Technologies et humains

Dur week-end. Un PC agonisant et finissant par se couper du monde, des heures passées à scanner, nettoyer, comprendre, du moins essayer de comprendre, et au final, plus rien.

Oui, il a fait beau samedi, oui, il a fait chaud, oui, j’ai été content de te voir, de partager ces moments avec toi, premiers pas de notre nouvelle vie de copains, de bons copains même tellement nous sommes complices. Arrivée bousculée, la technologie automobile ayant ses secrets, dans un emploi du temps un peu serré pour un samedi, repartir sans avoir pu voir les sites Internet dans un trajet cheveux aux vents en Méhari pour te ramener chez toi. Magnifiques résultats des travaux effectués, un goût sûr, même si j’ai des regrets que tu ne l’aies exercé plutôt ce qui aurait pu être chez nous, je suis très fier de toi. Repas improvisé, sourire et bonne humeur, démarrage de cette nouvelle vie où nous n’avons plus les mêmes places, les mêmes rôles, mais toujours la même complicité, la même présence l’un pour l’autre. Et je suis reparti de chez toi, sans tristesse, enfin, un peu de nostalgie c’est vrai, mais bon, ainsi va la vie qui défait les liens et en noue d’autres… Toujours ce plaisir de rouler dans le vent, de voler en Méhari. Arrivé à la maison, changement rapide, changement de voiture, et je repars, direction le match, le premier de la saison…

Oui, il y a eu le match, ce TFC – LYON, cette victoire qui paraît tellement improbable mais qui pourtant est parfaitement logique au vu du terrain, ces moments passés dans ce stadium grondant, où à chaque fois, je suis stupéfait de la bêtise humaine et de ces comportements de masse. Qu’il est facile de critiquer, d’insulter l’autre simplement pour une couleur de maillot différente, qu’il est facile de crier contre les joueurs lorsqu’on est assis dans les gradins. Comme il est simple d’enfumer son voisin sans respect des règlements anti-tabagiques. Toutes ces choses qui commencent à me peser, à presque me faire regretter de me déplacer pour venir voir un match, et surtout, toutes ces choses qui ne m’incitent vraiment pas à y amener des enfants. Certes, il y a l’ambiance, il y a les amis, le plaisir de voir en vrai, mais au vu des contraintes à gérer, de s’organiser pour se libérer deux ou trois heures avant le match pour s’y rendre, se garer, récupérer sa place pourtant numérotée, au vu de cette bestialité, ces insultes gratuites, cette vocifération défoulatrice, ce tabagisme passif, je songe de plus en plus au confort de la maison, aux images en gros plan, aux ralentis explicatifs… Nos stades se vident, la faute à qui ? Au spectacle sur le terrain ou à celui des tribunes ?

Oui, il y a eu l’après match. Non pas une beuverie, image trop souvent associée aux supporters, non, un retour en famille, avec mes amis, un visionnage du match de rugby enregistré, un repas tranquille, grillades et bonne humeur, simple plaisir d’échanger et partager, repas extérieur, soirée d’été.

Et voilà le retour dans cette maison trop vide, avec comme seule fenêtre sur la vie, cet écran inerte, renvoyant inlassablement les mêmes messages, la même lenteur, les mêmes dysfonctionnements. Le pire n’est pas d’être privé d’Internet, de messages sympas, de dialogues amicaux, non, le pire le plus pire, sans exagérer, c’est de ne pas être avec toi, de ne pas te voir, te parler, échanger continuer de découvrir encore un nouveau point commun. Dialogue bien étrange pour qui le vivrait de l’extérieur. Folie douce de se reconnaître bien plus que complètement dans l’autre. Dur, dur. Il est des cas ou les pensées voyagent, déforment, enjolivent des situations. Il est des cas ou les fantasmes prennent le pas sur la réalité. Là, il n’en est rien. Aucun rêve, aucune déformation n’a sa place. Identiques. Trop troublant pour être raconté, trop surréel, trop irréel, et tellement réel à la fois. Simple délire ou délire simple ? En tout cas, belles éclaircies dans des cieux si ternes, des vies trop silencieuses. Sentiments bien réels, ô combien nécessaire pour avancer aujourd’hui.

Me voilà donc, moi qui prône le réel au détriment du virtuel, à mal vivre cet arrêt du virtuel puisqu’il est le seul lien vers ce réel qui m’attire et que j’aime tant. Ah ! Technologie puissante et salvatrice, faut-il donc que tu tousses pour que nous comprenions à quel point tu nous sers et nous dessers ? Allez, quelques pistes, et sinon, tant pis, je recommence à zéro. Magie de l’informatique, puissance du chiffre, tout désinstaller, formater, réinstaller pour un nouveau fonctionnement. Comme nos vies. Quitter une histoire, réapprendre à vivre, à sourire et commencer une nouvelle histoire. L’homme et la machine tout compte fait ne sont pas loin. Toujours sur le métier remettre l’ouvrage, achever un texte, une page, souffler et à nouveau écrire, avancer sur le papier, remplir une autre page et sans cesse, écrire, dire, remplir des ces mots ce papier si vide si blanc. Comme ma vie, vide, où quelques maux s’éloignent à présent, quelques mots prennent place, quelques lignes démarrent, et j’espère là le début d’un seul et même long chapitre. Pourra-t-on se passer de conclusion ?

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