant, chaque jour est différent. Comme les jours de nos vies, les jours de nos envies. Lumières, parfums, sensations du sable glissant entre mes doigts, de l’air frais glissant sur ma peau, c’est cela que j’attends. Face à toi, je respire, je médite, je revis. Face à toi, les yeux dans les flots, je me noie dans mes propres pensées. Je visite mon intérieur, j’y apporte la lumière nécessaire à la vie. A ma vie. J’y apporte l’énergie puisée dans les vagues, je calque ma respiration sur celle des flots. Inspirer, respirer, flux et reflux de mes poumons dilatés, flux et reflux de la marée. Nous ne faisons qu’un seul corps l’océan et moi.


Océan. Force tranquille et violente à la fois. Energie incontrôlable et disponible, j’ai hâte de te retrouver, de me retrouver. Jouer avec toi la journée, m’apaiser face à toi le soir. Entendre ton mugissement le matin au réveil, dépaysement de nos vies citadines, magie des vacances, force du temps. Océan, bel océan, vers toi je reviens. A toi je reviens. Bientôt. Très bientôt. Tu me manques trop.

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