Age

Notion équivoque que l’âge. On a l’âge de ses artères dit-on. Personnellement, pour ne pas avoir visiter mes artères, je ne saurais dire quel âge j’ai. Enfin, je sais quel âge mon état civil me donne, bien que cette notion soit variable et d’ailleurs, ne cesse d’augmenter de jour en jour, mais au ressenti, quel âge ai-je ? Difficile à dire.

Si j’interroge mon cerveau, la confusion est totale. Non pas dans mon cerveau, rangez vos sourires, mais dans l’évaluation de mon âge. J’ai ou du moins, je commence à acquérir une certaine expérience de la vie qui me classerait dans une certaine catégorie d’âge dirons-nous, mais je me sens parfois bien plus jeune que cela. Je sais tout est subjectif ! Je suis tour à tour, jeune parmi des plus vieux et vieux pour des plus jeunes… Comme disait Georges Brassens, « le temps ne fait rien à l’affaire… » . Voilà donc mon cerveau, peu fiable pour déterminer mon âge…

Si j’interroge mon corps, là aussi, nous dirons que c’est à géométrie variable ! Encore la pêche quelques fois, d’autres fois moins hélas, des craquements qui apparaissent, des usures, bref, tout un tas de réjouissantes réjouissances qui s’annoncent. Comme disait un collègue, « l’âge, c’est quand les raideurs se déplacent ! » C’est peut-être vrai, je ne sais pas et ne souhaite pas encore savoir, même si la pharmacopée s’enrichit chaque jour de produits miracles… Certes, il y a aussi quelques manifestations externes… Il me semble que mon pelage s’éclaircit. Serait-ce les premiers froids ? Je n’ai pas souvenance d’avoir connu cela l’automne dernier… Promis, juré, je ne me suis pas fait décolorer, et puis même si j’avais eu cette idée saugrenue, je n’aurai pas fait un poil sur…. Euh, bon, je n’ai pas compté ! En attendant, je blanchis, c’est ainsi… Donc, mon corps lui aussi balance entre deux âges !

Si j’interroge mes émotions, là aussi, nous abordons un domaine étrange ou les barrières qui nous semblaient bien fixes volent en éclat. Au gré d’émotions récentes, de discutions, d’envies, voilà qu’apparaît la sensation étrange d’être adolescent. « Quand on aime, on a toujours vingt ans ! » Chantait Jean-Pierre Ferland, peut-être, du moins, sans vouloir vous attrister, au début ! Quoique qu’il soit aussi charmant de voir des amours grisonnantes… Mais, quand on démarre une relation, quand on commence un nouvel amour, ce n’est pas vingt ans, mais quinze qui sonnent dans notre cœur. Sensation étrange et exquise des amours adolescentes, d’insouciance, de liberté, de pouvoir passer ainsi indéfiniment du temps, le temps, avec l’autre… Et puis, la vie, ses étapes, ses chagrins, ses joies, nous emporte sans cesse entre émoi de jeune débutant, chagrin d’enfant et maîtrise des émotions acquises avec l’âge. Bon, et bien, l’émotion aussi se débine au lieu de m’aider à statuer sur l’âge du sujet !

Je comprends mieux pourquoi, nous sommes étiquetés, fichés dès la naissance, catégorisés, répertoriés, appelés par tranche de date de naissance, par durée de vie. S’il n’en était pas ainsi, comme serions-nous l’âge que nous avons ? Alors, à quoi bon s’arrêter à une notion administrative ? A quoi bon se créer des frontières temporelles ? Puisque nous oscillons sans cesse entre deux âges, continuons de naviguer entre deux eaux et laissons opérer les connections sensorielles et sensuelles, l’important n’est-il pas de communiquer et de partager ?


Au fait, quel âge avez-vous ?

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