Depuis tant d’années déjà
Depuis tant de temps, las
A brouter sans joie la prairie
A grimper plus haut par ici
Vertes prairies à brouter ondoyantes
Vallées du bas l’hiver accueillantes
Estives du haut dès les beaux jours
Ciel étoilé pour témoin, toujours
Autrefois, le berger nous gardait
Autrefois, le berger nous rentrait
Autrefois, il n’était pas ouvrier
Autrefois, nous étions parqués
Un beau jour, était-ce vraiment drôle ?
Un jour, dirons-nous, vint une idée folle !
Décision parisienne, décision ministérielle
Dans ces lointaines montagnes plurielles
Il s’amenuise l’emblème, le symbole
L’ours, le moussu, l’espèce s’étiole
Et bien ! Lâchons-en donc des nouveaux !
Moi, dans ces paysages, je trouve ça beau !
Parcourons le continent, l’Europe !
Allons chercher des ourses et hop !
Nos mâles pyrénéens se chargeront
De renouveler et créer la population
Et voilà comment un jour, plutôt un soir
Dans un petit village, on lâcha l’espoir
De repeupler la race oursine, dans le noir
Erreur ou inconscience de trop y croire
C’était oublier qu’il y avait aussi
Dans ces belles montagnes ici
Des berges, des troupeaux et oui !
Qui avaient chassé l’ours d’ici !
A décider sans venir débattre
Voilà bien la parisienne erreur
Les hommes ici vont se battre
Et chasser du pays l’envahisseur
Nos nuits devinrent moins calmes
Parfois des cris, parfois des larmes
Certaines de nos sœurs égorgées
D’autres encore, par la peur tuées
Bien sûr, l’ours n’est pas le seul coupable
La montagne ainsi focalisée, c’est regrettable
Du monde sur les sentiers, trop fréquentés
Des chiens lâchés à vouloir avec nous jouer
Nos troupeaux décimèrent, cible facile
Dans nos prairies vides et tranquilles
Le berger travaille aujourd’hui en bas
Obliger de gagner sa vie en usine en bas
A compter nos cadavres, à être armés
Un jour Melba la première, fut tuée
Puis vint le tour de Ziva, pas assez
Encore d’autres morts chez les ursidés
Bilan de l’opération ? Médiatique ?
Mauvaise préparation, Catastrophique ?
Des ours sont nés des ours importés
Des peurs sont nées de ces ours nés
Animal emblématique d’une époque révolue
Animal sympathique, sous forme de peluche velue
Retour en arrière, alors que la vie évolue
La marche arrière n’est jamais absolue
Aujourd’hui des patous sont venus nous veiller
Leur voix grave résonnent les nuits étoilées
Nos sommeils de leurs chants entrecoupés
Tandis que pour dormir les gens dans la vallée
Nous comptent, un à un, jusqu’au dernier !
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