Un tour en Aveyron

Une fois n’est pas de coutume, c’est en Aveyron que nous a conduit notre dernière randonnée. Département un peu oublié dans la région, sauf lorsqu’il s’agit de parler de trésors culinaires ou alimentaires régionaux, il n’en demeure pas un point un département de choix en matière de paysage grandiose pour de belles et sympathiques randonnées, ou la distance compensera le dénivelé, ou les yeux se régaleront sans cesse des ces sites préservés. Certes, nous étions déjà allé visiter des coins plus connus de ce département, comme Roquefort, son causse et ses trésors enfouis, ou bien encore le Viaur et son célèbre viaduc, mais ce coup-ci, c’est après Rodez que nous sommes allés traîner nos guêtres, pour un parcours en ligne, longeant le Dourdou, au plus près de son lit, puis, en gravissant le canyon qu’il a creusé, visitant des campagnes, des petits villages, déjeunant près d’une ferme paisible, de notre repas tiré du sac. Quelques tomates juste cueillies la veille en mon jardin, du rôti, des chips, du fromage, des pommes, et le café, voilà bien un repas de randonnée comme on aime à le partager, justement entouré d’amis. Le temps de souffler un peu, les autres groupes étant arrivés bien après nous, nous rechaussons nos sacs et en route ! Nous avons poursuivi la balade jusqu’à la pittoresque ville de Bozouls. Et oui, on a voulu voir Bozouls et on a vu Bozouls ! Bozouls, ville bien connue, du moins régionalement, pour son trou. D’autres endroits ici ou ailleurs, ont aussi cette association d’être connu pour un trou quand ce n’est pas pour être un trou, mais là, Bozouls mérite qu’on s’y intéresse, et qu’on creuse quelque peu le sujet, histoire d’approfondir. Vous me direz, un trou est un trou, et question d’approfondissement, le trou semble assez vaste, plutôt bien creusé, je ne vois pas ce qu’on pourrait y ajouter de plus, quoi que là, nous parlions d’enlever. Enfin, c’est toute la complication du français. On approfondit un sujet, non pas en le creusant, ce qui pourrait le faire disparaître, non, on approfondit un sujet en s’y intéressant, et en accumulant des connaissances à son sujet. Or, si j’accumule, je n’approfondi pas, je comble, et….c’est bien là le comble ! Remarquez, le sujet du sujet, voilà qui est fort assujetti, limite esclavage…. Ah ! Nous retrouvons là un aspect de la randonnée, nous sommes des galériens des temps modernes, levés aux aurores, entassés dans des bus pas toujours confortables, chargés de sac à dos alourdis par trop de victuailles et autres liquides au fort pouvoir odorant, marchant à des rythmes élevés, sous la conduite de guides pas toujours spirituels, dans des endroits parfois magnifiques, oui, c’est vrai, mais toujours tirailleurs de mollets (et non, tirailleur de mots laids, comme vous l’avez fort bien pensé !). Dure et rude vie que celle de randonneur volontaire, payant son obole pour souffrir à la journée….



Mais bon, tout cela nous éloigne du sujet, revenons au trou de Bozouls, d’où nous n’aurions pas du sortir…. Sortir du sujet, c’est toujours assez facile, y revenir c’est plus dur. En fait, nous avons approché le trou par son bord supérieur, dans une vision panoramique idéale, révélant les contours, accentuant le relief de la créative érosion, lent travail de sape des eaux du Dourdou dans la roche tendre, du moins à l’échelle planétaire, bâtissant d’impressionnantes falaises sur lesquelles la ville s’est bâtie. Derniers hectomètres au bord du trou, longeant la corniche naturelle jusqu’à trouver un point de ralliement, fort apprécier des randonneurs par ces très belles journées d’arrière-saison, et encore je me demande, vu qu’on n’a plus de saison, qu’est que peut-être l’arrière saison ? Donc, un point de ralliement, à la terrasse en balcon sur le vide, où les verres dévoilent cette fameuse buée dont nous évoquons souvent la fraîcheur réparatrice dans les derniers mètres, parfois hectomètres (de mauvaises langues diront kilomètres !)



Ainsi s’achève une fort belle journée d’octobre, sous un ciel bleu pur, un soleil toujours étincelant, des kilomètres arrachés malgré nous à nos mollets endurcis, dans des paysages sublimes. Des villages traversés, où la moindre grange est entièrement retapée, les belles pierres des murs aux joints patiemment refaits, les terrasses des jardins reconstruites et entretenues, des maisons accrochées aux pentes, dessinant des ruelles incitant à la visite quasi exploratrice des lieux, une quiétude donnant envie de se poser là loin de l’agitation urbaine. Une unité de lieu, une unité de temps, aucune fausse note dans ce délicat décor. Même la caisse de 2cv abandonnée aux ronces devant une étable perdue, semble être là pour souligner la ruralité de l’endroit. Randonnée à la fois dépaysante et déstressante, au moins dans son parcours pédestre… Ainsi va la vie, nos campagnes recèlent bien des trésors qu’il nous faut découvrir, nos régions possèdent toutes en elles, des charmes à discerner. A chacun son rythme, à chacun ses pas, simplement avoir envie d’aller marcher, visiter, respirer notre terre. Emplir ses poumons plus ou moins volontairement goudronnés de saveurs herbeuses, d’odeur de fougères, de sous bois, de terre humide, de cultures et d’agricultures…. Apercevoir le chevreuil, le héron ou la truite, écouter les oiseaux annoncer notre venue, admirer les œuvres sculptées d’un artiste local, c’est aussi ça la randonnée, nos randonnées, mes randonnées, celles que j’aime à faire partager. Vous venez ?

Aucun commentaire: