Voyage en apesanteur

Rendez-vous galactique, promenade sidérale, courses à travers les étoiles, ainsi je vogue. Au gré du vent solaire, ma voile se gonfle et me fait naviguer en de bien étranges couloirs, évitant des trous noirs, jouant à cache-cache avec les planètes, admirant au passage les étoiles filantes parfois de prés, voyageur perdu dans l’espace, le vrai, le grand, je vais ainsi dans mon frêle vaisseau. Petit martien en bord du système solaire, porté ainsi de planètes en planètes, Vénus, Mars ou bien Terre, à chaque fois, je voyage, j’erre… Silencieux, j’observe, je vois, je vis, je contemple, je note mes impressions des ces planètes si proches et si lointaines, de cette opposition sans cesse renouvelée, de ces planètes et de leur population, des errements des uns, des fuites des autres, de ces incompréhensions si fortes et si difficiles à comprendre parfois.

Vénus et Mars, vénusiennes et martiens, peuples si proches, si cousins, si voisins et pourtant si différents, si compliqués venant régler leurs différends sur Terre, venant espérer une suite et des lendemains mais sans jamais concéder le moindre pouce de terrain. Normal lorsqu’on choisit une planète voisine pour venir en découdre. Certes, les planètes d’origine sont différentes, le voyage pour avoir les pieds sur terre peut-être long, mais les deux se retrouvent en terre inconnue, les deux ne doivent donc pas être en pays conquis, les deux doivent donc être prêts à mettre leur moyens en commun et ainsi avancer, exister dans l’unité du couple et non dans une dualité d’être unique. Aujourd’hui notre monde est ainsi, on vit, on grandit on se construit dans une vision égoïste, un égocentrisme culturel et factuel, une envie de modeler l’autre à son image et non bâtir réellement une relation à deux. Ainsi, nous nous enfermons dans notre prison singulière, nous créons des carcans personnels qui ont pour effet de rejeter l’autre plutôt que de l’associer. Et oui, associés, et non opposés, tel est le deal.

Alors, que cherchons-nous vraiment ? Etre comme les autres ? Avoir un conjoint pour satisfaire un modèle social ou avons-nous réellement envie d’association ? Quand je côtoie le monde virtuel des chasseurs et chasseuses du Net, je doute de cela. Et pourtant ? Croyez-vous possible de modeler l’autre à son image ? Croyez-vous à un monde ou l’on change de conjoint comme un simple objet de mode ? Trop peu pour moi, je ne me reconnais pas là dedans. C’est vrai que je suis martien et non terrien, c’est vrai qu’il m’est dur d’imaginer une colocation plutôt qu’une fusion familiale, c’est vrai que je n’ai pas envie de plaisirs solitaires mais bel et bien construit. Heureusement, si les voies célestes sont parfois impénétrables, il arrive parfois qu’une étoile brille bien plus fort que les autres, bien plus chaud que les autres, il arrive qu’un soir une étoile, belle étoile, jette un éclat de vie dans un ciel bien noir, il arrive ainsi qu’un soir, le vaisseau dévie vers cette lumière amie. Il arrive qu’un soir, il fasse bien moins froid que les soirs précédents. Il arrive qu’un soir, les envies de fusion, les envies de passions renaissent à jamais. Il arrive qu’un soir, un et un ne fassent pas deux, un et un deviennent un.

Algèbre des cieux, éveil des sens, ivresses des hauteurs, plus rien ne brille mieux que cette douce étoile dans ces jours et ces nuits d’été. Voyageur infatigable, martien en exil de mondes si différents, il jette l’ancre aux portes d’une étoile si douce, si belle, si merveilleuse, si complémentaire, si ressemblante, si fusionnelle, qu’avec elle il vit, tout simplement.

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